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Tout le bien que j’en pense

Par , le 28 Mai. 2011, dans la catégorie Lectures - Imprimer ce document Imprimer
Le bien, qu'en disent les jeunes ?

Le Bien : qu’en disent les jeunes ? , Sophie Levasseur, coll. Éthique vivante, Ed. L’Harmattan

Que l’on soit soi-même parent ou non, on le sait, éduquer un enfant est le métier le plus difficile au monde, et les progrès des sciences cognitives ou les réflexions des sciences de l’éducation ne rendent pas la tâche plus aisée. Tous les parents se posent la question du « Comment faire ? ». Comment faire pour à la fois protéger l’enfant et lui transmettre la force et la confiance qui lui permettront à l’adolescence de faire les bons choix par lui-même ? Comment lui transmettre les critères de ces choix, ces valeurs qui lui permettront de devenir quelqu’un de bien ? D’ailleurs être « quelqu’un de bien », qu’est-ce que cela signifie pour un adolescent ? Je sais que pour moi, à l’époque, c’était bien flou. Il y avait pourtant des choses que je ne faisais pas parce que je savais que ce n’était pas bien et d’autres que je faisais exprès, justement parce que ce n’était pas bien. J’avais donc bien en moi une notion de ce qui était bien ou pas. Aujourd’hui, le bien, est-ce que cela signifie quelque chose pour les jeunes et comment en parlent-ils, s’ils en parlent ?

C’est ce que je suis allée voir avec curiosité dans ce petit ouvrage intitulé Le bien : qu’en disent les jeunes ? Publié chez l’Harmattan en 2005, l’ouvrage est un recueil de témoignages de jeunes gens et jeunes filles d’un lycée de la région parisienne, recueillis par leur professeur de philosophie dans le cadre d’une enquête dont l’objet était de « découvrir la manière dont les jeunes conçoivent le bien et plus généralement l’univers des valeurs ». J’ai trouvé cette initiative courageuse parce que manipuler les notions de bien et de mal est quelque chose de très délicat et, comme le dit l’auteur de l’ouvrage, on peut vite être taxé de rétrograde ou de dogmatique. Il fallait veiller à rester totalement neutre dans la démarche et le questionnement, tout en libérant la parole des jeunes sur le sujet. Je trouve que le pari est réussi et j’ai lu cet ouvrage avec beaucoup d’intérêt et de plaisir. J’ajouterai que l’ensemble m’apparaît comme un acte salutaire en ceci qu’il fait le pari que les jeunes ont quelque chose à dire sur le bien, qu’ils sont même prêts à y réfléchir si on les y pousse et qu’on leur donne les moyens de le faire. C’est un antidote énergétique à l’attitude « tout fout le camp, il n’y a plus de repères et d’ailleurs je ne les comprends plus, on ne parle pas la même langue » qui me paraît défaitiste, stérile et bien déprimante, car elle entérine, entre autres, la notion de « fossé » entre les jeunes et ceux qui ne le sont plus (moi, entre autres ! ), et interdit toute possibilité d’échange et de dialogue.

Il faut préciser que cet ouvrage a aussi pour point de départ la conviction déclarée de son auteur en « la moralité essentielle de l’homme, à ne pas confondre, dit-elle, avec celle de sa bonté originelle. » L’homme serait ainsi un être moral par essence, parce qu’il est homme, simplement. Que cette vision de la nature de l’homme soit fondée ou non, elle a l’avantage d’être positive et encourageante ; le fait qu’elle soit à l’origine de cette enquête en est la preuve. Le seul reproche que je ferai à cet ouvrage est d’ordre technique : c’est la mise en page du titre sur la couverture. On ne voit pas d’emblée la ponctuation et au lieu de lire : « Le bien : qu’en disent les jeunes ? », On lit « Le bien qu’en disent les jeunes » qui n’a évidemment pas du tout le même sens ni le même intérêt.

Les jeunes ont été invités à s’exprimer de plusieurs façons : en classe, au cours de débats enregistrés, et par le biais de témoignages écrits, les deux méthodes ayant chacune des avantages. On imagine aisément que les discussions aient pu donner lieu à d’intéressants débats mettant en évidence le questionnement des jeunes ainsi que leurs divergences d’opinion. Nul doute que ces débats les ont aidés à structurer leur réflexion et à éclaircir des points auxquels ils n’avaient peut-être même jamais pensé. Les récits écrits, quant à eux, ont permis une expression plus personnelle et détaillée, libérée du regard inhibiteur des autres. Les propos ont été retranscrits ou reproduits sans analyse ni reformulation, afin de « donner directement à lire la parole de jeunes sur le bien ». Ils sont néanmoins triés et classés en plusieurs rubriques, ce qui en rend la lecture plus aisée et plus agréable : A la découverte du bien (réflexions sur la notion de bien, l’homme a-t-il une connaissance innée du bien ou celle-ci lui vient-elle de l’éducation ? Divers critères de définition du bien), Le bien en actes (récits d’exemples concrets et vécus), Les motivations au scalpel (qu’est-ce qui nous pousse à faire le bien ?) , Les freins à la réalisation du bien (ce qui peut nous empêcher de faire un acte que nous tenons pourtant intérieurement pour moralement désirable), Les bienfaits du bien (avec cette phrase ‘lumineuse’ de Nicolas : « Quand on fait le bien, on se fait du bien à soi-même. Pour moi, c’est comme un soleil qui brille et qui illumine ma vie et mes journées »). L’ouvrage se termine par une partie intitulée Perspectives, où l’auteur nous fait part en trois pages de ses impressions et de ses propres conclusions sur le travail réalisé.

Il est difficile de parler de ces témoignages, pour la même raison que celle citée dans la présentation de l’ouvrage : « Les témoignages parlent d’eux-mêmes et il m’a semblé préférable de laisser à chacun la liberté d’en tirer les conclusions qu’il jugera les plus pertinentes. » La tentation est grande de ne retenir que ce l’on a envie d’y trouver ou d’interpréter les propos en fonction de sa propre grille de références ; mais après tout, je ne suis ni chercheur ni sociologue et je ne suis pas tenue de m’en tenir à une vision strictement scientifique et objective. Je retiendrai donc, arbitrairement, un certain nombre de propos que je trouve intéressants.

L’exigence de ces jeunes, pour qui « faire le bien, c’est avant tout ne pas le faire pour se faire bien voir, pour être admiré des autres » ou qui refusent de faire le bien « dans le simple but de s’acheter une bonne conscience ». Leur caractère entier, comme pour Christelle qui n’est pas sûre de bien faire la différence entre empathie et hypocrisie et se demande si elle agit bien ou mal car elle se sent hypocrite, elle qui n’apprécie plus vraiment son ancienne copine, mais s’efforce de rester sympathique avec elle pour ne pas la blesser. L’importance primordiale qu’ils accordent aux autres et le devoir qu’ils se donnent d’aider les autres et de les rendre heureux – le « devoir d’ami », ainsi que l’appellent Céline et Mathieu, qui est fondamental pour tous, « le devoir de reconnaissance », celui auquel se réfère Romain lorsqu’il parle « d’acheter des cadeaux à sa famille pour tout ce qu’ils ont fait pour moi et faire le bien à quelqu’un qui est venu m’aider quand j’étais en difficulté » et d’une manière générale, l’attention portée aux autres, la nécessité ressentie de les aider, leur apporter soutien et réconfort. Ainsi que l’explique Tran : « Pour moi, ce qui me pousserait à faire le bien, c’est de voir les personnes en difficulté et qui auraient besoin d’aide, car ça envoie des émotions lorsqu’on aperçoit des personne en détresse », ce qui suppose aussi que l’on ait le regard tourné vers les autres, que l’on s’intéresse à eux. Cette aide aux autres peut être apportée de façon très simple, jusqu’à « laisser passer quelqu’un devant moi à la caisse (si peu d’articles). » Pour Christelle, « faire le bien serait […] l’addition de petites attentions, d’actions quotidiennes créant une certaine harmonie ou bien-être entre les personnes » ; et Marie va dans le même sens : « Mon calme et ma patience apaisent ma mère lorsqu’elle commence à s’énerver », tout comme Elodie : « si je sais que ma mère a besoin de faire quelque chose et qu’elle n’a pas le temps, ce serait bien aussi que je le fasse sans qu’elle le demande. » La maman que je suis a envie de dire : « merci les filles ! Et faites-le savoir autour de vous, aux garçons aussi. Est-ce que vous imaginez tous les cercles vertueux que cela pourrait déclencher ? »

En réponse à la question sur les raisons qui les poussent à faire le bien, les jeunes répondent souvent avec beaucoup de maturité et de finesse, ainsi qu’en témoignent ces propos d’Aline : « […] si l’on déteste quelqu’un et qu’on l’aide tout de même ? Dans ce cas, on peut estimer que ce qui me pousse à faire le bien vient de mon éducation, une espèce de respect pour l’humanité en général, de respect civique ou la croyance en Dieu. Si je sauve un ennemi de la mort, c’est sûrement ma propre peur de la mort qui me pousse. Ce qui nous pousse à faire le bien, c’est notre capacité à nous mettre à la place des autres, l’empathie. Parfois, la simple satisfaction personnelle de « servir à quelque chose » nous pousse à faire le bien. »

Qu’on ne s’y trompe pas, ces jeunes ne sont pas en train de nous dire qu’ils font le bien en permanence. Ils analysent aussi les raisons qui les freinent dans la réalisation du bien, des raisons quelquefois fort justifiées d’ailleurs, comme pour Samia : « Les actions faites sont perçues de façons différentes par les gens. Pour avoir fait le bien, j’ai récolté la reconnaissance et le respect des uns, la jalousie et les mauvaises paroles des autres. […] Genre je suis la fille qui n’a rien d’autre à faire que d’aider toutes les personnes qui ont des soucis. Je n’en suis pas là non plus. Je ne suis pas Mère Thérésa ! » Ce que beaucoup disent, cependant, c’est la joie qu’il y a à faire quelque chose de bien : « lorsqu’on accomplit un acte de bienfaisance, on ressent une autosatisfaction, une sensation de bien-être », « une espèce de quiétude intérieure, un bien-être inexplicable », voire « une certaine fierté, une certaine auto satisfaction après un bon acte ». Il me semble que c’est bien cette fierté-là que tout parent aimerait voir se développer chez son enfant, celle qui donne confiance en soi, comme dit Samia.

Alors, comment faire ? La question demeure et la réponse est individuelle, il n’y a pas de solution toute faite. Néanmoins, la lecture de cet ouvrage m’a fait avancer dans ma réflexion. Elle a aussi changé mon regard sur les jeunes et m’a rappelé mes responsabilités d’adulte vis-à-vis d’eux. Je laisserai Damien conclure : « Car si nous-mêmes, nous ne faisons pas le bien, pourquoi les autres le feraient-ils ? »


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17 commentaires

  1. DD le 29 Mai 2011 à 7:19 1

    Et bien, c’est bien agréable de lire cette petite dissertation sur le bien !
    Je suis enseignante et je dois dire que c’est quelque chose qui me travaille et que je travaille avec mes élèves puisqu’il est bien entendu que, de nos jours plus que jamais, nous ne travaillons pas que notre discipline avec nos jeunes. Et il est vrai que cette valeur n’a pas disparu, même si elle peut paraître un peu désuète pour certains , un peu « bouffonne » pour d’autres . Dans tous les cas, si cette tendance naturelle à faire le bien est bien vécue par celui ou celle qui la met en pratique, elle est toujours respectable et appréciée par leur entourage.
    Il est vrai qu’il est important de leur donner le temps de s’attarder sur la question, d’y songer et de s’exprimer et que c’est un de nos devoirs d’adultes que de répondre à ce besoin.

  2. Ms le 30 Mai 2011 à 0:35 2

    Il est vrai, distinguer le « bien » du « mal » est finalement une perception subjective qui évolue en même temps que la société. Comme le dit Samia, « les actions faites sont perçues de façons différentes par les gens »… A mon avis, là réside toute la difficulté justement!

    En fait, je pense qu’au-delà même de distinguer le « bien » du « mal », ce qui est difficile est de ne pas suivre le courant, de ne pas toujours aller dans le sens de la société et de tenter de gérer tant bien que mal le fait que certains voire même beaucoup ne seront pas d’accord avec ma perception de la chose. Imaginons que, d’après moi, fumer n’est pas bien. Je décide donc de ne pas le faire mais, pourtant, la majorité de mon entourage fume. Je trouve qu’il faut faire preuve de pas mal de courage pour s’affirmer et oser ne pas se fondre dans la masse. Affirmer sa personnalité, ses principes, ce en quoi l’on croit me semble très difficile lorsque l’on est minoritaire tout en sachant que bien souvent nous pouvons être seul contre tous avec un point de vu différent!

    Alors, certes, nos parents en tant que nos exemples et responsables se doivent de nous guider pour distinguer le « bien » du « mal ». Encore une fois, cette notion étant subjective, tout dépend de leur propre éducation, de leurs croyances, etc., mais je pense vraiment que la difficulté se ressent dès lors que l’on se confronte à la société et que l’on ne la suit pas…

    Si l’on considère un enfant qui a bien compris que l’acte de voler est illégal, est « mal », il sait apparemment faire la distinction entre le « bien » et le « mal », du moins pour ce qui est du vol, donc le contrat parait remplit. Cependant, si ce même enfant une fois dans la société se trouve confronter à de mauvaises fréquentations, bien qu’il sache au plus profond de son coeur que voler n’est pas « bien », il suffit qu’il n’arrive pas à prendre le dessus et que la simple influence de quelques copains prédomine ce principe qu’il a appris de ses parents…

  3. tig le 31 Mai 2011 à 0:22 3

    @Ms
    La question que vous soulevez est clé ! En effet si un enfant a bien appris certains principes dans son enfance grace à ses parents, il n’est pas certain qu’il arrive à les appliquer sans peine, notamment au moment de l’adolescence où la pression est à son apogée.
    Alors à mon avis c’est à ce moment là que doit se faire entendre la force de caractère. Oui mais comment ? En ce qui me concerne j’ai souvent réussi à rester de marbre face à mes fréquentations car je savais POURQUOI je faisais les choses. On m’a expliqué et j’ai moi-même réfléchi au pourquoi il était préférable de faire ou ne pas faire certaines choses. Ainsi ma conviction s’est batie de facon solide et cela m’a donné la force de caractère requise pour ne pas me laisser influencer (ou du moins essayer) une fois lancée dans cette jungle.

    D’autre part mes parents ont souvent insisté sur le sens de dignité. Et en général lorsqu’on touche à la dignité alors ca parle directement aux gens. On se redresse, on se tient droit, on cogite et on voit vite si notre comportement est digne de nous – ou pas. Par exemple pour la question du tabac, mes parents ont toujours manifesté une espèce de hauteur et de désinteret profond – alors je n’ai même jamais été tentée de tester tellement ca me paraissait moi-meme sans intéret. C’est difficile à expliquer étant donné qu’il s’agit plus du domaine du ressenti…

    Merci pour cet article en tout cas !

  4. mike le 01 Juin 2011 à 0:45 4

    @MS et tig; on peut se reposer aussi sur des choses logiques ou évidentes pour renforcer notre motivation à garder le cap; être en bonne santé est un don, nous n’y pouvons rien dès le départ, c’est génétique, n’est ce pas? ; on sait maintenant à la lumières des études médicales que le tabac, la mal bouffe, tuent; donc si on a un objectif et que l’on respecte la vie et la bonne santé que l’on possède, nous nous efforcerons alors de ne pas attenter au bon fonctionnement de notre organisme…on peut avoir une vie riche en épreuves excitantes sans céder à ces mauvaises habitudes qui nous font perdre notre part de liberté de mourir en bonne santé et de rester indépendant des autres durant nos vieux jours plutôt qu’être atteint d’une maladie incurable.

  5. tig le 01 Juin 2011 à 17:53 5

    @Mike
    Vous avez entierement raison, ces arguments logiques peuvent etre sources de motivation. Ceci dit en ce qui me concerne cela ne fonctionne que si ma raison a son mot a dire. Malheureusement lorsqu’il s’agit de pulsions la raison n’a pas forcement le dessus et ces arguments tombent donc souvent a plat. C’est pourquoi je me basais plus sur quelque chose qui aurait ete construit sur le temps et qui ferait partie de soi.

    De plus ces arguments sont parfois trop loin de nous. Exemple: mon neveu a 14 ans et veut devenir sportif professionnel. Il s’entraine beaucoup et a un bon niveau. Recemment ses parents se sont apercus qu’il s’etait mis a fumer un peu, probablement pour faire comme les copains. Quand on lui a dit « mais penses un peu a ta sante. Si tu veux devenir pro, tu ne peux pas te permettre de te ruiner la sante avec la cigarette », le message semblait passer. En realite il disait « oui oui » et puis a continue. Mon analyse est qu’on lui parlait d’arguments et d’objectifs qui sont, certes vrais, mais beaucoup trop loin de lui pour pouvoir resister a l’influence du moment. Il sait tout cela, mais il ne veut pas etre marginalise, alors il opte pour la solution « faire comme les copains ».
    Donc ces arguments peuvent etre complementaires bien entendu, mais neanmoins tres variables (selon les individus, age, maturite, situation etc.)…

  6. Ms le 01 Juin 2011 à 18:44 6

    @Mike, @tig: Je pense aussi que ces arguments qui, finalement, appartiennent à la vie de tous les jours sont parlants et concrets… Cependant, votre échange me fait penser à un argument nouveau qui me semble indispensable: le fait de vivre les choses pour les comprendre… En effet, en vous lisant, bien que je sois d’accord avec vous et qu’à la lumière de ce que vous dites, plusieurs approches sont envisageables suivant la personne dont il s’agit (comme vous dites: l’âge, la maturité, …), je pense que ce dernier argument est, lui, universel !

    Bien entendu, je ne veux pas généraliser. Je conçois bien que pour certaines personnes, il suffit de leur expliquer le pourquoi du comment pour qu’ils comprennent et changent d’attitude. Cependant, de manière générale, pour toutes personnes, je pense profondément que dès lors que l’on vit quelque chose, tout devient plus limpide et concret au possible. Pour ce qui est de l’exemple de votre neveu, outre son âge et le fait que devenir sportif professionnel est assez lointain, je pense que s’il avait vécu des désagréments dû au tabac, ou s’il avait vu de ses yeux chez une personne qui lui est proche ce que le fait de fumer peut engendrer (ou pas forcément d’ailleurs), cette idée de danger lui aurait, peut-être, apparu plus claire et tangible…

    A mon avis, c’est souvent le même raisonnement qui revient chez beaucoup de gens, moi la première: de toute façon, ça n’arrive qu’aux autres… Une personne qui a ce genre de raisonnement est donc quelqu’un qui n’a pas encore vécu la chose, quelqu’un pour qui l’idée en question n’est pas palpable… Il est possible qu’elle y adhère mais, peut-être, pas assez pour en être convaincu au point de la respecter coute que coute… C’est pour cette raison aussi que, d’après moi, nous pouvons faire des erreurs de nous-même alors même que nous savions que nous ne respectons pas le principe de base que l’on nous a inculqué… Bien évidemment, d’un côté c’est profitable d’apprendre de ses propres erreurs, c’est bien plus marquant et enrichissant, mais, de l’autre, ça peut être douloureux, voire dangereux…

    Tout dépend de la façon dont Il pense que nous devons assimiler certaines choses, je pense… Pour moi, il n’y a donc pas de solution commune: pour certains domaines et pour certaines personnes, la simple explication des méfaits d’une chose est suffisante et, pour d’autre, le vivre sera la solution…

  7. mike le 02 Juin 2011 à 13:11 7

    je suis d’accord avec Ms, tout dépend des gens et de leur état psychique voire spirituel…
    le discours que je vous tiens vient d’une maturation de ma pensée et d’un cheminement long d’étudiant et de soignant qui a vu des cancéreux cracher leurs poumons et remplir les hôpitaux; quand j’étais enfant mon niveau psychique m’a poussé a faire beaucoup d’expérience de la sorte, fumer du bois séché dans la nature à 14 ans pour vivre comme les ‘grands’ puis fumer les clops des copains qui les distribuent dans les soirées et se laisser tenter par l’alcool etc; au final vous rejetez tout en masse vers 18 -19 ans quand votre éducation est saine et a du bon sens ; j’ai eu honte de moi la première fois que j’ai acheté un paquet de cigarettes dans un tabac, je me suis trouvé ridicule d’avoir une clop au bec et de marcher dans la rue avec un air agar, la bouche pue, les habits puent; ça été une constatation des faits vécus sur une base saine d’éducation (bien que mon père fumait à l’extérieur de la maison donc il y a eu aussi une imitation dans le comportement); donc voilà il y a un contexte et un personnage, il y a des gens qui on une force de caractère et qui n’ont pas envie de faire des expériences qui finalement sont inutiles à part pour celui qui n’a pas encore développé le mental de comprendre et qui doit passer par cette étapes; mais allez expliquer cela à un enfant, il trouvera la ruse de se dire que lui est dans la situation qui doit faire les expériences; après pour les autres on ne peut pas juger, il faut voir le contexte général et l’éducation parentale; si les parents fument à quoi bon?, si les parents ne respectent rien, à quoi bon? si les parents se réfèrent aux codes sociaux ou moraux, ou pas? (le tabac et l’alcool sont des drogues licites); c’est accepté par la société donc si c’est cela notre référence à quoi bon? arriver à comprendre qu’il y a un profond respect de la Vie en ne cédant pas c’est une autre niveau… mais finalement on peut être sportif et fumer et boire occasionnellement donc cet argument ne convient pas à cet enfant, d’ailleurs veut-il vraiment devenir un sportif professionnel, ou est-ce que ce sont ses parents qui le poussent?? on peut imaginer toutes les situations, bon courage!

  8. Happiness le 02 Juin 2011 à 18:31 8

    Après la lecture de ce bel article, je m’attarderai surtout ce que l’on ressent lorsque l’on fait le bien, à savoir cette sensation de bien-être, de quiétude intérieure, de bien-être inexplicable.
    C’est d’ailleurs après avoir accompli un acte positif dont je suis la seule à avoir connaissance que j’éprouve cette sensation avec le plus d’intensité.

    Je me souviens avoir une fois aidé un sans abri croisé dans un état catastrophique et de souffrance extrême dans la rue. J’ai fait le nécessaire pour qu’il soit vu par un médecin, je suis allée à la pharmacie lui chercher les médicaments dont il avait besoin dans l’urgence, je lui ai donné la somme dont il avait besoin pour pouvoir continuer à suivre son traitement, etc..
    Et à la fin, alors que j’avais vraiment l’impression d’avoir fait quelque chose de bien, j’ai eu envie de raconter tout ce que j’avais fait pour cet homme, combien j’avais prêté attention aux détails, etc..

    Et c’est alors que l’acte a complètement perdu de sa valeur à mes yeux.
    Désormais, je m’efforce, dans la mesure du possible, de ne pas « étaler » mes bonnes actions. Car elles ne sont jamais aussi précieuses que lorsque je suis la seule à en avoir connaissance.

  9. juliette le 02 Juin 2011 à 20:43 9

    Je pense qu’un jeune, bien que ce mot m’agace un peu car il est preque discriminatoire, a plus envie de se lancer dans l’action du « bien faire » s’il a confiance en lui. Il se sent solide sur ses assises et s’autorise la possibilité de regarder l’autre d’une façon positive et de veiller à son bien être pour partager ce sentiment avec lui. « Je suis bien, j’ai confiance, j’ai envie que mon copain soit bien aussi, je vais tâcher de faire ce qu’il faut pour. »
    Cela implique également que son entourage d’adultes lui retourne et suscite en lui le respect qu’ils attendent de lui, lui donne le goût de la dignité, et ce zest de courage indispensable à cette entreprise pas si simple : accomplir un bon acte dans le sens de la vertu.

  10. Agathe le 02 Juin 2011 à 22:58 10

    C’est drôle, mais en lisant ce résumé, je me suis souvenue d’une expérience de « faire le bien » vécue il y a une quinzaine d’années, quand j’étais « jeune » donc …à 18 ans !
    C’était l’année du bac et je ne me souviens plus exactement par quel moyen mais une association d’élèves avait pris l’initiative de faire des des colis de nourriture à envoyer au Rwanda. Nous étions un groupe à nous être bien organisés -en dehors des cours- pour collecter les dons, mais le dernier jour où il fallait faire les cartons, nous avons dû « sécher » un cours de 3h de philo… Je me souviens très bien de mon « idéalisme » de l’époque, je ne me suis pas une seule seconde poser la question : je devais sécher ce cours pour faire cette bonne action ! Mais l’affaire a pris des proportions inattendues, la prof de philo dont nous avions « abandonné » le cours l’a très mal pris, ne comprenant pas du tout notre choix ! Elle a même convoqué nos parents pour parler de cet incident, etc.
    Je dois dire que mon idéalisme en a pris un coup : un adulte (que j’estimais) ne comprenait pas ma façon de faire le bien et pire encore, la sanctionnait ! Heureusement mes parents, eux, m’ont absolument soutenue ! Ils s’étaient mis « à mon niveau » de jeune adulte, certes immature et maladroite mais qui tente de faire quelque chose de bien… C’est cela qu’ils ont encouragé…
    Aujourd’hui je n’agirai peut-être plus de la même façon mais je tacherai de m’en souvenir pour mes enfants !

  11. Bolo le 03 Juin 2011 à 2:29 11

    Morale, éducation, pulsions et influence du milieu.
    Voici donc un coktail détonant qui est la base de toute pratique spirituelle.
    Sachant que résoudre cette équation peut prendre une vie entière, voire plus, il est logique
    qu’un  » jeune » , même bien éduqué, puisse faillir. Ce qui rend d’autant plus méritoire les interviews du livre pré-cité, à propos de faire le bien.
    Mais la première des choses ne serait elle pas de définir l’acte de « faire le bien » de la manière la plus universelle possible?
    C’est à dire, de manière spirituelle, sans référence aucune avec la morale religieuse, clanique, sociétale et subjective qui varie avec le temps et le lieu?
    Le Bien, pour moi, se ramène à cette règle d’or:
    faire aux autres ce que tu aimerais que l’on te fasse et ne pas faire aux autres ce que tu n’aimerais pas pour toi- même.
    Ya pas d’arrangements.
    Tuer,voler,médire lèse le droits des autres. Fumer lèse le droit de son corps ( et des autres aussi)Mentir c’est plus délicat. Car on peut mentir pour épargner la souffrance à autrui.
    Mais même si on se repose sur ce principe inaltérable, comme sur un socle en béton, cela suffit-il à contrecarrer les pulsions, les ruses du soi imperieux et l’influence du milieu ?
    Il faut toute une vie. et à condition que l’on soit décidé à travailler dessus.
    J’aurai pourtant tendance à dire aux « jeunes » ( en tout cas, aux miens), que pour alleger l’épreuve, il faut faire le bien, non pour soi, ni pour le récipiendaire, mais pour Dieu.
    Cette cause abstraite et mystérieuse qui jamais ne trahit, qui se moque du milieu et de son influence, et qui nous donne de l’énergie quand l’ingratitude des autres nous ferait lacher.
    C’est à mon avis, en décentrant l’acte de son propre désir, pour l’offrir en intention, à qque chose qui nous transcende, que l’on peut mieux lutter contre sa déformation ( par le milieu et/ou ses propres pulsions) et son abandon.

  12. mike le 03 Juin 2011 à 23:37 12

    @bolo : je suis d’accord, sans cette transcendance les écueils sont innombrables et même insurmontables! sauf si on tire toujours un profit palpable de cet altruisme qui devient finalement beaucoup plus fade parce qu’intéressé.
    @ agathe : je n’aurais pas aimé être à la place du pauvre prof de philo qui a du ce sentir profondément vexé… (je ne développe pas plus)

  13. MH le 07 Juin 2011 à 9:39 13

    Je suis agréablement surprise de voir que ce discernement entre « bien » et « mal » est toujours le même!
    Ces jeunes font des réflexions que je qualifierais « d’universelles »: ce sont les mêmes réflexions qu’auraient pu faire des jeunes de ma génération ou, sans aucun doute, des générations précédentes.
    Le respect d’autrui est réellement une valeur de tous les temps.

    Quant au problème du tabac, j’ai un fils qui fume, et qui s’y est mis « sur le tard », à cause de la pression de son entourage professionnel, et j’en suis navrée… Mais rien n’y fait, aucune de mes argumentations…
    Et pourtant, à côté de cette mauvaise habitude, son comportement est si digne, que j’imagine que cette addiction est trop forte, au-delà du simple bon sens!

  14. révo le 07 Juin 2011 à 23:08 14

    @Hapiness
    merci de raconter ces détails … je note …
    j ai tendance à garder pour moi car souvent l interlocuteur n est pas sur la même longueur d ondes alors mes efforts et mon intention sont mal perçus… voire pas perçus…
    et à quoi ça servirait dans ces cas là…
    je m oblige néanmoins à en parler pour créer l émulation chez mes enfants… j ai appris à donner ressentis et descriptifs détaillés dans ces moments éducatifs … et surtout à préciser tous les bienfaits – qui en découlent -observés pendant et après … des choses claires simples accessibles évidentes !

  15. mia le 08 Juin 2011 à 12:26 15

    @DD
    Oui, prendre le temps avec nos jeunes de parler, de réfléchir sur le bien, c’est important.
    Envisager que c’est un devoir d’adulte car les jeunes ont ce besoin est motivant et réaliste.
    Même au delà des moqueries faciles sur le sujet, je vous rejoins, la valeur qu’est le bien est toujours appréciée et respectée. Même si je ne suis pas sympa avec les autres, j’aime que les autres soient sympas avec moi, cela semble universel. D’ailleurs cette valeur se retrouve dans tellement de films, de séries qui finissent « bien »!

  16. Ms le 12 Juin 2011 à 5:27 16

    En lisant tous les commentaires, je me demande si parvenir à discerner le « bien » du « mal » ne réside pas dans la phrase suivante: « agissez envers les autres comme vous aimeriez qu’ils agissent envers vous » … ?

  17. radegonde le 28 Juil 2011 à 21:03 17

    Je ne pense pas être la seule à avoir fait l’experience d’une »bonne action »envers une personne de ma famille, très isolée socialement ( j’étais très contente de passer quelques jours avec elle= cadeaux, sortie au restaurant..) et entendre dire plus tard que j’avais été « insuportable » ………..
    Je me suis vue en train de dire: « avec tout ce que j’ai fait pour elle. ». et avoir honte en même temps d’étaler « mes bontés »!!!

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