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Où ma raison a renoué avec ma foi

Par , le 14 Juin. 2009, dans la catégorie Articles - Imprimer ce document Imprimer

Comment peut-on, après avoir dit à qui voulait l’entendre « si Dieu existe, je le hais », être réconcilié avec l’idée d’une transcendance dont l’un des attributs essentiels est la bienveillance ? Comment comprendre un changement en apparence si radical ? L’âge, sans doute, le fait d’avoir des enfants, peut-être ; mais pas seulement. J’ai vieilli, certes, donc, pour dire les choses de façon correcte, j’ai mûri, pris du recul, j’ai plus d’expérience et je suis devenue plus « sage ». J’ai des enfants, donc des responsabilités vis-à-vis d’eux et je me dois de leur transmettre des normes, des points de repère. D’accord ; mais si je n’étais pas convaincue moi-même du bien-fondé des principes auxquels je me réfère aujourd’hui, il n’y aurait aucune chance que mes enfants daignent même s’y intéresser. Par ailleurs, je n’ai pas refoulé les interrogations qui étaient les miennes, ni capitulé en décidant qu’il était impossible de comprendre et qu’il valait sans doute mieux faire un compromis. Donc, il y a eu plus qu’un simple ajustement de surface, lié aux contingences de la vie. Il y a eu en moi un changement profond et progressif, qui s’est fait par étapes, et que je constate a posteriori. Pourquoi l’évoquer dans ces colonnes ? Parce qu’il s’agit d’un cheminement spirituel, on s’en doute, parce que ma rencontre avec la pensée d’Ostad Elahi en a été le point de départ et que j’aimerais témoigner de l’importance de l’impact de cette pensée dans mon cheminement. Un petit détour par le passé est pour cela nécessaire.

Logiquement impossible

Après avoir eu un enseignement religieux chrétien, j’avais donc tout rejeté « définitivement » : ça ne collait pas, ça ne pouvait pas coller. Vu l’état du monde, ça n’était pas possible, ou alors insupportable. D’ailleurs, au cours d’instruction religieuse, on n’avait jamais su répondre à mes questions (si j’étais prédestinée, quel était le sens de ma vie ? la « résurrection de la chair », concrètement, ça voulait dire quoi, au juste ? Entre autres…) et je ne comprenais pas grand-chose aux images utilisées pour évoquer certains « mystères ». C’était donc réglé : table rase, j’étais libérée de ces superstitions, libérée aussi de cette partie de moi qu’on appelait conscience et qui ne s’exprimait d’ailleurs que sous la forme de « mauvaise conscience », celle qui a un regard inquisiteur et permanent sur vos faits, gestes et pensées et vous suit jusque dans la tombe. Il en restait bien des traces, mais je les mettais sur le compte de l’éducation que j’avais eue, c’était mon surmoi qui faisait son boulot, ça passerait avec le temps. Ça n’a pas tout à fait passé ; et la liberté que j’avais gagnée n’était pas pleinement satisfaisante, pas plus que mes divers engagements de l’époque où je ne pouvais me résoudre à m’impliquer vraiment. La lecture de La voie de la perfection, ouvrage où Bahram Elahi synthétise la philosophie d’Ostad Elahi, n’a pas changé grand chose à ce moment-là : c’était trop simple, trop limpide, ça fonctionnait trop bien, on ne me la faisait pas.

Une autre approche

Ce n’est que petit à petit que je me suis rendue compte que ce livre avait eu un impact sur moi, lorsque j’ai peu à peu pris conscience du fait que, justement, ça fonctionnait, je n’y trouvais aucune incohérence, oui, c’était simple (en apparence en tout cas) si on en acceptait les postulats. Rien ne m’obligeait à les accepter. Rien non plus ne me forçait à les rejeter, aucune contradiction, aucune interrogation laissée en suspens, aucune incohérence logique, ni même un effet de style que j’aurais pu trouver inutile ou superflu. J’ai repris la lecture de ce texte, en me demandant souvent comment je pouvais m’intéresser à nouveau à des notions dont j’avais décidé qu’elles ne me concernaient plus. C’est que la démarche, cette fois, était radicalement différente : jamais je n’avais même pensé qu’il était possible d’aborder ces questions de cette manière, à savoir sans qu’il y ait une opposition entre réflexions spirituelles et démarche rationnelle. Considérer les données spirituelles héritées du passé comme réelles et allant de soi, mais les interroger et en tester la rationalité, c’était complètement nouveau pour moi.

Pour tout le monde

Il y avait aussi un aspect qui me convenait bien : s’il appartient à chacun de confronter les données de la tradition à sa propre compréhension, la spiritualité sort des hautes sphères des spécialistes, théologiens ou philosophes – des gens très érudits dans tous les cas – pour devenir l’affaire de tous. Qui plus est, l’approche préconisée est celle de la science expérimentale, c’est-à-dire que l’on va aussi confronter les données aux faits, à travers l’expérimentation personnelle, rigoureuse et méthodique ; ceci étant, non pas seulement une recommandation, mais la condition sine que non pour saisir concrètement la réalité des choses. Dès lors, la spiritualité devient l’affaire de tous les hommes et de toutes les femmes, quels que soient leurs origines socioculturelles ou leurs niveaux éducationnels et elle s’inscrit dans la trame de leur vie quotidienne, « dans les petites choses sans importance comme dans les grands moments de décision » (La voie de la perfection). La gnose et la métaphysique dans la vie de tous les jours et pour tout le monde ! Je n’avais jamais vu nulle part une telle ouverture, un tel respect de l’individu et une telle foi en son potentiel.

Même pour ‘moi’

Cela correspondait à ce qu’une partie de moi cherchait imperceptiblement, une partie qui pouvait bien être cette dimension « esprit » ou « âme » dont j’avais décidé qu’elle n’existait pas, et qui reprenait corps. Cette prise de conscience est l’un des éléments qui m’ont fait accepter le postulat que « tant qu’il vit sur terre, l’être humain est un être bidimensionnel ». Ça n’a pas été une révélation soudaine ni une illumination, plutôt le résultat d’une lente progression, parsemée d’indices, de faisceaux de présomptions. Si je suis arrivée à cette constatation, c’est aussi parce qu’au fil de mes lectures et de mes réflexions (de non-spécialiste), je n’ai jamais été confrontée à quoi que ce soit dans la pensée d’Ostad Elahi que ma raison ne puisse accepter. J’ai même eu la surprise de pouvoir retrouver et faire cohabiter rationnellement des données inconciliables jusqu’alors, dans un monde qui oscillait pour moi entre le complètement injuste et le totalement absurde.

La voie de la raison

Je m’explique. Ostad Elahi ne dit pas autre chose que ce que les prophètes et les envoyés des grandes religions révélées ont dit avant lui. Il s’inscrit dans la continuité de la tradition dont il a une connaissance approfondie (cf la page « Qui est Ostad Elahi ») ; mais sa pensée de la perfection et du perfectionnement déborde largement cette tradition en traitant de front des questions que les doctrines religieuses officielles esquivent ou préfèrent maintenir dans un halo de mystère, à l’instar de ce qu’on avait fait pour moi lorsque j’avais demandé des explications sur la résurrection. Pour Ostad Elahi, la résurrection est l’aboutissement du perfectionnement de toute créature. Il décrit les modalités de ce perfectionnement avec minutie dans un système qui m’a frappée par sa cohérence, un système global qui contient la quintessence du message des grandes spiritualités tout en dépassant les dogmes traditionnels, un système rigoureux géré par le principe de causalité, où les droits des êtres tiennent une place prépondérante et où la bienveillance est sous-jacente en tout puisque la destination ultime de chaque créature est ce qu’il y a de meilleur pour elle et que tout fonctionne pour qu’elle puisse s’en approcher. Un système, donc, où rationalité et justice sont réconciliées, avec la bienveillance en prime !

Pragmatique, oui

Ce système m’a donné un cadre de réflexion permettant d’y voir plus clair sur ma place dans l’existence et le rôle que j’ai à y jouer. Je me suis rendue compte que si j’avais rejeté à l’époque toute possibilité de spiritualité, c’était sans doute salutaire, finalement, et cela me permet aujourd’hui d’envisager la question avec des critères qui correspondent, enfin, à mon besoin de comprendre. Je me dois d’ajouter que ce constat est aussi un grand soulagement, je dirais même qu’il me procure une sorte de sérénité, mais qui n’a rien à voir avec un état de non-douleur où je serais arrivée pour y rester et le savourer. Il s’agit plutôt d’une tranquillité profonde qui ne met pas fin au questionnement, mais au contraire procure de l’énergie pour avancer, pour se lancer dans une démarche active où chaque interrogation est confrontée à une expérience concrète qui fournira sans doute un élément de réponse et mènera certainement à une autre interrogation qui elle-même, etc. Et ceci dans la vie de tous les jours. Autant dire qu’il y a du travail et qu’il n’y a pas de temps à perdre, surtout lorsqu’on sait qu’on est soi-même seul à même de développer sa compréhension des vérités spirituelles. Ostad Elahi écrit que « le monde spirituel est un miroir, chacun y voit sa propre image ». Je vois dans cette phrase une incitation à fournir une réflexion rigoureuse et approfondie sur les fondements et les implications de notre compréhension des choses spirituelles et de nos expériences. Il ne tient qu’à moi d’affiner cette réflexion. Disons que, jusqu’à présent et pour toutes les raisons évoquées plus haut, entre autres, j’ai constaté que je ne n’avais rien perdu à essayer de le faire et que j’avais en fait tout à y gagner.


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5 commentaires

  1. MH le 15 Juin 2009 à 13:54 1

    Merci et bravo pour cette analyse, si bien développée.

    Comment expliquez-vous que vous soyez ‘revenue’ sur vos croyances puisque vous aviez ‘tout rejeté définitivement’?
    En fait, peut-être n’aviez-vous jamais cessé de croire, au fond de vous, mais était-ce la ‘forme’ de croyance institutionnelle qui vous gênait ?

    Pouvez-vous m’éclairer sur ce point SVP ?

  2. DL le 20 Juin 2009 à 10:36 2

    ‘Définitivement’, c’était bien entendu ce que je pensais à l’époque. J’avais tourné la page une fois pour toutes et ce n’était pas juste une histoire d’institutions. Ceux qui s’étaient occupé de mon ’instruction religieuse’ étaient gentils et m’avaient expliqué ce qu’ils avaient pu ; je ne leur en voulais pas, même si je leur ai tourné le dos. La raison était plus profonde : j’étais vraiment meurtrie et fâchée. Je ne comprenais pas et quand je ne comprends pas ça me met en colère. Je n’avais pas d’autre solution que de nier toute transcendance et ce qu’enseignaient les religions (peut-être ce que vous appelez ‘forme de croyance institutionnelle’ ?) était au mieux une pommade sur les plaies au pire une escroquerie détestable. Je ne parle que du plan intérieur. Pour moi, c’était bien définitif. Seulement, rien n’était réglé et comme je l’ai précisé, la liberté que j’avais gagnée n’était pas satisfaisante. Aujourd’hui, j’analyse cet état plutôt comme un « îlot de souffrance » tel qu’il est décrit par Bahram Elahi au début de son ouvrage Médecine de l’âme : le résultat d’un déséquilibre fonctionnel né du caractère bi-dimensionnel de tout être humain, un état que je ne pouvais évidemment pas diagnostiquer puisque j’avais décidé que je n’avais qu’une dimension. Ce que j’ai essayé d’expliquer dans ce billet, c’est comment je me suis peu à peu réconciliée avec l’autre dimension de moi ; ou plutôt comment cette réconciliation a pu se faire, parce que franchement, ce n’est pas moi qui ai couru derrière la transcendance, c’est elle qui m’a rattrapée. Sans vouloir donner dans le pathos, je dirai que je me sens comme une rescapée et ça génère en moi une grande gratitude.

  3. MH le 22 Juin 2009 à 23:28 3

    Merci Dominique pour ces éclaircissements…

    Si je comprends bien, cette ‘autre dimension’ de vous-même n’était ‘qu’endormie’ et s’est révélée plus tard?

    Je vous pose toutes ces questions, car j’ai moi-même eu une éducation religieuse, qui ne m’a pas convaincue non plus…
    Mais ma réaction n’a pas été aussi définitive.

    À l’époque, j’ai pensé: ‘les pauvres, ils disent ces choses, mais ils se trompent ! La religion est plus simple que ça…’
    Plus tard, je les entendais dire que ‘les mystères de Dieu sont impénétrables’, mais j’étais sûre, moi, qu’il y avait des réponses à tout…

    Cela peut paraître très prétentieux, mais je c’est comme si je savais pertinemment que la ‘vraie religion’ était tout autre…

  4. DD le 27 Juin 2009 à 13:55 4

    Très belle analyse de ce pourquoi on  » décroche »… même si pour moi ça a été différent grâce au milieu familial croyant mais non « pratiquant » du dogme.La pratique était simple : considérer notre créateur comme étant présent parmi nous et rendre grâce à son amour !
    Mais le besoin de partager avec d’autres m’a amené à fréquenter le milieu religieux et à être déçue par sa dimension humaine , peu « savante  » et peu ouverte aux autres moi qui croyais avoir à faire à des hommes presque saints …
    Je me suis détournée de l’église catholique et au fil des ans j’ai eu des manques et des interrogations qui devenaient pressantes et ainsi ,sans réponses, je me suis peu à peu éloignée de ma quête spirituelle. Plus précisément je me suis endormie . Bien sûr je me sentais toujours reliée à mon créateur mais comment comprendre ce qu’il attendait de moi ?
    Alors comme il est dit dans un commentaire , moi aussi je me suis sentie « rattrapée « !
    Je suis persuadée que si sincèrement on branche notre « longueur d’ondes » sur le monde spirituel , tôt ou tard on a les réponses à nos questions . Peut-être même qu’on a déjà eu des occasions de recevoir des réponses mais ce n’était pas le moment pour nous , on n’était pas prêts .Des occasions il y en a tous les jours si on regarde bien autour de nous avec une vraie volonté de comprendre les principes divins communs à toutes les religions, on a les moyens de les mettre en pratique, de s’auto-analyser, de s’auto-critiquer, de se corriger, d’apprendre par les autres et à travers tout ce qui nous arrive dans notre quotidien .
    Aujourd’hui avec le recul je me dis que tout celà (les reculs, les retraits etc..) c’était des excuses pour ne pas travailler sur moi même !

  5. KLR le 11 Août 2011 à 19:39 5

    Merci beaucoup pour votre témoignage.
    Je suis intéressée de savoir comment on peut appréhender une première lecture de « La voie de la perfection », et finalement ce que chacun y trouve ou n’y trouve pas…
    C’est sans doute une curiosité de ma part, cette envie de connaître l’expérience spirituelle de chacun !
    J’ai, comme vous, eu une éducation chrétienne, et j’ai pu lire « La voie de la perfection » très jeune. Est-ce parce que, comme vous dîtes, les principes énoncés par Ostad Elahi sont dans la continuité des grandes religions monothéistes, ou est-ce parce que mon intellect n’était pas encore formé à la critique, l’analyse; ce livre m’est apparu comme une évidence, je n’y ai trouvé aucune objection. J’avais le sentiment d’un catéchisme très clair, dans la continuité de ce que je savais déjà !
    J’ai vu par la suite qu’il y a plusieurs niveaux de lecture, mais à chaque fois que je relis un passage, cela m’apparaît toujours aussi clair et évident.

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