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Quelques réflexions sur la valeur du monde

Par , le 20 Mar. 2009, dans la catégorie Articles - Imprimer ce document Imprimer
Oeil avec la Terre

Comme en témoigne nombre de pensées de la sagesse, celle-ci ne saurait être atteinte sans un effort permanent pour voir la juste valeur de chaque chose. Mais le mot « valeur » revêt en réalité un double-sens : c’est à la fois la valeur intrinsèque de chaque chose et la valeur que, subjectivement, on lui accorde. « Donner sa juste place aux valeurs du monde » consiste donc à le dépouiller de ses valeurs illusoires pour en saisir la vraie et profonde valeur. Il s’agit de convertir le regard pour avancer dans la connaissance des vérités et, ce faisant, acquérir la sérénité propre à la sagesse.

Le monde comme non-valeur

Si, ainsi que la définit le Petit Robert, la valeur est le « caractère mesurable (d’un objet) en tant que susceptible d’être échangé, d’être désiré », alors toute action humaine dépend en réalité de la valeur que nous accordons aux choses, du désir que nous entretenons avec elles. Le sens que nous donnons à la vie, au pourquoi de notre existence sur terre détermine et entretient la valeur que nous accordons à la vie elle-même et à tout ce qui la constitue d’un point de vue matériel ou spirituel.

Réfléchir sur la question des « valeurs » est donc une activité éminemment philosophique si l’on entend par philosophie non pas une activité purement spéculative mais un engagement personnel et éthique, voire, selon l’expression de Pierre Hadot, un « exercice spirituel » (cf. Qu’est-ce que la philosophie antique ? , en particulier le dernier chapitre, « Questions et perspectives », p. 408-424. Et aussi, Exercices spirituels et philosophie antique). Pour se situer et se diriger dans la vie, il est donc essentiel de savoir distinctement quelle valeur nous accordons aux choses mais aussi d’agir en fonction de ces valeurs. Ce que Pierre Hadot explique dans ses deux ouvrages de référence sur la philosophie antique, c’est que, contrairement à une pratique récente de la philosophie, la sagesse antique était avant tout une pratique à caractère spirituel et par voie de conséquence une réflexion approfondie sur la place qu’il convient de donner aux valeurs du monde, suivie d’un mode de vie en accord avec les conclusions de cette réflexion. Il soutient aussi avec vigueur l’idée que ces philosophies restent encore vivaces et utiles pour le cheminement spirituel si elles sont saisies dans leur essence véritable. Ce n’est pas le lieu ici de redéployer l’ensemble de son argumentation et d’exposer les distinctions entre les diverses écoles qui ont marqué de leur empreinte l’histoire de la philosophie antique (platonisme, stoïcisme, épicurisme etc.). En revanche, ce qu’il convient de retenir pour notre propos est que le point de convergence entre ces différentes écoles est une attitude de recul par rapport au monde. Par « monde », on entend ici à la fois les événements tels qu’ils adviennent indépendamment de la volonté de chacun, mais aussi les désirs et les pulsions du corps par opposition aux désirs éthiques de l’âme. Ainsi, selon Marc Aurèle :

Rien n’est mieux capable de produire la grandeur d’âme que de pouvoir examiner avec méthode et vérité chacun des objets qui se présentent à nous dans la vie et de le voir toujours de telle manière que l’on ait toujours en même temps présentes à l’esprit les questions suivantes : « Quel est cet univers ? Pour un tel univers, quelle est l’utilité de l’objet qui se présente ? Quelle valeur a-t-il par rapport au Tout et par rapport à l’homme ? (Cité par Hadot, ES, p. 151)

Cela signifie que pour prendre une distance personnelle par rapport à ce qui advient, il convient de penser chaque chose comme un élément du grand système de l’univers et non pas comme une chose qui me plaît ou me déplaît à moi. D’où l’insistance accordée, dans la philosophie antique, à la connaissance des lois naturelles et la méditation de la perfection du monde. En même temps, au niveau individuel, le philosophe (celui qui tend à la sagesse et à la perfection de son âme) doit sans cesse se remémorer que tous les désirs et les plaisirs matériels n’ont aucune valeur réelle et intrinsèque dans la mesure où ils sont éphémères, voire dans la tradition stoïcienne, source de dégoût :

Ce mets recherché, ce n’est que du cadavre de poisson ou d’oiseau ou de porc, ce Falerne, du jus de raisin, cette pourpre, du poil de brebis mouillé du sang d’un coquillage, l’union des sexes, un frottement du ventre avec éjaculation, dans un spasme, d’un liquide gluant. (Cité par Hadot, ES, p. 145 )

L’idée exprimée ici avec des images très fortes est qu’il convient de considérer les choses matérielles qui nous attirent et nous occupent l’esprit dans leur réalité nue : l’appétit pour la nourriture, le désir de gloire et de richesse (représenté par la pourpre, tissus royal par excellence) ou l’amour comme passion charnelle, toutes ces choses qui nous paraissent belles et désirables doivent être ramenées à leur juste valeur par une méditation sur la réalité des choses matérielles. Hadot explique clairement que depuis le platonisme, la philosophie antique était fondée sur ce genre « d’exercice » spirituel qui permettait à l’aspirant philosophe de se détacher de ses propres désirs et des illusions matérielles. Les maximes de Marc Aurèle avaient d’ailleurs une fonction de « méditation pratique », c’est-à-dire qu’à chaque fois que le disciple était confronté à un désir ou une passion matérielle, il devait se mettre à distance par autosuggestion, en se souvenant de la valeur réelle des choses de ce monde. Ce genre d’exercice sera d’ailleurs aussi courant dans nombre d’écoles mystiques de tous horizons et en particulier dans le soufisme où sans cesse le monde sera comparé à une femme fardée qui attire par l’illusion de sa beauté mais ne s’avère être au final qu’une vieille femme de mauvaise vie. Il s’agit là d’une vision théorique du monde qui se veut immédiatement pratique car elle est une source de méditation quotidienne et d’autosuggestion. Car la question du point de vue que l’on adopte sur le monde est en relation directe avec la valeur qu’on lui accorde et en même temps de la manière dont on vit comme des décisions que l’on prend au quotidien. Ostad Elahi résume ainsi la manière dont le monde est perçu à partir du moment où l’on adopte un point de vue spirituel sur la vie :

Dans ce monde, nous constatons de manière évidente la réalité suivante : pour tout individu qui vient au monde, qu’il soit roi ou misérable, riche ou pauvre, beau ou laid, qu’il ait vécu en victime et dans la misère ou dans le luxe et l’abondance, il est impossible, s’il a été heureux, qu’il ait connu le bonheur absolu et s’il a été malheureux, le malheur absolu. Chacun est tantôt heureux et tantôt malheureux. En réalité ce monde peut se résumer en six points : la nostalgie, les désirs frustrés, les regrets, les remords, les souvenirs amers, le cauchemar de la mort.

  1. La nostalgie : les joies et les plaisirs passés sont passés, en particulier la jeunesse et ses bonheurs divers. Ainsi passent les joies et il n’en reste que la nostalgie.
  2. Les désirs frustrés : il y a toutes ces choses qu’on aurait tant aimé obtenir, et que l’on n’a pas eues ; [et on pense : ] X ou Y ont eu telle chose et moi, pas…
  3. Les regrets : ah ! Si seulement j’avais fait ceci pour obtenir cela…
  4. Les remords : les actes anti-éthiques que l’on a commis reviennent sans cesse à l’esprit et on se fait des reproches.
  5. Les souvenirs amers : on se souvient de ses échecs ou bien d’un préjudice subi sans avoir pu se venger, etc.
  6. Le cauchemar de la mort : c’est le dernier et le pire de tous. Il fait sans cesse souffrir et on vit dans la crainte du moment où il faudra mourir.

Mais si quelqu’un travaille pour l’autre monde, de sa naissance à sa mort, il s’occupe de spiritualité. Et alors ni les vicissitudes de la vie ni les souvenirs amers n’ont de prise sur lui. Il ne pense pas aux désirs avides, il ne regrette rien. Il n’a aucune raison d’avoir des remords et il n’a pas peur de la mort. Ainsi, il est heureux tant qu’il est dans ce monde et dans l’autre monde, il sera tout aussi heureux. (Ostad Elahi, Asar ol haqq1,1904, noté AH1, suivi du n° de parole)

Il est donc essentiel d’avoir ces six points en tête, de se les répéter de temps à autre (comme un « exercice spirituel ») pour se rappeler la vraie, la juste valeur de tout ce qui nous procure du plaisir ou qui réveille notre désir. Cela permet de « remettre les pendules à l’heure ».

Le monde comme mine de valeurs

La subtilité de ce genre de méditation, en particulier dans la pensée d’Ostad Elahi, vient du fait qu’elle ne doit pas aboutir à un rejet du monde. En effet, dans nombre d’écoles philosophiques et/ou mystiques, la réflexion sur la non-valeur des valeurs du monde a conduit à une pratique assidue de l’ascèse voire à un retrait complet du monde. Si le monde n’a pas de valeur, s’il est un piège ou une illusion, alors je vais me retirer et me consacrer à la spiritualité pure. Or ce raisonnement n’est pas juste car il repose en réalité sur une mauvaise évaluation des valeurs de ce monde. Certes, le monde n’a pas de valeur « intrinsèque » et ne doit donc pas être recherché pour lui-même mais il a une valeur de moyen, une raison d’être en tant qu’il est l’espace de perfectionnement de l’âme. Ainsi que le résume B. Elahi dans La Voie de la perfection :

Ce monde matériel est une école de perfectionnement spirituel […] Dans ce processus d’éducation, l’expérimentation tient une place prépondérante, car, tout comme la maturation mentale, la maturation spirituelle ne se nourrit pas uniquement de savoirs théoriques. Par exemple, il ne suffit pas d’invoquer Dieu ou de chanter Ses louanges pour arriver à Le connaître : c’est en mettant en pratique, au sein de la société et au contact des autres, les principes éthiques et divins authentiques qui nourrissent et mûrissent l’âme céleste que l’on peut Le connaître. (VP, pp. 123-124)

Ou encore,

Pourquoi sommes-nous venus sur terre ? Être dans un corps biologique humain est comme un exil temporaire mais nécessaire, et la vie sur terre est une école d’éducation pour notre âme céleste et une mine d’or pour qui sait l’exploiter. (VP, p. 252)

L’idée phare de cette conception, c’est que le progrès spirituel ne peut s’opérer qu’au contact de la société et des autres hommes, dans le frottement permanent avec le monde. Ce n’est que de cette façon que l’on peut arriver à évaluer le monde à sa juste valeur : non pas en le rejetant mais en le pratiquant pour le voir objectivement tel qu’il est : dénué des valeurs qu’on lui attribue mais précieux espace de perfectionnement. D’ailleurs parmi les philosophes antiques, certains comme Socrate ou Marc Aurèle ne croyaient pas du tout que l’homme devait se retirer du monde pour progresser, ce qui leur paraissait une solution de facilité tout aussi illusoire que d’être plongé dans le monde comme un animal. Ainsi, ce même Marc Aurèle dont nous avons vu qu’il exprimait une forme de dégoût des choses du monde, lui qui était empereur de Rome et qui a accompli sa fonction jusqu’au bout disait :

  1. A quoi faut-il donc s’exercer ? À une seule chose :
  2. une intention juste, des actions au service de la communauté ;
  3. un discours qui ne peut jamais tromper ;
  4. une disposition intérieure qui accueille avec amour toute conjonction d’événements, en la reconnaissant comme nécessaire, comme familière, comme découlant d’un principe et d’une source qui sont tels qu’ils sont (cité par Hadot, ES p. 183).

Il ne s’agit donc pas de détester le monde mais de l’évaluer à sa juste valeur et de l’utiliser pour perfectionner sa propre humanité. Savoir que les choses matérielles que nous désirons n’ont pas de valeur n’empêche pas, au contraire, d’avoir une vision optimiste de notre situation dans le monde. Il s’agit de renoncer à ce qui n’a pas de valeur non pas pour devenir nihiliste mais pour obtenir ce qui a une vraie valeur : l’action désintéressée au bénéfice d’autrui, la vérité et la sérénité de l’âme. C’est aussi en ce sens qu’Ostad Elahi emploie de manière récurrente la métaphore selon laquelle « ce monde est une terre de récolte pour l’autre monde » :

Celui qui chemine sur la voie de Dieu doit s’attacher à ce monde-ci de façon à en faire une terre de récolte pour l’autre monde. Car si ce monde n’existait pas, nous ne pourrions pas profiter des bienfaits de l’autre monde. Le voir autrement est une sorte d’ingratitude et de blasphème. Il faut que nous soyons soumis et content de ce que Dieu veut pour nous. Ne demandons jamais à Dieu de mourir. S’Il le veut, qu’Il nous emporte, s’Il le veut, qu’Il nous garde. Tant que nous sommes vivants, vivons dans la joie et la confiance et le jour où il faudra partir, que ce soit aussi dans la joie. (AH1, 450)

La reconsidération nécessaire et salutaire dans le cadre d’un travail de connaissance de soi et d’une pratique spirituelle ne doit donc en aucun cas aboutir à une haine du monde. Voir le monde objectivement, tel qu’il est, est indissociable de son acceptation tel qu’il est. Mais là encore, le point est assez subtil car cela ne signifie pas être passif et laisser faire. Non, il faut agir pour toujours s’améliorer et améliorer le monde mais sans révolte et sans passion excessive. Encore une fois, cela nous ramène à la notion centrale de la pensée d’Ostad Elahi : le perfectionnement qui nous mène au divin et donc à la sagesse divine. Sur ce plan là, il y a d’ailleurs de grandes similitudes entre le platonisme, le stoïcisme et la pensée d’Ostad Elahi. Au-delà de ces similitudes, ce qui fait la force du système spirituel d’Ostad Elahi, c’est une proposition d’explicaton rationnelle du pourquoi de la nécessité de l’interaction entre âme et monde matériel (représenté à la fois par le corps lui-même, le psychisme et son environnement). C’est la nécessité et la richesse de cette interaction qui confère toute sa valeur au monde. Il serait trop long d’en donner le détail ici. Pour plus d’explication, on peut se reporter aux développements proposés par Bahram Elahi, en particulier dans Les Fondements de la spiritualité naturelle, étude VI (« Les gamètes spirituels ») et étude VIII (« Le système immunitaire spirituel »).

Ostad Elahi insiste aussi sur le fait que l’étudiant spirituel ne doit jamais être affecté par ce qui lui arrive en bien ou en mal car tout a une raison d’être et la finalité de la marche du monde est le bien des créatures, ce qui ne manquera pas d’avoir des résonances pratiques. Être par trop affecté, attristé, ou inversement excessivement réjoui par tel ou tel événement extérieurs, pour ce que l’on a perdu ou manqué ou tout simplement pour ce que l’on n’a pas, est le signe que l’on n’a pas encore saisi la valeur juste de chaque chose. Ainsi :

[…] Rien de ce qui arrive n’arrive sans raison. Simplement, chacun voit les choses par le prisme de ses propres yeux. Les personnes qui ont acquis une vision objective de la réalité ne doivent être attristées par aucun événement car tout ce qui arrive obéit à une sagesse. (AH1, 641)

Ainsi donc, comme en témoigne nombre de pensées de la sagesse, celle-ci ne saurait être atteinte sans un effort permanent pour voir la juste valeur de chaque chose ; et l’on comprend dans cette perspective le pourquoi du double sens que revêt ce mot : à la fois le prix objectif et mesurable qu’il convient d’accorder à une chose et sa qualité intrinsèque. « Donner sa juste place aux valeurs du monde » consiste donc à le dépouiller de ses fausses valeurs illusoires pour en saisir la vraie et profonde valeur. Il s’agit de convertir le regard pour avancer dans la connaissance des vérités et acquérir la sérénité propre à la sagesse :

Pour éviter d’être mal dans la vie, il est nécessaire d’acquérir la vision juste et de développer le sens de voir le bien. La vision juste signifie observer les choses avec objectivité et réalisme, sans tomber ni dans l’optimisme béat ni dans le pessimisme aveuglant. (VP, p. 131)


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10 commentaires

  1. Marie le 22 Mar 2009 à 11:11 1

    Merci pour ces réflexions, à méditer. Elles font ressortir un équilibre dont on sent la justesse.

  2. MH le 22 Mar 2009 à 23:19 2

    Bravo pour ce texte, qui me paraît une vision bien complète de notre but sur terre… et donne un sens à la vie!
    Et, en plus, vous citez mon philosophe préféré: Marc-Aurèle!
    😉
    En effet, si je résume (beaucoup) ce que je comprends:
    Ce monde a des valeurs, mais qui ne sont que des « moyens », pas des « buts »: attention!
    Nous devons donc avoir une vision juste pour « connaître » ou « reconnaître » les valeurs et (je cite): « donner sa juste place (nous y re-voilà!) aux valeurs du monde ».
    Ce qu’il y a de « révolutionnaire » (si je puis dire!) c’est que, comme les valeurs du monde sont des moyens, il ne faut pas les rejeter mais les utiliser pour avancer (je cite) « comme une terre de récolte pour l’autre monde »!!!
    Ai-je bien résumé?

  3. Laura le 25 Mar 2009 à 5:07 3

    Ce texte me parait être totalement à contre-courant des idees influentes circulant dans la société en ce moment ( ex : Media etc.. ) ou on accorde – presque sans se rendre compte de la valeur à de la « non valeur » – si je me réfère au texte.
    En tout cas, merci beaucoup pour ce texte qui rafraichit, qui porte à se questionner sur notre vision des choses et aussi qui fait réfléchir sur les vraies valeurs des choses.

  4. Andreu le 27 Mar 2009 à 12:50 4

    Merci beaucoup pour cet article d’une grande valeur puisqu’il nous éclaire, à mon sens, sur le véritable enjeu de notre vie. Depuis quelques années j’essaie de développer et d’intégrer une vision plus juste des valeurs de ce monde à la fois par ambition spirituelle, mais aussi pour une raison plus matérielle, celle de lutter contre le stress et l’anxiété. Je me suis aperçu qu’il y avait comme une sorte de principe de vases communicants entre mon attachement exagéré aux valeurs tournées vers la seule satisfaction de mes désirs matériels et mon niveau de stress et d’anxiété. En y « regardant » de plus prés, j’ai remarqué que derrière chaque stress se tient l’attente d’une satisfaction matérielle et/ou la peur de perdre l’objet d’un désir de quelque ordre que ce soit. Les exemples ne manquent pas, je n’en évoquerai que quelques-uns : convoitise, appétence, quête du succès, peur pour son image, peur des échecs, peur de toute forme de rivalité… Ma recherche n’est certes pas uniquement tournée vers la tranquilité ou la paix intérieure, je remarque simplement que lorsque mon esprit est comme absorbé et polarisé (d’une façon plus ou moins consciente) par les valeurs de ce monde, c’est la peur, sous ses différentes formes qui est au rendez-vous.
    À l’inverse, si je m’autosuggestionne, comme il est dit dans l’article, sur l’idée que « ce monde est une terre de récolte pour l’autre monde », j’arrive le plus souvent à reprendre le contrôle de moi-même et à retrouver une certaine confiance et tranquilité. Ce retour au contrôle me permet pas exemple d’échapper à toutes sorte de déprimes, de découragements, d’emportements, de jalousie, d’amertume…En outre cet état de confiance et de tranquilité, me porte naturellement à me tourner vers autrui avec bienveillance, d’être plus facile à vivre pour les autres, plus à leur écoute donc plus disponible pour leur venir en aide.

  5. JA le 29 Mar 2009 à 22:52 5

    Lors d’un dîner j’avais eu une discussion sur la valeur de l’argent et sur le fait qu’avec la crise financière que nous traversons cela ne m’apparaissait pas être une vraie valeur, puisqu’elle peut s’effondrer et n’est pas durable. Mes interlocuteurs étaient convaincus que nous ne sommes rien sans l’argent, que la personnalité, ou le talent n’étaient en réalité que reconnus par le biais d’une valeur liée à l’argent. Ce qui revient à dire que « tu n’es rien sans argent ». Même les exemples de certaines personnes disparues qui n’avaient pas d’argent et qui ont marqué l’humanité par leurs actes ou leurs paroles sans ce moyen n’ ont eu raison ce jour là !
    Qu’en pensez-vous ?

  6. Inc le 30 Mar 2009 à 21:56 6

    L’argent a une valeur qu’il faut essayer de remettre a sa place: il permet de me nourrir de m’habiller d’aider autrui, participe à l’éducation des enfants… Négliger cela est à mon sens excessif. Mais ce n’est pas une fin en soi, c’est un moyen. Ce n’est pas mon essence. Et ce n’est pas ce qui fait ma valeur. La dignité, l’intégrité, le courage…C’est autre chose. En faire un but amène a des comportements anti éthiques. Oui, il est intéressant de chercher à lui donner sa vraie valeur.

  7. Cogitons le 31 Mar 2009 à 14:30 7

    Je pense, comme le grand penseur et philosophe Jacques Séguéla, que « si à 50 ans, t’as pas ta Rolex, t’as raté ta vie ». Je ne suis dons pas Hégélien, mais Séguélien. C’est beaucoup plus chic!

  8. MH le 04 Avr 2009 à 22:44 8

    @ Cogitons
    Merci pour ce bon moment de rigolade… Ca fait du bien! (mais les Rollex, c’est dépassé, mon vieux!)
    😉
    Pour ma part, après avoir eu la chance de vivre des moments avec des amis dans des hôtels 4 (voire 5) étoiles, et d’autres autour d’un feu de camp à la belle étoile, en grattant ma guitare, je dois dire que DE LOIN, je préfère mes moments en camping qu’avec des gens snobinards en hôtel de luxe!!! (ils n’ont pas l’air très heureux, d’ailleurs…)
    C’est toute la différence entre l’authentique et l’artificiel!
    Les gens artificiels pensent surtout à frimer – avec des objets chers, donc avec de l’argent -, mais les gens authentiques en font peu de cas, et remettent les choses à leur place (comme dit Inc)…
    Quand on demande aux gens « qu’est-ce que le luxe pour vous? » la plupart répondent « une famille heureuse »…

  9. Cogitons le 05 Avr 2009 à 13:58 9

    @MH: Rolex prend un seul « l » (même les modèles les plus chers), et la guitare, voire les feux de camp dans les hôtels 5 étoiles, ce doit être très bien aussi 🙂
    – Un peu plus sérieux: il est intéressant de rappeler que Marc Aurèle ne croyait absolument pas à la vie « individuelle » dans l’au delà, il écrivait dans ses « Pensées »:
    « La mort est la cessation des représentations qui nous viennent des sens, des impulsions qui nous meuvent comme avec des cordons, du mouvement de la pensée et du service de la chair. »
    Et que ce n’est donc pas la crainte du « jugement divin » ou le désir d’une bonne « situation personnelle dans l’après vie » qui étaient les moteurs de sa démarche, mais celui de vivre « dans le bien » conformément à la « nature ».
    Il écrivait encore:
    « Qu’est-ce donc qui peut nous guider ? Une seule et unique chose : la philosophie. Et la philosophie consiste en ceci : à veiller à ce que le génie qui est en nous reste sans outrage et sans dommage, et soit au-dessus des plaisirs et des peines ; à ce qu’il ne fasse rien au hasard, ni par mensonge ni par faux-semblant ; à ce qu’il ne s’attache point à ce que les autres font ou ne font pas. Et, en outre, à accepter ce qui arrive et ce qui lui est dévolu, comme venant de là même d’où lui-même est venu. Et surtout, à attendre la mort avec une âme sereine sans y voir autre chose que la dissolution des éléments dont est composé chaque être vivant. Si donc pour ces éléments eux-mêmes, il n’y a rien de redoutable à ce que chacun se transforme continuellement en un autre, pourquoi craindrait-on la transformation de leur ensemble et sa dissolution ? C’est selon la nature ; et rien n’est mal de ce qui se fait selon la nature. »
    Je trouve fascinant ce « désir éthique désintéressé ». Je le trouve plus haut que le « désir éthique intéressé » (j’agis en « bien » pour en récolter les fruits pour moi-même dans l’autre monde). D’autres trouvent ça absurde. A chacun ses conclusions.
    – Sur la question de l’argent: il en faut, de toute évidence, pour mener une vie digne dans la société, éduquer ses enfants, ne pas devenir une charge pour les autres. En faire le but de sa vie me semble peu attirant. D’ailleurs, toutes les études sur le sujet montrent que passé un certain seuil, la richesse matérielle ajoute peu au bonheur. Et vu les soucis qu’elle procure si on n’a pas une certaine « sagesse philosophique » (peur de perdre cet argent, faux amis intéressés, enfants qui veulent votre mort pour se partager l’héritage, après quoi ils se battront pour le partage, etc), mieux vaut y réfléchir à deux fois. Sinon, l’argent, c’est très bien et très utile, et c’est souvent la récompense justifiée d’un véritable travail. Comme on dit, il y a « l’argent bien gagné » et « l’argent moins bien gagné ». La valeur monétaire est la même, mais la vraie valeur est toute différente (je pense qu’on en a tous fait l’expérience). Et celui qui se dit « je ne gagne pas bien ma vie par mon travail parce que je suis nul » a peut-être raison, et le courage de se l’admettre à lui même, ce qui est le plus difficile et le premier pas vers la solution.

  10. MH le 07 Avr 2009 à 19:55 10

    (Désolée, Cogitons, pour les deux L de Rolex… j’ai écrit trop vite)
    😉
    Je partage votre avis: le désir d’éthique désintéressé, c’est encore plus beau! On ne doit pas « marchander » ou « marchandiser » ses bons actes!!! je pense que ça doit leur retirer toute leur valeur!
    D’autre part, je travaille (depuis toujours!) avec des gens riches, voire très riches… et je les vois évoluer, « vivre » (si je puis dire) avec leur famille, … Je dirais plutôt « à côté » d’elle, car ces gens-là passent leur temps à s’occuper de leur argent – et des intérêts des intérêts, etc.: ils négligent complètement leur famille ; les enfants, surtout, qu’ils laissent à des gouvernantes, des nurses…
    Le résultat est catastrophique!
    Combien j’ai vu de ces jeunes, drogués, mal élevés, impolis, méprisants… mais si malheureux!

    Je sais: il ne faut pas généraliser… et pourtant, je vous jure que c’est la majorité!
    Et les parents sont, eux aussi, imbus de leur pouvoir ou plutôt du pouvoir que leur donne l’argent qu’ils possèdent… Ils sont méprisants, impatients d’être servis et n’ont plus aucune idée de la « vraie valeur » des choses…

    Comme vous dites, Cogitons: comment savoir si leurs amis le sont pour eux ou pour leur argent?
    J’ai connu autrefois une milliardaire qui s’habillait « pauvre » (pour « tromper l’ennemi »:-)), et qui a fini par se suicider, car elle n’arrivait jamais à savoir si l’homme dont elle était amoureuse n’avait pas, finalement, pu savoir qui elle était vraiment ou combien d’argent qu’elle possédait!!!
    Elle avait 47 ans…
    Cela m’a beaucoup marqué, forcément…

    Et les gagnants des gros lots : on a vu que, finalement, ils n’étaient pas toujours heureux !!! (pour les mêmes raisons qu’au-dessus…)

    Encore une fois : l’argent est un moyen, il ne faut pas en faire pas un but… En manquer est douloureux (mais aussi se crée-t-on souvent des besoins !), mais en avoir « trop » n’est pas toujours un avantage dans la vie !

    J’ai aussi des amis qui ont connu des revers de fortune: ceux-là, ont compris où étaient les vraies valeurs… (on peut dire qu’ils ont « eu de la chance » !???…)
    😉

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