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Témoin spirituel

Par , le 29 Avr. 2008, dans la catégorie Ressources , Ressources - Extraits d'ouvrages - Imprimer ce document Imprimer
Témoins spirituels, Bruno Solt

Dans un ouvrage consacré aux hommes et aux femmes qui se sont engagés sur le chemin de la recherche intérieure (Témoins spirituels, Le Relié, 1992), Bruno Solt nous donne un bref aperçu de la vie et de l’œuvre d’Ostad Elahi.

« C’est à Jeyhunabad, un village kurde de l’ouest de l’Iran, que naît le 11 Septembre 1895 celui qu’on devait nommer Nour Ali, puis Ostad Elahi. Son père, Hadj Nemat (1873-1921) était un mystique de la tradition Ahl-e Haqq dont le charisme avait attiré plusieurs milliers de fidèles. Très tôt, Hadj Nemat s’attache à l’éducation spirituelle et musicale de son fils. L’enfant se révèle prodigieusement doué dans les deux domaines. Alors qu’il n’a que neuf ans, tous s’accordent à reconnaître en lui un maître du luth tanbur. C’est vers la même époque qu’il entame, sous la férule de son père, un cycle d’ascèse qui devait durer douze ans. A l’âge de onze ans, un événement le transforme radicalement : vers la fin de l’été 1906, il est pris d’un mal étrange et rend l’âme ; le lendemain, alors que l’on a déjà envoyé quérir un linceul, il revient à la vie. Comme il devait le dire lui-même : « Une nouvelle âme me fut insufflée ». Il semble que ce soit à partir de cet événement que se développent en lui les facultés spirituelles qui devaient donner à sa vie et son œuvre leur orientation si particulière.

Ses années de jeunesse se déroulent dans une atmosphère d’euphorie spirituelle indescriptible. Entouré de l’affection familiale, partagé entre l’ascèse et la méditation, la musique et l’étude, Nour Ali est à l’abri des remous du monde : « Lorsqu’au terme de ces douze années, je quittai l’ermitage et entrai en contact avec d’autres gens, je ne m’imaginais même pas que l’être humain puisse mentir. »

A vingt ans, il est un sage accompli et un musicien unique. Considéré comme un maître par ceux qui le connaissent, il perçoit de plus en plus clairement que l’époque de l’extase et de la retraite méditative et ascétique est révolue. Désormais, la quête spirituelle ne se déroulerait plus dans une telle sérénité, à l’écart du monde, mais au cœur même de la vie sociale, dans un effort redoublé de réflexion et d’attention.

Lorsqu’Hadj Nemat quitte ce monde en 1921, Nour Ali perd celui qui était tout à la fois son père et son guide. Quelques années plus tard, suivant les voies d’une destinée dont le sens spirituel devait lui être dévoilé rétrospectivement, les circonstances le conduisent malgré lui à entrer dans l’administration. Il s’installe par la suite à Téhéran pour entreprendre des études de droit. Il y travaille avec une détermination telle qu’il réussit en six mois le cycle des trois années de l’École de la Magistrature. Lui dont les propres écrits relatent l’élévation mystique qu’il avait atteinte par la spiritualité traditionnelle, le voilà qui entame à trente six ans une carrière de magistrat qui le conduit dans différentes régions d’un pays en pleine mutation, avec la charge de dossiers extrêmement sensibles qu’il traite avec une probité et une intégrité exemplaires. Il dira plus tard : « Dieu me fit embrasser la carrière judiciaire, en dépit de ma réticence. Il fit de sorte que je devienne juge et plaça entre mes mains des dossiers délicats dont je devais comprendre plus tard qu’ils recelaient chacun mille perles de sagesse. » « Dans l’accomplissement de mes devoirs de juge, je faisais des choses que personne n’osait faire ; j’étais prêt à être révoqué définitivement plutôt que de prononcer un verdict injuste, car c’est à Dieu que j’avais affaire et non au ministère, et je n’avais peur de personne. »

La vie professionnelle est pour Ostad Elahi l’occasion d’expérimenter les principes éthiques et spirituels qui constitueront plus tard les piliers de son approche du perfectionnement de l’âme. En 1957, une fois sa retraite prise, il s’installe définitivement à Téhéran et se consacre pleinement à ses deux activités de prédilection : son art musical – des artistes de renom témoigneront des effets inouïs de son jeu au tanbur – et la science spirituelle. Il entreprend la rédaction de plusieurs ouvrages, dont Ma’refat ol-Rûh (Connaissance de l’âme), consacré à la question de l’âme et aux étapes de sa maturation spirituelle, et un traité sur la doctrine ahl-e haqq authentique, Borhân ol-Haqq (Preuve de vérité).

La maison d’Ostad était ouverte à tous et le cercle de ses amis et de ses élèves s’y réunissait très souvent. Les paroles simples par lesquelles il abordait les mystères spirituels les faisaient paraître aussi familiers que les affaires les plus anodines de la vie courante. Et pourtant, ces paroles constituaient autant d’occasions de transmettre des vérités dont il n’était possible de saisir le sens profond qu’en les mettant soi-même en pratique. De son enseignement oral, il reste Asâr ol-Haqq (Paroles de Vérité), élaboré à partir des notes recueillies par ses étudiants au cours de toutes ces années. Tout en s’appuyant sur l’héritage des traditions spirituelles monothéistes, cet enseignement offre une vision originale de la métaphysique, de l’homme et de son accomplissement spirituel aussi bien qu’humain. S’il touche un nombre croissant de personnes, c’est aussi parce qu’il s’accompagne d’une démarche adaptée aux exigences de la vie moderne et aux attentes intellectuelles des hommes d’aujourd’hui. Cette spiritualité, qualifiée de naturelle, s’insère sans rupture et sans contrainte, presque imperceptiblement, quoique volontairement, dans le cours naturel d’une vie active et responsable, orientée par l’attention à autrui et la recherche en toute chose du contentement divin.

Ostad Elahi quitta ce monde le 19 octobre 1974. Quelques temps auparavant, il avait dit : « Je n’ai rien laissé sous silence ; j’ai livré en quelques mots la quintessence des religions à ceux qui cherchent le Vrai. A présent, je n’ai plus la moindre attache en ce monde et je suis prêt à répondre à l’appel de Dieu. »


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