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« Il faut penser à l’autre monde »

Par , le 19 Oct. 2014, dans la catégorie Articles - Imprimer ce document Imprimer
Mausolée Ostad Elahi

Il y a quarante ans, le 19 octobre 1974 à 11 heures du matin, Ostad Elahi quittait ce monde. Cependant, pour ceux qui connaissent les principes de son enseignement, ce jour n’a pas à être un jour de deuil : « On doit se réjouir pour ceux qui quittent ce monde, disait-il. Bien sûr, la douleur de la séparation fait partie de la nature humaine, mais il faut dominer sa nature. Tôt ou tard, nous les rejoindrons et nous nous retrouverons tous ensemble pour toujours. C’est donc une erreur de pleurer pour ces quelques jours de séparation alors qu’on sait qu’ils sont partis pour un monde meilleur. » (Paroles de Vérité, parole n°400) Cette date anniversaire nous offre ainsi l’occasion de méditer, à travers des extraits choisis de Paroles de Vérité, sur la relation de l’homme à l’autre monde, qui constitue l’axe de toute vie authentiquement spirituelle.

La foi en l’autre monde

« […] Toutes les grandes religions nous parlent de l’autre monde. Si on n’arrive pas à avoir de certitude sur cet autre monde, on peut du moins prendre le parti de la prudence de façon à ce que, s’il existe, on ne soit pas perdant. »

(Paroles de Vérité, parole n°11)

« Si quelqu’un, par la foi et la certitude, comprend les trois points suivants, cela lui suffit :

  • Il existe un Dieu.
  • L’âme est éternelle.
  • Il existe un autre monde et un Compte autre que le compte de ce monde. »

(Paroles de Vérité, parole n°64)

Ce monde et l’autre

« Il faut penser à l’autre monde. Dans ce monde, tout passe et prend fin : les chagrins comme les joies, les moments difficiles comme les moments heureux. L’essentiel, c’est l’autre monde. Il faut voir ce que nous y emporterons, car contrairement à ici, où tout est provisoire, là-bas, c’est la pérennité. Pensez donc plutôt à l’autre monde. […] »

(Paroles de Vérité, parole n°30)

« […] Mon but, c’est que vous sachiez avec certitude qu’il y a un monde autre que ce monde et un Compte autre que le compte d’ici-bas. Ces deux jours que nous passons dans ce monde ne doivent pas nous égarer, car quand nous irons dans l’autre monde, ce ne sont ni nos biens ni nos richesses qui pourront nous aider, mais les actes que nous aurons emportés avec nous. Tant que nous sommes dans ce monde, nous sommes condamnés à y vivre. Nous n’avons pas d’autre choix que de nous occuper de notre famille et des autres avec bienveillance. Si nous ne le faisons pas, nous aurons manqué à notre devoir, et nous serons considérés comme inutiles et négligents.

L’homme a le devoir de s’occuper de sa vie d’ici-bas aussi bien que de sa vie dans l’au-delà. Et il doit le faire par devoir, sans se laisser absorber. »

(Paroles de Vérité, parole n°466)

«  L’homme est dans ce monde comme un voyageur. Son train est sur le point de partir et il a déjà sifflé une fois. Celui qui n’a pas encore acheté son billet ni embarqué ses bagages doit le faire dans la précipitation et l’angoisse avant de monter dans le train. Mais celui qui a tout organisé à temps monte l’esprit tranquille et sans angoisse. Le viator doit être toujours prêt à partir. »

(Paroles de Vérité, parole n°279)

L’âme dans l’autre monde

« S’acquitter des fautes que l’on a commises dans ce monde est une aide et une faveur. Je plains ceux qui doivent s’acquitter [de leurs fautes] dans l’autre monde. Quelle que soit notre personnalité dans ce monde, quand on passe à l’état d’âme, on devient extrêmement délicat et sensible. Nos actes sont visibles aux autres âmes qui nous regardent avec un sourire de mépris. Dans l’autre monde, personne n’est insensible, l’âme est très délicate et un rien la blesse. Cette blessure de l’âme est vraiment terrible. Combien de fois j’ai demandé à Dieu de me brûler des milliers d’années en ce monde plutôt que de me châtier une seule minute là-bas ! Il n’y a pas de félicité plus grande que de s’acquitter de toutes ses fautes dans ce monde. Qu’on soit malade, handicapé, pauvre, malheureux,… ce monde est passager. L’autre monde, lui, ne passe pas. »

(Paroles de Vérité, parole n°135)

« Un grand théologien et son fils s’étaient promis que celui qui mourrait en premier reviendrait informer l’autre de ce qui se passe dans l’autre monde. Le père mourut le premier. Quelque temps plus tard, il apparut en rêve à son fils et lui raconta : “Quand je suis arrivé là-bas, je croyais avoir beaucoup de provisions spirituelles car j’avais beaucoup œuvré à la diffusion de la foi. Mais j’ai vu qu’en fait, je n’avais rien. On m’a demandé : “Qu’est-ce que tu as apporté avec toi ?” J’ai répondu que j’avais incité les gens à appliquer les prescriptions divines et à éviter les interdits, que j’avais beaucoup prié, que j’avais guidé un grand nombre de personnes… On m’a répondu qu’en échange de tout cela, on m’avait donné dans ce monde la considération, des disciples, le confort et la réussite matérielle. Bref, pour tout ce que j’avais fait, j’avais reçu quelque chose en échange dans le monde terrestre. J’en suis resté honteux et confus… On m’a dit : “Tu as une provision qui est plus importante que tout cela, un acte pour lequel tu n’as rien attendu en échange. Un jour d’hiver glacial, tu rentrais de la mosquée quand tu as aperçu dans la neige et le vent un chat qui, pour échapper au froid et à la cruauté des enfants, s’était réfugié dans une canalisation. Il était entre la vie et la mort. Et toi, sans craindre de déroger à ton statut, sans penser que tu étais un Monsieur important, tu as pris ce chat sous ta cape[1], tu l’as emmené chez toi, tu l’as réchauffé contre ton poêle[2], tu l’as nourri et tu l’as ramené à la vie avant de le laisser repartir. Tout cela, sans en parler à personne. Comme tu as accompli cet acte sans ostentation et que tu n’as rien attendu en échange, il t’est resté, et c’est cet acte qui va te sauver.” »

(Paroles de Vérité, parole n°256)


1. Il s’agit du abâ, la cape traditionnellement portée par les théologiens (mollâh) chiites. (N.d.T.)

2. En persan korsi, table basse carrée sous laquelle on met un petit foyer de chaleur (braises par le passé et petit poêle électrique de nos jours) et que l’on recouvre d’un édredon. On s’assoit sous cet édredon, autour de la table, afin de se tenir chaud en hiver. Le théologien a installé le chat sous l’édredon du korsi. (N.d.T.)


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10 commentaires

  1. Wilhelm le 19 Oct 2014 à 5:41 1

    Parfois ce monde est tellement pesant que l’on se sent particulièrement attiré par l’Autre Monde.

    Puis on souvient qu’il faut attendre que son heure vienne et faire ses devoirs pour préparer cet Autre Monde.

    Il est ainsi des jours où la langueur du Bien-Aimé spirituel est bien lourde à porter et on aimerait tant être près de Lui pour de bon…

  2. Lily22 le 19 Oct 2014 à 10:56 2

    Merci pour cette parole rappelée, surtout aujourd’hui – j’ai perdu une amie très chère il y a quelques jours, d’une grave maladie, et les mots du billet me font du bien… ils me rappellent l’essentiel, que nous ne mourrons pas, et que toute séparation est provisoire…
    Merci

  3. Rb le 20 Oct 2014 à 11:31 3

    Merci pour ce billet qui nous permet de mettre notre vie dans ce monde en perspective et de relativiser nos tracas de la vie quotidienne.

  4. MH le 20 Oct 2014 à 17:54 4

    J’aime beaucoup la parole du grand théologien et du petit chat… (la 256): elle rappelle qu’en faisant du bien à un plus petit que soi, sans ostentation et sans rien en attendre, est bien plus « méritant » que le contraire!!!

  5. juliette le 22 Oct 2014 à 13:48 5

    Merci pour ces paroles qui non seulement sont réconfortantes et répondent à ces questions existentielles que chacun se pose, mais donnent un axe de comportement imparable et un but de travail au quotidien. La spiritualité naturelle.

  6. Joseph Locanda le 29 Oct 2014 à 6:07 6

    Il faut surtout repenser le monde…dans lequel nous vivons. Si la douleur fait partie de la nature humaine, elle est d’autant plus forte que l’on est ancré dans ce monde. Penser a l’autre monde c’est tout simplement comprendre le monde tel qu’il est réellement et nous aider a comprendre que la mort n’est qu’une étape dans ce monde. Que la vie continue, la vie de l’âme, sous une forme plus légère. Et comme nous préparons notre avenir sur cette terre tout au long de notre vie terrestre, il convient de préparer la suite aussi pour aborder la vie dans l’autre monde dans de bonnes conditions.

    1. Ms le 07 Oct 2015 à 23:17 6.1

      Je suis tout à fait d’accord !Bien que difficile, il est primordial de constamment prendre du recul sur les événements de ce monde en ayant à l’esprit l’autre monde. On aborde les choses différemment, avec une vision plus juste et surtout nos objectifs ne se limitent pas à des attentes purement matérielles et éphémères !

  7. alen le 03 Nov 2014 à 22:59 7

    Ce moment ou nous rejoindrons l’autre monde me parait bien lointain; notre vie est à la fois longue et intense finalement.

    Quand on se concentre un peu sur ces paroles on se rend compte que chaque minute compte et que tous ces moments passés ici doivent absolument mettre mis à profit pour se préparer à notre vie là-bas. La vie a beau être longue, notre temps est vraiment compté.

    Ostad nous invite à penser à l’autre monde, c’est une bonne manière je trouve de pratiquer l’attention permanente.

  8. h.fldgr le 23 Mar 2015 à 2:06 8

    Merci pour cette parole. On se rend compte réellement qu’on est éphémère dans ce monde et qu’il est essentiel et urgent qu’on se mette à pratiquer de manière sincère et régulière les principes et divins justes.

  9. Ms le 07 Oct 2015 à 23:11 9

    La parole 64 de Paroles de Vérité m’interpelle particulièrement. Elle est concise, claire sur les trois conditions à comprendre par l’homme et je trouve l’expression « cela lui suffit » très touchante.
    Il est vrai que souvent l’être humain est tracassé voire complètement déstabilisé par ce qui lui arrive parce qu’il ne comprend pas, que les choses ne se passent pas « comme prévu », etc. Relire cette maxime très parlante et se souvenir de l’autre monde permet de relativiser tout ce qui nous arrive et je dirais même que c’est primordial de le faire, y compris lorsque les choses semblent aller. J’aimerais beaucoup avoir cet automatisme.
    Je constate que lorsque j’estime être « victime d’un échec », c’est parce que j’ai la tête dans le guidon et que je ne vois pas plus loin que le bout de mon nez. En réalité, en prenant du recul, en me rappelant que seul l’effort compte, je ne devrais pas avoir de raison d’être mal. A partir du moment où j’ai ce qu’il fallait faire, en ayant dans l’esprit l’autre monde et donc la volonté de bien faire pour cette vie dans l’autre monde alors les petits changements de situations / imprévus de ce monde constituent des non-événements.
    Bien évidemment, la pratique est tout autre chose. Toutefois, se répéter cela (idéalement, en vue d’en avoir « la foi » et « la certitude ») aide beaucoup et apaise.

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