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Vie et œuvre d’Ostad Elahi

Ostad Elahi

Ostad Elahi est né le 11 septembre 1895. À l’occasion de son 116e anniversaire, e-ostadelahi.fr a souhaité lui rendre hommage en revenant sur les aspects saillants de sa vie et de son œuvre. La préface rédigée par James Morris pour la traduction anglaise de Connaissance de l’âme (Knowing the Spirit, SUNY, 2006) s’appuie notamment sur des éléments autobiographiques rapportés par Ostad sous la forme de remarques et de conversations. En faisant apparaître le fil secret qui relie une vie riche en expériences variées et quelques-unes des notions centrales d’une pensée, ce texte brosse le portrait vivant d’une des grandes figures spirituelles du 20e siècle.

Nûr’ Ali Elâhi — ou Ostad Elahi (« Maître Elahi »), pour reprendre la formule honorifique sous laquelle il est plus généralement connu aujourd’hui(1) — est né le 11 septembre 1895 à Jeyhunabad, un village de l’Ouest de l’Iran. Le cours de sa vie, tel qu’il l’a décrit à travers des remarques autobiographiques et les conversations consignées dans ses dernières années(2), peut se diviser en trois chapitres distincts : l’enfance et la jeunesse, entièrement vouées à un apprentissage religieux traditionnel et à une discipline ascétique ; la vie active et la carrière publique, menées pendant près de trente ans en tant que procureur, magistrat et juge ; enfin les années de retraite, plus spécialement consacrées à l’enseignement spirituel et à l’écriture (la composition de Connaissance de l’Âme date de cette époque), et au cours desquelles se consolide sa réputation de penseur spirituel, de philosophe, de théologien, mais aussi de musicien. Les commentaires qu’Ostad Elahi a livrés sur les événements qui ont jalonné sa vie mettent bien en évidence le lien qui relie ces différentes périodes et les leçons plus générales qu’il a tirées de toutes ses activités et expériences ; les fragments de paroles cités plus loin en donnent un aperçu.

L’enfance et la jeunesse

Le père d’Ostad Elahi, Hajj Ne’mat Jayhunabadi (1873-1920) était un poète mystique prolifique, issu d’une famille de notables locaux(3). Parmi les nombreux écrits que nous lui devons, mentionnons son œuvre maîtresse, Le Livre des Rois de la Vérité(4), un vaste compendium d’enseignements spirituels traditionnels. Dès sa prime enfance, Ostad Elahi fut formé à une vie d’ascèse et de discipline spirituelle rigoureuse sous la supervision attentive de son père. Durant ces années, il bénéficia également d’une éducation classique. Celle-ci était centrée sur la formation religieuse et morale, qui constituait la base de son apprentissage. C’est dans sa jeunesse, au cours de ces années tout entières consacrées à la contemplation et à l’étude, qu’il posa les fondations de sa pensée philosophique et spirituelle. Comme il le dit lui-même :

« Dès neuf ans, je commençai les jeûnes et les ascèses, qui se prolongèrent pendant douze ans de manière continue, avec une interruption de dix à quinze jours entre les quarantaines. Le soir, pour la rupture du jeûne, mon repas ne consistait souvent qu’en pain et vinaigre, et pendant tout ce temps je ne ressentais aucun désagrément physique. Je ne sortais presque jamais de l’ermitage et fréquentais seulement sept à huit derviches qui avaient le droit d’y pénétrer. Lorsqu’au terme de ces douze ans, je sortis de l’ermitage et entrai en contact avec d’autres gens, je ne pensais pas que l’homme puisse mentir.(5) »

L’histoire suivante constitue un témoignage émouvant, non seulement du rôle particulier que la guidance de son père a joué dans cette phase d’apprentissage de la discipline spirituelle, mais encore des leçons durables qu’il sut tirer de cette période particulièrement intense de sa vie :

« Durant mon enfance, j’étais pratiquement toujours en état d’ascèse. Parfois seulement on obtenait une pause de quelques jours entre deux quarantaines [de jeûne]. Durant une de mes quarantaines, quelqu’un nous avait rapporté deux chapelets de très bonnes figues sèches. Je me les mis de côté et chaque soir je rompais mon jeûne dans le désir de ces figues […]. Je m’en délectais, jusqu’à ce que la quarantaine touche à sa fin. Dans la dernière nuit de la quarantaine, je rêvai qu’on enregistrait les ascèses des gens. Je vis la mienne : c’était comme si j’avais bâti un mur avec de belles briques, mais dont chacune avait un coin ébréché. On me dit : “Puisque ton esprit était avec les figues, ton faible pour les figues a abîmé ce coin-là.” Le lendemain de cette nuit-là, ma mère, selon la coutume, demanda à mon père l’autorisation de préparer un repas béni. “Non, répondit-il, car son ascèse est défaillante. Il doit, en guise d’amende, accomplir une autre quarantaine afin que son esprit ne soit plus distrait par les figues.” Ainsi, la condition générale de l’ascèse n’est pas seulement de se priver de nourriture ; il faut en outre toujours porter son attention sur la Source et couper son attachement à toute chose. Sinon, nombreux sont ceux qui ne se privent que de nourriture. » (AH, 1877)

C’est également à son enfance qu’il faut faire remonter le goût particulier d’Ostad Elahi pour la musique spirituelle, et plus particulièrement sa maîtrise du tanbur (un luth utilisé lors de réunions de musique religieuse et de prières) : « Il y a deux choses pour lesquelles je n’ai jamais épargné mon temps : le tanbur(6) et la voie spirituelle ». L’anecdote suivante illustre le rôle joué par la musique dans la vie d’Ostad Elahi, et ce dès son enfance, mais aussi l’affinité spéciale qui le liait à la nature et aux êtres vivants, et qui apparaît comme un des traits distinctifs de son caractère :

« Lorsque j’étais enfant, on m’apporta un jour une perdrix. Cette perdrix adorait le son du tanbur. Dès que je prenais mon instrument, elle se posait tout près de moi et peu après, enivrée par la musique, elle se mettait à chanter, elle agrippait ma main et la picotait de son bec ; cette ivresse la mettait dans tous ses états. La nuit, elle dormait sur une étagère de ma chambre. Un matin de bonne heure, alors que je voulais me rendormir [après avoir fait ma prière à l’aube], elle s’est mise à chanter. Je l’ai grondée pour la faire taire. Elle a aussitôt baissé la tête, attristée, et s’est tue. A partir de ce jour, lorsqu’elle se réveillait le matin tôt, elle se posait au bout de mon lit, tirait légèrement la couverture de côté et pépiait un peu. Si je ne réagissais pas, au bout de deux ou trois tentatives elle comprenait que je dormais et s’en allait. Sinon, si je lui disais « Mmmh, quelle jolie voix ! », elle se mettait à chanter. » (AH 2, 162)

Si en apparence la trajectoire d’Ostad Elahi l’a conduit à s’éloigner du mode de vie traditionnel et contemplatif qui caractérisait cette première période de sa vie, il n’a jamais désavoué le rôle fondateur de ces années marquées par la retraite et la discipline spirituelle, sous la guidance de son père :

« Inquiète pour mes études matérielles, ma mère demandait souvent à mon père : “Alors, quand fera-t-il ses études ?” Mon père disait : “Tant que son soi impérieux n’est pas réveillé, qu’il termine son ascèse, afin que son soi impérieux ne puisse plus s’infiltrer en lui. Après il fera ses études.” Il en advint comme mon père l’avait prévu. À partir de neuf ans je commençai à faire de l’ascétisme et mon cycle d’ascèse dura douze ans. Après cela j’entamai mes études et les désirs et les passions n’avaient plus aucune prise sur moi. » (AH, 1964)

Vie professionnelle et carrière judiciaire

Environ dix ans après la mort de son père en 1920, Ostad Elahi quitta sa retraite spirituelle pour s’installer à Téhéran, où il travailla d’abord au bureau de l’état civil et commença à étudier le droit. Ce changement radical de mode de vie constituait une franche rupture avec la tradition locale qui le destinait, en principe, à une vie contemplative. Comme il devrait l’expliquer par la suite, ce tournant était nécessaire à l’approfondissement de sa pensée ; il lui permettait de tester ses principes éthiques et religieux en les confrontant aux difficiles exigences de la vie sociale et professionnelle.

« Dieu me fit embrasser la carrière judiciaire en dépit de ma réticence. Il fit de sorte que je devienne juge et que me soient confiés des postes délicats. Plus tard, je me suis aperçu que chacun d’eux recelait des milliers de points de sagesse. Si des milliers de sages et de philosophes se réunissaient, ils ne pourraient élaborer de tels plans. » (AH, 1966)

En 1933, Ostad Elahi acheva avec succès ses études à l’école nationale de la magistrature. Ses compétences professionnelles, son sens de l’équité et la sûreté de son jugement le distinguèrent rapidement. En conséquence, on lui confiait invariablement la responsabilité des dossiers les plus délicats. Une série d’incidents spectaculaires confirment cette remarque qu’il fit plus tard : « Lorsque j’étais juge, j’étais prêt à être révoqué définitivement plutôt que de prononcer un verdict injuste. » (AH, 2037). Durant près de trente ans et à travers tout le pays, il occupa des fonctions qui impliquaient des responsabilités de plus en plus hautes, comme celles de juge d’instruction, de procureur général, ou encore de conseiller puis président de cour d’appel.

Tout au long de sa carrière de magistrat, Ostad Elahi a continué à consacrer beaucoup de temps à l’étude et à la recherche personnelle, en particulier dans le domaine de la philosophie et de la théologie. Bien que nous sachions peu de chose du développement de sa pensée durant ces années, il est clair que cette période de sa vie fut extrêmement productive et riche en expériences et en leçons spirituelles de toutes sortes qui devaient nourrir sa recherche et son œuvre future. On en trouve une illustration frappante dans cette anecdote qui se rapporte à cette époque :

« Lorsque j’étais juge d’instruction à Chirâz(7), j’avais loué un logement dans une maison qui était en partie habitée par le propriétaire. Un soir, vint un état de ferveur spirituelle. Je décidai de m’isoler pour prier et me consacrer à la contemplation(8). Le propriétaire avait de nombreux invités ce soir-là et ils faisaient beaucoup de bruit. Je fermai la porte et ouvris la fenêtre qui donnait sur la rue. Il y avait là deux porteurs qui se racontaient leurs problèmes sous la fenêtre. Je refermai la fenêtre et allai sur la terrasse. J’y trouvai deux femmes en train de bavarder. Je fus forcé de redescendre et m’en allai vers le tombeau d’un saint local. Le gardien de ce lieu saint était un derviche très respecté et détaché du monde. Je lui demandai d’aller dans sa chambre pour me consacrer à la contemplation et qu’il ne laisse personne venir troubler ma retraite. Il accepta. J’allais commencer à me recueillir lorsque deux jeunes femmes arrivèrent et se mirent à badiner avec le gardien qui avait plus de cent ans. Je ne savais plus que faire. Je sortis de la chambre et leur demandai de laisser le derviche tranquille, mais elles commencèrent à plaisanter avec moi.
Bref, ce soir-là, l’état de ferveur disparut et quoique je fisse, je ne pus me consacrer à la contemplation. « Ô Seigneur, dis-je, Tu m’éprouves encore. Eh bien ! c’est à Toi de décider. Qu’il en soit selon Ta volonté ». […] Je compris que l’on voulait m’empêcher de m’isoler car depuis quelques temps je restais un peu dans mon coin, alors que je devais, du fait de ma profession, participer aux manifestations sociales et répondre aux invitations. Vivre à l’écart de la société n’est pas juste. Il faut vivre dans la société tout en se préservant [de ses méfaits]. […] Ce qui compte, c’est d’être vertueux tout en vivant dans la société et en participant à la vie sociale. » (AH 1924)

À cette époque, la musique spirituelle occupait déjà une place très importante dans la vie d’Ostad Elahi. Il fut très vite reconnu par les spécialistes comme un virtuose du tanbur, dont il enrichit considérablement le répertoire en composant lui-même de nombreux airs. Sa pratique musicale était pleinement reliée à sa vie spirituelle. On s’en rend compte à travers des remarques comme celle-ci : « Je pense toujours au droit du maître. Chaque fois que je joue un fragment de musique ou une mélodie que j’ai apprise de quelqu’un, si cette personne est encore en vie, je fais des prières pour elle et si elle est décédée, je demande son absolution. » (AH 1950)

L’enseignement oral qu’Ostad Elahi devait prodiguer à la fin de sa vie est fréquemment illustré par des anecdotes puisées dans les souvenirs de cette époque. On y découvre de quelle manière il était capable de tirer de profondes leçons spirituelles des rencontres et des événements les plus quotidiens. Comme il le dit un jour, « [c]’est de la vie quotidienne que j’ai tiré le plus de leçons sur l’ordre de l’univers. Ce monde est la demeure de l’édification si nous parvenons à tirer des leçons, même du vol d’un moustique. » (AH 214) L’exemple suivant en offre une illustration exemplaire :

« À l’époque où j’étais président du tribunal de Jahrom, j’eus à faire un déplacement en dehors de la ville. Sur la route, j’aperçus au beau milieu du désert un verger et un champ magnifiques. Lorsque je demandai qui en était le propriétaire, on me répondit que c’était un homme qui était parti de rien : « Il passait un jour par ici et a remarqué qu’il y avait un peu d’humidité sous les pierres. Puis en creusant un peu du bout de son bâton il s’est aperçu que l’humidité augmentait. Il a entrepris avec beaucoup de peine de construire un système d’irrigation et voilà maintenant vingt ans qu’il s’occupe de ce verger ». J’allais voir cet homme et je le félicitais très chaleureusement. Il raconta : « lorsque je suis arrivé ici, j’étais seul et sans argent. J’avais tout juste de quoi acheter une pelle et une pioche, et c’est avec beaucoup de peine que j’ai pu construire ce système d’irrigation. Mais j’y suis arrivé ». Ce verger, ce pré et tout ce qu’il possédait, c’était grâce au principe de ténacité et de persévérance. » (AH 1936)

Une anecdote similaire illustre bien le sens de l’humour qui était un des traits distinctifs de la personnalité d’Ostad Elahi :

« Cette nuit, je me suis réveillé comme d’habitude pour prier, mais en raison d’une légère indisposition, j’ai été un peu paresseux et me suis dit : “Je le ferai demain matin”, suite à quoi je me suis rendormi. Bien entendu, à mon réveil, j’ai fait mes prières. Ensuite, j’ai commencé ma gymnastique matinale. Mais au cours d’un exercice, je laissai échapper un haltère qui me tomba sur le pied. C’était la première fois que cela m’arrivait et la douleur persista pendant une heure. Dieu m’avait puni à la mesure de ma paresse ; on aurait dit une plaisanterie. Je me réjouis de cet événement et je me prosternai devant Dieu : “Après cela, il est évident que Tu m’aimes et que Tu veilles sur moi. Sans cela, j’aurais bien pu être paresseux d’autres nuits.” » (AH 2002)

Un dernier incident, qui remonte à cette même période, permet de mieux saisir un autre aspect essentiel de la personnalité d’Ostad Elahi, qui imprègne tout son enseignement : le souci qu’il avait d’expérimenter, de pratiquer et de manifester à travers sa vie et ses actions les principes abstraits à travers lesquels se formulent les vérités spirituelles et religieuses. Un de ses élèves rapporte qu’après avoir expliqué qu’il ne faut pas rejeter les autres croyances religieuses, Ostad Elahi donna l’exemple suivant :

« Je me souviens qu’une fois, au cours d’une promenade avec quelques amis, nous sommes arrivés en un lieu où des Juifs étaient en train de prier. Au grand étonnement de mes compagnons, je suis entré et je suis mis à prier avec eux. Les Juifs ont d’abord pensée que j’étais entré là pour me moquer d’eux, mais quand ils ont compris que ce n’était pas le cas, ils se sont réjouis. Il ne faut jamais perdre une occasion de prier sous prétexte qu’il s’agit de Juifs, de Chrétiens, de Musulmans, ou qui que ce soit d’autre… » (AH 2, 43)

La dernière période : écriture et enseignement

Ostad Elahi prit sa retraite de la magistrature en 1957, et c’est à partir de là qu’il commença vraiment à présenter publiquement sa pensée. Durant cette période, il publia deux études majeures, Connaissance de l’Âme (Marefat ol-ruh) et Preuve de vérité (Borhan al-Haqq), qui font autorité dans leurs champs respectifs, ainsi qu’un commentaire consacré à l’épopée spirituelle écrite par son père(9). Parallèlement, il commença à exposer de façon plus systématique la dimension pratique de sa recherche spirituelle à travers un enseignement oral qui prit la forme de conseils prodigués à sa famille et à un entourage d’amis et d’élèves qui se réunirent régulièrement autour de lui jusqu’à sa mort, en 1974. Deux épais recueils de paroles — leçons spirituelles et anecdotes autobiographiques – ont été publiés depuis sur la base des notes prises par ses élèves au cours de cette période(10).

Ces recueils de paroles témoignent d’une inspiration spirituelle exceptionnelle, en même temps qu’ils révèlent une compréhension profonde de la nature humaine. Dans un souci constant de clarté, et avec une finesse remarquable, Ostad Elahi y met sa très vaste connaissance au service d’une pensée créative et originale. Les observations qui suivent sont extraites des dernières paroles. Elles mettent bien en lumière la source et l’orientation de cet enseignement spirituel qu’Ostad Elahi poursuivit jusqu’à ses derniers jours sur la base de son expérience et de sa pratique personnelle :

« Je n’ai laissé aucune question sous silence : il ne s’agit que de comprendre et d’avoir la volonté ; la volonté provient de l’âme céleste. Lorsque je dis toutes ces choses, mon intention n’est pas de raconter des anecdotes mais de transmettre un savoir. Tant que je n’ai pas mis en pratique quelque chose, il est impossible que je le conseille aux autres. Rien ne sort de ma bouche que je n’aie examiné à fond. Je n’ai imité personne. Ma pensée est le résultat de mes propres découvertes et de mes propres expériences. […] J’ai parlé à chacun dans la mesure de sa compréhension, mais je n’ai encore dit à personne ce qu’il y a dans mon cœur. » (AH 2073-2074)

« Il y a certaines choses que j’aimerai toujours, qui réjouiront mon âme et lui feront plaisir même si je ne suis plus dans ce monde : c’est de voir mes proches unis et ne faisant qu’un, n’ayant pas de division ni de “toi et moi”, s’efforçant de faire le bien et de servir les créatures, toujours empressés à agir pour autrui et à gagner le coeur des gens. » (AH 2026)

L’œuvre publiée d’Ostad Elahi : place de Connaissance de l’Âme

Ostad Elahi a continué à écrire sur divers sujets au cours de sa vie, comme en témoignent de nombreux manuscrits et carnets de notes présentés en 1995 dans l’exposition de la chapelle de la Sorbonne, à l’occasion du centenaire de sa naissance(11). Cependant, ce n’est qu’après avoir pris sa retraite de la magistrature qu’il commença à rédiger des ouvrages destinés à la publication. Ce fut tout d’abord, en 1963, une discussion théologique poussée publiée sous le titre Preuve de Vérité (Borhan al-Haqq), et qui connut plusieurs éditions augmentées. Cet ouvrage fut suivi en 1966 par un commentaire consacré au poème spirituel de son père, le Shahnâme-ye Haqiqat. Enfin, en 1969, il publia un ouvrage plus court, Connaissance de l’Âme (Marefat ol-ruh) […].

Borhan al-Haqq est une somme théologique et spirituelle très complexe. Sa visée principale est de démontrer la concordance et l’orientation spirituelle commune au message du Coran, à l’enseignement des Imams shiite et aux croyances et aux rites de l’ordre spirituel des « Fervents de Vérité » (Ahl-e Haqq). Cette tradition spirituelle du Kurdistan iranien, dominante dans la région natale d’Ostad Elahi et jusqu’alors confinée à une transmission essentiellement orale, en dialecte kurde, avait déjà été présentée en persan par Hajj Ne’mat dans sa somme versifiée, Le Livre des Rois de la Vérité(12). Le procédé utilisé dans Preuve de Vérité ressemble à celui de Connaissance de l’Âme : il juxtapose constamment des versets du Coran et des éléments puisés dans la tradition spirituelle shiite ainsi que dans celle des grands saint de l’ordre Ahl-e Haqq, afin d’attirer l’attention du lecteur sur les vérités spirituelles qui constituent le fond commun de ces différentes traditions. Certaines des questions métaphysiques qui sont au cœur de Connaissance de l’Âme s’y trouvent déjà discutées, mais dans un langage traditionnellement religieux et volontiers symbolique. La terminologie philosophique plus universelle adoptée dans Connaissance de l’Âme n’est pas très apparente dans Preuve de Vérité.

Il existe cependant un lien profond entre ces deux ouvrages, et plus généralement entre la première œuvre et les recueils de paroles qui témoigneront plus tard de l’enseignement oral d’Ostad Elahi : c’est le souci constant de répondre aux questions spirituelles et au besoin de guidance manifesté par les personnes de tous horizons qui viennent à lui — non seulement des Iraniens, mais aussi bien des universitaires, des musiciens, des étudiants, des quêteurs de vérité venus d’Europe et d’Amérique(13). Comme Ostad Elahi le rappelle dans l’introduction, la genèse de Connaissance de l’Âme est inséparable des demandes qui lui avaient été adressées à l’époque par certains de ses lecteurs au sujet des idées exposées dans Preuve de Vérité sur la connaissance de l’« Âme ». Ces questions avaient d’abord motivé l’ajout, aux éditions successives de Preuve de Vérité, de longs appendices (400 pages au total, en plus des 200 pages de texte que comptait la première édition). Les réponses formulées par Ostad Elahi touchent à des sujets très divers qui dépassent largement le contexte théologique limité qui constituait le point de départ de son livre(14). Ainsi, cette première tentative de produire, au fil des éditions successives, une synthèse de son enseignement et de sa guidance, avait déjà donné lieu à un ouvrage quasiment aussi long que les recueils de paroles publiés quelques années plus tard (Traces de Vérité).


(1) ^ La plupart des écrits publiés dans les dernières décennies ont recours à la formule honorifique « Ostad Elahi ». L’étude biographique la plus récente est celle de Jean During, L’Âme des sons : l’art unique d’Ostad Elahi (1895-1974), Gordes, Le Relié, 2001. Elle se concentre principalement sur l’œuvre musicale d’Ostad Elahi. Une de mes étudiantes prépare en ce moment une étude centrée sur la carrière judiciaire et sur les aspects éthiques et sociaux de son enseignement.
On trouvera de nombreux renseignements d’ordre biographique, et aussi de nombreuses photographies évoquant les différentes périodes de la vie d’Ostad Elahi, accompagnés de témoignages de ceux qui le connurent, dans le volume intitulé Unicity, Paris, Robert Laffont, 1995 (ouvrage préparé pour le colloque international parrainé par l’UNESCO à l’occasion de la commémoration du centenaire de sa naissance en 1995). L’exposition de la chapelle de la Sorbonne, la même année, rassemblait des objets (livres, instruments de musique, effets personnels) ainsi que des vidéos éclairant divers aspects de sa vie et de son œuvre. Une bonne partie des matériaux exposés dans ce cadre sont encore accessibles sur le site multilingue : www.ostadelahi.com.
Des références additionnelles — parmi lesquelles des extraits de conférences ou de séminaires consacrés à l’enseignement d’Ostad Elahi — sont disponibles sur trois autres sites : www.fondationostadelahi.fr ; www.nourfoundation.com ; www.malakjan.com. Ce dernier site est consacré à la sœur d’Ostad Elahi, Malek Jân (plus connue sous le nom de « Jâni »), 1906-1993, qui fut en son temps une figure spirituelle influente et très révérée.

(2) ^ Ces paroles et ces enseignements spirituels furent enregistrés par certaines élèves et finalement publiés sous la forme de deux épais volumes intitulés Asar al-Haqq (Paroles de Vérité), B. Elahi (éd.), volume I (Tâhuri, 1978) et volume II (Jayhun, 1992). Les paroles citées plus loin sont toutes tirées de ces deux volumes ; elles proviennent pour l’essentiel du chapitre autobiographique 24 du volume I, et elles sont identifiées dans ce qui suit par leur numéro. Notons que deux courts recueils de paroles ont été extraits[, entre autres,] de Paroles de Vérité et publiés en anglais et en français à l’occasion du centenaire de la naissance d’Ostad Elahi en 1995 : 100 maximes de guidance, et Confidences : prières d’Ostad Elahi (Paris, Robert Laffont, 1995).

(3) ^ Les descriptions données par Ostad Elahi de l’extraordinaire personnalité spirituelle de son père sont regroupées pour l’essentiel dans le chapitre 23 de Paroles de Vérité (vol. I), ainsi que dans de nombreuses histoires rapportées dans le chapitre 24. Bien qu’il vécût dans un village reculé du Kurdistan iranien, la réputation de « Hajj’ Ne’mat », comme on l’appelait couramment, rayonnait dans toute la région. Le célèbre témoignage de Gurdjieff, Rencontre avec des hommes remarquables le mentionne comme une grand guide spirituelle. Un autre de mes étudiants prépare à Paris une thèse consacrée à Hajj’ Ne’mat, et travaille notamment à l’édition d’un manuscrit autobiographique dans lequel ce dernier donne le récit de son illumination spirituelle.

(4) ^ Shâhnâmeh-ye Haqiqat, un poème épique et mystique de plus de 15000 vers, écrit en kurde et en persan, édité par H. Corbin pour la collection « Bibliothèque iranienne » (Téhéran et Paris : Institut français, 1966), ainsi que par Ostad Elahi lui-même dans les éditions successives du commentaire (Haqq al-Haqâ’iq) que nous évoquons à la fin de cette section biographique (note [12]).

(5) ^ Asar al-Haqq, vol. 1, parole n° 1873. Les extraits de paroles qui suivent sont identifiés par leur numéro (entre parenthèses, après la citation).

(6) ^ Pour une étude détaillée des différents aspects de la musique d’Ostad Elahi, ainsi que sur ses effets spirituels, on se reportera au livre déjà cité (note [1]) de Jean During, L’Âme des sons. Jean During et Shahrokh Elahi (le plus jeune fils d’Ostad Elahi, à qui il a transmis son savoir musical) ont collaboré à la préparation et à l’édition d’une série de CD de tanbur d’Ostad Elahi à partir d’enregistrements réalisés de son vivant.

(7) ^ Ville du sud-ouest de l’Iran.

(8) ^ Au sens religieux, c’est-à-dire : communication de l’âme avec Dieu.

(9) ^ Borhan al-Haqq (Preuve de Vérité), 1ère édition Téhéran, 1963 ; 7e édition, 1985 ; Marefat ol-ruh (Connaissance de l’Âme), 1ère édition Téhéran, 1969 ; 4e édition, 1992 ; et Haqq al-Haqâ’iq, son commentaire et son édition corrigée du long poème mystique de son père, Shâhnâmeh-ye Haqiqat (Téhéran, 1969).

(10) ^ Voir les références complètes à Asar al-Haqq, note [2]. Les 1200 pages de ces deux tomes occuperaient à eux seuls une dizaine de volumes dans une édition correctement annotée, en traduction anglaise. Je me suis servi pour le présent travail de traductions en cours ; j’espère, dans un futur proche, avoir le temps d’en publier de plus larges extraits.

(11) ^ Certains de ces manuscrits non encore publiés contiennent des prières et des méditations. On compte aussi une œuvre métaphysique précoce (1914), Kashf al-Haqâ’iq (Le Dévoilement des Réalités), qui touche à beaucoup de questions développées dans Connaissance de l’Âme. Un autre manuscrit, de 1933 celui-ci, aborde des questions relatives aux différentes étapes spirituelles de la religion : il s’intitule Haqiqat al-Asrâr (La Réalité des Secrets). Le Kalâm-e Saranjâm contient une étude critique détaillée des textes spirituels fondateurs (en kurde) de l’ordre Ahl-e Haqq  il se fonde sur la collection de manuscrits personnels d’Ostad Elahi. Le site créé à l’occasion de la commémoration du centenaire d’Ostad Elahi (www.ostadelahi.com/french/works/html/introduction.html) mentionne également une collection de poèmes et un volume en kurde consacré à l’interprétation du Coran.

(12) ^ Voir le récit rapporté par Paroles de Vérité, parole 1827 (chapitre 23) : « Mon père dicta tout le Shâhnâme-ye Haqiqat [15042 distiques en persan !] en quarante jours. Je m’en souviens encore, il marchait dans la pièce et disait des vers avec une grande facilité et sans interruption et je les transcrivais rapidement. » L’édition corrigée et le commentaire de ce texte réalisés par Ostad Elahi (voir note [9]) se fonde sur sa propre version manuscrite de cette œuvre poétique.

(13) ^ Ces sessions de questions et réponses ont été transcrites dans Borhan al-Haqq aux pages 245-655 de l’édition finale. Les questionneurs ne sont pas nommément identifiés, mais il est souvent fait allusion à leur nationalité, à leur profession, afin de mieux contextualiser leurs questions. Les publications et les documents vidéo préparés à l’occasion du centenaire d’Ostad Elahi incluent les témoignages de première main de visiteurs célèbres qui ont pu le rencontrer à la fin de sa vie, tels que le musicien Yehudi Menuhin, ou encore le chorégraphe Maurice Béjart.

(14) ^ Borhan al-Haqq continue à être étudié aujourd’hui par un nombre croissant de chercheurs, y compris en dehors de l’Iran. Beaucoup sont davantage sensibles à l’universalité de l’enseignement spirituel qui s’y dessine, qu’aux questions théologiques et à leur contexte immédiat. Cet intérêt croissant fait écho aux remarques allusives faites par Ostad Elahi au sujet de ce livre – ainsi que de Connaissance de l’Âme — dans Paroles de Vérité, paroles 1894, 1997 et 2076. Ce dernier fragment est particulièrement significatif : « Il y a beaucoup de secrets dans mon livre Marefat ol-ruh que je n’ai pas même dévoilés à vous, mes enfants, qui êtes les plus proches de moi. Ce n’est qu’après moi que l’on comprendra ce que sont Bohran al-Haqq, Marefat ol-ruh et les autres livres que j’ai écrits. Plus le niveau de connaissance s’élèvera, mieux on en saisira la portée ; plus il s’écoulera de siècles et plus leur valeur augmentera. Moi seul sais combien de recherches j’ai faites. Pour chaque question, je fais tant de recherches, jusqu’à en atteindre le fond, qu’il n’y a plus rien que j’ignore à son sujet : telle est ma méthode de recherche. » (AH, 2076)


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15 commentaires

  1. Clémence le 11 Sep 2011 à 10:51 1

    un grand MERCI pour toutes ces précisions bibliographiques concernant la globalité des oeuvres D’OSTAD ELAHI et l’ espoir de traductions et publications futures est une vraie JOIE

  2. KLR le 11 Sep 2011 à 12:32 2

    « Il ne faut jamais manquer perdre une occasion de prier sous prétexte qu’il s’agit de Juifs, des Chrétiens, des Musulmans, ou qui que ce soit d’autre… » (AH 2, 43) »

    Cette encouragement à ne pas perdre d’occasion de prière m’apparaît comme une maxime essentielle à garder en mémoire et à appliquer en cette nouvelle rentrée 2011…

  3. mike le 11 Sep 2011 à 15:29 3

    j’aime la simplicité avec laquelle il raconte toutes ses anecdotes riches d’enseignement dans des moments anodins de la vie… il nous démontre à quel point il faut être dans le monde tout en ayant une attention permanente envers le divin pour capter justement tous ces messages.

  4. Samuel le 12 Sep 2011 à 10:46 4

    J’ai beaucoup apprécié ce billet, plein de leçons différentes et qui a chaque fois met en avant des comportements à avoir dans la société en faveur de l’amour d’autrui, de la tolérance entre les hommes et de la solidarité humaine.

  5. SB le 12 Sep 2011 à 13:03 5

    Merci pour cet article concis et dense. Cela montre combien on peut être vigilant sur les détails apparemment anodins de notre vie. Croire sincèrement que chaque chose a une âme et la respecter en tant que telle. Et cela me permet de me rapprocher non seulement de l’homme incroyable qu’Ostad Elahi devait être et de cet amour qu’il devait émettre, mais aussi de tout ce qui est de l’ordre du vrai spirituel. Même si c’est d’abord intérieurement que le travail doit être fait pour trouver ce lien à Dieu, ou à la source, à l’éthique, etc…, si particulier et si indispensable à la vie, à la survie de notre âme.

  6. radegonde le 14 Sep 2011 à 18:15 6

    « Ainsi, la condition générale de l’ascèse n’est pas seulement de se priver de nourriture ; il faut en outre toujours porter son attention sur la Source et couper son attachement à toute chose. Sinon, nombreux sont ceux qui ne se privent que de nourriture. »
    je pense que n’ayant pas le destin d’Ostad, Dieu sera plus indulgent avec moi, car « mes briques » doivent avoir un air bizarre.. car mes pensées ont du mal à se fixer entièrement sur LUI lors de la prière…

  7. Rosie le 14 Sep 2011 à 22:13 7

    « Il y a certaines choses que j’aimerai toujours (…): c’est de voir mes proches unis et ne faisant qu’un, n’ayant pas de division ni de “toi et moi”, s’efforçant de faire le bien et de servir les créatures, toujours empressés à agir pour autrui et à gagner le cœur des gens. » (AH 2026)
    J’ai vu dans cette parole un véritable défi et tout un programme d’action…
    Tout d’abord, travailler l’unité de cœur, être uni, cela ne veut-il pas dire, lutter contre la jalousie, la rivalité, l’égoïsme ?
    Ensuite, qu’il n’y ait pas de « toi et moi », alors là, je m’interroge : toi et moi, est ce que cela ne veut pas dire que l’on est justement uni quand on s’associe ainsi ??? Je ne suis pas sure de bien saisir la portée de ce passage. J’y vois un encouragement à lutter contre l’orgueil, mais si vous avez des éclaircissements, je suis preneuse!!
    Et la suite me parait être le travail d’une vie : s’efforcer de faire le bien, de servir les autres…
    C’est motivant de lire ainsi ces paroles qui nous encouragent à pratiquer l’éthique et l’altruisme. C’est tellement rare!!! Merci!

  8. Ms le 15 Sep 2011 à 16:48 8

    @ Rosie: Magnifique parole ! Si je ne me trompe pas, pour ce qui est du « toi et moi », il s’agit d’une expression persane qui décrit tout simplement cette idée d’union, d’unité de coeur dont vous avez parlé dans votre commentaire.

    Si je prends un exemple basique: imaginons qu’une personne accomplisse une tâche, elle ne va pas le revendiquer, même si son entourage ne sait pas qu’elle l’a fait voire même qu’il pense que quelqu’un d’autre l’aurai fait … Il n’y a pas de différence … C’est ce que vous avez dit: « lutter contre la jalousie, la rivalité, l’égoïsme ».

    Je dirai que c’est essayer d’un raisonnement qui va au-delà de soi-même, essayer de voir plus loin que le bout de son nombril – comme on dit communément – pour adopter une vision juste des choses et non centrée sur nous uniquement.

  9. Cla ra le 16 Sep 2011 à 23:58 9

    « Il y a certaines choses que j’aimerai toujours (…): c’est de voir mes proches unis et ne faisant qu’un, n’ayant pas de division ni de “toi et moi”, s’efforçant de faire le bien et de servir les créatures, toujours empressés à agir pour autrui et à gagner le cœur des gens. » (AH 2026)

    Comme Rosie, j’ ai été très touchée et émue à la lecture de cette parole!!Elle me fait l’ effet d’ un médicament pour lutter contre l’ athmosphère morose et individualiste de notre société …

    Je me suis longuement arrêtée sur l’ idée de » gagner le coeur des gens « , très différente du fait de plaire aux gens.
    Il me semble que celui qui gagne le coeur des gens , quelque part les soulage ; par un soutien moral, en se souciant vraiment de leur bien être,par une parole gentille…mais aussi par l’ humour!!
    Quelle arme fabuleuse que de pouvoir présenter de façon humoristique une situation de la vie quotidienne et de pouvoir ainsi allégeret soulager le coeur des autres.

  10. Ms le 17 Sep 2011 à 20:33 10

    @ Cla ra: Je suis tout à fait d’accord avec vous, pour ce qui est de cette lutte contre l’individualisme.

    Ce qui me frappe, dans la pratique, est que « gagner le coeur des gens » par nos actes (soutien, écoute, conversations diverses, etc.), certes leur fait du bien, mais nous en fait également, parfois même beaucoup plus. Je n’avais jamais fait ce constat auparavant; cette idée qu’indirectement des actes envers autrui et pour le bien d’autrui, nous font du bien, voire même plus qu’à autrui … On serait tentés, je pense, à dire le contraire bien souvent …

  11. MH le 20 Sep 2011 à 13:30 11

    Heu… désolée: je n’ai toujours pas compris ce que signifie ce « toi et moi »???
    Ostad Elahi le réfute, ce doit donc être qq chose de répréhensible???
    Merci pour vos éclaircissmeents SVP!

  12. Charlie le 20 Sep 2011 à 23:10 12

    J’avais lu cette parole d’Ostad dans l’introduction de James Morris dans la traduction anglaise de Knowing the Spirit. Peut être c’est plus clair ?
     » These are the things that I’ll always love, that will please me and make my spirit rejoice even if I’m no longer in this world: to see those close to me wholeheartedly united and working together, not squabbling and thinking of themselves; to see them striving to do what is good and to serve others, always eager to act humanely, for the sake of others, and truly to care for them. » (AH2026)

    « not squabbling and thinking of themselves »: qui veut dire pas de chamailleries et ne pas penser qu’à soi même.
    Je comprend qu’il faut essayer d’oublier le ‘je’ ou le ‘moi j’ai fais ça…’ lorsqu’on veut aider les gens, ou agir de manière digne d’un être humain. Peut importe qu’on obtienne de la reconnaissance, des honneurs, ou des remerciements; ce qui est essentiel c’est l’acte en lui même, et pas ce qu’on pourrait en tirer comme avantage. Agir humainement ne devient plus une histoire de compétition, de savoir qui en fais le plus, ou qui est reconnu le plus pour ses actions…Mais c’est plutot agir lorsqu’on est dans une situation, où l’on peut être utile aux autres, sans calculer si ce sera notre personne qui sera créditer comme l’accomplisseur de la bonne action ou quelqu’un d’autre; « le toi et moi ».

    Et cette intention désinteressée, ce ne serait-ce pas ce qu’Ostad Elahi entend par l’intention du contentement divin…

  13. Ms le 20 Sep 2011 à 23:53 13

    @ MH: Je dirai que c’est tout ce qui va à l’encontre de l’unité de coeur (la rivalité, la jalousie, l’égoïsme, …); la collectivité (la famille) devant idéalement primer sur tout ce qui est individualisme donc. L’expression « toi et moi » exprime la division, le contraire même de cette unité. On comprends donc en quoi Ostâd Elahi le réfute. Dans la parole, il en parle par rapport à ses proches et indirectement comme un principe général d’après moi.

  14. MH le 22 Sep 2011 à 14:15 14

    Merci Ms!
    Si je comprends bien, cela signifie que l’intérêt général (de la famille mais aussi de toute collectivité) passe au-dessus des intérêts particuliers: est-ce bien cela?

  15. Ms le 22 Sep 2011 à 23:06 15

    @ MH: Oui, c’est bien ce que j’ai compris. Cela rejoint aussi le fait d’avoir un raisonnement qui va au-delà de nous-même, principalement parce que penser à soit en premier lieu n’apporte pas grand chose outre de la jalousie, de l’égoïsme, etc.

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