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L’autre, miroir de soi (1ère partie)

portraits dans cadres

« Connais-toi toi-même ». La maxime est belle, mais comment y parvenir si une part de nous-même résiste avec acharnement, nous empêchant de percevoir nos propres défauts ? C’est un fait, nous avons systématiquement tendance à nous surévaluer, et nous sommes bien plus sensibles aux manquements à l’éthique lorsqu’ils sont le fait d’autrui. En deux volets, cet article de Sandrine Duplessis nous apprend que la solution est peut-être dans le problème : c’est en modifiant notre rapport aux autres que nous parviendrons à mieux nous connaître.

Vivant en société, nous sommes constamment en relation ou interaction avec les autres. Ces interactions se concrétisent par des actes et des intentions qui s’adressent aux autres et ont des effets sur les autres et sur nous-même. Il est donc légitime de réfléchir à ces interactions et de se demander comment les orienter dans le sens du bien, ou comment produire des actions justes – au sens de la justice aussi bien que de la justesse –, des actions utiles, ou encore des actions responsables. Il est tout aussi évident qu’on ne peut pas construire sa propre humanité sans les autres, qui sont à la fois une fin – ceux à qui sont destinés nos actes éthiques – et le moyen de parvenir à cette fin, ceux à travers lesquels nous pouvons perfectionner notre éthique.

Or, en raison de la domination de notre ego dans la structure de notre psyché, nous avons naturellement tendance à nous accorder à nous-même plus d’attention qu’aux autres, voire à nous sentir supérieur. Cela se traduit notamment par une tendance à remarquer spontanément chez les autres ce qui ne nous plaît pas, leurs faiblesses et leurs manquements, mais aussi à exagérer ceux-ci, parfois à les dévoiler, enfin à ne pas reconnaître leurs qualités à leur juste valeur – pour peu qu’on leur en trouve –, sans parler des comportements de négligence, de mépris, etc., que nous nous autorisons à leur égard. Il n’est qu’à observer dans nos propos quotidiens le nombre de fois où l’on s’épanche sur les défauts des autres, comparativement au nombre de fois où l’on évoque leurs qualités, le nombre de fois où l’on se sent affecté par les défauts des autres (ou même certaines de leurs qualités, lorsqu’on en est jaloux), comparativement au nombre de fois où l’on se sent au contraire inspiré et stimulé dans un sens positif. C’est un exercice à faire.

L’un des principes de base qui prépare à mieux prendre autrui en considération, afin d’entrer dans une pratique éthique, consiste à transformer notre regard sur les autres : Il ne s’agit pas de nier les faiblesses que nous pouvons observer chez les un ou les autres, il ne s’agit pas de se forcer tout à coup à devenir stupide ou naïf en se persuadant que « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». L’éthique n’a rien à voir avec l’angélisme. Il s’agit d’un véritable retournement du regard à 180° : il nous faut comprendre comment utiliser cette perception naturelle que nous avons des autres, de leurs actions, de leurs comportements, de leurs dysfonctionnements éthiques et de leurs points forts, etc., mais dans le sens de notre propre perfectionnement éthique.

Or pour se perfectionner d’un point de vue éthique, il faut d’abord savoir quel aspect améliorer en soi. Il faut donc savoir qui on est, savoir d’où on part, quels sont nos faiblesses ou lacunes, comment elles se manifestent, dans quelles circonstances, avec quelle intensité, etc., quels sont aussi nos points forts car ils peuvent être des sources de motivation et des points d’appui pour nous. C’est le début du travail de connaissance de soi. Travail difficile en raison des camouflages, des ruses de l’ego, qui tend à nous voiler à nous-même et nous conduit à voir la paille dans l’œil d’autrui au lieu de la poutre dans le nôtre.

Comment parvenir à se connaître, étant donné tout le mal qu’on a à se voir de l’intérieur ? Le regard qu’on porte sur soi-même est généralement très flou. Il y a certaines faiblesses de caractère dont on est conscient et qu’on essaye éventuellement de réduire. Il y en a d’autres, sans doute beaucoup, dont on n’est pas conscient, qu’on n’imagine même pas avoir ou qu’on ne s’avoue pas parce qu’elles ont quelque chose de honteux. Il est difficile d’accepter l’image que nous renvoie le fait de jalouser, trahir, profiter de la faiblesse d’autrui, etc…

Notre ego est très efficace pour nous maintenir dans l’ignorance de nous-même ou pour justifier à nos yeux les actes dont on ne devrait pas être fiers. Des travaux récents en psychologie sociale ont montré que nous reconfigurons sans cesse le monde pour qu’il se conforme à nos idéologies partisanes. « L’esprit humain est un merveilleux filtre à information, apte à bloquer les faits qui contredisent ce que nous aimerions croire » (Jonah Lehrer, Faire le bon choix : comment notre cerveau prend ses décisions, Robert Laffont, 2010). C’est selon le même principe que l’ego parvient à utiliser notre faculté rationnelle pour son propre compte, en nous rendant opaques à nous-même.

Comment remédier à cette situation ?

L’idée est simple. De la même façon que pour mieux voir ses caractères physiques, on a besoin d’un miroir, pour mieux voir ses traits de caractères, éthiques ou non éthiques, il nous faut trouver quelque chose comme un miroir de l’âme. Ce miroir, ou plutôt ces miroirs, ce sont les autres. Se voir dans le miroir de l’autre, dans une visée de perfectionnement éthique, c’est prendre tout ce qui émane des autres (actes, paroles, comportements, etc.) comme une occasion de connaissance de soi.

Nous verrons dans un prochain article quelques idées pour mettre en œuvre ce principe. Mais déjà chacun peut s’adresser à lui-même cette question : quelle expérience récente a été l’occasion d’apprendre quelque chose sur moi-même au contact des autres ?

N’hésitez pas à partager votre exemple.


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16 commentaires

  1. Sou le 30 Mar 2017 à 7:22 1

    A mon avis, ce travail a (au moins) deux volets. Le premier est simple : tout simplement, la première réaction face aux erreurs des autres, quel que soit le rang social de la personne, est de se demander : et moi, est-ce que je fais de telles erreurs ?
    Dans mon cas, j’ai pu ainsi éviter de juger les autres par ignorance et arrongance.

    Ensuite pour le deuxième volet, face à mon comportement avec les autres, des fois, leur réaction me montre si j’ai mal agit. Alors, une mauvaise réaction me fait réfléchir. Peu à peu, on développe de l’expérience et on comprend finalement son erreur. Cela ne fonctionne pas toujours mais c’est souvent utile.

    Merci beaucoup pour ce billet.

  2. KLR le 31 Mar 2017 à 9:56 2

    Dernièrement mes proches m’ont renvoyé un certains nombres de mes défauts.
    Bien que ce soit un peu douloureux, cela m’a permis de voir et d’analyser plus finement des traits de caractère que je connaissais en moi et d’autres auxquels je n’avais pas prêté attention. Une fois que l’on voit cela, il me semble qu’il y a besoin d’une force positive, d’une spirale positive pour entrer alors dans le « débroussaillage » et le travail sur soi. Souvent cela prends tellement de temps, il ne faut pas être impatient ni se désespérer !

  3. A. le 31 Mar 2017 à 14:04 3

    Ces derniers jours j’étais dominé par mon soi impérieux, lui-même déclenché par des soucis de santé et une surcharge de travail. J’ai eu beaucoup de pensées négatives à l’encontre de deux amis

    Un d’entre eux est hypocondriaque. J’ai remarqué que mes pensées négatives se sont focalisées sur cet aspect de sa personnalité sans tenir compte du fait que c’est quelqu’un d’affectueux, a beaucoup de foi, aime les gens, est altruiste etc…

    Mon soi impérieux a bien rétrécit mon champ de vision de sorte que je n’ai point tenu compte des nombreux facteurs atténuants : il est en chaise roulante (ne peut pas marcher), a subi de multiples interventions chirurgicales et a une santé fragile.

    Je crois qu’une des raisons permettant d’expliquer ma négativité c’est qu’il souhaite me rendre visite et je sais d’expérience que c’est très chronophage à cause de son handicap mais aussi parce qu’il ne parle pas la langue locale (habite dans un autre pays), ne connait personne sur place et enfin, puisqu’il vient de loin, il reste au moins 2 jours. En guise de conclusions, l’analyse de mes pensées m’a permis de découvrir une bonne dose d’égoïsme.

    La négativité envers mon autre ami a suivi un schéma analogue bien que dans un contexte différent. Il s’agit là d’une personne qui a souvent eu besoin d’argent ces derniers mois et à qui j’ai donc prêté + fait cadeau d’argent. Récemment il s’est rapproché de moi car il n’arrivait plus payer son loyer tout en me demandant de faire des petits travaux chez moi. Suite à cela mes pensées négatives ont commencé à se focaliser sur le fait qu’il n’avait point suivi mes conseils dans la recherche d’un autre travail, qu’il n’avait pas fait assez d’efforts etc… et cela en dépit de l’argent qu’il me devait.

    Tout comme pour mon autre ami, mes pensées négatives m’ont empêché de tenir compte de nombreux facteurs atténuants : il a soixante ans, sa femme l’a quitté et est rentrée au Japon avec sa fille coupant tout contact avec lui et donc lui empêchant de communiquer avec sa seule et unique fille. Il n’a plus de contacts avec les autres membres de sa famille ni ses amis (ou presque), a perdu son travail, a dû être hébergé dans une paroisse d’une église/communauté d’accueil pendant deux ans etc….

    Tout comme dans le premier cas, mon soi impérieux m’a empêché de voir les nombreuses qualités de la personne : il a la foi, il est sincère et plutôt résiliant/positif en dépit de tout ce qui lui est arrivé.

    Une analyse de mes réactions m’a montré que je n’étais pas si généreux que cela, pas assez compatissant et que mon niveau de confiance dans la Source est quand même limité : j’ai peur de perdre mon travail, et de finir dans une situation de besoin où j’aurais peut-être à regretter l’argent prêté à des amis incapables de me rembourser

  4. Wilhelm le 31 Mar 2017 à 18:26 4

    Cet article est très pratique et donne une méthode facile à mettre en œuvre pour mieux se connaitre.

    Au lieu de paraphraser ce qui est bien détaillé, je me permets de reprendre un paragraphe de l’article lui-même ; J’ai testé cette méthode pas plus tard que ces derniers jours, et c’est très efficace et simple d’emploi.

    « L’idée est simple. De la même façon que pour mieux voir ses caractères physiques, on a besoin d’un miroir, pour mieux voir ses traits de caractères, éthiques ou non éthiques, il nous faut trouver quelque chose comme un miroir de l’âme. Ce miroir, ou plutôt ces miroirs, ce sont les autres. Se voir dans le miroir de l’autre, dans une visée de perfectionnement éthique, c’est prendre tout ce qui émane des autres (actes, paroles, comportements, etc.) comme une occasion de connaissance de soi. »

    Voici deux exemples :

    1. Je trouve parfois les autres abrupts dans les interactions au bureau. C’est désagréable. En utilisant l’instrument du miroir de l’âme, je me suis aperçu que je suis moi-même abrupt et donc en défaut par rapport à la nécessité d’avoir un comportement humain.
    Donc, j’ai décidé de changer et ai mis un programme en œuvre qui consiste à demander des nouvelles à chacun régulièrement, à dire des choses gentilles, et à prêter attention aux besoins des autres. Cela marche et je me sens mieux. De plus, je juge moins les autres car je suis plus occupé à me juger moi-même.

    2. Dans le métro, je trouve que les gens sont désagréables et ne font pas attention aux autres et qu’en plus, d’évidence, ils jugent les autres avec dédain et animosité. Application de la technique / concept du miroir de l’âme : moi aussi.

    Etc.

    En pratiquant cette méthode, de miroir de l’âme je me suis souvenu d’une chose inspirée du sens commun que l’on disait quand j’étais enfant à la maternelle : « celui qui dit, c’est celui qui l’est ».
    C’était simple et radical.
    Mais vrai.

  5. Etienne le 31 Mar 2017 à 23:57 5

    Je trouve la notion d’autrui comme un miroir de notre âme très juste, mais toute la difficulté consiste dans le fait de ne pas utiliser un miroir déformant. Si je dis cela c’est parce que depuis un certain temps, je sens que certaines personnes trouvent parfois mon comportement bizarre, se moquant gentiment de moi ou bien ne me considérant pas. Cela est très dur pour mon ego qui veut être le centre de l’admiration.

    J’ai alors analysé mes comportements avec autrui et ai, par moi-même comme par les remarques de proches, pointé du doigt un excès qui me pousse à vouloir être apprécié des gens. Le problème du miroir dans ce cas est que mon soi impérieux voyant que je commence à toucher un point faible, s’empare de ma découverte pour me rabaisser en me faisant me voir comme un moins que rien.

    Le miroir devient donc déformant: moi qui voyais tout à travers mon orgueil expansif, en viens à tout voir à travers un sentiment d’infériorité (orgueil inversé). En plus de cela, autrui nous voit lui-même à partir de ses propres imperfections, ce qui rend la tâche de séparation du vrai du faux très complexe. L’auteur souligne le fait que  »Se voir dans le miroir de l’autre, dans une visée de perfectionnement éthique, c’est prendre tout ce qui émane des autres (actes, paroles, comportements, etc.) comme une occasion de connaissance de soi. » Cela demande je trouve un dosage d’empathie très fin pour laisser passer dans notre pensée la dose exacte d’émotion d’autrui (et nos émotions correspondantes) qui nous permet de repérer et ressentir un de nos défauts, mais sans pour autant se sentir écrasé par l’émotion d’autrui (et les nôtres correspondantes) à notre égard.

    La solution que je vois dans mon cas consiste à me détacher des pensées que les gens peuvent avoir sur moi (ou plutôt d’ailleurs que je leur prête sans finalement rien en savoir) pour adopter une attitude plus juste. C’est alors que rechercher le contentement divin devient une nécessité autant qu’un parti de la raison.

    1. A. le 23 Avr 2017 à 17:03 5.1

      « Le problème du miroir dans ce cas est que mon soi impérieux voyant que je commence à toucher un point faible, s’empare de ma découverte pour me rabaisser en me faisant me voir comme un moins que rien. »

      Moi il y a quelques années j’avais des réactions qui ressemblaient un peu à ce que vous décrivez. Face à des critiques ou des interactions qui me faisaient souffrir je tombais parfois dans des formes de dépression orgueilleuse. Étonnamment, je pouvais ressentir une supériorité vis-à-vis des autres jusqu’à avant la réaction négative de ceux-ci. Ensuite, après leur réaction négative (critiques, médisance, évitement, etc…) je pouvais basculer rapidement dans une situation de dépression

      1. Etienne le 26 Avr 2017 à 23:37 5.1.1

        Et comment avez-vous donc réussi à vaincre ce soi impérieux ?

  6. juliette le 01 Avr 2017 à 12:20 6

    Je suis quelqu’un d’impatient ce qui me mène parfois à l’intolérance et même la brutalité. J’appelle ça avec autosatisfaction de « l’éxigence » ! Dans mon dernier travail où j’étais confronté en permanence à une cinquantaine de personnes qui sont sous mes ordres et directives, je m’obligeais tous les matins en faisant ma toilette à demander l’aide de Dieu pour lutter contre cette impatience et respecter avec bienveillance et affection le droit de tous. Je pensais y être arrivé, mais j’ai eu des échos comme quoi certains se sont plaint de la manifestation de cette impatience. J’ai trouvé cela injuste, je me suis rebellé contre mes détracteurs en leur trouvant des défauts inhérents à leurs critiques. Ce critiques m’ont terriblement bouleversé et j’ai eu du mal à m’en remettre ! Comment ? Je fais un tas d’effort et personne ne le reconnait ? Qui sont ces gens pour me critiquer, moi qui suis une bonne personne pleine d’égards et de respect du droit de tous ? Oui, bien sûr, mais je me suis aperçu que lorsque l’on met le doigt dans l’engrenage de la mise en pratique d’une lutte contre un point faible, les épreuves tombent en cascade et nous devons être conscient qu’elles arrivent pour notre bien, notre réflexion et nous aident à améliorer notre performance ! Et puis au fond, est ce que je suis aussi « parfaite » que ça ? Apparemment non et merci de ces expériences.

  7. Marie le 02 Avr 2017 à 13:18 7

    Merci pour cet article, qui contient des clés fondamentales pour le perfectionnement de notre âme.

    Une amie chrétienne me racontait un jour qu’une sœur religieuse lui avait dit ne pas accepter la critique. Et spontanément, mon amie profondément étonnée lui avait demandé comment dans ces conditions elle arrivait a se perfectionner. L’autre ne lui avait pas répondu.

    Les autres sont vraiment une bénédiction, et il faut s’en convaincre quand notamment on ressent comme moi régulièrement des crispations mesquines ( il me prend trop de temps, il me pèse trop , c’est à sens unique,…). Alors, je me souviens que mon temps est compté , que les autres sont un prétexte pour accomplir mon devoir et profiter des occasions qu’Il me donne, qu’ils sont un miroir. Et mon coeur se remplit de gratitude.

  8. DD le 15 Avr 2017 à 8:08 8

    Par rapport au miroir-regard de l’autre il est bien vrai que parfois il nous est favorable et en ce cas agréable. Pour les bonnes raisons que spontanément déjà nous sommes souvent plus attentif à eux qu’à nos proches mais aussi il nous plaît de maintenir une image positive et ainsi nous faisons des efforts pour entretenir la bonne image renvoyée. Qu’il est doux de pouvoir se réconforter auprès de ceux qui ont un regard positif sur nous pourvu qu’il ne soit pas trop complaisant car il pourrait en ce cas nous égarer complètement.
    Comme dit mon compagnon ils ne vivent pas avec toi, ils sont bien loin d’imaginer tes défauts …Oups ! L’autre, celui qui nous connait bien et qui ne nous idéalise pas est parfois cruel dans ses jugements comme nous pouvons l’être avec lui. Mais il est vrai aussi qu’il peut avoir une vision déformée, partisane et parfois même unidirectionnelle… en ce sens il se révèle à nous aussi!
    De toutes les manières il y a toujours matière à se voir, se reconnaître, se tester, être mis à l’épreuve dans nos interactions avec les autres, pratiquer nos points forts, lutter contre nos points faibles, développer la tolérance, la compassion, l’humilité , l’écoute bienveillante, la générosité, la patience aussi.
    Sous le regard bienveillant de Celui qui veille à ne pas nous laisser choir pourvu qu’on ait l’attention et l’intention de chercher Son contentement.

  9. mike le 17 Avr 2017 à 23:40 9

    Le plus intéressant aussi est de s’analyser en fonction du comportement de ses propres enfants, parce qu’ils sont le miroir de leurs parents en société. Ils sont sincères et leurs comportements sont calqués sur le notre à la maison quand nous redevenons ‘nous mêmes’, détachés de notre rôle social. Il est vraiment intéressant de voir que parfois on est vraiment secoué, interloqué par des réactions ou attitudes qu’ils prennent alors que nous n’oserions pas le faire nous même. Chacun de nos enfants reproduit une partie de nos comportements sans qu’il comprenne forcément lui-même son attitude mais c’est comme cela, il y une transmission en partie génétique et de l’autre côté comportementale. Mon fils a un peu mon côté frimeur, m’as-tu-vu, une de mes filles, une espèce de détachement et nonchalance, l’autre plutôt la partie théâtrale de son père, etc. Heureusement les gènes sont brassés et ceux de la maman prennent le dessus sur certains de nos défauts familiaux sur plusieurs générations :))

  10. mike le 20 Avr 2017 à 23:09 10

    La plus grosse difficulté avec les ados c’est de pouvoir les éduquer sans leur faire la morale comme ils disent puisque c’est ce qu’ils nous reprochent le plus. Donc si on les voit comme un miroir, on doit s’analyser de la sorte et se mettre à leur place également. Quel est mon rôle de père, est ce que je dois rabâcher à longueur de journée certaines réflexions qui me semblent utiles à moi mais qui sont perçues comme des couperets répétés chez un ado ? C’est ce qui a toujours creusé le fossé entre les générations et pourtant sur certains points il faut résister dur comme fer et d’autres plus futiles, laisser couler. Donc c’est un dur labeur que de trouver comment les éduquer avec fermeté mais en douceur quand même et savoir nous même être encore un exemple. L’autre jour mon fils passait un examen et la prof lui demandait quel était son exemple pour la vie ; il a répondu ‘mon père’! elle en avait les larmes aux yeux… et moi aussi!
    Grâce aux paroles d’Ostad Elahi j’essaye de mettre en pratique ce qu’il conseille, comme par exemple ne pas enseigner aux autres ce qu’on a pas expérimenté soi même ; mais cela est très difficile et chaque fois que je déroge à cela, mon comportement passe pour un moralisateur. Heureusement que Dieu est clément et qu’il veille sur nous.

    1. cogitons le 23 Avr 2017 à 13:32 10.1

      « ne pas enseigner aux autres ce qu’on a pas expérimenté soi même ».
      Excellent principe, en principe, qui mérite tout de même qu’on y réfléchisse un peu pour éviter certains écueils.

      1) On peut tout à fait enseigner aux autres ce qu’on a pas expérimenté soi même. Par exemple : « mon chéri, évite de sauter par la fenêtre, à moins que tu ne te trouves au rez-de-chaussée ». Cette maxime n’exige pas, pour que l’on s’en fasse l’apôtre, d’avoir soi-même préalablement sauté du dixième. Il y a donc certaines évidences légitimement enseignables sans les avoir soi-même expérimentées.

      2) A contrario, ce n’est pas parce qu’on a expérimenté une chose que cela en fait soudain une vérité universelle. Il y aurait, à le penser, une prétention himalayenne doublée d’un simplisme lilliputien.

      Humilité, humilité.
      Voilà, me semble-t-il, la pierre de touche, à la fois si simple et si dure à atteindre, pour une horde de grenouilles se voulant naturellement boeufs.
      Relire souvent Lafontaine pour ne point se prendre pour un puits de sagesse.

      1. cogitons le 23 Avr 2017 à 15:05 10.1.1

        Donc, et pour conclure, il me semble que ce conseil conféré par Ostad Elahi est avant tout un appel à l’humilité doublé d’une charge contre la tartufferie (si répandue, entre autres, dans la prélaterie religieuse, et si bien moquée, en France, par ce cher Molière. Connaissant la finesse de l’esprit Perse, il y a très certainement de beaux équivalents dans le monde Persan).
        Je comprends donc ce conseil dans le sens suivant: « je ne me permets pas de conseiller à autrui ce que je ne pratique pas moi-même ».

      2. mike le 23 Avr 2017 à 23:17 10.1.2

        Oui c’est juste, dans la parole d’Ostad Elahi il faut effectivement comprendre expérimenté comme la finalité d’une mise en pratique sur le plan matériel et spirituel je pense… Pour votre exemple de sauter par la fenêtre, c’est aussi une expérimentation; vous avez certainement expérimenté beaucoup de fois des situations qui peuvent mettent votre vie ou santé en danger et vous tenez instinctivement à la vie donc avec l’âge vous adoptez finalement un comportement plus prudent, c’est une pratique.
        Dans la pratique in vivo, l’humilité est un bon curseur de pratique véridique et non imaginaire effectivement, parce que celui qui pratique réellement ne peut que rester humble devant la difficulté et nos propres capacités.

  11. A. le 23 Avr 2017 à 17:16 11

    Excellent commentaire. Vraiment. J’ai aussi 2 ados. Oui, il faut pratiquer et seulement après parler – de surcroît j’ajouterais que si l’on parle il faut choisir ses batailles. Il faut se focaliser sur les choses essentielles et délaisser les secondaires surtout dans une époque avec autant de risques pour les ados

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