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Lutter contre la médisance

medisance

Dans Paroles de Vérité, Ostad Elahi dit :

« Je vous recommande de demander dans vos prières la miséricorde et la grâce pour tout le monde. N’injuriez jamais les gens, ne les maudissez pas et ne médisez pas d’eux car vous en subiriez vous-même la réaction. […] Tout ce que l’homme fait de bien lui revient à lui-même, à condition qu’il mette lui-même en pratique ce qu’il recommande aux autres. Une bonne intention engendre un bon effet. De la même façon, la médisance et la calomnie ont un effet négatif qui retombe sur la personne elle-même. »

Ostad Elahi, Paroles de Vérité, parole 323, Paris, Albin Michel, 2014.

 

Dans le cadre d’une pratique sur la parole positive, j’ai essayé de lutter pendant quelques mois contre la médisance. Comme toute pratique, celle-ci commence par une réflexion théorique. Ostad Elahi définit la médisance de manière relationnelle : est médisance (qeybat), tout ce que l’on dit d’une personne derrière son dos, mais que l’on ne se permettrait pas de dire en sa présence. Comme l’écrit Soudabeh Marin : « La médisance est donc parole sur l’absent. Du reste, le mot qeybat lui-même traduit précisément cet état de fait car il a une double signification : d’une part la médisance, et d’autre part l’absence » (voir cet article). La pratique se poursuit par une investigation des symptômes (quelle forme prend chez moi la médisance ? Dans quelles situations-types ?) et des causes (qu’est-ce qui en moi fait que je médis ?), avant d’engager la lutte en tant que telle.

Pour ma part, les situations de médisance effective ou potentielle sont liées à des conflits ou rivalités d’ordre professionnel. Typiquement, je me trouve en situation de médire de collègues qui me font ou m’ont fait « du mal » et envers qui, de ce fait, j’éprouve une forme d’aversion et un fort ressentiment. À un moment donné, dans l’échange avec un collègue tiers, une opportunité s’offre à moi de présenter sous un mauvais jour la personne détestée. Cela peut prendre la forme d’un jugement négatif explicite sur cette personne (« c’est une brute »), d’un exposé de faits négatifs la concernant (« il a incendié sa secrétaire en public » ; « j’ai essayé de l’aider pour qu’il ne plante pas le projet, il n’a pas voulu m’écouter »), ou encore, cela peut simplement passer par l’approbation plus ou moins tacite d’un propos qu’un autre tient sur elle en notre présence (hochement satisfait lorsque quelqu’un dit : « tu ne trouves pas que c’est une brute ? Qu’est-ce qu’il te maltraite, il doit avoir peur que tu lui fasses de l’ombre… »).

Ce qui m’a semblé particulièrement difficile, c’est que le ressentiment et l’opinion négative peuvent être fondés : il se peut que ce collègue m’ait effectivement fait du mal et soit toxique – mais pour autant, cela me donne-t-il le droit de médire ? À supposer même que j’en aie le droit : est-ce que le faire aura un effet positif pour moi ? Répondre à ces interrogations nécessite de commencer par mieux identifier les causes de la médisance, autrement dit de se poser, pour soi-même et dans les circonstances qui nous sont propres, la question suivante : « pourquoi dire le mal plutôt que le bien ? ».

Pourquoi dire le mal plutôt que le bien ?

La cause immédiate, c’est la faiblesse caractérielle à l’origine de la médisance : dans mon cas, elle est assez évidente, c’est la rancune, teintée parfois de jalousie, que je ressens par rapport au collègue ou rival qui m’a fait du mal et/ou représente une menace potentielle. Indépendamment du caractère plus ou moins fondé de mes griefs, la charge émotionnelle négative que je ressens à la seule évocation de cette personne est une indication claire que je suis sous le coup d’une pulsion du soi impérieux qui m’empoisonne et me fait ressembler à la personne dont pourtant je prétends dénoncer les comportements.

La cause profonde, c’est la cause derrière la cause. À supposer que le tort que j’attribue à telle connaissance soit fondé : n’est-ce pas Lui l’Efficace en toute chose ? Si cette personne a été en mesure de me faire du mal, n’est-ce pas advenu par le biais des lois causales qu’Il a permises, dont Il maintient à chaque instant l’efficience, et donc qu’il y a une bonne raison à cette situation ? En me convainquant de cela, je comprends qu’il me faut changer radicalement d’attitude. Plutôt que de croire que c’est moi qui vais « régler le problème » en révélant à tout le monde le tort que j’ai subi, ne dois-je pas plutôt me remettre entre Ses mains et réfléchir à ce qui, en moi, a provoqué une telle situation ? Cette réflexion m’a amené à entrevoir la cause profonde derrière la cause immédiate (ma rancune) : le fait que cette personne m’a fait du mal est sans doute le résultat de comportements arrogants que j’ai eus dans le passé, et qui ont provoqué cette tempête que j’ai eu à subir.

La cause circonstancielle, c’est l’ignorance de l’effet négatif de la médisance : les fois où je donne libre cours à cette envie de médire, je m’imagine contribuer à faire connaître les méfaits de cette personne, et/ou à recevoir du soutien pour les traitements que j’ai subis. Or la médisance ne contribue en rien à atteindre ces objectifs. Cette réflexion sur la cause circonstancielle m’a amené à une première conclusion inattendue : l’une des raisons qui fait qu’on dit le mal plutôt que le bien, c’est la bêtise – autrement dit une forme de myopie de la raison qui amène à une grave erreur d’appréciation des conséquences de la médisance, ce qu’Ostad désigne dans la parole en exergue comme l’« effet négatif qui retombe sur la personne elle-même ». Rien que d’un point de vue social, la médisance n’a que des conséquences négatives : on s’abaisse au niveau de l’autre, au lieu de s’élever ; on se décrédibilise soi-même plutôt qu’on ne décrédibilise l’autre ; on lui confère finalement le statut de victime – même si c’est lui, parfois, l’oppresseur. Cette tactique est perdante à tous les coups. Donc, si je préfère dire du mal plutôt que dire du bien, c’est avant tout parce que je suis idiot et mauvais tacticien. Le fait de prendre conscience de cette cause circonstancielle a fonctionné pour moi comme une puissante motivation à réfréner mes envies de médisance – d’une manière finalement beaucoup plus puissante, je dois l’admettre, que la considération des autres causes.

Si l’on se met à la place de l’autre, on sait quoi dire

J’ai toujours été frappé par la prééminence de la règle d’or dans la spiritualité d’Ostad Elahi – voir, par exemple, l’explication très précise qu’en donne Bahram Elahi au chapitre 17 de La Voie de la Perfection : « En toute circonstance, se mettre à la place d’autrui et vouloir et faire pour l’autre le bien que l’on veut et fait pour soi-même. En d’autres termes, souhaiter et vouloir pour autrui le bien que l’on souhaite pour soi-même, rejeter pour autrui le mal que l’on rejette pour soi-même, et quand on le peut, agir dans l’intérêt légitime d’autrui comme on agit dans son propre intérêt légitime. » Or, comme on l’a vu, la médisance est un jeu triangulaire (le médisant, celui dont on médit, et la personne auprès de qui on médit). Il suffit un instant de se représenter ce triangle et sa dynamique, pour arriver à cette simple conclusion : si l’on se met à la place de l’autre, on sait quoi dire.

L’autre, c’est celui dont on médit…

Bahram Elahi insiste sur ce point : la médisance est une transgression du droit d’autrui (voir La Voie de la Perfection, chapitre 16 : « Rappelons-nous que nous serons un jour placé face à cette personne et que celle-ci verra clairement en nous ce que nous lui avons fait. On peut imaginer l’humiliation cuisante que nous ressentirons alors »). Quand la médisance est de l’ordre de la moquerie qui rabaisse, ce point est évident. Toutefois, il l’est moins quand cela concerne le mal effectif qu’autrui a pu me faire – que dire en effet de cette « brute » qui m’a maltraité et que je déteste ?

Pourtant, un peu de distance critique par rapport à soi permet de fissurer nos certitudes. Suis-je vraiment si certain que cet autre, envers qui j’éprouve tant de rancune, a tous les torts ? Suis-je vraiment en situation de condamner absolument cette personne ? Est-ce que je n’ai pas des torts moi aussi ? Est-ce qu’il n’y a pas des facteurs qui m’échappent, mon point de vue n’est-il pas trop étroit, trop subjectif et imprégné de mon vécu émotionnel biaisé ? Si l’on se pose ces questions avec objectivité, nos certitudes en sont ébranlées et dès lors, par simple prudence, on se retient de tenir des propos dont on mesure combien ils sont fondés sur des impressions subjectives et discutables.

Voici une manière concrète de prendre de la distance et de réévaluer sa parole. Imaginons que ce n’est pas moi qui parle de cette personne que je déteste, mais un tiers qui parle d’un de mes êtres chers (par exemple de mes enfants) : comment aimerais-je qu’il en parle ? Il ne s’agit pas de traiter un ennemi comme son propre enfant – ce serait trop dur, et trop naïf. Il s’agit de se représenter soi-même comme étant le père de cet ennemi : est-ce que j’aimerais que l’on parle ainsi de mon fils ? Cette pensée peut m’aider à adoucir mon propos et à prendre quelque distance avec la rancune qui m’anime.

…mais l’autre, c’est aussi celui auprès de qui on médit

L’importance de ce second point m’est apparue comme une grande découverte. En réalisant ce point, un glissement s’est fait en moi d’une réflexion morale (c’est mal de médire) à une réflexion tactique (c’est idiot de médire et cela me dessert). Car qui est-ce que je crois convaincre avec ma médisance ? En réfléchissant à la manière dont ma médisance va être reçue, je réalise que mon interlocuteur va décoder ma médisance comme un effet de ma rancune, quelle que soit la véracité de mon propos. Non seulement je ne vais pas le convaincre, mais je vais m’abaisser devant lui en lui apparaissant comme quelqu’un de rancunier, et je risque de perdre toute possibilité de l’avoir de mon côté dans le conflit qui m’oppose à la personne dont je veux médire. La meilleure des tactiques pour « gagner », c’est donc en réalité de ne pas médire.

Cet argument, je dois le reconnaître, est celui qui fonctionne le plus puissamment pour réfréner mon envie de médisance. Bien entendu, une démarche spirituelle ne peut pas s’y limiter (car alors, on serait dans la manipulation et non plus dans le perfectionnement spirituel). Pourtant, cet argument résonne cependant étrangement avec la parole d’Ostad mise en exergue : « Ne médisez pas d’eux car vous en subiriez vous-même la réaction… » – sous-entendu : dans ce monde et dans l’autre. Ou encore, dans cette autre parole : « Ce qui compte le plus que tout pour réussir dans les deux mondes, c’est penser le bien, dire le bien et voir le bien. » (Paroles de Vérité, parole 302). L’analyse tactique est donc légitime pour les affaires de ce monde ; elle relève pleinement d’une pratique spirituelle si celle-ci vise à connaître les causes et les conséquences de nos actions. Et tant mieux si elle me motive dans ma lutte. Simplement, s’agissant d’une démarche de perfectionnement spirituel, elle est nécessairement incomplète.

Le jour où l’on change (on préfère dire le bien plutôt que le mal), c’est un très grand pas

J’ai depuis toujours eu la réputation de quelqu’un qui ne médit pas. C’est un point qu’à plusieurs reprises des tiers m’ont dit ou ont dit à mon propos, en particulier dans un contexte professionnel : « tu ne médis jamais, c’est incroyable » ; « on sait qu’on peut te faire confiance ». Je me rends compte avec le recul des années que cette qualité relève en réalité davantage d’une forme de conditionnement éducationnel que d’une démarche délibérée de ma part. Cela témoigne sans doute de l’importance de l’éducation et de son impact sur notre évolution spirituelle. Le fait que ce principe moral m’ait été imprimé pendant mon enfance a suffi à me mettre à l’abri de la médisance, et cela m’a été très utile pour forger des relations de confiance avec les autres. Mais pendant toutes ces années, je n’avais jamais subi l’épreuve qui consiste à être réellement tourmenté par quelqu’un. Je n’avais aucune raison de « détester » autrui et d’éprouver une rancune telle qu’elle me pousserait à médire. La situation que j’ai subie dans mon travail m’a amené à éprouver exactement cela : être en situation de haïr des gens qui m’avaient fait, en apparence, beaucoup de mal. Le fait que pendant toutes ces années, par conditionnement éducationnel, je n’aie pas ou peu médit, m’a beaucoup servi, je le mesure mieux maintenant ; toutefois, cela n’est pas forcément l’indication que je possède une telle vertu.

J’ai fait l’expérience de ce moment où l’on passe d’une approche tactique à une approche spirituelle de la manière suivante : à un moment donné, dans mon travail, les personnes qui m’avaient fait tant de mal (ou plus exactement que Lui avait mis en situation de me tourmenter) – je leur ai échappé. Plus tard je me suis trouvé en situation de porter un jugement sur ces mêmes personnes (appelons-les mes « tourmenteurs ») devant d’autres collègues. J’étais alors en plein dans ce travail sur la médisance et je me suis demandé : que faire ? J’ai décidé de m’efforcer de ne rien dire, de laisser ces personnes se faire une opinion par elle-même de ces tourmenteurs dont je brûlais de médire dans ces circonstances nouvelles. C’était une décision tactique, mais elle était en même temps doublée d’une intention spirituelle – je voulais lutter contre cette rancune en moi. Plusieurs fois j’ai eu des occasions de dire du mal et je me suis retenu, ou encore j’ai vu d’autres dire du mal et j’ai lutté intérieurement contre le plaisir délicieux que cette situation me procurait. L’effet en a été positif du point de vue de ma crédibilité. Inversement, chaque fois que je me suis laissé aller à une très légère et indirecte médisance, ne respectant pas ma décision, les résultats ont été négatifs du point de vue de ma crédibilité. Au regard de ces développements, je me suis rappelé cette parole : « Celui qui dénoue tout, sans cesse pense à nous / C’est notre pensée à nous, qui hélas, nous noue. » (Paroles de Vérité, parole 108). Cela m’a aidé à renforcer mon intention spirituelle : l’Efficace en toute chose, c’est Lui. Les succès et les échecs dans la vie, c’est Lui ; le fait qu’il y ait quelqu’un qui me tourmente, puis qu’il n’y en ait plus (et peut-être qu’il y en aura un autre, plus tard, qui sera pire encore…), c’est Lui. Cette perspective change tout : on continue d’essayer de ne pas être idiot tactiquement, mais en même temps on veut être en phase avec Lui, en comprenant le sens profond de ce qui nous arrive pour nous comporter selon ce que Lui veut.

La différence entre une intention purement matérielle et une intention spirituelle se mesure en moi en particulier dans les circonstances suivantes : quelqu’un dit du mal de mes « tourmenteurs », et je vois monter en moi la joie mauvaise ; je lutte contre, tout en reconnaissant que je l’éprouve. Je ne suis clairement pas encore au niveau où je pourrais parvenir à dire le bien plutôt que le mal de ceux qui m’ont tourmenté – si je le faisais, ce serait comme un mensonge, je ne suis pas encore mûr pour cela. Par contre, je note que l’envie de dire du mal s’est émoussée et que j’éprouve parfois du dégoût quand quelqu’un parle mal d’eux et que cela remue en moi le plaisir de la vengeance. Je réfléchis à l’insistance avec laquelle Ostad Elahi revient sur cette question de dire le bien, nous invitant à en faire un axe central de notre spiritualité : « Essayez de faire en sorte que personne ne souffre par votre faute. Vous pouvez vous défendre et vous protéger du danger, mais un homme véritablement humain ne cherche jamais à se venger ou à rendre la pareille. Je vous recommande de vous comporter de manière douce et pacifique avec tout le monde, d’être droit et bienveillant envers tous, que ceux que vous avez en face de vous soient bons ou mauvais. Car dans cette voie, notre devise est de rechercher le vrai, de dire le vrai et de vouloir le bien. » (Paroles de Vérité, parole 142).

Commentaires du comité de rédaction

En vous inspirant de ce récit, réfléchissez aux situations-types où vous avez tendance à médire d’autrui en vous aidant des points suivants :

  1. Pourquoi préfère-t-on dire le mal plutôt que dire le bien ?

  2. Si l’on se met à la place de l’autre, on sait quoi dire.

  3. Le jour où l’on change, c’est un très grand pas.

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La question de la médisance est véritablement omniprésente dans notre vie quotidienne. Le thème revient en ligne de manière originale à travers OstadElahi inPractice. Une fois identifié le point faible caractériel, il s’agit de le maîtriser. « Se défaire de la médisance – Premier pas vers dire le bien » [lire la suite]


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10 commentaires

  1. mahaut le 22 Sep 2019 à 14:54 1

    Merci pour cette leçon et tous ces développements circonstanciés.
    Notre chemin est long jusqu’à TOUTE connaissance. Utiliser le concept de « BETISE » est vraiment très judicieux…. nous concernant.
    Devant la « vastitude » du monde, des mondes,… qui suis-je pour asséner « des pseudo-réalités » à qui que ce soit, à propos de quoique ce soit et alors que l’autre, est un autre moi-même, dans ce même dénuement que je connais. Remercions Dieu, de nous avoir créé et invité au partage dans ce monde et sans y mettre de notre part de la concurrence ; juste aimer l’autre, qui est tout autant enfant de Dieu, que moi, qui a été aussi aimé, comme moi, dès la première seconde… HAUT LES COEURS !!

  2. Mary le 22 Sep 2019 à 20:31 2

    Un grand merci pour ce nouveau billet et cette belle leçon! Cela m’a ouvert les yeux et le cœur sur des situations critiques et qui étaient très lourdes à porter… Si on le lit avec les yeux du cœur et avec attention cela fluidifie toutes les situations et dénoue tous les noeuds.

    Encore, de tout cœur, merci!

  3. Clara le 23 Sep 2019 à 7:25 3

    1. Le flux de notre pensée provenant essentiellement de nos émotions et pulsions il est certain que notre première pensée proviendra de nos émotions négatives et de ce fait l’envie directe ou camouflée de se venger dont en premier l’envie de médire.
    C’est seulement en faisant l’effort de raisonner avec tous les arguments présentés dans l’analyse ci-dessus qu’on peut arriver à contrer cette envie.
    2. En se mettant à la place de l’autre, on peut comprendre ce qui le motive à mal agir : l’envie de pouvoir, de reconnaissance, etc. qu’on a certainement déjà eu et peut être plus ou moins manifesté.
    En essayant de comprendre l’autre on peut voir ce que l’on a peut être soi même déjà fait ou été tenté de faire…
    3. Le jour où l’on comprend que l’autre nous permet de travailler sur nous-même et de progresser, le rapport à autrui a tendance à changer et aide à ne pas se laisser aller..

  4. A. le 24 Sep 2019 à 7:16 4

    Merci de cet article très intéressant.

    Par rapport à la médisance je souhaiterais juste apporter un petite réflexion.

    Dans un couple il est important de savoir se que pense son conjoint. Donc, on peut s’exprimer plus librement.

    Cependant j’ai remarqué que là aussi l’intention fait toute la différence.

    Je pense notamment à quelques situations où j’ai parlé mal de quelqu’un avec ma femme, non pas pour partager avec elle des informations utiles (afin qu’elle soit précautionneuse p.ex.) mais pour me plaindre.

    J’ai eu la nette sensation de m’être sali. Après cela, même avec ma femme je fais très attention et je ne m’exprime d’une façon négative à propos de tierces personnes que si c’est vraiment nécessaire.

    1. Mike le 28 Oct 2019 à 15:56 4.1

      C’est vrai on sent très bien quand on veut rabaisser l’autre et trouver comme alibi la sincérité envers son épouse est un argument du soi impérieux car il dévie du cercle vertueux que permet normalement l’union du couple qui travaille sur soi.
      Ceci dit l’époux ou l’épouse peut très bien aider l’autre à se rendre compte de cela et par la même ôter un noeud psychique à son conjoint qui souffre.

  5. mahaut le 27 Sep 2019 à 18:29 5

    J’ai beaucoup apprécié cet article sur la médisance et le fait par l’auteur d’avoir pointé « sur la bêtise de l’être humain ».
    https://www.youtube.com/watch?v=DJWI0Pon18A
    « l’intelligence des arbres Francis Hallé »

    Visionner cette vidéo devient URGENT ! Francis Hallé expose sur l’intelligence des arbres. C’est un botaniste, biologiste et dendrologue. Il fait le point sur le développement de découvertes concernant le règne végétal, et les comportements inattendus et intéressants des végétaux : sensibilité, mémoire, communications et ébauche de dialogues, choix, anticipations, entraide et solidarité familiale, résilience et structures décentralisées.
    Ici, nous saisissons la radicale différence de l’intelligence des végétaux et de celle de l’humanité, celle-ci englobant bien le phénomène de la bêtise et tout le problème de la médisance inhérente à l’espèce humaine… qu’elle est cette FAIBLESSE dans l’humanité ?

    Il me semble que les plantes pratiquent « les vertus », ont « le sens de l’utile », et n’agissent pas par méchanceté…… elles n’ont pas d’égo.

    Qu’est ce que l’être humain? A quoi tient le fait qu’il médise et pas les plantes. C’est vraiment la honte pour « nous » qui sommes si « infantiles et inconnaissants », évidemment, elles n’ont pas encore construit de fusées pour aller dans l’espace,…. alors qu’elles savent développer de la technologie

  6. mike le 08 Oct 2019 à 1:57 6

    Bravo pour cette analyse! Elle tombe à point j’étais en train de me laisser ronger par la médisance également, voire de passer à l’acte prochainement. J’avais travaillé sur ce point en début d’année, mais cela ne faisait plus d’effet en moi et d’autres circonstances venaient raviver la flamme.
    Merci beaucoup.

  7. Mike le 10 Oct 2019 à 23:55 7

    Quand je vous lis je comprends que ce que prévoyait Nietzsche : la révolution des valeurs est en train de se produire moins de deux cents années après lui de manière très efficace !
    Merci pour cette très belle analyse

  8. Etienne le 20 Oct 2019 à 21:46 8

    Dans la grande majorité des cas où je suis l’auteur d’une médisance, je médis de façon directe pour être le centre de l’attention, principalement par orgueil et egocentrisme je pense. Mais je peux également médire de façon plus subtile, par l’écoute amusée et curieuse par exemple. Dans ces cas là, ce sont plus la peur d’être désaprouvé par le groupe ou une curiosité mal placée qui amène mon comportement.

    Si je préfère dire du mal plutôt que du bien, c’est parce que dire du mal me fait ressentir un petit plaisir (coupable) que je n’ai pas en disant du bien. Mon intérêt est beaucoup plus éveillé par exemple lorsque les travers d’une personne sont exposés (de façon comique généralement), tandis que lorsqu’on dit du bien de quelqu’un, cela peut apparaître beaucoup plus « plat » au premier abord. C’est parce que bien souvent je n’analyse mon environnement que d’un point de vue matériel. Au contraire, plus je me rappelle de mon but sur Terre, moins je me rends perméable à la négativité du milieu environnant.

    Une façon efficace de sentir la laideur d’une médisance est d’être témoin du fait qu’on brise le coeur de la personne dont on médit. Cela m’est déjà arrivé et dans ces moments là, l’émotion de culpabilité et de honte était forte et le jugement social d’autrui (la médisance est acceptable et ne pas y prendre plaisir étrange) n’avait alors plus aucune importance. 

  9. Mike le 21 Oct 2019 à 23:08 9

    Je me suis entraîné longtemps à dire du bien des autres et en général j’aime chercher leurs qualités et je n’aime pas participer aux médisances sociales qui malheureusement sont un exercice voire un concours de langues bien pendues dans nos sociétés. A tel point que je pourrais passer pour un naïf par moment.
    Mais récemment, je me suis surpris à ne pas trouver de qualité chez mon collègue voire même à expliquer à un autre collègue la situation désagréable que je rencontrais à l’égard de ce collègue … J’ai compris soudain que la partie n’était pas gagnée et qu’il fallait à nouveau que je me batte.
    J’ai décelé en moi que ce désir de médisance venait d’une rancoeur d’un comportement ingrat de ce collègue. Maintenant j’essaye de me taire quand l’envie de médire arrive et de me détacher des affects des affaires matérielles. Je travaille aussi sur les causes qui m’ont amené dans cette situation (le fait d’être trop naïf, impatient et de ne pas voir que tout ce que j’ai c’est grâce au Tout puissant etc.). Ce sont d’autres facettes de ma personnalité qui sont mises en exergue actuellement grâce à cette situation et j’en remercie mon Créateur qui veut me rendre plus conscient de moi-même. Pour pouvoir me détacher en luttant et devenir plus humain et plus reconnaissant de la grandeur du divin qui pense continuellement à nous mais nous ne le voyons pas parce que nous sommes dans nos pensées enfumées par la vexation de notre orgueil et à l’affût du moment où l’on pourra se venger …
    Il y a quelques années, la médisance venait de la jalousie envers des collègues que je trouvais pas très sympa mais qui étaient des références dans mon domaine alors que je commençais mon métier. Cela m’agaçait et j’avais envie de me lâcher sur l’autre ; ma lutte a consisté à me répéter chaque jour que c’est Dieu qui apporte mon pain quotidien et éventuellement ma réussite. Je suis aussi allé vers l’autre en toute sympathie alors que je n’avais pas envie et à force cette envie de médire est partie.
    Il n’y a pas d’ennui ni de repos dans la vie quand on commence ce chemin d’introspection …

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