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Un orteil enflé pour une meilleure connaissance de soi

Par , le 13 Jan. 2014, dans la catégorie Pratiques - Imprimer ce document Imprimer
Chaussure avec serre-joint

Où l’on voit qu’une pulsion d’achat peut recouvrir des intentions peu avouables, et qu’un orteil enflé peut être une bonne incitation à l’introspection.

Définition de la frime : prendre une attitude feinte, assurée, pour faire illusion. Faire l’important pour épater quelqu’un.

Cette définition explique assez bien pourquoi il m’a semblé important de lutter contre ce défaut caractériel qu’est la frime. Il me paraît contraire à la dignité humaine à différents égards, principalement du fait qu’il me procure un plaisir psychique au détriment d’autrui. Pour cette raison simple, j’avais décidé de renoncer à au moins un plaisir psychique par jour lié à la frime.

« Il fallait donc que je creuse une question simple : pourquoi cela m’était-il arrivé ? »

Pendant les soldes, je me suis acheté une paire de chaussures de luxe. La justification « rationnelle » de mon acte fut la suivante « c’est bien soldé, c’est une bonne affaire ». Or, il s’est avéré qu’elles m’ont fait si mal aux pieds que mon gros orteil s’est infecté au point que, pendant plusieurs jours, j’ai eu de la peine à marcher. D’un bien ardemment désiré, elles se sont transformées en une vulgaire paire de savates génératrices d’une certaine amertume.

D’un point de vue apparent, il n’y avait aucune raison pour qu’elles me blessent à ce point. La taille était bonne et il s’agissait d’une paire de baskets censées être confortables. Face à un tel phénomène, mon médecin est resté plus que dubitatif : « Mais comment ces chaussures ont-elles pu provoquer un tel massacre ? » (Non, ici c’est moi qui en rajoute, disons sobrement : « cela ») Il fallait donc que je creuse une question simple : pourquoi cela m’était-il arrivé ? Comme le dit Ostad Elahi « l’origine de tout ce qui nous arrive est en nous-mêmes. C’est donc à l’intérieur de soi qu’il faut en chercher la cause » (Ostad Elahi, 100 maximes de Guidance, Robert Laffont, 1995). Il était nécessaire de dépasser la dimension apparente ou superficielle de l’évènement.

« Si j’avais raisonné sainement au moment de l’achat, peut-être aurais-je décelé mon intention véritable : la frime. »

En m’ouvrant à la dimension spirituelle des choses, j’ai ainsi pu progresser d’un pas dans la connaissance de soi. En effet, si j’analyse le type de pensées qui occupaient ma psyché lors de cet achat, force est de constater qu’elles      étaient       entièrement

matérielles. C’était une affaire : 60 % de réduction ! Mais bien des questions relevant de l’éthique étaient passées sous silence. Des questions du genre : « Pourquoi acheter ces chaussures ? Quelle est ton intention ? Quel sera l’effet de cet acte sur ta psyché ? Sur autrui ? Cela est-il conforme au respect des droits ? ». Si j’avais raisonné sainement au moment de l’achat, peut-être aurais-je décelé mon intention véritable : la frime. En effet, cet achat ostentatoire n’était commandé que par l’ego qui se délecte de susciter chez autrui l’admiration, voire l’envie ou, pire, la frustration. Bien entendu, le luxe ne me paraît pas en soi condamnable dès lors qu’il ne vise pas (comme c’est hélas souvent mon cas) à satisfaire une certaine volonté de puissance étouffant la voix de la conscience morale.

« Pour devenir plus humain, il est nécessaire, même dans les actes les plus anodins de sa vie, d’analyser ses intentions réelles et réfléchir aux conséquences de ses actes sur son âme et sur autrui. »

Il faut tout de même noter que la microéconomie (science qui se propose, entre autres, d’analyser les   comportements   économiques

des agents) considère que l’achat de biens de luxe ne relève pas d’un comportement rationnel du consommateur. À la suite des travaux de l’économiste écossais R. Giffen, le paradoxe suivant a été mis en évidence : une hausse du prix d’un bien de luxe a tendance à provoquer une augmentation de sa consommation (effet Veblen). D’autres travaux scientifiques ont souligné que ces comportements, irrationnels d’un point de vue économique, s’expliquent en grande partie par l’ostentation afférente à ce type de consommation. Pour faire simple, l’individu ne rechercherait pas tant les qualités intrinsèques du produit (l’esthétique, la qualité…) que les idées et pensées qu’il véhicule : la supériorité sociale.

La leçon que je tire de cet orteil enflé c’est que pour devenir plus humain, il est nécessaire, même dans les actes les plus anodins de sa vie, d’analyser ses intentions réelles et réfléchir aux conséquences de ses actes sur son âme et sur autrui. Il me semble que ce n’est qu’à ce prix que je progresserai dans la connaissance de soi.

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10 commentaires

  1. Charlie le 13 Jan 2014 à 23:04 1

    Expérience très parlante, dont chacun peut être confrontée lors d’une décision d’achat…

    L’analyse et le raisonnement effectué pour trouvé la cause du mal est bien le signe d’une ‘raison saine’ active et qui a réussi à se faire entendre, où plus aucun évènements n’apparaitra comme insignifiants et dénués de répercussion vis à vis de ses propres intentions.

  2. clem le 14 Jan 2014 à 12:42 2

    merci. c’est particulierement approprié pendant les soldes ou l’on constate souvent des comportements prédateurs inouis;

  3. kbld le 14 Jan 2014 à 13:24 3

    Remarquons que cet article invite à la pratique car il sort au début des soldes…

    Personnellement, j’achète de plus en plus des vêtements qui coûtent un certain prix, dont certains qui peuvent être considérés comme du luxe (ceux-là, je les achète en solde).
    Dans tous mes achats, ma question n°1 est de savoir dans quelles conditions elles ont été fabriquées, préalable aux autres questions, et ensuite viennent la qualité / durabilité, le prix etc. Au départ, cela prend du temps (il y a des achats pour lesquelles j’ai attendu des années), mais au fil des années, c’est beaucoup plus facile (plus d’habitude et de plus en plus d’informations disponibles en ligne) et je suis content du résultat. C’est vrai que je me prive de certaines choses, mais je n’en vis pas moins bien.
    Pour les achats de vêtements de soirée, ou par exemple de chaussures habillées (dont j’ai besoin dans mon milieu), les seuls marchants qui respectent la dignité de leurs employés dans le monde sont des choses d’une certaine gamme, même si cela est en train de changer. Je vis avec une seule veste de costume (que je mets rarement), mais il est fabriqué en Italie, par quelqu’un qui aime et vit de son art, et pas par une gosse réduit à l’état de servage*, loin de sa famille, etc. etc. etc.
    *Je parle de servage (non juridique comme au Haut Moyen-Âge, mais économique), et c’est loin d’être exagéré. Je rappelle que Foxconn, qui fabrique énormément de produits très courants en Occident (recherchez, vous verrez), a une ville de 1,2 millions d’ouvriers, avec vidéo-surveillance, cadences infernales, etc., une étude universitaire chinoise a conclu en la comparant à un camp de concentration.
    Après, il y a des choses pour lesquelles on y peut rien. J’avais beaucoup cherché, à l’heure actuelle, des cartes-mère non Made in PRC ou Taiwan, cela n’existe pas. J’ai tout de même un ordi avec une de celle-là, dont une Chinoise a inhalé les substances toxiques, mais c’est parce que j’estime que le gain que tirera la société de mes études est plus grand que ce véritable problème, or, je ne peux absolument pas faire autrement. (De la même manière, une mère de plusieurs enfants à charge avec de faibles ressources doit vêtir ses enfants, et elle n’a pas à culpabiliser pour cela.) Mais alors, j’ai acheté un ordinateur le plus solide possible pour qu’il tienne le plus longtemps possible, et assemblé en Europe occidentale, même si cela a coûté un prix…
    Tout ça pour dire que ce n’est pas parce que cela coûte un certain prix que c’est idiot d’acheter. Encore une fois, tout dépend de l’intention, et c’est ce que dit l’article en insistant sur l’intention de frime. Moi, c’est quand je ne cire pas mes chaussures (donc ne les entretient pas) que bizarrement, j’ai mal aux pieds…
    Pour le coup, je ne comprends pas trop par exemple l’achat de contrefaçon. Outre le problème d’une sorte de complicité de vol intellectuel, ceux qui achètent cela se fichent typiquement de la qualité du produit, c’est l’idée d’avoir un sac de telle marque qui compte. Mais c’est différent.

    La question du lieu de fabrication est très débattue, et je fais un aparté car forcément il y aura des réponses. Avant que quiconque commence à me répondre les choses qu’on entend sans arrêt, comme « mais est-ce que ça serait mieux sinon ? », je vous invite surtout à réfléchir. J’ai l’habitude de recevoir /tout le temps/ les mêmes réponses, par des personnes qui n’ont aucune données réelles et qui souvent veulent uniquement se donner bonne conscience. Moi, je ne base pas sur des présupposés, sur un sentiment à l’emporte-pièce, mais sur de nombreuses informations réelles et sérieuses suivies d’une véritable réflexion.
    -> J’invite toute personne qui veut me répondre à d’abord regarder le documentaire « China Blue », qui se passe dans une /bonne/ entreprise chinoise.
    Il y a aussi le documentaire « Du poison dans nos vêtements », qui montrent les effets nocifs sur la santé des produits importés pour lesquels les produits utilisés ne sont pas contrôlés. Il suffit de faire une recherche internet pour voir l’/immense/ masse de problèmes pour la santé des consommateurs qu’ont occasionnés ces produits.
    On voit d’ailleurs au passage dans le reportage les conditions de travail en Inde et au Bengladesh, où les travailleurs s’immergent dans les produits toxiques. Nous, rien qu’à porter la chemise colorée en noir, on a des allergies, imaginez eux. Et bien sûr, pas de protection sociale efficace quand leur peau sera rongée.

    Je rappellerai aussi quelques points (il y en aurait beaucoup d’autres, mais il faut choisir) :
    – Il ne s’agit pas de vouloir que le droit du travail français s’applique RP de Chine, mais que les conventions internationales que par exemple la RPC a signé et ratifié soient appliqués sur son territoire, comme l’exige le droit international, et d’ailleurs son droit national. Comme pour le droit des minorités, ce ne sont pas des règles imposées de l’étranger mais acceptées volontairement et intégrées au droit national). Les organismes de contrôle sont d’ailleurs internationaux mais aussi et surtout nationaux (un membre d’une organisation chinoise intervient régulièrement dans China Blue). Notez que je parle de la RPC, car c’est l’exemple typique, mais ce n’est pas l’unique endroit où la dignité des ouvriers et ouvrières ne sont pas respectées.
    – Il ne faut pas confondre. Je parle de vêtements à un certain prix parce que pour cette espèce de bien, c’est ce qui est resté, pour l’instant, dans les pays développés économiquement (sauf filière contrôlée, ce sont hélas les seuls endroits où l’application des règles est vraiment contrôlée). Mais à qualité équivalente, les prix se valent. Je réponds ici à l’argument de tous les vendeurs de magasin, « sinon, ce serait hors de prix ». C’est archi-faux ! Les prix de chaussures de sport par exemple n’ont jamais baissé après délocalisation, c’est la marge qui augmente, c’est tout. J’ai un ordinateur portable assemblé au Japon, c’est presque le même prix que les autres, l’année d’après, c’est devenu assemblé en Chine, mais pas parce que les gens n’achetaient pas, c’est juste pour augmenter le profit.
    – Outre tous les arguments du point de vue des pauvres ouvriers qui se tuent à la tâche, il faut donc voir qui est l’intermédiaire. Pour les entreprises multinationales qui emploient, il serait très simple de réellement surveiller les conditions de travail et de faire travailler de manière décente, sans un gros surcoût et sans baisse des ventes (même avec un intermédiaire). Mais puisque tout le monde s’en fiche, elles continuent à exploiter au maximum dans le seul et unique but de faire un maximum de profit, comme si elles n’en n’avaient jamais assez (entendons-nous, chercher le profit n’est pas un mal en soi, c’est le but même d’une entreprise, mais c’est en vouloir toujours plus à n’importe quel prix – humain, environnemental, etc. – qui est un problème). Et dès qu’il y a un semblant de haut-le-cœur, ils daignent un peu bouger. Donc d’une part, je ne participe pas à cette entreprise de prise de profit sur le servage d’êtres humains, d’autre part, je suis persuadé que c’est par une somme d’actions personnelles que l’on peut changer le monde. Je participe donc ainsi à ma manière.

    Ma démarche est l’inverse du racisme : un Chinois est autant un être humain qu’un autre, et n’est pas plus « digne » de servage qu’un autre. Je le précise parce que :
    – d’une part, je ressens régulièrement dans les réponses qui me sont faites ce relent de racisme anti-asiatique pas vraiment voilé en France. — Les Chinois (auxquels on assimile typiquement tous les asiatiques), de toutes façon, ils sont plein, ils sont loin, ils sont petits… On s’en fout au final, laisse-moi acheter mon produit. – Si c’étaient des français, ou même des Blancs, qui subissaient la même chose, ce ne serait pas pareil.
    – d’autre part, si je profite personnellement pas mal du « Made in France » (site de référence : Lafabriquehexagonale) ou Germany etc. pour acheter dans des conditions décentes, il me semble que chez certains, il peut s’agir de racisme (mettre tous les Asiatiques dans le même sac avec dédain). Tout est affaire d’intention.
    Pas forcément mêlés à du racisme, l’existence d’éléments intermédiaires et la différenciation de groupe sont d’ailleurs deux facteurs favorisant la rationalisation (comprenez l’argumentation fallacieuse du soi impérieux).

    Je signale les articles intéressants parus dans La Croix et disponibles en ligne sur les effets pratiques du commerce équitable. À très gros traits, on y voit le très faible pourcentage du marché mondial concerné, mais malgré cela, pas de révolution sur place mais des effets réellement positifs.
    Et le « consumérisme éthique » est en expansion : http://www.co-operative.coop/PageFiles/416561607/Ethical-Consumerism-Report-2011.pdf
    La consommation de chaque individu a un réel impact sur la société, à son échelle, mais réel. Et encore une fois, plus il y a de gens qui convergent par des actions individuelles, plus l’impact est démultiplié. C’est l’impact global de la micro-économie, et il y a énormément d’exemples en ce sens.

    « Bons » achats !

  4. scr le 15 Jan 2014 à 0:19 4

    Très intéressant, cela montre comment à partir d’évènements de la vie quotidienne, on peut établir une relation avec Lui.

  5. abb le 15 Jan 2014 à 23:57 5

    Merci pour votre témoignage. Cela me rappelle une expérience.
    Il y a quelques années, enceinte de plusieurs mois, j’organisais un dîner à la maison. Avant de les recevoir je choisis une tenue mettant bien en valeur mon ventre rond. Je m’imaginais déjà recevoir les compliments et les regards jaloux de deux de mes invitées qui souhaitaient également tomber enceinte. Puis ma conscience morale a sonné. Je me suis vue d’en haut, vouloir rendre jalouse autrui en jouant sur la frustration de ne pouvoir encore être mère. C’était un comportement très laid. Après un moment d’hésitation, j’ai fini par me vêtir d’un pantalon et d’un pull très confortable.
    A ce moment, j’ai eu une très belle émotion, la certitude du » c’est comme ça que nous devons être ».

  6. Wilhelm le 18 Jan 2014 à 19:18 6

    Le point de vue de l’auteur de l’article est très intéressant.

    J’ai eu une expérience symétriquement opposée mais qui aboutit au même résultat conceptuel. Et probablement aux mêmes conclusions pratiques, bien que sensiblement décalées, sur la frime, l’absence de frime, et l’intention.

    Il y a un an j’ai eu de fortes douleurs aux pieds pendant de longs mois ; je suis allé consulter un médecin spécialiste qui m’a recommandé des exercices quotidiens et l’achat de sneakers de qualité et coûteuses pour maintenir le pied.

    Bien entendu, je n’ai pas fait les exercices et pas acheté les chaussures en question ce qui a résulté en une aggravation de la douleur et à un retour chez le médecin 2 mois après dans un état pire.

    Finalement, de mauvaise grâce je me suis exécuté, ai pratiqué les exercices requis, et acheté les chaussures nécessaires.

    La douleur est durablement partie.

    J’y vois la contraposée de ce qui est expliqué dans l’article ci-dessus. Mais qui aboutit au même résultat. Ou à un résultat similaire.

    Pour ma part, j’ai été négligent avec les exercices. Et je ne voulais pas dépenser d’argent car le prix des sneakers me semblait excessif. Peut-être aurais-je dû regarder l’achat des sneakers comme un coût médical et non comme un achat superflu.

    De plus, sur le seul plan de l’analyse micro-économique, en plus du bienfait de ne plus souffrir, l’économie de temps, la qualité du temps sans souffrir, l’absence de rééducation des pieds chez un kiné, ou un podologue, ou de multiples visites chez le médecin spécialiste, ont résulté en une économie beaucoup plus importante que la dépense occasionnée par l’achat des sneakers.

    Ici, comme dans l’exemple donné en référence sur le mal au pied dû aux chaussures de luxe en solde, la notion d’équilibre est sans doute importante : d’évidence frimer est mauvais, bien que nous le fassions tous. Et le fait de ne pas faire son devoir, le minimum requis, si cela peut avoir l’apparence de la mesure, peut-être en fait un aspect déguisé de la négligence, au moins en partie dans mon exemple.

    Ce qui compte probablement est l’angle de réflexion, les circonstances, l’intention.

  7. Bouboulina le 19 Jan 2014 à 18:15 7

    @abb : merci pour ce partage d’expérience. Votre histoire montre comment ce sont dans des petits actes du quotidien que l’on peut et doit mettre en oeuvre ses convictions. Votre expérience m’ ouvert un champ de pratique : « chercher à m’abstenir de comportements qui auraient pour effet ou intention d’attiser l’envie de mon entourage. »

  8. KLR le 20 Jan 2014 à 16:14 8

    @abb: très jolie expérience qui montre comment la frime peut être finalement une sorte de blessure faite à autrui, et du coup quelque chose d’assez dur. J’ai souvent tendance à croire que la frime n’est pas un défaut grave ou en tous cas pas très méchant, que cela vient beaucoup d’une sorte d’ignorance de soi-même mais votre expérience montre qu’en frimant on peut vraiment faire mal. C’est intéressant de l’envisager sous cette forme. Merci !

  9. kbld le 26 Jan 2014 à 14:25 9

    Étant parti sur des considérations très générales, mais primordiales pour moi, dans mon précédent commentaire, je reviens sur le sujet spécifique de cet article, et notamment sur l’assertion très hâtive car pas nuancée sur l’achat des biens de luxe, en général, qui serait quelque chose de déraisonnable de manière générale. Je vise ici la phrase commençant par une assertion brutale « la micro-économie considère que », même si la fin de l’article nuance ce propos.

    Ce qui compte est l’intention derrière l’achat et non l’achat en soi. L’exemple des chaussures de soirée est typique vu la qualité de ce qu’il y a sur le marché aujourd’hui : les chaussures peu chères sont vraiment à éviter, c’est hélas comme cela. Voici une série de choses qui peuvent justifier l’achat de chaussures haut de gamme.
    Objectivement :
    – Les conditions de fabrication, donc l’effet dont sont porteurs les chaussures, l’impact économique et éthique, l’impact artistique peut-on dire, etc. Je ne reviens pas là-dessus, c’est l’objet de mon commentaire précédent.
    – La qualité. Très clairement, pour les chaussures, la meilleure qualité, ça coûte cher (même si on trouve aussi à l’inverse des chaussures vendues à plusieurs milliers d’euros sans que la qualité, bien que grande, soit aussi démesurée que le prix).
    – La santé des pieds. On peut trouver sur internet beaucoup de problèmes, notamment dermatologiques, à cause de chaussures trop bas de gamme et importées.
    – Le confort. La seule marque fabriquant réellement en France propose des largeurs différentes pour chaque taille afin de faire respirer les pieds (lien avec la santé).
    Subjectivement :
    – Si c’est le milieu professionnel de quelqu’un, il faut s’adapter à son environnement.
    – Si quelqu’un est très riche, si c’est conforme à sa dignité sociale. Je ne vois pas la Reine Elisabeth II porter des chaussures bas de gamme en public !
    – La beauté. Oui, tant que ce n’est pas déraisonnable du point de vue de tout le reste (autres critères et prix), il est bon de porter quelque chose qu’on aime, et qu’on trouve beau.

    En fait, je pense que le fonds du problème réside dans le fait d’estampiller un bien « de luxe » ou « pas de luxe »… L’effet Veblen vise un comportement axé sur la /recherche/ du luxe, en soi. On vise ici le goût subjectif pour l’idée abstraite du luxe, qui ne concrétise, aux yeux du consommateur, dans des biens particuliers. Si ce que l’on cherche n’est pas pour les qualités de ses produits mais la frime ou la seule satisfaction d’acheter un produit d’une certaine marque ou très cher, là, ce n’est pas raisonnable. Ce comportement est patent, c’est ce que j’ai fait remarquer à propos de la contrefaçon.
    Mais il est au moins rare de pouvoir dire dans l’absolu qu’acheter tel ou tel bien est de manière générale contraire à l’éthique.

  10. KLR le 01 Juil 2014 à 10:03 10

    Expérience sur la frime : Je me suis retrouvée il y a quelques jours dans un déjeuner avec des collègues, des élèves et des parents d’élève. Une de mes collègues qui a un poste inférieur au mien, m’agace terriblement car elle est directive, et en même temps se répand en paroles souvent inutiles…
    Comme l’un de mes élèves part à l’étranger et que je vais moi-même partir en mission dans ce même pays, je m’étais promis d’être discrète et de ne pas mettre le sujet sur le tapis pour ne pas la froisser.
    Or, au cours du repas, je n’ai pas pu résister, j’ai oublié ma résolution et j’ai tout d’un coup lancé le sujet. Ma collègue qui ne savait pas que j’avais cette chance de partir en mission, m’a posé des questions auxquelles j’ai répondu du bout des dents…J’ai vu qu’elle restait silencieuse et pensive.
    En rentrant ensuite chez moi, j’ai réalisé à quel point j’avais été grossière et combien cela avait pu faire mal !
    Bien sûr, j’avais mis le sujet sur la table par frime, et sans doute dans une intention cachée d’écraser ma collègue. J’ai ressenti une grande honte, devant une action aussi malveillante !
    Cela m’a rappelé cette phrase d’Ostad Elahi tirée de « Paroles de Vérité »
    « Quel malheur pour l’homme que de devenir foncièrement méchant ! Il prend plaisir à nuire, à frimer, à s’enorgueillir et à écraser les autres de sa superbe »

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