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Pour réhabiliter la gentillesse

Par , le 28 Déc. 2010, dans la catégorie Lectures - Imprimer ce document Imprimer - English version
L'art d'être bon, Stefan Einhorn

L’art d’être bon ou comment montrer que ce qui est parfois considéré dans notre société comme une faiblesse est en réalité une qualité éthique, pas si facile à faire ! C’est pourtant ce que parvient à réaliser Stephan Einhorn, cancérologue à l’hôpital de Karolinska de Stockholm, dans son ouvrage L’art d’être bon.

Stefan Einhorn part du constat que la gentillesse est plutôt mal perçue, ou du moins d’une manière péjorative : souvent apparentée à une faiblesse, voire à une forme d’arriération mentale ou à une stupidité. Or, pour lui, la gentillesse est avant tout une forme d’intelligence : « la gentillesse telle que je la conçois […] ne découle jamais de la stupidité mais plutôt du bon sens ». Elle est une qualité qui permet de vivre selon une éthique du cœur, en se préoccupant du bien-être de ses semblables. Ainsi redéfinie comme « l’art d’être humain parmi ses semblables », la gentillesse s’assure une profondeur inédite.

Mais vouloir être gentil n’est pas aussi simple que l’on pourrait le croire car nous nous retrouvons souvent face à des situations qui demandent réflexion et sagesse avant d’agir. Tenir ses promesses coûte que coûte, est-ce toujours possible ? Mentir pour préserver une amitié, est-ce acceptable ? Si les lois et les règles sont faites, par définition, pour être respectées, il est clair que dans certains contextes, elles ne disent rien de ce qu’il faudrait faire pour être juste, ou commandent des actions inappropriées à la réalité.

Dans l’exercice de sa profession, l’auteur s’est retrouvé maintes fois confronté à des dilemmes, parfois bouleversants, tiraillé entre le « secret professionnel » et le fait de pouvoir sauver une vie en violant le secret médical : « Imaginez que vous soyez médecin et que vous traitiez une femme pour un cancer du sein. […] Elle refuse de le dire à sa sœur cadette qu’elle n’a pas vu depuis plusieurs années,[…] si la sœur reste dans l’ignorance, le risque de tomber malade […] est réel. Si elle est avertie, les chances de prévenir la maladie sont beaucoup plus grandes, mais vous devez alors transgresser la règle et risquez d’être […] condamné par l’Ordre des médecins (sans parler de la colère de la sœur aînée). Que feriez-vous dans ce cas-là ? » Face à ce genre d’exemples, on comprend mieux en quoi la pratique de la gentillesse nécessite bon sens et discernement.

Pour nous guider dans cet art, Stefan Einhorn propose cinq outils :

  1. « L’instauration d’une série de normes […] et de lois éthiques pour nous indiquer comment agir » ;
  2. « Notre capacité de réflexion » qui nous permet d’éviter de faire du mal ;
  3. « La conscience, qui fait office de boussole intérieure » : c’est notre « surmoi » (notre « voix intérieure ») qui nous guide ;
  4. Notre propension à l’empathie qui doit nous aider à discerner comment faire « du bien », et quel est le besoin de l’autre ;
  5. « Nos semblables qui sont pour nous source de conseils et d’équilibre » : ne pas hésiter à demander l’avis des autres avant de décider tout seul ; ce peut être un honneur pour l’autre, d’avoir été consulté !

Le propos est étayé d’exemples concrets qui rendent l’argumentation de l’auteur vivante et convaincante. Aussi, ce livre apporte-t-il la confirmation que la gentillesse bien pensée est un véritable atout, qui profite à soi et aux autres car « personne ne peut sincèrement aider autrui sans s’aider soi-même : c’est l’une des plus belles compensations de la vie ». À travers cet ouvrage, le lecteur est invité à réfléchir avant d’agir, à se donner du temps pour penser aux implications et aux conséquences de ses actes ; mais il est surtout incité à mesurer sa part de responsabilité éthique.

« C’est un peu embarrassant de s’être intéressé au problème humain toute sa vie et de s’apercevoir qu’en définitive on n’a rien d’autre à offrir en guise de conseil que : Efforcez-vous d’être un peu plus gentils », écrit-il dans le chapitre final, reprenant la réflexion de l’écrivain Aldous Huxley. Et pourtant…

Et comment ne pas citer cette règle d’or, qu’il a faite sienne : « nous devrions traiter les autres comme nous aimerions être traités ».

À méditer… avant d’agir.


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48 commentaires

  1. Cogitons le 31 Déc 2010 à 5:39 1

    Etre gentil et être bon, prévenant, généreux, (« kind »), ce n’est pas la même chose.
    Donc il eut été préférable de ne pas mélanger ces termes.
    Car on peut dire: c’était un homme sévère, mais bon.
    Mais on ne peut pas dire, un homme sévère, mais gentil.
    Bref, pour moi, la gentillesse n’est pas nécessairement une vertu. Dans un monde rude, c’est souvent une faiblesse, car être droit demande de la détermination, du courage, du sang-froid, de la hauteur de vue, et surtout, d’avoir la force de déplaire si et quand il le faut. Il faut savoir souffrir, car être honnête envers soi-même et envers les autres, ça fait souvent mal. La gentillesse, la dedans?
    Il défendit ses droits avec beaucoup de gentillesse… Il entra dans la résistance avec beaucoup de gentillesse… Ca ne colle pas, ne trouvez-vous pas?
    Plus j’y pense, moins j’aime les gentils, et plus j’aime les courageux, les sincères, les honnêtes quoi qu’il en coûte, les qui savent qui ils sont, ce qu’ils veulent, surtout pas les mielleux, les faibles, les mièvres, ou les gnangnan (caractéristiques que je vois parfois en moi-même et que je n’aime pas).
    La grandeur d’âme, la force, le courage, la compassion, l’humilité, vouloir le bien d’autrui, oui. Quoi qu’impossible à atteindre.
    La gentillesse… Non.

  2. Bernard Grandadam le 31 Déc 2010 à 20:41 2

    C’est très interessant à la veille du nouvel an, d’avoir ce temoignage touchant du docteur Stephan Einhorn, sur l’utilité, voire la necessité d’être bon. En particulier, l’exemplarité pour les autres et l’impact de « bonne attitude » sur nous et les autres illustré par des études scientifiques me parait très interessant.

    Alors j’en profite pour souhaiter à tous mes meilleurs voeux 2011.

    Bernard

  3. Narjisse le 01 Jan 2011 à 20:53 3

    Heureusement que de telles personnes existent ! Merci pour ces travaux. Merci pour cette implication.

  4. Roxanna le 01 Jan 2011 à 21:44 4

    Il est vrai que la gentillesse peut être détectée comme de la faiblesse et cette qualité est bien plus souvent méprisée qu’appréciée dans la société actuelle. Du moins c’est ce que je croyais étant donné que j’ai du plusieurs fois faire face aux remarques désobligeantes de mes connaissances qui me reprochaient d’être « bonne poire » et que cela était ridicule. Alors j’ai essayé d’analyser ce qui pouvait bien amener mes amis à exprimer de telles remarques. Je trouvais cela aberrant qu’un être humain ne puisse déceler ce qui étais (pour moi) la manifestation d’une profonde gentillesse. Tout le problème réside en fait dans cette réflexion que je me suis faite. En effet, de mon point de vue, pour que la gentillesse puisse être reconnue par la société comme une qualité éthique, il faut analyser notre comportement pour voir si nos actes sont effectués par pure gentillesse. Car il peut arriver et en tout cas cela m’est souvent arrivé, si j’analysais après coup un acte que je pensais avoir fait par profonde gentillesse, il s’est en fait révélé être un acte fait en vue d’un intérêt personnel, d’un objectif précis. Alors dans ce cas, la gentillesse peut être mal appréciée de notre entourage. C’est du moins, la conclusion que j’ai pu tirer de mon expérience personnelle. Après restait le problème de trouver la manière de pratiquer la pure et simple gentillesse sans intentions qui détourneraient cette qualité éthique de son but. En cela, les outils de Stefan Einhorn ont éclairé mon interrogation mais j’ai du mal à imaginer comment pratiquer ces points de manière concrète…

  5. Arno le 02 Jan 2011 à 1:39 5

    D’accord et pas d’accord avec Cogitons !

    D’accord, le titre et le sous-titre de l’ouvrage font penser que bonté = gentillesse, ce qui est peut-être une maladresse dans la traduction de l’adjectif « kind » et du nom « kindness ». Or ces deux mots se traduisent aussi bien par « bon / bonté » ou « gentil / gentillesse », selon que l’on évoque un acte ou une personne ! Et ce n’est effectivement pas la même chose. D’ailleurs il me semble qu’il n’y a pas de sous-titre dans la version originale de l’ouvrage…

    Si la bonté/générosité sont des vertus, la gentillesse est au mieux une valeur, mais purement formelle il me semble. On peut avoir l’intention d’accomplir un acte bon, et le faire avec rudesse ou avec gentillesse. Dans ce cas, agir avec gentillesse serait synonyme d’agir avec tact, avec douceur, en y mettant des marques d’affection, ou de manière agréable,etc. Je dirais que la gentillesse est à la bonté ce que la politesse est au respect : une vertu de pure forme, tandis que bonté et respect correspondraient au « fond », à l’intention que l’on met dans l’acte. Ainsi la gentillesse complèterait la bonté sur l’aspect formel de l’acte.

    Enfin, toujours sur l’aspect formel, se comporter avec gentillesse ne s’oppose pas nécessairement au courage, à la fermeté ou à la sincérité, – vertus qui orientent l’intention de l’acte et non la manière de le pratiquer.

    Quand à défendre ses droits avec gentillesse ou entrer dans la résistance avec gentillesse, cela ne colle pas plus que défendre ses droits avec bonté ou entrer dans la résistance avec bonté. Quoique, il me semble que dans certains cas, on puisse défendre ses droits avec gentillesse tout en restant ferme et droit dans ses convictions. Là j’admets que c’est de l’éthique de très haut niveau !

  6. mike le 02 Jan 2011 à 23:24 6

    d’accord avec Arno, il s’agit bien là de l’aptitude qui est en chaque être humain et que l’on peut potentialiser par nos choix, de faire le bien, de voir le bien, d’agir en bien ; la gentillesse ou la bonté en est une mise en pratique… l’effet qu’aura une telle pratique dépendra de l’intention qui motive cette pratique…
    Pour une situation donnée, une attitude, un acte, une parole, un silence aura un effet positif sur l’autre et en retour sur nous même en fonction de notre intention et de la compréhension qu’on aura de la situation…d’où l’intérêt d’une pratique régulière qui développe notre entendement (expériences, bon sens, intelligence émotionnelle etc)

  7. Laura le 03 Jan 2011 à 0:16 7

    Je pense que Cogitons est un peu extrême dans son analyse. Comme a très justement souligné Roxana, Je pense que tout est une question d’intention et aussi d’équilibre. Oui c’est une faiblesse, quand on est gentil par manque de caractère ou par peur d’autrui ou si l’on en fait un peu trop (manque de bon sens). Si on sait rester ferme quand il le faut, sans tomber dans l’exagération (qui lèse mon propre droit ou celui d’un proche), et surtout qu’on est sincère, pour moi la gentillesse est une vraie qualité humaine. Ca fait chaud au cœur d’être entourer de gens gentils et affectueux (quand ce n’est pas hypocrite) et ca rends la vie plus joyeuse et plus agréable. Dans la société moderne, où personne n’a le temps pour personne, recevoir ou donner une marque de gentillesse « sincère » à l’autre, et bien je trouve que ca fait du bien !

  8. Agathe le 03 Jan 2011 à 13:06 8

    Oui, oui, oui, à la gentillesse !
    et tout à fait d’accord avec Laura : un gentil -même trop gentil- fait plus de bien à son entourage qu’un grincheux, hargneux… Et on le sait : faire du bien aux autres a forcément des retombées sur-soi-même.

    … mai, mais, mais, si gentillesse rime avec bassesse (c’est-à-dire se laisser marcher sur les pieds, sans oser dire ce qu’on pense, agir contre ses convictions par peur, etc;) là on commence à trahir sa personnalité profonde, à nuire à sa dignité…

    Notre débat a le mérite de nuancer cette notion de gentillesse, car loin des caricatures devenir un vrai gentil… n’est pas chose facile. La pratique quotidienne de cette vertu se fait tout en finesse…

    Belle et heureuse année à vous !

  9. Cogitons le 03 Jan 2011 à 21:24 9

    OK, OK, mon premier post n’était pas très… gentil.
    Pour aggraver mon cas, j’ajouterais que je ne comprends pas ce qu’est sensé illustrer l’exemple cité à propos du cancer du sein. Un dilemme moral, professionnel oui. Le désir de ne pas faire de mal inutilement, oui. Gentillesse? Euh.
    Bref, on ne sait pas trop de quoi l’on parle. Arno vise juste, me semble-t-il: la gentillesse n’est pas une vertu. Ce n’est pas le gâteau, tout juste un peu de chantilly.
    « Kindness », en revanche, en est une (vertu, pas chantilly).
    Même Wikipedia le reconnaît, c’est pour dire!
     » Kindness is the act or the state of being kind —ie. marked by goodness and charitable behaviour, mild disposition, pleasantness, tenderness and concern for others. It is known as a virtue, and recognized as a value in many cultures and religions (see ethics in religion). »
    Nous nous trouvons donc dans un cas où il n’existe pas de bonne traduction pour ce terme. Ce qui est intéressant en soi, car cela semble indiquer que certaines cultures ont mieux cerné que d’autres certains attributs. Je ne serais pas surpris qu’on dise bientôt en France, « ouais, ce mec là, il est super kind! », ce qui, n’en déplaise à Pivot, serait un progrès.
    Par ailleurs, il ne me semble pas que la gentillesse soit mal vue, ou qu’elle soit tombée en désuétude.
    Voir ce petit sondage: http://tinyurl.com/23bxdjt
    Elle est même, dirais-je, trop bien vue, prenant le pas sur des valeurs autrement plus difficiles à acquérir.
    Pour se convaincre de la nature bancale du terme « gentil », je vous invite à un petit exercice mental. Imaginez la phrase « il est gentil » prononcée par:
    – Line Renaud
    – Lino Ventura (dans les Tontons Flingueurs ou équivalent)
    – Michel Drucker
    – Thierry Ardisson
    je vous laisse compléter la liste.
    There are all Kinds of gentillesses…

  10. Bernard le 03 Jan 2011 à 23:54 10

    C’est vrai que de nos jours la gentillesse est une valeur assimilée souvent à la faiblesse et naïveté. Néanmoins, cette perception est en train de changer par la nécessité même du monde dans lequel on vie où la brutalité, la violence, l’égoïsme montrent chaque jour la limite des valeurs qui nous gouvernent.

    Tout d’abord, si on remonte un peu plus loin dans l’histoire selon le philosophe Emanuel Jaffelin, auteur d’un « Eloge de la gentillesse », la gentillesse n’a pas toujours eue une mauvaise image. En effet, « dans l’Antiquité, ce terme signifiait l’appartenance à la noblesse romaine, le mot gentils a, aux débuts de l’Empire, définit la nation, puis son contraire, l’étranger, le barbare. Récupérée ensuite par les Hébreux pour désigner les non-juifs (les « goys ») puis par les Chrétiens pour les païens (les « Gentils »), elle devient ainsi faiblesse morale et religieuse. Plus tard, la Renaissance veut revenir à la pureté aristocratique du mot, mais les gentilshommes sont en fait des courtisans, soumis au Roi. 1789 achève la gentillesse, en faisant l’apanage des affameurs du peuple et des vaincus. »

    Par ailleurs, il y a de nos jours de plus en plus de scientifiques comme Stefan Einhorn qui montrent au contraire les bienfaits d’être gentil pour soi même et les autres. A titre d’illustration on peut donner l’exemple du Psychiatre Serge Tisseron, auteur d’un livre très intéressant sur « l’Empathie au cœur du jeu social », publié en 2010. Dans son livre il montre la nécessité de développer en soi la gentillesse pour développer l’empathie. Dans ce cas loin d’être une faiblesse qui inhibe le moi et l’empêche de rencontrer autrui, c’est une force qui permet de s’ouvrir aux autres. Bien entendu, précise Serge Tisseron que « cette gentillesse doit être contextuelle et doit être un choix comportemental qui laisse la possibilité de faire un pas en arrière si on constate que l’autre ne le mérite pas ».

    Enfin, de plus en plus d’initiative en matière de gentillesse trouvent un succès populaire comme l’initiative lancée dans les années 60 au japon par l’université de Tokyo « Le mouvement de la petite gentillesse (Le small Kindess Movement) pour enrayer les violences à l’université. Le work Kindless Movement qui a pris depuis une ampleur mondiale avec le lancement de la journée de la gentillesse le 13 novembre dans plus de 19 pays. En France cette année il a été célébré via la mise en place d’un site internet « lajourneedelagentillesse.com » qui dénombre plus de 1 millions d’actions et la publication d’un article sur ce sujet dans le magazine « Psychologie ».

    Pour moi la question n’est plus de nos jours faut il être gentil, car la gentillesse est donc devenue désormais une nécessité même une vertu très à la mode mais comme l’être :
    « Qu’est ce que la gentillesse désintéressée ‘pour ne pas tomber dans la manipulation’ et dans quelle limite faut il l’être pour ne pas passer non plus pour un naïf ? »

  11. Danielle le 04 Jan 2011 à 12:15 11

    Très intéressée par cette question, la gentillesse a cela de formidable c’est qu’elle est très facilement praticable, un sourire et un petit mot à la caissière, un compliment, une attention… La gentillesse, la bonté, l’empathie et la générosité sont des chemins vers l’altruisme.

    La gentillesse ne connaît pas la honte, de Roger McGowen

    http://paroles-de-sagesses.infini-terre.fr/index.php?la-gentillesse-ne-connait-pas-la-honte

  12. gaby le 04 Jan 2011 à 18:27 12

    …8h15 ce matin, je suis en retard!
    et je vois mon bus qui me passe sous le nez…je me mets alors à courir pour le rattraper…. Malheurement je n’ai pas été assez rapide et le bus allait partir. C’est alors qu’un jeune garçon, que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam, s’est mis a courir… un vrai sprint !!il a tambouriné à la porte du bus et a demandé au conducteur qu’il m’attende !
    Je n’en revenais pas, j’ai juste eu le temps de lui dire « c’est super gentil, merci beaucoup!!! » , je me suis engouffrée dans le bus, et le jeune garçon est parti !
    J’ai trouvé ça énorme, et j’ai ressenti immédiatement une envie de faire quelque chose de gentil aujourd’hui !
    La gentillesse est vraiment contagieuse … au bon sens du terme !

  13. mike le 04 Jan 2011 à 20:17 13

    il faut définir les mots correctement; gentillesse peut exprimer tout et n’importe quoi et avoir une connotation positive ou négative en fonction de ce qu’on entend et de la personne qui utilise ce mot;
    et puis toute pratique se doit d’être réalisée avec bon sens…
    un médecin gentil (affable, humain,souriant, pondéré, juste, non colérique…) est très appréciable par les patients et le personnel mais effectivement on lui demandera surtout d’être compétent dans son domaine et on lui passera bien quelques accès de colère quand c’est pour sauver des vies; sa gentillesse ne doit pas cacher son incompétence, il faudra aussi être ferme et décisif dans certaines situations et sa gentillesse n’attend pas en retour que tout le monde l’aime, mais elle pourra ajouter une plus-value à son comportement globalement plus humain, sa gentillesse ne doit pas être prise pour une faiblesse de caractère sinon il sera vite dépassé par les évènements, etc.

  14. Rosie le 04 Jan 2011 à 22:34 14

    Cela fait longtemps que je m’intéresse à la question de la gentillesse, pour moi synonyme de douceur et de bonté… Je trouve que c’est un apprentissage difficile, un effort perpétuel de maitrise de soi et de nécessaire bienveillance à l’égard d’autrui. C’est pour cela que cet article me donne envie de découvrir le livre en question! A mon sens, la gentillesse ne signifie pas naïveté ou lâcheté, au contraire, elle est le fruit du bon sens et d’une véritable volonté d’agir en bien!
    Il y a peu de temps, en lisant un livre écrit par Sœur Emmanuelle, j’ai découvert une prière qu’elle avait écrite pour tenter de devenir plus douce…. Alors bien sur, on s’éloigne du style contemporain et direct de l’ouvrage de Stefan Einhorn pour entrer dans une vision mystique de la question mais c’est tellement rassurant de voir qu’il y en a d’autres, et de la pointure de cette femme qui s’est dévouée pour les plus pauvres, qui luttent pour tenter d’être meilleur que je ne résiste pas à la tentation de vous en livrer quelques strophes qui m’ont touchées… Un autre moyen d’approfondir la question…

    « (…)
    Seigneur, donne moi Ta divine douceur,
    Toi qui as dit: « Bienheureux les doux, ils possèderont la terre. »
    Donne-moi de saisir chaque chose avec douceur :
    le téléphone et la valise, la plume et le balai,
    la fourchette et le plat,
    et surtout la main qui se tend vers moi.

    Seigneur, donne moi Ta divine douceur,
    Toi qui as dit : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. »
    Donne moi d’accueillir toute chose avec douceur :
    le bon et le mauvais,
    la joie et la peine,
    l’encouragement et la critique,
    l’instant tel qu’il est
    et surtout l’autre tel qui se présente.

    (…)  »

    Sœur Emmanuelle, « Confession d’une religieuse »(édition j’ai lu), page 343

  15. lm le 06 Jan 2011 à 10:32 15

    @Rosie : Merci de nous faire partager cette magnifique prière !

    @Cogitons : Abbé Pierre et Mère Teresa de par leur bienveillance et leur gentillesse vis-à-vis des “déshérités”, leur engagement auprès d’eux, n’ont-ils pas fait également acte de résistance ?

  16. Cogitons le 07 Jan 2011 à 14:09 16

    Tout est question de mot. Je ne sais pas si c’est par gentillesse que l’Abbé Pierre a fait ce qu’il a fait. Plutôt par esprit de révolte viscérale, de compassion, de sens de la dignité de l’autre. Il avait probablement un fichu caractère, qui est parfois le creuset des plus belles révoltes. Pendant que les gentils dormaient confortablement, l’irascible Abbée s’élevait, seul contre l’apathie ambiante.
    Quant à Mère Theresa, les choses sont plus complexes, car il semble qu’elle ait eu, au minimum, une fascination assez morbide pour la souffrance au nom de la rédemption. Déviance typique, de mon point de vue, d’un Christianisme mal compris et mal assimilé. Renseignez-vous au delà de la légende colportée par les « gentils médias », son bilan n’est pas forcément ce qu’il paraît (et personnellement, je me méfie des « Saints » médiatiques qui aiment les honneurs et paraître auprès des puissants).
    Ceci dit, c’est très juste et j’aime bien cette idée, la compassion, par exemple, est une forme de résistance à l’indifférence. La gentillesse à la méchanceté, etc. A chaque époque son combat, et la notre est plutôt celle du combat intérieur (quoi que risquer sa vie et celle de sa famille soit aussi un combat intérieur, non des moindres).
    Mais la méchanceté est-elle un vice? On ne le qualifie pas ainsi en général. Elle peut-être un défaut. On peut être méchant pour bien des raisons et de bien des façons, sans le faire exprès, par éducation, par sadisme, etc. Idem pour la gentillesse. Qu’y a-t-il derrière?
    Et j’en reviens à mon ronchonnement de départ. Je place l’honnêteté et la sincérité, par exemple, notamment et tant que possible envers soi-même, bien plus haut que la gentillesse, que je rencontre finalement assez communément. Je trouve les gens remarquablement gentils, en général (pour ma part, je suis un peu cynique, mais pas vraiment méchant). Si tel n’était pas le cas, la vie en société serait impossible.
    Je préférerais qu’une fois disparu, l’on se souvienne de moi pour ma sincérité, par exemple ou pour mon courage (je n’ai ni l’un ni l’autre, je vous rassure, et j’espère avoir un peu de temps pour travailler dessus).
    Mais « Cogitons, il était gentil, il va nous manquer…  »
    Bof.

  17. nanou le 09 Jan 2011 à 13:57 17

    Apparemment, Cogitons a laissé tout le monde sans voix 🙂
    J’ai lu avec intérêt ce fil de commentaires.
    Il est vrai que la gentillesse n’est peut-être pas la plus grande des vertus. Et en tous les cas, ce n’est pas à mon sens non plus ce qui caractérise au mieux les personnes comme l’abbé Pierre et Mère Térésa. Mais dans un monde où les gentils sont dénigrés, je trouve intéressant de rappeler qu’on préfère quand même avoir à faire à des gentils qu’à des gros méchants. La méchanceté peut sembler plus piquante, mais je crois que c’est quand on la voit de loin, dans les films ou les romans. Pour avoir eu à faire dans ma vie à de vrais méchants, je peux vous dire que les gentils, c’est quand même plus sympa 🙂

  18. Roxanna le 11 Jan 2011 à 7:41 18

    Merci Rosie pour cette magnifique prière que l’on devrait se remémorer chaque matin pour commencer la journée… en douceur 🙂 un vrai ravissement pour le coeur et l’âme …

  19. Songe le 13 Mar 2011 à 12:10 19

    @Cogitons
    Je partage souvent les opinions que vous exprimez. Mais dans le cas présent, si, à une première lecture, je me sentais assez proche de ce que vous exprimez ici, à bien y réfléchir, j’ai aujourd’hui une approche un peu différente.

    En partant d’un peu loin dans le temps, disons, du Tiers-Etat, qui subdivisait la société entre ceux qui parlent (oratores), ceux qui combattent (militares) et ceux qui travaillent (laboratores), il semble clair que notre société actuelle a reproduit une certaine hiérarchie des valeurs et des vertus en se fondant sur cette division.
    Certaines, comme la sincérité ou le courage, que vous citez, renvoient aux oratores et aux militares, d’autres, comme la gentillesse, plutôt à la classe dont la position sociale était la moins élevée. Comme l’indique Bernard dans son commentaire, la notion de « gentil » a désigné successivement des catégories sociales bien différentes au cours des âges.
    D’où ma question : cette perception « servile » de la gentillesse, moins élevée, dont on n’aimerait guère qu’elle soit associée à notre souvenir, n’est-elle pas, pour partie, héritée de cette distinction entre noblesse et servilité ?

    Oui, il faut sûrement cerner une définition opératoire de la gentillesse. La gentillesse serait l’expression d’un certain souci de l’autre, mais pouvant manifester tour à tour un vaste éventail d’intention, depuis une véritable sincérité de coeur jusqu’à une condescendance un peu cynique (par exemple, dans le cas où vous êtes gentil avec quelqu’un dont il vous semble que sa réaction de détresse relève d’un certain infantilisme…).
    Mais je crois que cet examen-là, intérieur, sur votre intention, c’est votre problème à vous. Le gentillesse a ceci de particulier que c’est plutôt du point de vue de la personne qui reçoit cette gentillesse qu’il faudrait aborder la question de son utilité.
    En tout cas, c’est ce que je me dis lorsque je fais l’effort (oui, pour moi, ça reste un effort) d’être gentil avec les gens qui m’entourent.

  20. MIA le 14 Mar 2011 à 11:20 20

    @Songe
    Moi aussi je fais l’effort d’être gentille avec certaines personnes… et pas toutes. Et pas dans le même état d’esprit.
    A force de lire tous ces articles et commentaires, finalement j’ai observé avec stupéfaction que certaines personnes me hérissent tellement que quoiqu’elles fassent je ne supporte l’idée d’être en position de céder un peu de terrain comme du temps, de l’espace, de l’argent, de l’affection pour être dans le concret.
    Alors que pour d’autre alors qu’elles font des actes vraiment perturbants, cela me laisse sans effet… Je reste facilement bienveillante et patiente.
    J’en ai donc déduit concrètement ce week-end que j’ai deux façon d’aborder la gentillesse: pour la personne qui me gêne quand je dois faire le tour de la ville pour la raccompagner et pour la personne qui m’oblige à passer 5 coups de fil et mails en plus pour une simple incompétence et qui ne me gêne pas alors que mon temps est compté.
    C’est bien facile pour moi de discuter gentillesse, c’est une autre affaire de l’appliquer quand je me sens comme une furie prête à hurler pour attendre 5 mns dans une voiture !

  21. Danielle le 14 Mar 2011 à 14:11 21

    Cogitons
    Je place l’honnêteté et la sincérité bien plus haut que la gentillesse,

    Cette hiérarchie dans la pratique de l’éthique repose-t-elle sur une évaluation de la difficulté dans l’effort à accomplir, selon vous, la sincérité réclame donc plus de force que la gentillesse ? Ne faut-il pas, pour qu’elle sonne juste, que la gentillesse s’appuit sur l’humilité ?
    Voici ce qu’explique Emmanuel Jaffelin (Chronique de J. Birnbaum dans Le Monde) :  » Etre gentil constitue en effet une sorte de servitude, mais volontairement déclenchée et ponctuellement agissante. L’acte d’être gentil débute nécessairement par le fait de se mettre au service de quelqu’un d’autre… »
    Ce qui demande, même un instant, un effacement de soi… En prenant en compte la parole d’Ostad Elahi « Faites preuve d’humilité devant ceux qui considèrent cela comme de la courtoisie et de la grandeur d’âme, mais ne vous comportez pas humblement si cela doit être pris pour de la peur ou de la bassesse », être gentil, en relation avec le travail sur le point de l’humilité, n’est ni simple ni facile à pratiquer.

    Emmanuel Jaffelin « L’Éloge de la gentillesse » aux éditions François Bourin.

  22. mike le 15 Mar 2011 à 0:38 22

    « Kindness is the act or the state of being kind —ie. marked by goodness and charitable behaviour, mild disposition, pleasantness, tenderness and concern for others. It is known as a virtue, and recognized as a value in many cultures and religions (see ethics in religion). » (wikipedia)

    d’accord d’accord, gentillesse est un terme fourre tout, imprécis, il dépend complétement de l’intention de la personne qui l’utilise comme attribut pour quelqu’un, mais je trouve que cette définition est formaidable.
    J’ai lu qu’Ostad Elahi, d’après les témoignages, était très avenant, qu’on avait envie d’aller vers lui pour lui parler, qu’il s’adressait aux autres avec amabilité, courtoisie et respect; Je préfère garder en tête ce genre de cette définition quand j’utilise le terme « gentillesse » et non celle galvaudée par la société…

  23. MIA le 17 Mar 2011 à 20:48 23

    @Danielle
    oui être gentil n’est ni simple, ni facile à pratiquer…
    par tatonnements au fur et à mesure des situations, je me rends mieux compte de ce que mon comportement pourrait être.
    Comme cela dépend de chaque personne, cela me demande une remise en cause systématique.
    Néanmoins je repère certains points communs à ma recherche de gentillesse :
    en deux mots, personne n’aime être giflé (au propre comme au figuré) et bien des paroles
    sont de trop… Elles sont trop violentes… Alors le silence est souvent … le mieux quand je ne sais pas quoi dire.

    Pour les actes, j’ai remarqué que la politesse simple est intéressante pour être gentil. Ce sont des codes sociaux établis par d’autres, c’est vrai.
    Celle que j’utilise chez moi est différente de celle qu’on m’a appris dans des voyages comme en Afrique, en Asie et je m’y suis adaptée pour montrer
    mon respect à des cultures nouvelles.
    Ils sont un repère pour tous et quand on se comporte poliment selon la coutume sociale locale et qu’on y ajoute une
    réelle intention sincère, j’imagine que cela génère une sorte d’harmonie au moins intérieure qui finit par se ressentir…
    Celle de dire intérieurement à l’autre, je souhaite être ton ami, je te marque de l’intérêt, je m’adapte à toi, c’est la création d’un lien et je vous rejoins sur
    l’effacement de soi : je laisse de côté ce que je préfère…

  24. or le 21 Mar 2011 à 1:35 24

    J ‘aurai mis la main sur la joue aussi. c vrai qu’on imite mieux qu’on écoute! c bon a savoir

  25. mike le 28 Mar 2011 à 23:25 25

    l’autre jour au travail on m’a dit que j’étais un vrai gentil!?
    que s’est-il passé? en fait la personne responsable de l’organisation globale du lieu de travail et la répartition des salles et du personnel a placé avant mon programme de travail, un autre collègue dans ma salle; elle m’avait prévenu que je commencerais une demie heure plus tard; ce dernier collègue est arrivé en retard et mon programme qui s’est avéré plus compliqué que prévu (détail important qu’elle n’avait pas prévu à l’avance) a du donc démarrer en retard; cette personne responsable de l’organisation s’est rendu compte qu’elle a fait une erreur et s’est excusée auprès de moi de cet imprévu et retard: je n’ai pas rué dans les brancards, je lui ai simplement fait souligner qu’elle aurait du prévenir les personnes qui m’attendaient et qui sont venues à l’heure habituelle et auprès desquelles j’ai du moi même m’excuser de ce décalage dans les horaires; à la pause un collègue de cette responsable a dit a tout le monde ce qui s’était passé et chacun s’est dit quel savon elle a du prendre pour cette bévue alors que non, Mike est resté calme: oh! Mike est une personne vraiment compréhensible, un vrai gentil comme on en fait plus…

  26. radegonde le 19 Juin 2011 à 19:21 26

    est ce que le fait de s’interdir de faire à autrui les  » crasses » que l’on supporte peut être considéré comme de la gentillesse ???????????

  27. mike le 19 Juin 2011 à 22:24 27

    @radegonde : à mon avis, il est bien de ne pas vouloir le mal pour autrui que l’on ne voudrait en aucun cas que l’on nous fasse puisque finalement c’est aussi à nous que nous faisons du mal en agissant ainsi (émotions viles)
    en revanche, est-ce qu’il n’y a pas un manque de faculté irascible dans le comportement de se laisser faire des crasses comme vous dites? et donc un équilibre salutaire à rétablir dans ce dysfonctionnement qui peut peser à la longue?

  28. Ms le 20 Juin 2011 à 13:30 28

    @radegonde: Je dirai que tout dépend de notre intention. Si notre but est de ne pas faire à autrui ce qu’on aimerait pas qu’autrui nous fasse (cf: article), je pense que oui. C’est d’ailleurs, je trouve, une ligne de conduite à suivre quel que soit le domaine car elle permet, entre autre, d’ajuster notre comportement au jour le jour: peu importe ce que fait ou ne fait pas autrui, nous devons nous concentrer sur nous et ce que nous faisons ou ne faisons pas.

    Pour ce qui est du fait de « supporter les crasses », comme vous dites, je ne pense pas que ce soit bon … Je ne suis pas certaine d’avoir compris ce dernier point …

  29. radegonde le 21 Juin 2011 à 22:07 29

    cela vient d’une réflexion que je me faisais; j’ai fait un récapitulatif de ce que j’ai eu à subir dans ma vie et que je me suis fait une obligation de ne pas reproduire sur autrui.. même des actes graves pour lesquels j’ai du travailler sur moi .. ..

  30. adissam le 22 Juin 2011 à 0:53 30

    @radegonde
    Si la gentillesse est ici renoncer à défendre son droit alors vient la question : à quelles conditions peut-on y renoncer sans tomber dans la faiblesse ou la naïveté ?

  31. Ms le 22 Juin 2011 à 13:34 31

    @radegonde: Dans ce cas, je trouve que c’est tout à votre honneur … Nous vivons tous des expériences au quotidien et l’idéal est de les analyser chacune de manière à réajuster notre comportement de manière à ne pas être dévier … Non seulement vous vous servez de ce qui vous arrive pour en apprendre plus sur vous et en plus vous allez jusqu’à vous posez des limites par rapport à autrui … C’est la définition même de « ne fais pas aux autres, ce que tu n’aimes pas qu’ils te fassent » …

  32. Ms le 22 Juin 2011 à 13:41 32

    @adissam: Je suis d’accord. Il faut aussi faire attention à ne pas tomber dans l’excès inverse sous prétexte que l’on veut suivre cette fameuse ligne de conduite. Il faut, je pense, faire la part des choses dans tout cela et adopter le comportement adapté à la situation: c’est certain, il faut faire preuve de gentillesse ne pas se faire marcher sur les pieds pour autant. J’imagine que le comportement que nous devons adopter par la suite est affaire de circonstance et qu’il n’y a pas de réponse universelle, tout dépend …

    Un exemple que je garde souvent à l’esprit est d’agir avec les autres comme ils agissent avec nous. Je tiens à préciser cette pensée car elle peut facilement paraitre catégorique: en somme, il s’agit de cas où une personne à un comportement exécrable à mon égard, je ne dois pas me laisser faire … On en revient à l’idée de ne pas se laisser marcher sur les pieds et de défendre ses droits car si on ne le fait pas on en est responsable, c’est à nous d’en répondre alors …

    Tout est affaire d’équilibre.

  33. radegonde le 22 Juin 2011 à 22:28 33

    je voudrais donner un exemple ,qui n’est pas une preuve de naiveté, mais de travail sur soi: un enfant battu ne devient pas forcement un parent violent, car il évite à son enfant ce qu’il a vécu;
    C’est de cette sorte d’expérience dont je voulais parler ..

  34. Danielle le 23 Juin 2011 à 20:27 34

    radegonde

    « à quelles conditions peut-on y renoncer sans tomber dans la faiblesse ou la naïveté ? »
    En s’interdisant de faire à autrui les « crasses » que l’on supporte… que ce soit considéré comme de la gentillesse de l’extérieur, après tout peut importe. Ce qui compte dans ces cas là, c’est le travail intérieur qui va permettre de faire évoluer la situation, si la personne est malveillante, la gentillesse n’est plus de mise et les crasses ont d’autre noms. Dans une situation de ce genre, on peut remplacer la gentillesse par une distance polie, en restant serviable « pour la forme ». On ne doit pas être dupe d’une situation malsaine, il faut se défendre sans tomber dans les travers de l’autre.

  35. Ms le 27 Juin 2011 à 2:28 35

    @radegonde: Pour en revenir à votre question initiale, je trouve intéressant de reprendre les cinq outils proposés par Stefan Einhorn permettant de réhabiliter la gentillesse et de les appliquer à votre exemple de l’enfant battu qui ne reproduit pas ce qu’il a vécu ou, de manière générale, à votre interrogation:

    1) « L’instauration d’une série de normes […] et de lois éthiques pour nous indiquer comment agir »: sur ce point, vous vous obligez à ne pas reproduire ce que vous avez vécu/subi de négatif dans votre vie; c’est, d’ailleurs, également le cas de l’enfant battu qui s’impose de ne pas faire de même … Vous parlez « d’obligation », ce qui signifie que vous vous imposez une ligne de conduite (des normes, des lois, …).

    2) « Notre capacité de réflexion » qui nous permet d’éviter de faire du mal: je trouve que la réflexion dans votre cas à été clairement faite, d’où, notamment, le terme de « crasses » que vous utilisez à juste titre pour illustrer un mal … D’ailleurs, vous parlez de « récapitulatif » qui, pour moi, va de pair avec la réflexion …

    3) « La conscience, qui fait office de boussole intérieure » : c’est notre « surmoi » (notre « voix intérieure ») qui nous guide: il faut donc avoir conscience de ce qui est mal – un enfant battu ou de manière générale, comme vous en êtes rendu compte, « les crasses que vous supportez » – en faisant la part des choses entre ce qu’il faut faire et ne pas faire … C’est bien votre conscience, cette voix intérieure qui vous a amené à adopter ce comportement qui constitue une véritable rupture avec ce que vous avez visiblement vécu …

    4) Notre propension à l’empathie qui doit nous aider à discerner comment faire « du bien », et quel est le besoin de l’autre: l’empathie étant la capacité de ressentir les émotions de quelqu’un d’autre, se rendre compte, là encore, de tout ce qu’engendre « ces crasses », notamment le fait que vous n’aimeriez pas que quelqu’un d’autre que vous vive cela …

    5) « Nos semblables qui sont pour nous source de conseils et d’équilibre » : ne pas hésiter à demander l’avis des autres avant de décider tout seul ; ce peut être un honneur pour l’autre, d’avoir été consulté ! Ce point vous est propre et, je pense, permet d’avoir conscience des choses. Cependant, je trouve que vous en avez déjà eu conscience au regard de votre démarche; votre décision vous menant à adopter un comportement totalement inverse …

    En somme, pour répondre à votre question suivant l’article et l’interprétation que j’en fais, je dirai que oui: le choix que vous avez fait de vous interdire de faire à autrui « les crasses » que vous supportez peut être considéré comme de la gentillesse.

  36. radegonde le 28 Juin 2011 à 22:38 36

    Ms, après avoir lu votre long commentaire, très explicatif, je vous remercie d’avoir compris ce que je tentais d’expliquer, sans savoir si cela pouvait constituer de la gentillesse ou seulement un « travail sur soi » face à des « accidents de la vie »

  37. MH le 03 Sep 2011 à 15:36 37

    La gentillesse est une valeur féminine… reconnue comme une faiblesse dans le monde professionnel actuel !
    Je persiste et signe: je ne vais pas devenir moins gentille parce que c’est « comme ça » qu’il faut agir dans le monde du travail!
    Seulement, il faudra bien que les autres ne me jugent pas « faible » parce que je suis gentille…
    A moi, donc, de me montrer ferme, malgré tout!
    … Et vivement que les valeurs féminines soient, enfin, reconnues, et que nous, les femmes, ne soyons pas obligées d’adopter les valeurs masculines pour nous faire entendre et respectées!!!

  38. Ms le 06 Sep 2011 à 14:01 38

    @ MH: C’est là toute la difficulté d’après moi. J’ai souvent entendu l’exemple que vous citez par rapport à l’égoïsme; l’idée que l’on doit se comporter de telle ou telle manière, même si cela est mauvais ou peut porter préjudice à autrui.

    C’est toujours l’idée qu’en refusant certaines choses, on est contraint d’aller à contre courant finalement parce qu’on risque de se retrouver seul (même si, je l’espère, bien d’autres personnes pensent que suivre bêtement n’est pas la solution !). Et puis, finalement je me dis que c’est plutôt une forme de faiblesse malgré le fait que tout le monde fait cela pour paraître plus fort et « réussir » dans la vie.

    Si je reprends votre exemple, trop de gentillesse va de pair avec de la faiblesse dans le monde professionnel actuel. Quand on creuse un peu, on pourrait tout légitimement dire que c’est plutôt suivre bêtement les autres qui est une forme de faiblesse, principalement car il y a là un manque de personnalité certain, de la peur, un manque de courage, etc.

    Qui est véritablement faible alors ?

  39. juliette le 18 Sep 2011 à 23:50 39

    Quand on parle de quelqu’un et qu’on dit : « Il est gentil », aussitôt se dessine à l’horizon des esprits : « Il est bêta, un peu crétin, naïf, bonne poire etc. » et même jusqu’à ce mot terrible, un peu demeuré !Quelle erreur et quelle horreur ! Un être gentil est du pain béni pour ses semblables, il vous ensoleille la journée, il vous regarde avec bienveillance, il vous rend meilleur et au bout du compte, il est tellement plus malin que vous !
    On a envie d’embrasser quelqu’un de gentil, celui qui a cet air rieur et avenant et auprés de qui on se sent en confort, pas jugé, proche des autres et en paix. Vive les gentils et qu’ils fleurissent nombreux sur la terre de tous ces hommes de bonne volonté.

  40. Ms le 20 Sep 2011 à 0:51 40

    En ce moment, je m’efforce d’être gentille avec les gens; non pas que je ne le sois pas de manière générale, mais je suis une personne qui ne peut faire semblant donc quand je n’ai pas le moral, ça se voit tout de suite. J’essaye donc d’être souriante, avenante, gentille, quel que soit mon humeur du jour; un peu pour me faire violence.

    Je me suis rendue compte que, pour ma part, être gentille c’est une manière détournée de vouloir plaire au autre. C’est sur, quand on a une personne gentille en face de soit, elle nous plait ou, du moins, on a pas grand chose de mal à dire sur elle … Ce constat m’a amené à un autre constat dont je n’avais pas spécialement conscience auparavant: j’apporte trop d’importance à ce que disent les gens …

    En résumé, alors même que ma pratique de départ était centrée sur un travail sur moi à travers la réhabilitation de la gentille, mon intention à très vite dévier vers ce désir trop présent de vouloir plaire au autre en étant gentille justement.

    Bien que je sois contente d’avoir dénoter un nouveau point sur lequel travailler, je trouve là une limite très étroite et un danger plus que présent pouvant en un rien de temps engendrer une déviation de mon objectif initial.

  41. MH le 20 Sep 2011 à 15:11 41

    Gentillesse = Bonté…
    Je ne vois pas en quoi ce serait une faiblesse!

    Et pourtant, dans le monde du travail, la gentillesse passe pour une tare… Les valeurs féminines comme la gentillesse, la douceur… sont déconsidérées!
    Je suis outrée de cet état de fait, et rester féminine « contre vents et marées » est bien difficile pour une femme manager! C’est pourquoi on en voit souvent se comporter comme des hommes… ce qui est contre-nature et fait passer ces femmes pour des dragons: personne ne souhaite travailler avec (ou pour) elles!!!
    Curieusement, ce sont les hommes qui réhabilitent ces valeurs féminines: ils sont de plus en plus nombreux à amener ou aller chercher les enfants à l’école, par exemple… C’est très bien vu! (mieux que lorsque ce sont les mamans… hélas!)

    Sur un de mes hubs Internet, il y a un article qui s’intitule « La gentillesse ne paie pas: un scoop? ». L’article précise en substance que ce sont les personnes les plus désagréables qui sont les mieux payées! Et plus loin on lit: « … comportements [désagréables] observés le plus souvent chez les hommes, car effectivement ce n’est pas perçu de façon positive chez une femme. C’est tout à fait sexiste, mais explicable – si pas pardonnable – dans nos sociétés judéo-chrétiennes patriarcales et paternalistes. C’est aussi une des raisons qui font que le fameux plafond de verre est si difficile à briser. »

    Désolée de m’être un peu écartée de la spiritualité, mais je parle de la vie quotidienne et des épreuves que je rencontre! (serait-ce tout de même de la spiritualité?)
    😉

  42. mike le 20 Sep 2011 à 17:29 42

    @ ms j’ai eu beaucoup de ces expériences parce que je suis socialement reconnu comme un gentil? dès que votre comportement n’est plus très juste, vous avez un retour de manivelle avec, par exemple, un subordonné qui vous rabaisse devant les autres, etc..

  43. Cogitons le 20 Sep 2011 à 20:23 43

    « Les valeurs féminines comme la gentillesse, la douceur…  »
    Mouaif… Personnellement, je n’y crois pas trop. En fait de douceur, la cruauté féminine peut-être tout à fait stupéfiante. Les plus cruelles sur les champs de bataille, qui arrachaient le coeur de leurs adversaires, c’étaient bien souvent les femmes. Et combien de gars plutôt gentils, des timides, des introvertis, se font mener par le bout du nez par Madame. Ce qui commence d’ailleurs dans les cours de récréation, je m’en souviens encore. Manipulation parfois douce, certes, mais manipulation quand même…
    Je connais quelques jolis spécimens féminins qui n’ont rien à envier à l’autre camp. Des Folcoche, des dragons, comme vous dites, des tout-en-sourire devant et tout-en-fourberie derrière. Ou encore, des dragons froids et calculateurs. Et pourquoi diable la dragonnerie ne serait-elle pas une valeur féminine ? Tout change, et il ne me semble pas que les femmes soient génétiquement programmées pour être plus « gentilles » que les hommes. La culture et l’éducation jouent certainement un grand rôle. Donc à mesure que la culture s’uniformise, les spécificités caractérielles hommes/femmes s’estompent (au passage, la fameuse expérience de Milgram dans laquelle des personnes « normales » se muaient en tortionnaires en réponse à une pression autoritaire n’a pas révélé de différence entre les hommes et les femmes. Hommes, femmes, également tortionnaires en puissance).
    Quant à « la gentillesse ne paie pas » dans le monde de l’entreprise, je veux bien le croire. Il y a, me semble-t-il, incompatibilité entre gentillesse et politique (voire d’ailleurs, les politiciens actuels et passés). Et comme plus l’on monte dans la hiérarchie professionnelle, plus tout devient politique, il n’est pas étonnant de trouver souvent au sommet des gens pas très gentils (ou très hypocrites).
    Tout bien réfléchi, la gentillesse n’est une vertu que si elle s’accompagne de corolaires indispensables tels la droiture et le désintéressement. Sinon…

  44. Ms le 21 Sep 2011 à 0:00 44

    @ Juliette: Je suis complètement d’accord ! C’est assez léger comme définition donnée à la gentillesse mais c’est, malheureusement, véridique bien souvent …

    Je trouve ce que vous dites d’autant plus intéressant qu’on voit bien à quel point nous devons avoir le courage d’aller à l’encontre du courant, à l’encontre de cette société – ce qui est très difficile en ce que nous sommes souvent minoritaires en agissant ainsi – et, par là même, le courage que cela nécessite. Il faut oser. Si je reprends votre exemple, il faut être suffisamment courageux pour ne pas être freiner par les remarques des gens, leurs pensées à notre égard, leurs jugements, etc. Ce n’est pas facile du tout au quotidien et, personnellement, cela me fait peur, même si le jeu en vaut la chandelle.

  45. mike le 21 Sep 2011 à 13:59 45

    @ MH: bien sûr! la spiritualité je pense est la mise en pratique des devoirs éthiques et divins justes au sein de la société et comme le dit cette belle maxime  » que sont la piété, l’altruisme et l’amour pour Dieu, si ce n’est servir la société dans la mesure de possible »

    @ cogitons ; c’est ce que je constate en pratique que si le corolaire manque on échoue

    il faut tout de même rappeler que une bonne attitude globale est être avenant, courtois, modeste et respecter le droit des autres : si la gentillesse peut se teinter de tous ces attributs elle n’en prend que de la valeur (c’est un peu comme dire de qlq qu’il est sympa, ça englobe plein chose mais dès fois notre analyse fait un peu défaut pour spécifier les qualités respectives).

  46. lm le 22 Sep 2011 à 9:23 46

    @ Ms
    Tout ce que vous dites prouve à quel point il faut avoir du courage pour pratiquer “réellement” la gentillesse (cette gentillesse qui ne consiste pas uniquement à plaire aux autres, ni à faire preuve de lâcheté, mais à être constamment attentif aux autres malgré nos préoccupations et nos soucis).
    Cette gentillesse nécessite également une vision juste pour ne pas sombrer dans ces écueils, pour pouvoir également faire preuve de fermeté quand l’entourage tente d’abuser de cette qualité, en vous prenant pour une bonne “poire”.
    C’est impressionnant de constater tous les aprioris négatifs que nous pouvons avoir sur cette vertu.

  47. Ms le 22 Sep 2011 à 23:11 47

    @ Im: Je suis d’accord, oui.

    Votre commentaire me fait à une notion qui, je le pense, va de pair avec tout cela: la sincérité. Comme vous le dites, il faut avoir une vision juste, être attentif, en sommes avoir une bonne intention. Pour moi, cette bonne intention passe principalement par de la sincérité dans nos actes et donc dans nos pensées. On peut d’ailleurs étendre la place importante de la sincérité dans tout point pratique que l’on prend.

    Etre sincère n’est pas toujours agréable mais c’est indispensable pour avancer quel que soit le domaine en question.

  48. Anonymous le 08 Oct 2012 à 22:40 48

    nos comportements jaillissent sur les autres, pour rejaillirent sur nous !

    avant tout il faut penser « juste » ! ne pas hésiter à revoir nos jugements ! le coeur peut être traitre ! penser, qu’il faut penser juste voilà qui peut être gentil !

    gentil dit, sans rien à côté ne veut rien dire ! il faut l’associer à une action !

    une personne qui aura fait du bien aura été gentille, ça ne veut pas dire qu’elle dit amen à tout. !

    On ne peut pas dire que c’est une faiblesse, ça voudrait dire que toute bonne action n’est que faiblesse !

    quand quelqu’un emploie le mot gentil, « simplement » sans ajouter un autre argument n’est pas gentil !

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