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Les fondements de l’éthique : l’éducation de la pensée et le respect des droits

Par , le 7 Sep. 2008, dans la catégorie Articles - Imprimer ce document Imprimer - English version

[Cet article fait partie d’une série de 7 articles sur La pensée d’Ostad Elahi]

Les processus d’assimilation et de croissance que recouvre l’idée de « médecine de l’âme » ne sont pas des métaphores. Ils ont une signification pratique ; ils doivent être expérimentés. Or le nerf de la pratique spirituelle est l’éducation de la pensée, et pour une raison simple : la substance dont nous sommes faits, notre sentiment même d’exister, notre conscience d’être un « soi », toutes les intentions, conceptions, émotions ou perceptions qui se traduisent en actes de volonté, en paroles et en actions, ne sont elles-mêmes jamais rien d’autre que des pensées. C’est à travers le milieu de la pensée que nous nous nourrissons de certaines idées ou de certains principes, que nous formons des désirs et des projets ; c’est à partir du flux de nos pensées que nous orientons notre conduite, c’est en travaillant sur lui que nous pouvons infléchir nos traits de caractère, développer de nouvelles habitudes, de nouvelles capacités, qualités ou vertus. Il est donc capital de développer une vue juste de la manière dont certains principes, certaines maximes d’action, sont capables d’influencer notre psychisme et de transformer notre conduite. De même, il est essentiel de parvenir à prendre conscience des motivations ou intentions réelles qui se manifestent à travers les actions que nous accomplissons.

La pratique spirituelle présente ainsi deux faces. La première face est tournée vers le soi, vers la connaissance du soi. Cette connaissance est pour une part psychologique : il s’agit de prendre conscience de ses pulsions et de ses désirs, de parvenir à mieux discerner les tendances de son psychisme, ses aspirations profondes, ses convictions et ses doutes, ses qualités et ses faiblesses. Mais il s’agit plus encore de se rendre attentif, par une observation quotidienne, aux mécanismes par lesquels différentes instances psychiques (ou psycho-spirituelles), différentes formes de notre conscience éthique, interviennent dans le cours de nos pensées et de nos actions. Cette connaissance touche au moi conscient profond, qu’il ne faut pas confondre avec le moi conscient de surface, à laquelle est généralement attachée notre identité psychique et sociale. C’est également une connaissance active, qui revient, en fait, à mieux maîtriser la part impulsive et impérieuse de notre soi.

Le soi impérieux maintient en effet notre esprit dans un état de constant déséquilibre. Il affaiblit notre vigilance à l’égard de pulsions qui ont une base naturelle (et nécessaire, on l’a vu), mais qui s’avèrent malveillantes, illégitimes et nuisibles si nous leur donnons libre cours. Le travail intérieur qui consiste à connaître et à contrecarrer les effets de ce « soi impérieux » en nourrissant sa pensée de principes ou de « nutriments » éthiques justes, tel est finalement le moteur de la connaissance de soi. Connaître son soi impérieux et ses modalités d’action, afin d’agir efficacement contre lui, c’est se connaître soi-même. La connaissance de soi ne se réduit donc pas à une simple introspection psychologique. Telle que la décrit Ostad Elahi, elle est l’aboutissement de tout un processus d’éducation de la pensée.

En pratique cependant, nous vivons en société, de sorte que la plupart des difficultés ou épreuves auxquelles se trouve confronté celui qui se lance dans la lutte contre le soi impérieux se rapporteront de manière plus ou moins directe à autrui, à la relation qu’il entretient avec son entourage familial et professionnel. La relation aux autres est la seconde face, essentielle, du travail de perfectionnement. L’éducation de la pensée y prend la forme du respect du droit d’autrui, qui est pour Ostad Elahi un des piliers de la pratique spirituelle. Ne pas enfreindre les droits d’autrui, c’est la balise sur laquelle doivent se régler la pensée et l’action en chaque circonstance. La formule fondamentale en est bien connue : ne pas faire à autrui ce qu’on ne veut pas qu’il nous fasse. Ostad Elahi insiste tout particulièrement sur ce point : chaque être, chaque créature, aspire à vivre en paix ; c’est là son droit fondamental, auquel Dieu lui-même ne peut accepter qu’on déroge. Or le soi impérieux, parce qu’il ne connaît pas de limite, ne cesse d’empiéter sur le droit d’autrui, de manière plus ou moins déclarée. On peut donc dire que la lutte contre le « soi impérieux » revient en pratique à s’efforcer de respecter les droits des créatures en toute circonstance (Ostad Elahi considère qu’il existe un droit du soi, mais aussi un droit du corps, des objets, et de Dieu lui-même). L’attention à autrui, la tolérance, l’altruisme, sont des qualités qu’il est fondamental d’acquérir pour parvenir, à force de volonté et de persévérance, à transformer réellement sa propre substance.

Cependant, la pratique du perfectionnement se traduit avant tout par une lutte intérieure. Qu’il s’agisse d’apprendre à se connaître et à déjouer les ruses du « soi impérieux » en pénétrant en soi-même, ou bien de parvenir à respecter le droit d’autrui dans son comportement extérieur et sa parole, et mieux encore d’accomplir des actions désintéressées au bénéfice de ses semblables, c’est toujours sur le flux de ses propres pensées qu’il s’agit d’abord de travailler, en portant notamment une attention particulière à l’intention qui guide nos actions, aux jugements que nous portons sur autrui, aux pensées que nous nourrissons sur le monde et ce qui nous arrive.

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