Perfection, perfectionnement

En bref  : toute créature est créée dans le but d’atteindre un état de plénitude complète, la perfection. Le chemin pour y arriver, c’est le perfectionnement, qui donne sens à l’éthique et au spirituel dans notre vie.

La perfection concerne tous les êtres, sans exception. Ostad Elahi répartit ces derniers en plusieurs classes : le minéral (globalement, les choses dites inanimées), le végétal, l’animal et l’animal humain. Tout être qui existe est créature dans la mesure où il est le résultat d’une suite de causes dont la cause première est le Créateur. Le sens de cette création, selon Ostad Elahi, c’est le retour à l’origine : « Tout existant vient de Lui et toute chose retourne à Lui, au terme d’un processus de maturation physique et spirituel : le perfectionnement. » Parvenue à sa perfection, la créature peut bénéficier complètement du bonheur potentiel pour lequel elle a été créée.

Le perfectionnement concerne l’esprit ou l’essence des choses. Il y a donc une distinction entre la corporalité d’une chose, son enveloppe dans le monde physique de nos cinq sens, et son esprit ou essence, qui est également matériel (puisque soumis à la causalité), mais d’une matérialité subtile située au-delà de nos perceptions biologiques. Cette distinction entre le corps et l’esprit repose d’ailleurs sur un principe d’unité de l’être en vertu duquel l’ordre que nous constatons dans les choses reflète l’ordre intime qui structure notre propre esprit, de sorte que la vie elle-même peut être considérée comme l’effet de l’esprit.

Selon Ostad Elahi, en deçà de l’étape de l’animal humain, c’est le perfectionnement général qui est la loi de la création : les êtres se perfectionnent selon des courants spirituels de diverses natures, et qu’il caractérise ainsi :

• collectifs (un même esprit anime un groupe d’êtres),
• ascendants (du minéral au végétal, à l’animal et au sein de ces groupes selon une complexité croissante),
• déterministes (des lois déterminent ce courant que l’ont pourrait comparer à une forme de gravitation spirituelle, appelée par Ostad Elahi mouvement transubstantiel).

A l’étape de l’animal humain, le perfectionnement franchit un palier ; il devient individuel et libre. Par l’exercice de son libre arbitre et de sa raison, par sa décision (ou son refus) de s’engager dans un processus d’éducation de soi, l’être humain détermine lui-même son destin spirituel. Ce caractère exceptionnel du perfectionnement humain tient à l’origine double de l’esprit, ou âme humaine. Sa part terrestre est l’esprit animal humain, culmination du processus de perfectionnement général ; elle fusionne avec sa part céleste, qui lui vient quant à elle directement de la Source.

L’état de perfection recouvre deux sens :

• D’un côté il désigne l’état de félicité indescriptible que connaît l’être parfait, qui a rejoint la divinité, mêlant une connaissance parfaite, un pouvoir et une liberté illimités, à l’expérience permanente de l’amour divin. Cet état est sans commune mesure avec le paradis traditionnellement décrit par les religions : au-delà de toute description imaginable du bien-être, il implique une libération ultime à l’égard de toute causalité, de toute finitude.
• De l’autre côté, il désigne la perfection morale : au gré d’un long travail de polissage et de transformation de soi, qui passe par la lutte contre le soi impérieux et le développement des vertus, l’être parfait « domine toute sa nature grâce à un pouvoir transcendant », il acquiert finalement « la composition de l’océan divin ».

Notons que ces deux sens de la perfection se rejoignent : c’est en effet sa perfection morale qui rend l’être parfait apte à rejoindre cet « océan divin » et à bénéficier de la félicité ultime.