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La première des pratiques : se fixer un programme pratique

stylo sur un cahier noir

Si l’éthique est une affaire de principes, pratiquer l’éthique est une question de méthode. Dans ce domaine, nous pouvons supposer qu’une méthode n’en vaut pas une autre. Il convient donc de trouver celle qui s’avérera la plus efficace pour nous rapprocher de notre objectif — celui de nous perfectionner spirituellement.

Nous supposons connues les différentes forces psychiques en jeu dans ce paradigme de perfectionnement, et notamment celle du soi impérieux (SI), qui se définit comme une force pulsionnelle d’opposition systématique au progrès spirituel. Le SI est protéïforme, il s’insinue dans les brèches créées par nos défauts moraux ou notre inattention. Il change de visage, diffère selon les personnes et les circonstances. Il peut tantôt s’opposer frontalement à notre travail spirituel, ou tel un caméléon, prendre la couleur d’une pensée spirituelle et tromper notre raison.

Toute personne désireuse de se perfectionner spirituellement peut être vue comme un étudiant. A l’université, on s’inscrit dans un cursus pour recevoir un enseignement : c’est la partie théorique. Mais pour assimiler ces concepts et se préparer efficacement aux examens, la première chose à faire est de se fixer un programme. Et dans ce domaine, aussi brillant que l’on puisse être, si au départ la méthode est branlante ou inadaptée, les chances de réussir à l’arrivée seront limitées.

Un bon programme devrait prendre en compte non seulement notre personnalité et nos objectifs, il devrait également être établi avec honnêteté et circonspection. En effet, le risque est grand qu’à cette phase décisive de notre agenda spirituel, le SI pointe le bout de son nez. Quelle meilleure stratégie pour lui que de miner les fondations mêmes de notre pratique — le programme que nous nous serons, avec une superbe confiance et pour plusieurs mois fixé à nous-mêmes ?

Notre premier exercice consistera donc à établir un programme à la fois pertinent et réaliste, tout en repérant puis en désamorçant ces « bombes à retardement » que le SI va sans doute tenter de placer. Le but de cet article est de fournir quelques outils pour qu’au moment de sortir notre feuille blanche, nous ayons déjà une longueur d’avance sur la ligne de départ.

A. Les bombes du soi impérieux

1. Viser trop haut

La ruse la plus simple pour saper nos chances de réussite, est de nous fixer un programme trop ambitieux. Cela se manifestera en nous par un élan du genre : « Je ne supporte plus ce défaut ; ce qu’il me faut, c’est un programme radical pour éliminer en moi toute trace de ce sale trait de caractère !  »

En quoi est-ce un problème ? En nous imposant un but si élevé — devenir un parangon de générosité, de volonté, d’altruisme, ou de quoi que ce soit…, on risque assez vite de mesurer l’ampleur de notre défaut et donc la distance qui nous sépare de notre idéal. On baissera alors rapidement les bras, et notre joli programme n’aura servi à rien car il aura été tout simplement irréaliste.

Pourquoi cède-t-on pourtant à cette tendance ? Tout d’abord car elle flatte une partie de nous-même et préserve notre amour propre : « D’accord, j’ai ce défaut, mais j’en suis conscient ». Mais surtout : « JE vais m’en débarasser une fois pour toutes ». D’autre part, « mettre la barre haut » a une sorte de double effet kiss cool ; si à long terme les risques sont découragement et abandon, à court terme le challenge a au contraire un effet galvanisant. Tous ceux qui ont un jour souscrit un forfait type « accès illimité » à un club de sport connaissent cette excitation des (deux) premières semaines, beaucoup moins nombreux sont ceux qui après quelques mois maintiennent toujours le rythme.

La solution pour rester réaliste et optimiser nos chances à long terme : viser petit, avec une variante, avancer crescendo (commencer petit, puis augmenter la difficulté). À cet égard, les exercices pratiques à éviter sont ceux qui demandent un temps excessif (par rapport à notre disponibilité), qui exigent des moyens ou conditions spécifiques et difficiles à réunir, un effort démesuré (passer de la nonchalance à une discipline martiale dans la lutte contre la paresse), etc… En suivant cette première règle, on évitera la dépression et le découragement qui sont inévitablement associés à ces programmes trop ambitieux.

2. Choisir un point qui nous arrange

Lorsque l’on décide enfin de prendre le taureau par les cornes (nos défauts les plus saillants), le SI vient nous souffler que le taureau n’est pas là où on le croyait : il va plutôt diriger notre attention vers un problème mineur ou pire, nous suggérer un exercice qui nous complait. Le but de l’opération est de contenter notre ego, tout en évitant d’affronter le vrai défaut. Se tromper de cible n’est pas seulement lié au SI, cela peut relever d’une mauvaise connaissance de soi ou bien d’un manque d’expérience.

Prenons l’exemple de Sylvie, qui est coquette, mais aussi très médisante… Alors que la priorité pour elle serait de s’attaquer à cette médisance, elle décide de s’imposer 5 minutes d’abdos tous les matins. Une première voix dans sa conscience s’exclame : « Très bon point, toi qui ne prends pas soin de ta santé et te laisses déborder par le stress du travail !  ». Une autre voix, plus sourde, lui sussure : « Excellent point… L’occasion rêvée de te débarasser enfin de ces 3 kilos en trop !  ». Une voix encore plus profonde enfin, celle de sa conscience, rétorquerait : « Problème de poids tout à fait secondaire, qui remet à plus tard le problème numéro 1 : ta médisance ».

On touche là à une différence essentielle entre les démarches de gestion de soi et une approche spirituelle. Dans le premier cas, l’on cherche à satisfaire son bien-être, à trouver un équilibre qui se mesure avant tout par le sentiment subjectif de bien-être. Dans le second cas, on vise à devenir plus humain et plus éthique en luttant contre nos points faibles moraux, ce qui passe souvent par un sacrifice de l’ego ou des bénéfices immédiats.

La solution : prendre son temps, et consulter son entourage. Rendons-nous à l’évidence, un ami, un conjoint, un parent, quiconque nous connait suffisamment sera moins biaisé et complaisant pour choisir le défaut qui devrait apparaître en tête de liste. Vous apprendrez éventuellement que cette petite tendance brouillonne ou ‘artiste’ comme on dit, un aspect de votre personnalité qui vous semblait presque sympathique, peut prendre une véritable dimension éthique lorsqu’il fait vivre à votre entourage l’enfer, c’est-à-dire par exemple dans les situations où l’on compte sur vous.

3. Choisir un point vague ou trop générique

Après l’exercice impossible et l’exercice qui nous arrange, voici l’exercice flou : « Ne pas avoir de pensées négatives dans la journée ». La beauté de la manœuvre tient dans son caractère à la fois ambitieux et vaporeux. Qu’est-ce qu’une pensée négative ? Comment ne pas en avoir ? Et surtout pendant toute une journée ? Ce point est tout simplement ingérable car il est trop vague, trop peu spécifique, inquantifiable.

On formulera plutôt l’exercice ainsi : « Si je m’aperçois que j’ai a une pensée négative (haine, jalousie, ressentiment, râlerie…) ou vaine (rêverie futile, improductive), la remplacer par une une pensée positive, constructive ou bien par une prière ».

Ces 3 pièges du SI sont les plus courants, mais il en existe certainement d’autres. Je vous invite à partager vos expériences dans la discussion qui suivra cet article.
En reprenant quelques idées évoquées plus haut, j’aborderais à présent quelques méthodes pour augmenter significativement nos chances de succès.

B. Aux armes !

1. Pour chaque exercice choisi, prévoir les moyens de nous évaluer

On peut avoir la meilleure intention du monde, ce n’est pas la question, il faut que le point choisi soit décrit avec suffisamment de précision, et en faisant en sorte que l’évaluation soit aisée. Autrement dit, pouvoir dire avec facilité si l’on a réussi ou non. Pour cela, un bon conseil est d’assortir chaque exercice pratique d’une contrainte quantitative, dénombrable. Par exemple « rendre trois fois services dans la journée » ou « faire une lecture spirituelle pendant 10 min au moins ». Pour reprendre l’exemple du travail sur la pensée, on ajoutera une mention quantitative : « Repérer au moins une fois dans la journée une pensée négative »…

2. Privilégier la fréquence : l’exercice doit idéalement être faisable quotidiennement

On n’acquiert pas une habitude comme on achète une paire de chaussure. Les principes-clefs pour obtenir un changement réel sont la répétition et la persévérance. Sans cela, n’espérons pas une transformation profonde. Devenir vraiment humain n’est pas l’affaire d’un jour ou d’un acte, aussi exceptionnels soient-ils. Il s’agit d’un travail minutieux et de longue haleine, sans fracas ni esbrouffe, procédant par petits pas successifs, le long d’une route discrète mais bien tracée.

Pour changer notre nature première, nous défaire de nos défauts et développer nos qualités, puis grâce à Dieu, faire de celles-ci une seconde nature, il faut développer des habitudes : habitude de s’observer, habitude de lutter, habitude de s’évaluer. Et pour cela, le facteur temps est essentiel. Un bon programme privilégiera des points faisables quotidiennement, au minimum de façon hebdomadaire.

3. La clef du succès : le bilan

Ce point me semble être le plus essentiel. L’allié du SI, c’est l’oubli. Et avec nos vies frénétiques, un travail prenant et des sollicitations de toutes sortes, le risque est grand que notre superbe programme tombe à l’eau par faute de… Suivi.

Un bon programme incluera donc un temps pour l’auto-évaluation. Cette dernière peut se faire à plusieurs niveaux : évaluation quotidienne pour évaluer notre réussite ponctuelle, et hebdomadaire voire mensuelle pour mesurer la progression générale et les difficultés rencontrées. Ces derniers bilans, plus espacés, nous permettront si besoin de redéfinir un exercice pratique ou d’en changer certains aspects.

Mais le premier rempart au SI est de s’imposer un bilan quotidien, le soir ou le matin, pour passer en revue les expériences des 24 dernières heures en une minute maximum (bilan type flash), s’évaluer, et se préparer mentalement pour la journée suivante. La stratégie est simple : subdiviser le temps en des unités de 24h, fixes et non négociables. Le bénéfice est multiple : renouveler l’attention et se rappeller son but, se motiver en inscrivant ses réussites, ou au contraire, se responsabiliser en passant en revue ses échecs, mais surtout et avant tout, faire un pied-de-nez au SI qui, rappelons-le, fera tout, absolument tout pour nous faire oublier nos belles résolutions.

Voilà de belles idées, mais leur valeur ne tient qu’à leur mise en pratique. Je vous invite donc à envoyer vos retours, vos expériences. Ces trucs que je vous propose vous ont-ils servi à monter un programme plus efficace ? Quelle pratique avez-vous choisie et surtout comment l’avez-vous choisie ? Cela a-t-il été difficile ? Avez-vous repéré d’autres difficultés qui n’ont pas été citées ici ? Mais aussi, comment se passe votre évaluation ? Parvenez-vous à faire des bilans réguliers ? Enfin, racontez-nous vos succès, vos victoires, on a aussi besoin de se motiver.

À vos claviers !


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36 commentaires

  1. TJ le 28 Avr 2011 à 19:28 1

    L’article d’il y a quelques temps sur la manière de pratiquer l’éthique selon Benjamin Franklin m’avait laissé motivé, certes, mais également face à une montagne: s’atteler à toutes les vertus à la fois, quelle aventure! Voilà donc un bon récapitulatif pour partir à l’assaut de cette montagne pas à pas…
    Je me permettrai également d’apporter une petite contribution concernant le premier point (A.1 Viser trop haut): dans mon parcours d’étudiant, je me suis effectivement rendu compte que vouloir tout faire d’un coup était improductif et qu’il fallait commencer petit à petit. Mais pour un étudiant, il paraît impossible de se dire « je reverrai ça » sans le planifier: dans le cas contraire, on se dit qu’il faudra le faire, que je le ferai, qu’il va bien finir par falloir le faire….. Et finalement, il y a toujours d’autres choses plus urgentes à faire… Alors que savoir ce que l’on va faire chaque semaine qui arrive, donc que rien ne sera oublié, permet d’une part de se concentrer sur le moment présent, et d’autre part (en tout cas pour moi) d’être motivé a priori par le niveau que je suis censé atteindre!
    A mon sens, il en va de même pour le travail éthique et spirituel: se dire qu’on va passer à plus dur, certes, mais ne pas oublier de se dire QUAND on a prévu de passer à plus dur: cela me donne une pression supplémentaire qui m’oblige à réussir dans un temps donné, mais ça me motive également a priori quand je regarde le programme que je serai censé accomplir dans quelques mois.
    En tout cas, merci encore pour ce rappel toujours à propos!

  2. mike le 29 Avr 2011 à 1:12 2

    c’est vrai, le plus dur ce sont pour moi 3 points ; être conscient d’un défaut et prendre la décision de pratiquer un point qui n’est pas de l’ordre du ‘bien être’ mais qui est effectivement un point qui va me permettre de maitriser le véritable ennemi (le soi impérieux) c’est à dire le trait de caractère qui m’empêche de me rapprocher de la Source, ce défaut qui brouille les données, qui fait que ma pensée n’est pas éclairée sur la connaissance que j’ai de moi même et qui me retarde dans ma progression spirituelle; ensuite choisir une pratique simple, reproductible et quantifiable, puis s’y tenir, ne pas l’oublier et troisièmement savoir s’autoanalyser; je pense qu’un critère de bonne pratique sincère c’est qu’elle suscite un questionnement envers une Source de guidance ( à travers des interrogations, prières, intuitions…) qui permettront d’avoir des réponses (éducation) qui motiveront notre pratique et consolideront ses effets durablement. A priori, chaque homme a accès direct à la Source à travers sa propre conscience, tout l’enjeu est de trouver le degré de sincérité d’une pratique qui nous rapproche de Son véritable contentement et non pas d’une simple auto satisfaction.

  3. KLR le 29 Avr 2011 à 9:42 3

    Merci beaucoup pour cet article qui m’amène à réfléchir à mon parcours en matière de programme pratique.
    J’ai maintes fois mis au point des programmes que j’ai réussi à suivre plus ou moins longtemps, plutôt moins que plus !
    Je remarque que l’une de mes difficultés, que vous avez évoquées dans le chapitre « Privilégier la fréquence », c’est que l’attente de résultat en matière d’éthique est assez différente des résultats que l’on peut obtenir dans la vie quotidienne (je fais l’effort de ranger ma maison: j’ai un résultat immédiat).
    Comme il s’agit de mûrir, il y a une progression lente, sur une vie, qui pourrait être comparable à la maturité qu’obtient un musicien au cours de sa vie de musicien…
    Je n’ai pas suffisamment intégrer cette perspective, et mes attentes en terme de résultat à court terme, ont tendance à me stopper. Il faut, je crois, sans arrêt se projeter dans une dimension qui dépasse notre vision matérielle, et projeter ses attentes pour la dimension spirituelle !
    D’autre part j’aime beaucoup l’idée qu’il faut envisager la mise en pratique d’un point en en imaginant précisément tous les aspects. Par exemple, depuis longtemps j’essaye de travailler sur un défaut très énervant pour mon entourage : je coupe la parole. C’est souvent chez moi la manifestation de l’impatience, de l’orgueil, du jugement…
    je fais le constat de ne pas avoir avancer sur ce point, à part le fait de me rendre compte assez régulièrement que je suis en train de couper la parole.
    Evidemment dans mon programme pratique, ce point n’est pas suffisamment précisé, et c’est sans doute pour cela que les résultat ne sont pas optimum.
    Je vais envisager de le préciser : par exemple « Une fois par jour, se concentrer pour ne pas couper la parole avec un interlocuteur ».
    Si certains d’entre vous ont le même défaut, je serais heureuse de partager vos expériences!

  4. andreu le 29 Avr 2011 à 12:03 4

    Merci beaucoup pour ce billet qui synthétise remarquablement les difficultés liées à la pratique spirituelle. Comme vous l’expliquez si bien, sans cadre précis ni régularité, on n’arrive pas à grand chose et c’est tout au bénéfice du soi impéreux…
    Vous m’avez remotivé. Je reprends dés à présent un nouveau programme. J’espère revenir vers vous d’ici quelques semaines avec un bilan positif.

  5. Samuel le 29 Avr 2011 à 17:19 5

    Cet article arrive comme « par hasard » au moment où j’étais justement en pleine difficulté dans mon travail pratique, tant au niveau de l’organisation que de l’efficacité dans mes efforts.
    Même si cet article ressemble plus pour moi à un rappel, il me fait un grand bien et me redonne de la motivation pour aller de l’avant car j’étais un peu perdu et démotivé suite justement, à un travail pratique peut être trop lourd et mal organisé..

    Merci beaucoup!

  6. Luce le 29 Avr 2011 à 17:37 6

    Bonjour,
    il me semble qu’un aspect n’a pas été évoqué, celui de faire un « état des lieux », il me semble important, avant de mettre en place une pratique de le faire le plus justement, sans honte ni culpabilité, en s’aidant de son entourage proche quand on le peut (une personne réellement digne de confiance). Car c’est cet état des lieux qui permet de décider du « comment on pratique, quand et pourquoi ? ». j’appellerai cela une pratique intelligente plutôt qu’une pratique tout azimut !! si on peut dire cela 🙂
    Cela me permet de répondre à KLR, qui, peut être, devrait d’abord comprendre pourquoi il coupe la parole ? Est-ce toujours avec les mêmes personnes ? avec un type de personne en particulier ? dans quelle(s) situation(s) coupez-vous la parole ? est-ce toujours les mêmes situations ? Etc…
    Ces exemples de questions peuvent vous permettre d’anticiper les moments et les personnes où vous coupez la parole et ainsi, votre programme pourra être plus précis, plus naturel …

    En tout cas, si cela peut vous motiver, un de mes proches, qui me coupait souvent la parole, a travaillé sur ce point et vraiment, depuis qu’il le fait moins vis à vis de moi-même, c’est drôlement agréable, alors je vous encourage à poursuivre vos efforts… Très bonne continuation à vous…
    Luce

  7. Cogitons le 30 Avr 2011 à 14:47 7

    C’est quoi, « kiss cool » ? Un baiser princier sur un balcon ?
    @KLR,
    Souffrant de la même tendance guillotinière que vous, d’un orgueil certainement bien supérieur (hé oui, l’orgueilleux se surestime, jusque dans son orgueil), et du sentiment inextinguible (et justifié) d’avoir tout compris avant tout le monde et que par conséquent, tout ce qui fait obstacle à ma lumineuse parole est une regrettable perte de temps, je coupe-court, dans toute discussion, à ce qui n’est pas de moi.
    En fait de travail pratique, je vous propose donc, entre grands malades, un rendez-vous dans un café, où nous choisirions un sujet de discussion. Au hasard: « comment ne pas couper la parole à autrui. »
    Ce débat, entre nous, s’annonce assez comique, et rien de tel que la comédie pour s’attaquer à ses défauts. Je vous laisse choisir la règle du jeu. Une amende à celui qui interrompt ? Une gifle ? Un gage (faire le tour du café à cloche-pied en braillant : « mais tu vas la fermer, oui !? ») ?
    – Première étape : se rendre compte qu’on a une bouche démesurée. Nous y sommes presque, me semble-t-il.
    – Deuxième étape: apprendre à la fermer. Il m’arrive d’écrire sur mon bloc-note, avant une réunion de travail, un appel téléphonique, ou autre, « la ferme ! ». Difficile, mais ça marche parfois.
    – Troisième étape : apprendre à écouter. Pour l’instant, c’est bien au dessus de mes forces. Tant mieux, car c’est là que se jouera notre comédie.

  8. mike le 01 Mai 2011 à 10:46 8

    @klr; j’ai le même défaut quand je suis en forme; en Italie c’est une qualité, les gens sont expansifs et volubiles, généreux dans le discours, ils coupent la parole, vous touchent en parlant, se montrer tout le temps à l’écoute ça fait moribond chez eux ou super savant comme on peut le constater autour de nous; je pense que c’est aussi une question d’intention, si on coupe la parole pour en imposer et monter à l’autre qu’il n’est rien ça fait désordre et on peut blesser l’autre donc ça rentre dans le droit d’autrui et en retour on gagne les foudres ou la mésestime de l’autre donc par voie de conséquence on ne profitera pas de son canal métacausal; ceci dit, on voit avec l’expérience qu’il y a des gens qui adorent ce genre de discussions entrecoupées et vivantes avec des bouches démesurées…

  9. HESTER le 02 Mai 2011 à 11:09 9

    Tout d’abord merci encore pour cet article qui tombe à pic car il participe à mon repêchage concernant l’organisation de mon travail pratique.

    @klr et @cogitons, je peux essayer de partager avec vous ce point de lutte que je travaille depuis des années « Ne pas couper la parole ».

    Ce que j’ai appris sur moi en luttant contre ce point :
    Impatience, jugement des autres, exigence envers moi-même et les autres, besoin de reconnaissance, addiction à l’état d’euphorie que provoque la joute oratoire.

    Ce que j’ai fait :
    J’ai laissé parler les personnes sans les interrompre en accompagnant leurs propos de hochements de têtes pour leur signifier que j’étais en contact avec elles pendant la conversation (avoir de la compassion).

    Je me suis obligée à laisser s’écouler quelques secondes avant de répondre (lutter contre une pulsion avide).

    Plus tard, si je n’étais pas d’accord avec les propos de mon interlocuteur, je me suis attachée à vérifier s’il y avait une utilité à donner mon avis sur la question (développer sa raison).

    Je me suis aussi répétée que les gens avaient le droit de dire jusqu’au bout une phrase même si cela me paraissait « insupportable » (respecter les droits d’autrui).

    Dans une journée, il est rare d’avoir une véritable conversation avec une personne (càd, un partage argumenté, à la bonne distance). La plupart du temps, on est sollicité par un entourage qui s’exprime de manière pulsionnelle sur de petits évènements qui lui traverse l’esprit ou qui lui pèse. Il y a donc beaucoup d’émotions dans ce qui est livré au cours de ces fragments de conversation (en rentrant du travail, devant la machine à café, au restaurant d’entreprise). Si l’on coupe la parole dans un tel contexte, cela ne fait qu’ajouter à l’activité pulsionnelle en cours. Or, bien souvent, il est question de conserver ou de conquérir une place au sein du groupe (je ne m’en exclue pas !), en attirant l’attention, en se montrant sous son meilleur jour ou au contraire en se plaignant. Alors quelqu’un coupe la parole mu par une petite voix du soi impérieux qui envoie « moi aussi, je sais réfléchir, souffrir, être capable de…, il n’y a pas que toi ! »
    Cela aboutit à une surenchère et un envenimement de la situation : au final on laisse une trace négative chez l’autre qui se trouve frustré ou vexé (même s’il ou elle fait bonne figure).

    Comme il est probable que l’autre se sente contrarié ou résiste lorsqu’on essaye d’agir de manière non conventionnelle mais éthique, mieux vaut me dis-je, l’économiser (être cool!), afin qu’il se sente mieux disposé quand la situation se présentera.

    Pendant que je me concentrais pour écrire cela, le téléphone a sonné et une inconnue qui voulait me vendre une assurance m’a dérangée : je suis restée polie mais j’ai dû lui couper la parole et raccrocher afin de continuer cet effort de concentration.
    J’en conclu que c’est un signal me démontrant qu’il faut rester en alerte car je ne dois pas crier victoire même si j’ai conscience d’avoir fait quelques progrès….

  10. ja le 02 Mai 2011 à 11:40 10

    Parfait billet pour la remotivation nécessaire à la mi-temps.
    De mon côté, je prends un point pratique parallèle, pour pallier aux difficultés que j’éprouve pour le point B.3 : « s’efforcer à faire le bilan tous les jours » (cocher réussi/raté). J’ai choisi de le faire pendant un des « moments d’inertie » de la journée, pendant lequel je sais que j’ai tout le temps de ne rien faire (dans les transports en communs en fin de journée par exemple).
    Merci encore pour cet exposé clair et motivant!

  11. Danielle le 02 Mai 2011 à 19:24 11

    Merci pour cette préparation de programme pratique !!

    KLR
    Le dialogue intérieur, auto-suggestionnant, a un impact sur l’action. Il vaut mieux choisir une phrase positive affirmative comme « Une fois par jour, j’écoute mon interlocuteur et je reste silencieux, 2 s, avant de répondre ».

  12. KLR le 03 Mai 2011 à 9:16 12

    @Cogitons : j’ai beaucoup ri de votre analyse du coupeur de parole, c’est une analyse fine et surtout humoristique dans laquelle je me reconnais. Comme quoi les ingrédients du soi impérieux nous sont communs !

    @Luce : J’ai eu l’impression en vous lisant de ressentir le bienfait que peut procurer à l’autre une écoute attentive, et cela m’a beaucoup motivée.

    @HESTER : votre analyse et la méthode qui s’y rapporte est formidable, très détaillée…
    J’aime beaucoup la façon de séparer cette pratique en différents exercices, et les principes éthiques que vous avez reliés à chacun d’eux. Je compte bien m’en inspirer, merci.

    @mike: je suis d’accord avec vous, il y a aussi chez moi ce besoin de réagir à l’autre avec une certaine générosité. J’attache de l’importance au contact que j’ai avec la personne qui est en face de moi et au fait de lui renvoyer un signal chaleureux. Par exemple: il m’est arrivé de ressentir un malaise en face de personnes très réservées, et qui laissent passer du temps avant de répondre à vos phrases…

  13. mike le 04 Mai 2011 à 0:00 13

    je pense que les personnes très réservées répriment trop leurs émotions au lieu de les analyser et de chercher à les connaître et les maitriser à bon escient;
    c’est dur de s’adapter avec psychologie pour n’y brûler ni refroidir les autres. il y a un réel plaisir à partager et être dans l’empathie avec quelqu’un qui exprime volontiers ses sentiments; ces gens font de bons actes, ils participent chaleureusement à la vie en société.
    prendre du temps pour répondre n’est pas mauvais, je dirais même que la réponse est réfléchie mais au moins ils répondent, d’autres vous diront hmm! ou ha oui et c’est tout! parce qu’ils répriment trop ou ne s’intéressent pas à ce que vous dites…
    en tous cas depuis que l’on parle de ce point, j’ai constaté à plusieurs reprises que je veux toujours placer mes idées avant les autres, je constate que ces idées là même positives peuvent ne pas être adaptées à la situation; le fait d’écouter les autres est prudent parce qu’au moins cela permet de juger de l’adéquation de mes idées avec celles des autres

  14. MIA le 07 Mai 2011 à 0:02 14

    @mike
    Moi aussi j’apprécie les gens qui parlent et qui sont chaleureux… Et
    dans le cadre d’une pratique de faire attention à ce que je dis pour le respect des autres, j’ai trouvé dans un épisode de série américaine une remarque psychologique intéressante pour aller dans ce sens  » de juger de l’adéquation de mes idées avec celles des autres » ; il s’agit de l’adaptation au tempo de l’autre dans une conversation. De l’adaptation au rythme de l’autre. Dans l’épisode, un des personnages est amnésique. Son mari lui parle comme il en a l’habitude car il tient compte de leurs souvenirs communs. L’amnésique ne peut pas suivre, alors ils sont en décalage. L’amnésique n’a aucune chance de pouvoir suivre d’ailleurs…
    Plusieurs fois j’ai pu expérimenter que je parlais sans prendre le temps à l’autre de réfléchir, de marquer des pauses, d’intégrer une partie des idées proposées en premier ou en laissant un temps suffisant avant de passer à l’idée suivante, même si elle suivait un cours logique. Le respect de l’autre parfois c’est aussi de connaître son rythme personnel et d’identifier celui de l’autre et enfin de le laisser avoir son rythme.
    Comme analogie je pense à marcher avec un enfant de 3 ans ou avec un enfant de 8 ans ou avec un ado de 15 ans. Chacun d’entre eux a son rythme et si je marche avec l’un d’entre eux, je m’adapte à son pas et sa capacité : c’est ainsi que je le respecte. Si je marche trop vite pour un petit, il risque de tomber. Si je marche trop lentement pour un grand, il piétinera…

  15. mike le 08 Mai 2011 à 22:41 15

    intéressant…j’ai effectivement tendance à marcher à ma vitesse avec des enfants de 10 ans et ne pas penser aux pauses et à la boisson parce que moi même je suis un vrai chameau (quand je marche), évidemment pas avec un enfant de 3 ans mais l’analogie est intéressante, c’est une image que l’on peut garder à l’esprit quand on parle avec quelqu’un…
    qu’en pensez-vous, le gros problème aussi c’est la patience, un enfant grandit mais certains adultes s’arrêtent de grandir et sont satisfaits de leurs conforts, ou bien ne veulent pas voir les choses même si on leur dit dit de mettre un pied devant l’autre comme pour la marche de l’enfant, alors quelques fois on perd patience et les paroles brûlent… en y réfléchissant vous découvrez que c’est parce que notre intention n’est pas si pure et pas dans l’intérêt de l’autre mais pour la satisfaction personnelle de parler et de convaincre quelqu’un d’adhérer à nos propos alors qu’il est normal d’attendre qu’un enfant marche à partir de 10-14 mois.

  16. marie le 22 Mai 2011 à 22:44 16

    Merci pour ce rappel très complet des outils du travail pratique. Je suis convaincue de leur caractère incontournable. Une de mes difficultés principales est d’arriver à faire le bilan du soir. Ce que je fais est superficiel, rapide, je tombe de sommeil et m’endors la plupart du temps en oubliant de le faire. Qui a un conseil à ce sujet?

  17. mobizen le 23 Mai 2011 à 23:12 17

    @Marie
    Il faut faire court. J’ai adopté la méthode des 0 et +
    Si je réussi une pratique que je me suis fixée, je mets +, et 0 si j’ai raté. Je me traite comme un enfant.
    Je fais 3 colonnes: « pensé », « agi », « réaction » et note 0 ou + selon que j’ai pensé à ma pratique, si j’ai agi dans ce sens (qui est l’idéal) et s’il y a eu une réaction, une conséquence. Dans cette 3e colonne je note qq mots qui me serviront à la relecture.
    J’ai un carnet qui est un agenda 2011 et je note à la page de chaque jour. Le carnet doit idéalement se trouver toujours à la même place!

  18. marie le 24 Mai 2011 à 12:04 18

    Merci Mobizen!
    Ces conseils me paraissent très praticables, je m’y mets!

  19. KLR le 27 Mai 2011 à 9:59 19

    @marie
    j’ai la même difficulté que vous le soir, je me sens tellement vidée que je n’ai plus les idées claires et je suis souvent à sec sur ma copie !
    Pour moi la meilleure solution est de faire le bilan le lendemain matin. Evidemment cela suppose d’avoir un peu de temps, cela dépend de votre travail.
    J’ai la chance de travailler chez moi le matin, ce qui fait que je peux prendre un peu de mon temps de travail pour faire le bilan. Cela est très efficace à ce moment là, car en plus, je commence ma journée par une activité spirituelle, ce qui m’aide par la suite.
    Par exemple ce matin, j’avais l’état d’esprit complètement absorbée par le matériel, ayant eu, hier, une soirée professionnelle. Alors dans un but « thérapeutique », comme un médicament, pour contrer cet état d’esprit, retrouver une ligne directrice, lutter contre mes pensées négatives, j’ai fait un bilan qui m’a permis de me recentrer, et cela a été très efficace.
    Si le travail ne nous permet pas ce temps matinal, on peut :
    soit se lever un peu plus tôt, soit utiliser les transports pour faire ce bilan.
    A ce moment là il faut pouvoir s’extraire du monde qui nous entoure pour méditer sur la journée passée. Pour ma part, je trouve que l’utilisation de l’écrit (carnet ou ordinateur, ou note sur le téléphone), est un bon moyen pour s’extraire et fournir un bilan plus creusé.

  20. HESTER le 27 Mai 2011 à 22:09 20

    @Marie
    J’ai aussi ce problème du bilan régulier.
    J’ai testé pendant une semaine le fait de prendre en point pratique numéro 1  » faire mon bilan quotidien » : cela m’a permis d’obtenir un point très facilement, car, il me suffisait d’ouvrir mon fichier et de noter « 1 » dans cette case du tableau de travail pratique.
    A partir de cet instant, j’étais pour ainsi dire « accrochée » et le reste du bilan (cocher d’autres cases) devenait incontournable.

    Peut-être que je dois m’attendre à changer souvent de stratégie pour réussir à rester persévérante dans les bilans ! Trouver le bon appât en fonction du contexte, de l’âge…

    @KLR vous illustrez très bien le fait qu’une stratégie est nécessaire, qu’un terrain doit être préparé. J’aimerai ne plus l’oublier.

  21. Ms le 29 Mai 2011 à 21:23 21

    Dans la continuité de ce superbe article sur « le programme pratique », j’aurai voulu soumettre ma propre expérience… Vous verrez, dans la forme elle diffère quelque peu mais l’objectif reste bien évidemment le même !

    J’ai toujours eu du mal pour ce qui est de l’assiduité et du sérieux lorsque je pratique sur un point quel qu’il soit. J’ai essayé pas mal de méthodes, je l’avoue pas toujours sur le long terme, mais je ne voyais pas beaucoup d’amélioration…

    Lors d’une discussion que j’ai eu avec une amie, nous avons pris l’initiative de travailler en binôme pendant un temps. Dans le fond, l’objectif était de travailler ensemble de manière à tenter de trouver des moyens d’actions pertinents qui pourraient nous servir à tout moment de nos vies respectives, que nous soyons ensemble ou non, toujours dans l’idée d’augmenter notre efficacité dans la mise en pratique. En fait, le concept était de prendre chacune et chaque jour un point qui nous pose problème personnellement (la jalousie, la colère, …) et de lutter contre. Notre objectif était donc bien-sûr de réussir à lutter contre nos propres points, tout en sachant que si l’une de nous ne réussit pas sa lutte, la pratique était considérée comme un échec pour la journée en question. Nous étions donc dépendantes l’une de l’autre pour ce qui est la réussite de notre programme pratique !

    En réalité, l’idée de ce concept était d’apporter une solution à une lacune récurrente que nous éprouvions à savoir le manque de motivation. Cette lacune amène, en effet, à l’oubli, le manque de sérieux, l’inefficacité, la paresse, l’indifférence, …, telle une réaction en chaine qui peut vite aboutir à l’échec de notre pratique ! En outre, savoir que nous dépendions l’une de l’autre était primordiale car par ma faute, par exemple, sa pratique de la journée n’aurai pas été validé si je n’avais pas lutter… En d’autres termes, j’introduis ici un autre aspect de ce concept qui nous paraissait important c’est-à-dire l’émulation. Nous trouvions intéressant de garder à l’esprit que nous avançons ensemble car, au final, notre objectif est le même: notre perfectionnement !

    De plus, ce type d’expérience me semble d’autant plus intéressant en ce qu’il peut amener à des trouvailles pour ce qui des moyens mis en oeuvre en vu d’une efficacité optimum au sein du binôme. Nous avons vraiment vu cela comme un jeu. Nous devions, dès le départ élaborer la meilleure stratégie possible pour assurer l’efficacité de notre programme pratique dans l’idée d’avancer ensemble, main dans la main. Par exemple, il est possible d’instaurer des échéances au bout desquelles le binôme se doit de faire le point sur sa manière de pratiquer en élaborant les aspects positifs et négatifs, ce qui peut amener à un débat au sein du binôme de manière à améliorer le plan d’attaque instaurer.

    Je me souviens d’ailleurs que nous essayions, entre autre, de rester en contact au maximum par le bais d’SMS, notamment, ce qui nous permettait de nous rappeler qu’il faut pratiquer en cas d’oubli. A certains moment, il arrivait aussi que l’une de nous fasse part exprès du fait qu’elle a pratiqué de manière à pousser l’autre à le faire au plus vite, comme un petit « coup de pression » !

    Pour l’avoir vécu, je trouve que c’est une expérience qui peut être intéressante à vivre…

  22. KLR le 03 Juin 2011 à 22:58 22

    @Ms
    Et dire que parfois nous avons la chance d’être deux conjoints intéressés par la pratique de l’éthique, pourtant nous n’en profitons pas assez.
    Le binôme est là, il n’y a plus qu’à pratiquer !
    Vous m’avez donné des idées, merci.

  23. Assai le 14 Juin 2011 à 23:18 23

    L’article m’a remotivé, en ce (presque) début d’été, l’influence du soi impérieux est très forte.
    Il est essentiel de se fixer un objectif pour l’été. L’article et les expériences m’ont permis d’adapter ma méthode de travail sur soi.

  24. radegonde le 29 Juin 2011 à 22:06 24

    j’ai fait un tableau sur « excel » avec des pratiques faisables/ j’ai mis le tableau sur le bureau de l’ordinateur que je ne peux pas rater en ouvrant …..

  25. Ornella le 03 Juil 2011 à 7:41 25

    J’ai fait la même chose que vous Radegonde!

    J’ai fait un tableau sur Excel avec un rappel au dessus du tableau (ma feuille de route avec le programme et les objectifs):

    1-définition de ma pratique (donc je l’a vois à chaque fois que je veux me noter)
    2- un rappel des acquis et compétences que je devrais mettre en place pour optimiser la réussite de ce point pratique en apparence très simple mais qui demande un peu de discipline et de concentration!
    3- les intérêts de cette pratique et des maximes mettant en avant ce point pratique (pour ne pas perdre de vue ce pourquoi je lutte!)

    J’ai mis ce garde fou car mon soi impérieux aime bien occulter certaines choses!!hum!

    Ensuite arrive le tableau avec un système de bonus graduel et de malus graduel également (en fonction des différents cas pouvant se présenter dans ma pratique) que je ne vais pas détailler car adapté à mon cas pour me booster!

    J’avoue c’est très scolaire mais la fin de mon trimestre de pratique (avril-mai-juin) fût venu l’heure du bilan et sur 100 points je suis à 35! Là mon orgueil en a pris un coup! Donc en gros j’ai eu pas mal de malus et j’ai pratiqué 3 mois mais pas bien!

    C’est comme si j’avais réussi ma pratique 1/3 du temps et pourtant j’ai vraiment l’impression de mettre fait violence!! Et bah non, bibi à encore du boulot!

    Quand j’ai vu mon petit graphique d’évolution et que je me suis dit que cette courbe toute moche en dents de scie c’était « moi » et bien je n’étais pas fière alors que franchement je n’ai pas mis la barre si haute que ça en me disant on va commencer « soft » et bien même soft c’est sacrement dur de lutter!

    Mais je ne baisse pas les bras, on va mettre le paquet au second trimestre…histoire d’avoir les encouragements pour la rentrée 🙂

  26. marie le 29 Juil 2011 à 19:16 26

    Merci pour tous ces éléments et outils. Le bilan quotidien est vraiment loin d’être « acquis » pour moi, mais je persiste!

  27. Roxanna le 22 Août 2011 à 10:47 27

    C’est incroyable, je me sais tout à fait soumise à l’attaque des bombes du soi impérieux qui sont ici énumérées, notamment dans l’exemple de Sylvie ! Je suis toujours confrontée à la question de mon intention lorsque je décide de prendre une discipline sportive comme point pratique de travail sur soi. Parce qu’à la fois je sais que c’est une réelle épreuve pour ma volonté et qu’avoir une discipline sportive la fortifie et cela est bénéfique pour mon perfectionnement spirituel. Or, il m’est presque impossible de ne pas penser au fait qu’en plus, je vais me sculpter un corps de rêve, que je vais être super à l’aise dans mes jeans, etc… Et même si mon intention est pure au départ, en voyant son corps changer, l’intention dévie en même temps. C’est donc assez difficile de lutter contre.

    La clés du succès : le bilan !
    Je suis entièrement d’accord et je peux en témoigner. J’ai remarqué que ma pratique était productive que si je réussissais à tenir un carnet de bord. Plus j’oubliais d’écrire mon bilan dans mon carnet, moins je pratiquais. La raison principale en est qu’on ne fait que stagner si on ne s’attelle pas à l’auto-évaluation et à l’analyse de nos réussites et nos échecs. Et simplement écrire si on a réussi la pratique ces dernières 24h ne suffit pas et est contre productif. Le sujet du bilan est d’observer quelles ont été les difficultés, les manifestations du soi impérieux, comment on a réussi à lutter, quelles sont les raisons de notre échec ou de notre réussite. Et de là, très important, mettre en place un stratégie afin d’évoluer dans notre pratique. Je suis une adepte du carnet de bord qui aide à établir un bilan indispensable dans la pratique spirituelle.

  28. Ziba le 29 Sep 2011 à 9:21 28

    J’aimerais pratiquer ce point : ne pas formuler des reproches à l’égard de mon entourage.
    J’ai essayé mais je n’arrive pas. Je ne sais pas si c’est parce que je ne suis pas assez vigilante ou si c’est mon point qui est vague et pas bien décortiqué.
    Avez-vous des idées sur comment je pourrais briser ce grand morceau en des petits points plus pragmatiques que j’arriverai à réussir ?

  29. Ms le 01 Oct 2011 à 21:19 29

    @ Ziba: C’est un point sur lequel j’essaye de travailler aussi, avec beaucoup de mal …

    Dans mon cas, c’est un gros point faible. Vu la difficulté, j’ai carrément demander à mon entourage de m’aider; ils sont les principaux concernés ! En fait, ils me font la remarque quand je formule des reproches à leur égard et cela m’aide non seulement à m’en rendre compte sur le coup et à analyser la situation pour comprendre pourquoi je l’ai fait, pourquoi je n’aurai pas dû le faire, comment y remédier … Souvent, c’est très intéressant car cette méthode amène à des discutions sur le sujet qui peuvent même déborder sur d’autres sujets; ce qui est toujours enrichissant il faut le dire !

    Je trouve que ce point de départ pourrait éventuellement vous aidez pour être plus « vigilante » ainsi que pour rendre le point moins « vague » en le « décortiquant » avec l’aide des personnes concernées qui vous connaissent le mieux et sont donc les mieux placés pour vous aider.

  30. mike le 09 Oct 2011 à 22:13 30

    @ziba ; (ce que je fais pour moi)
    1) Demandez vous déjà pourquoi vous formulez des reproches à votre entourage ? (sentiment de supériorité, comportement de petit chef, vous parlez beaucoup mais vous ne faites pas grand chose en définitive, réelle intention d’éducation envers l’autre parce que vous avez plus d’expériences et les reproches ne sont finalement qu’une formulation maladroite de votre part, vous ne vous mettez pas assez à la place de l’autre…)
    2) Quand vous aurez identifiez ce qui motive ce comportement, analysez le réellement sous la loupe d’un homme bienveillant, qui cherche le bien pour les autres (il y aura des situations où le reproche n’est finalement qu’une expression d’une réelle préoccupation envers les autres qu’il faudra exprimer autrement…)
    3 ) voyez quel est l’impact de vos paroles sur les autres (sondez pour voir si c’est perçu comme des reproches ou non
    4) analyser la psychologie de votre entourage , on parle différemment à un enfant qu’à un adulte, à une ami qu’à une vague connaissance, le sujet en face de vous est peut-être très sensible et vos paroles sont pour lui une réelle source d’inspiration, donc ne gâchez pas cette relation…)
    5) faites le point au clair sur une feuille de papier ; parole, effet, interlocuteur, relation, intention dans le discours, enseignement, engueulade, ou tournure de l’esprit mordante, maladive dont la source est un problème personnel que je n’ai pas résolu moi même…)

    voilà , après tout ça :
    6) décision de pratique en s’aidant de cette maxime comme motivation « conduisez-vous toujours avec respect, courtoisie et modestie. » en sachant que c’est un grand de ce monde qui l’a écrite, c’est à dire quelqu’un que pouvait tout à fait agir autrement et brimer les autres de par son statut social.
    se la répéter tous les jours comme une prière et vous verrez tout de suite son effet dans votre vie

    7) Ensuite notre nature s’adoucit progressivement à force d’expérience et de pratique de la sorte dans le but du contentement divin et il faut aussi se dire que quelque de vraiment connaissant devient compatissant et maitrise sa colère…(qui est une émanation d’une étroitesse de l’esprit) (ce genre de remarque me sert à refroidir mon soi impérieux quand il prend le dessus…)
    bon courage

  31. Ziba le 24 Oct 2011 à 0:49 31

    MS> merci pour la suggestion. L’échange avec un entourage bienveillant est une grande aide, vous avez raison.

    Mike> votre réponse est un vrai petit bijou. Mille mercis de l’avoir partagé. J’en suis seulement au point 1, quelques fois qd je me retrouve face à des cas que vous citez dans la phase 2, je me retrouve coincée, car très souvent je reproduis le même comportement maladroit que d’habitude parceque je n’arrive pas à en imaginer un meilleur. On est souvent prisonnier de son éducation et ses habitudes : comment faire jaillir cet étincelle qui réveille l’inventivité et qui casse les routines bien établies ? … Cette petite prière que vous citez semble avoir cette force d’inspiration, encore faut-il que je m’en souvienne aux moments clés. Merci de m’avoir souhaité bon courage, j’en ai grandement besoin.

    En tout cas c’est formidable de trouver une réponse aussi pertinente à sa question, merci du fond de cœur à ce site qui rend possible ce type d’échanges.

  32. mike le 24 Oct 2011 à 21:37 32

    @ziba; merci surtout à vous d’exposer vos problèmes; on est tous dans la même situation, sur le même navire…
    je suis comme vous, je répète les même erreurs et j’en appelle sans cesse à la clémence divine
    le fait de me répéter des phrases positives ou des prières est dans l’espoir de préparer ma pensée pour capter l’énergie divine nécessaire à passer l’épreuve…
    c’est bien la différence entre la théorie et la pratique, c’est pour cela qu’il est nécessaire de se mettre sans arrêt en situations et se dire que cela fait partie du jeu, à force d’effort et d’échec, notre mental se forge quand même mais je sais que je ne sera jamais un super héros spirituel!
    je pense d’ailleurs que c’est une bonne pratique, se dire chaque jour d’aller au front plutôt que se terrer de peur de se tromper (cela doit être une antidote à l’orgueil); je commence ce soir!

  33. rosrow le 30 Oct 2011 à 21:24 33

    Ma colère, mon emportement , est le point sur lequel je souhaite travailler . En repérer les origines .(Orgueil ,préjugés , attentes déplacées, exigences , intolérance , incapacité à supporter les contraintes les contrariétés, sentiments d’injustice, etc.. ) L’entourage familial , le milieu professionnel sont les lieux privilégiés pour laisser la colère s’exprimer … Mais , le conducteur indélicat , les hommes politiques, ne sont pas ,en restent .Tous sont les cibles potentielles et privilégiés de ce « défouloir »…Ces pulsions de colère ,me pèsent en premier, à moi-même ( j’en deviens , grossier etc.. ) ,mais , nuisent aussi a mon entourage . Bref , sachant que du jour au lendemain je n’arriverai pas à me défaire ,d’un défaut bien installé dans ma psyché , je serai ravi, de savoir comment d’autres ont pu obtenir des résultats probants dans ce domaine . Comment pouvoir s’ analyser , s’ évaluer, etc…

  34. mike le 04 Nov 2011 à 0:03 34

    @rosrow :
    A) l’analyse est un temps fort : comme un enfant, il ne faut pas le casser mais l’éduquer.

    1) je repère d’abord les situations qui me mettent en colère, les gens (toujours inférieurs hiérarchiques ou aussi d’autres personnes), je compare avec les gens que je respecte vraiment et devant qui je n’oserais pas me mettre en colère (qu’est-ce qui freine naturellement cette colère en moi?? le respect, l’admiration, la certitude que l’autre est supérieur, la peur… il y a donc quelque chose qui dompte cette pulsion, laquelle? (elle sera utile pour le combat)
    2) j’analyse ce sentiment ; est ce de la vraie colère? impulsive qui n’a plus de limite, totalement irraisonnée qui dépasse les droits des autres, qui devient violente etc, (la colère est un dysfonctionnement de la faculté irascible, en excès c’est une pulsion qui occulte la raison); j’analyse ce moment de dérapage de la raison ; la colère peut aussi être un repère pour des excès dans d’autre domaine (par ex, je m’emporte envers mes enfants quand je fais trop de travail à la maison et que je n’ai pas le calme que je voudrais alors que je devrais plutôt m’organiser pour être disponible pour les autres quand je rentre)
    3) j’analyse l’intention de départ : intention éducative ou non? mes propos sont peut être échaudés mais l’intention est bonne, je suis responsable, je dois corriger les erreurs de l’autre mais je m’emporte; donc ici c’est la manière qui n’est pas bonne, une rudesse des propos mais pas de la colère…. ou plutôt est ce maladif impulsif comme quelqu’un qui veut écraser tout le monde? (se fâcher pour éduquer n’est pas forcément de la colère et peut être très utile)
    4) bien se répéter la définition ; « la faculté irascible produit l’énergie psychique nécessaire aux facultés de défense et d’attaque du soi, elle utile est inhérente à chaque organisme psycho spirituel, il ne faut pas la tuer mais la dompter.
    5) plusieurs éléments s’inscrivent sur une feuille…

    B) confrontation des idées et recherche de tempérance
    1) il faut mettre de l’eau sur le feu… le niveau de lutte dépendra de l’estime que vous avez pour vous; se mettre une claque, fuir, s’insulter plutôt que l’autre, devenir adulte, intelligent et responsable éducateur?
    en fonction des éléments retrouvés plus haut, l’angle d’attaque sera différent (j’aime écraser les autres, il faudra travailler sur le respect, je m’emporte mais je ne perds pas raison, il faut travailler sur la manière de dire les choses, être compatissant

    2) les maximes qui m’aident  » la colère agit comme un poison sur l’âme; plus elle diminue, plus la force magnétique positive de l’âme augmente », « conduisez vous toujours avec respect, courtoisie et modestie » « un être humain digne de ce nom se reconnaît à sa compassion, sa générosité et sa bienveillance »,
    un conseil m’a toujours marqué parce que vexant pour mon âme: j’ai souvent entendu dire que le colérique a un champ de perception étroit, s’il voyait large, il ne s’emporterait pas, il comprendrait la différence.
    3) je m’efforce toujours d’avoir une intention bienveillante de départ et de me représenter comme un père éducateur
    4) pancarte rouge : se rappeler cette personne ou chose qui dompte ma colère, et la voir en face de soi (ça va de la peur de la sanction…jusqu’à voir son bien aimé divin)

    C) sincérité envers soi même : comprendre que la colère est à l’origine d’un malaise personnel, d’une imperfection de l’âme, vouloir vraiment lutter et ne pas se complaire dans un sentiment qui plaît bien au soi impérieux parce qu’il peut dire crument tout haut ce qu’il réfrène par ailleurs

    D) voilà, après personne de bossera pour moi…

  35. ATIG le 19 Fév 2015 à 20:34 35

    Merci pour ces conseils. Je me suis retrouvé dans tous les pièges décrits quant au SI, et plus particulièrement celui de mettre la barre très haut!
    Bien cordialement,

  36. dodo le 20 Nov 2017 à 4:37 36

    j’ai travaillé sur le pessimisme ou plutôt la dépression, à l’aide de trois points:

    1) demander l’aide divine (lorsque je passe en revue ma journée, ou lorsque je prie, fais des lectures, ou écoute de la musique)

    2) travail sur la volonté en me fixant une tâche à faire. Par exemple nettoyer une étagère

    3) travail sur les pensées qui consiste à rectifier ses pensées (technique que j’ai apprise en faisant une tcc « thérapie( brève) comportementale cognitive »
    Je suis cyclothymique ce qui signifie que j’ai des états dépressifs qui dure des mois, tout est difficile, tout est un effort ou je suis rongée par la culpabilité suivit de période ou je vais bien et je suis pleine d’énergie et je fais en une semaine ce que je n’ai pas pu faire en 6 mois. Je suis très heureuse d’avoir identifié ce problème qui m’handicape et avec l’aide de Dieu je vais pouvoir avancer.

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