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Les raisons de la colère : quel est votre avis ?

Par , le 25 Oct. 2016, dans la catégorie Pratiques - Imprimer ce document Imprimer - English version
Homme d'affaire avec poings sur la table

De la simple irritation à l’exaspération ou à la fureur, la colère peut s’exprimer de multiples façons et dans toutes sortes de situations. Nous avons généralement peu de mal à l’identifier en nous, bien que ses manifestations prennent parfois une forme subtile qui voile notre raison. Cela dit, dans tous les cas, lorsqu’il s’agit de la maîtriser, c’est une autre affaire. On pourrait affirmer sans trop de risques que la question concerne, sous une forme ou une autre, tout un chacun. Nous allons donc consacrer plusieurs billets à ce sujet en commençant par ce premier article qui nous permettra, à travers une mise en situation et quelques questions, de commencer la réflexion et de partager nos propres expériences, suggestions, idées et autres interrogations.


Mise en situation

Suite à une demande de Jérôme, son collègue et ami Pierre accepte de l’aider sur un projet urgent. Pour que le travail puisse être terminé à temps, Pierre passe plusieurs soirées au bureau et se voit obligé d’annuler des engagements personnels prévus de longue date. Lors de la réunion hebdomadaire où le point est fait sur tous les projets avec leur chef, Jérôme omet de mentionner l’aide précieuse que Pierre lui a apportée. Lorsque c’est au tour de Pierre d’évoquer l’avancée d’un autre dossier dont il est responsable, chacun s’exprime, et Jérôme lui adresse quelques remarques critiques. Pierre n’en revient pas. Comment Jérôme peut-il pu lui faire ça ? Il bouillonne intérieurement, mais se force à ne rien dire pendant la réunion.

Une fois la réunion terminée, il va voir son collègue et lui dit : « Avec tout ce que j’ai fait pour toi depuis 10 jours, c’est comme ça que tu me remercies ! J’ai tout fait pour que ton projet puisse être fini dans les temps, j’ai travaillé tous les soirs, même au dépend de mes engagements personnels ! Eh bien je peux te garantir que ça ne se reproduira pas. La prochaine fois que tu auras désespérément besoin d’aide, tu n’auras qu’à aller voir ailleurs ! » Excédé Pierre claque la porte et s’en va, fou de rage. Il sait très bien que Jérôme aura encore besoin de lui.

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1. Manifestement, Pierre est en colère. Qu’est-ce qui vous permet de l’affirmer ?

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2. Sur le fond, pensez-vous que Pierre a raison d’exprimer son mécontentement ?

3. Il vient vous en parler et vous demande comment vous auriez réagi. Que lui répondez-vous ? Quels sont vos arguments ? Avez-vous déjà été confronté à ce genre de situation ?

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52 commentaires

  1. Reitelli le 25 Oct 2016 à 18:57 1

    Il y a un dicton qui dit : « prêter c’est donner « . Donner un coup de main, aider, soulager même quand c’est barbant si on le fait pour recevoir quoique ce soit en retour on est déçu. (Ou pas). Peu importe. Moi j’essaye de dépanner comme je prête, peu importe si on me rend ou pas ce que j’ai donné.

    1. KB le 27 Oct 2016 à 16:49 1.1

      C’est très difficile de rendre service à quelqu’un de façon désintéressée sans attendre quelque chose en retour, c’est justement pour cette raison qu’il faut le faire uniquement pour la satisfaction de Dieu et pas le faire pour telle ou telle personne, il faut beaucoup d’exercices pour y arriver, pour aider une personne uniquement dans ce but.

  2. Malika le 25 Oct 2016 à 19:00 2

    Il faut analyser l’avis émis est-il formateur et constructif ? Est-ce pour proposer mieux, est-ce une critique gratuite, ensuite analyser l’intention. Il aurait fallu peut être se défendre ou s’expliquer sur le moment.

  3. Charlotte le 25 Oct 2016 à 19:01 3

    D’après mes expérience et avec le recul, je lui dirais qu’il a eu tord de réagir de cette façon et se laisser emporter par son soi-impérieux.
    La question qu’il devrait se poser est de savoir dans quelle intention il a accepté d’aider Jérôme ? Car c’est l’intention qui définit nos réactions comme dans son cas. Je ferais éventuellement référence au livre Médecine de l’âme de B. Elahi dans lequel il a bien expliqué les conditions de la pratique des principes éthiques pp.41-43.
    Cela me fait penser également à l’article publié sur ce site en mars 2014 à ce sujet (Les conditions de la pratique éthique) et qui est explicitement un guide de conduite dans la pratique de tous les jours.

    1. A. le 27 Oct 2016 à 5:47 3.1

      >Cela me fait penser également à l’article publié sur ce site en mars 2014 à ce sujet (Les >conditions de la pratique éthique) et qui est explicitement un guide de conduite dans la >pratique de tous les jours.

      oui et plus précisément au fait que « l’altruisme, il faut l’absorber intégralement, c’est-à-dire avec son corollaire qu’est l’ingratitude »

  4. Ralph le 25 Oct 2016 à 20:17 4

    En théorie, dans toutes nos actions nous devons rechercher le contentement divin. Si nous y arrivons, même de façon incomplète ou imparfaite, cela atténue par exemples les exigences ou réactions d’orgueil que nous pouvons avoir suite à cette action. En réalité, cette ingratitude de la part de Jérôme peut être vue comme une occasion, puisqu’elle permet de jauger l’intention, de lutter contre la colère, la vengeance, la rancœur…

  5. aaron le 25 Oct 2016 à 21:47 5

    En effet quand on rend service le plus dur est de ne rien attendre. Aucun retour. Cette histoire met en valeur le fait que Pierre attendait justement ces retours, sinon il n’aurait pas eu de réaction violente. L’intention de pierre était peut-être donc d’avoir aussi de la reconnaissance devant le chef et non de rendre entièrement service à Jérôme. Ceci étant dit, peut-être que la réaction intérieure de Pierre pendant et après la réunion aurait dû être de l’indifference, mais extérieurement, pour ne pas être pris pour un imbécile dans son travail, il pourrait exprimer de façon cordiale son désaccord avec le comportement de Jérôme, s’exprimer sans s’enerver, et poliment, mais dire les choses telles qu’elles ont été. Si Jérôme lui redemande un service, je crois qu’il faut le faire, non pas pour Jérôme mais pour qu’il tire un bénéfice de son action sur un plan spirituel. Et si Pierre doit refuser parce qu’il a vraiment d’autres obligations, c’est qu’il a mesuré les priorités sincérement sans vouloir se venger, (intérieurement il est embêté de ne pas rendre service, et n’a pas l’esprit de vengeance du genre : bien fait pour toi si je ne peux pas).

  6. HS le 25 Oct 2016 à 22:46 6

    Je suis d’accord avec Malika.

    Qui n’a pas connu une situation similaire ? La réaction est tout à fait compréhensible, et le fait de s’être retenu de parler pendant la réunion est positif selon moi : s’il avait dit qu’il n’avait pas pu avancer à son aise sur son projet personnel parce qu’il avait aidé son collègue, il aurait alors perdu tous les bénéfices de son acte.

    En théorie, quand on rend un service ou que l’on fait quelque chose pour quelqu’un, on doit toujours être prêt à ne pas chercher un quelconque signe de remerciement. Dans la pratique, que c’est dur d’appliquer cela !

    Dans un tel cas, j’aurais réagi pareil…
    Si je dois analyser le situation et donner la « bonne réponse », j’aurais dit :

    1. Ne pas afficher l’autre pendant la réunion (il a bien fait de ne pas le faire)
    2. Aller discuter avec l’intéressé en tête à tête en lui faisant comprendre que l’on a été blessé par une telle attitude
    3. Ne plus rendre de tels services à cet individu à moins de ne rien vouloir en retour.

    1. MH le 26 Oct 2016 à 13:13 6.1

      Entièrement d’accord avec votre analyse, HS!
      Bien sûr, on offre de l’aide et on doit être prêt à faire face à l’ingratitude de l’autre, mais cela ne signifie pas que l’on doive laisser passer une mauvaise attitude de la part d’un ami!
      Pierre a bien agi en ne disant rien lors de la réunion, mais son seul tort a été de s’énerver, de laisser sa colère l’envahir, lorsqu’il a parlé à Jérôme.
      Il faudrait tâcher de ne jamais s’exprimer lorsqu’on est sous l’emprise de ces pulsions… les laisser s’évacuer, prendre du recul, avant de s’exprimer! de manière à ce que la raison puisse reprendre le contrôle.

    2. kbld le 29 Oct 2016 à 10:59 6.2

      @HS
      Malika dit l’inverse en réalité il me semble.

    3. Lucien le 03 Nov 2016 à 11:38 6.3

      C’est l’analyse et le comportement que je choisirais.

    4. Joseph locanda le 12 Nov 2016 à 9:58 6.4

      Quand on rend service, on ne doit pas attendre de retour. Mais on n’est pas obligé d’être naïf. Je trouve que les trois points de HS sont une bonne réaction pour peu que l’on reste in terieuremnt détaché du résultat et de l’emprise de l’ego qui peut trouver dans la démarche une voie pour s’engouffrer et manifester son existence…

  7. Cla ra le 25 Oct 2016 à 23:17 7

    Pour avoir vécu une situation similaire, pour en avoir souffert aussi, je ne pense pas que ce soit une bonne idée d’être offensif de cette façon.
    Pour limiter les dégâts il vaudrait mieux demander à son ami pourquoi il a agi de la sorte et l’amener à réaliser par lui même que son comportement n’a pas été juste

  8. Bl@ck_cat le 26 Oct 2016 à 9:35 8

    Bonjour,

    Il me semble qu’il ne faut pas être offensif de cette manière. Il me semble que les éclats de voie et de colère ne sont pas une bonne solution car même si l’on est dans son droit on passe pour au mieux pour une personne sans selfcontrôle au pire pour un imbécile soupe au lait. Dans ces cas là il vaut mieux ne pas réagir à chaud !

    dans une situation pareille, je crois qu’il vaut mieux contacter un tiers (un ami qui vous veut du bien et/ou qui est complètement neutre) et lui raconter ce qu’il s’est passé (quitte a être furieux et à le faire sentir à cet interlocuteur) et c’est une fois calmé (cela peut parfois prendre plusieurs jours voire semaines) que l’on peut revenir vers la personne qui nous a échauffer et lui expliquer calmement et pourquoi son attitude nous a blessé/mis en colère/etc..

  9. gaby le 26 Oct 2016 à 10:27 9

    Je lui aurais dit que j’aurais réagi de la même façon malheureusement ! (je suis aussi colérique) mais puisqu’il me présente la situation à froid, j’ai plus le temps de réfléchir et ne pas me laisser emporter.
    Pour avoir vécu ce genre de situation, j’ai un souvenir cuisant de sentiment de honte et de regrets intenses à chaque fois que je me suis laissé envahir par une colère noire et d’avoir extériorisé ce sentiment.
    Au contraire, je me souviens avoir une fois senti mon soi impérieux monter en flèche et avoir pu le mater in extremis, et le plaisir et le soulagement que j’avais pu ressentir de ne pas avoir craqué et de ne pas avoir le coeur lourd de regrets !
    Si je prends en compte la dimension spirituelle de ma vie, peut être que voir cette situation comme un test établi pour moi pour voir si je suis capable de faire un acte altruiste et me dire que ce que je dois faire c’est pour Dieu et non pour la reconnaissance et l’admiration des autres peut m’aider à ne pas me laisser aller à ce type de réaction. Au moins ne pas l’extérioriser et après travailler sur ma pensée et réussir à ne même pas ruminer vis à vis de mon collègue.

  10. KLR le 26 Oct 2016 à 10:37 10

    Nous ne savons pas dans quelle intention Pierre a rendu service à Jérôme, comme c’est dans le milieu du travail, il est tout à fait concevable que son intention n’était pas nécessairement l’altruisme.
    Si Pierre avait réussi à maitriser ses émotions, il aurait pu sans doute rectifier calmement le tir en pleine réunion face à Jérôme, et lui dire (même sur le ton de l’humour qu’il omettait de citer son intervention dans le projet). De cette façon il aurait défendu son droit au sein de l’entreprise. Evidemment c’est très facile à dire, mais extrêmement difficile à faire.
    pour ma part, je suis sûre que ma nature m’aurait porter à ruminer, ce qui débouche forcément sur de la médisance…
    Manifestement il y a quand même une notion de droit à défendre, mais c’est dans la façon de gérer ce droit que l’émotion et le soi impérieux s’enflamme.
    Récemment il m’est arrivé un genre de cas de figure semblable.
    J’enseigne à une personne depuis 7 ans. J’ai instauré avec elle une relation de confiance avec elle, en essayant de m’adapter à sa demande et à son peu de pratique, mais cela a sans doute faussé la relation enseignant/élève, et amené une relation copain/copain… Cette année tout d’un coup elle a commencé à me faire des reproches et des critiques assez durs sur mon enseignement, dès le début de l’année et à plusieurs reprises. Au début j’étais tellement surprise, et en colère sur son manque de respect, et de gratitude que j’ai réagi avec beaucoup d’émotion… Finalement j’ai compris qu’il fallait qu’à la fois je défende mon droit en rétablissant le « rapport de force » enseignant/élève, et que je porte de l’attention à elle, car il est probable que ses critiques cachaient sans doute une vrai demande…

  11. Cogitons le 26 Oct 2016 à 12:29 11

    Dans ma petite mais longue expérience, la colère, si elle est analysée, est un excellent vecteur de connaissance de soi: pourquoi cet évènement, ces circonstances, etc, me mettent-ils dans une telle colère? Mais vraiment « pourquoi ». Si on prend le temps (après coup) de creuser jusqu’aux raisons profondes, c’est très précieux.
    Il semblerait qu’il faille ici distinguer plusieurs… failles.
    Car il y a deux niveaux: le professionnel, et le personnel : « collègue et ami ». Aïe !
    J’ai envie de dire à Pierre :  » on ne choisit pas ses collègues, mais on peut éventuellement choisir ses amis « .
    Il faudrait disserter ici sur l’amitié, mais ce n’est pas le sujet. Juste pour dire qu’il est légitime et sain que la trahison d’un ami, ça fasse mal, et que par conséquent, l’on puisse y réagir de manière émotive. C’est humain. Ça me plaît. C’est ce qui nous distingue encore des robots: nos émotions.
    La trahison d’un collègue de bureau, il faut faire avec et ne pas être benêt. C’est la vie. On peut faire comprendre à l’autre, d’un regard, qu’il a tort de nous prendre pour un imbécile. Pas la peine de défoncer la porte ou de faire une sortie de théâtre.
    Et pas la peine de jouer les philosophe sur ses hauteurs, genre :  » la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe « .
    De philosophe à simplet, il n’y a qu’un pas qu’on peut allégrement franchir, en se sentant, au passage, infiniment supérieur.
    Se demander aussi si l’on vaut mieux que l’autre. Ça, c’est intéressant.
    C’est fascinant comme dans mon petit univers mental et la petite histoire que je me raconte sur ma vie, le vilain, c’est toujours l’autre.

  12. aL06 le 26 Oct 2016 à 13:15 12

    Je suis d’accord avec Charlotte. Quand on renonce à son droit (celui d’honorer des invitations de longue date, et d’avancer son travail, dans la situation décrite) pour se mettre au service d’une cause, c’est l’intention dans laquelle on se place qui compte. Si on fait ce renoncement dans l’attente de gratitude ou de reconnaissance on sera nécessairement déçu. Si on agit dans l’intention du contentement divin alors on ne devrait pas avoir le ressentiment de Pierre et la réaction de colère et frustration qu’il a exprimé. Mais ceci est plus facile à dire qu’à faire !

  13. cir le 26 Oct 2016 à 13:17 13

    Le mélange ami/travail, désintérêt/intérêt…
    Difficile à gérer sans réfléchir à un moment donné à mon positionnement général par rapport aux autres. Finalement, qui sommes-nous face à la personne qui nous demande un service, et qui est-elle pour nous, au fond ? Plus précisément, que cherchons-nous chez les autres pour nous-mêmes ? Il vaut mieux le savoir quand on travaille avec des amis.

    Il est possible que la position/réaction de Pierre soit récurrente sans qu’il en ait conscience… Et qu’il ne cerne pas sa réelle demande intérieure… Et ses conséquences, positives ou négatives. Connaître l’être humain que je suis, que nous sommes, se connaitre… Distinguer à quelle dimension (matérielle ou spirituelle) ma raison répond face à une demande; repérer les ambiguïtés de ma réponse qui, aveuglément, peut me paraitre unique et sans attente. Et être lucide sur l’autre.

    Et puis, si on a un peu avancé sur le sujet, se souvenir qu’un acte intéressé ou désintéressé contient en lui-même l’ingratitude potentielle du receveur… S’en souvenir : un baume, potentiel lui aussi, contre la colère.

    J’ignore si Pierre pourrait recevoir ma réflexion, c’est en tous les cas ce que j’essaierais de lui dire, en partie ou en totalité, en tant qu’ami.

  14. Mome le 26 Oct 2016 à 13:40 14

    J’ai appris des choses en lisant les commentaires, notamment celui de aaron. D’un autre côté comme le problème s’est posé dans un cadre professionnel, où chacun est payé pour faire son travail, ne serait-il pas naïf de la part de Pierre de faire régulièrement le travail de Jérome à sa place, au détriment d’autres droits auxquels il renonce éventuellement en annulant ses engagements personnels : probablement droit de sa famille, droit de son corps, voire de son âme.

  15. sandrine le 26 Oct 2016 à 16:24 15

    En premier lieu, ce que je dirais dépendrait sans doute de la nature de la relation que j’ai avec Pierre. Selon notre degré de proximité, selon ce que je ressens de l’attention qu’il porte en général à son comportement et aux autres, il est probable que je n’aborderais pas les choses de la même façon.
    En second lieu, avant de lui dire comment j’aurais peut-être réagi (peut-être, car c’est une chose d’en parler à froid, et une autre d’être confronté à la situation), j’aurais très envie de lui demander comment lui-même analyse la situation avec un peu de recul ? Qu’est-ce qui l’a motivé à aider Jérôme avec autant d’énergie et d’abnégation ? Qu’est-ce qui a fait qu’il s’est retenu pendant la réunion ? Est-ce que lui-même aurait envie de réagir différemment à présent ? Qu’est-ce qu’il ressent ? etc.
    Et en fonction de ses réponses, de sa sensibilité à se remettre en question ou pas, ne serait-ce qu’à s’analyser, j’adapterais ma réponse sur la manière dont j’aurais réagi, qui reviendraient sans doute en partie à des éléments mentionnés dans les commentaires précédents, mais qui éviterait, je l’espère, de me placer en donneur de leçon, ou de mentionner un comportement de ma part dont je sentirais Pierre incapable, même si c’est ainsi que j’aurais réagi.
    Par expérience, j’ai constaté que pour quelqu’un qui ne fait pas de travail sur lui-même, la notion de « donner sans attendre de retour » est proprement incompréhensible et injuste…
    On peut aussi se poser une autre question, en se mettant à la place de Pierre : à supposer que j’aie compris que mon explosion de colère n’était pas appropriée, maintenant que ça a malgré tout eu lieu, est-ce que je compte revenir sur ma décision de ne plus aider Jérôme, si non pourquoi et si oui pourquoi et comment ? (bien entendu, il me paraît difficile d’y répondre sans connaître ni Pierre ni Jérôme, mais dans l’absolu, ça peut être intéressant d’y réfléchir)

  16. Lily le 26 Oct 2016 à 16:54 16

    Il m’est arrivé exactement la même chose la semaine passée.
    J’ai été très touchée dans mon orgueil parce que j’attendais une reconnaissance mais rien du tout, même pas un merci.
    Je voulais même mettre un terme à mon amitié, mais après avoir pesé le pour et le contre, je me suis dit c’est sûrement mon ego qui a été blessé et je devrais faire comme si de rien était.
    J’essaie de m’autoraisonner et garder mon amitié de manière désintéressée.

  17. Marie le 26 Oct 2016 à 22:42 17

    Une réaction oui, mais pas a chaud, pas tant qu’il n’a pas dominé sa colère, réfléchi profondément a la situation, aux causes et aux conséquences, à la raison profonde de sa colère , cherche à comprendre l’attitude de son ami,…
    Car une fois sa colère maitrisee, son champ de réflexion pourra s’ouvrir et lui permettre de mieux comprendre ce qu’il a à comprendre de cette épreuve et de reagir de façon juste

  18. ATIG le 26 Oct 2016 à 23:59 18

    Je pense qu’il faut s’affirmer lorsque nous pensons que notre droit est bafoué, ce qui demande un certain courage. En revanche, il faut exprimer notre mécontentement sans nous mettre en colère. Parler de l’acte et ne pas mettre la personne en cause mais le fait.
    Théoriquement, on pourrait dire que Pierre aurait pu pardonner mais sa « résignation » est aux dépens de ses autres engagements, donc des tierces personnes entrent en jeu.

    Bien cordialement,

  19. Lily22 le 27 Oct 2016 à 12:27 19

    Réaction normale : un mélange de frustration, de sentiment d’injustice dû à l’ingratitude de son collègue, le sentiment de s’être fait avoir par quelqu’un d’égoïste et d’abusif, qui s’avère pour le moins inamical et peu généreux. On peut exprimer tout cela sans se mettre en colère, surtout que l’autre, par l’expression de cette colère qu’il essuie, se sent « dédouané » en quelque sorte… Il vaut mieux exprimer tout cela avec calme et détermination, une certaine fermeté. On pardonne mais il serait stupide d’oublier, et de recommencer la même erreur. C’est au collègue abusif de venir demander pardon de cette attitude pour le moins peu généreuse.

    1. Danielle le 30 Oct 2016 à 13:36 19.1

      Le ressentit de Pierre à la fois  » mélange de frustration, de sentiment d’injustice » en réaction à l’ingratitude de son collègue/ami est pour Pierre une expérience et une épreuve intéressante en cela qu’elle lui ouvre les yeux sur des traits de caractères désagréables de son ami. Il semble que Pierre ne les connaissait pas ou n’y avait pas porté attention. L’émotion est un outil d’éveil de notre conscience, Pierre découvre chez son collègue/ami une part d’égoïste et d’opportunisme, dans ces situations difficiles de ne pas être touché, blessé, et de pardonner… L’humour dans ce cas est un outil précieux qui apporte une distance bienfaisante.

  20. Laura le 27 Oct 2016 à 13:15 20

    Tout à fait d’accord avec HS. À chaud , j’aurai réagit pareil! Pure réaction de l’ego! Mais avec du recul Peut être qu’il faut se projeter dans le futur et dire que se mettre en colere ne va pas arranger les choses. Si l’objectif de Pierre est que son travail soit mis en valeur au près de son chef, il est plus intelligent de dire les choses calmement et de faire comprendre à Jérôme, le message serait passe calmement aussi. Aussi pierre peut se demander si cette situation négative ne mets pas en lumière le fait qu’il en a fait trop pour son ami: a-t-il lésé ses propres droits ou ceux de sa famille pour aider Jérôme?

  21. Gag le 27 Oct 2016 à 15:15 21

    Je me sens assez proche de l’avis d’Aaron : Si l’on décide d’aider (après avoir pris en compte nos autres obligations), il faut le faire sans attendre de contrepartie. Je me serais certainement abstenue lors de la réunion, mais j’aurais aussi exprimé ma tristesse à Jérôme entre 4 yeux. Je crois que j’aurais plutôt tendance à ressentir de la compassion pour lui… Néanmoins, je continuerais à l’aider dans la mesure de mes possibilités, lui ou quelqu’un d’autre d’ailleurs, car je considère qu’aider autrui est la base d’un comportement réellement humain. C’est aussi un excellent moyen de tester sa propre intention et sa réaction à une possible ingratitude.

  22. blanche le 28 Oct 2016 à 0:34 22

    J’aurais répondu à Pierre, comme mentionné dans le commentaire de A., que généralement le corollaire de l’altruisme c’est l’ingratitude de la personne aidée, que l’homme est de nature ingrate et que très souvent rendre service c’est s’exposer à l’ingratitude de l’ami que l’on aide, celui-ci considérant qu’il est tout à fait normal que son ami lui rende service.
    Connaissant cela, il est plus facile de n’avoir aucune attente et d’accepter l’absence de reconnaissance d’un ami à qui on a rendu service et de ne pas lui en vouloir. Cela n’empêche pas d’être surpris et déçu par cette attitude, comme cela m’est arrivé. et on s’efforce alors de comprendre pourquoi l’ami en question s’est montré ingrat.
    J’aurais donc conseillé à Pierre, ainsi qu’il a été dit dans plusieurs commentaires, de parler à Jérôme de façon calme et lui faire part de sa déception mais que cela ne remet pas en cause leur amitié.

  23. Cogitons le 29 Oct 2016 à 1:44 23

    Il me semble que le mélange collègue/ami fausse un peu les données du problème.
    Pour ce qui est de l’amitié, mes amis ne sont pas essentiellement des « objets de travail sur soi ». Ce sont avant tout des personnes pour lesquelles j’ai de l’affection et dont j’attends un niveau de désintéressement, de respect, de réciprocité et un minimum d’élégance auxquels j’essaie moi-même de me tenir, et qui ne correspond pas du tout à ce qui est décrit dans ce scénario. Les collègues de bureau, c’est tout autre chose, bien qu’il y en ait de bien plus remarquables que moi, tant sur le plan humain que professionnel.
    L’altruisme, c’est très bien. Mais le soi-isme, c’est aussi un devoir et un droit. A part, peut-être, pour les Saints, mais combien y-en-a-t-il d’authentiques ? Tout soi-isme n’est pas un égoïsme.
    Quant à l’homme « de nature ingrate », je ne suis pas convaincu, chère Blanche, qu’il faille se risquer à de tels propos globalisants.

    1. Charlotte le 30 Oct 2016 à 15:22 23.1

      Personnellement j’essaye d’analyser ces mises en scènes de la vie quotidienne avec un regard différent en me disant: rien n’arrive sans raison et la source de ces événements c’est moi, c’est pour que je puisse me connaître et avancer vers mon but qui est la perfection et cela commence par la connaissance de soi. Peu importe qui sont les acteurs, mais souvent ça me fait plus de mal venant de la part de ma famille ou de mes amis très proches.
      M’analyser de cette manière fait que je ne vois plus les personnes et je tourne mon regard vers moi. En tout cas je me force et j’essaye et parfois je réussis, et le ressentiment vis à vis de la personne se transforme en gratitude.

      1. Cogitons le 31 Oct 2016 à 21:41 23.1.1

        Charlotte, je vous tire un peu mon chapeau.
        Et je note, au passage, que vous pratiquez ainsi le soi-isme, puisque vous vous tournez vers vous-mêmes et non vers autrui, et vous préoccupez de « votre » « perfection ». Seulement, il ne faut pas que cela devienne un moyen commode de se laisser marcher sur les pieds. Déguiser une faiblesse, peut-être, en quête de sagesse. Je ne dis pas que cela soit votre cas, mais je me méfie de ce qu’on se raconte sur soi-même.

    2. kbld le 30 Oct 2016 à 18:39 23.2

      @Cogitons
      La question est plus, je pense, ce qu’on privilégie : les autres ou soi-même. Il se trouve seulement que dans cette histoire, se laisser faire, en faisant du tort à lui, ferait du tort à tout le monde. Ce ne serait pas de l’altruisme mais de l’idiotie nocive pour tout le monde.
      Par contre, se mettre en colère, c’est idiot.

      1. Cogitons le 31 Oct 2016 à 22:00 23.2.1

        Manifester sa colère, et de cette façon, c’est effectivement idiot dans ce cas précis (et un peu carricatural).
        Ceci étant, les colères que l’on ressent, manifestées ou non, ne sont pas (à mon avis) nécessairement néfastes. Et elles sont un vrai trésor, si l’on creuse un peu, vers une meilleure connaissance et compréhension de soi. Car quels sont les ressorts de notre colère ? Sommes nous, par exemple, le preux chevalier offensé ? Ou sommes nous jaloux de la personne ? J’en ai eu quelques expériences. Ou encore, avons nous bu trop de café ? Cela m’arrive aussi souvent.
        Bref, les raisins de la colère sont d’une infinie variété et il est utile d’en devenir le connoisseur…

      2. kbld le 02 Nov 2016 à 18:18 23.2.2

        @Cogitions
        Le fait d’être en colère provient justement d’un manque de connaissance de soi. Oui, on peut tirer profit de sa manifestation pour se traiter et se connaitre, mais cela veut-il dire que la colère est un outil de connaissance de soi et donc d’extinction de la colère ? Si vous voulez. Je ne dirais pas ça, mais peu importe.
        En tout cas, cela ne veut pas dire que la colère est une émotion positive. Le fait d’avoir la rage veut dire qu’on ne s’est pas fait vacciner. Et c’est le fait que certains ont eu la rage qui a abouti au vaccin de Pasteur, soit. Mais de là à dire que c’est une bonne chose que des gens aient eu la rage, car Pasteur a pu développer un vaccin, c’est un pas que je ne franchirais pas. Si Pasteur a inventé le vaccin, c’est justement pour éradiquer la rage, qui est une chose mauvaise.

      3. Cogitons le 07 Nov 2016 à 0:11 23.2.3

        « Le fait d’être en colère provient justement d’un manque de connaissance de soi ».
        Je ne vois pas trop pourquoi.
        Il faut distinguer, me semble-t-il, l’émotion de sa manifestation.
        – Je ressens de la colère. C’est quelque chose qui m’arrive, pas quelque chose que je décide. Que je me connaisse ou pas n’y change rien.
        – Ce que je fais de cette émotion, c’est autre chose. Je peux la réprimer, la raisonner, l’exprimer, l’alimenter, l’analyser, la disséquer, etc.
        On peut éprouver de la colère sans pour autant être colérique. La colère n’est pas forcément néfaste. C’est une émotion parmi tant d’autres, qui peut avoir son utilité. La révolte, par exemple, est parfois utile, sauf si l’on se contente d’être un bovin (pire encore, un bovin, passif et faible, qui ne ressent plus rien et se prend pour un « sage »).
        La colère du révolté peut donner la force de faire des choses utiles et positives qu’on ne pourrait pas sans. On peut se mettre en colère contre soi-même, se mettre un coup de pied salutaire au derrière.
        C’est un carburant, assez explosif il est vrai. Reste à savoir comment l’on s’en sert.
        Donc il faut bien définir la chose. Les colères puériles, genre colère d’embouteillages, sont si stupides qu’elles ne méritent pas qu’on s’y attarde, sauf à dire qu’il faut leur tordre le cou.
        Mais sans la colère des suffragettes en leur temps, point de vote pour les femmes aujourd’hui. On pourrait multiplier les exemples à l’infini.
        Il faut donc discerner, choisir, maîtriser et diriger ses colères… D’où le terme de « connoisseur »…

      4. kbld le 13 Nov 2016 à 21:05 23.2.4

        @Cogitons
        Il me semble qu’il faut distinguer entre colère et instinct irascible. La colère pouvant alors être considérée comme un excès d’irascibilité. Comme tout excès, elle est néfaste pour l’âme et pour le corps aussi d’ailleurs. Évidemment, « colère » entendu dans un sens plus large signifie irascibilité en général. Mais on peut l’entendre de manière plus restreinte.
        Ne pas se mettre en colère – dans ce sens restreint – ne veut pas dire être mou. Il faudrait réfléchir à quand est-ce que l’irascibilité devient mauvaise, et ce serait cela la colère. À mon avis, un élément clé est le fait de pouvoir se contrôler : perdre le contrôle de soi, c’est mauvais. Les révoltés pour des causes justes savent ce qu’ils veulent. Et si vous voulez qu’une révolte triomphe, il faut la penser, l’organiser… la contrôler.
        Cela rejoint d’ailleurs ce que vous écrivez, c’est je vocabulaire qui diffère.
        Quant au lien avec la connaissance de soi : s’il se connaissait, il aurait conscience de son insignifiance et de celle de l’évènement qui s’est produit, alors naturellement il ne se serait pas mis en colère pour cette chose si insignifiante.

      5. Cogitons le 15 Nov 2016 à 1:25 23.2.5

        @klbd
        – L’irascibilité est la propension à la colère. On dit donc d’une personne irascible qu’elle se met (trop) facilement en colère, ce qui n’est ni agréable, ni utile pour personne. Il ne me semble pas qu’il faille associer les deux. L’irascibilité est un défaut. C’est péjoratif dès le départ. La colère ne l’est pas nécessairement.
        – Quand au sentiment d’insignifiance, une bonne et fréquente méditation sur notre place dans l’univers devrait faire l’affaire. Malheureusement, notre cerveau n’est pas équipé pour percevoir l’immensité des choses, au delà de notre petit quotidien.
        Et pourtant…
        –  » Notre  » voie lacté contient 100,000,000,000 (cent milliards) d’étoiles.
        – Elle-même n’est qu’un insignifiant grain de poussière parmi quelque 2,000,000,000,000 (deux billions) de galaxies (au bas-mot).
        Notre soleil n’est donc qu’une étoile parmi 200,000,000,000,000,000,000,000
        Notre planète, probablement idem (je ne parle pas de planètes habitées par des créatures conscientes. Aucune info là dessus).
        Et cela, sans compter l’hypothétique existence de multivers.
        Dans ces conditions, se prendre pour le centre de l’univers, comme nous avons tous tendance à le faire, c’est du plus haut tragi-comique.
        Je crois que si nous pouvions vraiment ressentir une telle immensité, nous serions anéantis sur le champ.
        Revenons-en à la colère : pour m’aider à relativiser les petits tracas quotidiens et mes minablissimes colèrettes, j’ai toujours en fond d’écran, soit une image de l’univers lointain, soit, de la terre vue de la lune ou de Saturne.
        Ça aide parfois un tout petit peu.
        Mais bon, rassurez-vous, je reste quand même le centre de l’univers.

      6. kbld le 16 Nov 2016 à 20:49 23.2.6

        @Cogitons
        Au sujet de la colère, c’est une question de vocabulaire, mais le vocabulaire est important pour pouvoir comprendre et discuter.
        Je ne suis pas spécialiste, mais il semble d’après ce je vois, qu’en effet, chez Aristote traduit en français, l’irascibilité désigne l’excès de colère, l’indifférence le défaut de colère, et la débonnaireté le juste milieu (Éthique à Nicomaque, II, 7, 1108a – traduction J. Tricot).
        Mais dans La voie de la Perfection, p. 43, Bahram Elahi parle de « faculté irascible », son excès créant la colère, son défaut le manque de dynamisme, et son équilibre le courage.
        Bien sûr, il n’y a aucune contradiction, surtout qu’il ne s’agit que de traductions pour Aristote. Et Aristote lui-même commence par dire qu’il n’y a pas vraiment de dénomination (et Barham Elahi n’en donne pas, il explique juste ce que ces trois états créent). Il faut juste se fixer sur un vocabulaire.
        La question est alors de savoir ce qu’est la colère, comme produit de l’excès de cette faculté irascible. À mon sens, c’est le fait de ne pas se contrôler face à une pulsion irascible, et d’être au contraire sous son emprise.

  24. Jo le 29 Oct 2016 à 14:27 24

    Selon mon intention dans l’aide apportée à mon collègue et ami Jerôme, je me dirais que ses remarques (justifiées ou injustifiées) lors de la réunion hebdomadaire, doivent peut-être me servir à tester la qualité de mon intention. Donc, la blessure (si il y a ?…) ne provient pas vraiment de cet acte. Si il y a blessure, elle ne concerne pas Jerôme, mais uniquement moi-même. Donc, pas de commentaires après coup, peut-être une discussion pour connaître les motifs des critiques de mon projet présenté lors de la réunion.

  25. kbld le 30 Oct 2016 à 15:09 25

    1. Analyse :
    Qui ne se fait pas payer pour son travail professionnel ? Qui arrive à survivre ou à faire survivre sa famille sans se faire payer ? Personne. En tout cas en Occident dans un monde urbanisé. Nous travaillons pour de l’argent, pour percevoir un salaire et il n’y a rien de vulgaire dans cela. Nous pouvons garder l’idéal de contribuer à la société par notre travail, et c’est très bien. Mais si nous ne touchions pas notre chèque à la fin du mois, nous ne continuerions pas. Et c’est bien, c’est même un devoir de gagner sa vie pour ne pas vivre dans la misère et même le cas échéant pour permettre à sa famille de bien vivre.
    Or, dans les milieux professionnels où il y a un droit de regard d’un groupe, l’information de la contribution d’une personne à ce groupe est quelque chose de très important. Le fait que le groupe sache que telle personne a été instrumentale dans un projet réussi signifie que l’on peut compter sur lui en cas de besoin, qu’il est efficace, en somme que c’est un bon élément individuellement mais aussi dans la vie du groupe. Et dans une économie libérale saine, cela se traduira très pratiquement par des bonus, par une augmentation de salaire, par une promotion au sein de l’entreprise, voire même par une bonne réputation à l’extérieur de l’entreprise et donc la création d’opportunités de carrière. Renoncer à cette reconnaissance dans un contexte professionnel, c’est comme renoncer à son salaire : c’est hors sujet. Voire, c’est contraire à l’éthique.
    Si votre employeur décide de donner votre salaire à quelqu’un d’autre, vous n’allez pas vous dire « C’est que Dieu l’a voulu, c’est parce que je suis trop attaché au matériel, il faut être altruiste » et laisser les choses comme telles (bien que chacun de ces trois affirmations ne sont critiquables, c’est la conséquence qui l’est ici). Et si vous le faites, vous vous trompez lourdement. Parce qu’aucun ange ne viendra remplir votre assiette ni celle de vos enfants. Il faudra que vous demandiez votre argent, en justice s’il le faut, pour pouvoir assouvir ce besoin qu’est de manger à sa faim. Et c’est bien.
    On nous dit que les deux personnes sont amies, mais cela ne veut pas dire se laisser marcher dessus dans un contexte professionnel. Je pense que l’aspect « ami » ne doit pas vraiment jouer dans une telle situation. Cela tout autant pour le respect de l’aspect professionnel, que pour le maintien d’une amitié saine.
    J’attire aussi l’attention sur le commentaire intéressant de MJ (dans la version anglaise de l’article) qui raconte son expérience similaire mais dans un cas particulier : si Pierre était une femme ? Et pour être vrai, il faut être un peu trivial : il y a semble-t-il une tendance masculine à se comporter envers les femmes comme si elles étaient à leur service. Et pour les femmes, faire respecter ses droits avec becs, ongles et couteaux, c’est non seulement une question de défendre ses droits, c’est non seulement le fait de participer à ce que l’environnement de travail soit sain pour tout le monde, mais c’est aussi une responsabilité vis-à-vis de toutes les autres femmes. Ce n’est pas moins que la condition féminine qui est en jeu dans une telle situation.
    Il se trouve seulement qu’ici, la récompense est plus subtile que de l’argent chiffré. Réclamer son droit se passe donc différemment.
    Beaucoup raisonnent donc sur l’altruisme et l’aide désintéressée, mais il ne faut pas se tromper de sujet à mon avis. Et aussi, d’après l’introduction du comité de rédaction : le problème ici, c’est la colère. Il est évident que dans un tel contexte professionnel, manifester ainsi un énervement donne une très mauvaise image, poussera tout le monde à croire Jérôme si besoin est, en somme, il a tout à perdre.
    2. Conclusion :
    Je n’aurais probablement pas su le faire, parce que je suis d’une nature lente, mais j’imagine qu’il aurait fallu réagir, sans s’énerver bien sûr, sur le coup. En somme, puisqu’il ne peut pas dire lui-même « j’ai fait cela » si personne ne l’a sonné, je pense qu’il aurait dû profiter de son tour pour faire comprendre l’existence de son travail. En disant par exemple, lorsque quelqu’un lui demande s’il travaille beaucoup sur son propre projet, « à vrai dire, cela fait une semaine que je reste au bureau jusqu’à x heures pour élaborer le projet de Jérôme car il avait l’air de vraiment en avoir besoin lorsqu’il m’a demandé son aide ». Mais pas le dire directement à Jérôme en public, la colère ne pourrait pas être maitrisée. S’il dit cela, Jérôme se sentira mal, mais ce ne sera que la conséquence de ses propres actes.
    Quant à la critique de Jérôme, cela dépend du contenu, mais en général, si c’était une critique négative qui aurait pu être faite en privé, il aurait dû s’en abstenir pour ne pas blesser Pierre.
    Et pour les prochaines fois, la colère aveugle Pierre encore une fois sur ses intérêts matériels. C’est évidemment bien d’être utile aux autres pour la carrière. Comme MJ l’a résolu pour son cas, il faut seulement être clair à l’avance sur la contrepartie voulue. Si aucune contrepartie n’est obtenue la fois suivante, alors il ne faut plus aider. Mais s’énerver de manière incontrôlée ne sert à rien et est même nocif sur tous les plans (matériel et spirituel), c’est aussi simple que cela.
    D’une manière générale, je trouve que le plan d’action de Homayoun (version anglaise également) est très bon (la partie excuses est à mon avis bonne seulement parce qu’il y a aussi un lien d’amitié ; sinon, je ne verrais pas l’intérêt de demander des excuses dans une telle situation, son honneur n’a pas été bafoué).
    Au sujet de la colère, il doit donc d’abord faire en sorte de la mâter, et de ne pas l’éveiller en allant voir aussitôt Jérôme. Puis, il doit se demander pourquoi il a eu une telle émotion, et la réponse me semble assez simple : un trop grand attachement aux choses matérielles, un manque de recul. L’argent, la reconnaissance, il faut le rechercher dans la mesure où c’est légitime, mais en soi, on s’en fiche. Pierre voit la situation dans un microcosme, dans lequel il a effectivement été lésé, mais sur l’échelle de son soi et de sa longue existence, c’est un non-évènement. De l’autre côté, le fait d’avoir eu la reconnaissance méritée, comme le salaire mérité, il s’en fichera complètement, mais vraiment complètement, totalement, entièrement, absolument. Si l’on y réfléchit, s’énerver pour cela est en réalité ridicule.
    Je sais, c’est facile à dire, mais justement, ce scenario démontre peut-être que Pierre est trop attaché aux choses de ce monde et qu’il devrait s’autosuggestionner sur leur insignifiance et ainsi améliorer la qualité de son être qu’il emportera avec lui au-delà de ce monde.

    1. Danielle le 10 Nov 2016 à 18:05 25.1

      « il doit se demander pourquoi il a eu une telle émotion, et la réponse me semble assez simple : un trop grand attachement aux choses matérielles, un manque de recul. »
      Si simple ? Qu’on le veuille ou non, nos émotions nous rappellent qui nous sommes, nos traits de caractères dominants, on ne peut pas éliminer la colère ni aucune de nos émotions. Lorsque, « Jérôme omet de mentionner l’aide précieuse que Pierre lui a apportée » je me mets sans peine à la place de Pierre et je sens venir la déception, le sentiment de trahison, puis la frustration en réaction au culot de Jérôme qui se permet critiquer le projet de Pierre ; en guise de reconnaissance bel exemple d’ingratitude.
      La colère est une émotion construite sur la peur, la jalousie, la frustration … ( D Goleman). La connaissance de soi commence par cette identification de la manifestation de colère, cette reconnaissance de nos émotions comme manifestation de nos points faibles et de nos défauts.
      La colère court-circuite la raison, et elle d’autant plus difficile à maîtriser qu’elle apporte de l’énergie … (parfois salvatrice) Ainsi, dans la cas de Pierre, l’événement-scénario lui permet d’exprimer un ressenti « révélateur » de sa relation à son collègue, bien qu’il se positionne (de la mauvaise façon) envers lui. Mais, il y a là matière à réflexion et une piste de travail sur lui-même qui peut changer bien des choses pour Pierre « trop attaché aux choses de ce monde et qu’il devrait s’autosuggestionner sur leur insignifiance  »
      Pour ma part, je considère cette situation signifiante. Une épreuve qui nous permet de faire un travail sur soi, avec l’aide de Dieu de développer les vertus comme la prudence, des qualités comme la confiance en soi indispensable pour prendre de la distance sur l’événement.
      Je pose cette question « Qu’aurait pu dit un Pierre moins affecté, avec détachement et humour ? »

      1. kbld le 12 Nov 2016 à 15:33 25.1.1

        @Danielle
        Je ne dis pas que l’on ne peut pas travailler sur soi du fait de la colère ni qu’elle n’est pas explicable, mais que s’il mettait les choses à leur place réelle, alors il ne serait naturellement pas en colère.
        Lorsqu’un enfant pleure et fait toute sorte de gesticulation parce qu’il n’a pas eu son bonbon, c’est qu’il a l’impression que c’est la fin du monde. Vu d’un œil adulte, c’est ridicule, même si l’enfant prend cet évènement /très/ au sérieux. Là c’est pareil, s’il se rendait compte de l’insignifiance, sur l’échelle de sa vie, de la vie de son âme (surtout si on considère qu’on a plusieurs vies), de la situation, et du monde matériel en général d’ailleurs, alors, naturellement, il n’aurait aucune envie de se mettre en colère. Une fois mort, cette reconnaissance matérielle, il s’en fichera sûrement éperdument.
        Après, j’ai bien dit qu’il a raison de défendre son droit, mais pour des raisons spirituelles. Et c’est son éventuelle intention juste et ses efforts dans ce sens qu’il emportera et qui lui sera source de fierté dans l’au-delà.
        Et je ne dis pas que c’est facile. Mais personnellement, j’essaye de profiter de chaque gros problème matériel pour travailler mon détachement, de même que chaque gros avantage matériel d’ailleurs. Et ça marche je dirais. Dans la mesure de mes capacités bien sûr, car un être parfait, même perdre une jambe ou devenir paraplégique, cela ne toucherait pas son cœur, car il /sait/ que ce monde est temporaire ; mais je n’en suis pas du tout là.
        Ma technique est qu’avant chaque évènement qui change beaucoup de choses matériellement (très bon emploi, perte matérielle vraiment importante, …), je m’autosuggestionne pour que, quelle que soit l’issue, mon cœur n’en soit pas affecté, autant dans la joie que dans le malheur. C’est un travail à faire à l’avance car après l’issue, c’est trop tard. Et après, j’analyse mon cœur. Je peux apprécier un bienfait ou constater un problème, mais je travaille à ce que mon cœur n’en soit pas touché. Si j’ai finalement un malheur ou une absence de bonheur, alors je regarde si mon cœur accueille avec joie la volonté divine. Si j’ai un bonheur ou une absence de malheur, je regarde si mon cœur garde ce bienfait matériel à sa juste place, c’est-à-dire insignifiante en soi. Et ce travail en amont porte ses fruits en ce qui me concerne. Le fait de savoir qu’après un bonheur matériel viendra forcément un malheur, et le malheur matériel peut conduire au bonheur spirituel si l’on réagit bien, m’aide d’ailleurs (je vous renvoie aux articles « infidélité du monde » et « deux paroles d’Ostad Elahi » de ce site).

  26. elise le 31 Oct 2016 à 20:26 26

    Parfois il faut savoir dire non ! Un coup de main oui, si cela n’empiète pas sur le droit d’autrui, comme celui ne pas répondre à ses engagements.
    On a facilement tendance à céder à l’urgence plutôt que de voir ce qui est réellement important.
    D’autre part l’amour propre blessé qui se venge en blessant l’autre et en proférant des menaces n’est ni une attitude responsable, ni amicale.
    De plus recevoir des critiques c’est positif, cela permet de se corriger et d’avancer, c’est pas mauvais pour l’humilité !
    A mon avis, Pierre n’aurait pas du se mettre en colère, il devrait même s’excuser auprès de son ami.

  27. piedro le 03 Nov 2016 à 22:13 27

    L’une des raisons de la colère de Pierre est peut-être qu’il reporte sur Jérôme la colère qu’il éprouve envers lui-même car il a conscience du fait qu’il aurait dû respecter ses engagements et qu’il n’a donc pas agi de manière responsable.
    En effet il arrive souvent, lorsqu’on a mal agi, qu’on en fasse porter la responsabilité à
    quelqu’un d’autre.
    Si il avait aidé son ami de façon juste, sans porter préjudice à d’autres personnes, et sans
    rien attendre en retour, il aurait pu échapper à cette colère dévastatrice.

  28. Bernard le 05 Nov 2016 à 12:22 28

    Je pense que Jerome et Pierre ont mélangé la limite entre une amitié et une relation professionnelle.
    Pierre n’aurait pas dû accepter de faire du zèle sans parler à leur chef s’il fallait ou non aider pierre et dans ses conditions. En retour il se fâche

    1. Mahaut le 07 Nov 2016 à 10:19 28.1

      Voilà une observation très pertinente ! Du reste pourquoi ce chef n’était-il pas au courant ? En principe, c’est au chef de prendre des décisions pour faire apporter de l’aide sur un projet !

  29. mike le 12 Nov 2016 à 1:53 29

    oui c’est son ami, il est sincère avec lui, c’est bien de lui montrer qu’il a exagéré de lui faire des remarques et qu’il n’a pas été reconnaissant
    en revanche si c’était un programme de lutte contre le soi impérieux (paresse, ingratitude, manque d’intérêt pour les autres etc), il aurait du maitriser sa colère et faire un travail intérieur auparavant en sachant que lorsqu’on rend service, il faut être prêt à recevoir en retour l’ingratitude de l’autre. il n’est pas conscient non plus de l’importance du bon acte qu’il a fait et a probablement perdu le bénéfice de ce service; mais d’un autre côté il faut garder du bon sens, pour ma part j’aurais travaillé quand même mon projet plus sérieusement pour que cette situation n’arrive pas.

  30. Mahaut le 20 Nov 2016 à 10:49 30

    Bon commentaire de KBLD à Cogitons !

    Surtout, il y a un malaise avec ce scénario, la cinéaste a corseté Baboo dans un rôle, où à la fin cette dernière va prendre 1 boîte de temesta, pour dormir 2 jours !!

    Après, une telle colère, qui s’apparente à une fuite : cette femme aurait bien besoin d’être aidée. Nous lui jetons la pierre, pour ses réactions dont certaines semblent tout de mêmes légitimes…

    Après un diagnostic doit venir le temps du soulagement !

    Baboo aurait pu déverser une certaine colère et annoncer qu’elle quittait sa maison pour réfléchir quelques jours, étant donné les circonstances, le mari se retrouvant à gérer une maison et ses enfants, cela aurait été plutôt un coup de semonce de la part de Baboo.

    Dans ce cas, sa colère aurait été « saine » et aurait donné l’occasion à son mari de réfléchir à son comportement et les autres convives auraient été interpelés différemment…..

    Cela aurait donné la place à un début d’amende honorable pour le mari, qui aurait pu écrire à Baboo une charmante lettre « d’amour », puis l’emmenait « en voyage de lune de miel » pour lui dire qu’il l’aimait etc, il aurait été de bon ton qu’il soit penaud et fasse preuve de commisération. Là tout est à charge, avec une victime. Baboo est plus forte que cela

    Là, la cinéaste, y est allée fort avec ses clichés !

    Personnellement, ce n’est pas l’irrascilibité qui me domine, mais un calcul plutôt du genre « froid » et n’arrivant qu’après au moins 20 ans de résistance… (certainement que c’est trop, me concernant, mais c’est calculé pour bien montrer mon désaccord et mettre l’autre devant ses responsabilités). en vue d’amorcer une renégociation, en aucun cas, un refuge dans du temesta.

  31. Wilhelm le 20 Nov 2016 à 23:03 31

    Pierre aurait dû avoir l’intention de faire son devoir sans attendre de résultat et donc ne pas être surpris du manque d’esprit chevaleresque de Jérôme.

    Pierre aurait aussi dû se défendre en mentionnant son mécontentement à Jérôme, mais il aurait dû le faire de manière calme et posée, visant à faire comprendre à Jérôme qu’il n’aurait pas apprécié la réciprocité, c’est-à-dire ce qu’aurait été un comportement symétrique de Pierre vis-à-vis de Jérôme.

  32. zelfa le 29 Nov 2016 à 23:07 32

    Je ferai appel à l’éthique en contexte : colère au travail

    Dans ce cas il s’agit d’analyser trois critères essentiels :

    1/ L’intérêt de chacun dans cet environnement

    2/ Les deux protagonistes et leurs liens respectifs de – subordination hiérarchique et individuel

    De ces deux premiers points nous déduirons

    3/ Les droits et devoirs éthiques à appliquer

  33. topazze le 14 Août 2017 à 16:46 33

    Pierre aurait apprécié la reconnaissance de son collègue et ami Jérôme qui ne fait pas preuve d’amitié à son égard car en plus de ne pas reconnaître le travail que Pierre a fait pour lui (il a ramené la couverture à lui seul), il se permet de critiquer le travail que Pierre a fait. Donc double non reconnaissance de l’amitié. Pierre a très justement dit ce qu’il avait à dire à Jérôme, peut être aurait-il du le dire plus calmement.
    Cela affecte particulièrement Pierre car il y a de l’affect (amitié) donc l’émotion est plus importante.

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