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Ne pas juger, c’est gagner

Par , le 21 Fév. 2010, dans la catégorie Pratiques - Imprimer ce document Imprimer
marteau et balance de la justice

Cet article a été proposé par une lectrice du site e-ostadelahi.fr à la suite de la publication de l’article Ne pas juger négativement.

Ne pas juger négativement : a priori c’est un objectif tout à fait louable et essentiel. Que faire cependant lorsqu’on a affaire à quelqu’un qui semble critiquable à juste titre, quelqu’un dont l’attitude est vraiment préjudiciable aux autres, quelqu’un qui, par exemple, nuit au bon fonctionnement d’un service ? Comment réagir lorsqu’un membre d’une équipe bâcle son travail et que l’ensemble de l’équipe en pâtit ? Dans ce contexte, je me suis interrogée sur ma relation à l’un de mes collègues de lycée. C’est un collègue qui, de l’avis général, ne fait pas son travail très sérieusement. J’avais déjà essayé de cesser de le critiquer, de chercher des points positifs dans sa relation aux élèves, de voir que sa vie est difficile, etc. Mais le résultat n’était pas convaincant et si je le critiquais moins, j’avais régulièrement des pensées très négatives envers lui, ce qui commençait à me peser. C’était comme un polluant concentré dans une partie de ma pensée, mais qui, je le sentais bien, avait des effets délétères sur l’ensemble. Il fallait que je réagisse. J’ai examiné la situation sous l’angle du jugement avec les critères proposés dans l’ouvrage Juger n’est pas jouer (Claude Berger, coll. Éthique au quotidien, L’Harmattan, 2006).

Le droit de juger

J’ai d’abord considéré les critères de légitimité du jugement. Examinons les faits : il semble qu’il fasse mal son travail, constatation basée non sur des impressions mais sur un réel faisceau de présomptions. J’ai la compétence pour pouvoir évaluer puisque je connais de près le domaine de référence et je suis directement concernée, car je subis les conséquences de son ‘mauvais’ travail : le bruit qui provient de sa salle de classe me gêne, le travail qu’il ne fait pas au sein de l’équipe doit être fait par quelqu’un d’autre, ses élèves ont des habitudes de travail catastrophiques et accumulent les lacunes. Des faits que l’on ne peut ignorer. En plus, chaque fois que j’essaie d’excuser l’un ou l’autre de ses manquements en invoquant ses difficultés, une collègue en particulier me cloue le bec avec des propos comme « on a tous nos problèmes, ça ne justifie pas de ne pas faire son boulot ».

Le jugement semblait donc légitime, j’étais pourtant de plus en plus mal à l’aise.

En essayant d’analyser mes sentiments, je me suis rendu compte que ce qu’on dit de lui et les critiques qu’on lui porte touchent un point sensible chez moi : je me rassure en pensant qu’il y a un collègue qui a plus de difficultés que moi. Quand j’ai des doutes sur la qualité de mon travail et sur mon efficacité, penser aux problèmes des autres me fait du bien parce qu’ils me donnent une meilleure image de moi-même. Je regarde les autres à travers le prisme de mon amour-propre et ils deviennent des faire-valoir. Cela fonctionne de façon très subtile, puisque même lorsque je fais ‘bien’ mon travail au sein de l’équipe ou lorsque je décide ‘d’aider’ un collègue, il y a cette image de moi que je me forge et la frontière est floue entre la satisfaction légitime du devoir accompli et la gloriole que je peux tirer de faire ‘mieux que les autres’. J’ai ainsi pu constater que ce regard critique, je l’avais envers tout le monde. Il devenait d’autant plus urgent de faire un travail de fond sur le fait de juger. J’ai continué à examiner les critères de légitimité. En quoi pouvais-je être habilitée à juger ce collègue ? En tant que son supérieur administratif chargé de le noter ? Ou que son inspecteur pédagogique ? Je ne suis ni l’un ni l’autre. Je devais donc me limiter à la constatation des faits, afin d’en tenir compte dans l’organisation de mon travail à moi. Faire avec, en quelque sorte, et essayer de réparer les dégâts éventuels, sans états d’âme. Si possible même, aider ce collègue, discrètement et sans léser personne. Si vraiment mon intention était d’œuvrer dans le sens du bon fonctionnement du service, c’était ça, en fait, l’attitude à avoir.

La première étape fondamentale devait donc être celle-ci : tenter de considérer les faits et non la personne. Cela n’a pas été facile, d’autant plus que plusieurs incidents se sont succédé.

Pas facile, mais très utile

Ce collègue est tombé malade et du jour où il a été remplacé, il n’a plus été joignable pour quoi que ce soit. C’est quelqu’un d’autre dans l’équipe qui a gentiment donné de son temps pour faire ce que lui aurait dû faire. J’ai été très critique à ce moment-là, j’ai presque reproché à ma collègue d’avoir fait le travail à sa place sans s’en plaindre. J’ai bien essayé de séparer acte et personne, d’autant plus que je savais qu’il souffrait (je lui avais d’ailleurs envoyé plusieurs petits mots d’encouragement). Pourtant, si j’étais sincèrement désolée pour lui, c’était bien lui que je jugeais et non ses actes : « tu ne vas pas me dire que même dans cet état on ne peut pas remplir quelques colonnes de tableau ! Non, il s’en fout, c’est tout ».

Pour contrer cette tendance, j’ai décidé de me forcer chaque jour à prier pour lui. Ça n’a pas été facile. Le simple fait de prononcer son nom était une épreuve et puis tout ça me paraissait incongru (« mais de quoi je me mêle ? Comme s’il avait besoin de ma prière ! »). À la limite, il n’était presque pas digne d’être cité dans une prière : encore le jugement. Bref, mon soi impérieux a été très insistant ; mais moi aussi, j’ai insisté et peu à peu, c’est devenu plus facile, son nom a pris une consonance plus douce et mes sentiments aussi se sont adoucis.

Et riche d’enseignements

Ensuite est survenu un autre incident, toujours en rapport avec des tâches qui lui revenaient, mais qu’il avait ignorées. Cette fois, c’est moi qui m’en suis occupée et tout a été extrêmement compliqué, chronophage et au bout du compte mal fait, parce qu’il manquait des éléments. Je me suis fâchée plusieurs fois et j’ai violemment critiqué « certains collègues qui négligent leurs devoirs, mettent toute une équipe dans l’embarras et lèsent les droits de leurs élèves ». Un jour, j’ai manifesté mon agacement tellement fort que je me suis vue de l’extérieur et j’ai eu honte : cette fois, j’étais ridicule. Comment pouvais-je présenter ainsi un tel réquisitoire alors même que j’essayais de travailler sur ‘ne pas juger’ ?

Ce qui m’a aidée alors, c’est que je savais que lorsqu’on essaie de développer en soi une qualité, il y a forcément des obstacles, ou en tous cas, ils deviennent plus perceptibles. J’ai continué à réfléchir à l’ensemble de la situation et j’ai découvert encore d’autres aspects de cette lutte. Par exemple, que d’une certaine manière, j’enviais ce collègue et sa façon détachée de considérer son travail. Cela m’a menée vers d’autres interrogations concernant l’organisation matérielle de ma vie, la hiérarchisation des tâches, les priorités dans mes devoirs, mais ceci est une autre histoire.

Épilogue

Les vacances ont achevé de gommer le reste de mes griefs et je me sens à présent bien plus légère, libérée des pensées polluantes qui m’encombraient. Je ne peux pas affirmer que l’affection que j’ai pour ce collègue aujourd’hui est un sentiment réellement profond et durable. Ce dont je suis sûre, en revanche, c’est que je me sens nettement plus sereine dans mon rapport à toute l’équipe. Contrairement à mes collègues, je ne crains pas de dire les choses en face quand cela me semble nécessaire ‘pour le bon fonctionnement du service’. J’essaie simplement et dans toute la mesure du possible de n’embarrasser ni critiquer personne.

Je crois que l’effort que j’ai fourni par rapport à ce collègue en particulier m’a permis de progresser dans le fait de ne pas juger les autres en général, en tout cas d’être davantage sur mes gardes. Je me sens moins agressive, moins à l’affût des faiblesses et des défauts des autres. Il me semble que je vois mieux leurs qualités et globalement, je me sens plus ouverte et tolérante.

Bahram Elahi, à la fin de son interview sur l’altruisme, dit que « tout élan vers le bien doit vaincre une opposition pour aboutir ». Ce que j’ai expérimenté là, me semble-t-il, c’est que l’opposition vient aussi bien de l’intérieur de soi que de l’extérieur.


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23 commentaires

  1. Radegonde le 22 Fév 2010 à 22:50 1

    Comme cette histoire me va droit au cœur!!!!!!
    De la même façon ,j’ai à lutter contre l’envie de « démolir » une collègue . Il semble qu’elle m’ait perçu comme « une concurrente » dans l’équipe de travail, étant la plus âgée parmi des gens plus jeunes. Ils sortent ensembles, font du ski, etc…..
    Pour de multiples raisons, nos rapports sont devenus « difficiles » et elle a écrit à la direction pour dire que je l’insultais.. Je me suis défendue par la voie hiérarchique (chef de service, Comité d’entreprise, Comité hygiène et sécurité…)
    De plus, nous travaillons dans un grand bureau « ouvert » où toutes les conversations sont entendues..
    Je me suis engagée auprès du chef de service , qui ne me soutient pas, à parler moins fort (un de mes points faibles) et j’évite de me trouver seule avec elle.
    Je m’aperçois que je commence un travail de sape auprès de mes collègues, soulignant qu’elle a 50% de dossiers en moins que les autres, et qu’elle a le temps de fumer et boire son café, quand nous ne levons pas le nez des papiers; qu’elle demande des heures supplémentaires le soir…
    Bref, je sens que je deviens haïssable, que mon attention ne se porte que sur cette personne…..
    Pour le moment, je demande l’aide de Dieu, pour éviter les débordements en paroles.. en attendant de ne plus « voir cette personne comme « la cible » de mon égo meurtri.

  2. Arthur le 23 Fév 2010 à 17:36 2

    Félicitation Camille! On sent bien que votre article découle d’un travail de longue haleine.
    Je trouve qu’à la lecture de votre récit, on aperçoit bien comment, à partir de la lutte pour ne pas juger, découle une multitude d’autres problèmes rendant la tâche encore plus ardue. « Vaincre une opposition pour aboutir », et quelle opposition !
    En effet devons-nous ne pas juger et tout pardonner? N’est-je pas en réalité de la jalousie pour cette personne qui arrive si facilement à se détacher de son travail? Peut-on tolérer que le comportement oisif de mon collègue me rajoute du travail, cela aux dépens de ma vie de famille ou toutes autres obligations sociales? etc…
    En tout état de cause, je pense que votre conclusion est la bonne : « je ne crains pas de dire les choses en face quand cela me semble nécessaire ‘pour le bon fonctionnement du service’. J’essaie simplement et dans toute la mesure du possible de n’embarrasser ni critiquer personne. »
    Nombre de nos tracas, même les plus profonds, peuvent souvent être résolus par un simple face à face (non non pas avec les poings), une discussion ‘entre adultes’ comme certains diraient.

    @ Radegonde :
    C’est pour cela que je pense que la solution à votre problème n’est peut-être pas « [d’attendre] de ne plus “voir cette personne comme “la cible” de [votre] égo meurtri »
    Je pense que la première étape est une étape d’analyse : n’est-il pas légitime, de par son ancienneté, qu’elle est moins de dossiers ? la pauvre n’est-elle pas dépendante à la cigarette ? etc…
    Mais surtout je pense qu’attendre vous fera certes oublier le problème mais risque surtout de creuser votre mal plus profondément. Une politique d’actions réfléchies et pertinentes serait peut-être plus adéquate.

    Bien entendu je me permets de porter cette analyse avec ma seule compréhension de votre récit, et je suis bien conscient que le problème doit être bien plus complexe.

  3. Jade le 24 Fév 2010 à 14:33 3

    Ne pas juger, c’est gagner…du temps!

    Dans la vie, quand les gens m’indisposent pour ce qu’ils sont, je ne les fréquente pas. Sauf qu’il y a des circonstances où on n’a plus la possibilité de se faufiler. Une partie de ma belle famille m’indispose au plus haut point….pour ce qu’ils sont, ce qu’ils font, ce qu’ils disent. Il arrive que pendant des jours entiers, où même sans les voir, je peste contre eux. En plus un cercle vicieux s’installe, plus j’y pense, plus je m‘énerve et plus mes ondes négatives empoisonnent l’ambiance d’un repas familial par exemple.
    Que d’énergie (de temps !) perdue ! Suis-je obligée de les aimer ? Non. De me lier d’amitié avec eux ? Evidemment que non. Suis-je responsable de leurs paroles, leurs actes ? Pour sûr non ! Alors pourquoi je m’énerve ? Quand je pense à eux, une énergie psychique négative m’envahit, et telle une camisole m’enchaîne et m’empêche de penser à autre chose, de penser correctement, m’empêche d’évoluer…
    L’enfer n’est pas les autres. S’il y a un problème dans une relation, c’est d’abord à l’intérieur de moi que je dois en trouver la cause…La suite est entre les mains de mon Créateur…

  4. abc le 25 Fév 2010 à 8:04 4

    L’origine de tout ce qui nous arrive est en nous même, parfois c’est subtil et on ne comprend pas mais souvent on peut constater notre part de responsabilité dans les difficultés relationnelles que l’on a avec autrui. Nous sommes plongés dans notre égo, et cela nous cause des difficultés relationnelles. Je manque de considération, j’ai l’impression que l’on ne me juge pas à ma juste valeur, mon ambition est frustrée, je suis jaloux de la réussite d’un autre, je souffre de la suffisance percue chez autrui, je ne fais pas le nécessaire pour faire défendre mes droits… En fait, il me semble que lorsque les autres nous posent problème, c’est qu’il y a une prise sur notre égo, et je pense que c’est sur cette prise qu’il faut travailler.

  5. KLR le 25 Fév 2010 à 22:26 5

    Merci beaucoup pour tous ces témoignages, qui m’ont amenés à une interrogation sur moi-même : j’ai eu bien sûr comme beaucoup des soucis avec certains collègues, il a fallu défendre ses droits, ce qui pour moi n’était pas une chose aisée !
    Or je m’aperçois que de plus en plus, j’essaye de choisir le travail que l’on me propose en fonction de certains critères. L’un de ces critères étant d’éviter le travail avec les collègues que j’ai classé dans la case « casse-pieds », « autoritaire »…
    Prenant de l’âge, je pensais que ces choix et les critères s’y rapportant étaient une sorte de pragmatisme professionnel (du génie en quelque sorte !)
    Mais c’est peut-être tout simplement une façon de fuir les problèmes plutôt que de travailler, c’est-à-dire la « sacré sainte paresse » qui me fait agir ainsi…

  6. MH le 27 Fév 2010 à 12:06 6

    Décidément, le milieu du travail est une véritable jungle, tout en étant une sorte de « laboratoire » pour nos épreuves sur Terre…

    Merci pour cet article Camille, j’y retrouve des réactions qui ont été les miennes dans une situation tout à fait analogue: une assistante qui ne faisait pas son travail correctement (j’étais obligée de le refaire derrière elle). J’étais très mal à l’aise et du coup, j’ai beaucoup travaillé sur ce problème: d’où venait ce malaise ? Il m’a fallu m’analyser très profondément pour en connaître la cause…

    C’est moi qui l’avais embauchée, et au bout de trois mois, je commençais à avoir de sérieux doutes sur sa capacité de compréhension: elle m’avait bluffée!

    Mais ce malaise en moi était tout de même étrange… Je me suis rendue compte, moi aussi, que j’enviais cette assistante! Elle était à l’opposé de moi : bâclant son travail, toujours prête à flemmarder…; pas vraiment une aide (!), mais en étant persuadée!

    Evidemment, moi qui suis exigeante et perfectionniste, ça ne marchait pas entre nous! Mais je sais que je le suis ‘trop’, et sourdement, insidieusement, j’enviais l’assistante qui, elle, vivait très bien le fait de se f… de tout! comme il est facile de vivre ainsi!!! Et moi qui me ronge les sangs… – parfois inutilement, je dois bien le dire!

    De plus, cette collègue avait la particularité de ‘faire croire’ qu’elle bossait! Notre PDG n’y voyait que du feu… Forcément, puisque je faisais son travail derrière elle! Que faire, moi qui croulais déjà sous la tâche? Quelle injustice!

    Bien entendu, il a fallu que je la dénonce… Etait-ce de la médisance??? J’ai eu des doutes, et il m’était très difficile de savoir, au fond, qu’elle devait être la meilleure attitude, une attitude ‘éthique’… Car, là, mon sentiment ‘illégitime’ de jalousie me poussait à médire. Alors, dès que possible, j’essayais de mettre en valeur ses points positifs – mais ça me ‘brûlait’ la langue!

    Mon boss ne m’a pas cru tout de suite et m’a même accusée d’être trop exigeante (ce qui, de toute façon est vrai!) mais il y a des limites…
    Une fois qu’il s’est rendu à l’évidence, je me sentais SI victorieuse, que ça cachait bien quelque chose, en effet…
    Ma conscience n’était pas tranquille: bien sûr, j’avais la compétence de juger son – absence de – travail mais je ne devais pas y mêler de sentiments personnels…

  7. Cogitons le 28 Fév 2010 à 16:48 7

    Une des choses tout à fait fascinantes, dans le monde du travail notamment, c’est qu’on s’y aperçoit qu’entre l’enfant et l’adulte, la seule différence, au fond, ce sont les apparences et le décor. Ici un bac à sable, là, un bureau. Ici un bambin, là un grand dadais cravaté.
    Pour le reste, le degré de maturité et la capacité de recul sont à peu près les mêmes. Parfois, quand une crise se prépare, ou que je sens monter les émotions, ou plus souvent après-coup, je me demande pourquoi l’Homme est aussi friand de conflits, de patatis et de patatas, de tempêtes dans un verre d’eau. Je pense qu’il doit y avoir une question de plaisir: on préfère les hauts et les bas émotionnels à l’équanimité. Au moins, quand on s’engueule, quand on « émotionne », on vit. Dopés à la dopamine, voilà ce que nous sommes. L’intelligence émotionnelle, concept très intéressant et très vrai. Comment ne pas être insensible (sinon on devient un robot), mais ne pas se laisser affecter par nos expériences? Comment être engagé dans le monde, mais ne pas s’y laisser prendre? Comment jouer pleinement dans le bac à sable, tout en sachant que tout ceci… n’est qu’un jeu dans un bac à sable?
    Je regarde parfois délibérément sur Internet des films sur l’univers. Où l’on voit la place d’une ville sur la planète, de la planète dans le système solaire, du système solaire dans notre petite galaxie, ce très modeste amas de centaines de milliards d’étoiles, galaxie qui n’est qu’une goutte d’eau dans un océan de milliards de milliards de galaxies… Qu’est-ce l’espace d’une vie, ce rien, cette nano-seconde, et qu’est-ce qu’une heure dans une vie, dans cet infini d’espace et de temps?
    Prendre du recul, parfois, ça aide. Y penser souvent, ça aide. Quelles que soient nos croyances ou absence de croyances, d’ailleurs. Mais bien évidemment, la myopie émotionnelle reprend rapidement le dessus. Donc les analyses et pratiques ci-dessus sont certainement très utiles.

  8. mike le 01 Mar 2010 à 0:42 8

    @cogitons et camille
    oui c’est utile et naturellement humain; on le fait tous et tous les jours mais camille a en plus le courage de le partager et rendre utile pour les autres sa réflexion sur elle même. Pourquoi utile? le point de départ c’est le dysfonctionnent qu’elle a ressenti dans sa pensée; une pensée saine et éduquée se dit que à priori ce n’est pas très bien de juger les autres ou de médire, cela crée un malaise dans notre être (mais d’autre pourrait totalement s’en fiche tellement ils ont été baignés dans une atmosphère éducationnelle où critiquer et médire est bien vu, même si leur conscience tire une sonnette d’alarme par moment ils ne l’entendent plus..) donc Camile est gênée par se dysfonctionnement, elle met en pratique des principes éthiques, a des effets et tirent ses conclusions…elle avance dans la connaissance d’elle même et des connaissances des vérités métaphysiques (si on veut bien croire qu’il y en a) mais même si on n’y croit pas, l’effet revient tout de même à la personne et elle se sent mieux…et en plus elle devient une personne plus positive dont le rayonnement aura des effets sur son entourage… c’est comme cela aussi que l’humanité avance, sinon on s’écroule tous.

  9. Laura le 02 Mar 2010 à 5:27 9

    ce qui me parait interessant et aussi encourageant, c’est qu’on dirait que nous traversons tous les memes experiences. En lisant les histoires, je me suis souvenu avoir ressenti les memes emotions et je suis dailleurs dans la meme situation maintenant. Ca reconforte de savoir que je ne suis pas la seule a avoir mes faiblesses ( J’appelle ca faiblesse car au fond de moi je sais que ce n’est pas bien , je sens clairement une amertume causee par mes pensees negatives envers cette personne « au boulot » comme si j’etais la premiere victime) . Ca reconforte de voir qu’il y a des solutions, qu’en tout cas Camille semble avoir reussie. Que la lutte n’est pas forcement desespere et que si on s’y met et qu’on persevere on peut y arriver.

  10. Radegonde le 02 Mar 2010 à 22:06 10

    malheureusement, c’est moi qui pourrait être sa mère, et qui suis près de la retraite..
    Avec un travail épuisant, je supporte mal les jeux de « prise de pouvoir » et les « copinages avec le chef de service ».. Surement, je dois me dire que je suis mal appréciée pour mon travail « du aux fruits de la maturité » dans ce métier.. il y va beaucoup de mon orgueil..

    Mais je devais aussi défendre mon honneur quand j’ai été accusée d’insulter cette collègue..et j’ai utilisé la voie hiérarchique.. qui nous a renvoyé dos à dos..

  11. Cogitons le 02 Mar 2010 à 22:59 11

    D’accord avec tout ceci, avec le courage de Camille (merci) et tous les commentaires.
    Mais je maintiens un point: une des méthodes qui peut aider, en plus du reste, c’est de mettre les choses à leur juste place, et surtout, surtout, de rigoler de tout ça, de soi-même et de ce genre de situations. Car est-ce si sérieux? Généralement pas. Une distortion émotionnelle, tout au plus, une perception difforme de la réalité. Combien de fois ai-je été désarmé par le rire bienveillant d’un ami qui me faisait comprendre, en un instant, que tout ceci n’était pas bien grave? Et d’un seul coup, tout bascule, les montagnes se dissolvent.
    Alors rions, mes soeurs et frères, rions de nous-mêmes et de nos micro-épreuves, car la plupart du temps, on se laisse prendre par des peccadilles. Moi le premier, donc je ne tente surtout pas de « faire la leçon » à qui que ce soit.
    Mourrons nous de faim? Non. Sommes nous l’objets de violences? Non. Avons-nous un toit sur nos têtes? Oui. De la nourriture dans nos assiettes? Oui. Des amis? Probablement! La foi (pour ceux qui y accordent de l’importance)? Oui, enfin, autant que faire que peu.
    Alors, soyons sérieux, mais ne nous prenons pas au sérieux. Soyons graves à bon escient, mais surtout légers.
    Je pense souvent à l’un de mes amis médecins qui, lorsqu’il revient de missions humanitaires me raconte qu’à son retour, toutes ses valeurs sont « remises à plat ». Il se fiche d’un seul coup de la marque de sa voiture, ou de la couleur du ciel, de l’humeur de sa secrétaire ou de son voisin. Il remercie, tout simplement, d’avoir… de la nourriture dans son assiette, un toit sur sa tête, etc, etc, etc.
    Garder une juste perspective sur les choses, et rire, parce que généralement, tout ceci n’est pas bien grave.
    En un mot: co-rions!

  12. mike le 06 Mar 2010 à 0:23 12

    @cogitons
    s’analyser au sein de la vie quotidienne, prendre conscience de certains défauts doit avoir avoir comme objectif une amélioration de notre compréhension et de nos resentis; si quelqu’un souffre parce qu’il ne comprend pas un problème, une situation, des sentiments personnels ou l’effet sur lui de ceux des autres, le fait d’allumer une lanterne intérieur le rendra plus heureux et effectivement il pourra rigoler de la situation d’avant…et puis le travail sur soi ne doit effectivement pas nous rendre austère envers les autres mais ceci est également une lutte intérieure mais effectivement n’oublions jamais la miséricorde divine et quelque soit l’état de conscience que l’on a de soi il ne faut pas déprimer.
    Exemple de l’étudiant qui riait jaune avec une boule dans le ventre tout les soirs quand il voyait l’ampleur de ses lacunes avant un examen, rira toujours jaune s’il ne se met pas à la tache avec sérieux (et qu’il veut rire tout le temps parce que les choses n’en valent soit disant pas la peine); mais après, quand il réussit grâce à ses efforts, quel bonheur! quelle délectation! il rira de la situation qu’il avait avant…

  13. joseph locanda le 06 Mar 2010 à 14:12 13

    Ce sujet développé par Camille est un puits sans fond tant chacun d’entre nous est confronté à ce genre de situations dans son travail.

    Ma difficulté dans ces épreuves a toujours été de sortir des émotions : nous avons tous nos préférences, nos empathies, nos amis et nos emmerdeurs, nos ennemis… Forcément notre jugement est fonction de l’état de relation que nous avons établi avec l’autre. celui qui est mon copain, je vais avoir une indulgence beaucoup plus grande pour lui, voire une absence totale d’objectivité. Celui que je ne peux pas voir en peinture, à la moindre erreur de sa part, je vais le critiquer. C’est humain dira-t’on.

    Pour sortir de l’émotion, je retiens le conseil de Cogitons : prendre du recul. Pour moi, cela signifie faire arrêt sur image pour réfléchir à la situation à laquelle on se trouve confronté.
    Deuxième étape du processus, considérer l’autre comme un égal sur le plan humain même si on a un rapport hiérarchique ou social supérieur en notre faveur. Devant Dieu nous sommes bien tous les mêmes. Et si on veut exclure ce référentiel, biologiquement la distinction est de surface mais la machine est la même. Il importe donc d’analyser les faits et non celui qui les commet qui après tout n’est qu’un acteur. Les faits sont ils en cohérence avec les règles légales, sociales, professionnelles et éthiques ?

    Si les faits sont condamnables, il y a lieu d’en tirer les conséquences qui s’imposent.
    Un collègue que j’aimais bien avec qui j’entretenais des relations extra professionnelles a commis un acte non éthique avec un de nos clients. C’était une époque ou nous avions plusieurs vols dans nos bureaux. La rumeur à pris prétexte de cet acte pour l’accuser sans aucune preuve des vols parce qu’il ne plaisait pas à beaucoup de ses collègues. Mon process en deux temps fonctionnant j’ai défendu cette personne face à la rumeur afin qu’il ne soit pas accuser à tort d’un acte qu’il n’avait apparemment pas commis ou du moins pour lequel nous n’avions aucune preuve. La suite m’aura donné raison puisque l’auteur de ces vols a été découvert depuis. Par contre, j’ai été intraitable sur l’acte non éthique commis et prouvé après enquête, preuves en mains. Nous avons pris la décision de nous séparer de lui car nous avons considéré que l’acte était suffisamment grave pour nous conduire à une décision lourde de conséquence. J’ai travaillé sur moi-même pour que ma relation amicale reste hors du champs professionnel, même si l’acte commis dans le cadre professionnel dénote une immaturité et un défaut qui pourrait se révéler dans la vie privée de la même façon. Mais qui ne commet pas d’erreur?
    Depuis, c’est lui qui a coupé notre relation. Mon état intérieur n’a pas changé, mais j’ai tiré les conséquences de ces actes sans porter de jugement sur ce garçon. S’il revient un jour ma porte sera ouverte.

    Je rejoins Cogitons quand il dit que prendre du recul apporte de la sérénité. L’émotionnel est source de turpitudes. Le recul permet de remettre les choses à leur juste place et de ne s’en faire que pour des enjeux essentiels. Le jugement est un piège dans lequel il faut éviter de tomber.

    Regardez les journalistes qui passent leur temps à juger pour nourrir leurs articles et les rendre alléchant en s’appuyant sur notre appétence à juger les autres. On connait le décalage qui existe en permanence entre les dires de journalistes et la réalité de la vie des stars et des politiques. Ce qui est caché et qui mériterait parfois d’être condamné ne sort quasiment jamais et ce qui est visible est déformé de manière pernicieuse pour alimenter la critique et le jugement. Paradoxe de la médiatisation!

    Travailler sur l’objectivité des faits, détacher les actes de leurs auteurs, analyser au nom de l’éthique professionnelle et « morale » et en tirer les conséquences.
    Et laisser l’émotion à sa juste place. Hors du champs de l’analyse. Sinon c’est l’émotion qui domine : nous abordons alors le champ du soi et de ses contradictions.

    J’ai remarqué que ce travail sur le jugement a un grand avantage pour nous motiver : celui d’éviter de se retrouver dans des scénarios sordides entre collègues de travail qui dégénèrent parfois en pugilats.

  14. Marie le 07 Mar 2010 à 15:18 14

    Merci Camille pour cet article, en prolongement du travail sur le fait de ne pas juger négativement un être humain: c’est l’acte et non la personne qui est mauvais, et contre cet acte mauvais, il faut lutter: le référentiel qui nous aide dans ces situations très difficiles sur les plans émotionnel et éthique est bien cet équilibre parfait résumé par Ostad Elahi dans la « Quintessence des religions »:

    (…) Tout être quel qu’il soit,
    Considère le en bien,
    Car, à l’origine, aucune créature n’est mauvaise;
    Il n’est de mal que les actes
    Non ceux qui les commettent,
    Et contre de tels actes, ton devoir est de lutter (…) »

    Equilibre si difficile à discerner et à atteindre. Mais au moins on a la clé, la référence, la loi à appliquer.

  15. Cogitons le 20 Mar 2010 à 13:02 15

    Bon, je reviens à la charge. Désolé, c’est un peu long.
    D’abord pour remercier les contributeurs à ce site. Je m’aperçois que certains des thèmes abordés me trottent dans la tête, longtemps après que je les ai lu ou discutés. Ou me viennent à l’esprit quand je suis confronté aux situations. C’est excellent.
    Ensuite, je voudrais revenir sur un aspect: l’opposition, ou plutôt, la dichotomie entre perception et réalité. Et le fait que bien souvent, le travail sur soi est en fait un travail sur comment nous percevons le monde, non sur la « réalité » elle-même, « les autres » notamment, sur laquelle nous n’avons qu’une prise limitée. Plusieurs petites expériences de la vie courante m’ont marqué à ce sujet, en me faisant prendre conscience du très épais voile perceptuel qui me sépare de la réalité. Syndrome de la DPE, ou « Distortion Perceptualo-Emotionnelle ». Si vous trouvez plus pompeux encore, je suis preneur. J’aime les pompes, et la pompe (sauf celle à essence).
    Petit exemple de flagrant-délit de DPE, la leçon du GPS (ou Global Positionning System, vous savez, le machin qui permet de s’orienter en voiture, qui, quelque-soit votre humeur, ou la densité des embouteillages, vous parle toujours d’une voix monocorde, avec un calme Olympien, qui recalcule profusément, souvent à tors et de travers, et à qui l’on a parfois envie de mettre des baffes).
    Outre ses grandes capacité d’orientation et de maîtrise de ses émotions, le GPS a une faculté extraordinaire: il calcule le temps qu’il vous faut pour parvenir à votre destination, et l’ajuste en fonction de votre progrès, en temps réel. REEL.
    Hé bien, le GPS-machin-à-baffes a changé ma vie.
    Non pas en m’orientant de A vers B (étant un enfant du millénaire dernier, je sais aussi lire une carte), mais en me montrant de manière indiscutable et en temps réel que les risques que je prenais en slalomant entre les voitures pour gagner du temps, en roulant bien au delà des limites, et surtout, la dépense émotionnelle que me coûtaient mes déplacements en voiture, énervements, disputes en couple (tu vas trop vite, tu vas trop lentement… etc)… tout ça, c’était du risque, du bruit, des émotions négatives pour RIEN. ZERO. L’illusion parfaite. The total DPE.
    Car le temps gagné se comptait en secondes plus difficilement en minutes, et très rarement au delà… Et qu’est-ce que c’est qu’une ou deux minutes? Ou même, 1/2 heure (sur un trajet long)? Dans 99,99% des cas, rien du tout. Ca ne change RIEN.
    Et pourtant, je me laissais berner par la DPE que rouler vite me ferait arriver… vraiment plus vite. Ca parait idiot, simplet, mais on peut mourir de ce genre de DPE, blesser ou tuer autrui. Ou plus communément, devenir agressif, être d’une humeur execrable, insulter les autres, voire, être prêt à les zigouiller…
    Maintenant, bien que j’ai des rechutes, car il y a certainement quelque chose d’instinctif, d’ancré dans la nature humaine dans ces comportements, quand je me mets à faire l’andouille automobile, que l’envie me vient d’engueuler le type de devant, ou de griller un feu, que la DPE reprend le dessus, la leçon du GPS me revient rapidement en mémoire… et m’oriente, même si le GPS dort dans la boîte à gants.
    Savoir que nous vivons en pleine DPE, les détecter, et tenter de les contrôler, ça me parait essentiel.
    La leçon du GPS, je tente de l’appliquer à d’autres situations, avec les collègues de bureau, notamment. Mon GPS, plus ou moins bien intériorisé me fait me demander, souvent après-coup malheureusement, vis-tu dans la réalité, ou te laisses-tu berner par tes DPE? Ce qui te semble très important, ce qui provoque en toi toutes ces émotions, ces comportements tendus, ces jugements à l’emporte-pièce, ce qui t’empêche parfois de dormir, est-ce bien REEL?
    Conclusion: DPE ou se bien conduire… il faut choisir.

  16. joseph locanda le 21 Mar 2010 à 9:34 16

    Mais toute la question est de savoir si je peux vivre sans DPE ? Car la perspective de ressembler à mon GPS… ma voix à moi c’est une femme assez autoritaire malgré une voix trop travaillée pour être vraiment douce, donc je lui ai coupé le sifflet! Bref je préfère vivre en DPE qu’en GPS! Car si le perfectionnement doit me conduire au GPS, restons imparfait et marrons nous !

    Je crois qu’il est important de sortir du champ émotionnel qui est un piège qui conduit à fausser le verre de nos lunettes sur le monde et les autres. Pour autant, le GPS doit nous donner du plaisir, de l’émotion encore bien plus grands parce justement fondé sur la réalité des choses avec la sensation en plus pour nous de progresser. Le chemin spirituel n’est pas triste et son GPS, le vrai, s’il est d’une objectivité à toute épreuve est empreint d’une bienveillance que je ne retrouve dans celui de ma voiture.

    Bonne route!

  17. MIA le 23 Mar 2010 à 0:29 17

    Agir pour le bon fonctionnement d’une équipe et dans le sens du respect des personnes pour lesquelles on travaille, cela requiert plusieurs capacités et qualités… dont le bon sens et le recul…
    J’ai essayé régulièrement… avec des hauts et des bas…
    c’est pourquoi
    J’ai bien aimé tous les détails de l’article car, en effet, c’est simple à énoncer « je ne juge pas »… et au moment de passer à l’acte « sans jugement », j’ai remarqué qu’il y a toujours un moment où arrive le risque des oublis et des négligences, des emportements et des émotions qui me submergent…
    Je remarque aussi que les expériences aidant, je progresse. Je remarque aussi que je perçois mieux les problématiques… et que de nouvelles montrent leur nez…
    et que ce genre d’articles reste très motivant car le progrès de l’auteur est comme une happy end, pleine de positif et d’espoir pour la suite.

  18. MH le 26 Mar 2010 à 16:21 18

    Avec l’âge, je m’aperçois que je suis beaucoup moins susceptible, plus tolérante et moins agressive!

    J’ai reçu un e-mail d’un jeune collaborateur, que mon boss a trouvé trop sec… Il a demandé au jeune de s’excuser et de faire attention à la façon dont il s’exprimait; tandis que, pour ma part, je n’avais absolument rien trouvé de mal dans ce message! J’avais compris que ce jeune collaborateur était concentré sur son sujet et allait « droit au but », c-à-d qu’il avait privilégié le contenu et oublié le contenant. Et il n’y avait aucun mot désobligeant, juste une liste de questions qu’il se posait, tout simplement!
    Je sais que ce jeune est un scientifique et pas du tout un littéraire: très difficile pour ce genre de personne d’écrire avec des tournures de phrases aimables, etc.
    Sachant qui il était, je n’attendais pas une page de roman!!!

    Comme quoi, il suffit de ne pas mettre d’amour-propre quand il n’y a pas lieu d’en mettre!

  19. radegonde le 08 Mai 2010 à 22:13 19

    je viens de lire « la règle d’or ».. nous sommes en plein dedans. Mais difficile d’y penser dans l’action ..

  20. Cogitons le 16 Juin 2010 à 21:16 20

    Hello tout le monde,
    Me retrouvant dans une situation professionnelle éprouvante au niveau émotionnel (en gros, j’ai refusé de marcher dans une combine peu honnête et je me retrouve soudain l’ennemi juré de l’initiatrice de ladite combine, qui est en passe de diriger tout mon département et qui en plus, occupe le bureau à côté du mien), j’ai tout loisir de repenser aux propos de ce fil, les miens, notamment, mis à l’épreuve des faits.
    Où la vie dévoile, de la manière la plus crue, l’océan qui sépare les belles paroles des belles actions, les propos philosophiques de la vie philosophique, bref, la théorie de la pratique.
    Amitiés, solidarité et compassion, donc, à tous les subisseurs de stress, mafiosités, injustices professionnelles et autres.
    Se pose ensuite la question de comment se comporter quand on a été témoin de propos et de suggestions contraires à la loi et à l’éthique… Dénoncer? Faire le dos rond? Très compliqué.
    Un bon point pour moi, j’ai tenu tête à la « mafia », au nom des principes et de l’éthique (qui en cette occasion, étaient viscéraux). Un mauvais, ma situation professionnelle et émotionnelle est devenue assez intenable, et je vis ça avec bien moins de recul philosophique que je ne voudrais. Les émotions, c’est vraiment très difficile à contrôler. La pensée de même. Ne pas juger? Dur dur. Et même si l’on ne juge pas, la situation demeure. Bon. Essayons d’en rire…

  21. Camille le 18 Juin 2010 à 15:23 21

    Hello Cogitons,
    Je n’ai pas de solution évidemment, pas même de conseils et ce que je vais écrire, là tout de suite, est sans doute assez nunuche, mais je ne peux pas m’empêcher de le faire : de tout cœur avec vous ! Mais vraiment de tout cœur. Même si je sais que quand la situation est ainsi complexe, délicate, périlleuse et qu’il y a tous ces fils à dénouer, on est tout seul à essayer de faire le tri entre les priorités, les droits et les devoirs des uns et des autres et les siens propres. C’est là en effet que les grands principes éthiques qui paraissent simples en soi s’avèrent si difficiles à mettre en pratique et qu’on ne sait plus ce qu’il faut privilégier. Et ça, c’est quand on a la tête froide, ce qui est évidemment impossible quand on est impliqué comme ça, entièrement.
    Le travail sur les émotions me semble effectivement essentiel, et pour cela, chasser les pensées négatives improductives qui reviennent en boucle et obscurcissent la perception des faits. Essayer de clarifier ses intentions, s’accrocher aux principes éthiques. Analyser tous les aspects et essayer de différencier personne et acte ; à la limite essayer de comprendre ce qui a pu pousser l’autre à commettre cet acte que l’on juge répréhensible.
    Je ne sais pas s’il est possible d’en rire, franchement, mais essayer de se protéger, oui : la situation est suffisamment dure comme ça pour ne pas en rajouter des tonnes en ressassant des idées contre-productives. Sans aller jusqu’à se dire « chouette, c’est l’occasion de se frotter aux difficultés de la mise en pratique des principes » ;-), essayer de trouver ce que l’on peut tirer de cette grosse contrariété au niveau d’une meilleure connaissance de soi, d’une meilleure compréhension des principes éthiques, d’une vision plus claire des ses propres objectifs. « Le hasard n’existe pas, tout a une cause et une raison d’être ».
    Et puis, j’ai envie de dire, si on est sûr d’agir dans le sens du bien ou du moins d’essayer d’agir dans le sens du bien (c’est l’intention de la bonne intention et Nobody’s perfect), avoir confiance !
    Quoi qu’il en soit, Cogitons, « amitiés, solidarité, compassion » et bon courage !

  22. Cogitons le 18 Juin 2010 à 18:58 22

    Hello Camille, merci de vos conseils et encouragements.
    J’ai effectivement un peu de mal à rire de la situation. Ce sera pour plus tard. Et j’éprouve les symptômes physiques du stress (difficultés à respirer, etc). Je sais donc que je n’ai pas dominé la tempête intérieure… Qui a dit que l’inconscient n’existe pas?
    Sur l’orientation des pensées, vous avez parfaitement raison. Je ne sais pas d’où vient que, dans ces situation, l’on ressasse d’instinct des pensées négatives, agressives, et improductives. Je pense qu’il s’agit d’un mécanisme d’auto-défense, un réflexe pavlovien en situations de stress, qui permet de se renforcer à l’intérieur de soi même par rapport à l’autre, en ressassant ce en quoi l’on a raison (et que l’autre a donc tort et est le « vilain »). Mécanisme guerrier, de soldat avant l’assaut. Mais c’est aussi un mécanisme destructeur qu’il faut interrompre. Je m’y attelle, en m’extériorisant face à la situation, en écrivant ces lignes, entre autres.
    Pour ce qui est de ne pas « juger », et en vérité, de ne pas haïr et ne pas accumuler de rancoeur, voire, chercher à se venger, une pensée m’aide (entre autres) un peu, surtout face à la tentation de se considérer comme le « juste », l' »incorruptible », etc, avec toutes les bouffées d’orgueil mal cachées qui vont avec… Se dire que je n’ai pas grand mérite, du fait de mon éducation, du milieu dans lequel j’ai été élevé, et que la personne en cause ici vient très certainement d’un milieu moins favorisé, où les coups-bas devaient être monnaie courante. On ne peut pas juger, car l’on ne sait pas d’où l’autre vient, et il se peut fort bien qu’il ait accompli un plus long parcours que soi, parti d’un point plus haut.
    Je pense que cette pensée peut mener à la compassion, mais mon souffle raccourci m’indique que je n’y suis pas encore.
    Reste maintenant à gérer la situation. A point nommé, j’ai reçu hier des compliment (pour mes prestations en général) de plusieurs personnes très haut-placées, dont le grand manitou, qui a fait part de ce sentiment à mon « ennemie » du jour. Elle sait donc qu’elle ne peut tenter de me nuire trop directement… A suivre.

    Vraiment, l’Homme est mal fichu. Il a beau savoir que toutes les tribulations de la vie ne sont que passagères, que tout s’achèvera tôt ou tard (que l’on soit croyant ou pas), qu’il y a bien plus grave que sa situation du jour, son esprit à beau lui indiquer la route à suivre, la route philosophique, son corps, son inconscient, et sa force psychique ne cessent de conspirer contre ce qu’il y a de plus haut en lui, et il a toute les peines du monde à imposer sa loi à cette horde psycho-physique récalcitrante, voire quasi-autonome.
    Un fouet. Peut-être devrais-je m’acheter un fouet.

  23. Joseph Locanda le 18 Juin 2010 à 21:18 23

    Cher Cogitons,
    l’homme est paradoxal je crois. La raison qui nous assure de notre bon droit ne domine le champ de nos émotions. Pour moi, cette vie est un laboratoire pour mieux nous connaître, et les épreuves, notamment professionnelles, sont nombreuses et fortement expérimentales. Notre sens éthique trouve plein d’occasions d’être mis à l’épreuve.
    Je suis peut-être radical, mais je pense qu’il y a des positions qui doivent rester intangibles au risque de perdre son job. le compromis est pire que le conflit pour objection de conscience. Le mépris de soi qui découle de la compromission est pire que l’écartement et les vapeurs du stress du conflit. Le conflit et l’opposition sont nécessaires pour apprendre et tester notre détermination, nos valeurs éthiques. C’est dans l’opposition que l’on mesure la réalité de nos valeurs éthiques. Pour autant cela ne signifie pas que cela se passe tout seul, sans tiraillement.
    Donc courage, demain l’important est de pouvoir se regarder dans la glace! Quant à juger ou ne pas juger, c’est un exercice de longue haleine. On dit qu’il faut distinguer les actes de leurs auteurs : j’en suis intimement convaincu, raisonnablement, et pourtant quand quelqu’un me fait une crasse, je ne suis pas certain de matérialiser la frontière entre l’acte et son auteur. L’acte dépersonnalisé c’est moins motivant que l’auteur sur lequel on peut s’acharner. C’est ainsi et le fait d’être conscient de cette digotomie à opérer atténue peut être notre densité de jugement, cela allège la nuisance de notre jugement…

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