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« Métaphysique », vous avez dit « métaphysique » ?

Par , le 1 Nov. 2008, dans la catégorie Articles - Imprimer ce document Imprimer
Les chantres, Louis Boilly

Une question adressée par un lecteur sur ce site me conduit à consacrer quelques lignes à un problème général, touchant à la place des hypothèses métaphysiques dans la spiritualité naturelle d’Ostad Elahi. Certains aspects de cette pensée semblent en effet s’appuyer sur des « vérités » qui dépassent toute possibilité de vérification immédiate, et Ostad Elahi lui-même n’a pas caché le fait que, dans ses années de jeunesse, la pratique des formes traditionnelles du mysticisme (ascèse, expériences visionnaires, etc.) a pu le conduire à certaines vérités de visu — vérités expérimentales, subjectivement éprouvées et validées, et cependant difficilement accessibles par des voies purement intellectuelles, a fortiori par d’autres que lui.

On se pose alors les questions suivantes. N’y a-t-il pas une contradiction entre l’ambition de défendre une idée rationnelle de la connaissance spirituelle, et la nécessité d’introduire, en certains points décisifs du système, des notions qui trouvent leur justification dans une expérience singulière et ineffable, et qui ne peuvent donc se présenter à nous – qui sommes étrangers à cette expérience – qu’à la manière d’un argument d’autorité, parce que « c’est comme ça » ? Plus généralement, comment inscrire, dans le cadre d’une approche rationnelle, des éléments qui paraissent relever du discours métaphysique ou du discours de révélation ?

Je commencerais justement par distinguer nettement ces deux aspects, en faisant remarquer qu’une hypothèse de type métaphysique, qui comme telle ne peut faire l’objet d’aucune expérience directe, ne se confond pas nécessairement avec une vérité « révélée », autrement dit avec une vérité qui, pour être réellement comprise et éprouvée, réclamerait un état de développement cognitif ou spirituel excédant nos capacités ordinaires. En faisant un pas de plus, j’aimerais suggérer que les vérités révélées, qui semblent nous être imposées de l’extérieur et sans discussion possible, peuvent le plus souvent être réinterprétées d’un point de vue rationnel, en fonction d’hypothèses métaphysiques plus générales, ce qui leur confère une signification pratique.

Cette distinction apparaîtra plus clairement sur un exemple : la question de l’intermonde, qui a justement fait l’objet du commentaire à l’origine de ce billet.

L’intermonde est une hypothèse d’ordre métaphysique, au sens minimal où on touche là à un domaine de réalité qui dépasse le champ de l’observation scientifique. Mais je ne dirais pas que ça excède pour autant les limites de notre entendement ou de notre pouvoir de raisonner en général. Bien au contraire : l’hypothèse de l’intermonde me semble une hypothèse parfaitement rationnelle, pour laquelle on peut d’ailleurs donner des raisons. Pourquoi, d’abord, n’y aurait-il qu’un seul « monde », un seul niveau de réalité ? L’existence d’un degré de réalité qu’on désigne communément par le terme d’« esprit » ou de « conscience » suggère déjà que la réalité ne se limite pas à la somme des états matériels de l’univers sensible. Et si l’esprit n’a sans doute pas d’extension en hauteur, largeur et profondeur, il entretient tout de même un rapport à l’espace, ne serait-ce que par le fait que la conscience humaine est incarnée, située dans un corps sensible : alors pourquoi ne pas imaginer quelque chose comme des mondes spirituels, qui auraient la consistance de l’esprit ?

Cela suppose, bien entendu, de retravailler en profondeur notre idée de l’extension (spatiale, mais aussi temporelle), et je ne dis pas que c’est facile. Mais il se trouve que dans la tradition philosophique, des hypothèses métaphysiques de ce genre, touchant à l’existence de l’âme ou de mondes subtils, ont été développées dans un esprit rationnel. Si elles ont parfois donné lieu à des constructions inhabituelles, et si elles se sont le plus souvent développées à partir d’une réflexion sur l’expérience visionnaire des mystiques (d’où une profusion d’images déroutantes, parfois difficilement conciliables entre elles), elles ne sont généralement ni fantaisistes ni arbitraires. Pour peu qu’on les ressaisisse à partir des problèmes qu’elles permettent de formuler, on se rend compte en effet que, tout en touchant à des domaines qui échappent aux procédures de vérification empirique, elles répondent à des exigences de type rationnel, des exigences de compréhension.

Or justement, pour nous qui ne sommes pas métaphysiciens, la meilleure manière d’aborder de telles hypothèses consiste à les considérer comme des cadres de réflexion : non pas comme des objets de croyance au sujet desquels il faudrait multiplier les conjectures – au risque de verser en pleine fantasmagorie, et c’est bien là la limite de toute littérature « ésotérique » –, non pas comme des faits rapportés par un discours de révélation auxquels il faudrait s’en remettre purement et simplement sans chercher à les comprendre, mais comme des repères, des balises, des outils d’orientation qui permettent à certaines questions de se formuler de manière plus précise. Les principes, catégories et hypothèses métaphysiques, le tissu de relations qu’elles dessinent, définissent en quelque sorte une forme de représentation : le cadre ou l’armature de l’image du monde qui nous permet de nous situer dans l’existence. C’est du moins ainsi que je comprends la métaphysique ; c’est ainsi que les philosophes l’ont généralement comprise, même s’ils donnent parfois l’impression de spéculer sur des mondes inconnus. Il ne s’agit donc pas de s’interroger sans fin sur la signification réelle, intrinsèque, de telle ou telle notion métaphysique, mais plutôt de voir où elle peut nous conduire, en quel sens elle peut se mettre à fonctionner et nous aider à (mieux) penser le reste de notre expérience – autrement dit, tout ce qui est à la portée de notre entendement ou de nos sens.

Par exemple, la notion d’intermonde me paraît étroitement connectée à celle du cycle d’apprentissage terrestre. Si on l’envisage du point de vue du perfectionnement, l’intermonde se présente à nous, non pas comme une région suprasensible sur laquelle il faudrait spéculer (où se trouve-t-elle ? de quoi est-elle faite ? questions vertigineuses), mais comme l’idée d’un état intermédiaire entre deux phases du processus de perfectionnement de l’âme : intermédiaire entre deux corps-milieux, ou alors, dans le cas d’un séjour définitif dans l’intermonde, possibilité de poursuivre le parcours du perfectionnement sur un nouveau mode, de telle sorte que se trouvent résolues les difficultés intrinsèques du perfectionnement terrestre. L’intermonde, en ce sens, est moins une région invisible – une région qui échapperait à la représentation scientifique du cosmos mais qu’il faudrait néanmoins s’efforcer de situer quelque part dans notre carte mentale –, qu’un état : il est inséparable du processus de transformation qualitative qui affecte une conscience. Quelle que soit la description concrète qu’on en donne, l’état intermédiaire est requis – et requis du point de vue d’une exigence rationnelle ! – , non seulement pour penser précisément le type de continuité/discontinuité qui existe entre deux vies successives, mais encore pour l’articuler à la question plus générale de la justice et de l’équité dans le parcours du perfectionnement.

Précisons. Sans un état intermédiaire de ce genre, sans un tel « sas » – qu’il faut, encore une fois, ressaisir avant tout comme un seuil ou une transition interne à une conscience, plutôt que comme un « lieu » assignable –, on ne voit pas comment l’âme pourrait avoir une chance de se défaire de l’inertie des croyances et de toutes les habitudes contractées au cours de ses vies précédentes. Plus fondamentalement, étant donné les conditions attachées au cadre de l’existence terrestre, atteindre la perfection dans le cours d’une seule ou même de plusieurs vies terrestre semble une tâche proprement surhumaine, hors de portée du commun. L’intermonde intervient ici comme le principe d’un perfectionnement continué au-delà des conditions particulières de la vie terrestre. Il se confond finalement avec un nouveau régime d’apprentissage des vérités spirituelles – apprentissage « allégé », si l’on veut, un peu à la manière dont un médecin, après être passé par le stade pénible et laborieux du bachotage et des concours, aborde sereinement la phase « recherche » de sa carrière.

Je renvoie sur ce sujet à la rubrique de la conceptothèque intitulée « intermonde », qui développe ces questions en détail. Mon intention était seulement de montrer, sur un cas précis, la manière dont une hypothèse d’allure métaphysique, dépassant a priori le champ de notre perception et même de notre intelligence ordinaires, peut néanmoins être réacclimatée dans le cadre d’une approche rationnelle, soucieuse de définir les conditions concrètes de la connaissance spirituelle.


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36 commentaires

  1. Cogitons le 03 Nov 2008 à 20:26 1

    Merci pour ce travail de réflexion. Mes cogitations intempestives et trop Françaises (où il y a une thèse, le Français cherche l’antithèse) me font toutefois relever quelques difficultés dans votre approche, dont vous êtes très probablement conscient, d’ailleurs.
    – « les vérités révélées, qui semblent nous être imposées de l’extérieur et sans discussion possible, peuvent le plus souvent être réinterprétées d’un point de vue rationnel, en fonction d’hypothèses métaphysiques plus générales, ce qui leur confère une signification pratique ».
    -> Cela s’appelle souvent la « rationalisation », une tendance humaine, presque aussi puissante que l’instinct de survie, qui consiste à se fabriquer de la cohérence et de la justification morale. L’esprit a horreur du vide et de l’incohérent (quoiqu’il soit très attiré par le supernaturel). Cette rationalisation peut d’ailleurs s’appliquer à n’importe quel système de pensée, même le plus abracadabrantesque (je ne dis pas que ce soit le cas ici). Les sectes et les livres d’histoire regorgent d’exemples de ce type.
    Surtout, « Réinterpréter d’un point de vue rationnel » et en dériver « une signification pratique » ne dit rien quant à la véracité objective des «vérités révélées », ce qui pose bien entendu problème aux sceptiques, aux rationalistes, aux chercheurs de vérité en général, et qui explique les débat ontologiques sans fin, y-compris entre croyants.
    Car que cherchons-nous? La cohérence ou la vérité? Dans le premier cas, l’on peut postuler un inframonde, un supramonde, un mégamonde, et toute une cosmologie et une métaphysique pour aller avec, et en tirer pour soi des conséquences pratiques.
    Quelques exemples de rationalisations subjectives dans votre texte (dont de prends le contrepied à dessein):
    – « l’hypothèse de l’intermonde me semble une hypothèse parfaitement rationnelle…
    -> pour ma part, elle me parait parfaitement déraisonnable. Et votre sentiment ne prouve rien (pas plus que le mien, d’ailleurs) quant à l’existence réelle d’un intermonde.
    – « Pourquoi, d’abord, n’y aurait-il qu’un seul « monde », un seul niveau de réalité? »
    -> Et pourquoi pas?
    – «L’existence d’un degré de réalité qu’on désigne communément par le terme d’« esprit » ou de « conscience » suggère déjà que la réalité ne se limite pas à la somme des états matériels de l’univers sensible. »
    – > Ah bon? Le dualisme est-il donc aussi indiscutable? Certains disent pourtant, en se fondant sur de puissantes données empiriques, que la conscience n’est qu’une illusion et/ou que l’esprit n’est rien d’autre que le produit du cerveau, une propriété émergente de la matière, en somme.
    – « Sans un état intermédiaire de ce genre [Intermonde] on ne voit pas comment l’âme pourrait avoir une chance de se défaire de l’inertie des croyances et de toutes les habitudes contractées au cours de ses vies précédentes »
    -> Ah bon? On zappe la mémoire d’ordinateurs hyperpuissants en quelques millisecondes. Pourquoi donc faudrait-il un système apparemment si complexe pour se défaire de quelques « inerties mentales »?
    Etc, etc, etc… J’arrête là la partie de ping-pong.

    Nous sommes pour un temps, et peut-être pour longtemps, des navires perdus dans la brume. On cherche tous la lumière. Pourquoi? Voilà une question intéressante. Mais tant que la lumière ne sera pas faite de manière éclatante, nous avancerons à tâtons en nous inventant, la plupart du temps, des histoires. Je ne dis pas que l’approche rationnelle soit erronée, bien au contraire, mais qu’il ne faut pas se méprendre sur la validité et la nature de nos rationalisations. Et surtout, ne pas confondre cohérence et vérité. De mon point de vue, si vérité métaphysique il y a, on ne peut (pour l’instant) l’appréhender par la raison. On peut, bien entendu, me rétorquer « et pourquoi pas »?

  2. Anna le 04 Nov 2008 à 14:34 2

    Ah là là …. Je viens de me concentrer sur cet article, et je me sens bien petite face à des argumentations aussi construites, ou qui en ont l’air …. car comme le dit et le démontre Cogitons, certaines rationalisations sont subjectives. Et cela me conduit à me poser cette question : n’y aurait-il pas un jeu, intellectuel et brillant, dans l’approche métaphysique de la spiritualité, qui peut-être pousse à réfléchir et s’interroger sur ses propres croyances, mais qui éblouit tant l’auditoire (enfin, comme moi, le quidam moyen…) qu’il en reste coi ? Merci Cogitons pour la contre argumentation, je me suis sentie d’un coup moins impressionnée, et pourrai même faire, à l’occasion, preuve d’esprit critique et constructif, cela doit être à ma portée!

  3. Cogitons le 04 Nov 2008 à 18:17 3

    @Anna,
    Que l’auteur ne m’en veuille pas, car la critique que je lui adresse, je me l’adresse à moi-même.
    Les Français ont quelques qualités intellectuelles qui sont aussi des défauts: l’esprit de contradiction, on l’a dit, mais aussi, la propension à exposer des idées simples dans des termes compliqués (propension à l’ampoulade. C’est joli « ampoulade », non?).
    Si bien que pour arriver au cœur du propos, le lecteur devra dépenser une énergie mentale non négligeable à débarrasser le fond de la forme. Cette confusion des genres horripile le monde entier, sauf « les intellectuels Français » (ce que nous sommes tous plus ou moins), à qui l’on apprend justement dès l’école à faire en sorte que le lecteur « se sente bien petite face à des argumentations aussi construites ».

    Ainsi, nous résumerons le propos suivant:
    “ Mon intention était seulement de montrer, sur un cas précis, la manière dont une hypothèse d’allure métaphysique, dépassant a priori le champ de notre perception et même de notre intelligence ordinaires, peut néanmoins être réacclimatée dans le cadre d’une approche rationnelle, soucieuse de définir les conditions concrètes de la connaissance spirituelle. »

    par:

    « On peut parfaitement rationaliser (justifier par la raison) nos croyances.»

    Je m’élève donc avec vous contre l’obstructionnisme formel (assez ampoulé pour vous?). Encore une fois, que l’auteur me pardonne, ce n’est en rien une attaque personnelle, et cela ne diminue en rien le travail accompli.
    Ceci-dit, Anna, je n’ai pas très bien compris votre remarque “n’y aurait-il pas un jeu, intellectuel et brillant, dans l’approche métaphysique de la spiritualité, qui peut-être pousse à réfléchir et s’interroger sur ses propres croyances, mais qui éblouit tant l’auditoire (enfin, comme moi, le quidam moyen…) qu’il en reste coi »
    Quoi?

  4. suryc le 05 Nov 2008 à 20:49 4

    Un scientifique peut-t-il de ces propres yeux voir, un microbe infecté une cellule au sein d’un organisme ?
    Un scientifique a-t-il déjà vue de ces propres yeux vue une molécule d’Adn ?
    Un chimiste peut-t-il de ces propres yeux voir, ou bien même toucher, sentir une molécule d’oxygène ?
    Un médecin a-t-il déjà vu in vivo une tumeur se métastaser ?

    Ainsi toutes ces notions scientifiques (cellule, molécule, énergie, le point en géométrie..), ont toujours été et seront toujours ‘difficilement accessibles par des voies purement intellectuelles.’, mais c’est leur rationalisation qui a permis le développement des sciences modernes (avec toutes ses applications qui en découlent). Rationalisation rendu possible par le développent de tout un appareillage technique, spécifique a chaque spécialité, ne permettant cependant que de détecter de façon très, très, très pâle certains effets, certaines traces, certaines propriétés, voir même de recréer des conditions artificielles pour avoir une représentation imagée (de qualité très médiocre par rapport à la réalité) de ces phénomènes.
    —Rationaliser ici correspondrait, à utiliser ces effets, ces traces, de ces notions scientifiques (qui sont comme pour les hypothèses métaphysiques ‘des « vérités » qui dépassent toute possibilité de vérification immédiate’), ‘comme des repères, des balises, des outils d’orientation qui permettent à certaines questions de se formuler de manière plus précise.’ Les plus grandes découvertes scientifiques en sont des exemples mêmes.

    J’en déduis, par analogie, que toutes ces notions (intermonde, principes vies successive ascendantes, existence de l’âme céleste) développés par Ostad Elahi, qui sont ‘difficilement accessibles par des voies purement intellectuelles’ peuvent très bien être rationalisées à partir de certaines traces et de certains de leurs effets : les rêves, les NDE, les gens faisant part de récits cohérents de souvenirs de leurs vies antérieures, la voix de la conscience….peuvent être des outils ‘fiables’ pour ‘rationaliser’ ces notions métaphysiques.

    ‘Nous sommes pour un temps, et peut-être pour longtemps, des navires perdus dans la brume,’ d’après Cogitons, mais j’ajouterai: navires équipés de radar…à nous de le mettre en marche, j’en suis convaincu !

  5. Cogitons le 06 Nov 2008 à 16:32 5

    Si « les rêves, les NDE, les gens faisant part de récits cohérents de souvenirs de leurs vies antérieures, la voix de la conscience » étaient des outils fiables qui permettaient de « valider » une théorie, cette théorie serait largement acceptées aujourd’hui. Or il n’en est rien. Le fait que ces phénomènes représentent, de votre point de vue, des preuves objectives ou des indications que votre croyance est exacte, en disent plus long sur votre point de vue, que sur leur réalité objective. Je n’entre pas dans les détails des débats contradictoires qui existent sur les NDE, la conscience, ou les vies antérieures.
    Notez que je préfère ici le terme « valider » au terme « rationaliser » qui prête à confusion. Dans le sens où je l’entendais plus haut et qu’il vous appartient de trouver ou non à propos, qui est de « justifier à tout prix nos croyances et concepts par la raison », notamment quand ceux-ci sont fondés sur des « arguments d’autorité” ou des “vérités révélées”, il va à l’encontre de la démarche scientifique qui, même si elle passe par des phases de dogmatisme car elles est, après tout, une aventure humaine, est par essence sceptique, invite la contradiction, accepte les faits même s’ils sont contraires à ses conceptions, et révise ses théories, en fonction de ces faits, n’hésitant pas au passage à démolir ses dogmes et certitudes. Libre à chacun de chercher des traces dans le brouillard, et d’utiliser son radar, comme vous dites. Mais attention à ne pas méprendre une démarche religieuse/spirituelle pour une démarche scientifique. Le doute est le moteur de la science et du progrès scientifique et humain. Il est donc l’ami de l’homme. Alors qu’il est très souvent (à tort, à mon avis) l’ennemi juré de la foi et de la religion. Il y a là une incompatibilité fondamentale.

  6. George le 06 Nov 2008 à 21:53 6

    @cogitons : je n’opposerais pas comme tu le fais la foi et le doute. Celui qui a la foi n’est pas nécessairement quelqu’un qui est dépourvu de doute. La foi est aussi un processus dynamique qui conduit à sans cesse interroger ses intentions, la nature de ses actes, etc.
    Par ailleurs, l’être humain étant doté de raison, il me semble naturel que celui qui ait la foi prenne la peine d’évaluer ses croyances à l’aune de sa raison. J’ai l’impression que c’est un peu ce que cherche à faire l’auteur de cet article, démarche que je trouve très intéressante, n’en déplaise à Anna 🙂
    @Anna : je trouve un peu facile de disqualifier ainsi a priori les efforts de rationalisation faits dans cet article. Tu dis que ces rationalisations sont subjectives, ce qui pour le coup, me semble très loin d’être objectif 😉 Faut-il s’interdire de raisonner sous prétexte que cela conduire à des développements un peu abstraits ?

  7. André le 07 Nov 2008 à 21:47 7

    @ Cogitons, Anna : Je lis depuis quelques jours avec intérêt mais aussi avec embarras les commentaires des uns et des autres, et il me semble que s’est instauré un dialogue de sourd, qui tend à devenir un monologue simultané en parallèle. Alors, puisque j’ai compris cet article à l’exact opposé de la façon dont vous dites l’avoir compris, je me permets finalement d’intervenir.
    Cogitons, tu t’agaces de la façon dont certains affirment l’existence de telle ou telle réalité spirituelle, des discours dogmatiques sans preuves tangibles. Cet article nous explique précisément qu’il ne s’agit pas de prouver quoi que ce soit, mais d’envisager les conséquences et la portée de tel ou tel concept et de voir ce qu’il apporte à notre compréhension du monde et de nous-même.
    Je cite l’article : « Il ne s’agit donc pas de s’interroger sans fin sur la signification réelle, intrinsèque, de telle ou telle notion métaphysique, mais plutôt de voir où elle peut nous conduire, en quel sens elle peut se mettre à fonctionner et nous aider à (mieux) penser le reste de notre expérience – autrement dit, tout ce qui est à la portée de notre entendement ou de nos sens. »
    Personne ici n’a une expérience personnelle et vérifiable, quantifiable et mesurable de la mort, de l’âme ou d’un autre monde, pour autant est-ce que cela nous empêche de refléchir sur ces questions et de voir si elles engendrent un gain de sens, voire un changement positif d’attitude ou de comportement ? Ce que j’ai compris de cet article c’est qu’il faut savoir dépasser nos préjugés et considérer les concepts qui nous sont proposés comme des vecteurs éventuels d’acuité et de cohérence. Si ce n’est pas le cas, effectivement, il faut les éliminer en attendant d’en trouver de meilleurs. D’ici que La Science (qui commence à ressembler à une religion) ait trouvé l’âme sous son scalpel, on aura au moins fait marcher sa raison. Mais si on est convaincu dès le départ que rien n’a de sens (à ne pas remplacer par « rien n’a été prouvé »), sauf ce qui a été observé de visu ou prouvé par les blouses blanches sinon rien, je pense qu’il ne faut pas perdre de temps avec des spéculations qui effectivement deviennent stériles.
    Rien à voir, donc, de ce que je comprends de cet article, avec ce que déplore Anna – des figures de style et de l’esbrouffe qui seraient réservées à une élite. Au contraire, l’auteur nous propose ici de nous approprier ces concepts et de les soumettre à notre raison.

  8. Cogitons le 08 Nov 2008 à 15:00 8

    @André,
    Intéressant comme chacun comprend cet article à sa façon.
    J’ai beau le relire, je ne peux arriver à une autre conclusion que celle que j’ai exprimé plus haut.
    L’auteur nous y montre bien comment « rationaliser », dans le sens que j’indiquais. Il nous explique qu’il ne faut pas considérer les hypothèses métaphysiques « comme des objets de croyance au sujet desquels il faudrait multiplier les conjectures – au risque de verser en pleine fantasmagorie », avant d’écrire un paragraphe de rationalisations sur l’intermonde, qui de mon point de vue, est précisément une multiplication de conjectures et pourquoi pas, de fantasmagories. J’en ai cité quelques unes, et je pense qu’elles sauteront aux yeux de certains. D’autres, comme vous, ne le verront pas de la sorte. Tant mieux. Vive la diversité et vive l’échange. Peut-être comprendrais-je cet article différemment dans quelques temps. La vie nous change, fort heureusement, et il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.
    Pardon si ma plume est un peu acerbe et merci encore une fois à l’auteur pour son travail, même si je suis en désaccord avec lui, sur le fond et sur la forme.

  9. Tigran le 08 Nov 2008 à 23:17 9

    D’accord avec Cogitons sur le fait qu’il faut se méfier de la pulsion de rationalisation. Mais on peut toujours juger sur pièces et voir si ce qui est proposé tient la route. Est-ce qu’on gagne en clarté avec ces « hypothèses » ? Pour ma part je trouve intéressante la question qui est posée au sujet de l’intermonde : qu’on y croie ou pas, il y a bien une difficulté, c’est qu’on voit mal comment le projet d’atteindre la perfection peut être mené à bien dans le cours d’une vie. Ce qui serait vraiment irrationnel, à mon avis, ce serait de tenir l’idée de perfectionnement spirituel pour une idée valable dans le cadre de la vie terrestre telle que nous la connaissons (sous prétexte qu’on n’a pas de certitude sur la suite…). Pour que le projet du perfectionnement ait un sens, il faut donc qu’il y ait une forme de progrès après la mort physique. Sinon la perfection reste un idéal inaccessible – ou alors il faut se passer complètement de cette idée. A partir de là, je vois deux questions. Très simplement : (1) Sous quelle forme peut-on continuer à progresser ? (2) Où est-ce que ça se passe ? J’ai l’impression que l’idée d’intermonde, chez Ostad Elahi et dans d’autres traditions (on a le purgatoire dans le christianisme, qui s’en rapproche un peu), est une manière de répondre à ce problème. Evidemment, ça en crée immédiatement d’autres. Par exemple, si l’intermonde est bien un monde, est-il situé dans l’espace ? Si on pense que oui, c’est de la pure spéculation. Si on pense que c’est une dimension psychique, au moins on comprend que ça ne figure pas sur les cartes du cosmos, mais il y a tout de suite une autre difficulté : peut-on imaginer une existence désincarnée ? Ca me paraît une question légitime. L’idée de corps subtil devient peut-être nécessaire : des « sens » spirituels, analogues aux sens physiques ? Là aussi, on peut y réfléchir. Mais de toute manière, ce n’est pas parce qu’on n’a pas toutes les réponses à ces questions que l’hypothèse de l’intermonde doit du même coup être tenue pour inutile, ou douteuse, ou carrément irrationnelle. Au contraire, je pense qu’elle nous permet de mieux poser l’ensemble de ces questions, c’est-à-dire de les poser avec plus de cohérence, de façon moins tâtonnante, avec un « objectif » en tête, qui est de comprendre justement comment le perfectionnement est viable.

  10. Lise le 11 Nov 2008 à 23:32 10

    Ce commentaire est une réaction à l’article mais pas aux commentaires des commentaires avec lesquels je me perds un peu.
    Quand on parle de l’intermonde, je comprends que si on évoque sa réalité, on lui attribue du même coup une forme d’existence, un mode de fonctionnement et un sens pour lui-même.
    Si l’on considère la vie sur terre avec notre conscience, la durée d’une vie, notre attirance pour le spirituel, bref, tout ce qui fait de nous des êtres humains pourquoi ne pas faire un parallèle en se posant la question : qu’est-ce qui fera de nous des intermondiens ? Il n’y a pas, à priori, de raison pour que, ce que nous ressentons être « nous-même », en d’autres termes notre soi ou notre âme, disparaisse. En revanche, on peut se demander pourquoi faut-il à l’âme des conditions de vie différentes ? N’est-ce pas pour accomplir un parcours qui ne peut se faire que très péniblement sur terre ?
    L’intermonde, un lieu favorable à notre développement, une chance en plus pour rattraper le temps perdu, un lieu propice à la compréhension du « pourquoi nous sommes faits » et du « sens de toute chose ». Il n’est pas cette borne relais sur laquelle on irait rebondir pour revenir vivre une nouvelle vie, car cela n’offre aucun intérêt de le voir ainsi. Le considérer dans sa réalité, celui d’être un monde entre l’ici-bas et l’au delà, un lieu qui existerait à part entière, prend tout son sens si l’on admet que rien n’existe par hasard. Et sa raison d’être principale est, à mon avis, la clarté dans laquelle notre esprit baignerait et qui nous permettrait d’accéder aux vérités qui nous échappaient lorsque la matérialité terrestre nous aveuglait. Je n’ai ni un esprit rationnel ni un esprit scientifique, mais un esprit qui a besoin de tendre vers la perfection, cette aspiration donne du sens à mes pensées et à mes actions. Qui de nous, curieux de nature, ne cherche pas à améliorer sa compréhension, à élargir le champ de ses perceptions ? Réfléchir sur l’intermonde, c’est entrevoir une dimension supplémentaire, une dimension dans laquelle j’ai tout à gagner.

  11. MKN le 13 Nov 2008 à 0:51 11

    Je désire apporter un témoignage sur ce sujet sensible qui touche à un des plus important aspect de chaque être vivant : la mort. Question Ô combien tabou.
    Je ne préjuge pas ni ne philisophe sur l’existence ou non d’un autre monde, non tangible à nos sens. Ici n’est pas mon propos.
    J’ai régulièrement l’occasion d’être confronté à des personnes, de toute religion, de toute origine, de tout âge, qui sont proche voire très proche de la mort. Il existe deux types de réactions vis à vis de la mort. Soit de la peur, soit une sorte d’attente dans le calme. Habituellement les gens qui reste dans la « sérénité » sont des personnes qui s’attendent à être accueilli dans un au-delà. Les gens qui ont peur soit croient en un au-delà soit rejètent toute idée d’une vie après la mort.
    Ces données sont personnelles. Je n’ai aucun moyen de prouver à qui que ce soit ce que j’avance.
    En tout cas, et c’est là que c’est très surprenant, personne n’est indifférent lorsque la mort sonne à la porte. Je n’ai toujours pas compris pourquoi.
    Pour conclure, imaginez-vous un instant devant quelqu’un qui est sur le point de décéder et qui a peur de ce qui se passera après. Que lui diriez-vous pour appaiser sa peur ?

  12. charles le 14 Nov 2008 à 17:33 12

    @ MKN : ce commentaire est intéressant, parceque vous faites remarquer qu’il ne suffit pas de « croire » en un au-delà pour être calme et serein au seuil de la mort (« Les gens qui ont peur soit croient en un au-delà soit rejètent toute idée d’une vie après la mort »).
    D’où ma question : à votre avis qu’est-ce qui leur fait peur, à ceux-là, qui croient – de quoi ont-ils peur si ce n’est pas de la mort elle-même ?

  13. MKN le 14 Nov 2008 à 23:31 13

    Pour répondre à Charles :
    Objectivement, je ne sais pas pourquoi les gens qui se disent croyant (ou plus précisement croire dans un autre monde) ont tout de même peur de la mort. Je n’ai pas encore assez d’expérience pour y répondre. Dans ces situations, ces questions sont très délicates à poser. Une seule fois une personne « croyante » en fin de vie m’a avoué qu’en réalité elle se souciait d’avantage pour ses proches que pour elle-même.
    Avoir peur de la mort elle-même, selon moi, relève de la philosophie. Nous nous faisons une représentation « psychique » des conséquences de la mort et non pas de la mort elle-même. Quelqu’un qui aime les fraises fait habituellement allusion au goût et au saveur de la fraise et non pas à la fraise elle-même. Par ailleurs, il est objectivement difficile de savoir comment il se représente une fraise.
    Je pense qu’il y a (au moins) 2 limites majeures à ce que j’avance :
    Premièrement que signifie la mort pour chaque personne en fin de vie ? Pour une personne très souffrante la mort peut prendre la signification de fin de soufrance, etc
    Deuxièmement que veut dire croire à une vie après la mort ? Jusqu’où la personne en fin de vie a poussé son raisonnement dans le fait que croire dans une vie après la mort implique en conséquence d’autres afffirmations. Croire en autre monde peut tout à fait être le fruit de l’imitation d’un schéma social plus qu’une réfléxion basée sur une longue expérience personnelle.
    Cela fait près de dix ans que je me pose la question : comment faire la différence entre une personne qui se dit croire dans une autre vie et une autre qui en a une conviction profonde ? Si quelqu’un a une idée.

  14. Cogitons le 15 Nov 2008 à 16:47 14

    @MKN:
    « Comment faire la différence entre une personne qui se dit croire dans une autre vie et une autre qui en a une conviction profonde ? Si quelqu’un a une idée. »
    Certains terroristes Islamistes (il y en a d’autres) qui se suicident en assassinant leurs semblables ont visiblement la conviction profonde qu’il y a une autre vie, et qu’en plus, ils y seront accueillis en martyrs, avec tous les privilèges associés: paradis First Class.
    Donc, avoir la conviction profonde d’une vie après la mort n’est pas forcément une bonne chose. Combien de vies innocentes, femmes, enfants et hommes, sacrifiées à travers l’histoire au nom de telle ou telle croyance, de telle ou telle promesse d’un au delà?
    Les bon-vivants font-ils de mauvais morts?
    La plupart des hommes modernes sont, fort heureusement, dans le doute, quoiqu’ils prétendent. Car sinon, pourquoi déploieraient-ils tant d’énergie à essayer de survivre? A se soigner? A créer des sociétés de droit, où l’on est protégé? Bref, à tout mettre en œuvre pour augmenter la qualité et prolonger la durée de leur vie terrestre? Et est-il vraiment avéré que les athées déclarés ont plus peur de la mort que les croyants déclarés? Pour tous, il y a sans doute la peur viscérale, liée au réflexe « animal » de survie. Notre corps ne veut pas mourir et lute de toute sa force. Puis avec la fatigue, vient la résignation, que l’on voit aussi chez les animaux. Tout ceci est naturel, et n’a pas grand-chose à voir avec nos croyances, et peut d’ailleurs facilement prendre le pas sur elles, ce qui expliquerait, entre autres, que des croyants sincères soient terrorisés.
    Peut-être que, douleur physique à part, on peut être plus ou moins serein selon qu’on a mené une vie « philosophique » et envisagé la mort à l’avance, de quelque manière qu’on la conçoive. Pour les non-croyants: ai-je peur de m’endormir le soir? Non. Pourquoi la mort ne serait-elle pas une expérience similaire? Suis-je donc si important à l’échelle du temps et de l’univers qu’il faille faire tout ce tintouin parce que je m’en vais? Assez ridicule, au fond. Je suis un petit rien, une poussière d’étoile, comme dirait Hubert Reeves, qui a eu le privilège immense de voir la lumière et de penser. Je me retire avec tristesse, mais surtout avec une profonde gratitude. Merci. Plus je rencontre des hommes, plus je me rend compte que leurs qualités humaines n’ont pas grand chose à voir avec leurs croyances (réelles ou déclarées). Mais je pars hors-sujet.
    Je vous tire mon chapeau, en tout cas, MKN, car vous faites probablement l’un des métiers les plus difficiles qui soit! Je ne sais pas si j’aurrais votre courage. Merci!

  15. MIA le 15 Nov 2008 à 22:04 15

    @MKN
    Je comprends assez bien qu’on soit gêné à l’idée de mourir.
    Pourquoi serait-on indifférent au fait de mourir ? Qui est indifférent aux changements, aux séparations, à l’éloignement ?
    … Est-ce que la mort ne reste pas une part d’inconnue pour la plupart des hommes qui observent un corps inanimé et qui partira en poussière.
    Par ailleurs, les hommes ne sont-ils pas attachés au quotidien à vivre des expériences habituelles, qui les mettent en valeur, qui les rassurent simplement par exemple ?
    Qu’est-ce qui est valorisant dans la mort, qu’est-ce qui rassure ? On part et on quitte les lieux qu’on aime habituellement, les personnes qu’on aime et avec lesquelles on vit habituellement… A moins de s’y préparer…

    Alors que dire à quelqu’un pour apaiser sa peur ?
    Tout dépend de quel type de peur, le faire parler sur ce qui l’inquiète et chercher des explications qui lui seront adaptées … Si c’est une peur de l’inconnu, de la solitude dans cet inconnu, pourquoi ne pas essayer de dire…déjà qu’on est là, physiquement, qu’on soutient celui qui a peur, qu’on l’apprécie et lui montrer de l’affection. Ensuite préciser que rien ne dit qu’il va partir de suite… Et pour après la mort, pourquoi pas dire qu’on se retrouvera certainement car rien ne prouve que tout s’arrête, peut-être que tout continue pareil, ailleurs… Même si tous ne croient pas dans une autre vie ensuite, on peut toujours témoigner si on y croît. Pour d’autres, on pourrait lancer un débat philosophique argumenté… Mettre un doute sur les raisons d’avoir peur, cela peut apaiser un peu, non ?

  16. Steven le 15 Nov 2008 à 23:57 16

    Je remercie l’auteur qui a donné suite à ma question d’il y a quelques semaines pour développer ses arguments dans l’article ci-dessus.
    Pour revenir à ma question initiale, on pourrait la résumer par : « quid de l’approche rationnelle de la spiritualité naturelle face à des notions telles que les vies successives ou l’intermonde ? »
    Pour ma part, un passage de l’article me paraît éclairant : « pour nous qui ne sommes pas métaphysiciens, la meilleure manière d’aborder de telles hypothèses consiste à les considérer comme des cadres de réflexion (…) comme des repères, des balises, des outils d’orientation qui permettent à certaines questions de se formuler de manière plus précise (…) le cadre ou l’armature de l’image du monde qui nous permet de nous situer dans l’existence. (…) Il ne s’agit donc pas de s’interroger sans fin sur la signification réelle, intrinsèque, de telle ou telle notion métaphysique, mais plutôt de voir où elle peut nous conduire, en quel sens elle peut se mettre à fonctionner et nous aider à (mieux) penser le reste de notre expérience – autrement dit, tout ce qui est à la portée de notre entendement ou de nos sens. »
    Présenter donc les notions métaphysiques comme des « briques conceptuelles » ou, comme le dit l’auteur, « des outils d’orientation », personnellement répond à la question que je me posais.
    En effet, peu m’importe qu’elles correspondent à des réalités, du moment que mes sens ne peuvent pas les appréhender.
    Et, dans ce sens, je comprends Cogitons dans sa « critique » de la rationalité de la notion d’intermonde.
    En revanche, du moment qu’elles me permettent de me « situer dans l’existence », elle me sont sans doute utiles, notamment si dans mon existence je mène une recherche métaphysique, quelle qu’elle soit.
    Cela peut vous sembler très « utilitariste » comme approche…c’est le cas. Je suis profondément pragmatique.
    Si je considère que quelque chose peut me faire avancer vers un objectif matériel ou spirituel, je la prends en considération.
    D’ailleurs, à force de procéder de la sorte dans mon questionnement d’ordre spirituel, j’ai pu constater que le fait de ne pas rejeter au premier abord des notions métaphysiques au nom de la rationalité à la longue permettait de « recoller les morceaux » et de mieux éclairer mon chemin.
    En quelque sorte, il suffit pour moi de « suspendre son jugement » lorsque la raison ne peut pas fournir d’explication acceptable sur un sujet métaphysique.
    Passer ensuite à autre chose, à des expériences plus concrètes, à des pratiques éthiques basiques comme éviter de médire des autres et, quelque temps après, lorsque je reviens sur le même sujet, j’ai vraiment l’impression qu’il est devenu plus clair, en tout cas plus cohérent avec le « modèle mental » que j’ai entre temps bati par mon action éthique quotidienne.
    Et cela sans que la pratique éthique n’ait de relation directe avec le sujet métaphysique de départ.
    Si je devais tenter une analogie, je pourrais dire que c’est comme pour un élève de primaire, lorsqu’il ouvre un livre de physique de terminale, il n’y voit que des symboles incompréhensibles, bien qu’il puisse lire des titres qui parlent de « théorêmes » et de « démonstrations ». Les années passant, en faisant des exercices de plus en plus complexes, sa connaissance des maths et de la physique se développe et, de manière naturelle, ces symboles prennent enfin sens et…il finit par y croire dur comme fer, même si, de visu voire avec des instruments, il ne peut pas (encore) en constater la véracité.

  17. DAC le 21 Nov 2008 à 15:24 17

    Je suis d’accord avec Stephen : « Ô Raison, suspends ton jugement ! »
    Ce qui échappe à la raison n’est pas plus faux que vrai, il vaut donc mieux, dans l’incertitude, suspendre son jugement et ne pas trancher sur l’existence ou non d’un autre monde, intermédiaire peut-être, un exister après la mort. Il me semble que le champ des possibles doit toujours être laissé ouvert, si l’on ne veut pas courir le risque de s’enfermer dans des habitudes de penser et, qui sait ? de se couper de perspectives salutaires. Faisons comme si … Ou je vis selon les pulsions du moment, heureux ou malheureux suivant les circonstances, dégagé de toute obligation transcendantale, moral quand cela me chante, laxiste quand cela m’arrange, ne sachant ni d’où je viens ni où je vais, sinon que je descends du singe et que je vais finir en poussière ; ou la mort n’est qu’un changement d’état, je vais me retrouver ailleurs, une autre vie qu’il me faut préparer, qui explique mon existence ici, je sais ce que j’ai à faire, le pourquoi de ce qui m’arrive et où je vais aboutir … Je suis pour tout essayer !

  18. MKN le 21 Nov 2008 à 23:02 18

    Face à la mort réelle, peut-on garder la raison ?
    Face à la pulsion, peut-on garder la raison ?
    Pourquoi sommes-nous plus ou moins faibles vis-à-vis de nos pulsions ? Serait-ce le fruit d’un « mauvais » refoulement ?
    Pourquoi sommes-nous plus ou moins faibles vis-à-vis de la mort ? Serait-ce le fruit d’un rejet de sa signification durant notre existance ?

  19. Lise le 23 Nov 2008 à 20:15 19

    Face à la mort…
    Pourquoi suis-je une personne sereine ou une personne angoissée ? Pourquoi la peur de la séparation, pourquoi cette peur de se retrouver seul ? Si je me pose toutes ces questions bien avant la veille de ma mort, j’aurai le temps de m’y préparer. Cette attitude familière avec la mort n’a rien de morbide, elle permet de mieux se connaiître et de savoir quoi faire pour soulager cette inquiétude. Si j’ai fait ce que je pensais devoir faire, j’aurai moins de regrets et je pourrais partir plus sereinenment. Je partage la réflexion de DAC et notamment sa conclusion… Essayons !

  20. cogitons le 24 Nov 2008 à 18:21 20

    @DAC
    Vous écrivez: « Ou je vis selon les pulsions du moment, heureux ou malheureux suivant les circonstances, dégagé de toute obligation transcendantale, moral quand cela me chante, laxiste quand cela m’arrange, ne sachant ni d’où je viens ni où je vais, sinon que je descends du singe et que je vais finir en poussière »
    Je trouve votre raisonnement un peu caricatural (et je dis cela amicalement), voire condescendant. Vous avez une bien basse opinion des non-croyants, et, probablement, une trop haute opinion des croyants.
    Croire qu’on descend du singe et qu’on va finir en poussière n’est en rien une licence pour faire n’importe quoi, au gré de ses fantaisies. La morale laïque est souvent bien plus forte et plus tenace que la morale religieuse. Le sentiment de responsabilité bien plus grand. Le sacrifice laïque est peut-être plus haut que le sacrifice religieux, car il est, par essence, désintéressé: on n’attend pas de récompense dans l’autre monde. Dans les cas extrêmes, on donne sa vie par devoir, par souci du prochain, sans rien attendre en retour (et pour cause). Jean Moulin? Y-a-t-il plus haut?
    Avoir le sentiment d’appartenir à l’aventure humaine, se sentir redevable envers la mère-nature et ses prédécesseurs humains, et responsable envers ses descendants, se sentir infiniment reconnaissant d’être en vie et infiniment humble de n’être qu’un petit rien, voilà un sentiment très haut et très noble, qui peut toucher au mysticisme, mais un mysticisme laïc.
    Par ailleurs, on peut dire que les non-croyants savent beaucoup mieux d’où ils viennent et où ils vont que les croyants. Car qu’en savez-vous vraiment? Eux acceptent leurs humbles origines, leur finitude, et décident d’user du mieux qu’ils peuvent de ce petit instant de lumière. Et ce «mieux qu’ils peuvent», est souvent exemplaire. Cogitons…

  21. JB le 25 Nov 2008 à 1:13 21

    Réponse à Cogitons
    « Croire et conviction »
    Je parts du postulat simple que nous sommes objectivement des éléments de cet univers et que n’étant pas extérieur à cet univers nous en avons les propriétés.
    Quel sont ses propriétés ? Espace infini, durée infini, énergie infini etc. Cela ouvre des perspectives ! Des perspectives d’infinis pour chaque élément de cet univers.
    Mon corps n’a pas l’aptitude à perdurer, ou se cache donc est mon infinitude?
    Naturellement je me tourne vers mon esprit et je cherche à comprendre ce qu’il est.
    Est-ce vraiment lui qui perdure ? Avant de répondre à cette question j’observe aussi le contexte dans lequel j’évolue.
    Il est extrêmement riche en énergie et étonnamment savant, de la boîte à pharmacie avec ce quelle contient jusqu’aux effondrements inter galactiques, de maintenir une planète en état d’habitabilité pour quelque milliards d’années avec ce quelle contient (nous, quelques milliards d’individus).C’est fort !
    Dans ces conditions, j’ai le sentiment que tout est possible et illimité.
    A ce stade, je crois que mon existence ne peut pas s’arrêter là, comment et sous quelle forme je l’ignore encore, c’est une croyance intellectuelle.
    Comme une marche après l’autre cela rapproche de la conviction, quelques kilomètres avant d’arriver au bord de la mer je sens l’air marin, encore plus près et je vois et j’entends les mouettes.
    Mes premiers pas dans la conviction.

  22. DAC le 01 Déc 2008 à 14:46 22

    Cogitons, je concède que mon raisonnement est ‘un peu caricatural ‘, concision oblige, mais ‘condescendant’ je récuse. C’est sans condescendance ni déférence que je déclare votre interprétation de mon commentaire comme hâtive et infondée. Je n’ai parlé ni de croyant ni de non-croyant et je ne partage pas votre vision dichotomique du monde ; je suis persuadée que l’on peut adhérer à la fois à la laïcité et à une confession religieuse.
    On trouve des laïcs saints et des croyants voyous et leurs contraires. Mais tous ont quelque chose en commun : le sens du bien et du mal et la faculté d’agir selon des convictions morales – on appelle ça conscience. Elle peut être pointilleuse ou élastique, on peut l’avoir bonne ou mauvaise, l’écouter ou l’étouffer, mais elle est toujours là, inévitable constante de la nature humaine.
    D’un bout à l’autre du spectre de la conscience, les variations sont infinies. A un bout se situe le perfectionniste de la conscience – il est à son écoute, élargit son champ d’application, la polit, en affine le jugement – à l’autre bout le pervertisseur – il fait la sourde oreille, la neutralise, l’opacifie, au pire la dévie – et c’est la qualité de l’écoute de cette voix de la conscience qui fait la différence. A mon avis le croyant n’est pas celui qui s’annonce ou qui est désigné comme tel, qui appartient à telle ou telle institution cultuelle, mais celui qui pense et agit ‘en son âme et conscience’. Être croyant est de ce fait une notion relative, on sera plus ou moins croyant selon que l’on vit épisodiquement ou totalement sa foi en le meilleur de soi-même, son adhésion à sa conscience morale, étincelle qui fait du bipède et bimane que nous sommes un être humain.
    Dans cette optique, je dirais que les laïcs dont vous parlez se comportent en croyants, soucieux d’accorder leurs actes à leur sens moral ; mais ce sont des croyants qui s’ignorent, qui n’ont pas poussé assez loin la connaissance de soi qui leur permettrait de découvrir l’origine de cette conscience morale qui les anime et les ennoblit ; sans doute se laissent-ils (ou est-ce vous ?) mystifier par le mysticisme d’une mère-nature irresponsable par création et tout naturellement impassible …
    Quant au désintéressement des actes, la notion n’est applicable que si l’on considère les choses au premier degré. En perspective, dans les cas dont vous parlez, l’intéressement est plus occulte mais n’en est pas moins là. Il semble que, tels que nous sommes faits, nous ne pouvons agir en dehors du cadre du ‘pour soi’. Au regard de notre conscience, nous pouvons nous exhausser ou nous abaisser, mais pour le meilleur de soi ou pour le pire, c’est toujours ‘pour soi’ que l’on agit.

  23. cogitons le 01 Déc 2008 à 19:20 23

    @Dac:
    Que vous l’acceptiez ou non, votre commentaire précédent laissait bien penser que les non-croyants manquent de rectitude morale “Ou je vis selon les pulsions du moment […] dégagé de toute obligation transcendantale, moral quand cela me chante, laxiste quand cela m’arrange [..]» en opposition à “ la mort n’est qu’un changement d’état, je vais me retrouver ailleurs, une autre vie qu’il me faut préparer», etc. Je n’ai pas la berlue: vous opposiez clairement les (mauvais) non-croyants (qui vivent comme ça les arrange) aux (bons) croyants (qui se préparent à l’après-vie). Je maintiens donc (si cela peut être utile) ma plainte de condescendance dans votre commentaire précédent, tout en me réjouissant de votre clarification, toute contradictoire qu’elle soit.
    Et qui comporte d’ailleurs ses propres affirmations discutables :
    – Et pour commencer, votre définition du « croyant » comme étant “celui qui pense et agit ‘en son âme et conscience’ ». On peut, pour tout un tas de raison, rejeter la notion d’un Dieu en « âme et conscience ». On serait donc, dans ca cas, un croyant athée. Hmmm…
    – “ Mais ce sont [les laïcs exemplaires] des croyants qui s’ignorent, qui n’ont pas poussé assez loin la connaissance de soi qui leur permettrait de découvrir l’origine de cette conscience morale qui les anime et les ennoblit; sans doute se laissent-ils (ou est-ce vous ?) mystifier par le mysticisme d’une mère-nature irresponsable par création et tout naturellement impassible … »
    Encore une fois, un jugement fort. Vous détenez donc la vérité absolue et êtes parvenu à vous connaître vous-même au point de découvrir cette vérité objective et universelle. Dont acte.
    – Permettez-moi, cependant, d’être en parfait désaccord avec votre dernier point « c’est toujours ‘pour soi’ que l’on agit.” Pouvez-vous approfondir?

  24. Mahaut le 02 Déc 2008 à 20:39 24

    L’auteur de l’article sur la métaphysique a lancé un débât sur ce sujet, à la suite d’une question sur le sujet de l’intermonde. J’ai suivi le débât sur la métaphysique jusqu’au 17ième commentaire, il m’est apparu compliqué, multidirectionnel, m’a donné mal à la tête. Quand j’ai repris le feuilleton, le 21ième commentaire était clair et merci à J.B. J’y ai retrouvé des repères pour tenter de penser, « 1) nous sommes objectivement des éléments de cet univers et que n’étant pas extérieur à cet univers nous en avons les propriétés. Quelles sont ses propriétés ? Espace infini, durée infini, énergie infini etc. Cela ouvre des perspectives ! Des perspectives d’infinis pour chaque élément de cet univers. 2) Mon corps n’a pas l’aptitude à perdurer, ou se cache donc est mon infinitude? Naturellement je me tourne vers mon esprit et je cherche à comprendre ce qu’il est. Est-ce vraiment lui qui perdure ? 3) Avant de répondre à cette question j’observe aussi le contexte dans lequel j’évolue».

    Sentant l’air marin et entendant les mouettes,… je comprends que tout ce brouhaha qui me donne mal à la tête, tient à l’immensité des âges, à la façon dont nous recevons les messages et ce que nous en faisons et défaisons ; pour entrer dans votre discussion, je retiens :3) «en observant aussi le contexte dans lequel j’évolue», du fait que 1) « nous sommes objectivement des éléments de cet univers et que n’étant pas extérieur à cet univers nous en avons les propriétés ». Et j’ai tenté de resaisir de l’universel, avec la signification du mot METAPHYSIQUE que j’ai trouvée.

    Wikipédia :
    « La métaphysique est une branche de la philosophie qui étudie les principes de la réalité au-delà de toute science particulière. Elle a aussi pour objet d’expliquer la nature ultime de l’être, du monde, de l’univers et de notre interaction avec cet univers. »

    Suivi : du commentaire ci-après, trouvé dans un petit précis de philosophie « Aristote, ou l’art d’être sage », ed. Milan, de Bertrand Vergely, agrégé de philosopie, maitre de conférences à Sciences et à Saint Serge. Il y effectue un état des lieux qui m’apparaît très pertinent, quant à la difficulté de réfléchir : La métaphysique : « science de l’être en tant qu’être ».

    « Science et philosophie
    La philosophie aujourd’hui n’est pas une science, ni la science une philosophie. La science nous aide à maîtriser la nature et la société afin d’améliorer la condition humaine. La philosophie nous aide à réfléchir sur le monde, sur l’humanité et son histoire, afin de construire le sens de notre vie. Cette séparation entre science et philosophie a des avantages. Elle permet à la science d’être efficace et à la philosophie d’être libre. Elle met l’efficacité au service de la liberté, qui légitime en retour, l’efficacité. Cette situation a néanmoins des inconvénients. La science privée de sagesse est souvent brutale. La philosophie privée de science est inefficace. A force de séparer science et philosophie, on finit par manquer de sagesse comme de science. Les anciens n’ont pas rencontré ce problème. Science et philosophie étaient liées. La raison en est simple. La science ne résidait pas à leurs yeux, dans une technique, afin de dominer le monde. La philosophie n’était pas une façon libre et individuelle de donner un sens à la vie. La science résidait dans le fait de savoir de quoi, on parle quand on tient un discours. On accédait à un tel stade quand on remontait aux principes guidant toutes choses. La science était une contemplation des sources de l’existence. Elle mettait l’esprit humain en face de ce qui fait exister toutes choses. Rien ne la distinguait de la philosophie.

    Il était une fois la métaphysique :
    Aristote a systématisé la démarche des Anciens dans des leçons venant à la suite de sa réflexion
    sur la nature. La pensée de la nature étant désignée par le terme de PHYSIQUE (du grec PHUSIS, voulant dire « nature », la pensée des principes de la nature a pris nom de METAPHYSIQUE . « ce qui vient après la physique » (meta en grec, voulant dire après). La métaphysique est une science qui conduit tous ceux qui s’y adonnent à découvrir ce qui fait exister tout être. Elle rend compréhensible le fait qu’il y ait un Etre suprême, que l’on appelle Dieu. Mais son oeuvre ne s’arrête pas là. Tout ce qui existe à une manière d’être spécifique.

    L’efficacité de l’être s’exprime de multiples façons. La métaphysique est aussi une science de la multiplicité. Science de l’observation fine de la réalité. Science du détail. La métaphysique en ce sens n’est pas abstraite. Parce que l’on a le sens de Dieu comme cause, on fait attention à tout. On entre dans la réalité au lieu de s’évader. On donne raison au proverbe rappelant que « Dieu se reconnaît dans les détails ».

    Et quand nous parlons de Lui : nous sommes déjà en chemin, vers Lui !… Il est bien présent ! j’ajouterai « Si Dieu était absent du monde, il ne serait pas non plus en vous » (cf. Plotin), qu’un interwievé Abdennour Bidar particulièrement intéressant dans ces propos, a cité à l’occasion d’un entretien.

    Or, « La cause principale de notre incertitude, c’est que la compréhension que nous avons de l’Un ne nous vient ni par la connaissance scientifique, ni par la pensée, comme la connaissance des autres choses intelligibles, mais par une présence qui esτ supérieure à la science . Lorsque l’âme acquiert la connaissance scientifique d’un objet, elle s’éloigne de l’Un et elle cesse d’être tout à fait une : car la science implique la raison discursive, et la raison discursive implique multiplicité. L’âme, dans ce cas, s’écarte de l’Un et tombe dans le nombre et la multiplicité. Il faut donc [pour atteindre l’Un] s’élever au-dessus de la science, ne jamais s’éloigner de ce qui est essentiellement un ; il faut par conséquent renoncer à la science, aux objets de la science et à tout autre spectacle [que celui de l’Un], même à celui du Beau : car le Beau est postérieur à l’Un et vient de lui, comme la lumière du jour vient du solei » Plotin, (Ennéades 6 livre 9 chap 4).
    Notre difficulté est de vivre au quotidien dans ce monde matérialiste où des propos découlant de l’exercice des techniques constituent croyons-nous des nouveaux objets de science, nous égarent, sous ces cieux orageux d’inconnaissance, nous rendant incrédules, nous sommes des orphelins, et nous n’avons pas et/ou où nous avons bien du mal à trouver les points d’appui nécessaires pour tenter de penser juste, pour échapper aux idéologies, aux stratifications de l’histoire et des histoires, et dans un goût de celui du désenchantement du monde…

    Et, selon Pierre Hadot, « les philosophes actuels ne construisent pas des châteaux d’idées pour le plaisir de les contempler. Ils s’efforcent de les habiter pour sauver leur peau. Il pense qu’au lieu de concevoir la philosophie comme une activité purement théorique, il faudrait donc l’envisager comme une transformation de soi, un entraînement pratique, quotidien, régulier, conduisant vers la sagesse, ou seulement un peu moins de folie ». La vraie philosophie était donc, dans l’Antiquité, un exercice spirituel : une philosophie pratique à la différence, de notre époque. Les philosophes travaillaient en fait à changer leur regard sur le monde, sur eux-mêmes et sur leurs sentiments, afin de modifier leur propre existence. Même leurs spéculations les plus abstraites (en physique, en métaphysique, en astronomie) étaient destinées à comprendre pour mieux agir, et non pas à connaître pour connaître. Jour après jour, ces chercheurs de sagesse s’appliquaient à des « exercices spirituels », entraînements destinés à faire entrer dans le quotidien les principes de leur doctrine » (cf. Pierre Hadot, Collège de France, « Exercices spirituels et philosophie antique, 2002, Albin Michel)…. Nous somme des héritiers dans un cadre et la partie dans le tout, les lois sont là, pour nous guider, pourvu que nous les trouvions. Sculptons-nous nous-mêmes.

    Concernant, l’intermonde, il faudrait lire la thèse fondamentale développée par Régis Dutheil concernant « la structure de notre conscience et celle de l’univers ». A une prochaine fois donc…

    Régis Dutheil était agrégé de physique, professeur de physique à la faculté de médecine de Poitiers et chercheur à la fondation Louis de Broglie. C’était un scientifique de haut niveau, spécialiste des particules élémentaires. Sa fille Brigitte, ancienne élève de l’Ecole normale supérieure, professeur de lettres classiques, s’est spécialisée dans l’étude des problèmes d’histoire et de philosophie posés par la conscience et la mort. Elle a collaboré à l’oeuvre de son père et prolonge aujourd’hui ses travaux.

  25. DAC le 03 Déc 2008 à 17:53 25

    Non, Cogitons, vous n’avez pas la berlue, seulement une tendance systématique à la déviation interprétative, peut-être aussi une once de mauvaise foi ? Mais n’épiloguons pas indéfiniment sur des choses que je n’ai pas dites : je n’ai jamais parlé de bons ou de mauvais croyants ou non-croyants, je ne me suis jamais placée dans l’un ou l’autre de ces groupes ni ne me suis jamais considérée au-dessus des uns ou des autres pour que l’on puisse me taxer de condescendance.
    J’ai simplement esquissé deux styles de vie : l’un fondé sur la certitude que je descends du singe et que je vais finir corps et esprit en poussière (j’en ai un exemple vivant dans ma propre famille), l’autre sur la conviction que l’être humain est porteur d’une étincelle de transcendance qui constitue l’essentiel de son identité et qui perdurera après la mort. On peut trouver dans chacun des deux groupes des gens qui se conduisent de manière moralement soit irréprochable, soit contestable, avec toutes les nuances qui existent entre les deux extrêmes, dans la mesure où l’on use de sa conscience morale en perfectionniste ou en pervertisseur (cf. mon commentaire précédent) ; le point essentiel étant l’attention que l’on prête ou ne prête pas à la voix de la conscience morale en nous. Dans cette optique, point n’est besoin pour un athée de croire en le Dieu de Moïse, de Jésus ou de Mahomet pour se conduire selon la voix de sa conscience. Il lui suffit de croire en sa capacité d’arbitrer entre le bien et le mal et de l’appliquer dans sa vie quotidienne pour se comporter en croyant. C’est ainsi que je me suis aperçue que le croyant ou l’incroyant n’est pas nécessairement celui que l’on pense.
    Cependant, et c’est ce que j’ai voulu exprimer dans « Ô Raison, suspends ton jugement ! », il me paraît judicieux de laisser le champ des possibles ouvert – au moins un point d’interrogation – cela n’enlève rien à celui qui s’efforce de vivre selon sa conscience morale et cela peut aboutir à ce que les anciens mystiques appelaient ‘dévoilements’. Ne les sous-estimons pas : tout imbus que nous sommes de nos cogitations et rationalisations – et peut-être même à cause de cela – nous aurions beaucoup à apprendre d’eux …
    Pour ce qui est du dernier point, j’y répondrai séparément.

  26. Mahaut le 04 Déc 2008 à 10:49 26

    Suite. Excusez-moi pour la longueur de mon commentaire concernant la métaphysique. C’est « un monde réel » qui nécessite « un changement de regard »… et dont l’expérimentation est certaine.

    « Mon corps n’a pas l’aptitude à perdurer, ou se cache donc est mon infinitude » : l’intermonde, ce monde spirituel que toute âme rejoint provisoirement après la mort…

    L’existence d’autres mondes est un fonds partagé par différentes cultures à travers les âges, tout comme les diverses capacités de l’âme, dont elle est pourvue, pour franchir des frontières, (idem pour les NDE).

    Il a créé les mondes suivant des finalités différentes. En laissant notre dépouille, (notre corps matériel, vêtement de l’âme (ou « le corps recueille une trace de l’âme » (VI.4.15 Plotin) notre âme opère sa métamorphose, pour traverser la frontière de mondes accordés à d’autres lois, et que notre conscience a déjà pu visiter.

    Durant notre vie terrestre, des états de conscience surviennent nous permettant des perceptions intuitives… quand on fait ces expériences de « connaissance vécue »… : une inquiétude étoilée est née, on ne peut oublier, cela nous change pour toujours, on comprend que ce monde aperçu ne peut être que celui de notre origine, tout y est clarté, pour notre esprit.

    Un impérieux désir bondit en nous, pour rejoindre cette patrie, où tout y est plus réel, plus riche. En faisant ces expériences, « le réenchantement du monde… » advient.

    La science actuelle commence à nous laisser penser, que ces mondes sont à notre portée, avec ses portes…Le degré de réalisation qui distingue le potentiel de l’actuel est l’outil, c’est un vrai « travail culturel » que l’on veut partager…

    Régis et Brigitte Dutheil ont écrit 2 livres. « L’homme superlumineux », Ed Sand et « La médecine superlumineuse », Ed. Sand et La thèse fondamentale développée par Régis Dutheil concerne « la structure de notre conscience et celle de l’univers ».

    1) « L’homme superlumineux »
    « Grâce aux nouveaux accélérateurs de particules, les physiciens arrivent à propulser des particules à une vitesse proche de celle de la lumière. A ces vitesses extrêmes, les lois qui régissent notre univers n’ont plus cours. Ces travaux en physique fondamentale ont conduit le Pr Régis Dutheil à construire un modèle rendant compte de la complexité de notre monde. L’hypothèse ? Il existe un second univers complémentaire et symétrique au nôtre, où les vitesses sont toujours supérieures à celle de la lumière. Dans cet univers, notre notion de temps n’existe plus puisque l’on peut se déplacer de manière instantanée dans le passé, le présent ou le futur. Cet univers, qu’il a baptisé  » espace-temps superlumineux « , n’est constitué que d’informations et de conscience : toutes les informations (passé, présent, futur) et la conscience de toute l’humanité. Une hypothèse qui rejoint les intuitions de certains philosophes de l’Antiquité et bouleverse les notions mêmes de naissance et de mort ».

    De cela il a été déduit l’existence de trois  » types  » de mondes de la matière :

    – Le monde  » souslumineux  » qui est le monde ordinaire, que nous connaissons bien,
    celui de la physique classique newtonienne, constitué de bradyons, des particules dont la vitesse est inférieure à celle de la lumière.

    – Le monde  » lumineux  » de la matière approchant ou atteignant la vitesse de la lumière. C’est le monde de la relativité d’Einstein, les luxons, particules dotées d’une vitesse égale à celle de la lumière.

    – Le monde  » superlumineux  » de la matière dépassant la vitesse de la lumière, l’univers superlumineux des tachyons.

    – Le monde  » superlumineux, les NDE et le Bardo Thödol :

    Dans leur premier ouvrage, les auteurs ont étudiés les NDE en intégrant une étude du Dr. Melvin Morse, qui a démontré qu’une excitation électrique de la scissure de Sylvius, zone du cerveau située au-dessus de l’oreille droite ( foyer de l’âme ?), détermine les sorties hors du corps.

    Ils reprennent le descriptif de Moody et la thèse d’un champ superlumineux en interprétant la rencontre avec l’être de lumière tout en faisant le lien avec la théorie holographique de Pribam et même avec un principe énoncé dans le Bardo Thödol.
    Une des phases des NDE fait apparaître aux yeux des témoins, une lumière extrêmement brillante et des couleurs merveilleuses.

  27. cogitons le 04 Déc 2008 à 18:19 27

    @Mahaut:
    Un peu de mal de crâne supplémentaire pour vous:
    – « La science ne résidait pas à leurs yeux, dans une technique, afin de dominer le monde. »
    Voulez-vous dire que la science, aujourd’hui, est une technique pour dominer le monde? Si tel est le cas, votre point de vue me parait injuste et réducteur. La science et sa méthode sont aussi des outils qui nous permettent de connaître et de comprendre le monde et l’individu. Et c’est d’ailleurs parce que la science marche de plus en plus sur les plates-bandes des religions et des philosophies, qu’elle provoque une réaction de défense et de défiance. Car pourquoi la question de Dieu, de la conscience, etc, ne seraient-elles pas des questions d’ordre scientifique, abordables avec les outils de la science, sauf à défendre l’obscurantisme? Que font, par exemple, les médecins qui étudient actuellement les états de conscience pendant une mort clinique? De la science!

    – « Lorsque l’âme acquiert la connaissance scientifique d’un objet, elle s’éloigne de l’Un et elle cesse d’être tout à fait
    une : car la science implique la raison discursive… »
    Mais pourquoi (diable) opposer la raison discursive au spirituel? Dieu m’a-t-il donné la raison pour que je m’en défasse? Telle n’est pas ma conception de la spiritualité, même si, bien entendu, on peut ressentir une transcendance par d’autres biais que par la raison discursive (par les émotions, bien entendu, dans le cas de la musique, par exemple).

    – « leurs spéculations [des philosophes] les plus abstraites (en physique, en métaphysique, en astronomie) étaient destinées à comprendre pour mieux agir, et non pas à connaître pour connaître. »
    Encore une fois, vous avez, me semble-t-il une vision réductrice et péjorative de la science aujourd’hui.
    La science, c’est très souvent connaître pour comprendre, et comprendre pour mieux agir, pour soi-même, pour les autres, et pour la société dans son ensemble.

  28. Mahaut le 05 Déc 2008 à 13:19 28

    En réponse à Cogitons :

    A pratiquer l’entaille comme les surréalistes, c’est mettre des moustaches à la Joconde ou une paire de lunettes de soleil à Orphée, excusez-moi du peu ! c’est purement et simplement décontextualiser, pour vouloir entendre ce que l’on veut entendre, alors que personnellement, j’avais en sus, entendu « le cri des mouettes et senti l’air marin » !

    « pourquoi, y a t il des choses plutôt que rien » : Dieu permet de savoir pourquoi ce qui est, existe.

    En reprenant le mot METAPHYSIQUE, je revenais à un évènement : la dénomination d’un bibliothécaire qui avait voulu à l’origine rassembler et organiser les 14 livres écrits par Aristote. Par ce point, je revenais à un noyau d’il y a 25 siècles (qui eux aussi nous contemplent, ou que nous ne contemplons plus ?!…)

    Aristote a développé une science de l’être et une théologie. Cette philosophie a eu une influence fondamentale sur toute la métaphysique et philosophie postérieure. La métaphysique constitue un des sommets de la philosophie.

    Les modernes critiquent la philosophie soit parce qu’elle rejoint la religion, mais sans y arriver vraiment, soit parce qu’elle détourne l’être humain du monde seul jugé réel. Or si la philosophie renonce à l’exercice de la pensée rationnelle pour élaborer des hypothèses métaphysiques, elle laisse le champ à l’irrationnel. La métaphysique est un « sanctuaire » et c’était seulement de cela dont je voulais me soucier, car la métaphysique ne veut pas autre chose qu’apporter une moyen radical de compréhension dont l’être humain a besoin : la métaphysique classique était consacrée à l’existence de Dieu, la nature de la liberté et l’immortalité de l’âme. Mon commentaire était bien dans cette droite ligne.

    Muni de ce complément d’informations et de ce contexte précis en tête, je vous suggère donc de relire mon commentaire, nous sommes les héritiers, et il y a eu de nombreux avatars entre temps, savez-vous qu’au XIX° siècle Louis Liard, qui a fondé l’Ecole pratique des hautes études, élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques, a écrit un livre sur Descartes, en proposant de se défaire de la partie métaphysique de cette oeuvre, au profit uniquement de la philosophie positive, qui seule lui semblait légitime ?

    Mon commentaire tendait à un état des lieux, puisque la religion structurait avant la société, alors que maintenant, elle n’est plus son principe d’organisation, ni sa légitimité, cf. :
    «Autour des années 1970, nous avons été soustraits sans nous en rendre compte à la force d’attraction qui continuait à nous tenir dans l’orbite du divin», écrit Marcel Gauchet dans La religion dans la démocratie (Gallimard, 2000).

    Non, ce n’est pas un peu de mal de crâne supplémentaire pour moi, mais une délectation devant ces charmantes contestations, oui ! puisque nous avons les mêmes considérations éthiques, nous aspirons aux mêmes choses, merci !

  29. cogitons le 05 Déc 2008 à 16:14 29

    Cher Mahaut, vous m’avez transmis votre mal de crâne. C’est bon signe.
    Assez intéressant comme chacun se défend de ce qui apparait pourtant clairement (à mes yeux, qui sont peut-être embrumés) en creux dans leurs textes. Ces jugements de valeur dont en ne veut pas dire le nom: de ces athées caricaturés en « moral quand cela me chante, laxiste quand cela m’arrange », aux définitions tronquées de la science  » nous aidant à maîtriser la nature et la société afin d’améliorer la condition humaine. » La science, c’est bien plus que cela: la science est aussi en quête de compréhension, de vérité, de sens. Et je suis convaincu que c’est par la science, et non par le mysticisme (grand refuge quand on est à bout d’arguments) que nous obtiendrons (enfin!) la réponse à nos questions existentielles: qui suis-je, d’où viens-je, où vais-je.
    Mais je ne vais pas revenir dessus.
    A l’accusation de mauvaise foi, je laisse à chacun le loisir de juger de la chose. Je force parfois le trait, oui, pour faire ressortir ce qui pointe en filigrane, en non-dits, et en allusions. Quoi qu’il en soit, je reste persuadé que c’est très souvent de ce genre de débats débridés et vigoureux que jaillit l’étincelle. Merci donc d’opposer vos silex au mien.
    Je partage, cher Mahaut, votre « délectation devant ces charmantes contestations, puisque nous avons les mêmes considérations éthiques, nous aspirons aux mêmes choses”
    Merci !

  30. JB le 05 Déc 2008 à 22:37 30

    Au regard de tous ces commentaires, l’image que cela m’a inspirée est la suivante.
    C’est une image parue dans Science et vie, elle représentait des domaines et des sciences diverses sous forme d’ilots avec bien évidement de l’eau autour, sur chaque ilot était planté un écriteau à la manière des prix au kilo sur le marché.
    On pouvait lire mathématique, physique, médecine, biologie, etc.
    Avec le temps l’eau s’évapore et les ilots se rejoignent.
    Regardez le chemin parcouru entre la saignée des médecins de Molière et l’équation qui permet de régler la durée du principe actif d’un médicament administré au malade, l’ilot des mathématiques à rejoint celui de la médecine.
    Je vous laisse deviner la suite et faites vos assemblages comme vous voulez, ho ! Surprise ! ça marche, et cela marche si bien que tout peut marcher ensemble.
    Alors permettez-moi de planter quelques écriteaux 1/science 2/philosophie 3/métaphysique, etc.
    Ajoutons un brin de bienveillance, d’humilité, de sincérité, de bon sens etc.
    Je vous propose aussi 1/croyant 2/athée ou autres. Se qui nous séparent n’est qu’en surface l’origine est la même et les frontières ne le sont qu’un temps.
    En conclusion au travers de n’importe quel domaine on peut découvrir le Divin.
    Actuellement c’est la science qui occupe le terrain, quelle prenne bien son souffle si elle veut être digne de la place quelle occupe, car l’objectif est élevé.
    Content de partager avec le site et vous de cet air marin.

  31. MH le 11 Déc 2008 à 11:10 31

    Certains commentaires sont un peu difficiles à digérer – voire à comprendre (le manque de ponctuation peut-être?) – mais j’apprécie lorsqu’il y a débat d’idées et j’ai tout lu jusqu’au bout!!!
    Je suis quand même remontée jusqu’à l’article d’où tous ont découlé…

    Le mot « rationnel est ce qui vient de la raison, et non pas de l’éxpérience » (cf. « Le Petit Robert »): nous n’avons pas, en effet, de souvenir de cette expérience (si nous l’avons vécue) mais lorsqu’on raisonne comme le fait l’auteur sur l’idée de « vies successives », cette idée d’intermonde est pratique, et logique!
    Il a fallu, bien sûr, partir de cette hypothèse des vies successives…
    Cette hypothèse (ou raisonnememnt) pourrait aussi être « rationnelle » car expliquerait beaucoup de choses de ce monde… Cogitons?

  32. Mahaut le 12 Déc 2008 à 16:11 32

    Revenir à la source du questionnement : « intermonde » comme le fait MH, permet de différer des commentaires, quant à la science, pour revenir uniquement à la « raison », que dit-on exactement par rationnel « rationnel est qui vient de la raison, et non pas de l’éxpérience” (cf. “Le Petit Robert”) ?

    « nous n’avons pas, en effet, de souvenir de cette expérience (si nous l’avons vécue) mais lorsqu’on raisonne comme le fait l’auteur sur l’idée de “vies successives”, cette idée d’intermonde est pratique, et logique! ».

    Je ne suis pas d’accord, au bout du raisonnement, il y a purement et simplement l’expérience ! totalement ineffable, indicible ! Pour les uns, il s’agira d’inexactitude, de supercherie, pour les autres d’oubli, voire de mysticisme ! quant à moi, il y a un vertige. Il faut reposer « les formules » voir ce que l’on fait, avec quoi, et où ? Et pourquoi ?

    Regarder le monde sensible : « c’est prolonger la vision de l’oeil, par une vision de l’esprit », c’est faire « par un puissant effort de vision mentale, percer l’enveloppe matérielle des choses et aller lire la formule, invisible à l’oeil, que déroule leur matérialité » (La pensée et le mouvant, H. Bergson)

    Pour effectuer cet immense effort mental, il faut se connaître soi-même. J’avoue que j’ai eu bien du mal avec cette formule, que j’ai mis des années à comprendre, à tenter de pouvoir applique, en faisant confiance, puisque cela avait déjà marché !!…. j’ai été longtemps dans une souricière, dans un piège… dans l’obscurité, mais l’obscurité de cette injonction n’était pas plus grande que celle dans laquelle, je vivais….

    Oui, j’ai eu le vertige ! Un vertige qui fait tomber des carapaces ! A « l’origine, » quand Il m’a créé, « dans ma pureté, je L’ai contemplé », j’ai été dans la fusion, comme le nouveau-né, qui sait qu’il vit, qui ne sait pas où s’arrête son corps et où son propre corps et celui de sa mère ne font qu’un. A cet instant là, le nouveau né n’est pas encombré par des strates de souffrances acquises, de culture, etc… il est dans la pure jouissance de ce qui le fait être, il a confiance. Il est dans une intériorité, il n’a pas besoin de voir, comprendre, il éprouve !

    Il éprouve que simplement pour continuer à vivre ! il ne peut que « faire confiance » (avoir foi, pb du crédit), et au fond de lui, il éprouve le bien : sinon, la vie lui ferait immédiatement défaut !

    Quand, j’ai appréhendé « l’instant de ma propre origine », si je puis m’exprimer ainsi : je L’ai loué de cette vie qu’Il m’a donné, et pour cet intermonde, lieu qui ne peut que nous permettre de nous défaire des voiles acquis.

    « la notion d’intermonde me paraît étroitement connectée à celle du cycle d’apprentissage terrestre »

    En effet de 2 choses l’une, en arrivant dans l’intermonde, si nous ne procédons pas à des nouveaux apprentissages, 1) nous restons des « emmurés », car privés de ce qui fait l’essence de notre être, ou bien 2) nous Le voyons, et alors nous sommes brûlés sur le coup, du fait de Son immensité. Donc, le « raisonnable », c’est qu’Il nous permette de continuer notre parcours et de nous perfectionner selon d’autres modes.

    Le noeud : c’est que notre monde est coupé de Sa transcendance. Quelle est l’inquiètude qui est à l’intérieur de l’athéisme, pour que l’idée de foi, rende un athée aussi agressif ? Quand on pose l’existence d’un Créateur, on reconnaît qu’à la racine, nous sommes des créatures, se pose alors, celui de notre lien à Lui, il y a un problème de sens.

    Il faut s’obliger à penser et à reculer les limites de nos raisonnements, un grand devancier a permis à un de mes voiles de se déchirer, Plotin, Ennéades V, livre III,

    Pour « voir » il y a un paramètre qui coexiste à nous-mêmes, dont on fait l’économie, et sans lequel, on ne peut pas comprendre.

    « L’intelligence est notre roi, et la sensation notre messager » Plotin.»(Commentaire sur le Timée, p. 77.)

    « dire que la sensibilité est le principe de la science, nous accorderons qu’elle en est le principe, non pas comme cause efficiente, mais comme simple occasion. La sensibilité est semblable à un messager ou à un héraut ; son rôle est d’exciter l’esprit a produire la science. » (Comm. sur le Phédon, dans les Fragments de Philosophie ancienne de M. Cousin, p.404.)

    Ennéades 5 livre IV

    « Nous sommes nous-mêmes rois quand nous pensons conformément à l’intelligence. Or cela peut avoir lieu de deux manières : ou bien nous avons reçu de l’intelligence des impressions et des règles qui sont pour ainsi dire gravées en nous, nous sommes remplis en quelque sorte par l’intelligence ; ou bien nous pouvons en avoir la perception et l’intuition parce qu’elle nous est présente (08). En la voyant, nous connaissons que par sa contemplation nous saisissons nous-mêmes les autres choses intelligibles, soit parce que nous saisissons la puissance qui connaît les intelligibles, à l’aide de cette puissance même, soit parce que nous devenons intelligence. L’homme qui se connaît lui-même de cette manière est double : ou bien il connaît la raison discursive, qui est propre à l’âme; ou bien, s’élevant à un état supérieur, il se connaît lui-même et il est uni à l’intelligence; alors il se pense par elle, non plus comme étant homme, mais comme devenu supérieur à l’homme, comme transporté dans la région intelligible et y attirant avec lui la partie la meilleure de l’âme, celle qui seule est capable de prendre son essor vers la pensée et de recevoir le dépôt des connaissances que donne son intuition (09). Mais la raison discursive ne sait-elle pas qu’elle est la raison discursive et qu’elle a la compréhension des objets extérieurs? Ne sait-elle pas qu’elle juge quand elle juge? Me sait-elle pas qu’elle juge au moyen des règles qu’elle a en elle-même et qu’elle tient de l’intelligence? Ne sait-elle pas qu’il y a au-dessus d’elle un principe qui possède les choses intelligibles au lieu de chercher à les connaître? Mais que serait cette faculté, si elle ignorait ce qu’elle est et quelles sont ses fonctions? Elle sait donc qu’elle dépend de l’intelligence, qu’elle lui est inférieure et qu’elle en offre l’image, qu’elle a ses règles en quelque sorte gravées en elle-même, telles que l’intelligence les grave, ou plutôt les a gravées en elle (10). Celui qui se connaît ainsi lui-même s’arrêtera-t-il là? Non, pas sans doute. Faisant usage d’une autre faculté, nous aurons l’intuition de l’intelligence qui se connaît elle-même; ou bien, nous emparant d’elle, puisqu’elle est nôtre et que nous sommes siens, nous connaîtrons ainsi l’intelligence et nous nous connaîtrons nous-mêmes. Cela est nécessaire pour que nous connaissions ce qu’est dans l’intelligence la connaissance de soi-même. L’homme devient intelligence, quand, abandonnant ses autres facultés, il voit l’intelligence par l’intelligence, et il se voit lui-même de la même manière que l’intelligence se voit elle-même ».

  33. merlin 06 le 14 Déc 2008 à 11:44 33

    Ou commence et ou finit la métaphysique (historiquement et étymologiquement place d’un ouvrage à coté de ceux dissertant sur le domaine physique)

    la métaphysique est donc la branche de la philosophie traitant de ce qui n’a pas trait au monde physique et débouche très souvent sur le mysticisme. ( mot pris au sens absolu et non inféodé à une religion quelconque)
    Celui-ci tente de trouver une cohérence à ce que présente l’univers à nos sens, entre le monde tel qu’il est et la conscience physique que nous en avons (ce qui est diffèrent puisque nos sens sont imparfaits et très peu surs et bien sur la conscience psychique) soit en étudiant la matière, soit en étudiant les causes et les loies qui l’on engendré.

    Le plus étrange c’est que bouclant sa course, le mysticisme et les science les plus avancées ( car bien sur on s’est détourné de l’unité des choses en tronçonnant les sciences )
    se retrouvent avançant les même théories et des fois employant des termes similaires au grand embarras des scientifiques et aux sourires amusé des mystiques

    A voir par exemple la théorie du champs unifié de l’univers quantique d’Einstein, la théorie d’Eisenberg ( le fait d’observer un phénomène a interagit sur le phénomène ) la théorie de l’inconscient collectif de young …..

    La science arrivera t elle un jour à prouver la valeur du mysticisme ou bien le mysticisme a force de  » mais cela est écrit depuis des siècles » abondera t il dans le sens des scientifiques, la révolution a séparé science et religion ( mysticisme religieux) sa révolution terminée, et revenue à la même place, la science acceptera t elle de réconcilier le raisonnement et l’intellect, la preuve et l’intuition ? a suivre

  34. MH le 15 Déc 2008 à 0:22 34

    @ Mahaut
    Comment ça? Vous n’êtes pas d’accord avec le Petit Robert? « … au bout du raisonnement, il y a purement et simplement l’expérience »????? Le raisonnement n’est que théorie! L’expérience est ce qui est vécu!
    L’auteur parle de « cadre de réflexion » donc, de raisonnement…

    Mais j’ai du mal à vous comprendre… Pourriez-vous expliquer ce qu’est l’intelligence, pour vous?
    Par avance, merci!

  35. Mahaut le 17 Déc 2008 à 10:50 35

    Je fais l’expérience d’une chose très frustrante : la difficulté de nous comprendre et de comprendre.

    « Pour moi », une chose qui m’apparait simple et qui découle de source, ne l’est pas pour un autre et vice versa !

    La question posée par M H, au sujet de ce que peut être « pour moi » l’intelligence, en précisant que le raisonnement n’est que théorie ! L’expérience est ce qui est vécu ! Et que l’auteur parlait de “cadre de réflexion” donc, de raisonnement… me précipite dans des abîmes, et ramène au point de départ, puisqu’il s’agit de « nous-mêmes » et doublement, quand la question est posée: « et pour vous ? Qu’est-ce que l’intelligence ? ».
    D’autant plus qu’un sujet ne peut en effet s’observer objectivement puisqu’il est à la fois l’objet observé et le sujet qui observe, et d’autant que la conscience se modifie elle-même en s’observant !

    Je réponds à MH, que Suryc le 05 nov 2008 a déjà très bien répondu concernant l’argument du « cadre théorique » : « Un scientifique peut-t-il de ses propres yeux voir, un microbe infecté une cellule au sein d’un organisme ? Nous sommes pour un temps, et peut-être pour longtemps, des navires perdus dans la brume,’ d’après Cogitons, mais j’ajouterai : navires équipés de radar…à nous de le mettre en marche, j’en suis convaincu ! …. »
    Il est à noter la réponse en retour de Cogitons du le 06 nov 2008, qui conclut qu’il y a là « une incompatibilité fondamentale ». … et de nier la technologie des radars….

    Pourtant, il ne s’agit rien de moins que de notre rapport au réel, la réalité sensible, et de réalité consciente, du reste l’auteur de l’article, le rappelait. En fait, c’est comme si nous nous trouvions dans des territoires fermés, où nous avons mis des données en mémoire, pour nous permettre de définir d’autres données ou d’en décrire, et qu’il n’y aurait pas d’entrées réellement communes, du fait que nous n’accordons pas les mêmes valeurs aux mots, les mêmes significations, du fait, de la subjectivité.

    Sans aucun doute, c’est réellement UNE QUESTION D’INTELLIGENCE, derrière il y a l’apprentissage avec des nouveaux concepts qui ne seront retenus que s’ils sont mis en relations avec des concepts existants. C’est une « vraie » connectique synaptique », en fait, plus le nombre de connexions entre des termes qui sont pour d’autres personnes faiblement apparentés est grand : plus il y a de créativité… et de possibilités de trouver la solution.
    Mettre en jeu des processus cognitifs : perception, sensation, mémoire, représentation, langage, attention, raisonnement, catégorisation, émotions : c’est comme jouer au Rubik’s cube !
    C’est une très, très bonne question : « POURRIEZ-VOUS EXPLIQUER CE QU’EST L’INTELLIGENCE, POUR VOUS ? » Je vous la retourne. « Affutons nos silex » ! Par avance, merci !

  36. MH le 17 Déc 2008 à 17:19 36

    @ MAHAUT:
    Je ne sais pas si vous avez répondu clairement à ma question… Mais il faut dire qu’elle n’est pas simple!
    On parle de l’intelligence: faculté de raisonnement, et non de l’intelligence émotionnelle, bien entendu.
    Intelligence: comprendre… avec son cerveau, son entendement, son ouverture d’esprit, sa finesse, sa subtilité…
    L’intelligence est différente de l’intuition, de la sensation: on comprend avec son intellect alors qu’on sent avec ses sens… les 5 sens physiques…
    Mais y a-t-il d’autres sens « métaphysiques »? Et dans ce cas, ces sens-là se rapprochent-ils de l’intuition?
    À SUIVRE…

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