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Une approche pratique de l’altruisme (1)

Par , le 16 Sep. 2010, dans la catégorie Pratiques - Imprimer ce document Imprimer - English version

Il y a quelques temps, je découvrais avec intérêt sur ce site l’interview de Bahram Elahi concernant l’altruisme. Une phrase en particulier a retenu mon attention : « Celui qui s’engage dans son perfectionnement spirituel doit inscrire l’altruisme dans son programme pratique ».

Depuis des années que je « m’intéresse » à mon perfectionnement, j’avais bien pressenti qu’essayer d’aider les autres était une pratique conforme à l’éthique et au contentement divin, mais j’ai compris soudain que j’étais loin d’avoir mesuré toute l’importance de cette pratique, exprimée notamment par le terme « doit » et par la notion de « programme pratique ».

J’ai décidé d’approfondir la question et deux interrogations se sont imposées d’emblée : pourquoi et comment.

  • Pourquoi la pratique de l’altruisme est-elle si importante pour qui tente de progresser spirituellement ? Quelle est la part de l’altruisme dans la pratique de l’éthique en général ?
  • Comment faire pour inscrire l’altruisme dans un programme et le pratiquer au quotidien ?

Pour cerner la question, il fallait que je reprenne la réflexion à la base afin de mieux appréhender ce qu’est réellement l’altruisme et j’ai compris que pour ce faire, je n’avais pas d’autre choix que de me lancer dans cette pratique. Ce que j’ai fait en tâtonnant, il faut bien l’avouer.

Au terme de quelques mois de pratique, je souhaite partager mon expérience au travers de deux articles, le premier visant à mieux comprendre ce qu’est l’altruisme et comment il peut se pratiquer au quotidien, le second examinant la part de la pratique de l’altruisme dans la démarche de celui qui se soucie de son devenir spirituel.

I. L’altruisme, éléments de définition

Au début, la pratique de l’altruisme m’est apparue comme quelque chose d’inaccessible. J’ai pensé à ceux – comme ces médecins ou ces bénévoles – qui partent dans des pays lointains et consacrent l’essentiel de leur vie à se dévouer pour aider des populations qui souffrent mille maux. J’avais une vision héroïque de l’altruisme : pour moi, être altruiste c’était donner sa chemise, faire un acte de sacrifice important. Pourtant, si l’altruisme devait être au cœur de la spiritualité, il devait pouvoir se pratiquer au quotidien, dans la vie de monsieur et madame tout le monde, et pas être réservé uniquement à un « médecin sans frontière » ou à une « mère Térésa ».

J’ai donc repris la définition donnée par le dictionnaire. Pour le Petit Robert, par exemple : l’altruisme est une disposition à s’intéresser et à se dévouer à autrui ; dans le Petit Larousse, l’altruisme est défini comme l’amour désintéressé d’autrui, le souhait qu’autrui trouve le bonheur et la générosité n’attendant rien en retour.

Me référant à ces éléments, j’ai compris que ma conception de l’altruisme était caricaturale et étriquée et j’ai tiré de ma réflexion trois étapes qui, à mon sens, permettent de conduire à l’action altruiste.

Première étape : être attentif aux autres, être à leur écoute

Pour parvenir à rendre service à quelqu’un, il faut savoir de quoi il a besoin. C’est logique ; mais ce n’est pas facile, car cela implique de détourner son regard de ses propres besoins pour essayer de percevoir ceux des autres.

Lorsque j’ai commencé à travailler sur la question, je m’étais fixé un programme d’observation quotidien et je me suis rendu compte que j’arrivais en fin de journée en ayant fait vraiment peu de chose pour les autres et surtout, premier point, que rarement dans la journée, je m’étais posé la question de savoir de quoi avaient besoin ceux qui m’entouraient.

Plus simplement, j’ai même constaté que je m’étais rarement posé la question de savoir ce qu’éprouvaient les autres et comment ils allaient vraiment. Je ne parle pas de la petite question du matin : « ça va ?  » À laquelle on n’attend surtout pas une réponse développée. Non, la vraie question de savoir comment se portent mes proches (famille, collègues ou amis) avec la possibilité de leur accorder le temps de développer une vraie réponse, quitte à déborder sur le planning serré de la journée.

Bref, quelques semaines d’observation ont suffi pour me montrer qu’il n’y avait que très peu de place pour les autres dans ma vie, dans ma pensée ou dans mon temps disponible.

Il m’a donc semblé que le premier travail pour pouvoir être utile aux autres, c’était de leur faire un peu plus de place, de leur consacrer un peu plus de temps. Pour moi, cette pratique est passée par l’écoute, avec des petits points pratiques tout simples comme prendre le temps d’écouter l’autre (et ne pas lui couper la parole) ; s’intéresser vraiment à ce qu’il est en train de dire (sans chercher, par exemple, à caser mon anecdote qui irait tellement bien dans la conversation).

De quels autres parle-t-on?

Dans l’idéal, il faudrait être altruiste envers tous ; mais à mon sens, cela ne vaut que pour ceux qui pratiquent déjà cette vertu comme une seconde nature. Soyons réalistes : en tout cas, pour ce qui me concerne, je suis loin d’être une « mère Térésa » prompte à se dévouer pour l’humanité toute entière.

J’ai remarqué que, paradoxalement, il est plus facile de rendre service à des gens qui ne font pas partie de nos proches : donner à des associations pour des nécessiteux, monter le cabas de la vieille dame d’à côté, nourrir le chat d’une voisine pendant son absence, aider des amis à déménager, tout cela est somme toute assez simple. Ce sont des personnes qui font partie de notre quotidien mais auprès de qui on a envie de faire bonne figure. On a vraiment l’impression de rendre service, d’être dévoué et, en général, ces personnes nous font sentir à quel point elles sont touchées par notre dévouement. Toutefois, à bien y regarder, les occasions de rendre service à ces personnes qui font partie du cercle des fréquentations plus ou moins proches ne sont pas si fréquentes. En tout cas, elles ne permettent pas de remplir un vrai programme quotidien de pratique de l’altruisme.

J’ai constaté qu’aussi étonnant que cela puisse paraître, ceux avec qui cela devient un véritable effort de rendre service, de se dévouer, de développer cette vertu de l’amour de l’autre, ce sont ceux qui sont dans le cercle de nos proches : conjoint, enfants, parents, ces personnes avec qui l’on vit au quotidien. C’est paradoxal, parce que le plus souvent, on est uni par des liens solides d’affection et donc, on devrait toujours avoir envie de leur faire plaisir… Sauf qu’en réalité, c’est bien plus difficile qu’il n’y paraît. Plus difficile, oui, mais également plus enrichissant, en terme de développement de la volonté et de qualité d’altruisme, de vraiment faire attention à ce qui pourrait être utile à mes proches et surtout de m’astreindre à accomplir régulièrement ces petites corvées du quotidien qui ne représentent en réalité que peu de choses et dont on est sûr qu’elles vont soulager l’autre, mais qui sont, allez savoir pourquoi, si pénibles à accomplir.

Deuxième étape : vouloir le bien d’autrui

Vouloir réellement le bien d’autrui : là aussi, cela nécessite un travail sincère d’introspection visant à évaluer le genre de pensées que l’on a à l’égard des autres. Personnellement, je ne sais pas si c’est l’état d’esprit « français », mais je me suis rendu compte que j’avais une tendance marquée à bougonner intérieurement et à voir ce qui n’allait pas chez les autres, plutôt que ce qui était positif, ceci aussi bien avec mes proches, comme mon conjoint ou mes parents, qu’avec mes collègues.

Il me semble indispensable, lorsqu’on se lance dans la pratique de l’altruisme, de prendre le temps de faire ce petit bilan personnel pour prendre conscience de l’état de notre pensée à l’égard des autres afin de pouvoir éventuellement amorcer un changement. Dans la mesure où l’altruisme est une disposition de l’esprit à aimer les autres, à vouloir leur bien, il paraît essentiel de développer des pensées positives à l’égard des autres. D’ailleurs, il est bien difficile de vouloir le bien de personnes que l’on ne supporte pas ou à l’égard desquelles on a des pensées négatives.

Mon premier travail sur ce point-là a donc été de tenter de voir les gens en bien, de voir leurs qualités plus que leurs défauts. Cette simple pratique est déjà à mon sens, une forme d’altruisme. L’altruisme, c’est une intention bienveillante avant même d’être une action.

On pourrait objecter qu’il n’est pas normal de se forcer, que l’on ne peut pas aimer tout le monde. Soit ; mais, comme je l’ai déjà mentionné, la pratique de l’altruisme s’applique en priorité à nos proches (conjoint, enfants, parents et amis, puis collègues, voisins, etc.) et j’ai constaté, pour ce qui me concerne, que, malheureusement, je n’étais pas toujours très positif à l’égard de ces proches que pourtant j’affectionne tout particulièrement. C’est pourquoi cette mise au point intérieure me semble indispensable. L’idée, c’est d’essayer de chasser les pensées négatives que l’on cultive au quotidien, parfois sans même s’en rendre compte, et de les remplacer par des pensées bienveillantes.

L’une des clefs pour progresser sur ce point, c’est, comme cela a été préconisé dans d’autres articles de ce site, de se mettre à la place des autres et de ne vouloir pour eux que ce que l’on voudrait pour soi-même. J’ai découvert que cette pratique de la règle d’or fonctionne non seulement pour les actes, mais aussi pour les pensées : est ce que j’apprécierais qu’untel ait de mauvaises pensées à mon égard ? Bien sur que non !

Je devais donc commencer par nettoyer devant ma porte et tenter d’agir sur ma propre pensée et mon propre comportement. Pour ce faire, je me suis servi de deux outils :

  • Tout d’abord, lorsque j’étais choqué ou gêné par le comportement de quelqu’un et que je me rendais compte que je commençais à me laisser envahir par des pensées négatives à son égard, je m’autosuggestionnais avec cette phrase tirée de l’une des prières d’Ostad Elahi : « il n’est de mal que les actes, non ceux qui les commettent ». Cette petite prière intérieure me permettait le plus souvent de prendre du recul sur ce que je pouvais éprouver à l’égard des autres et me permettait même par moment d’inverser la nature de ma pensée pour être plus positif en me rappelant leurs qualités.
  • Un autre point m’a aidé dans cette pratique : le fait de me rappeler que chacun est aimé de Dieu, comme je le suis certainement moi-même, et que tout être humain est porteur d’une empreinte divine, que je tâchais de me représenter visuellement. J’ai même tenté l’expérience dans le métro qui est un milieu que je juge plutôt hostile. Je regardais les autres comme porteurs de cette empreinte et franchement, c’était une sensation quasi physique, tous changeaient de visage à mes yeux, ils devenaient dignes d’être appréciés, dignes d’intérêt. Il faut tenter l’expérience par soi-même pour en ressentir les effets.

Troisième étape : agir de manière désintéressée

Par définition, l’acte altruiste est fait sans contrepartie, c’est un don et non un échange. L’altruiste agit par pur devoir humain, par simple humanité ou, pour celui qui a la foi, dans l’intention du contentement divin. Si l’on attend une contrepartie, c’est que l’on n’est plus vraiment dans la pratique de l’altruisme.

* **

En résumé, pour pouvoir réellement rendre service, il faut d’abord détourner son regard de soi-même pour être attentif aux besoins des autres. On peut alors tenter de se mettre à la place des autres pour chercher à savoir de quoi ils ont vraiment besoin, avec comme seule intention le souci de faire le bien. On s’aperçoit alors que l’altruisme, c’est d’abord une disposition intérieure à vouloir le bien d’autrui. C’est le fait de développer l’amour pour autrui.

Ces semaines d’expérimentation et de réflexion ont ouvert le champ de ma pratique. J’ai compris que les actes importants, remarquables, ou simplement visibles concrètement, qui témoignent d’un dévouement à autrui, tous ces actes sont effectivement des actes altruistes s’ils sont faits sans rien attendre en retour ; mais la pratique de l’altruisme est plus large que cela. C’est avant tout un état d’esprit, c’est cette disposition intérieure qui consiste à vouloir le bien des autres. Elle peut consister en la simple intention de rechercher le bien de l’autre, elle peut aussi s’exprimer sous des milliers de formes : agir ou penser avec bienveillance, rendre service matériellement, apporter soutien, réconfort, écouter les autres ; mais aussi défendre leurs droits, etc.

Pour parvenir à mener à bien ce changement en profondeur, il ne reste plus qu’à trouver les sources de motivation.


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21 commentaires

  1. Happiness le 17 Sep 2010 à 17:01 1

    Merci pour ce très bel article, clair et pragmatique.

    « Pour parvenir à mener à bien ce changement en profondeur, il ne reste plus qu’à trouver les sources de motivation. »
    Une des sources de motivation pour moi, plus précisemment pour ce qui est des pensées à l’égard d’autrui, est de me dire que la pensée est comme un parfum. Tel un parfum, les pensées négatives dégagent un parfum nauséabond que l’autre peut sentir. Par expérience tout le monde s’est un jour rendu compte qu’untel dégage systématiquement un sentiment positif (un parfum agréable), que tel autre nous laisse un sentiment de malaise, peut-être parce qu’il aurait eu des pensées ou des paroles négatives sur nous en notre absence.
    Il en est de même pour nos pensées positives-bienveillants /négatives-jugement.

    Comme il est difficile, tel qu’il est noté dans cet article, de mettre son égo de côté au profit des autres, de ne pas essayer en permanence de se « placer » discrètement, dans notre propre intérêt.

    L’altruisme se résumerait donc à cultiver cet amour pour l’autre, sans rien attendre en retour, si ce n’est la satisfaction divine.

  2. Joseph Locanda le 18 Sep 2010 à 9:35 2

    Ce que je trouve intéressant et motivant dans cet article, outre l’analyse expérimental du comportement, c’est la question du temps passé dans la journée pour autrui. Car elle est redoutable et campe bien la problématique de l’altruisme.

    Notre vie tourne autour de nous même et la place des autres est réduite à ce qu’ils peuvent nous apporter à nous! penser à consacrer du temps aux autres et développer le temps pour les autres est un excellent point de départ pour travailler sur l’altruisme.
    Un de mes clients me disait il y a quelques temps qu’ils commençait toujours sa journée par faire le tour des bureaux pour dire bonjour et s’enquérir des nouvelles des gens qui travaillaient avec lui. Il ne se contentait pas du « ça va? » conventionnel.

    J’ai testé depuis cette démarche, et cela a transformé la relation avec mon environnement pour qui c’est devenu un rituel d’échange convivial. Cela a amené une touche d’humanité dans des relations de travail très formelles et superficielles.

  3. Camille le 18 Sep 2010 à 12:31 3

    Entièrement d’accord avec la nécessité de porter plus d’attention aux autres et de leur consacrer du temps en plus. Le problème, c’est ce ça remet en question toute une organisation parce qu’on a souvent du mal à trouver le temps pour ça, précisément. Ca peut sembler être une mauvaise excuse, mais chacun a ses points faibles et lorsqu’on est, comme moi, très souvent à la bourre, on n’arrive pas à s’arrêter pour demander sincèrement et gentiment des nouvelles des gens. Le choix entre écouter cette personne qui me parle dans l’escalier de ses problèmes de fuites d’eau et arriver en retard à mon travail ou arriver à l’heure à mon travail et la planter là est insoluble. Facile : il n’y a qu’à partir plus tôt ! Eh oui, c’est évident et ça fait 20 ans que j’essaie ! Et je continuerai à essayer, sans perdre espoir d’y arriver avant la retraite 🙂 En attendant, ce qui m’encourage, c’est la notion d’intention évoquée dans cette interview, « aider par sa seule pensée et intention ». J’essaie de me rendre plus disponible, je fais de mon mieux, des fois même, j’y arrive. Souvent, je n’y arrive pas, alors j’essaie de me rattraper à un autre moment ou en faisant autre chose qui me pose moins de problème (envoyer un petit mot, réfléchir à comment je pourrais aider untel ou untel, …).
    Le plus difficile, c’est vraiment de développer cette attention aux autres de façon désintéressée, dans le long terme et sans se décourager quand on a l’impression parfois que les autres n’en n’ont rien à faire, de notre attention.

  4. radegonde le 18 Sep 2010 à 16:27 4

    j’ai eu beaucoup de plaisir à lire ce « billet » concernant l’altruisme. Depuis longtemps, je suis persuadée que l’Autre est un proche et non un lointain inconnu; et qu’il est plus difficile de « voir » que celui qui est à coté de soi souffre en silence.

    La phrase d’ostad « il n’est de mal que les actes et non ceux qui les commettent » m’aide à comprendre des situations où je sens que je vais répondre violement!!!

    De plus, je pense qu’il faut » nourrir » les relations avec ceux que l’on aime, et leur communiquer toute la chaleur que l’on peut « capter » auprès du divin ..par un soutien, un coup de téléphone régulier, une attention..

  5. Arthur le 19 Sep 2010 à 15:51 5

    Très bon article, j’aime beaucoup les analyses pragmatiques tel que celui-ci car ils m’aident et me motivent à me lancer moi-même dans des études pratiques.
    J’ai d’ailleurs été surpris par le nombre de fois où l’altruisme se retrouve au centre de mes analyses.

    Par exemple récemment, lors d’une semaine de vacances entre amis, je me suis demandé pourquoi, concernant certaines personnes que je ne connaissais pas avant le départ, mes affinités différaient à ce point. Plus précisément, et plus simplement, concernant les deux « amis d’amis » présents, pourquoi l’un attirait ma sympathie et l’autre non.
    Il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre pourquoi. Nous avions là face-à-face un « moi-je » et un « et toi ». Ces qualificatifs, vous en conviendriez, abusifs ne sont pas là pour juger ces personnes mais pour décrire deux stéréotypes d’attitudes auxquelles nous sommes tous souvent confrontés dans notre vie de tous les jours. En l’espace d’une semaine, j’ai pu tout connaître de la vie du « moi-je », et cela sans même lui en demander le contenu plus d’une seule fois. Quant au « et toi », il avait la conversation aisée, le compromis de groupe facile et semblait être intéressé par tout ce que je lui racontais.

    Puis, bien plus tard, de retour à la fac, j’ai pu recroiser cette autre personne qui, bien que ne lui ayant jamais parlé, et ne connaissant même pas son nom, attire ma sympathie. J’la connais pas, mais j’men fiche, je l’aime bien! 🙂
    Pourquoi? tout simplement parce qu’elle est toujours là dans les couloirs de la fac à discuter avec tout le monde et n’importe qui, à demander des nouvelles de gens à qui elle n’a adressé la parole qu’une seule fois auparavant, mais tout le temps d’un air intéressé etc… Je ne connais pas ses intentions, ni les conséquences sur sa scolarité, mais là n’est pas la question.

    Là où je veux en venir c’est que ces gens-là égaient ma journée, et je suis content chaque fois où il m’arrive de les croiser.
    Bien évidemment notre but n’est pas de nous faire aimer de tous ou quoi que se soit (n’oublions pas l’étape 3!), mais je me dis, qu’il ne faut pas grand-chose pour rendre la journée de tout un chacun un tout petit peu plus agréable.
    Dans une société nombriliste comme la nôtre, une once d’altruisme fait tellement de bien à soi et aux autres que cela vaut vraiment le coup de se faire un peu violence.

  6. Joseph Locanda le 19 Sep 2010 à 16:05 6

    Camille, Si vous êtes à la bourre, peut-être faut-il commencer par changer cet état subi que vous impose une mauvaise organisation de votre temps. J’ai connu cet état de fait qui empêche de gérer les imprévus de la vie et qui est source de 80% du stress quotidien.
    Je crois que pour être actif pour les autres, il faut commencer par dégager du temps pour soi pour le consacrer aux autres. Il existe des petits guides sur la gestion du temps qui sont très pratiques. Il y a quelques années, j’ai décidé de sortir de la course qui me faisait rater pleins d’opportunités altruistes. Un meilleure gestion de mon temps m’a donné un nouveau champs de liberté que je peux consacrer aux autres ou à moi-même. Car pour aider les autres, il faut d’abord s’aider soi-même!

  7. Marie le 19 Sep 2010 à 18:45 7

    Merci pour cet article très motivant, et la suite annoncée!
    La phrase:« Celui qui s’engage dans son perfectionnement spirituel doit inscrire l’altruisme dans son programme pratique » est une source de motivation forte par son côté incontournable.

    Le travail régulier d’un point mène à des éclaircissements intérieurs. Sur le point particulier de l’altruisme, j’ai récemment découvert à quel point les occasions d’aide aux autres sont autant d’occasions dont il faut être reconnaissant.

    Je m’explique: avant cette découverte, je trouvais que ceux que j’aidais avaient finalement bien de la chance de m’avoir trouvée sur leur chemin…J’ai totalement changé d’optique sur ce point: j’ai réalisé que si une personne devait être aidée, elle le serait de toute façon, par moi si je profitais de l’occasion qui m’était donnée, et sinon par quelqu’un d’autre. Il me faut donc plutôt être reconnaissante de l’occasion qui se présente, savoir la saisir et la traiter dans les meilleures conditions, dans la mesure de mes possibilités. Deux idées m’aident d’une part à me souvenir de cette réalité et d’autre part à entretenir la flamme intérieure:

    – le cimetière est peuplé de personnes indispensables
    – Ici bas on peut (aider) mais on ne veut pas ( et dans l’autre monde on voudra mais on ne pourra plus)

  8. clara le 22 Sep 2010 à 15:08 8

    L’altruisme chez l’ enseignant

    S’il est un métier pour lequel l’ altruisme revêt une grande importance c’est bien le métier d’ enseignant…

    1 Aimer les jeunes
    Première condition pour pouvoir effectuer ce métier :
    aimer les jeunes et se plier de bonne grâce aux blagues de potache…L’ enseignant par ailleurs peut se montrer très sévère lorsqu’ une situation se présente , à la condition suivante : qui est qu’ au fond il « aime » ses élèves ( en opposition à bon nombre d’ enseignants qui reconnaissent ne plus pouvoir supporter leurs élèves)

    2 Avoir du recul par rapport à soi même

    Un enseignant est souvent confronté à des situations conflictuelles avec certains élèves qui cherchent à le tester, ou alors préfèrent semer la pagaille et faire le guignol ( plutôt que de se sentir en échec et de le reconnaître ) ; ou alors ils sont dans un mal être tel qu’ils le projettent sur leurs enseignants qui, au bout d’un certain temps , excédés, ne les supportent plus.

    Et c’est à ce moment là que le travail d ’ altruisme commence pour l’enseignant et se manifeste comme suit :

    • Les rapports ( justifiés ) et les sanctions demandées …
    • Les conseils de classe et les remarques dans les bulletins
    • Les orientations etc…

    Pour chaque point une réflexion s’ impose : « Me montrerais-je aussi dure avec mes propres enfants ou suis-je en train de me venger d’ une certaine façon ? »
    Ex : un élève pour qui on demande l ’ exclusion : la trouverait –on justifiée pour son propre enfant ? Ou dirait –on « il est un peu immature ; c’est un comique !!! »

    Si toutefois l’exemplarité requiert une exclusion , l’ enseignant peut aider et conseiller les parents ( souvent désespérés et ayant besoin d’un peu de réconfort et d’ouverture ) ou le jeune en le conseillant de manière « non scolaire » ( car les élèves difficiles sont la plupart du temps en rupture avec le système scolaire) ,en l’ amenant à une prise de conscience ( toute personne peut développer soit ses qualités soit ses défauts, choisir le bien ou ce qui ne mène à rien , l’effet du cercle vertueux, et celui du cercle vicieux..) je n’ai jamais vu un élève même s’il s’ amuse de ce qui lui est dit, repartir de l’ entretien bienveillant avec son professeur sans remercier ce dernier pour ses paroles encourageantes.

    Ex : le conseil de classe est souvent l’endroit où l’on règle ses comptes : « il a été infernal , eh bien voilà il n’ a que ce qu’il mérite ! » Oui, certes ! sauf que l’ adulte c’est l’enseignant et que cet enseignant peu parfois inverser la vapeur non pas en occultant les faits reprochés à l’ élève mais en tournant de façon positive une remarque ou alors en veillant à ne pas enfoncer le jeune. Ce qui requiert de le prendre à part par la suite et de le prendre en main . ( ça ne marche pas toujours mais quelquefois ça marche)

    L’orientation est le moment où souvent mon cœur se serre. Comment peut –on bloquer l’accès à des études à certains élèves très capables qui n’ont pas suffisamment travaillé !( ce qui ne veut pas dire qu’on doit agir comme s’ils avaient travaillé autant qu’un élève sérieux ; pas du tout ! Mais on ne lui ferme pas les portes )…ou alors un élève faible, mais tellement travailleur qui souhaite une orientation et le corps enseignant décrète : « non , il n’y arrivera pas ! « Mais qu’ en sait – on ?? Ces élèves faibles et très travailleurs arrivent souvent bien plus loin que ceux qui sont doués et travaillent peu. S’ils sont effectivement trop faibles, ils s’en rendront bien compte et pourront faire machine arrière.
    Serait –on aussi radical pour notre enfant ?? je ne crois pas..

    Ces quelques exemples conduisent à dire que la profession d’enseignant requiert un contrôle quotidien et une remise en question au jour le jour de nos actes pour identifier si nos choix , nos décisions sont faites avec bienveillance et altruisme ou non.

  9. Sherry le 23 Sep 2010 à 22:12 9

    Très intéressant.

    Ce concept d’altruisme caricatural est trompeur. Longtemps, je croyais qu’i fallait rendre service aux « inconnus » car ces gestes avaient plus de valeur que le « simple fait » de faire plaisir à mon entourage immédiat.

    En réalité, c’est l’appréciation de l’autre que je trouvais (et trouve encore aujourd’hui) gratifiant. Si l’autre ne me remercie pas – ou pas suffisamment à mon gout – alors c’est fini. Je ne lui rends plus service, et si je le fais (péniblement), c’est avec réticence et méfiance. Je m’efforce donc de me rappeler que l’altruisme est un acte désintéressé et non une façon de nourrir mon orgueil.

    Merci pour cet article qui m’a beaucoup fait réfléchir. Le travail est long et difficile, mais toujours plein d’expériences enrichissantes!

  10. Igloo le 24 Sep 2010 à 15:25 10

    L’altruisme est la base des pratiques préconisées dans les différentes religions (la charité, l’aumône, etc). Ce que j’aime bien dans cet article c’est 1) qu’on voit que l’altruisme ne se limite pas à donner une pièce à un SDF (même si c’est bien de donner des pièces aux SDF) et 2) qu’on comprend un peu pourquoi l’altruisme est spirituellement si important. Car la pratique de l’altruisme suppose d’être réellement à l’écoute d’autrui. C’est donc une façon de sortir de soi, de la coquille de l’ego (la photo est vraiment très bien choisie!). C’est motivant car on se dit qu’on sortant de la coquille, il y a certainement des choses à découvrir, un monde beaucoup plus vaste, peut-être cette fameuse présence divine dont les grands spirituels parlent si souvent.

  11. siata le 26 Sep 2010 à 22:44 11

    Merci pour cet article très pragmatique, autant dire que nous avons là un « mode d’emploi » de la pratique de l’altruisme qui encourage vraiment à commencer demain (ou à persévérer pour ceux qui n’ont pas encore remarqué la présence de leurs proches ;-)). Bien entendu outre l’aspect « pensée positive » au sujet de l’autre, personnellement je retiens l’idée de tenter une amélioration de ma propre organisation pour être un tant soit peu en mesure d’avoir du temps pour autrui. Je crois que si dans cette recherche de meilleure gestion de notre propre vie et de nos propres aléas matériels (pour ceux qui en ont besoin), notre intention est réellement d’avoir une démarche concrète pour autrui (écouter, aider, conseiller, soutenir, divertir etc …) alors il nous sera donné de repérer plus facilement les occasions qui se présentent.

  12. cha le 30 Sep 2010 à 15:43 12

    merci pour cet article! La partie ou lorsque vous visualisez l’empreinte divine chez les autres, votre vision change m’a particulièrement intéressé car il m’est arrivé la même chose.

  13. bouboulina le 01 Oct 2010 à 13:45 13

    @clara: je ne suis pas tout à fait d’accord sur la pertinence pour le professeur de considérer ses élèves comme s’ils étaient ses propres enfants. S’il s’agit de les considérer avec bienveillance, en cherchant réellement à faire ce qui est dans leur intérêt, d’accord. Mais pour le reste, je pense que c’est là le meilleur moyen de ne pas les aider à grandir, de les habituer à une idée fausse, pouvant leur être préjudiciable s’ils y croient : celle selon laquelle le monde entier aurait envers eux la même indulgence, et parfois la même faiblesse que leurs parents.
    L’école est le lieu où dès le plus jeune âge on sépare les enfants de leurs parents. Le but de cette séparation n’est pas d’assurer la garde des enfants le temps que les parents aillent gagner leur vie et celle de leur progéniture. Il n’est pas aussi uniquement le lieu où l’on apprend à lire et à compter. Il est aussi, et peut-être de manière plus essentielle, l’endroit où l’on devrait apprendre à l’enfant à ne plus à terme être un enfant. Et dans ce processus, un élément essentiel est, c’est là une évidence, de cesser d’être un enfant, c’est-à-dire d’arrêter de voir tous les adultes comme des parents.

  14. MIA le 03 Oct 2010 à 0:05 14

    @ cha
    il m’est arrivé une seule fois de vivre cette expérience de l’étincelle divine chez ceux qui m’entouraient : l’effet était surprenant, patience, tendresse, gentillesse, légèreté.
    pas vraiment ce que mon caractère laisse paraître
    même quand je fais de gros efforts
    C’est la notion du temps et des objectifs qu’on peut se donner avec notre perception des heures, des jours, des années, des objectifs à atteindre par tranche d’âge qui a le plus été remise en cause. Elle a perdu son attrait. attrait du monde habituel pour un autre système ? pour un monde différent…
    oui ça ressemblait à ces levers de voile dont parlent certains films de science fiction.
    ET
    tout ce que je vivais était plus facile, plus léger, moins tendu et moins rapeux, le goût des pensées et des gens était plus sucré, plus doux. J’imagine que c’est ce genre d’état que l’onpeut rechercher si on n’est pas en quête de vérité, près à laisser le confort pour se forcer à faire des efforts…
    en tout cas, je ne sais pas exactement pourquoi cet état est venu, parti et s’il peut revenir

    @bouboulina
    sympa ce petit rappel de la psychologie enfant parents enseignants
    hiérarchie et repérage des différents lieux et belle leçon de vie donc! Grandissons…

  15. clara le 06 Oct 2010 à 3:58 15

    @ bouboulina

    Dans mes propos , il s’ agit uniquement de considérer les élèves avec bienveillance en cherchant réellement ce qui est dans leur intérêt. Il est bien évidemment hors de question de les gâter en classe comme on peut le faire ,- sans s’ en rendre compte la plupart du temps d’ ailleurs, à la maison.

    Par contre je ne fais pas allusion à des élèves choyés et cocoonés à la maison; mais plutôt à des adolescents en difficulté sociale ou familiale qu ‘ un petit coup de pouce un peu plus chaleureux peut aider à prendre une direction positive.

  16. MIA le 09 Oct 2010 à 13:22 16

    @Clara
    Je partage la vision du petit coup de pouce un peu plus chaleureux… Surtout pour des jeunes dont la personnalité est en formation et en évolution et qui ont certainement un potentiel de changement. J’aime la façon dont les anglo-saxons gèrent le système éducatif en appuyant fortement sur les particularités positives des élèves et en leur laissant une grande liberté d’action. C’est certainement libérateur et autant dans leur intérêt que toutes tentatives de préserver un jeune; par exemple en l’empêchant de faire des essais dans une branche qui lui plaît mais qui semble fermée pour lui, dans la froideur d’un raisonnement calculateur et logique… L’affection et les encouragements peuvent avoir un effet excellent sur bien des coeurs « jeunes »…

  17. Saule le 14 Oct 2010 à 11:07 17

    Un grand MERCI pour cet article dont je partage entièrement les conclusions. J’essaie de pratiquer la bienveillance depuis quelque temps et pour cela j’ai commencé par « filtrer » mes pensées vis à vis des autres. Après des mois et des mois de pratique, j’en suis arrivée à un point où le changement est physiquement visible – je suis devenue plus souriante, mon regard est devenu doux et bienveillant, les gens que je ne connais pas viennent vers moi plus facilement et même mes relations difficiles ont changé de nature. A tel point qu’il m’arrive parfois de ressentir un amour réel et sincère pour mes semblables (je n’en reviens pas moi-même!). Bien entendu, tout n’est pas rose, dans les relations problématiques, je m’efforce de voir les points positifs des personnes, de cultiver la bienveillance malgré mon aversion épidermique. Lorsque je les vois, j’essaie de les écouter sans les juger, je les laisse parler sans bouillonner intérieurement. J’essaie de porter un regard bienveillant envers ces personnes sans pour autant me voiler la face, c’est une bilenveillance sans naïveté.
    Je suis globalement plus sereine et je ressens un réel apaisement. Lorsque les pensées négatives surviennent, j’essaie de les arrêter pendant qu’elles sont à l’état embryonnaire, pour éviter l’invasion. C’est particulièrement difficile en conduisant, mais j’essaie. 🙂
    Avec ceux que je n’aime vraiment pas, j’essaie de les imaginer comme des enfants. Qui n’aime pas les enfants? Je me dis qu’elles ne savent pas ce qu’elles font. C’est difficile de faire cela sans tomber dans la condescendance, mais je fais de mon mieux. Et je suis la première à en ressentir les effets bénéfiques.

    Merci encore pour votre article et j’attends la suite de votre article avec impatience!

  18. tig le 14 Oct 2010 à 13:11 18

    @Saule

    Merci d’avoir partage votre experience sur la bienveillance, cela m’encourage ! J’ai commence un travail sur la bienveillance il y a quelques temps, mais je crois m’y etre plutot mal prise. Certes je ressens un semblant de changement dans mon comportement, je me vois plus patiente et plus a l’ecoute des autres – j’ai moins tendance a les blamer immediatement.
    Ceci dit, je suis curieuse de savoir quelle a ete votre technique pour « filtrer » vos pensees vis a vis des autres. Etait-ce sous forme d’exercices pratiques, par exemple une fois par jour, controler mes pensees vis a vis d’une personne specifique ? Remplacer les mauvaises pensees par des pensees positives, ou juste couper court ? Ou bien quelque chose de beaucoup plus general ?

    Bref dites nous en plus 🙂

  19. Saule le 14 Oct 2010 à 22:09 19

    @tig
    En fait, j’ai commencé cette pratique en observant les personnes les plus bienveillantes que je connaisse et en prenant exemple sur elles. Ces personnes sont toujours courtoises, agréables et souriantes (sans tomber dans la béatitude), elles ne se plaignent jamais, elles ne disent jamais du mal de personne, lorsqu’elles parlent des autres, elles utilisent toujours une terminologie positive, elles sont equilibrées et je ne les ai jamais vu frustrées. Elles ne se laissent pas marcher sur les pieds mais elles résussisent à résoudre leurs problèmes en parlant calmement, sans accuser et sans humilier les autres.
    Pour en arriver là, il fallait procéder par étapes. Au début, j’ai analysé mes pensées. Je me suis rendue compte qu’il m’était difficile de détecter le soi impérieux en activité, donc il fallait trouver des sonnettes d’alarme. J’ai constaté que lorsque je ne me sens pas bien, lorsque je suis frustrée, triste, en colère, etc. il y a forcément un dysfonctionnement et c’est le soi impérieux qui a pris le dessus. Tout sentiment négatif est le signe d’une prise de pouvoir du soi-impérieux.
    Ensuite, j’ai vu que dans mon cas, ces sentiments négatifs étaient souvent liées à une personne en particulier, qui fait partie de mon entourage proche. Il m’est impossible de l’éviter totalement, de l’exclure de ma vie. Alors il fallait composer avec. Et trouver un système de survie.
    J’ai d’abord essayé d’arrêter de dire du mal d’elle. Pas facile, lorsque cette personne est à l’opposé de toutes mes valeurs. Je me suis dit qu’il fallait couper court à toute parole mesquine, toute pensée malveillante à son égard. En sa présence, j’ai essayé de me comporter en amie bienveillante, j’ai essayé de visualiser un amour inconditionnel émaner de mon être, et dans la pratique, j’ai tenté la technique de l’écoute bienveillante. Elle aime parler, alors je la laisse parler sans la juger (c’est horriblement difficile) et j’essaie de projeter un mélange d’amitié et de soutien. C’est très difficile, parce que la moindre phrase qu’elle prononce me paraît bête et sans intérêt, et quand cela devient vraiment très dur, je l’imagine comme un enfant. Un enfant mignon qui me fait sourire, et je souris plus facilement. Lorsque les pensées négatives surviennent à d’autres moments, je coupe court. Sinon les pensées se développent, se transforment en colère, jalousie ou ressentiment, et deviennent de plus en plus incontrôlables. Pour couper court, je les remplace par d’autres pensées, je change de sujet, je « zappe » dans ma tête.
    Je vois cette personne moins souvent depuis quelques temps, ce qui peut expliquer l’état de grâce que je ressens en ce moment, mais elle n’est pas la seule cible de ma pratique. J’essaie de pratiquer la bienveillance envers tout le monde en me mettant à leur place. Mauvais conducteur? Peut être que c’est un conducteur novice ou une personne âgée. Serveuse désagréable? Elle est sûrement fatiguée, elle doit avoir mal au dos avec ses chaussures à talons, elle est debout toute la journée, c’est un métier difficile. Vendeur hautain et arrogant? Je plaisante et finis par lui arracher un sourire. Etc. Etc.
    Il y a 2 éléments qui m’aident énormément, et qui vont peut être vous sembler sans lien apparent avec la chose :
    1- Je fais 1h de sport par jour, ce qui me permet d’évacuer l’énergie négative de façon constructive, de générer les hormones du bonheur
    2- Je prie tous les soirs pour toutes les personnes de mon entourage, une par une, en citant les noms, en pensant à elles, puis pour la terre entière, ce qui remplit mon coeur d’amour et de compassion. C’est incroyable à quel point l’amour qu’on porte aux autres nous revient, on se sent pousser des ailes, c’est un sentiment merveilleux.

  20. Camille le 15 Oct 2010 à 16:46 20

    Je suis tombée par hasard sur un article de David Servan-Schreiber datant de 2003 () faisant référence à des travaux menés aux États-Unis par des chercheurs en « positive psychology » et qui a attiré mon attention (!) tout d’abord par son titre : L’attention, de l’énergie pure. Et puis je me suis reconnue (oh combien!) dans l’anecdote qui le suivait :
    « Benoît parle à sa sœur au téléphone depuis cinq minutes. Puis la conversation marque une courte pause. Comme il est devant son ordinateur, il ne peut s’empêcher d’en profiter pour consulter ses e-mails. Lorsqu’il a raccroché, il ressent une vague insatisfaction: il s’aperçoit qu’il n’a pas vraiment écouté sa sœur, ni vraiment lu ses messages… Que s’est-il passé ? »
    J’ai trouvé très intéressantes la constatation faite par les chercheurs: « nous ne tirons de plaisir, de vrai plaisir, que lorsque notre attention est complètement investie dans une seule chose: une conversation, la confection d’un bon repas, un film qui nous fascine », ainsi que la conclusion qu’en tire David Servan-Schreiber: « notre attention, c’est de l’énergie pure. Elle transforme ce qu’elle touche. […] La meilleure preuve que notre attention vaut très cher, c’est l’argent que dépensent les publicitaires ou les chaînes de télévision pour l’attirer vers elles: ‘Regardez-moi ! Regardez-moi!’ semblent-ils tous crier… Pourtant, nous ne sommes jamais assez conscients de cette richesse que nous possédons. » Enfin, ce qu’il propose dans la pratique me semble judicieux: « nous pouvons choisir, nous aussi, d’investir cette précieuse ressource entièrement dans le présent, dans une seule chose, dans une seule personne à la fois. En commençant, par exemple, par ne plus lire nos e-mails pendant que nous parlons au téléphone… »
    Que l’auteur de cet article me pardonne si ses propos sont peut-être quelque peu « détournés », mais voici ce que j’en tire :
    – Prenons conscience de toutes les sollicitations en œuvre autour de nous en permanence qui attirent notre attention et la détournent de l’essentiel – et retenons l’argument: c’est bien une preuve que cette attention « vaut très cher ».
    – Tâchons de développer notre capacité d’attention sur la personne avec qui nous sommes ou à qui nous parlons en nous concentrant entièrement sur elle – en plus, si l’on en croit les recherches de la psychologie positive, cela nous procurera un « vrai plaisir » !
    – « L’attention, de l’énergie pure »: L’attention est ce qui fait toute la différence, l’attention à l’autre, bien entendu, mais aussi l’attention à notre objectif. Si dans notre relation à l’autre, notre attention est entièrement concentrée sur notre devoir d’être humain et/ou sur la recherche du contentement divin, alors quelle force! On lit dans l’article que « par notre seule attention, nous pouvons transformer chaque instant, chaque relation, comme l’alchimie transformerait le plomb en or ». Lorsque nous avons cette attention, notre écoute devient réellement attentive, notre compliment vraiment sincère. Dans ce cas, le « vrai plaisir » mentionné par les chercheurs peut être compris comme le bien-être qui découle de la satisfaction de la pulsion éthique et peut-être alors sommes-nous en train de développer une vertu altruiste.

  21. Roxanna le 25 Juil 2011 à 5:54 21

    J’aimerais souligner la difficulté qu’il y a à pratiquer l’altruisme avec ses proches. J’ai pu observer que ce que je considérais comme des actes d’altruisme envers ceux qui me sont moins proches sont en réalité des actes s’inscrivant dans une mission de séduction. C’est l’envie de plaire qui me pousse à être attentionnée avec eux, à leur rendre service. C’est donc intéressé et encore une fois le sujet de mon action est moi-même, je suis toujours enfermée dans cet égoïsme infernal. Souvent on juge la pratique de l’altruisme inutile avec les proches car il ne s’agit plus de les séduire puisque nous leur plaisons déjà! Le premier travail consisterais donc à pratiquer avec les personnes qui nous sont les plus proches. C’est d’ailleurs difficile puisque ce sont souvent les personnes les plus ingrates, si j’ose dire, car elles ne remarquerons peut être pas ce qu’on fait pour elles, ce qui nous apprend à être plus détaché du résultat de notre action, des compliments que l’on attend.
    Conjoint, enfants, parents, frères et soeurs, pratiquons !

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