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L’altruisme : entretien avec Bahram Elahi

Par , le 22 Nov. 2009, dans la catégorie Entretiens - Imprimer ce document Imprimer - English version

Bahram Elahi

Dans le cadre du cycle de réflexion sur la pratique de l’altruisme, le comité de rédaction e-ostadelahi.fr a sollicité une interview du Pr. Bahram Elahi sur le thème de l’altruisme. Bahram Elahi, fils d’Ostad Elahi, a passé plus de quarante ans à approfondir la pensée de son père, tout en menant ses propres recherches et expérimentations. C’est lui qui a fait connaître, à travers de nombreuses publications, l’œuvre philosophique et spirituelle d’Ostad Elahi. Dans cet entretien, il explicite le sens de l’altruisme dans le travail de perfectionnement de soi et fournit quelques clés en vue d’une pratique raisonnée de l’altruisme.

 

Quelle est la place de l’altruisme dans la pratique spirituelle d’Ostad Elahi ?

Cultiver en soi l’amour d’autrui est un des fondements de l’éthique juste. L’altruisme est l’un des piliers de la pratique spirituelle d’Ostad Elahi, avec l’attention à la Source et la lutte contre le soi impérieux.

Comment en pratique peut-on s’y prendre ?

Aider les autres avec générosité et bienveillance passe souvent par des actes très simples : une écoute attentive, un compliment sincère, un geste amical ou toute autre marque de soutien… On peut donc aider les autres par toutes sortes de moyens : par ses biens, ses actes, ses paroles, mais également par sa seule pensée et intention. Par exemple, le fait de cultiver en soi la volonté de faire du bien aux autres, ou avoir l’intention ferme de les aider, a déjà un effet positif sur les autres et sur soi-même, même si on ne trouve pas l’occasion de passer à l’acte. Celui qui s’engage dans son perfectionnement spirituel doit inscrire l’altruisme dans son programme pratique.

Que nous apporte d’être altruiste ?

De manière générale et quelle que soit l’aide apportée, qu’elle soit de nature matérielle, psychologique ou spirituelle, aider les autres avec bienveillance nous est utile à nous-même, autant et même davantage qu’à autrui. Cela permet de cultiver en soi des pensées positives et d’être en paix avec soi-même. Cela procure également une épargne spirituelle que l’on emportera avec soi dans l’au-delà. La valeur de cette épargne est telle que, dans certains cas, elle suffit à projeter l’âme vers des niveaux élevés. De manière générale, elle joue un rôle déterminant dans la qualité de vie dont l’âme bénéficiera dans l’au-delà.

N’est-il pas paradoxal de rechercher un intérêt personnel dans l’acte altruiste alors que, par essence, celui-ci devrait être fondé sur la compassion et l’amour d’autrui ?

L’altruisme par devoir s’applique à tout le monde, tandis que l’altruisme par compassion et amour d’autrui est une vertu qui doit s’acquérir. Elle n’existe que chez de très rares personnes qui, spirituellement avancées, ont atteint l’état d’abnégation et de détachement. Tant qu’on est sous l’emprise de son ego égoïste et mercantile – et c’est le cas de la quasi-totalité d’entre nous –, l’amour que l’on éprouve pour autrui est intéressé, il n’est que la projection de l’amour que l’on éprouve pour soi-même.

Il semble pourtant difficile de séparer l’altruisme de l’émotion, de cet amour instinctif qui nous pousse à la compassion et à la bienveillance…

L’être humain est naturellement égoïste, mais il a également des pulsions d’altruisme, qui découlent de sa pulsion éthique. La pulsion éthique est une pulsion du surça qui nous pousse vers le Bien, qui nous porte par exemple à agir avec bienveillance envers les autres et à leur être utile. Certains la cultivent, d’autres la refoulent ou la répriment. Le bien-être qui découle de la satisfaction de la pulsion éthique est d’une qualité très différente de celui qui découle de la satisfaction d’une pulsion égoïste du ça, aussi différente que la joie de celui qui sauve la vie d’un homme ou d’un animal en détresse l’est de la satisfaction ressentie par le chasseur de prime ou d’animaux. C’est un sentiment de fierté, une sensation d’allégresse qui est à la fois légère, profonde et durable. On ne peut imaginer à quel point les gens qui se dévouent pour autrui par pure humanité, ou dans l’intention du contentement divin, sont intérieurement apaisés. C’est pourtant un fait que chacun peut vérifier par soi-même.

Dans quelles conditions devrait, selon vous, s’accomplir l’altruisme ?

Pour que nos actes altruistes aient un effet maximal, il convient de faire attention aux points suivants :

  • S’efforcer de chasser de son esprit les intentions mercantiles et démagogiques, c’est-à-dire agir de manière désintéressée, sans rien attendre en retour ; agir de manière discrète, non ostentatoire, en évitant de froisser celui que l’on aide et en évitant qu’il se sente redevable. En tout état de cause, ce qui compte, ce n’est pas tant ce que l’on fait pour l’autre que l’intention dans laquelle on agit.
  • Agir de manière contextuelle et équilibrée. Par exemple, quand on s’apprête à aider quelqu’un, il faut prendre en compte sa propre situation, les moyens dont on dispose, faire attention à ne pas léser les droits des personnes qui dépendent de nous, prendre garde à ce que nos actes altruistes ne se fassent pas au détriment d’autres personnes et qu’ils ne pèsent pas sur un tiers.
  • Sauf cas de force majeure, ne pas imposer son aide, mais la proposer, en respectant ce qu’est l’autre et ce qu’il veut, sans le juger, sans en tirer non plus un sentiment de supériorité. Il importe ici de respecter la dignité et la liberté de l’autre.

Comment faire si l’on ne ressent pas spontanément de compassion, que l’on a tendance à être indifférent au sort des autres ?

Pour pouvoir aider les autres, il faut cultiver en soi la disposition à vouloir le bien d’autrui, qui pousse naturellement à être utile aux autres et à leur venir en aide de manière désintéressée. Si on ne la porte pas naturellement en soi, le seul moyen de se motiver est de s’imposer de pratiquer l’altruisme par humanité et, si on a la foi, pour le contentement divin. Pour cela, la meilleure stratégie est de se mettre à la place des autres, de façon à prendre concrètement conscience de leurs besoins et de leur détresse.

L’altruisme est souvent entendu dans un sens social, d’engagement dans des causes, ou de rendre service à des personnes dans le besoin autour de nous. Est-ce également le sens que vous lui donnez ?

Bien entendu, l’engagement dans les causes que vous évoquez relève de l’altruisme. Par exemple, ceux qui s’engagent dans l’amélioration des conditions de vie de leurs semblables ou la défense des animaux accomplissent des actes altruistes. Néanmoins, dans la pratique de l’altruisme, aider ceux qui nous sont proches et que l’on côtoie quotidiennement, tels que le conjoint, les enfants, les parents, les voisins… est prioritaire. S’efforcer par exemple d’être pour son conjoint un soutien en se mettant à sa place, prendre sur soi pour alléger sa charge, ne pas le trahir, etc.

Si nous sommes sous l’emprise de notre ego mercantile et égoïste, ainsi que vous l’indiquez, comment peut-on cultiver le désintéressement ?

La vie courante, dans le contexte familial ou professionnel, constitue une mine d’expériences qui nous permettent de cultiver ce désintéressement. On doit par exemple s’attendre à ce que les autres ne remarquent pas toujours ce que l’on fait pour eux, voire qu’ils fassent preuve d’ingratitude, et même, dans certains cas, qu’ils abusent de notre générosité. Il s’agit là d’une sorte de mise à épreuve qui vient tester la sincérité de notre intention. Tout élan vers le bien doit vaincre une opposition pour aboutir.


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58 commentaires

  1. G. le 22 Nov 2009 à 16:08 1

    Merci pour ces réponses simples et clairs!

    Je trouve qu’il est extrêmement difficile de n’avoir aucune attente des autres et de ne pas les juger (par exemple, je juge que cette personne mérite mon acte « altruiste » ou qu’elle ne le mérite pas). Je sais que l’ingratitude d’autrui est un corollaire de l’altruisme, mais j’ai beaucoup de difficulté à être altruiste envers ceux qui, bien qu’objectivement des personnes biens, m’ont offensés d’une manière ou d’une autre. Si je m’efforce de faire un acte positif pour ces personnes et qu’elles ne me rendent pas la pareille, j’aurais le sentiment d’avoir lésée ma propre dignité…. Ou s’agit-il plutôt de l’orgueil mal placé? En fait, Je n’arrive pas toujours à distinguer s’il s’agit d’une situation de mise à l’épreuve de l’altruisme ou s’il s’agit plutôt d’une situation où il faudrait que je réclame mon droit. D’un point de vue pratique, étant donné que je m’accorde parfois plus de droits que je ne devrais, faudrait-il que je privilégie l’altruisme par rapport à la défense de ce que je considère être mon droit ?

  2. la le 22 Nov 2009 à 23:04 2

    En se référant aux conditions de pratique de l’acte altruiste données dans l’interview, il me semble que la réponse peut être trouvée pour chaque cas qui se présente. Il s’agit bien d’accomplir un acte désintéressé sans attendre de résultat avec un intention de bienveillance, de mesurer et doser son acte altruiste afin qu’il ne lèse personne de son entourage et à fortiori soi-même, et enfin de respecter l’autre dans sa dignité d’être humain sans le juger.

    @G. Il est clair que l’acte altruiste le plus difficile à accomplir est bien celui qu’on fait à l’attention de celui avec qui on peut avoir dèjà un ressentiment ou qui nous a fait du mal. Je pense que pour répondre à la question posée, il est nécessaire de voir en soi qu’elle est la racine de ce ressentiment (susceptibilité, jalousie, ne pas accepter les critiques, orgueil…) et ensuite la meilleure façon de lutter contre ce ressentiment est bien de tenter de faire un acte de bienveillance à l’égard de cette personne : pour l’avoir expérimenté les effets sont toujours très positifs voire inattendus.
    Pour la deuxième question, en effet, il est des situations où défendre son droit prime sur le fait de rendre un service ou faire un acte altruiste comme par exemple s’occuper de sa santé, mais il en est d’autres où l’inverse s’impose si on ne fait pas passer son ego égoiste en avant. Sans un exemple précis il est difficile de répondre à votre question…

  3. MKN le 22 Nov 2009 à 23:57 3

    G., réclamer ses droits fait souvent du bien à l’orgueil (ou l’égoisme) mais parfois cela fait très mal à l’orgueil. Je pense que dans ces situations il faut éviter ce qui fait du bien au soi impérieux (conduire en voiture dans Paris est excellent pour voir comment le soi impérieux s’y prend).
    En tout cas cet article répond à beaucoup de mes questions.

  4. bolo le 23 Nov 2009 à 11:05 4

    @G
    il y a à mon avis une différence importante entre la défense de ses droits et la pratique de l’altruisme.
    défendre ses droits lésés est un devoir.
    Pratiquer l’altruisme c’est justement le faire de manière à ce que la personne bénéficiaire n’ait pas de devoirs envers nous ( devoir de rendre)
    Si l’altruisme est pratiqué avec la bonne intention, le fait que la personne bénéficiaire de rende pas n’est pas un problème. c’est d’ailleurs le cas quand on donne à une association caritative. on attend pas de retour ( sauf peut être une réduction d’impôts.. lol )
    C’est incomparablement plus difficile avec les proches, ou les ingrats, car on attend, consciemment ou non, un retour, au moins un merci.
    c’est là qu’à mon avis , travailler sur cette brûlure prend tout son sens en tant que travail spirituel. Donner qque chose n’ouvre pas de droits, sinon c’est un prêt, pas une donation.
    c’est aussi une manière de travailler sur le pardon.
    Mais aussi sur le discernement.
    Est-ce que donner régulièrement sans compter à qqun qui manifestement en abuse, est de l’altruisme ? lui est-ce utile en fin de compte ?
    difficile pratique. Mais bien sur tellement nécessaire.
    en attendant d’avoir une vision « juste » de l’acte, mieux vaut probablement passer pour une « poire » qu’un égoïste, cela me semble moralement (donc spirituellement) plus acceptable.

  5. Bernard GrandAdam le 23 Nov 2009 à 23:33 5

    Je trouve cet article très intéressant sur le fait qu’il rend l’altruisme abordable pour tout un chacun.

    En effet, souvent je prétexte de ne pas pratiquer l’altruisme par manque de temps, car je pensais qu’être altruiste nécessitait nécessairement des actes remarquables du type un engagement dans une association humanitaire ou de m’organiser pour voir des gens qui ont besoins de mon aide.

    Or, la démarche proposée ici me semble à la fois très simple et abordable. Ce que j’en retiens :

    D’une part, être altruiste n’est pas forcement que de faire des actes remarquables mais des actes très simples au quotidien tels qu’une écoute attentive, un compliment sincère, un geste amical voire tout simplement l’intention d’être utile aux autres.

    D’autre part, l’altruisme doit se pratiquer en priorité envers ceux que l’on côtoie au quotidien tels que le conjoint, les enfants… En ce sens on n’a pas forcement besoin de s’engager dans une association pour aller en Afrique mais déjà on peut commencer à s’efforcer à être attentifs pour être utiles à ses proches par des actes simples tels que débarrasser la table, de faire la vaisselle, brefs des petits actes au quotidien pour décharger un peu son conjoint.

    Néanmoins, je ne comprends pas pourquoi être altruiste nous aide à cultiver des pensées positives et d’être en paix avec soi-même ?

  6. MKN le 24 Nov 2009 à 0:39 6

    @la
    Vous dites que : »Il s’agit bien d’accomplir un acte désintéressé sans attendre de résultat avec une intention de bienveillance, etc ». Ceci constitue la condition idéale d’accomplissement d’un acte altruiste. C’est un objectif à atteindre.
    Je pense que dans la plupart des cas, c’est la phrase suivante (sus-citée) qui est valable : « Pour pouvoir aider les autres, il faut cultiver en soi la disposition à vouloir le bien d’autrui, qui pousse naturellement à être utile aux autres et à leur venir en aide de manière désintéressée ».

  7. G. le 24 Nov 2009 à 4:11 7

    @La : Est-ce à moi de prendre le premier pas pour souder une amitié de longue date brisée par le comportement de la personne adverse (bien qu’on ait fait nos efforts, la personne adverse, elle, n’a plus voulu en faire)? Devrais-je m’efforcer d’être sympathique avec un collègue qui à été hypocrite à mon égard? Devrais-je faire preuve de tolérance et de compréhension quand on n’a pas tenue une promesse qui m’était importante? Voici des exemples de scénarios qui me passaient à l’esprit quand j’ai posée ma question.

    Voici quelques pistes que j’ai retenue de vos commentaires (Merci MNK, Bolo et La !) : il est utile d’essayer de trouver la cause du comportement d’autrui chez soi-même… cela aiderait surement à être moins critique envers les autres ce qui contribuerait à faciliter l’acte bénévole à leurs égards. Ensuite, à moins qu’il ne s’agisse d’un cas où la transgression de notre propre droit soit flagrante (par exemple quelqu’un essaie de nous voler), vaut mieux agir avec bienveillance malgré cette sensation de « brûlure » ou le fait de « passer pour une poire » (lol), car en effet, cela fait « moins plaisir à l’orgueil » que de revendiquer son droit (par exemple exiger que la promesse soit tenue, réclamer des excuses). Tout cela n’est pas très facile en pratique, il faut être motivé !

    @ BernardGranadam : une très belle réponse à ta question se trouve dans le livre de La voie de la perfection de Dr. Bahram Elahi; p.130 – « le respect de cette règle d’or est un bienfait, non seulement pour les autres, mais aussi pour soi-même : on a la conscience en paix et le cœur léger, on ressent en permanence un bien-être, une gaieté et une sérénité intérieurs. La vie nous sourit. Nos difficultés s’aplanissent plus facilement, notre vie familiale et sociale est plus réussie et, dans nos entreprises, nous sommes protégés de la précarité. Cultiver l’amour d’autrui, la bonté, la bienveillance, etc., attire la grâce divine qui chasse les énergies négatives de notre vie. » (la règle d’or étant : en toute circonstance, se mettre à la place des autres).

  8. danielle le 28 Nov 2009 à 10:55 8

    @G : Il y a plusieurs obstacles à« Etre altruiste envers ceux qui, bien qu’objectivement des personnes biens, m’ont offensés d’une manière ou d’une autre ». En effet, je pense aussitôt que je vais passer pour une bille, ou que l’autre pense que je lui donne raison, etc. Mais dès que, dans ces situations, on fait un acte altruiste pour le contentement de Dieu, tout est différent. Comme une inconnue en mathématique ( ?) cette « autre présence » entre les deux protagonistes modifie toute la problématique. Dans les faits, je me suis libéré de toute attente vis à vis de l’autre puisque mon acte était pour lui mais dans une autre intention, et c’est le sens de cette intention qui m’a donnée la force et l’énergie de passer à l’action.

  9. Cogitons le 30 Nov 2009 à 1:25 9

    J’aime beaucoup cette idée de l’altruisme de proximité, anti-héroïque, en quelque sorte. Je ne sais pas pourquoi nous tombons toujours dans le panneau de l’héroïsme. Ah si. La culture Chrétienne, probablement, et l’exemple extrême du Christ (ou d’autres figures Saintes). On dit altruisme, on pense immédiatement SDF, Médecins du Monde, Restaus du Coeur… Zorro est arrivé, et Zorro, c’est moi. Non que cela soit hors-sujet, mais on ne pense pas aux petits actes et attitudes quotidiens envers ses proches. Voilà un article qui remet quelque peu les choses en place. Reste à mettre en pratique, et ce qui est vraiment bien, c’est que la matière ne manque pas!
    @ Bernard GrandAdam (je ne sais pas pourquoi, je lis toujours « Grande Dadamme »), je pense que l’altruisme aide à cultiver les pensées positives, parce qu’on se sent généralement bien quand on fait du bien à autrui, et que cela engendre un cercle vertueux. On sait tous que ruminer un ressentiment ou chercher à se venger a un impact psycho-physique sur soi-même, un peu dégradant même s’il y a un élément de plaisir temporaire. Cela a un côté noir, non? Et comme nos états émotionnels et nos schémas mentaux conditionnent notre perception du monde (nous ne connaissons pas le monde, nous ne faisons que percevoir), la noirceur intérieure noircit ce monde « virtuel » et on rentre dans un cercle vicieux, noir et négatif. Tout ceci se voit certainement au niveau du cerveau et de la chimie du corps, d’ailleurs (pour ce qui est de l’âme et de l’aspect spirituel en général, je n’ai rien à dire).

  10. mike le 30 Nov 2009 à 20:05 10

    c’est vrai, je comprends mieux maintenant le sentiment que j’ai eu une fois dans le métro en revenant d’un congrés : l’ambiance était très morose, chacun dans ses pensées, j’étais assis sur un siège comme les autres…puis la porte s’ouvre et un couple de personnes âgées entrent, pas de place?… et tout d’un coup, comme une impulsion qui surgit du fond de mon être, je me lève et je laisse la place vacante… le mari propose à son épouse de s’assoir; l’air de rien je me dirige vers la porte pour ne pas faire de manières et avoir de remerciements… l’ambiance était morose mais mon coeur se réchauffe soudain, c’est indescriptible, ce n’est pas une fierté, c’est une sorte d’amour, de communion, j’ai eu l’impression d’avoir fait un devoir, mon devoir d’être humain, je me rapproche de quelque chose de très suave, le regard de l’autre ne m’interesse même pas, je me suis senti heureux en cette après midi morose…j’ai l’impression d’être en adéquation avec mon être, j’ai tiré profit de cette place assise, je donne profit à mon tour et je respecte mes ainés, je me mets à la place d’une personne fatiguée et j’essaye de l’aider… probablement que ces actions répétées tous les jours rendent les gens heureux comme je l’ai été pendant le reste de la journée et ceci quelques soit l’endroit où j’étais.

  11. mike le 03 Déc 2009 à 23:28 11

    @G,@Danielle
    en fait on pourrait prendre le problème dans l’autre sens : le fait d’être offensé par quelqu’un est déjà le problème, c’est que j’attendais quelque chose de sa part (dans son comportement à mon égard quelque soit la raison de départ), donc c’est ce qu’il faut corriger en premier, après le fait de faire un acte altruiste reprend dans le bon sens et je rejoins Danielle dans l’idée de mettre cette troisième personne qui nous vient en aide dans l’équation et qui rectifie notre intention ; au total, on pourrait dire que l’intensité de la repercussion de mon acte (dans un sens et dans l’autre en retour) ne dépendra que de la nature de mon intention première. Et puis le champ d’application de l’altruisme a apparemment ses limites comme nous l’explique B. Elahi : « Sauf cas de force majeure, ne pas imposer son aide, mais la proposer, en respectant ce qu’est l’autre et ce qu’il veut, sans le juger, sans en tirer non plus un sentiment de supériorité. Il importe ici de respecter la dignité et la liberté de l’autre ».
    Donc si l’autre ne fait pas l’effort, pourquoi insister?

  12. Inc le 04 Déc 2009 à 23:58 12

    J’ai mis un peu de temps à éclaircir certaines notions.
    Par exemple, « Tant qu’on est sous l’emprise de son ego égoïste et mercantile – et c’est le cas de la quasi-totalité d’entre nous –, l’amour que l’on éprouve pour autrui est intéressé, il n’est que la projection de l’amour que l’on éprouve pour soi-même ». En effet, j’ai parfois des émotions de sympathie pour certaines personnes lorsque je leur trouve des traits de caractères communs aux miens!
    Sur la différence entre puslson ethique et pulsion égoïste dans l’amour pour autrui. Les relations amoureuses peuvent fournir un exemple. On peut ressentir une attirance pour quelqu’un dominée par la pulsion égoïste de possession, presque comme le chasseur. A l’inverse, on peut vouloir le bien de la personne avec qui l’on partage sa vie, comme on veut le bien pour soi même. C’est radicalement opposé. Mike a d’ailleurs donné un excellent exemple de pulsion éthique.

  13. Ziba le 07 Déc 2009 à 7:11 13

    Il est de plus en plus difficile, de nos jours, pour les parents, à être altruistes avec un enfant ingrat.
    Les jeunes d’aujourd’hui, à l’instar de la société dans laquelle on vit, estiment bcp de choses comme leur étant dues.
    Continuer à être altruiste avec votre jeune qui a du mal à se rendre compte de tout ce que vous faites pour lui revient à donner une bonne claque à cette partie en nous qui exige la reconnaissance ou du moins le respect en échange des services rendus.
    Je tire mon chapeau à ceux qui arrivent à appliquer les conditions de l’altruisme citées dans l’article à l’égard de leurs enfants.

  14. Bernard Grandadam le 07 Déc 2009 à 18:57 14

    @G et Cogitons : merci pour vos réponse

  15. KLR le 10 Déc 2009 à 23:38 15

    Merci beaucoup pour cet article qui m’a motivé ces derniers temps pour cultiver l’altruisme. A cette occasion j’ai pu en effet vérifier que « l’altruisme permet de cultiver en soi des pensées positives et d’être en paix avec soi-même ». J’ai même eu le sentiment presque physique que cela m’apportait de l’oxygène, car j’avais une tendance à étouffer dans une atmosphère pesante et hyper matérialiste… Cela m’a rendu le coeur léger.
    Lorsque l’on est attentif, les occasions d’altruisme ne manquent pas : un ami malade ou dépressif, une voisine seule…

  16. KLR le 13 Déc 2009 à 12:18 16

    A propos de cet altruisme héroïque et du fait qu’il y a beaucoup d’opportunité de rendre des petits services ou de faire des petits gestes d’altruisme :
    une amie me faisait remarquer un jour, que dans notre société, entre autre en France, comme l’altruisme ne fait pas vraiment partie des valeurs à la mode, il n’y a qu’à réaliser de toute petite chose pour être considéré comme un héros.
    J’ai travaillé il y a quelque temps avec une collègue québécoise et j’ai pu constater à quel point la culture de l’altruisme était immédiate pour elle. Bien sûr il peut s’agir d’un cas particulier, mais cela m’a donné à réfléchir…
    D’autre part, je remarque que le moindre petit geste est souvent reçu avec beaucoup de chaleur et même parfois un certain étonnement…

  17. E.M. le 24 Déc 2009 à 1:06 17

    « Dans quelles conditions devrait, selon vous, s’accomplir l’altruisme ?

    Pour que nos actes altruistes aient un effet maximal, il convient de faire attention aux points suivants … »
    Un exemple d’appliacation des trois pistes de reflexion proposées peut être le partage d’un savoir.
    Face à quelqu’un qui est en demande d’un savoir dont on a une petite connaissance relative, on peut:
    _ partager ce savoir(prendre en compte les besoins d’autrui…)
    _ ne rien attendre en retour (ne pas chercher à briller, attention à la vanité, au supérioritisme…)
    _ne pas imposer son savoir ne pas écraser l’autre, s’arrêter lorsque la personne n’a plus envie d’écouter( respecter la liberté et la dignité de l’autre…)
    On peut aussi ajouter
    _faire la distinction entre intéret pour un savoir et curiosité mal placée, comprendre les éventuelles frustrations d’autrui et les notres.
    _laisser la parole à l’autre et poser des questions, savoir apprendre d’autrui.

  18. joseph locanda le 31 Déc 2009 à 10:34 18

    La bonne découverte de cet entretien : l’altruisme commence avec les siens. Une notion qui n’allait pas de soi. Une approche pas forcément facile à réaliser : il est parfois plus facile ou plus « mercantile » d’aller à la recherche de grande cause. Il est plus facile d’aller aider des relations que de se mettre à l’écoute de ses enfants et de soulager son conjoint. Le retour n’est pas garanti, la reconnaissance pas forcément exprimée : les épreuves corollaires avec son environnement viennent bousculer l’intention de l’altruisme et révèlent plus facilement la sincérité de notre démarche.

    l’altruisme le plus compliqué pour moi n’est pas de traverser tout Paris pour aller aider quelqu’un dans le besoin, c’est de savoir écouter l’autre. L’écoute est sans aucun doute une forme d’altruisme très subtil qui nécessite beaucoup de psychologie et une vraie sincérité dans la démarche pour produire un effet positif pour l’autre. La notion de « se mettre à la place de l’autre » prend ici toute sa dimension. L’effort de mettre de côté son ego pour éviter de la ramener, de donner des leçons, de choisir de bonnes questions, de froisser, de vouloir être un exemple pour l’autre… Bref, l’expérimentation de l’écoute nécessite une conscience éveillée pour porter ses fruits et permet de tester notre intention dans la démarche.

  19. B.G. le 08 Jan 2010 à 17:00 19

    cet article m’a rappelé un poème écrit il y a fort longtemps par une de mes institutrices dans mon album de poésie et que je n’ai jamais oublié. Je vous le livre car, dans le cadre de ma pratique, je me le récite tous les matins…

    « A qui puis-je être utile, agréable aujourd’hui ?
    Voici chaque matin ce qu’il faudrait se dire.

    Et le soir, quand des cieux la clarté se retire,
    Heureux à qui son coeur, tout bas, a répondu :

    Ce jour qui va finir, je ne l’ai pas perdu ;
    Grâce à mes soins, j’ai vu sur une face humaine
    La trace d’un plaisir ou l’oubli d’une peine »

  20. KLR le 12 Jan 2010 à 22:59 20

    @B.G. Merci beaucoup de nous avoir livrer cette belle poésie, elle est pleine d’émotion et résume si bien l’état d’esprit qu’il faut avoir envers autrui. Pouvez-vous me dire qui en est l’auteur ?

  21. Beki le 24 Jan 2010 à 14:19 21

    @KLR
    Je me permets de répondre à la place de B.G. (en espérant qu’il ou elle ne m’en veuille pas 🙂 ).
    Son auteur est François Andrieux.

  22. B.G. le 27 Fév 2010 à 12:20 22

    @ KLR

    Pardon pour cette réponse tardive, mais je n’ai pas accès régulièrement à Internet et j’ai dû rechercher le fameux album.

    Bien m’en a fait car j’ai vu que j’avais oublié le premier vers (acte manqué ?) qui est pourtant fondamental :

    « Vivre en soi, ce n’est rien. Il faut vivre en autrui. »

    Quant à l’auteur, il s’agit bien d’ANDRIEUX . (merci Beki, mais savez-vous le nom de l’ouvrage ?)

  23. Marie le 20 Juin 2010 à 20:23 23

    Cet entretien est si riche qu’il m’a fallu du temps pour essayer de l’assimiler, déjà sur le plan de la pensée. Et pour ma plus grande joie, à la suite des réflexions qu’il a suscitées intérieurement, j’ai trouvé une clé qui parait évidente quand elle est formulée, mais que je n’avais pas intégrée jusqu’à présent.

    C’est l’idée que je ne suis pas indispensable, ce qui se traduit par le fait que si ce n’est pas moi qui apporte telle aide, ce sera quelqu’un d’autre. En d’autres termes, l’occasion d’une « bonne action » est une occasion qui nous est donnée et qui doit être saisie, sinon c’est quelqu’un d’autre qui en profitera.
    Jusqu’à présent, lorsque j’aidais quelqu’un, je ne pouvais intérieurement m’empêcher de penser que cette personne avait eu bien de la chance de me trouver sur son chemin…Maintenant je suis arrivée à l’idée que si je laisse passer cette occasion de rendre service, si la personne le mérite, elle recevra de toute façon cette aide, par quelqu’un d’autre.

    Etes-vous d’accord avec cette façon de voir?

    En tout cas elle m’est extrêmement utile, déjà sur les plans suivants: je suis plus soucieuse de saisir les occasions d’aide et de remercier pour ces occasions qui me sont données, et j’ai gagné en humilité en « découvrant » que je ne suis pas indispensable, selon cette vieille sagesse suivant laquelle  » Le cimetière est peuplé de gens indispensables ».

  24. nanou le 23 Juin 2010 à 16:56 24

    @Marie : tu dis que la bonne action « est une occasion…qui doit être saisie, sinon c’est quelqu’un d’autre qui en profitera ». L’idée me semble intéressante car elle évite à l’altruiste de tomber dans l’orgueil de celui qui croit être indispensable aux autres. D’un autre côté, cette façon de penser ne fait-elle pas un peu comptable. Est-on encore altruiste si on le fait pour soi et en se disant qu’un autre « altruiste » risque de nous passer devant ?

  25. mike le 26 Juin 2010 à 19:51 25

    @nanou @ marie
    tout ce que l’on fait, quelque part, on le fait toujours pour soi…même l’action la plus désintéressée possible nous revient quand même puisqu’elle permet à notre esprit de se développée et d’augmenter cet ingrédient d’altruisme, de compansion, d’amour pour l’autre…
    et puis au départ je pense qu’on ne peut pas s’empêcher de calculer, mais bon, l’essentiel est de faire, et puis progressivment on se détache du calcul…il y a tellement d’occasion que l’autre altruiste aura de quoi faire et puis réfléchissez, qui est le plus altruiste des deux? celui qui s’empresse de faire ou celui qui par bienveillance (et non par paresse) et content de bon coeur de laisser l’occasion à l’autre de faire un bon acte ou même donne l’occasion à l’autre par son comportement de faire des bons actes?

  26. Suzy le 27 Juin 2010 à 22:50 26

    @ Marie :
    Cet aspect dont tu parles de saisir l’occasion est intéressant et plutôt motivant pour être actif.

    En revanche lorsque tu dis : « Maintenant je suis arrivée à l’idée que si je laisse passer cette occasion de rendre service, si la personne le mérite, elle recevra de toute façon cette aide, par quelqu’un d’autre. »
    « si la personne le mérite » m’interpelle un peu. Est-on vraiment apte à juger qui le mérite et qui ne le mérite pas ?
    Ne devrions-nous justement pas être plus détaché et s’efforcer à « juste » vouloir être utile ?

    C’est sur que c’est sans doute plus facile de proposer notre aide à quelqu’un qui à notre sens le mérite, peut-être est-ce une première étape nécessaire; puis essayer de tendre vers un acte altruiste envers quiconque pour l’étape d’après, avec calcul comme le dit Mike, puis sans calcul, ainsi de suite …

  27. KLR le 30 Juin 2010 à 22:06 27

    Merci à B.G. et à Beki, je ne connaissais pas cet auteur.
    @Marie: je vous rejoints, cette vision des choses est tout à fait essentielle, et elle n’est pas commune. On a l’impression que pour bien l’assimiler, il faut voir les choses autrement, avec d’autres valeurs, et se départir de notre vision habituelle du monde.
    C’est tout compte fait assez révolutionnaire et c’est une parade à beaucoup de points faibles et de voix intérieures qui nous poussent à perdre ces occasions : des voix qui expriment la paresse, l’orgueil, la négligence…

  28. Joseph Locanda le 02 Juil 2010 à 23:29 28

    Le plus difficile est de vouloir le bien des autres sans qu’il ne le sache : j’adore que l’on remarque que je veux le bien de quelqu’un et si possible qu’on me le dise. C’est agréable pour l’ego. En même temps j’ai déjà fait l’expérience du plaisir pur et intérieur de l’altruisme. Le fait de savoir que l’on a aidé quelqu’un et que seul nous en avons connaissance, excepté Lui, est un plaisir intense bien supérieur que de vous entendre complimenter par la personne concernée ou quelqu’un d’autre.

  29. maxime le 20 Jan 2011 à 3:36 29

    Merci pour vos propositions,
    Cela me renforce dans ma foi et en l’altruisme
    et je pense a la situation que j’ai vécu ce Noel ou nous nous réunissions en famille chez mon frère.
    Ayant avec ma compagne apportés des présents à chacuns,
    les membres de ma famille,(avec chacuns une raison matérielle), ne fimes aucun présents a ma compagne et moi meme. Devant la gène et le malaise de ma compagne je pris son parti et je fis grieff a ma famille « autrui » de leur attitude envers nous deux.
    Le résultat en fut que nous nous sommes quités fachés avec mes parents et ma soeur.

    Je comprends cette épreuve, et, mème en ayant échoué à avoir été détaché des conséquence de la conduite d’autrui, et n’ayant pris sur moi , je comprends en l’occurence n’avoir pas dépassé la barrière du moi pour faire miséricorde des actes manqués d’autrui.
    Le soulagement me viens de la compréhention de ce que j’ai vécu avec ce Noel, à savoir que le détachement n’est pas celui que je pense , mais celui que je peut vivre , et pratiquer, avec ce qu’il m’en coûte d’effort (car me vint cette phrase de Fabrice Hadjjaj dans un article de la Vie: »Les chrétiens aujourd’hui ne peuvent plus se payer de mots(…) »)
    et aussi que je ne peut rester faché, car me vint cette Parole des évangiles : « Lorsque tu veux venir à moi, réconcilies toi avec ton frère ».
    Alors vos propos me gonflent le moral, soyez en remerciés.

  30. Ms le 01 Juin 2011 à 1:21 30

    Comme bon nombre de sujets, je pense que « l’altruisme » repose beaucoup sur un problème d’interprétation des choses. J’entends par là que dans tous actes que l’on entreprend, malgré l’intention bonne que l’on peut avoir dès le départ, cet acte peut être mal perçu et donc avoir l’effet contraire escompté ou, du moins, un effet même quelque peu différent… Certains peuvent même aller jusqu’à penser que l’on veut les changer…

    A ce sujet, j’ai vécu une expérience très récente. Une amie m’a appelé concernant une petite altercation qu’elle a eu avec une connaissance à elle. Au fur et à mesure de la discussion, nous essayions d’analyser les propos qui ont été utilisé par chacunes d’elles et j’essayais d’aider mon amie quant à l’attitude qu’elle devrait, à mon avis, adopter. Cette amie est proche de moi et sachant qu’elle peut vite s’emporter ou mal interpréter ce qu’on lui dit, je fais, je pense, vraiment attention aux termes que j’utilise. Durant cette discussion, j’ai voulu lui faire part du fait que, souvent, elle parait soumise aux gens et ne défend pas assez ses droits. Dans cette optique, je commençais mes phrases par « à mon avis », « je pense mais ça vaut ce que ça vaut », « tu vaux beaucoup mieux que cela »… Cependant, alors même qu’elle semblait être d’accord avec moi (c’est un trait de caractère dont elle est consciente), elle a soudainement commencé à s’énerver et se braquer sur le terme « soumise ». Malgré mes explications sur mes propos à savoir le fait que je ne fais que donner mon avis et que je trouve réellement qu’elle vaut plus, que ce n’est pas méchant de ma part, etc., ça n’a pas été suffisant…

    En ce sens, je voudrais dire que mon intention était positive. Peu m’importe le comportement que les gens adoptent: je pars du principe que chacun est libre d’agir comme elle ou il l’entend. Cependant, quand on vient vers moi et que je suis proche de la personne, je ne peux m’empêcher de vouloir « son amélioration », à mon niveau et sans aucune prétention. C’est comme cela que je conçois l’amitié à savoir avec une part de sincérité. Encore une fois, j’insiste sur le fait que je ne fais que donner mon avis, sans rien imposer du tout, libre à elle ou il d’agir de la sorte ou pas du tout !

    Il semble donc que malgré l’intention pure, à mon sens, l’acte peut engendrer un effet différent…

  31. Disert le 01 Juin 2011 à 11:40 31

    Ms, j’apprécie de lire des expériences, cela ramène au concret et permet d’approfondir la pensée en partant de la réalité. Donc merci!

    Quelques pensées pré-prandiales que m’inspirent ton expérience : tu dis que malgré l’intention pure, l’acte peut engendrer un effet différent (la vexation de ton amie dans ce cas si j’ai bien compris).

    Il me semble voir plusieurs explications possibles à cela:

    – l’effet immédiat et apparent était peut-être négatif: elle s’est vexée. Mais à long terme, peut-être va-t-elle réfléchir à ce que tu lui a dis, et si c’est vrai, peut-être en tiendra-t-elle compte? Quand à un effet possible plus profond, il est possible qu’à un niveau plus inconscient, elle ressente très positivement ta sincérité. Après tout, apparemment, quand elle a un problème, c’est vers toi qu’elle vient ? Et malgré sa susceptibilité, vous êtes proches ?

    – une autre piste : dans mon expérience, il m’est souvent arrivé de penser que j’avais une intention pure, et en creusant bien (justement parce que le retour que j’en avais reçu avait été négatif) je me suis rendue que mon intention était par exemple à 20% intéressée ou donneuse de leçon, et que c’est cela qu’avait perçu mon interlocuteur.

    – dans l’interview ci-dessous, il est dit qu’être altruiste c’est agir de manière désintéressée, sans rien attendre en retour. Personnellement, je n’arrive à tester en moi cette condition que si le retour est négatif : si j’en suis affectée, c’est que mon intention n’était pas vraiment désintéressée (c’est-à-dire quasiment tout le temps !!)

    – dernière idée, mais qui n’est pas encore très claire pour moi. Toujours d’après mon expérience, souhaiter que les autres s’améliorent est déjà une intention qui n’est pas pure. Cela paraît contradictoire et je n’ai pas encore assez réfléchi dessus pour pouvoir argumenter, je suis preneuse de tout éclairage 🙂

  32. Ms le 01 Juin 2011 à 14:35 32

    @Disert: Je comprends et, dans la continuité, je voudrais introduire la frontière infime qu’il y a, à mon sens, entre une intention, une volonté d’aider les autres et l’impression de passer pour un donneur ou une donneuse de leçon. J’ai souvent réfléchit à ce sujet et je peux comprendre qu’il y ait une nuance pouvant tout changer quant à ce que perçoit l’interlocuteur de ce qu’on lui dit…

    C’est là, je pense, tout le problème… Comme je l’ai dit dans mon expérience, la sincérité en amitié est importante pour moi. J’aime que mes amies me disent les choses, le fond de leur pensée, sinon je trouve qu’il y a une forme d’hypocrisie, une volonté de vouloir déguiser les choses. Bien entendu, tout dépend de la situation et de la personne que l’on a en face de soit mais, en général, c’est cette attitude que je préfère…

    Quand vous dites que « souhaiter que les autres s’améliorent est déjà une intention qui n’est pas pure », j’avoue ne pas savoir quoi penser… Tout dépend, je pense, de ce que l’on entend par cela. En ce qui me concerne, je dirai qu’au final peu m’importe que telle ou telle personne agisse de telle ou telle façon… Chacun de nous est libre d’agir comme bon lui semble. Cependant, lorsque l’on vient vers nous? N’est-ce pas hypocrite de ne pas oser dire le fond de notre pensée? Est-ce vraiment une intention qui n’est pas pure? Si je reprends mon cas, qu’est-ce que cela m’apporterai que mon amie soit « soumise » ou non dans son attitude avec les gens? Je pense que dans cet exemple, la réponse est rien. C’est pour cette raison que, d’après moi, mon intention n’était pas mauvaise… (ce n’est que mon avis…). Je pensais juste l’aider sur un point, comme je l’ai dit, dans le commentaire précédent, parce qu’elle « vaut plus que ça »…

  33. Disert le 01 Juin 2011 à 18:43 33

    Ms, c’est vrai, c’est un élément de réponse, et cela m’aide à creuser davantage. En fait, dans mon cas, le seul fait que je pense avoir raison et que je pense que l’autre se trompe est flatteur pour mon ego, et donc, j’y trouve un intérêt, même si le fait que l’autre change ou pas ne va rien changer pour moi.
    Cela ne veut pas dire que je vais me taire, je ne conçois pas non plus l’amitié sans sincérité, sans franchise disons. Mais depuis que je réfléchis un peu sur le fond (mon intention) et sur la forme (la façon de dire, le contexte, etc.), comme tu le fais dans l’expérience que tu racontes, je découvre sans cesse de nouvelles choses, et notamment que mon intention n’est jamais toute bonne ou toute mauvaise et que les gens sensibles sont souvent plus réceptifs à la partie trouble de mon intention, si minime soit-elle. Sans compter que l’être humain est champion pour ce qui est de maquiller ses intentions à ses propres yeux, pour « se duper sincèrement » (j’ai bien aimé cette expression que j’ai entendue récemment).
    Je parle en général, parce que ce sujet m’occupe l’esprit en ce moment, je suis bien sûr incompétente et illégitime pour émettre le moindre avis sur ton intention dans l’expérience que tu racontes.
    Je suis d’accord avec le fait que le cas est différent si une personne vient vers nous. Au départ en tout cas. Personnellement, je peux vite me sentir flattée d’avoir le rôle de conseiller, de confident.
    Enfin, c’est sans doute trop compliquer les choses!

  34. Ms le 01 Juin 2011 à 20:08 34

    @Disert: Je comprends votre point de vu. En somme, il s’agit d’une forme de guidance… Cependant, en relisant les commentaires, je me demande si la meilleure guidance ne passe pas tout simplement par le comportement qu’une personne peut adopter.

    Lors d’une conversation, j’ai toujours tendance à vouloir formuler mes principes, ce que je pense juste. Je conçois que cela peut être une solution… Néanmoins, est-ce que, dans certains cas, ce genre de comportement ne signifie pas que l’on va trop loin (cela peut être d’ailleurs prétentieux dans certains cas…). Si l’on en revient à une intention pure, il s’agirait, je pense, de vouloir aider la personne qui nous écoute, de vouloir agir dans son intérêt sans en tirer aucun bénéfice quel qu’il soit… Si tel est réellement le cas, pourquoi ne pas tenter de la guider par le biais de notre comportement tout simplement? Je me suis souvent dis: Mais qui es-tu? Est-ce ton rôle? Au final, cette personne veut-elle être guider/aider?

    Si ce n’est pas le cas, je pense qu’on en revient à l’idée de vouloir imposer les choses à quelqu’un… Cela ne me parait pas approprié. Dans le cas où on peut réellement apporter une aide à une personne, si elle le souhaite, nos actes ne sont-ils pas le meilleur moyen pour le faire?

  35. Bolo le 02 Juin 2011 à 1:31 35

    L’enfer est pavé de bonnes intentions.

    Que nous apporte en substance ce fameux proverbe?
    Que l’intention , aussi pure soit-elle, ne présage en rien du résultat positif qui en découlerait.
    On peut, moyennant une introspection minutieuse, vérifier de la pureté de son intention, en se posant les bonnes questions d’usage ( le fais-je dans un but matériel ? est-ce assez discret? etc…)
    Mais qui sommes-nous pour être surs de l’effet positif escompté sur le récipiendaire?
    C’est juste hors de portée.
    Comme cela l’a été pour les premiers missionnaires jésuites en Amazonie qui tuèrent des milliers de gens avec leurs microbes importés, alors qu’ils voulaient juste parler de Dieu.
    Combien de divorces à la suite d’une parole « amie » faite avec la meilleure intention?
    Je me rappelle toujours, quand j’étais gamin, comment j’avais jeté l’intégralité des poissons que mon père avait péchés, dans le puit du jardin de mes grands-parents, pour les « démourir ». Avec la meilleure intention.
    J’aime à penser, pour ma part que nous sommes toujours des enfants, manipulant des intentions aux réactions imprévisibles.
    Pour autant, faut-il se taire, ou ne rien faire? non bien sur.
    C’est là que l’altruisme, selon Bahram Elahi prend tout son sens.
    Ne rien attendre en retour, voire même subir l’ingratitude ou l’indifférence de l’autre.
    Ne pas attendre de résultat.
    Dans la vie de tous les jours, ça pourrait aussi vouloir dire , accepter que le conseil ou le réconfort prodigué à qqun n’aie pas l’effet escompté, même si l’intention était pure.
    Chercher à améliorer son intention est bien sur salutaire et légitime, mais pas au regard des conséquences qu’elle produit, qui sont par nature imprévisibles.
    Mieux vaut l’améliorer, au regard de soi, par un travail intérieur, en amont, qui ne tient pas compte du résultat de son application.

  36. mike le 02 Juin 2011 à 12:43 36

    je suis d’accord c’est bien pour cela qu’il faut déjà se corriger dans son comportement et ses intentions et orienter son regard vers des objectifs nobles, la suite et les effets sur les autres nous ne les contrôlons pas; on peut s’étonner de retour qu’il y aura d’une personne qui veut devenir votre ami alors que vous n’avez que voulu l’aider ‘par devoir’ alors que d’autres tournent les talons alors que vous leur déclarez votre amitié avec insistance…

  37. juliette le 19 Août 2011 à 6:53 37

    Dans un travail un peu poussé sur l’impatience qui est un de mes travers important, je constate que la notion de l’altruisme est trés souvent bafouée. Car, en analysant les causes de l’impatience, reviennent des notions comme « égoïsme », « sens de sa supériorité », « non écoute de l’autre », « préférer son bien être à celui de l’autre », « être indifférent » aux envies et aux besoins des autres » qui aboutit à une exigence de préoccupation de soi prioritaire et d’oubli de l’autre qui tourne trés vite à l’impatience.
    Quand je désire quelque chose, je bouscule tout le monde, je ne tiens pas compte des priorités ou seulement des envies de chacun, je m’énerve, je m’impatiente, jusqu’à crier et je mets tout le monde dans un état de mal être évident. Alors que si je propose un moment agréable avec tact et empathie, en considérant les priorités des autres plus importantes que les miennes, tout le monde se sent mieux et moi aussi car j’ai fait l’effort de ne pas libérer mon impatience.

  38. MH le 28 Août 2011 à 20:55 38

    J’ai relu tous ces commentaires – depuis le début! – avec grand intérêt… Merci à tous pour vos expériences! 😉

    Il y a une joie intérieure lorsqu’on a fait une B.A. alors que même l’intéressé ne sait pas que cela vient de vous!
    Et pourtant, je viens de vivre ce genre d’expérience récente où, là, c’est un pincement (plus qu’une brûlure) que j’ai ressenti au lieu de cette joie intérieure… et je me suis demandée pourquoi…
    … Je pense que c’est parce que le « récipiendaire » de ma B.A. est d’un égoïsme crasse et qu’il ne s’est même pas demandé d’où venait ce bienfait!
    Lorsque mon geste généreux – et anonyme – s’adresse à « qq’un de méritant », cela ne me fait pas du tout le même effet!
    Bien entendu, cela prouve que mon altruisme est intéressé… et contextuel!
    Mais je ne suis qu’un « petit être humain tout faible »…

  39. KLR le 29 Août 2011 à 17:51 39

    @MH:
    Je comprends parfaitement cela, c’est bien de rendre service mais quelquefois il faut savoir cibler les personnes méritantes et qui ont vraiment des besoins, car alors le service a vraiment de l’effet. Le service permet aussi d’installer une relation humaine avec la personne.
    Rendre service à un loup, ou à quelqu’un qui n’a pas de conscience de l’autre c’est quelque fois gâcher ses cartouches !
    C’est là qu’il y a besoin d’être contextuel, pragmatique…

  40. MH le 02 Sep 2011 à 15:45 40

    @KLR: Merci de votre commentaire à mon « post »… Mais je ne sais pas si l’on sait vraiment qui mérite ou pas notre B.A.
    Lorsque je dis que le récipiendaire de ma bonne acion est d’un « égoïsme crasse », après tout, il est jeune et son comportement n’est peut-être pas toujours celui que je connais?
    On ne sait pas toujours QUI est loup et QUI est agneau, non?
    Ce serait trop facile!

  41. Ms le 04 Sep 2011 à 13:18 41

    @ KLR, @ MH:

    Si j’ai bien compris vos derniers commentaires, vous semblez dire il faut parfois choisir la personne à laquelle on va rendre service … ? Je ne suis pas certaine d’avoir bien compris le sens de ce que vous dites.

    Pour ma part, penser à autrui c’est déjà allé trop loin dans le raisonnement et c’est même inutile, comme une sorte de pensée qui nous dévie de notre objectif initial.

    Je suis la première à avoir du mal dans ce domaine, mais ce que j’essaye de faire c’est axer mes raisonnements sur moi, peu importe ce que fait l’autre, son attitude injuste etc. Comme le dit MH, on comprend très vite ce que l’on recherchait véritablement (parfois même inconsciemment) dans notre action en observant notre ressenti suite à la réaction de la personne qui a profité de notre B.A. Quand je centre mes analyses sur moi, j’en apprends davantage grâce au comportement d’autrui et j’essaye de corriger certaines choses; soit, je me rends compte que mon action était en réalité intéressée, soit qu’il n’y avait aucun problème de mon côté mais je décèle chez l’autre un trait de caractère qui ne plaît pas et je fais tout pour ne pas l’avoir ou ne pas l’accentuer chez moi. Quoi qu’il en soit, on en apprend toujours sur soit. Ensuite, à chacun d’en faire autant.

    Pour ce qui est du « mérite » que je lis dans le dernier commentaire, je ne comprends pas non plus, pour les mêmes raisons que j’ai cité précédemment. Pourquoi choisir l’autre ? Qui sommes-nous pour dire si telle ou telle personne mérite telle ou telle chose ? J’ai, personnellement, tellement de points sur lesquels je dois travailler que, là encore, ce raisonnement ne ferai que me dévier de mon objectif de base.

    En espérant ne pas avoir mal interprété vos propos, je voulais simplement que vous m’éclairiez ce que vous vouliez dire.

  42. MH le 04 Sep 2011 à 19:25 42

    @Ms: Non, c’est le contraire, ce que je pense! Nous NE DEVONS et NE POUVONS pas choisir pour qui on fait un geste altruiste!
    D’ailleurs, en en discutant avec une amie, je pense que la véritable B.A., le véritable altruisme est réalisé lorsqu’il y a « difficulté » à être altruiste!
    Lorsque c’est agréable et facile, il n’y a pas vraimement « B.A. », non?

  43. DAC le 04 Sep 2011 à 21:44 43

    Qu’est-ce que vous avez tous et toutes à être obnubilés par les B.A. ! B.A. par-ci, B.A par-là, il faut absolument que je me dégote une B.A, que je dame le pion à celui qui veut me la prendre, ma B.A. oh là là ! Je propose une trêve dans la course aux B.A. – Ne plus s’acharner à trouver LA B.A. à accomplir, ne plus penser que ces petites actions que je fais sont des B.A. … Laisser plutôt venir à soi les choses, sans les forcer, accueillir les situations qui nous sont présentées, sans essayer de les esquiver. Exemple de situation : quelqu’un que X connait est malade et doit se rendre à l’hôpital, la personne ne peut s’y rendre par ses propres moyens ; X a une voiture et est libre ce jour-là, il est sollicité, il lui suffit de quelques minutes pour se rendre compte qu’objectivement – c’est-à-dire en dehors de tout ressenti (que cela lui plaise ou non)- il ne peut que dire oui à cette situation qui s’impose à lui parce que c’est dans l’ordre des choses, que c’est naturel de dire oui, que c’est pour cela qu’il a été sollicité, non pas pour s’auto–flageller ou s’auto–glorifier, mais simplement parce que c’est la chose normale à faire, c’est suivre la bonne direction. Et il n’y a pas de quoi fouetter un chat !

  44. Ms le 05 Sep 2011 à 11:10 44

    @ MH: Je trouve qu’il n’y a pas une seule réponse et je serai tentée de dire que cela dépend. Pour moi, ce serai trop facile de dire que soit la B.A. est désintéressée parce que ce n’est pas agréable et pas facile, soit elle est intéressée dans le cas contraire. Cela me semble bien plus subtile.

    Si on prend une personne qui effectue une bonne action qui lui est désagréable, qu’elle n’a pas envie de commettre. Il semblerai que l’action soit désintéressée. Mais, il est possible qu’elle se force à accomplir une telle action dans l’objectif d’en accomplir une désintéressée justement ! C’est peut-être et même sûrement allé trop loin mais c’est pour montrer que, d’après moi, on ne peut pas généraliser aussi simplement.

    En somme, tout dépend de l’attention véritable de la personne. Quitte à vraiment vouloir créer deux catégories, je dirai soit l’intention est le contentement Divin et alors la B.A. est désintéressée (qu’elle soit agréable ou non), soit ce n’est pas le contentement Divin et alors le geste n’est pas altruiste. Comme d’en tout ce que l’on entreprend, au final, tant que le contentement Divin prime, on est sur le bon chemin …

    Qu’en pensez-vous ?

  45. DAC le 05 Sep 2011 à 14:16 45

    MH, Ms, le sigle B.A. nous vient du scoutisme, c’est un acte qui est bon parce qu’on le fait pour le bien d’autrui alors qu’on n’a pas envie de le faire. Si c’est un plaisir, ce n’est plus vraiment une B.A. ! La B.A., c’est en quelque sorte le b.a.-ba de l’altruisme … La forme achevée de l’altruisme serait que cela devienne une seconde nature, que le « bravo pour moi, j’ai fait une B.A. » se transforme en « devant cette situation qui s’est présentée à moi (sachant qu’aucune situation ne se présente sans raison), j’ai réagi en essayant d’appliquer les paramètres spirituels objectifs qui régissent le développement de l’âme ; j’espère que je ne me suis pas trompé ». Bien sûr, c’est pour mon âme que je travaille, je ne peux pas sortir de ce moi, il faut faire avec, mais je peux décider de travailler pour le meilleur de moi-même … c’est notre seule planche de salut !

  46. MH le 11 Sep 2011 à 18:22 46

    @DAC: ah évidemment, j’ai été scoute!!! 😉 c’est sans doute pour ça que je continue à parler de « B.A. »… car, lorsque je rends service à autrui, je ne pense jamais « au contentement divin »; c’est toujours dans le but « d’aider » la personne, pour « faire le bien », – voire « par devoir » quand cela m’est plus difficile!
    Je pense, en effet, que je veux « sortir le meilleur de moi », c’est tout…
    J’ai souvent en tête le « DIRE BIEN – FAIRE LE BIEN – PENSER LE BIEN ».
    J’imagine toujours que les situations ne se présentent jamais sans raison, et que je dois « aller au bout » de ce qui se présente.
    Et cela, sans rien attendre en retour! (ce qui n’est pas toujours être le cas, bien entendu: je ne suis qu’un petit être humain!) 😉

  47. radegonde le 13 Nov 2011 à 20:18 47

    « On doit par exemple s’attendre à ce que les autres ne remarquent pas toujours ce que l’on fait pour eux, voire qu’ils fassent preuve d’ingratitude, et même, dans certains cas, qu’ils abusent de notre générosité. Il s’agit là d’une sorte de mise à épreuve qui vient tester la sincérité de notre intention. »

    Souvent, je ne comprend pas l’ingratitude (qui est le corollaire de l’altruisme).. quand ce sont mes proches, je sais que je suis souvent « râleuse ».. le chemin est long pour arriver à faire pour Dieu….

  48. radegonde le 21 Nov 2011 à 0:22 48

    Comme par miracle, en ce moment les situations de « pratiquer l’altruisme » se présentent alors que je désespérais d’en « trouver »!!

  49. Ms le 25 Nov 2011 à 16:56 49

    @ radegonde: Vous touchez un point sensible et primordial à mon sens, pour ce qui est de la pratique de l’altruisme: détacher l’acte de la personne.

    Ansi, quelle que soit la personne, quelle que soit sa réaction ou son absence de réaction, rien ne nous touche ou du moins aucun corollaire n’est fait dans notre esprit entre l’acte et son son comportement ..

    Comme vous le dites, il faut « arriver à faire pour Dieu » et donc pas s’arrêter à la personne qui à un moment donné, pour une période donné, etc., va servir de moyens finalement pour que nous puissions faire une chose de plus pour Dieu ..

    C’est là toute la difficulté. Je pense que cela est, principalement, dû au fait que Dieu est, mine de rien abstrait dans mon esprit (je ne le vois pas, ne l’entend pas, ..) alors que pour la personne en question c’est tout le contraire ..

  50. KLR le 31 Déc 2011 à 18:28 50

    Il y a quelques temps, j’ai essayé d’être à l’écoute de mon fils qui est adolescent, et de faire chaque jour un petit geste dans sa direction. l’écouter jouer de la guitare électrique, faire des crêpes avec lui, parler des ses copains…
    J’ai fait cela 15 jours, et j’ai senti que notre relation était plus facile, plus affectueuse et que nous communiquions mieux. Puis une sorte de corollaire est arrivé. Nous avons eu une dispute car il n’avait pas transmis une lettre que je lui avait confié pour quelqu’un, et je me suis vraiment fâché, et l’ai beaucoup invectivé.
    Le lendemain, lors d’une discussion, mon fils a dit « De toute façon, depuis 15 jours, maman est très méchante ».
    Il est tombé sur moi comme une douche froide, j’étais très touchée, mes efforts étaient anéantis !
    je n’ai pas pensé au corollaire, j’étais tellement affectée, que je n’avais même plus envie de continuer à être à son écoute, et j’ai arrêté de faire des gestes dans sa direction.
    Seulement une semaine plus tard (après digestion du corollaire) je me suis posée cette question: « mais enfin tu fait ça pour que ton fils te congratule, ou pour être une bonne mère et t’améliorer en tant que personne ? »

  51. mia le 04 Jan 2012 à 12:05 51

    @KLR
    J’ai une expérience qui ressemble beaucoup…
    J’ai décidé il y a plusieurs mois de me transformer afin d’améliorer le relationnel avec certaines personnes de ma famille et j’ai mis en application chaque jour cette décision par des actes d’écoute, de patience, de serviabilité, de ne demander aucun service, de non confrontation, de parler que de ce qui allait et de faire l’impasse sur le reste, etc. Comme ton anecdote le décrit, j’ai eu droit au corollaire… Je m’y attendais mais quand même !!!!!!! l’ingratitude et le manque de reconnaissance m’a surprise. Le manque de sens de l’observation aussi. Comme je me donnais du mal, j’ai bien noté les écarts de langage qui sont survenus. Comme écarts ça tournait autour de « tu ne fais jamais… », « tu es ou tu fais toujours… », « tu dis encore… » « toi, toi toi… »; si je donne ces précisions ici, c’est que je me suis aperçue après plusieurs altercations, que à part moi qui notait les améliorations, les autres ne les voyaient pas. Ils ne les percevaient pas du tout car ils vivaient toujours dans leur bulle. Or, objectivement, ces changements étaient visibles. J’ai alors mis en place une stratégie alternative qui a eu de bons résultats, c’est de montrer, d’expliquer, de prouver certains changements à des moments opportuns. J’ai toujours droit au corollaire depuis. Mais ça calme certaines altercations car elles sont infondées et mon droit est alors facile à mettre en avant et en conclusion le relationnel est donc bien meilleur. Et puis, finalement, ma pensée a évolué : comme je sais qu’ils seront ingrats et sans sens de l’observation la plupart du temps, je me suis entraînée à le supporter et ça me gène moins. L’autosuggestion de faire ces efforts pour « moi seule » afin que Dieu soit satisfait de moi, commence à payer… car, comme tu dis, car c’est moi, ma personne que je veux améliorer.

  52. KLR le 05 Jan 2012 à 20:49 52

    @mia : Merci pour toutes ces idées bienvenues…
    Je dois dire que depuis cette expérience, je n’ai pas repris les gestes d’écoute de façon quotidienne. C’est un peu plus au gré de l’instant et de l’envie.
    Par contre j’ai essayé de voir ce qui, dans mes paroles, pouvait induire une réaction de susceptibilité (assez violente) chez l’adolescent, et du coup effacer en un clin d’oeil un mieux dans les relations. J’ai vu qu’il y avait quelques points sensibles :
    Par exemple prendre le parti des autres plutôt que son parti dans les anecdotes ou les difficultés qu’il rencontre. Se plaindre de lui devant un tiers, même si celui-ci fait partie de la famille…
    Enfin tout ce qui peut toucher à son affectif et à sa dignité, ou lorsqu’il a le sentiment qu’on le rabaisse.
    j’ai du coup axer mes efforts sur ces points là.

    Bien sûr il faut s’entraîner à supporter l’ingratitude voir une certaine injustice, car comme tu le dis, chacun vit dans sa bulle… Lorsque je suis en forme c’est plus facile, mais dès que je suis crevée, stressée ! alors là il faut travailler sur son sang froid et sa patience, c’est dur !

  53. juliette le 30 Juil 2012 à 23:02 53

    Je viens de relire cet entretient et il m’est venu une réflexion qui fait suite à une expérience très récente : combien il m’est difficile de se « sacrifier » pour les autres, de préférer leur venir en aide en faisant fi de mes désirs qui vont souvent à l’encontre du choix d’aider l’autre. J’ai envie de me satisfaire moi même et alors viennent tout un tas de « bons » prétextes qui me donnent bonne conscience et me poussent à choisir mon bien être plutôt que l’aide à l’autre. Exemple : « j’ai besoin de vacances, on me l’a beaucoup dit, c’est vrai que cette personne qui est seule a besoin de ma présence auprès d’elle mais si je ne suis pas en forme, je serais inutile et peu apte à l’aider. »
    Voilà ce que me souffle la voix pressante de mon soi impérieux et aussi celle de mes « amis » sincères. Alors je me suis jetée sur mon intention qu’Il soit satisfait de moi et la lutte est tout aussi difficile et non dénuée d’un certain mercantilisme. Contre cela également il est difficile de faire la part des choses et de lutter.

  54. adissam le 04 Août 2012 à 0:27 54

    Merci pour vos commentaires ! De simples actes altruistes en somme 😉

    Je retiens ces quelques points :
    -” le seul fait que je pense avoir raison et que je pense que l’autre se trompe est flatteur pour mon ego et donc, j’y trouve un intérêt”
    – “ je peux vite me sentir flattée d’avoir le rôle de conseiller, de confident.” (#33)
    -” souhaiter que les autres s’améliorent est déjà une intention qui n’est pas pure” (#31)
    -” l’idée que je ne suis pas indispensable” (#23)
    – “L’effort de mettre de côté son ego pour éviter de la ramener… de vouloir être un exemple pour l’autre…” (#18)
    – “je me suis libéré de toute attente vis à vis de l’autre puisque mon acte était pour Lui” (#8)

  55. juliette le 26 Mar 2013 à 2:24 55

    En relisant ces propos sur l’altruisme, je redécouvre des points essentiels qui permettent non seulement d’améliorer la qualité de notre service aux autres mais de déceler nos faiblesses dans ce service. Ne pas bousculer l’autre, être doux dans son aide avec lui, discret, gentil et affectueux, lui faire sentir combien on est heureux de l’aider. Car si on manque de vigilance comme je le fais trop souvent, on attend quelque chose, oh, même sans se l’avouer, je viens d’en avoir l’expérience, et face à l’indifférence de l’autre on a une petite amertume au fond du coeur, une légère rancoeur… On meurt d’envie de se vanter de notre bonne action, on se retient autant qu’on peut et soudain mine de rien ça sort, comme ça, dans la conversation : « je ne te raconte pas pas ça pour me vanter, bien sûr que non ! mais ça lui a bien rendu service quand même !!! ». Boum ! raté !
    J’ai aussi tenté d’appliquer cet autre principe de respecter la dignité de celui à qui on donne un coup de main et de le faire avec discrétion vis à vis de lui et des autres, et alors non seulement on sent que la personne est satisfaite de nous, on en éprouve aucun orgueil, et dans notre for intérieur une petite lumière s’allume qui fait bien chaud au coeur et à l’âme !

  56. madeleine le 22 Juil 2014 à 0:07 56

    Chaque relecture de cet article me redonne un nouvel élan, une réelle envie d’être altruiste, et me recadre dans ma pratique sur l’altruisme. Cette fois ci, cela a été pour moi un baume au coeur qui a enlevé (ou presque, je ne peux l’affirmer encore), le sentiment amère d’ingratitude que j’ai ressenti après avoir passé beaucoup de temps pour aider quelqu’un qui finalement a été très désagréable et désobligeant à mon égard.
    Je le relis très souvent et à chaque fois j’ai l’impression de « découvrir » une nouvelle clef pour ma pratique.

  57. mike le 10 Sep 2016 à 10:42 57

    c’est tout simplement excellent!
    je me permets de souligner que l’on sent la pratique, ce n’est pas de la philosophie ou de la psychologie; comme on dit sympathiquement, y’a plus qu’à!! mais c’est le plus dur 😉
    un grand merci aux interviewer d’avoir eu cette idée, quel altruisme!
    pourriez vous continuer dans votre élan pour d’autres principes éthiques, actualisés à notre quotidien (générosité, détachement, abnégation…)
    finalement si je comprends bien, en mettant en pratique l’altruisme, on lutte obligatoirement contre le soi impérieux, puisque sans cela, la jalousie, l’envie, la rancune, l’orgueil nous empêcheraient de faire un pas en avant, n’est-ce pas ?

    1. henry le 12 Sep 2016 à 20:30 57.1

      oui, car en aidant quelqu’un, ça contribue à la maîtrise de mon égo égoïste;
      c’est une forme de lutte automatique contre mon soi impérieux.

      c’est expliqué dans cette conférence https://www.e-ostadelahi.fr/eoe-fr/connaitre-les-devoirs-de-l-homm/ (section quelques remarques/centralité du devoir envers l’âme) ou video youtube à 6’28

      « De même, quand je prends soin de mon corps, je m’occupe en fait de ce qui constitue
      dans ce monde la monture de mon âme ; et quand je rends service à quelqu’un,
      c’est encore à mon âme que je suis en premier lieu utile puisque je contribue
      par ce geste à la maîtrise de mon égoïsme. »

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