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Méditation naturelle

Par , le 9 Mai. 2008, dans la catégorie Conceptothèque - Imprimer ce document Imprimer - English version
Méditation naturelle

En bref : la méditation naturelle est la démarche qui consiste à essayer, ici et maintenant, de ressentir la présence bienveillante du divin et de se comporter avec la dignité induite par cette sensation.

Chacun en a fait l’expérience en pensant à la personne qu’il aime : la sensation de la présence de l’aimé(e) peut emplir notre espace mental au point de nous accompagner à tout moment et dans toute situation. Lorsqu’on éprouve de l’amour, cette présence s’installe d’elle-même en soi, sans effort. Elle peut même se refléter autour de soi dans les moindres événements. Si l’on n’éprouve pas ce sentiment d’amour, on peut du moins susciter une expérience semblable en tournant sa pensée en direction d’un autre, et en tâchant de développer à son égard des sentiments positifs : il est alors possible de faire l’expérience de la « présence » de cet autre. C’est une expérience intérieure multiforme et plus ou moins intense, qui dépend notamment de l’attention qu’on y porte.

Ressentir la présence divine relève d’une expérience du même ordre. C’est d’ailleurs une expérience plus effective que celle de l’amour humain, dans la mesure où Lui est réellement présent en chacun et en chaque chose, au-delà de la métaphore. Seule l’inconscience où nous sommes de notre nature profonde, de notre part divine, nous sépare d’une telle perception. Dès lors qu’on tourne son attention vers Lui, le lien naturel qui nous relie à Lui s’active ; un processus se met œuvre qui, plus ou moins rapidement, nous conduit à prendre conscience de Sa présence (« Frappez et l’on vous ouvrira ! »).

Mais comment tourner son attention vers Lui ? Cela requiert un petit effort mental. Il faut commencer par essayer de se Le représenter, en soi, autour de soi, à côté de soi. Chacun peut le faire selon des moyens propres à sa religion, à ses références ou à sa créativité personnelles… Car il faut bien dans tous les cas fournir un support à la pensée pour qu’elle parvienne à se fixer sur un « objet » non perceptible par les sens.

S’efforcer de ressentir la présence du divin, donc. Mais à quelle fin ? Tout d’abord, parce qu’une telle prise de conscience nous conduit à une plus grande vigilance concernant la nature et la qualité des choix, des actes et des pensées que l’ont met en œuvre dans la vie. Quand on sait et qu’on sent que le regard divin nous suit, nous précède, nous traverse, quand on a franchi le cap que constitue le malaise éventuel provoquée en soi par une telle sensation (honte, gêne, incrédulité, rejet, etc.), le sentiment qui s’impose à nous est celui de notre propre dignité. En s’éprouvant soi-même dans Sa présence, on ne se permet plus n’importe quoi, on n’agit plus n’importe comment. De plus, l’angoisse de la solitude qui nous envahit dans certains moments de l’existence disparaît définitivement pour céder la place à un sentiment de confiance et de sécurité.

Plus fondamentalement encore, cette attention au divin, qui est donc aussi, une attention à soi, est la base même du perfectionnement spirituel. Pour se perfectionner, le soi doit acquérir des vertus par la mise en œuvre de principes divins, notamment éthiques. Lorsque l’attention à la présence divine s’installe en soi, elle exhausse non seulement le sentiment de dignité, mais aussi la motivation qu’il nous faut pour pratiquer ces principes de manière assidue. Par ailleurs, elle permet également de recevoir l’énergie nécessaire à la constitution des vertus, qui sont les véritables « matériaux » du soi.

Agir comme si le divin était là, présent à la fois à l’intérieur de soi, dans sa pensée, et à l’extérieur de soi, dans son environnement, tel est l’objet de l’attention à la présence divine. Il faut d’ailleurs préciser la nature de ce sentiment : le vrai divin n’impose pas une présence pesante, inquisitrice, qui nous jugerait. Il manifeste une présence exigeante certes, mais fondamentalement bienveillante, respectant notre autonomie, veillant globalement à notre santé spirituelle, inspirant l’action juste ou l’action bonne dans le cours de nos choix et de nos pensées.

Comment maintenir et entretenir une telle attention ? Comment « installer » en soi la sensation de la présence divine ? Des siècles d’héritages religieux de la pratique dévotionnelle ont tenté de répondre à cette question. Mais cette profusion de techniques et de méthodes risque aussi de nous égarer en nous faisant manquer l’essentiel. Faut-il se retirer de la société et vivre dans la prière permanente, tel un moine ou un ermite ? Non. Nul besoin d’un lieu ou d’un moment spécial, ni d’un rituel particulier. Revenons à l’analogie amoureuse. Quand on cherche à se rapprocher d’une personne pour laquelle on éprouve une attirance, on adopte instinctivement des comportements qui agréent à cette personne. Il en va de même dans la relation au divin. Si l’on souhaite se rapprocher du divin afin de sentir et « d’installer » Sa présence, il suffit de mettre en œuvre des choix, des comportements, des pensées qui Lui agréent, qui font Son contentement. Or, il est important de comprendre que ce qui agrée au divin n’est pas différent de ce qui va dans le sens de notre bénéfice réel, c’est-à-dire de ce qui contribue au perfectionnement de notre soi. Cela se joue ici et maintenant, au-delà de tout rituel particulier : dans la famille, au travail, en société, il s’agit d’être attentif à l’éthique, d’accomplir nos devoirs, de respecter notre dignité, de nous rendre disponible pour venir en aide à autrui, etc.

Donc, rechercher la sensation de la présence divine accroît la dignité de nos comportements. En retour, nos comportements plus dignes nous rapprochent du divin et nourrissent en nous la sensation de Sa présence. C’est un cercle vertueux.

Cela dit, dans ce processus, la prière peut jouer un rôle important : celui de catalyseur. Quel est en effet l’essence même de toute prière, quels que soient par ailleurs son contenu, son intention ou la langue dans laquelle elle est dite ? C’est justement de porter son attention vers le divin. Dans une prière faite avec sincérité, la pensée se tourne vers Lui et, à l’instar d’une fleur tournée vers le soleil, le soi absorbe la lumière divine dont il a besoin pour croître. Si les prophètes des différentes religions ont prôné des prières quotidiennes réparties au long de la journée, c’est bien – et par delà toutes les demandes de pardon, de protection ou de bénédiction qu’elles peuvent exprimer – dans ce but fondamental : installer progressivement en soi la sensation de la présence divine et apprendre à rechercher Son contentement.

C’est cette double démarche vertueuse qui est appelée méditation naturelle dans la pensée d’Ostad Elahi. « Méditation », par l’attention intime, réfléchie, à laquelle elle invite ; « naturelle », d’une part parce qu’elle correspond aux besoins réels de notre soi, qui sont conformes à sa nature, et d’autre part parce qu’elle trouve sa place dans la vie ordinaire, inscrivant en filigrane, jusque dans les activités les plus quotidiennes, une attention spéciale. L’universalité, l’accessibilité et l’efficacité de la méditation naturelle introduisent ainsi une véritable révolution dans la conception de la relation de l’homme au divin, à lui-même et à autrui.


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5 commentaires

  1. zitronade le 08 Sep 2009 à 4:35 1

    Outre l’aspect catalyseur de la prière, j’ai l’impression d’utiliser la prière comme un « moyen d’échange ». Et ma méditation naturelle me permet, non seulement d’amorcer le dialogue, mais également d’essayer d’écouter les réponses.
    Et si je réfléchie à l’analogie amoureuse que vous faites, effectivement, quand on est vraiment proche et attaché à quelqu’un, on a plus besoin de parler avec des mots et donc d’entendre ou d’émettre un son.
    Mais le dialogue se fait de cœur à cœur, l’écoute et l’attention sont continus ainsi que le désir permanent de mieux connaître l’autre, le soin apporté à ne point blesser par le comportement, à plaire, est quasi permanent, ….

  2. anna le 08 Sep 2009 à 23:17 2

    vous dites que l’expérience de la présence de cet autre est intérieure et multiforme, j’ai pu aussi remarquer qu’elle s’adapte à la nature de chacun. Je suis assez joueuse, j’aime les « clins d’oeil », et je me suis rendu compte que quand mon attention se porte sincèrement vers le divin, un événement, ou une pensée, ou une image se produit, qui m’amène toujours un sourire. C’est comme un salut qui m’est adressé, que moi seule perçoit, un jeu de signes qui, comme le dit zitronade, se fait de coeur à coeur. C’est un bonheur inégalable, qui éclaire toute ma journée quand il se produit.

  3. KLR le 09 Sep 2009 à 22:23 3

    « Si l’on souhaite se rapprocher du divin afin de sentir et « d’installer » Sa présence, il suffit de mettre en œuvre des choix, des comportements, des pensées qui Lui agréent, qui font Son contentement ».
    J’ai pu en effet remarquer que l’on sent mieux cette « Présence » lorsque l’on adopte un comportement éthique et altruiste.
    J’ai l’habitude de commencer mes journées en essayant de méditer avant d’être emportée par le flot matériel de la vie. Or le plus souvent, cet exercice s’avère difficile. Tous les événements de la veille ou de la journée future m’assaillent, et la lutte, afin de maintenir ma concentration, se solde régulièrement par un sentiment d’échec.
    Il y a quelque temps, après une méditation concentrée, je remarquai que, contrairement à bien d’autre fois, mes pensées étaient naturellement orientées vers le spirituel. J’avais à l’esprit des préoccupations spirituelles et je ne pouvais pas les quitter. Lorsque ma pensée allait vers une préoccupation du quotidien, elle revenait naturellement vers le sujet spirituel qui m’intéressait. Surprise par cet état qui ne me demandait pas d’effort, je me suis mise à observer ma pensée en me plaçant à l’extérieur de celle-ci, de façon à pouvoir l’analyser, un peu comme si je prenais le « pouls » de ma pensée.
    En analysant de plus près mon comportement, je remarquais que dans les jours précédents, j’avais fourni plus d’effort en direction de la spiritualité. J’avais été plus altruiste, j’avais essayé de travailler davantage sur moi, j’étais plus motivée…
    Depuis j’essaye de prendre régulièrement le pouls de ma pensée, de voir si elle n’est pas envahie par la vie matérielle; c’est peut-être une façon de pratiquer la méditation naturelle…

  4. mahaut le 02 Mar 2010 à 20:20 4

    J’ai eu beaucoup de mal avec l’idée de foi.

    Cette foi qui ne pouvait m’appartenir, et n’appartenant qu’à Dieu seul. Comme, Il a tout créé, j’acceptais qu’Il soit le maître de ma foi, mais pourquoi, puis-je dire ma main, et pas ma foi ? J’ai accepté, Lui plus grand que tout, m’en remettant à Lui, pour qu’Il me donne les éléments, pour qu’Il apaise mon coeur.

    Aujourd’hui, j’ai eu une réponse matérielle que je voudrais vous faire partager une bonne nouvelle, une réponse matérielle grâce à la science.

    Un article du 15/12/2009 sur « Le sentiment religieux dans le cerveau », source : le Quotidien du Pharmacien du 19/03/2009.

    La réalité du sentiment religieux ainsi que les structures cérébrales impliqués ont été identifiés par une équipe de neurologues de Bethesda aux Etats-Unis.

    « Des études ont permis d’identifier trois éléments fondateurs majeurs en ce qui concerne la croyance en Dieu :
    – La conviction de l’existence d’une puissance surnaturelle (ce qui active les circuits neuronaux des deux circonvolutions frontales inférieures.)
    – Le sentiment que cette puissance est capable de réactions émotionnelles ( ce qui active la circonvolution frontale moyenne et l’aire B21 de Brodmann de l’hémisphère droit pour ceux ayant le sentiment que « Dieu exprime l’amour » et active la circonvolution frontale moyenne et l’aire B21 de l’hémisphère gauche pour ceux ayant le sentiment qu  » Dieu exprime la colère ».)
    – La culture religieuse (ce qui active de multiples aires cérébrales de gauche et de droite.) »

    Croyants ou incroyants, nous sommes tous habités par Dieu, je n’en doutais pas, Il nous a tous créés. Celui dont on regarde le cerveau à l’aide d’IRM (je crois) et qui croit en Dieu a ses aires cérébrales qui « s’allument ». Tandis que celui qui ne croit pas, son cerveau reste sans manifestation, donc éteint.

    Du coup, lorsqu’il est recommandé de faire comme si on est en présence de Dieu, etc… je comprends que notre cerveau, en empathie avec Dieu, s’anime et a la capacité de capter sa grâce et ses messages.

    Munis de ces nouvelles informations, il m’apparaît plus facile, de mener une introspection, et de surveiller nos intentions, et de faire son contentement.

  5. Ms le 01 Juin 2011 à 19:48 5

    « Agir comme si le divin était là, présent à la fois à l’intérieur de soi, dans sa pensée, et à l’extérieur de soi, dans son environnement, tel est l’objet de l’attention à la présence divine. » Le dialogue que représente la prière n’a pas toujours été évident pour moi…

    Je pense avoir perçu les effets que certaines prières m’ont apporté, le soulagement une fois que je me suis confiée et aussi le besoin dans les périodes de doute et de tristesse mais, je dois dire qu’à certaines périodes de ma vie, j’ai du mal. La difficulté consiste majoritairement dans le fait que je ne vois personne devant moi. En outre, je pense que c’est cet aspect abstrait que peut avoir la spiritualité et, a fortiori, la prière avec lequel j’ai du mal…

    J’aimerai, en ce sens, partagée une maxime tirée des « 100 Maximes de Guidance » d’Ostâd Elahi: « Au moment de la prière, imagine que tu parles à quelqu’un. De même que lorsqu’on s’adresse à quelqu’un, on ne dit pas des choses que l’on ne comprend pas, dans la prière, on doit comprendre et bien se représenter chaque mot que l’on prononce, savoir à qui l’on s’adresse et avoir conscience de ce que l’on dit. »

    Outre, l’aide quant à l’aspect abstrait que peut avoir la prière, cette maxime m’a aussi aidé quant à l’attitude à adopter. Je dois non seulement considérer que je parle à quelqu’un mais tout en sachant qu’il ne s’agit pas de n’importe qui ! C’est la raison pour laquelle j’essaye de faire attention et, sachant cela, je trouve qu’on arrive à une réaction en chaine en ce sens que j’essaye de faire attention à la manière que j’ai de me tenir, à mes mots, à mon intention, etc.

    Pour ma part, garder cela à l’esprit fait que la prière devient un rendez-vous privilégié à caractère solennel. De ce fait, on imagine bien que tout rendez-vous d’une telle importance ne devrait pas s’oublier (je trouve que tout devient plus parlant du coup) et nécessite une préparation au préalable (dans l’intention autrement dit être dans l’optique que l’on va prier, que l’on va s’adresser à Lui…) ainsi qu’une attitude appropriée au moment même du rendez-vous en question…

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