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Abdennour Bidar : la crise du sacré

Entretien avec Abdennour Bidar, professeur de philosophie en classes préparatoires, écrivain.

Que faire lorsque Dieu ne parle plus, si personne n’a le droit de parler à sa place ? Comment continuer à nourrir néanmoins le projet de donner un sens spirituel à l’existence humaine, dans un rapport à la fois constructif et critique au religieux ? Auteur d’Un Islam pour notre temps (Seuil, 2004) et de Self-Islam (Seuil, 2006), Abdennour Bidar livre ici de manière profonde et directe son sentiment sur la possibilité de vivre la « crise du sacré » de manière positive, par delà les divisions héritées entre Orient et Occident, religion instituée et spiritualité personnelle. On y retrouve certains des thèmes développés dans son tout dernier livre : Un Islam sans soumission (Albin Michel, 2008)


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16 commentaires

  1. Domido le 11 Nov 2008 à 22:17 1

    J’ai été très touchée par la clarté des propos et l’ouverture d’esprit de Monsieur BIDAR.
    Les concepts fondamentaux qu’il présente ont été pour moi accessibles et vivants.
    Ce ne sont pas que des points théoriques ou fumeux. Il parle clair, avec audace, mais sans violence, avec beaucoup de pondération et d’intelligence, sans prêcher ; j’ai trouvé sa réflexion originale, actuelle, dynamique et courageuse.
    De plus, cet entretien est crédible parce que Mr BIDAR vit sa foi : son expérience intime rend ses propositions bien plus réelles.
    Quelle belle surprise d’entendre parler de spiritualité et de foi avec autant de naturel et de simplicité !
    Une vraie bouffée d’oxygène loin des fanatismes ou de l’indifférence ambiante.

  2. lili le 13 Nov 2008 à 20:32 2

    Pour connaître Dieu, nous devons le chercher à l’intérieur de nous-même ! Je me suis longtemps demandée qu’est ce que cela voulais dire concrètement?
    Je pense que l’analyse très intéressante que A. Bidar a faite concernant l’histoire de la relation spirituelle de Dieu avec l’homme, m’a clarifié cette phrase.
    Souvent pour mieux connaître une personne, on s’intéresse à son histoire de vie, à son passé, à sa relation avec les autres et avec nous-même. Il a eu la sincérité de le faire. La sincérité est essentielle pour mettre de côté ses préjugées.

  3. Nevada le 24 Nov 2008 à 8:27 3

    Je trouve bluffante sa description de « l’attention ».

  4. Amelie le 28 Nov 2008 à 0:15 4

    Un grand merci pour cette interview très enrichissante et éclairante que j’ai « savourée » comme Abdennour Bidar « savoure sa situation intérieure d’attention à Dieu » : quelle belle phrase et surtout quelle chance il a de vivre cette relation quasi permanente à Dieu !!
    merci donc pour ces propos très profonds dit avec une grande simplicité, qui donnent envie de lire ses livres.
    question : si les maitres appartiennent au passé, et bientôt les religions, QUI dans nos sociétés modernes donnera à chacun « de ressentir cette dimension spirituelle en lui » ??
    merci

  5. Cogitons le 29 Nov 2008 à 19:34 5

    Merci pour ce témoignage de valeur.
    Que dire en opposition à cette démarche? Elles est personnelle, intime, réfléchie, humble mais profonde, sincère, libre, tolérante, etc. La spiritualité comme on l’aime.
    Reste à définir ce qu’est la « dimension spirituelle » que la société éthique doit aider à éveiller en l’homme, et qu’est-ce c’est qu’être « humain » en opposition à être « adulte » au sens de « responsable ». Dieu est-il nécessaire à la connaissance de soi, à l’auto-sculpture de l’âme? Et se connaître soi, est-ce nécessairement connaître (ou reconnaître) Dieu? Et quel Dieu? Questions pour un prochain entretien?

  6. Luce le 30 Nov 2008 à 13:47 6

    Bonjour, votre témoignage suscite en moi une question.

    Lorsque j’arrive à réorienter mon regard, ma pensée ou mes actions de façon à tendre vers un véritable être humain, alors dans ces moments, je me sens proche de Dieu. Et le reste du temps, c’est à dire la plupart du temps, je me sens complètement absorbée par la matérialité de la vie, des événements…

    J’admire cette facilité avec laquelle vous réussissez à développer une attention intérieure qui fait que vous ne dissociez plus votre « vie intérieure » de votre « vie extérieure » (si je peux me permettre de résumer ainsi).

    Pensez-vous que cela vient du fait que vous consacrez votre temps et votre vie à l’enseignement de la philosophie et à l’étude de textes sacrés ?

  7. JB le 30 Nov 2008 à 15:57 7

    « Dieu est-il nécessaire à la connaissance de soi, à l’auto-sculpture de l’âme? Et se connaître soi, est-ce nécessairement connaître (ou reconnaître) Dieu? Et quel Dieu? ».
    Soulever la montagne ou tenter de répondre à ces trois questions, allez soyons fou.
    C’est difficile de sculpter l’âme, cela demande beaucoup d’énergie, de cette énergie particulière contenu au même titre que tout ce qui constitue, cette formidable explosion le « Big Bang ».
    Son mouvement dure encore.
    Pour ma part, j’obtiens cette énergie en premier lieu en orientant mon intention (pour faire simple).
    Je considère qu’il est nécessaire de m’adresser à Dieu étant donné que toutes les qualités dites humaines ne le sont que partiellement en l’homme, en Dieu par définition c’est complet.
    Si je rempli ma cruche de l’eau du ruisseau et que j’en renouvelle le contenu je deviens le ruisseau.
    Quel Ruisseau? Qu’importe! Gouttons d’abords cette eau fraiche.

  8. KLR le 03 Déc 2008 à 23:59 8

    J’ai beaucoup apprécié votre témoignage, il m’a semblé qu’il m’apportait un message essentiel: il faut se prendre en main spirituellement, de façon individuelle. J’ai un peu tendance à me dire que si je suis faible, Dieu dans sa clémence me sauvera. Mais ce raisonnement n’est pas forcément moteur ! Votre entretien m’a motivé car vous faites preuve d’une telle détermination et d’une telle foi…De tout coeur merci.

  9. Bolo le 12 Déc 2008 à 13:06 9

    @cogitons

    « Dieu est-il nécessaire à la connaissance de soi et à l’auto-sculpture de l’âme? »

    Comme le concept du « point » est nécessaire à la Géométrie, et par delà, à toute construction architecturale,
    on peut penser de la même manière qu’un « point de convergence transcendental » serait nécessaire à la construction d’une démarche humaniste, libre, et donc « spirituelle » de notre conscience. ( on peut remplacer les termes par Dieu et âme) .
    Certains se suffisent du hasard et de la nature, des règles de survie et de l’évolution, pour expliquer cet éveil de la conscience vers un idéal éthique. En théorie, pourquoi pas ?

    Dans les actes, on s’aperçoit pourtant qu’il est plus facile d’appliquer certains actes éthiques quand ils sont reliés à une trancendance.
    Comment par exemple pratiquer la vertu de générosité face à l’ingratitude des autres, toute une vie, sans laisser tomber en disant « trop bon, trop con », sans avoir au préalable intégré la notion de ne rien attendre en échange et de s’appuyer sur un Dieu pour résister à nos pulsions de tout arrêter ?

    D’une manière générale, est -il possible de surmonter et dompter ses pulsions, sans les transformer en frustrations, si on ne le fait pas pour un idéal et une promesse plus élevée , à l’extérieur de nous -même ?
    Même en étant croyant, ça frise l’impossible, on en a même les effets pervers tous les jours à travers le dogme des religions.
    Sans ce « décentrage » vers une trancendance, peut-on réellement devenir un être « responsable  » ?
    responsable de quoi d’ailleurs ? et envers qui ?
    80% des rescapés d’Auschwitz étaient croyants, et souvent les destins remarquables de certains humanistes dévoués aux autres, sont reliés à leur foi.

    Ca ne suffit pas pour en faire une preuve de la nécessité de la transcendance bien sur, et il y a probablement des destins admirables méconnus, fondés sur le don de soi, sans référence à un Dieu .

    La vérité est peut être, comme le laisse entendre l’auteur, que croire ou pas n’a rien avoir avec une discussion
    intellectuelle, mais c’est plutôt un interrupteur qui se met en marche dans notre cerveau, à un moment donné de notre vie, et qui laisse entrevoir le monde sous un autre angle .
    Et si on se contente d’en faire une conviction intime et personnelle, c’est à dire sans vouloir l’imposer à l’extérieur, alors on apprend à connaitre « Dieu » à travers soi …

    Et la vérité scientifique dans tout ça ?

    who cares ?

  10. Cogitons le 12 Déc 2008 à 16:23 10

    @Bolo:
    – Vous dites “un point de convergence transcendental serait nécessaire à la construction d’une démarche humaniste, libre, et donc “spirituelle” de notre conscience.”
    1) Qu’entendez-vous pas “un point de convergence transcendentale”?
    2) Vous définissez donc une démarche spirituelle comme “humaniste et libre”. On peut être humaniste et libre en étant un athée matérialiste. OK, mais il faut se mettre d’accord sur la définition d’une “démarche spirituelle”.
    – Vous dites: “Dans les actes, on s’aperçoit pourtant qu’il est plus facile d’appliquer certains actes éthiques quand ils sont reliés à une trancendance.”
    C’est qui , ce “on” qui “s’aperçoit”? Vous? Je vous crois sur parole, mais il vaut mieux éviter de généraliser sa propre expérience. Existe-t-il des données statistiques, psychologiques et/ou médicales sur cette question? Ce serait très intéressant.
    – Vous dites: “D’une manière générale, est -il possible de surmonter et dompter ses pulsions, sans les transformer en frustrations, si on ne le fait pas pour un idéal et une promesse plus élevée , à l’extérieur de nous -même ?”
    Ben oui. A ma connaissance, la Suède, qui est une des sociétés les plus laïques du monde, n’est pas à feu et à sang ni en pleine décadence. C’est au contraire une des sociétés les plus pacifiques et humaines du monde. Je ne suis pas du tout certain que le degré de foi et la capacité à dompter ses pulsions soient très bien corrélés. Cela demanderait étude. Je ne crois pas du tout à la maxime hypothétique: “dis moi ce en quoi tu crois, et je te dirais qui tu es”. Vous notez d’ailleurs très justement les “effets pervers”, qui pour moi, s’étendent à ce que peut produire la réalité de l’homme, avec ses inévitables faiblesse et défauts, lorsqu’elle est confrontée à une ambition de perfection personnelle et de hauteur spirituelle. L’hypocrisie, le jugement et le mensonge ne sont jamais très loin: hypocrisie et jugement envers les autres et mensonge envers soi-même. N’est pas un Saint qui veut. C’est d’ailleurs l’humilité et le réalisme d’Abdennour Bidar qui sauvent, à mon avis, sa démarche. Plus j’y pense, plus, pour moi, l’humilité doit être le fondement de toute démarche spirituelle (religieuse ou athée, si l’on s’en tient à votre définition). Et plus j’y pense, moins la foi est un don, plus elle est un choix.
    – Quant à la foi après Auschwitz (d’où tenez-vous ces statistiques?), il faudrait voir, d’abord, quelle était la foi des malheureux qui y sont entrés, sachant que le fait qu’ils l’aient éventuellement gardé (ou trouvée) ne montre rien. Certains l’ont d’ailleurs perdue (j’en ai rencontré). Bref, cela n’indique pas grand-chose, dans un sens ou dans l’autre.
    – Vous dites: “Et la vérité scientifique dans tout ça ? who cares ?”
    Moi (je ne suis pas le seul, et je ne vais pas réexpliquer pourquoi).

    Comprenez-moi, je ne cherche pas à contredire vos propos par principe, mais il me semble important d’examiner à l’aulne de la raison nos propres concepts et nos certitudes, afin de se rendre compte de la solidité “objective” de ce que l’on avance, de distinguer la raison et la croyance. Par exemple, vous pouvez dire, “mon expérience est que, grâce à ma foi, et en suivant l’exemple d’Ostad Elahi (par exemple) j’ai réussi à devenir un peu moins égoïste”. Rien à dire là-dessus. Donnez-nous les détails, ça peut être intéressant et utile.
    Mais il faut se méfier de pondre des généralisations à partir de nos propres expériences, de les “universaliser”. Car je pourrais aussi bien trouver un contradicteur tout aussi sincère qui dira: “depuis que je ne crois plus en Dieu, je me sens plus humain, plus aimant envers mon prochain, et j’ai bien plus de compassion pour la condition humaine”.
    Merci, quoi qu’il en soit, pour cet échange.

  11. KLM le 13 Déc 2008 à 5:22 11

    @ cogitons & Bolo

    La généralisation des expériences est certainement un domaine duquel il faut bien se garder. Tout comme croire qu’une démarche parcequ’elle incorpore une notion de transcendance peut etre « sauver par l’humilité et le réalisme » de son auteur.
    Petit mémo politique, la séparation de l’Etat suedois et l’église luthérienne date de 2000 ce qui n’empèche son roi de préter serment devant l’Eglise. Il n’ y a « pour moi » (avis aux âmes plus éclairées) aujourd’hui (aprés les dernières elections legislatives turques de 2007) que la France qui ne soit aujourd’hui une démocratie purement laique.
    Pour revenir au propos d’Abdennour Bidar d’aprés mon interprétation, il ne s’inscrit pas dans « une ambition personnelle de perfectionnement spirituel » au sens mercantile du terme mais bien dans une volonté de perfectionnement dont seul le divin est moteur et c’est en cela que je rejoins Cogitons, la foi est un choix qui plus est un choix moteur. Quand à la distinction entre raison et croyance elle est pour moi inexistante en ce qui concerne la foi elle se résume selon moi à une simple question de cylindrée « Pourquoi parcourir un quelconque perfectionnement en 2 CV alors que je dispose d’une Ferrari ».

  12. BOLO le 13 Déc 2008 à 11:35 12

    @cogitons
    Merci encore de ces joutes verbales qui, à défaut de changer le monde, permettent au moins d’en affiner sa propre vision.
    Puisque cet espace est dédié à ça, je vais d’abord répondre en précisant d’emblée que, n’étant ni directeur de l’INSEE, ni président de l’OMS, donc dans l’impossibilité de prouver statistiquement mes affirmations, ce que vous dénommez mes généralisations, ne sont bien sûr qu’issues de ma propre expérience, ainsi que des observations des personnes ( nombreuses) qui m’entourent et que je côtoie.
    C’est bien comme cela que je conçois ce blog. Un lieu d’échange de point de vue, et éventuellement de partage.
    Je vais donc répondre point par point à vos remarques.
    1) « un point de convergence transcendental » en référence au point géométrique imagé plus tôt, la source, le début, Dieu … etc…

    2) « la démarche spirituelle » La vaste question de qu’est-ce que nous faisons ici sur terre …Je ne peux encore une fois que résumer maladroitement cette vaste question en citant la vision d’Ostad Elahi qui est, de ce que j’en ai compris, l’explication qui me touche le plus :
    Nous sommes des consciences vierges créées par la « source ». La même source qui à créé le big bang et ce qui suit. Après un long processus de perfectionnement (d’évolution Darwinienne) un animal-humain apparaît, et c’est à ce moment là que s’opère la fusion entre l’âme vierge et son corps/psyché hôte. Nous sommes à ce moment-là, au point le plus éloigné de la source. Le but du jeu est maintenant, à la manière des saumons, de remonter jusqu’à la source, avec comme handicap ces pulsions animales qui nous plombent le travail, mais qui paradoxalement nous font comprendre la saveur de la lutte, comme on ne peux comprendre le chaud que si l’on a connu le froid. Le lot final, après plusieurs cycles de vies, est une place définitive et éveillée, plus ou moins près de la source en fonction de ses efforts. « S’humaniser » veux donc bien dire, dans cette vision, développer en soi tous les traits de caractères inexistants dans la nature mais dont nous sommes nantis « potentiellement », c a d l’altruisme, la générosité, le don de soi, etc… et contrecarrer toutes les pulsions illégitimes du « ça » Freudien héritées de notre part animale. C’est la que le travail éthique prend tout son sens. C’est là aussi que la raison et le bon sens ne sont pas optionnels.

    3) Je pose la question : « est -il possible de surmonter et dompter ses pulsions, sans les transformer en frustrations, si on ne le fait pas pour un idéal et une promesse plus élevée, à l’extérieur de nous-même ?
    Vous me répondez « la Suède ». Quoi la Suède ? qu’est-ce que la Suède a à faire la-dedans ? Y a pas d’adultères en Suède ? Pas de mensonges, de jalousie, de bassesses ? Puisque vous aimez les données statistiques validées, sachez que l’INSEE a classé la Suède comme le pays au plus fort taux de criminalité en Europe, avec un taux de 132 pour 1000 habitants, loin devant l’Angleterre, 2ème avec 90, la France fait 62. En ce qui concerne les taux de suicides, d’après l’OMS, ils sont dans une moyenne élevée, quoique quasi identiques à la France, moitié moins que les pays d’Europe de l’est, (qui après 4O ans de communisme, n’ont pas eu d’éducation spirituelle), mais 2 fois plus que les pays musulmans.
    Que disent ces chiffres ?
    Rien.
    Rien du tout.
    Car du fin fond de la Papouasie, jusqu’à chez les inuits canadiens, en passant par Tombouctou et Charleville-Mézières, y aura toujours quelqu’un qui voudra toucher les fesses de la femme de son meilleur ami, vider le frigo de sa voisine ou lécher les bottes de son chef de service, comme il y aura des gens justes, même chez les cavaliers Janjawid au Darfour, dans les familles des narcotrafiquants ou dans les grottes d’Afghanistan.
    Le travail spirituel, comme je le disais en fin de réponse, est pour moi un travail individuel. Et je vous rejoins au moins sur un point à propos de l’humilité, qui est bien sûr fondamentale dans ce parcours.
    L’humilité et le travail individuel sont pour moi la réponse à l’hypocrisie, le jugement et le mensonge.

    4) Avoir la foi n’est pas synonyme de vertu. C ‘est plutôt même une responsabilité.
    Que font de leur foi les intégristes de toute sorte ? la foi sans la raison peut être un poison. Il n’empêche que, en désaccord avec vous, la foi n’est pas un choix, pour moi, mais bel et bien une « potentialité » activée à notre insu, et qu’il convient d’utiliser avec toute le discernement possible. Car d’une grâce, elle peut devenir un fléau.

    5) Je n’ai pas retrouvé ( encore ) mes sources à propos d’Auschwitz. Mais d’après mes discussions avec un ami juif, c’est même plutôt 90%. Ce que je veux souligner, c’est que, devant l’indicible, les croyants ont profité d’une éducation soulignant une vie après la mort, ou même juste une peur du suicide comme péché suprême, qui leur ont permis de tenir, alors que les personnes sans perspectives ont subi l’horreur sans échappatoire possible….
    Et que ceux qui avaient la foi l’aient perdue après n’y change rien….(Primo Levi a perdu la foi, mais il s’est suicidé aussi…)

    6) Finissons avec la science.
    Ma réplique était assurément une boutade provocatrice, mais…. Si la foi est pour la science, ce qu’est l’effet placébo pour la médecine, pourquoi ne pourrait-on pas l’intégrer et l’étudier au moins au même niveau ?

    Science & vie convenait, il y a quelque temps, que les gens pratiquant une religion augmentaient leur espérance de vie de 29% ( mode de vie, moins de stress face à la mort , etc …). La même revue a consacré une première page à la découverte du gène de la croyance. Notre habilité à croire est donc activée par des gènes. Et de conclure en disant donc que l’homme n’a donc pas fini de croire à toutes sortes d’inepties, telles que l’astrologie, la voyance, les marabouts, Dieu, etc… Personne n’a souligné l’hypothèse que s’il existe un Dieu créateur, il aurait pu doter ses créatures d’un gène permettant d’activer un moyen de le reconnaître ?

    La science, toute occupée quelle est à la nécessaire tâche de combattre la superstition et l’ignorance, ne peut nourrir en son sein, des études permettant de réfléchir sérieusement aux hypothèses de leurs ennemis ancestraux.
    Il ne peut y avoir que des francs tireurs, dans un premier temps pour investiguer.
    Et malgré un sincère effort de rigueur, rationalité, et de précaution, ne peut-on pas affirmer que la science, dans son arrogance de monopole mérité sur l’explication du fonctionnement de la nature, s’abroge le droit d’être juge et partie ?
    J’adore la science quand elle décrit avec précision la trajectoire parfaite de l’arbre tombant sur ma voiture.
    Je la vénèrerai quand elle me décrira avec autant d’acuité pourquoi il tombe sur MA voiture et pas sur celle du voisin.

    Bien amicalement

  13. merlin 06 le 14 Déc 2008 à 11:53 13

    Je ne suis pas musulman, mais je sais que Dieu parle à sa création de toutes les manieres possibles et cela sans arret, a travers la nature elle même, par l’intermediaire de signes , de reves…. que doit faire un etre qui ne l’entends pas lorsque Dieu lui parle, en premier ouvrir son coeur se rendre pur et pret pour l’entendement et ensuite ouvrir ses oerilles car le message n’est pas toujours agréable à entendre. Le coeur et les oreilles fermées sont les signes identifiant les fanatiques de tout bord qui erigent leur conceptions propres en dogme.

    Pour moi Dieu est comme un diamant, les facettes sont les differntes religions et l’interpretation des hommes, on ne peut retirer une facette du diamant cde serait le detruire, mais aucune facette n’est le diamant. J’espere ne pas vous avoir choqué

  14. Livia le 19 Jan 2009 à 19:38 14

    Merci pour cette entretient profonde, éclairante et touchante.
    Il est beau d’entendre que les aspects fondamentaux des religions sont toujours les mêmes, ils ne changent pas dans le temps où dans les Pays.
    je ne suis pas française et je ne connais pas Mr Bidar; en effet, s’il n’avait pas dit d’être musulman je ne l’aurais pas deviné parce que je ne vois aucune différence entre ce qu’il a dit ici et le « noyau dur » de toutes religions véritables.

  15. Anna le 26 Jan 2009 à 20:03 15

    D’accord avec le message de Merlin 06 et l’image du diamant.
    Comme lui je ne suis pas musulmane …ni quoi que soit d’autre en religion mais la quête spirituelle (appelons cette ouverture comme cela pour faire court) est essentielle dans ma vie qu’elle imprègne de façon concrète (bien que discrète car j’en parle rarement ). C’est une qualité d’ attention particulière qui s’installe et les choses de la vie quotidienne ont une résonnance et une dimension qui ne s’arrêtent plus à celle du « ras-des-pâquerettes », sans pour autant la gommer, car elle a, elle-aussi, son importance.

    J’aimerais dire à Monsieur Bidar combien j’ai apprécié Self Islam. Son parcours, aussi difficile qu’il soit, l’a magnifiquement aidé à trouver et à construire la voie pour laquelle il est manifestement fait. Je le remercie vivement d’avoir bien voulu partager son expérience avec ses lecteurs.
    Je lui envie cette mère qui lui a si intelligemment fait découvrir Ibn Aràbi dès le plus jeune âge. Pour ma part, j’ai lu le scheik-al-akbar pour la première fois il y a plus d’une dizaine d’années et je n’ai jamais arrêté depuis de parcourir ses écrits (merci aux traducteurs)et ceux des nombreux soufis depuis l’ère « où le terme soufi n’était pas encore utilisé ». Pour moi, c’est manifestement ce langage là qui parle directement au coeur et qui m’est familier, pour un autre ce sera tout autre chose.
    J’ai entrepris la lecture de « l’Islam sans soumission » (j’ai terminé les deux premiers chapitres) et j’avoue être souvent perplexe…non seulement face aux postulats défendus mais surtout à la manière dont ils sont proposés (pour ne pas dire parfois imposés…) Mais je ne veux pas continuer ce commentaire avant d’avoir terminé le livre et j’espère avoir l’occasion de dialoguer avec Mr. Bidart sur ce sujet.
    Si d’autres ont lu ce livre, je serais très heureuse de connaître leurs commentaires. Cela enrichirait certainement ma lecture.

    Merci d’avance et à bientôt

  16. radegonde le 30 Juil 2011 à 21:25 16

    je suis sûre comme M.BIDAR qu’un être humain est autre chose qu’un être de consommation  » qu’il a quelque chose en soi à sculpter, quelque chose qui attend ». Pour y arriver, je ne vois que le programme quotidien que l’on se donne pour contenir ce SOI envahissant et parler à sa propre âme..

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