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S’engager à dire le bien

Dans Paroles de Vérité, Ostad Elahi dit :

« Si les gens fondent leur intention sur le bien, cette intention en elle-même porte ses fruits. Ces fruits sont la compassion, la bienveillance et l’amour. […]. La première condition, c’est donc d’avoir une “intention bonne”. Quand vous serez engagés à dire le bien, à vous imprégner de bien, à rechercher le bien, cette intention deviendra votre “arbre de bienfaisance”, qui donnera des fruits délicieux dans ce monde et dans l’autre […] »

Ostad Elahi, Paroles de Vérité, parole 415, Paris, Albin Michel, 2014.

L’intention comme « arbre de bienfaisance »

Pour que notre intention devienne un « arbre de bienfaisance », nous devons la cultiver, et cela commence par la parole. Dans les premiers temps de ce que Bahram Elahi appelle la pratique in vivo, c’est-à-dire la lutte contre le soi impérieux et la mise en œuvre concrète des vertus humaines, dans la vie de tous les jours et au contact des autres, il y a la parole. Mais ce qui est extraordinaire, avec la parole, c’est qu’elle est, justement, ordinaire. À chaque instant de ma vie, dans les circonstances les plus banales, je peux, en choisissant de prendre la parole ou au contraire de la réprimer en faisant silence, accomplir un acte d’humanité. Ce peut être un simple bonjour, pourvu qu’il soit accompagné d’une vraie attention, souligné par un regard chaleureux ou rieur, et que nous y mettions une dose d’authentique sympathie, de vrai souci d’autrui… Notre parole est le lieu immédiat et permanent de la pratique spirituelle.

Nos mots et l’intention qui les sous-tend donnent sa couleur, son parfum à notre âme en même temps qu’ils sont le révélateur de notre état. Nous sommes nos mots. La parole blesse ou répare. Elle humilie ou grandit. Elle est frime ou effacement, agression ou affection, découragement ou encouragement, plainte ou gratitude, mensonge ou vérité. La parole est médisante ou protectrice, angoissante ou rassurante, bavarde ou discrète… Les éducateurs, parents ou professeurs, le savent mieux que quiconque. Quand monte, par exemple, la colère devant l’insolence répétée de l’enfant, vient le moment où il faut choisir : laisser éclater sa colère, se soulager momentanément, au prix d’humilier l’enfant et d’affaiblir la capacité de l’éduquer à l’avenir ? Ou bien, contenant cette colère, trouver les mots fermes mais justes, qui, faisant résonner la raison et la dignité de l’enfant, vont l’amener lui-même à trouver le cheminement qui l’amènera à changer de point de vue et de comportement ?

Un travail sur la parole

J’avais entrepris un travail sur la parole. L’idée n’était pas de travailler sur une parole liée à une émotion ou bien une attitude ou un défaut particulier, mais sur toute parole : de même que le microscope est utilisé comme instrument par le scientifique pour examiner une substance et la travailler, ma parole est un instrument d’observation et d’analyse de soi.

Je me suis organisé de la manière suivante : chaque soir je faisais un bilan écrit de mes interactions de la journée, des paroles que j’avais prononcées. Il ne s’agissait évidemment pas d’y consacrer des heures, ni de tout passer en revue : en me concentrant un peu, me venaient immédiatement à l’esprit les quelques situations les plus pertinentes de la journée. En outre, au fur et à mesure de l’expérience, une cartographie apparaissait, comme une matrice des interactions principales et récurrentes de mes journées : avec mon conjoint, tels collègues au travail, tel ami… Petit à petit, j’améliorais mon aptitude à percevoir rétrospectivement la qualité, la saveur de mes paroles. Avaient-elles quelque chose d’amer ? C’est qu’une une pulsion impérieuse se cachait là-dessous : en réfléchissant, je parvenais à l’entrevoir.

Par exemple : j’avais répondu de manière abrupte à une question de ma femme ; le ton était poli mais froid, sans aucune affection. En passant en revue cet échange pendant le bilan, j’ai tout de suite perçu sa saveur négative, et aussi son impact négatif sur nous deux. En analysant davantage, je me suis rendu compte d’un puissant agacement qui, à ce moment-là, sous-tendait mes paroles. Mais d’où venait cet agacement ? Pourquoi est-ce que je lui en voulais ainsi, au point d’oblitérer un instant tout l’amour et l’affection que nous avons l’un pour l’autre ?

Je n’y ai pas vu clair tout de suite, mais j’ai décidé, pour les jours et semaines à venir, de surveiller particulièrement ces situations de paroles négatives vis-à-vis de ma femme et de me taire dès que me reviendrait cet agacement si caractéristique, qui pouvait m’amener à être si désagréable, avec cette manière obtuse de lui parler, toute empreinte de politesse froide. C’est en menant ce travail durant plusieurs semaines, tout en continuant à analyser plus généralement mes paroles et mes échanges, que je suis parvenu à prendre conscience, petit à petit, des pulsions négatives à l’œuvre dans de pareils moments : un sentiment de supériorité mal placé vis-à-vis de mon épouse, qui faisait que, dans certaines situations, lorsqu’il apparaissait qu’elle avait un avis contradictoire et refusait de souscrire à mon point de vue, et que sa position s’avérait pourtant la plus juste, cela m’offensait et infusait en moi une forme d’agressivité. Comme je suis de nature très polie, cela ne s’exprimait pas sous forme de paroles agressives, mais plutôt par une espèce de distance froide, dont je comprenais maintenant à quel point elle lui était blessante, elle qui d’ailleurs m’en faisait parfois le reproche (« Je n’aime pas quand tu te montres si distant… »). Dans ces moments-là, je n’étais qu’un ego, entièrement concentré sur sa volonté de puissance blessée, oubliant tout sentiment positif – amour, affection, gratitude, admiration…

Au-delà de cet exemple particulier, en m’exerçant à analyser ma parole j’ai pris conscience d’autres « nœuds » relationnels. Là encore, des pulsions impérieuses étaient à l’œuvre. Par exemple, j’avais tendance lors de réunions de travail à occuper beaucoup du temps de parole, à interrompre les autres, à chercher à imposer mon point de vue, convaincu de sa supériorité. Avec la distance que permet l’exercice du bilan, je me suis contemplé de l’extérieur pendant ces situations et je me suis vu soudain très petit, empêchant les autres de s’exprimer, voulant absolument avoir le dernier mot, incapable d’écouter ou de faire parler les autres, etc. Comme les autres participants devaient me trouver pénible ! Une fois de plus, c’est un sentiment de supériorité mal placé qui se manifestait dans mon comportent. Mon diagnostic me faisait prendre conscience du fait que certains de mes collègues, confrontés de manière quotidienne à une parole si assurée et si directive, n’osaient probablement plus exprimer leur point de vue. Je retrouvais la situation classique de manque d’écoute, avec le risque qu’en conséquence des informations importantes sur des problèmes et des dysfonctionnements dans mon environnement professionnel, ne soient finalement pas partagées.

Après plusieurs semaines de travail de diagnostic sur la parole négative, mais aussi de lutte consistant à réprimer cette tendance, commençait à poindre un nouvel espace de travail : celui de la parole positive.

Commentaires du comité de rédaction

Cette expérience et cette réflexion nous donnent une piste de pratique de la parole positive :

  • Se fixer un cadre régulier d’analyse de nos paroles négatives. Ce n’est en effet qu’au prix d’une telle analyse que l’on peut, avec l’aide de la raison, espérer identifier les manifestations du soi impérieux dans notre parole négative, et les circonstances particulières où il se manifeste (pratique in vitro).

  • Armé de cette analyse, se mettre en situation d’agir : lorsque se reproduit la situation où le soi impérieux a toutes les chances de se manifester par une parole négative, lutter en faisant silence ou en la remplaçant par une parole positive (pratique in vivo).

Vous aussi, partagez avec nous vos expériences d’analyse de la parole négative et de lutte contre le soi impérieux (réprimer la parole négative, voire la remplacer par une parole positive).


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13 commentaires

  1. A. le 21 Avr 2019 à 8:30 1

    Merci de cette analyse fine.

    J’ai aussi effectué un travail sur la parole. Tout au début celui-ci s’est focalisé sur le fait d’éviter d’utiliser des termes grossiers. Je suis de nature assez polie, cependant j’avais remarqué que de plus en plus j’avais tendance à prendre la couleur ambiante et finir par utiliser ponctuellemnt des expressions légèrement vulgaires, si ce n’est (quelquesfois) carrément vulgaires.

    Une fois cet aspect amélioré, j’ai essayé de travailler sur la fait d’avoir un ton chalereux et affectueux vis-à-vis des autres 3 fois par jour. Etant de nature assez froide, cela me permet de corriger un point faible.

    Cet article est un encouragement à commencer à travailler sur les paroles négatives (autres que celles grossières) … Une piste sont les critiques des autres. Pas plus tard qu’hier soir ma femme m’a fait remarquer qu’il est rare de m’entendre encourager les enfants et que c’est plutôt le contraire qui est vrai – car au lieu d’encourager – j’ai tendance à tout de suite voir ce qui ne va pas. Cela s’appelle du pessimisme. Voilà comment la parole et les critiques nous aident à rapidement identifier nos points faibles caractériels.

    Merci encore de cet article – très motivant.

  2. Chat31 le 26 Avr 2019 à 2:32 2

    Merci pour cette analyse très concrète d’une pratique qui en surface semble facile, mais dans la pratique s’est avérée difficile pour moi. Ce « plan d’attaque » rend cette pratique accessible. Une situation récurrente pour moi est avec certains employés de mon lieu de travail que je trouve « étranges » et avec qui j’essaye donc de garder un maximum de distance. Quand ils essayent d’engager une conversation je fais tout pour l’éviter, et dans mon coeur je sais que c’est de l’orgueil et un sentiment de supériorité complètement injustifié. Dès lors dans le cadre de cette pratique j’essaye d’être avenante, d’échanger un peu avec eux quand je les croise parce que je sais que cela leur fait plaisir et que je lutte contre mon orgueil en faisant cela. Je cherche donc à travailler sur ma bienveillance à travers les mots.

  3. Ama le 26 Avr 2019 à 23:21 3

    Merci beaucoup pour cet article.

    J’aime beaucoup lire les articles qui raconte des expériences personnelles de lutte contre le soi impérieux.

    Moi aussi parfois j’essaye de faire attention à ma parole.
    Malheureusement ce n’est jamais sur du long terme.
    Au bout de quelques jours j’oublie et passe à un autre défaut sur lequel je veux agir, pour ensuite oublier et de nouveau passer à un autre défaut…

  4. Tim le 27 Avr 2019 à 22:29 4

    Merci pour cet article qui rend le travail sur la parole positive très concret et tangible.

    Récemment je me suis retrouvée face à une situation répétée : un nouveau collègue avec qui je suis amenée à travailler régulièrement étale ses connaissances en permanence, donnant l’impression qu’il a toujours tout vu, tout lu, tout vécu… Cela a créé en moi un sentiment d’agacement, probablement sous-tendu de jalousie, et je me suis mise à adopter un comportement plus distant, et des paroles quelques fois cyniques afin de rallier d’autres collègues à moi.

    Le résultat ne s’est pas fait attendre : à chaque fois que j’appliquais ce type de comportement, la journée était teintée d’une ambiance tendue. A l’inverse, quand je me forçais à me taire, voire même à avoir des paroles chaleureuse envers ce collègues, cela se reflétait de manière globale sur l’équipe.

    Je me pose néanmoins une question : j’ai l’impression que le fait d’avoir des paroles positives envers cette personne relève parfois d’une certaine hypocrisie. Mais en même temps, cela me permet d’éviter les paroles négatives… Peut-être est-ce en parallèle une disposition intérieure que je dois travailler pour être réellement *sincère* quand je suis bienveillante avec cette personne ?

    Encore un grand merci pour les pistes de pratique de ce point.

    1. adissam le 28 Avr 2019 à 23:33 4.1

      Ce sont des situations périlleuses en effet. Ce nouveau collègue a-t-il des qualités ?

      1. Tim le 02 Mai 2019 à 0:02 4.1.1

        @adissam : Oui bien sûr il a pleins de qualités. Par exemple il est très sociable, arrive à avoir un mot pour chacun. Il est proactif : face à un problème, il est dans la recherche de solutions plutôt que dans la plainte/râlerie. J’ai vu qu’il était également un exemple de ponctualité.

      2. adissam le 26 Mai 2019 à 17:46 4.1.2

        Tenter de trouver les qualités de quelqu’un qui est dénigré et les exprimer ouvertement (et sincèrement) est une étape déjà avancée. J’ai remarqué une certaine maladresse chez moi au moment de prendre la défense de quelqu’un. Je me suis vu avoir une réaction quelque peu vive contre de telles critiques et cela peut mettre mal à l’aise. Cela demande donc du tact et un certain sens de l’humour.

    2. adissam le 27 Mai 2019 à 12:33 4.2

      J’ai remarqué une tendance similaire dans le milieu médical. J’ai rejoins un nouvel environnement et je remarque une tendance à la critique facile.
      Je me suis vu glissé dans le piège sans me rendre compte de l’ironie de mes propos et prenant part aux sarcasmes, qui plus est vis-à-vis des patients !

      Je n’ai pas encore assez de résultats dans ce contexte pour en tirer des conclusions, mais les premiers essais et mon expérience dans d’autres situations sociales me montre qu’il n’est nullement besoin d’imiter le groupe pour en faire partie. Et d’ailleurs, pourquoi vouloir se faire bien voir ? N’est-ce pas une expression du soi impérieux qui cherche à se faire remarquer ?
      ….
      J’ai remarqué que le simple fait de bien faire son travail impose déjà le respect. Et faire preuve d’humilité suscite l’affection ou du moins on est traité avec plus d’indulgence en cas d’erreur. Biensûr, l’idéal est d’être irréprochable… et humble.

  5. marie le 12 Mai 2019 à 22:12 5

    Au bureau, nous avons un stagiaire depuis 3 mois : très poli, très sérieux, et on voit que depuis quelques temps, il se détend, est plus à l’aise.

    Je lui demande un jour un travail. Une semaine plus tard, je repense au dossier que je lui ai confié et lui demande le résultat. Il m’explique qu’il n’a pas trouvé grand-chose dans le dossier numérique. Je lui dis alors que la personne qui était en charge du dossier (et qui entre-temps est partie) n’a pas dû stocker, donc il faut rechercher dans ses emails. Je lui dis de se faire aider par une certaine secrétaire pour accéder à sa messagerie.

    Intérieurement, je me dis qu’il manque de créativité et de volonté de résoudre un problème, qu’il abandonne un peu rapidement. Deux jours plus tard je l’interroge au téléphone : il me dit qu’il n’a pu consulter la messagerie, que les secrétaires à qui il s’est adressé lui ont dit que ce n’était pas possible. Je vois la secrétaire en question dans le couloir, sur le point de partir. Sans lâcher le téléphone, je lui pose la question, et elle me répond qu’il n’y a aucune difficulté, qu’elle a le mot de passe. En sa présence, je secoue le stagiaire au téléphone, trouvant l’occasion rêvée de lui apprendre un peu le métier d’avocat, qui n’abandonne pas à la première difficulté. Il essaye de s’expliquer, je ne lui en donne pas l’occasion. Ma parole est dure, sans bienveillance.

    Mais intérieurement, je ne suis pas contente de moi, principalement parce qu’une personne tiers a été témoin de mon énervement et de mon reproche, alors que j’ai pour principe de ne jamais adresser un reproche à quelqu’un devant une autre personne, pour ne pas l’humilier.

    De plus une collègue, qui a assisté à la scène du bureau du stagiaire, l’ayant vu tout blanc et incapable de s’expliquer, vient me voir, ennuyée de mon attitude.

    A la première occasion, je cherche à réparer auprès du stagiaire en lui expliquant qu’il travaille bien, mais qu’il doit à présent développer des qualités essentielles dans la pratique de notre métier, je le félicite à plusieurs reprises,…

    Le soir, en faisant le bilan de ma journée, je m’arrête longuement sur cette expérience de parole négative.
    Je recherche la pulsion, le point faible caractériel à l’origine de la scène que j’ai fait subir au pauvre stagiaire. Je n’ai pas de doute sur le fait que j’ai été victime d’une manifestation de mon soi impérieux (qui de plus a emprunté la voix de la raison, pour me souffler que c’était pour le bien du stagiaire). La voix de ma conscience est forte. Mais je ne vois pas clair, je n’arrive pas à détecter la source de ma pulsion.
    Je continue à réfléchir à la question et tombe quelques jours plus tard sur la parole 357 de Paroles de Vérité : « (…) Chez certains, le fait de se plaindre et de se mettre en colère vient plutôt de leurs exigences envers les autres : ils se sont construits certaines idées et s’attendent à ce que les autres ou la société s’y conforment, et quand ce n’est pas le cas, ils n’arrivent pas à l’accepter (…) ».
    Cette explication résonne en moi, je me découvre ce point faible de l’exigence envers les autres.
    Je n’étais pas dans la recherche du bien du stagiaire, contrairement à ce que me soufflait mon soi impérieux. L’intention du contentement divin manquait, et je n’ai pas su avoir une parole positive sur le champ, laissant l’énervement l’emporter.

    Pour résister à une telle situation de guet-apens du soi impérieux, un axe à explorer : développer, désormais consciente de cette faiblesse, un outil, une porte de sortie, pour résister à la poussée volcanique de mon soi impérieux. Ici j’aurais pu et dû remettre au lendemain, prendre le temps de réfléchir à la situation, me renseigner davantage et parler seule, sans autre témoin, au stagiaire, après avoir bien orienté mon intention.

  6. Radegonde le 16 Mai 2019 à 1:16 6

    Il m’est arrive une drole de rencontre aujourd’hui…
    J’etais dans le restaurant d’amis, nous discutions quand une musique assourdissante a envahi les lieux…sur le moment nous avons pensé a une voiture qui passait…mais l’horrible bruit continuait…en cherchant j’ai vu un sac pose sur une chaise qui bougeait et la »musique » en sortait..
    Il appartenait à des jeunes filles qui choisissaient leur repas..je leur demande d’arreter le son, ce qu’elles font en protestant…
    Plus tard, en quitrant les lieux, j’ai vu qu’une des filles me suivaient..elle s’est approché pour me dire que j’etais malpolie et qu’avec l’age ça ne semblait pas s’ameliorer (je pourrais etre sa grand mere)..sideree, je ne trouvais pas mes mots..
    Apres avoir râle contre cette fille, Je me suis demandé ce que cela voulait dire..et j’ai pense aux fois où je faisais moi aussi des reflexions desagréables et difficiles à entendre…
    En conclusion, je dois faire attention aux reflexions « spontanees  » qui sont blessantes…

  7. kbld le 15 Sep 2019 à 12:32 7

    Je prends très au sérieux le fait de dire le bien dans mon esprit, mais j’ai du mal à cerner ce que ça signifie en pratique dans ma vie quotidienne. Soit que je sois mis spécialement dans ce genre de situations, soit que mon regard me pousse à me considérer dedans, j’ai l’impression d’avoir des dilemmes sur le fait de « défendre » ou non une cause, générale ou particulière, qui me parait juste – parfois même mes propres droits dans l’idée que défendre ses droits peut être utile à tous car il peut y avoir un prochain dans la même situation. Ma conclusion au fil des années et encore dans ma pratique récente est la même que celle développée il y a quelques années dans un commentaire à une question portant sur le fait de dire le bien ( https://www.e-ostadelahi.fr/eoe-fr/dilemme-ethique-sur-tripadvisor-quel-est-votre-avis/#comment-8935 ). Je pense que le plus difficile et le plus juste dans ce genre de situations est d’agir, et de dire les choses, mais de les dire bien, c’est-à-dire de manière bienveillante.
    J’hésitais à faire une communication plus ou moins officielle sur un problème de pratique qui me semblait problématique sur le plan de l’égalité femmes-hommes au travail, dans un contexte où l’on veut surtout que les gens ne fassent pas de vagues. J’ai conclu en conscience qu’il fallait que j’écrive, mais j’ai tout de suite vu que la difficulté réside dans le fait de s’empêcher toute incise rabaissante, contre-productive évidemment, mais que j’étais régulièrement tenté d’insérer (voire écrite puis supprimée, je ne sais plus) dans mon long texte. C’est si simple lorsque les gens tiennent des discours – on peut le dire – idiots, mais évidemment si négatif.
    Je me suis dit que la parole est enfin de compte une arène évidente où se manifeste la parole d’Ostad Elahi (Paroles de Vérité, no 424) : « [La maîtrise de soi] a plus de valeur [que les bonnes actions] car si on ne se maîtrise pas soi-même, les bonnes actions partent en fumée. » Vous pouvez faire des efforts vrais et importants pour le bien et manifestement tout ruiner en quelques mots, qui – lorsque vous avez goûté aux plaisirs spirituels découlant de faire le bien – ne vous donnent qu’un plaisir fade et fugace et un déplaisir profond et durable.
    Après, il peut être pratique d’être de temps en temps en contact avec des personnes ayant un problème pour voir si on a le même, en tout cas pour cette pratique. Sans que ce ne soit le but, je déjeunais environ une fois par mois avec une collègue a (d’un autre organisme), que j’apprécie tout à fait, mais force est de constater qu’elle aime beaucoup médire et on voit qu’elle aimerait beaucoup que je participe. Ma réaction naturelle me rassure quand j’y repense après coup. Par exemple, la dernière fois, elle parlait d’une collègue b (de mon organisme originellement) que je trouve – sans le dire, sauf à ma femme – tout à fait incompétente et en plus a été durablement très malpolie et inamicale à mon égard. Elle avait aussi été irrespectueuse à l’égard de la collègue a. Elle a été embauchée dans l’autre organisme (public) par copinage semble-t-il, alors même qu’à l’entretien elle a dit des choses qui montraient une incompétence à deux égards, chacun devant être éliminatoire normalement. Or, je savais, pour chacun des deux chefs d’incompétence, des choses encore plus graves qui montraient cette incompétence. Vraiment des choses que des gens pas du tout de notre domaine demanderaient « mais d’où elle sort celle-là ? ». J’ai alors remarqué après coup, et avec un certain étonnement, que, malgré l’anormalité et l’injustice de la situation objective et mes raisons personnelles pour avoir une inimitié subjective à son égard, j’ai, sans vraiment avoir besoin de faire d’effort, retenu les informations que j’avais sur la collègue b et ai simplement changé de sujet.
    En même temps, la collègue a subit ou constate une série d’injustices, et, tout en m’efforçant de rester mesuré, je l’appuie dans ses constats lorsqu’ils sont bons et justes, puisque cela sert à quelque chose. On a besoin de le savoir quand on n’est pas fou et que le monde l’est et d’avoir quelqu’un qui nous prend au sérieux. Par ailleurs, étant dans une situation similaire à elle, il était parfois justifié de lui parler de choses pour avoir son point de vue extérieur mais proche des faits, parce que, m’a-t-il semblé, c’était utile et mesuré (anonyme notamment). J’ai l’impression que ce qui est important est la manière, et cela ressort naturellement de nos intentions et de notre nature (sur laquelle nous pouvons travailler), et peut-être aussi d’un peu d’expérience, de l’éducation familiale et sociale pour les jeunes ou d’autres facteurs de ce type.
    En revanche, je remarque qu’il m’arrive plus que rarement d’agir de manière éthique quasiment par réflexe et que c’est ensuite que je ressens une sorte de brulure de ne pas avoir fait quelque chose d’illégitime mais plaisante, alors qu’il est souvent décrit un processus inverse. Peut-être est-ce dû à un manque d’énergie métacausale provoquant les « effets psychologiques néfastes » décrits dans le chapitre 29 de La Voie de la perfection.

  8. Mike le 11 Oct 2019 à 21:55 8

    Cette lutte est particulièrement utile à la maison avec ses proches. En luttant, on se rend compte qu’on risque de devenir familier et d’oser dire les choses que l’on ne dit pas à l’extérieur. Se représenter une présence à ses côtés lorsqu’on risque de déraper est très efficace.
    Se mettre comme pratique de rendre service et de soulager son conjoint est très efficace également. On se rend compte que souvent fermer son bec est très utile, stopper les remarques à tout va sur chaque détail, c’est très pénible pour quelqu’un de fatigué qui travaille et essaye de bien faire.

  9. kbld le 29 Mar 2020 à 15:34 9

    Cela fait un certain nombre d’années que j’essaye de faire attention à ne pas mentir, y compris pour les choses minimes. Cela vient d’une part d’un apprentissage théorique, parce que j’étais pour la première fois dans un pays non arabe du Moyen-Orient où les gens mentaient sans arrêt mais n’arrêtaient pas de parler eux-mêmes du mensonge comme quelque chose de mauvais, mais surtout parce que quelqu’un que je respecte beaucoup avait dit qu’il déteste ou n’aime pas le mensonge et qu’il ne ment jamais. Mais aussi d’autre part d’un raisonnement sur la conséquence sociale du mensonge. Je pense en particulier aux crimes, et notamment aux crimes sexuels, notamment sur mineurs, qu’il est difficile de prouver. La source des crimes est bien entendu les criminels, et il ne s’agit pas, d’un point de vue social / politique, de dénier ce fait. Mais ce qui permet que nombre de ces crimes ne soient pas punis, et donc leur perpétuation à plus grande ampleur, c’est le mensonge de certains qui prétendent à tort en être victimes. En effet, c’est du fait que le mensonge existe qu’il y a besoin de preuves matérielles, au risque de sinon voir, dans le tas, des innocents condamnés, ce qui est plus inacceptable que beaucoup de coupables non condamnés [à titre principal, car il y a aussi les problèmes de mémoire]. Vous enlevez le mensonge, vous enlevez à terme dans une très grande mesure le mal ; le mensonge est à la source de bien des maux.
    Il y a un certain nombre d’années, quelqu’un me racontait son effroi lorsqu’elle avait été professionnellement confrontée à une affaire de viols incestueux sur un garçon et sur le long terme, dont la réalité était selon elle éclatante mais qui n’avait pas été poursuivie pour certaines raisons. J’avais déjà commencé à réfléchir sur la question du mensonge, mais c’est à ce moment-là, je crois, que je me suis dit qu’en réalité, si moi je mens, ne serait-ce que pour quelque chose d’anodin en apparence, je participerais à la production d’une société dans laquelle on ne peut avoir confiance dans la parole donnée et donc je favoriserais, que je le veuille ou non, la perpétuation de ces crimes et de bien d’autres choses négatives. Bien que jamais confronté directement avec ce genre de choses, c’est cette conviction qui sous-tend, je crois, mon caractère alerte à chaque fois que je serais tenté d’avoir des largesses avec la vérité.
    Dans le documentaire « Inceste, que justice soit faite » (qui se concentre sur celui sur filles, mais il y en a aussi beaucoup sur garçons), il y avait une petite fille qui ne comprenait pas pourquoi son agresseur n’allait pas être condamné. L’avocate d’une association féministe lui disait gentiment qu’elle, elle sait qu’elle dit la vérité, en insistant dessus, mais que les juges ont des doutes. Personnellement, je lui aurais dit quelque chose de ce genre : « moi, je te connais, et je sais que tu dis la vérité, nous tous ici aussi, etc., mais le problème est qu’il y a d’autres enfants qui ne disent pas la vérité ou se trompent, et les juges, eux, ne te connaissent pas comme moi je te connais, même si dans leur cœur ils veulent bien te croire, ils ne peuvent pas le dire, parce que sinon ils devront le faire pour tout le monde, et alors il y a des gentils qui risquent d’aller en prison, etc. ».
    Bien entendu, on peut imaginer des situations dans lesquelles le mensonge est légitime. Mais ce serait du fait que l’alternative serait un mal encore plus grand, et qu’il a fallu arbitrer entre deux maux. Je pense que le mensonge est nécessairement un mal, aux conséquences sociales dévastatrices à grande échelle, et donc à ne pas prendre à la légère.
    –––
    Bien entendu, parfois, le sens littéral d’un propos n’est pas vrai, mais ce qui compte est le message transmis. Si l’on dit « je vais faire un tour », ce n’est pas gênant si le trajet que l’on va entreprendre ne forme pas un cercle. Cela peut aussi valoir dans l’autre sens.
    Il y a aussi une différence à faire entre mentir et ne pas transmettre une vérité que l’autre n’a pas à connaître, ce qui peut en général être fait par différents moyens rhétoriques et sans mensonge, comme le fait de faire une phrase qui reformule. Le mensonge par omission, ce n’est pas ne pas dire quelque chose, mais dire quelque chose sans une précision ou un complément qui fait que ce qu’on a dit prend raisonnablement un sens ne correspondant pas à la réalité. Se taire totalement peut-être illégitime ou malhonnête, mais je ne qualifie pas cela pour ma part de mensonge au sens strict et donc à éviter au point où je l’entends ici. Il me semble que la confusion constante entre le mensonge à proprement parler et l’abstinence à dire quelque chose, qui est bienvenue dans beaucoup de cas, aboutit à un certain relâchement quant au premier.
    Il y a aussi tout ce qui est très subjectif et sans nécessaire vérité absolue. Un rare exemple où j’ai eu l’impression de ne pas dire la vérité est lorsqu’une personne que j’ai toujours connue âgée m’avait montré une photo de sa jeunesse et j’étais tout de suite fortement frappé du fait qu’elle n’était pas très agréable à regarder. C’est là qu’elle me dit « j’étais belle, hein ?! », toute fière. J’ai dit oui avec assurance, mais je ne pense du tout que ce soit négatif. D’autant plus qu’elle ne m’avait pas demandé si moi, subjectivement, je la trouvais belle sur la photo. Je me suis tout de même demandé si ce sentiment d’évidence d’avoir bien fait est juste et pourquoi, et j’en conclue que c’est du fait de ce que j’ai écrit en début de paragraphe : s’il n’y a pas de vérité objective, il ne peut pas y avoir de mensonge. Évidemment, il faut, je pense, utiliser un tel raisonnement de manière restrictive et raisonnable, et peut-être uniquement sur des choses comme le « beau », le « mignon », l’« intéressant », le « bien » etc. Et encore, cela dépend et ce n’est pas nécessairement utilisable pour quelqu’un à qui on demande un avis technique par rapport à certains canons sous-entendus et du fait de certaines compétences ou si on demande manifestement de donner un réel avis subjectif (en l’occurrence, la personne ne voulait pas vraiment savoir ce que je pense, elle voulait juste que je dise qu’on peut dire cela d’elle sur la photo en quelque sorte, et je veux volontiers admettre que ce jugement a pu être l’opinion de son milieu de son époque avec ses goûts propres).
    ––––
    Je ne suis pas donc d’accord avec l’idée de mensonge (au sens strict) bénin. L’exemple le plus frappant est la question du Père Noël.
    Dans l’ouvrage « L’éthique du mensonge » de Dominique Ducerf, le fait de dire la vérité à un enfant au sujet du Père Noël est présenté comme « un acte naïf et finalement assez égoïste » (p. 65). Il me semble que c’est tout à fait incorrect et que, dans l’exemple réel donné, c’est plus le comment qui importait. Dans celui-ci, il y a deux choses : l’« explication détaillée » et surtout la « mise au ban » de l’enfant comme conséquence. Quant à la première, si on entend par là une critique appuyée, poussée et complexe de l’institution du Père Noël, ce n’est pas adapté à un petit enfant. Quant à la seconde, c’est exactement comme toute vérité dans le monde d’aujourd’hui où règnent les contre-vérités. C’est exactement comme l’existence de Dieu (et donc le caractère faux de sa non-existence). On doit accompagner cette vérité par la façon de vivre cette vérité en société et notamment avec ceux qui ne l’ont pas assimilé (fondamentalement avec tolérance). Ma mère ne m’a jamais menti à ce sujet et, si j’ai des souvenirs de discussions avec d’autres enfants où nous débattions de cette existence, je n’ai aucun souvenir de problème particulier ; je pense qu’une fois avoir dit à ma mère que j’en ai parlé à d’autres, elle nous a dit gentiment de ne pas le dire aux autres parce que les autres parents veulent que leurs enfants y croient, et que je le comprenais très bien.
    Et si une institutrice ne supporte pas qu’un enfant ne croit pas à un gros bonhomme qui passent dans les cheminées, le problème vient d’elle, et en tant que parent je le lui dirais. De l’anecdote racontée, dans lequel on semble avoir fait la misère à un enfant pour ne pas croire au Père Noël, je n’en déduis pas que le père a été « naïf » et « égoïste », mais que l’on vit dans un monde de fous (quoi qu’il faut aussi s’adapter à ce monde de fous et enseigner aux enfants comment s’y adapter). Il est clair que si mon enfant revient en pleurs du fait du comportement d’une institutrice sur cette question (ce n’est pas clair si c’était le cas ici, mais on parle de « mise au ban de la classe »), je n’attendrai pas qu’elle me « convoque » pour lui demander à elle de rendre des comptes, et lui faire comprendre poliment et dans d’autres termes qu’elle a intérêt à ce que cela ne se reproduise pas si elle veut garder ses dix doigts.
    Cette question est le symbole du monde actuel aux valeurs inversées et où règnent les contre-vérités et le mensonge. D’ailleurs, beaucoup ne semblent pas avoir de problème avec ce mensonge dans leur enfance, mais cela n’est-il pas parce que cette manière de faire leur a fait intégrer dans leur esprit, profondément et dès l’enfance, que mentir, ce n’est pas si grave. Par ailleurs, d’autres témoignent du traumatisme que cela leur a fait lorsqu’ils ont appris la vérité (et on peut se demander si ce n’est pas dû à certaines valeurs qu’ils ont pu garder).
    Ce mensonge ne crée, à mon avis, que du mal (relativement). Il y a le mal habituel du mensonge, et notamment qu’il rend nécessaires d’autres mensonges et donc entraîne un manque de sincérité généralisé dans le rapport personnel. Le fait que ma mère a été honnête avec moi, à ce sujet mais ce devait donc être une habitude générale, est quelque chose qui reste à vie et pour lequel je lui suis tout à fait reconnaissant. Il y a, d’un point de vue social, ce que j’ai décrit plus haut. Ce mensonge participe aussi d’une sorte de « bébéisation » des enfants : il y a une différence entre dire la vérité dans le langage des enfants et leur mentir en les rendant idiots puisqu’on les prend pour tels. Me dire la vérité était, je crois, de la part de ma mère, un gage de confiance et de respect et me donnait forcément une vision plus vraie et juste de monde (sinon, comment savoir que l’existence de Dieu n’était pas une de ces fables qu’on raconte aux enfants à des fins utilitaires ?). D’autres parents ont besoin d’inventer toutes sortes d’histoire imaginaires pour faire adopter à un enfant un comportement (« si tu [adopte tel comportement considéré comme mauvais], alors [telle conséquence extravagante fausse] arrivera »), et je ne pense pas que soit une bonne chose, pour de multiples raisons évoquées ici.
    Ce mensonge décrit surtout, évidemment, l’angoisse des « adultes » face à un monde qu’ils ont vidé de la divinité, et dans lequel ils croient devoir créer des idoles pour qu’il reste au moins enchanté pour les enfants. Je parle d’angoisse parce qu’on remarque aussi une forme d’altruisme à offrir des cadeaux mais d’attribuer ce don à autrui (seulement dans une certaine mesure, car il y a aussi une déresponsabilisation lorsqu’on n’offre pas). Mais il s’agit d’une sorte d’un signe patent d’un monde qui leur échappe : ils ne peuvent plus faire rêver avec la réalité, ils inventent donc un dieu même si bien moins attrayant ; ils ne peuvent plus faire que leurs enfants travaillent pour leur avenir ou par fierté ou autre, ils créent un système de récompense parareligieux et matérialiste, etc. Ils recréent, dans le langage des enfants, le monde tel qu’ils le voient pour eux, c’est-à-dire centré sur le dieu-matérialisme. Ils perdent leurs enfants dans l’imaginaire parce qu’ils le sont déjà.
    C’est ce que dénonce régulièrement le pape François, notamment lorsqu’il avait dit en 2016 que Noël a été pris en otage dans un monde obsédé par les cadeaux, la fête et l’égocentrisme : https://www.theguardian.com/world/2016/dec/24/pope-francis-christmas-eve-vatican . Il twittait le même message un an plus tard : https://twitter.com/pontifex_fr/status/944183236678131713 . En 2016, quelques semaines plus tôt, il avait donné de bons conseils aux enfants sur quoi demander, au Christ, pour Noël : https://aleteia.org/2016/12/12/pope-francis-to-children-what-to-ask-baby-jesus-for-this-christmas/
    On peut se demander au passage, dans un monde où les agressions sexuelles sur enfants sont légion, s’il n’est pas un peu malsain à expliquer qu’il n’y a pas de problème à ce qu’un homme rentre dans la maison la nuit. Cela amenuise déjà l’idée de contrôle des parents.
    Évidemment, on ne peut dire la même chose des contes, qui se situent dans un passé lointain et donc beaucoup plus flou, qui ont une part de vérité, et pour lesquels on entretient un doute sur l’existence dans les mots et à titre de plaisanterie entendue. Je ne dis pas qu’on ne peut faire preuve de décontraction dans un contexte où l’esprit de second degré est entendu. L’enfant comprend bien que le loup qui parle au Petit Chaperon Rouge est une histoire. Ces histoires rendent d’ailleurs ces personnages existants dans un certain monde, ils sont réels, simplement pas dans notre plan de réalité (tels quels). Dire par exemple qu’il existe un monde dans lequel ces personnages existent me semble vrai, mais je pense que les enfants et les adultes n’intellectualisent pas comme cela cette existence, nous la ressentons plus ou moins pour ce qu’elle est sans rentrer dans des raisonnements compliqués, et donc il doit probablement suffire en général de ne rien dire. Au passage, d’ailleurs, la version en persan d’« il était une fois » est quand même très jolie : https://twitter.com/lucieazm/status/1235932466625613824 .

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