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Quels fondements pour une éthique planétaire ?

Par , le 3 Oct. 2011, dans la catégorie Lectures - Imprimer ce document Imprimer
Faire confiance à la vie, Hans Küng

Hans Küng, Faire confiance à la vie, Seuil, 2011

La théologie n’est pas toujours le signe d’un enfermement dans l’idéologie d’une religion. Nous en avons la preuve avec Hans Küng qui dans son dernier ouvrage « faire confiance à la vie » nous invite à un voyage introspectif rafraichissant, atypique et visionnaire. Le parcours de ce chrétien authentique mais à la critique franche et à l’ouverture provocante pour la hiérarchie de sa religion en font un penseur engagé et libre qui se livre dans les quelques 300 pages autobiographiques récemment éditées.

S’il est souvent en opposition avec la pensée officielle, ses questions et ses idées n’en sont pas moins intéressantes et incitent au questionnement et à la réflexion. Et c’est tant mieux !

Son livre s’adresse à « ceux qui ne se contentent pas d’une spiritualité de “bien-être” ou ne demande pas “une béquille existentielle” à court terme… ceux qui ne se bornent pas à “croire” mais désirent “savoir” et donc attendent une conception de la foi fondée d’un point de vue philosophique, théologique, exégétique et historique, avec des conséquences pratiques ».

La messe est dite ! et son corpus risque de décoiffer un peu. « On doit croire ! Croire ? Croire ?? Mais ce n’est pas là une réponse ! Je veux savoir ! ». Pour lui l’acceptation intellectuelle de vérités de foi surnaturelles, souvent sous forme de dogme, n’est pas suffisante. Il invite à une véritable expérience spirituelle.

Après avoir fixé le sens de sa démarche, Hans Küng milite pour le développement de la confiance en la vie. Une « confiance fondamentale en la vie : je peux, malgré le non-sens omniprésent, en toute conscience dire oui au sens de ma vie ». Cette confiance fondamentale constitue pour lui la base de l’éthique et de la science. « La confiance est la base du vivre ensemble des hommes. »

Sur la joie de vivre, le chapitre s’ouvre sur cette citation de Mozart à 29 ans dans une lettre à son père le 4 avril 1787 « je ne me couche jamais sans penser que peut-être, si jeune que je sois, je ne serai plus le lendemain – et pourtant, parmi tous ceux qui me connaissent, aucun ne pourra dire que je suis morose ou triste. Et de ce bonheur je remercie tous les jours mon Créateur et le souhaite de tout cœur à mon prochain ». Cette quête du bonheur tous les hommes la poursuivent selon des voies différentes, mais la question du Créateur finit toujours par rattraper ceux qui l’ont nié à l’instar du plus célèbre d’entre eux qui en fin de vie en appelle malgré lui à Dieu :

« Non !
Reviens !
Avec tous tes martyrs !
Toutes mes larmes coulent,
Vers toi elles coulent,
Et l’ultime flamme de mon cœur
Brule pour toi.
Ô reviens,
Mon dieu inconnu ! ma souffrance !
Mon ultime bonheur… »
La plainte d’Ariane – Nietzsche

Après avoir retenu tous les bonheurs après lesquels l’homme court au quotidien, Hans Küng conclut, « pour le bonheur dans la vie, ce n’est la situation financière qui est décisive, mais l’attitude et l’activité spirituelle ». Le bonheur ne doit pas être entendu comme un état d’esprit euphorique mais plutôt comme un état d’esprit fondamental.

L’homme a soif de savoir, l’histoire de la science nous le montre tous les jours. L’homme cherche a repousser en permanence les frontières de son champ perceptionnel. « Notre réalité, c’est quoi au juste ? » disait Einstein. Seulement 4% de l’univers est connu à ce jour, et encore la matière visible, matérielle. Malgré les efforts continus des chercheurs, notre savoir est construit sur une base étroite et nous offre une vision bornée de notre réalité. Que dire des grandeurs totalement inconnues du monde immatériel ?

Nous sommes face à un « secret impénétrable » : depuis Pascal et Descartes, malgré les progrès formidables de la science, aucune découverte n’a apporté une réponse convaincante aux questions fondamentales de l’origine ou de la cause et de la finalité des conséquences de ce big bang qui eu lieu il y a 13,7 Mds d’années. Ce n’est donc pas à l’extérieur de l’homme que nous trouverons les réponses aux questions que chacun se pose : non pas dans la rotation de la terre, du soleil, du système solaire, de la voie lactée et du cosmos, mais dans une rotation intérieure. « Ou allons nous donc ? Toujours chez nous-mêmes. » Faut-il trouver le chemin de vie qui y mène… l’homme est arrivé aujourd’hui à ses fins à propos de tout, sauf de lui-même, c’est pourquoi tant d’hommes se posent la question « d’où pourrait venir l’orientation éthique ? » ou comment trouver son chemin de vie et le faire aboutir parmi tant de choix possibles dans un l’actuel pluralisme ?

Hans Küng rappelle que l’homme est formé d’une double structure : « je ne suis jamais seulement esprit, ni seulement pulsion ». Je suis à la fois être spirituel et être de pulsions. La spiritualité inclut toujours la corporéité. Apprendre à être un humain ne peut se restreindre à une interprétation biologique mécaniste pour expliquer l’origine des valeurs éthiques et des barèmes des hommes. La capacité à l’altruisme est le propre de l’homme, comportement qui n’existe pas dans le monde animal. Avec la capacité langagière, l’altruisme façonne le caractère social de l’homme.

La véritable question qui se pose pour l’auteur : « comment peut-on, dans les conditions actuelles, amener un respect et une permanence renouvelés des normes éthiques pour guider les hommes vers le bien ? »

Pour lui, son parcours d’ouverture vers les religions de toutes cultures, l’a conduit à cette idée essentielle d’un dialogue des religions en vue d’une éthique commune basée sur la confiance fondamentale, qui a constitué le projet d’éthique planétaire présenté en 1990 aux Nations Unies. Cette éthique serait un consensus minimal à propos de valeurs, de normes et de comportements fondamentaux. Pour atteindre cette éthique raisonnable, point de salut dans les systèmes de normes éternelles, immuables et rigides, transmis par nos prédécesseurs pour être appliqués passivement, « il faut trouver une voie qui tienne compte autant du développement historique des normes éthiques que de leur différenciation selon leurs cultures. En effet, des normes sans enracinement concret sont vides, mais des contextes sans normes sont aveugles. »

Les normes éthiques élémentaires ne doivent pas être des entraves pour les hommes, des chaînes qui enserrent sans utilité la vie ou même l’étouffent. Elles doivent être plutôt des aides, des appuis, des repères pour garder le cap sur les routes de la vie, pour réinventer et réaliser sans cesse les valeurs de la vie, les actions de la vie, le sens de la vie. Et ce pour tous les hommes, religieux ou pas.

Profession de foi que l’on retrouve dans la déclaration pour une éthique planétaire : « nous sommes convaincus que nos traditions religieuses et éthiques, dont certaines remontent à plusieurs millénaires, véhiculent une éthique accessible et viable, pour toutes les personnes de bonne volonté, croyantes ou non. »

La vraie question qui est posée ici par l’auteur : qu’est-ce qui peut être une norme fondamentale valant pour tous les hommes ? Qu’est-ce qui peut aider l’homme à devenir « vraiment humain » ? Partant de l’idée que l’homme, créé par Dieu, peut devenir abject, on peut se poser la question suivante : pourquoi l’homme qui vient du règne animal, n’apprendre-t-il pas avec sa raison à maîtriser ses pulsions qui correspondent au mode instinctif des animaux et à se comporter avec humanité ? Par humanité, Küng entend ici « fonds de valeurs et normes éthiques » qui est attendu de tout homme, quelque soit sa pluralité, considérant que toute personne humaine possède une dignité inaliénable et inviolable. Et c’est sur quoi, conclut Küng, les droits et devoirs de l’homme sont fondés.

Le principe d’humanité évoqué ici se définit par le principe de réciprocité, bien connu aussi bien de Confucius, Jésus de Nazareth ou Kant : « ce que tu ne veux pas qu’on te fasse, ne l’inflige pas à autrui ».

Ce principe doit se décliner à travers une culture de l’humanité, comme pour développer une compétence de l’humain, organisée autour de quatre responsabilités :

  • La non-violence et le respect de la vie
  • La solidarité et un ordre économique juste
  • La tolérance et l’agir juste
  • L’égalité des droits, notamment homme/femme

Hans Küng du haut de ses 82 ans nous délivre dans son livre le manifeste de sa vie avec une conviction et une énergie qui est la sienne depuis des décennies n’ayant pas peur de lutter contre les enfermements de la religion qui l’a nourri et prônant le rapprochement des hommes autour d’un code éthique, véritable code génétique de l’humanité que nous pouvons réfuter sans pouvoir l’effacer de notre condition originelle d’homme.


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8 commentaires

  1. Ms le 04 Oct 2011 à 12:43 1

    « Je ne me couche jamais sans penser que peut-être, si jeune que je sois, je ne serai plus le lendemain – et pourtant, parmi tous ceux qui me connaissent, aucun ne pourra dire que je suis morose ou triste. Et de ce bonheur je remercie tous les jours mon Créateur et le souhaite de tout cœur à mon prochain » …

    Cette citation m’a énormément marqué et je la vois comme un véritable principe de vie, fondamental qui plus est. Pour moi, avoir cet état d’esprit au quotidien est idéal en ce qu’il nous permet non seulement de garder à l’esprit nos objectifs mais aussi d’être conscient du fait que le temps est limité … En ce sens, il faut être efficace et réactif tous les jours. De plus, je trouve magnifique la précision faite lorsque Mozart dit qu’il n’est pas « morose ou triste ».

    En effet, je comprends cela de la manière suivante: certes, nous pouvons mourir demain, mais cette réalité ne sert qu’à rappeler que nous devons faire un maximum durant le temps qui nous est imparti; il n’y a rien de triste en cela à partir du moment où l’on considère cette vie – et même toutes les autres par la même occasion – comme un passage, une étape nous menant vers notre objectif final; un passage que nous devons utiliser au mieux pour accumuler un maximum de « points » pour nous rapprocher au plus vite de notre but.

  2. mahaut le 07 Oct 2011 à 22:44 2

    Hans Kung est-il un ami qui nous veut du bien ? Dans les années 70, plusieurs hommes étaient censurés et/ou connus pour leurs théologies : Theillard de Chardin, de Lubac, Hans Kung et Joseph Ratzinger…

    Theillard de Chardin, et de Lubac sont maintenant reconnus pour la profondeur de leurs pensées. Josep Ratzinger sa foi, sa modestie et sa grande culture l’ont mené là où il est.
    Alors que HK nous a scandé des affirmations que nous, lecteurs avons été intimés de prendre à la lettre. HK n’a fait que multiplier pendant 40 ans des formules à l’emporte-pièce l’aidant à trahir la vérité historique et semble-t-il pour s’aider à se dispenser de parler sérieusement de choses profondes…..

    HK a un sens avisé du marketing, les médias ont été là pour servir son égo et faire leur miel de tout ce qu’il a dit et écrit ? En 1979, suite à une longue controverse avec Rome, il s’est vu retirer son habilitation à enseigner la théologie. Il a été maintenu à l’université de Tübingen comme professeur et directeur de l’institut des recherches œcuméniques….

    Dans la fiche Wikipédia, concernant Hans Kung, on peut lire

    – «  Pour lui, les différentes religions sont l’expression de la légitime religiosité de l’homme. Elles sont ou devraient être au service de l’homme et ne devraient être que des aspects secondaires d’une éthique humaine, et donc mondiale (la « Weltethik »), plus fondamentale, où – finalement – « DIEU EST AU SERVICE DE L’HOMME » . ??????

    – Il se dévoue depuis déjà 1993 à la fondation « Pour une éthique planétaire » (Weltethos) qui cherche à développer et renforcer la coopération entre les religions au delà d’une vague reconnaissance des valeurs communes ».

    Il faut lire « Déclaration pour une éthique planétaire »

    http://classic.weltethos.org/dat_fra/indx_3fr.htm et aller s/ texte pdf. En français

    Si le monde avait pu se faire seul, Dieu n’aurait pas eu besoin de l’inventer ! Où est la place du perfectionnement ? Nous vivons dans un monde sans finalité, par quelle magie des hommes se réuniraient-ils pour trouver ce qu’ils ne possèdent pas en suivant quelqu’un qui a proclamé cette « Déclaration pour une éthique planétaire » ?

  3. mike le 09 Oct 2011 à 22:41 3

    @Ms c’est vrai cette une bonne motivation, en même temps, elle demande une clarté d’esprit très importante en ce sens qu’il faut bien savoir où est sont but et faire rapidement les bons choix (puisque je peux mourir le lendemain) parce qu’elle pousse à une frénésie d’actions qui ne sont pas forcément les bonnes à suivre, et à l’inverse, celui qui est guidé directement par quelqu’un (on va dire supérieur hiérarchique), n’ a pas ces questions à se poser puisqu’il sait si il a accompli les devoirs qu’on lui a demandé; mais quand on est face à un programme immense, c’est plutôt stressant!
    si je meurs demain, mon Dieu je n’ai appris que 3 prières dans ma vie, et tout le reste de mon temps? je vis au jour le jour pour survivre…et ne pas faire trop de bêtises. Pardon.

  4. A. le 10 Oct 2011 à 6:44 4

    A mon avis un des fils conducteurs de ce livre, voir le principal, se retrouve dans le titre même de l’ouvrage : (faire) confiance en la vie. En effet si l’on a une attitude spirituelle et que l’on s’engage dans une activité spirituelle (comme le dit l’auteur « pour le bonheur dans la vie, ce n’est pas la situation financière qui est décisive, mais l’attitude et l’activité spirituelle ») on comprend que l’origine de tout ce qui nous arrive est en nous-mêmes (comme le dit Ostad Elahi).

    C’est-à-dire, on comprend que les expériences que nous vivons, ne nous arrivent pas par hasard et sont en faite orchestrées, façonnées par un Créateur bienveillant et intelligent qui essaie de corriger nos disfonctionnements intérieurs. Avoir une attitude spirituelle veut (surtout) dire – porter un regard spirituel sur ce qui nous arrive et comprendre que les difficultés sont en faite des thérapies et/ou contiennent une leçon spirituelle.

    Par exemple, il m’arrive d’être rétrogradé dans le cadre de mes activités professionnelles, et bien que je garde le même titre qu’avant (un titre assez élevé) mon travail se réduit à celui d’un simple commercial (voir souvent à celui d’une secrétaire). Bien que je cherche un travail ailleurs et j’essaie donc de me libérer/échapper à cette situation, je n’y arrive pas et je souffre. En faite je souffre beaucoup parce que le regard des autres est très dur à supporter. Toutefois j’arrive quand même à garder un certain bonheur parce que je sais que l’orgueil, c’est-à-dire la valeur exagérée que j’ai de moi-même, la frime et l’importance que je donne au regard d’autrui, sont des traits faibles de ma personnalité. Du coup, je me rends compte que ce qui m’arrive n’est pas un hasard, que c’est inscrit dans mon être, et qu’une Source bienveillante m’envoie cette épreuve dans le but de m’aider à m’améliorer.

    Donc mon « attitude/ activité spirituelle » est de me rappeler (chaque fois que je souffre) que même si je suis perdant sur un plan matériel, je gagne sur le plan spirituel, parce que par le biais de ce que je vis le Créateur affectueux et bienveillant, corrige mes défauts. Je me dis aussi que quand je serai «guéri » de mes dysfonctionnements je serai quelqu’un de meilleur, un peu plus affranchi des hallucinations de mon soi impérieux et donc un peu plus libre.

    Par ailleurs, être affranchi du désir de la considération des autres est une qualité vraiment enviable et, à mon avis, c’est une des raisons pour lesquelles l’entretien avec Michael Lonsdale (dans ce site) semble être si simple et direct. Il à l’air d’être indifférent à ce qu’en pensent les autres.

    Donc, en guise de conclusions, le titre de cet ouvrage « confiance en la vie » doit s’entendre/comprendre plutôt comme confiance en la Source de toute vie (ou en l’Etre suprême fondement de toute vie) qu’en tant que confiance en la vie elle-même, entendue comme une série d’actes ou tout simplement comme le fait de vivre.

  5. Cogitons le 12 Oct 2011 à 18:20 5

    Merci pour cet article. Je regrette un peu, quoique cela soit naturel, que nos convictions viennent toujours teinter nos argumentations et ce que nous tenons pour objectivement vrai.

    – « La capacité à l’altruisme est le propre de l’homme, comportement qui n’existe pas dans le monde animal. » Ce n’est pas tout à fait exact. Lire des études sur la question (Frans de Waal, entre autres). Pour un aperçu: http://www.livescience.com/15451-chimps-humanlike-altruism.html

    – « pour le bonheur dans la vie, ce n’est pas la situation financière qui est décisive, mais l’attitude et l’activité spirituelle ». Oui et non. On peut, bien entendu, positiver devant une assiette vide, mais je préfère, pour ma part, bouder devant une assiette pleine (des études montrent qu’il y a corrélation entre bien-être et richesse jusqu’à un certain niveau de revenu – au delà, être plus riche ne rend pas plus heureux). Tout en acquiescent qu’une fois l’assiette suffisamment garnie, il est appauvrissant de ne se soucier que de l’enrichir encore. Il faut définir ensuite ce qu’on entend par « activité spirituelle ».

    – « Nous sommes face à un ’secret impénétrable ». Pour l’instant, oui, mais l’argument du « God of the gaps », c’est à dire, « dès qu’il y a mystère, j’y mets ‘Dieu’ », ne me semble pas convaincant, comme en témoignent, par exemple, les mythologies diverses et variées que les progrès de la science ont envoyées au musée. Le « mystère » n’est pas pour moi une preuve ni une indication de l’existence de « Dieu ». Par ailleurs, la question du « pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien » n’est pas vraiment une question scientifique. Pour certains, ce n’est d’ailleurs pas une question du tout. Car au fond, pourquoi y aurait-il un « pourquoi »? Et comment affirmer qu’ils ont tort, si ce n’est à partir d’un ressenti subjectif ?

    – Au sujet de l’éthique, y-a-t-il tant de pluralisme que cela? Je n’en ai pas l’impression. Il me semble que nous labourons déjà, en occident au moins, un vaste champ éthique commun élaboré au cours des siècles, plutôt récemment d’ailleurs, et délimité par les barrières de la loi. Par ailleurs, pourquoi limiter la recherche de fondements éthiques communs au domaine du religieux ? Cela semble un peu dogmatique. N’est-il pas avéré que les religions ont été, et sont souvent encore, des obstacles au progrès éthique ? A moins, bien entendu, de faire une lecture sélective moderniste et humaniste de l’histoire ou des textes religieux, mais au nom de quoi et selon quels critères ? Ceux sur lesquels la société laïque s’est accordée, souvent en dépit des dogmes et pouvoirs religieux ? Paradoxal.

    Tenez, un exemple d’usage sélectif me saute à l’instant aux yeux (je passe sur l’utilisation « théiste » de ce superbe poème lyrique de ce grand athée de Nietzsche. Je ne suis pas certain qu’il l’aurait approuvée, mais je ne suis pas spécialiste de la question). Vous citez (ou est-ce l’auteur du livre), à propos de l’égalité homme/femme, « Confucius, Jésus de Nazareth ou Kant ». Et pourquoi ne pas citer « Mahomet », autre grande figure du monothéisme ? Serais-ce parce que le sujet et le statut de la femme en Islam, y-compris dans ses textes, est plutôt épineux ? Et pourquoi ne pas citer tel penseur ou telle suffragette qu’ils soient croyants, agnostiques ou athées, mais qui ont sans doute fait autant ou plus que quiconque pour la dignité de la femme ?

    « Dieu », le « Bien », ne se manifesteraient-ils que dans le « religieux », dans les ouvrages et dogmes millénaires, estampillés « religieux », ou uniquement chez ceux, grandes ou petites figures, qui se réclame(aie)nt de « Lui » ? Il me semble que c’est une position intenable, et que si travail sur l’éthique il doit y avoir, il se doit de ne pas se limiter au religieux, mais d’être inclusif et ouvert, entre autres, aux découvertes de la science sur la nature et la nature humaine.

  6. SB le 14 Oct 2011 à 17:50 6

    « pour le bonheur dans la vie, ce n’est pas la situation financière qui est décisive, mais l’attitude et l’activité spirituelle « . Certes, comme @cogitons, je préfère en effet que mon assiette et celle des autres soient pleines ! Mais il est vrai que le vrai bonheur que j’ai pu ressentir dans ma vie est lorsque je m’attelais aussi sincèrement que possible à une activité dite « spirituelle » ou à un acte dit « éthique ». Car à ce moment là, je savais du plus profond de moi-même que c’était LA chose à faire, et que ma place était bien là où je devais être, à ce moment précis, au moment où j’effectuais cette petite chose spirituelle ou éthique. Et lorsqu’il n’y a plus de doute en moi, par exemple par rapport à mes choix quelqu’ils soient, lorsqu’un amour sincère envers une forme de spiritualité s’installe, ne serait-ce qu’un tout petit moment, il me délie de tout intérêt et de toute attente, et c’est là que vient le sentiment du bonheur : lorsque je n’attend rien, lorsque le doute n’a plus de place, lorsque j’ai envie d’aller vers l’autre, lorsque j’oublie mon égo, malheureusement un trop court instant !!, sans pour autant manquer de respect à moi-même. Je sens à l’intérieur de moi que ce genre de bonheur s’imprègne en moi, et qu’il peut être plus durable que le bonheur ressenti lorsqu’une chose matérielle m’arrive, par exemple une bonne nouvelle professionnelle ou autre, même si évidemment je suis bien heureuse à ce moment-là ! mais j’ai aussi ce sentiment que cette chose matérielle peut m’ échapper. Alors s’installent de nouveau le doute, la peur de perdre, et d’autres questions tourmentées qui s’en suivent; et je sens la fugacité de cette sorte de joie. Et je ne sais pas pourquoi, pour les choses spirituelles, j’ai comme l’impression que rien ne sera perdu de tout ce que l’on peut faire ou penser…. Elles font parties de nous, peuvent nous alléger profondément, nous font avancer, comprendre, aimer, nous font avoir un autre regard, et c’est en cela que je parle de « vrai bonheur ».

  7. mike le 20 Oct 2011 à 21:52 7

    @SB merci pour votre commentaire, je vois également le vrai bonheur en ce sens, d’ouverture d’esprit, de compréhension de moi même, de la Vie, d’augmentation de ce champ spirituel de perception qui m’éclaire vers le but que je me suis choisi, ce mélange de raison saine et d’amour qui me fait comprendre le vrai bonheur d’avoir un bien aimé divin et de voir un peu de cette lumière en moi, qui me donne ma vraie raison d’être en tant qu’être humain; chaque pas fait en cette vie est une découverte progressive de cet objectif comme le chercheur qui travaille sur des hypothèses, mais en pratique et ressent un bonheur indescriptible quand il trouve une solution.

  8. MPG le 31 Oct 2011 à 20:21 8

    Le bonheur comme moteur.
    Sur terre, il me paraît être comme la carotte au bout du bâton.
    Il est vers quoi on tend;on ne l’atteint jamais complètement.
    On le voudrait entier, constant, continuel. Nous souffrons de son instabilité.
    Dans notre quotidien nous avons par bribes, de différentes qualités et intensités, beaucoup de petites joies, quelques fois de grandes joies, beaucoup de petites peines et quelques fois de grandes peines. Fluctuations qui ne durent pas, disparaissent, dans lesquelles on ne peut s’installer.
    Le bonheur nous échappe dans son intégrité et son absolu.
    Pourtant il nous motive, on le recherche, comme si on grimpait échelon par échelon notre ascension vers lui, en le construisant sur des bases solides,
    non liées aux différentes émotions, mais en développant les vertus et notre humanité, en s’appuyant sur des valeurs justes et vraies.
    Nous passons notre temps à rechercher à être plus heureux en nous-même et avec les autres et pour les autres.;
    Un jour j’ai lu cette phrase « le meilleur est devant nous  » . Cette phrase relativise
    notre passage sur terre, nos épreuves, nos malheurs.
    La croyance que le bonheur existe, nous aide à transcender et aspirer à la félicité et bâtir ce meilleur.
    Le bonheur comme attraction métacausale pour nous terriens ,qui nous tire vers quelque chose de plus grand, qu’on ne peut vraiment imaginer sur cette terre mais qui peut influencer ce que nous édifions ici . Le bonheur viendrait donc de Dieu puisqu’il nous a crée pour qu’on bénéficie d’une façon absolue et totale
    du bonheur
    Qu’est-ce qui nous pousse autrement à rechercher le mieux et le meilleur?

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