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Marcel Conche : une sagesse pour ce monde

Pour beaucoup de ceux qui l’ont découvert à travers ses livres ou son enseignement, Marcel Conche incarne la figure contemporaine d’une sagesse humaine, délivrée des illusions mais ouverte au mystère des choses. André Comte-Sponville, parmi d’autres, a reconnu sa dette à son égard. Longtemps professeur de philosophie à la Sorbonne, Marcel Conche poursuit aujourd’hui son œuvre depuis son lieu de retraite. Une œuvre importante (près d’une trentaine de livres régulièrement réédités) qui n’hésite pas à aborder de front les « grandes questions » de l’existence (le destin et la mort, la vérité et le bonheur, le sens ou le non-sens de la vie, le fondement de la morale) ; une œuvre qui traverse toute l’histoire de la philosophie occidentale depuis son origine grecque, en passant par les figures matérialistes et sceptiques de Lucrèce, Pyrrhon, Montaigne ou Nietzsche, et en s’autorisant quelques incursions du côté des sagesses orientales (Lao Tseu).

Sur le chapitre de la foi et du divin, Marcel Conche défend une position qu’il refuse d’assimiler à l’athéisme, bien qu’elle mette en suspens la question de l’existence d’un Dieu transcendant pour orienter la pensée vers une Nature universelle et créatrice. C’est sur cette question que s’ouvre l’entretien qu’il a bien voulu consacrer à e-ostadelahi.fr, avant de nous conduire vers le problème de la foi et de la religion, de la recherche d’une vérité sans « révélation », enfin de la morale qui, selon lui, a une portée universelle parce qu’elle constitue pour l’homme le véritable lieu de l’ouverture à la vérité.


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12 commentaires

  1. mike le 17 Juin 2010 à 0:03 1

    je ne suis pas un grand philosophe mais je trouve le titre très bien trouvé… et en même temps un peu réducteur, pourquoi? : parce qu’après avoir écouté ce philosophe, j’ai ressenti un effet positif d’un homme qui a, je pense, acquis une sagesse effectivement de ce monde, qui a fait du bien et s’est battu pour le bien de la vie et de sa mère Nature, avec résignation, fidélité, engagement et en restant modeste sur des définitions qu’il n’englobait pas dans son discours comme la notion de Dieu (qui tout compte fait ressemble fort étrangement à sa définition de Nature infinie), mais aussi une sagesse probablement de l’autre monde puisqu’il a suivi sa conscience et l’a même transcendée, il a réussi à voir juste sur des points critiques comme au sujet de sa propre religion dont il s’est probablement écarté puisqu’elle n’avait pas de résonance dans son esprit plein de bon sens et probablement à juste titre puisqu’elle s’est elle même fourvoyée… et pourtant il est resté positif, croyant en l’homme et en sa bonté intrinsèque potentielle qui ne dépend que de nos choix… et quelle formidable leçon d’altruisme!, détaché sans rien attendre en retour, celui qui aide même son énemi, pour la seule satisfaction du juste, du vrai, de sa conscience et j’ai envie de dire de Dieu selon ma définition… en tous cas cette lecture m’a rappelé une prière dont une des strophes dit ;  » Enfin, en tout temps et en tout lieu, ce qui est considéré par les sages comme bon, qui engendre l’ordre et la paix (formidable leçon sur sa définition de morale universelle…), qui émane du Vrai, Observe-le pour toi et pour les autres, et de ce qui est contraire à cela, éloigne-toi.

  2. Rems le 17 Juin 2010 à 11:45 2

    Bravo !!
    C’est une très bonne idée de mettre une video d’une personne aussi attachante et modérée.
    Toutes les interventions sont fines, intelligentes et plaisantes à écouter.
    Passionnant en un mot.
    Et aussi un exemple de tolérance et de modération.
    A écouter et ré-écouter.
    Cool stuff.

  3. abc le 18 Juin 2010 à 23:40 3

    C’est intéressant et enrichissant de pouvoir confronter ses réflexions à celles du philosophe, il aborde plusieurs points, et partant d’une position radicalement opposée apparait finalement comme assez proche de penseurs croyants: l’infini et le fini, l’expérience de la mystique, la nécessité de fonder la morale.

  4. nanou le 20 Juin 2010 à 13:51 4

    Super entretien !
    J’ai beaucoup aimé le développement sur la bonté originelle de l’homme. L’homme est-il bon ou mauvais ? Pour Conche, le méchant est un frustré… Une telle conception, même si elle peut paraître simpliste, a au moins l’avantage d’aider à voir plus positivement les gros méchants qui nous entourent !
    « Le christianisme a rendu l’homme plus mauvais car il l’a persuadé de sa mauvaiseté » : une phrase qui m’a fait réfléchir au rôle essentiel des éducateurs. Je pense en effet avec Conche que l’on peut rendre bon ou mauvais les autres selon l’image d’eux-mêmes qu’on leur renvoie 🙂

  5. abc le 21 Juin 2010 à 22:51 5

    Un commentaire sur la notion de science et spiritualité. S’il est vrai que l’image renvoyée par les différentes religions, avec les contradictions et les dogmes, peut paraître assez éloignée de la science, une autre approche est possible: toutes les pensées, émotions et intentions existent de manière concrète et peuvent faire l’objet d’une étude systématique. Dès lors, si comme le pensent certains, elles trouvent leur fondement dans cette puissance intelligente que l’on nomme Dieu, la spiritualité n’a aucune raison de ne pas être appelée science.

  6. Dr house le 29 Juin 2010 à 18:30 6

    J’ai beaucoup aimé le passage sur la morale : en effet « fonder  » la morale est une notion très intéressante et à l’heure actuelle le monde n’a plus de moral fondée.

    Quand on regarde le monde qui nous entoure, nous nous rendons compte que la morale évolue en fonction des tendances et des médias, mais sur des petites choses insidieuse et non pas sur des piliers ( cf hitler)
    Prenons l’exemple de l’adultère ; j’ai tendance a penser qu’à l’heure actuel l’adultère est une chose banal qui se pratique couramment et n’est plus condamné comme avant. En effet les gens qui m’entourent ne considère plus cela comme immoral … ( cf série TV, magazine féminins, TV réalité…)

    il est important de FONDER la morale, de la démontrer pour augmenter son poids et son importance lorsque nous agissons et de la transmettre aux générations futurs…

  7. KLR le 19 Août 2010 à 15:53 7

    Merci beaucoup pour cet entretien passionnant dont on ressort plein de chaleur. J’ai apprécié la sincérité touchante de Mr Conche. Comme il l’explique, la recherche de la Vérité n’est pas une position facile et cela fait plaisir de voir un philosophe toujours en recherche, en « essai »…
    A ce sujet, la façon dont il termine l’entretien est très significative et montre un certain recul et une certaine malice par rapport à lui-même : « j’aurais fait un bon chrétien ».
    J’ai également apprécié sa foi en la bonté de l’homme, c’est une proposition encourageante pour lutter contre le pessimisme…

  8. loulou le 22 Août 2010 à 17:37 8

    Merci pour cette vidéo… Une sagesse pour ce monde, c’est bien ce dont nos sociétés ont besoin. Se rappeler que si on ne peut pas agir sur les choses, on peut essayer d’agir sur la façon dont on y réagit me semble déjà un pas immense.

  9. andreu le 06 Oct 2010 à 22:07 9

    Bien que n’étant pas en accord avec lui sur la question de l’existence de Dieu notamment, j’ai été extrêmement touché par la sincérité du discours de Marcel Conche ainsi que par la passion qui l’anime à rechercher la vérité.

    Bien qu’il nie l’existence de Dieu, il me semble que la majorité des éléments et des concepts qu’il intègre dans son discours pourraient justement être repris en faveur de l’existence de Dieu : la nature, l’infini, la cause première, la morale, les devoirs… En outre, il ne fait pas la distinction entre l’existence d’un Dieu façonné par les désirs et imagination des hommes et celle d’un Dieu, comme cause première dont toute cause est issue.

    D’emblée il oppose le concept de Nature à celui d’un Dieu créateur de toutes choses. Il ne prend pas à compte le simple fait que justement la nature pourrait être considérée comme l’émanation de cet « infini qui est au delà de la portée des hommes » dont il nous parle. On peut d’ailleurs se demander si le mot Dieu n’est pas piégeant, même dans la pensée d’un grand philosophe comme Marcel Conche, tant il est connoté, et restreint à un concept usé par les dogmes, la compréhension limitée ou erronée des hommes ou encore à utilisation largement abusive dans la recherche et l’exercice du pouvoir dans les domaines social et politique.

    J’ai beaucoup apprécié la distinction éclairante qu’il fait entre la croyance et la foi ; La croyance étant en quelque sorte l’adhésion à une idée, à un dogme et la foi correspondant à l’expérience d’une révélation. Cette expérience de la foi, cette forme de révélation intérieure dont il parle, il déplore justement ne pas en avoir fait l’expérience. La fin de l’entretien est particulièrement touchante à cet égard.

    On peut regretter qu’il n’ait pas fait la distinction entre la religion des hommes et une forme de religion à caractère universel basée sur la recherche objective du vrai, ayant comme outil nécessaire et indispensable, la raison et non pas l’acceptation d’un dogme. Il est intéressant à ce sujet de noter qu’il évoque lui même la présence de cette raison en l’homme ; on est alors en droit de se demander d’où vient cette raison justement, qu’est-ce qui peut donc bien être à son origine ?

  10. radegonde le 09 Août 2011 à 19:48 10

    Au début M.CONCHE parle de « la révélation ,de l’experience de la Foi , qui ne peut s’enseigner « ; pour moi c’est tout à fait exact …..
    La Foi est une expérience personnelle qu’il est difficile de partager avec un autre, s’il n’a pas fait cette expérience..

  11. Anushka le 04 Fév 2017 à 4:31 11

    Très Bel Humain, bien que je ne sois pas tout à fait d’accord avec lui concernant le « besoin de croire » opposé à la quête philosophie de la « vérité ».
    Je crois que c’est Nietzsche qui expliquait que la position philosophique de la vérité n’était pas absolue. Pour ma part, très sincèrement, je ne crois pas en Dieu, j’aime Dieu. Dieu étant Nature. Je peux me le permettre, parce que je ne recherche pas une « Vérité » mais la  » Beauté ». Vous voyez, cela change beaucoup la perspective. … Non ?

  12. mike le 11 Fév 2017 à 3:19 12

    non, c’est une étape; je ne vois pas de contradiction; chacun sa conviction, si vous appliquez à vous même cette Beauté que vous recherchez et envers les autres, vous transformez aussi votre nature de primate en quelque chose de plus lumineux et de plus humain, ou Beau, donc vous avancez aussi dans la connaissance de vous même et de la Vie et la Vrai apparaîtra peut être, qui sait?

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