82 Votez

Le soi impérieux (2) : origine

Bibliothèque sur mur de brique

 

La définition du soi impérieux assimilée, nous pouvons maintenant poursuivre notre projet de lecture approfondie en abordant méthodiquement la suite du chapitre de la nouvelle édition de La Voie de la Perfection qui lui est dédié. Nous avons vu qu’il était indispensable de savoir identifier cette énergie psychique nuisible à l’âme, avant de songer à la maîtriser. Mais une nouvelle question se pose ici : quelle est son origine ? D’où vient le soi impérieux ?

 

NB : avant de commencer ou de poursuivre la lecture de cette série, il est important maîtriser les notions développées dans les chapitres 4, 5 et 6, et d’avoir en tête les figures représentant la structure fonctionnelle de l’âme humaine (celles-ci figurent au début de La Voie de la Perfection).

***

 

La Voie de la Perfection – Chapitre 7 – Extrait 2
Le soi impérieux

 

Si l’âme céleste est recouverte de la fumée noire produite par le soi impérieux, le reflet céleste divin [l’étincelle divine] qui est en elle ne se verra plus.

(…) relire l’extrait 1 – Définition

Origine du soi impérieux

Le soi impérieux a son origine en nous-même, dans les points faibles caractériels de notre psyché. Si le ça n’est pas contrôlé par la raison saine, ses traits caractériels tombent dans l’excès et se mettent à dériver, formant ainsi nos défauts ou points faibles caractériels tels que l’orgueil, la colère, l’égoïsme, l’ingratitude, la concupiscence, le mercantilisme, ou encore le désintérêt total envers l’éthique et le Divin justes. Les points faibles caractériels correspondent à la non-observance des principes éthiques et divins justes. La tendance à transgresser les droits d’autrui, à mentir, à voir le mal partout, ou encore la malveillance, etc., sont des défauts d’ordre éthique, alors que nier l’existence du Divin ou nier l’existence de l’âme, de l’au-delà, du Compte, sont des défauts d’ordre divin. L’activité de nos points faibles caractériels produit le soi impérieux. Par exemple, chaque fois que notre orgueil blessé enflamme notre colère et nous pousse à nous venger, nous produisons du soi impérieux. Ou bien quand notre avidité pour le pouvoir et l’argent nous pousse à piétiner les droits des autres pour être satisfaite, c’est encore du soi impérieux que nous produisons.

Si le soi impérieux trouve sa source dans les excès du ça, tout excès du ça n’est pas nécessairement une manifestation de soi impérieux. Pour que ce soit le cas, il faut qu’il y ait transgression d’un droit éthique et/ou divin. Par exemple, céder ponctuellement à l’envie de manger une tablette de chocolat, ou même plus, est seulement un excès du ça, rien de plus. En revanche, si nous savons que cela va nuire à notre santé ou que nous développons une dépendance, cela se transforme en soi impérieux. De même, l’hyperactivité sexuelle au sein d’un couple légitime et consentant relève simplement d’un excès du ça. Mais le voyeurisme, la séduction du conjoint d’autrui ou l’obsession pour le sexe relèvent du soi impérieux. On voit dans ces exemples que ce qui produit du soi impérieux, ce n’est pas l’excès en soi mais l’excès qui implique la transgression d’un droit : droit du corps, de l’âme ou d’autrui.

Bahram Elahi, La Voie de la Perfection – Introduction à la pensée d’Ostad Elahi, Paris : Albin Michel, 2018.

***

Pour comprendre l’origine du soi impérieux et ainsi mieux se connaître, il est utile de se familiariser avec les différentes étapes de son émergence, en s’efforçant de le palper concrètement en soi. Dans la pratique, ce n’est cependant pas si simple. Pour vous en rendre compte, nous vous invitons à lire l’anecdote ci-dessous et à répondre aux questions qui suivent en vous appuyant sur les éléments fournis dans l’extrait du chapitre.

 

Charles et Nelly nous reviennent avec une anecdote. Nous les avions quittés en 2014 dans une ambiance assez tendue, que vous avez été très nombreux à commenter. Cette année, nous les retrouvons dans le cadre de vacances en couple : juste tous les deux, sans enfants, pour quelques jours de repos bien mérités. A l’hôtel, ce qu’ils préfèrent, c’est le petit déjeuner, surtout quand les produits sont frais, bio, etc. Ce jour là, Charles n’est pas en grande forme à la suite du voyage et ne prend quasiment rien. Nelly, en revanche, se sert une première assiette très bien fournie, et se régale. Lorsqu’elle revient du buffet avec une troisième assiette tout aussi bien remplie, Charles lui lance « Eh bien, quel appétit ! ». Nelly le prend très mal, disant à Charles qu’il n’a pas à lui faire de remarque insistante comme celle-là sur la nourriture. Charles se défend en disant qu’il a dit ça tout à fait gentiment, sans aucune taquinerie, se réjouissant de voir son épouse se régaler. Elle lui répond qu’elle ne le croit pas une seconde, et qu’il ferait mieux de manger un peu plus au lieu de se focaliser sur elle, qu’il est en train de devenir rachitique. Lorsqu’ils quittent le restaurant de l’hôtel, l’ambiance est, une fois de plus, un peu tendue…

 

Dans cette nouvelle anecdote, l’interaction entre Charles et Nelly peut être interprétée de différentes manières. Pour les questions suivantes, il n’y a donc pas de bonne ou de mauvaise réponse. Elles doivent nous inciter à réfléchir sur les ressorts qui peuvent activer en chacun le soi impérieux.

Sélectionnez le ou les choix qui vous semblent pertinents pour analyser la situation.

 

 

Si vous accédez à cet article depuis l’application mobile, cliquez ici pour participer au sondage.

1. La remarque de Charles :

Accès direct aux résultats si vous avez déjà voté

2. « Le soi impérieux a son origine en nous-même, dans les points faibles caractériels de notre psyché. Si le ça n’est pas contrôlé par la raison saine, ses traits caractériels tombent dans l’excès et se mettent à dériver, formant ainsi nos défauts ou points faibles caractériels ».

Concernant Charles : à votre avis, quels sont le ou les traits caractériels du ça qui s’expriment ici ? Si vous estimez que ceux-ci sont en dérive dans la scène que rapporte cette anecdote, quels seraient le ou les points faibles caractériels d’ordre éthique ou divin résultants (dont l’activité produit le soi impérieux) ?

3. Le comportement de Nelly :

Accès direct aux résultats si vous avez déjà voté

4. Concernant cette fois-ci Nelly : à votre avis, quels sont le ou les traits caractériels du ça qui s’expriment ici et, dans le cas où vous estimez que ceux-ci dérivent dans cette anecdote, quels sont le ou les points faibles caractériels d’ordre éthique ou divin résultants (ceux dont l’activité produit le soi impérieux) ?
5. Les vacances continuent, et ce couple solide qui a une démarche éthique et spirituelle va probablement réagir… Quelle attitude conseillez vous à Charles et à Nelly pour le petit-déjeuner du lendemain matin ? Avez-vous des expériences similaires sur ce sujet ?

Creative Commons License Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons

Revenir en haut

18 commentaires

  1. Bolo le 21 Fév 2019 à 10:05 1

    Nelly fait preuve de suceptibilité, probablement due à un contentieux antérieur non résolu avec Charles.

    La solution pour la suite sera de travailler à l’union entre eux, tout en évitant les remarques pouvant déclencher la polémique de part et d’autre. Quand on se connaît depuis longtemps, on connaît ses propres limites, mais aussi celles de son conjoint. Et on ne peut travailler que sur son propre soi impérieux, pas celui de l’autre.

  2. Azarm le 21 Fév 2019 à 14:58 2

    Nelly ne devrait pas prendre cela comme une atteinte et ne pas être susceptible à ce point et Charles devrait être plus prudent avec ses remarques puisqu’il a vu que Nelly est sensible et pourrait mal le prendre. Donc c’est aux deux d’être plus prudent et psychologue.

  3. SaTh le 21 Fév 2019 à 14:59 3

    Ce couple, l’un comme l’autre doit savoir que cette attitude est nuisible avant tout pour leur âme, pour leur progression vers un développement de leur raison saine etc.
    Le premier qui fera le premier pas est gagnant! Alors la solution est là, il faut juste laisser son orgueil mal placé de côté et agir au plus vite.

  4. A. le 21 Fév 2019 à 15:16 4

    QUESTION 2. Concernant Charles : à votre avis, quels sont le ou les traits caractériels du ça qui s’expriment ici ? Si vous estimez que ceux-ci sont en dérive dans la scène que rapporte cette anecdote, quels seraient le ou les points faibles caractériels d’ordre éthique ou divin résultants (dont l’activité produit le soi impérieux) ?
    REPONSE: si la remarque a été faite sans aucune intention de blesser il n’y a pas de soi impérieux et je ne saurais pas dire quel trait caractériel du ça est à l’origine de ce genre de commentaire.
    En revanche, si Charles était agacé ou voulait se moquer de Nelly alors c’est de la colère, sens de supériorité/orgueil, envie de rabaisser l’autre etc…
    ————–

    QUESTION 4. Concernant cette fois-ci Nelly : à votre avis, quels sont le ou les traits caractériels du ça qui s’expriment ici et, dans le cas où vous estimez que ceux-ci dérivent dans cette anecdote, quels sont le ou les points faibles caractériels d’ordre éthique ou divin résultants (ceux dont l’activité produit le soi impérieux) ?
    REPONSE: le trait caractériel de Nelly est une certain fierté de soi mais qui dérive en susceptibilité et colère.

    ————–

    QUESTION 5. Les vacances continuent, et ce couple solide qui a une démarche éthique et spirituelle va probablement réagir… Quelle attitude conseillez-vous à Charles et à Nelly pour le petit-déjeuner du lendemain matin ?

    REPONSE : A propos de Charles de faire preuve d’un peu d’empathie en se mettant à la place de Nelly. Si sa remarque n’était pas accompagnée d’une mauvaise intention, essayer de faire des remarques agréables à sa femme.
    Si toutefois sa remarque a été faite avec agacement, envie de se moquer d’elle etc… alors accompagner ses remarques agréables à sa femme aussi par un travail sur sa pensée (voir les qualités de son épouse, se focaliser sur la laideur de ses pensées colériques ou de supériorité etc..).
    Nelly aussi il faudrait qu’elle se mette à la place de son époux : peut-être qu’il avait conduit longtemps, qu’il était fatigué ; ou bien qu’il était tout simplement en train de plaisanter sans aucune mauvaise intention etc… En même temps il faudrait qu’elle se focalise sur la laideur de ses défauts de susceptibilité/colère.

    ————————

    QUESTION 6 Avez-vous des expériences similaires sur ce sujet ?
    REPONSE Cela arrive parfois que même si une phrase n’est pas dite avec une mauvaise intention, l’accumulation de phrases analogues au fil du temps, finit par irriter ma femme. J’essaie de me taire pour éviter l’escalade.

    1. madeleine le 07 Mar 2019 à 0:13 4.1

      Je suis globalement en phase avec cette analyse.
      question 5 :
      Je suggère clairement déjà que Charles exprime en parole et en acte,le plus rapidement possible qu’il regrette cette petite phrase. Nelly doit également avaler sa colère, sa rancune et redevenir avenante etc …
      Le lendemain matin Charles pourrait montrer plus d’entrain au petit déjeuner, même s’il n’a pas très faim, pour respecter les droits de Nelly qui peut satisfaire son ça légitimement. Et évidemment s’abstenir de faire une remarque dans le même registre. En ce qui concerne Nelly je lui conseille la vigilance quant à sa susceptibilité et également de faire preuve de tolérance si Charles préfère un petit déjeuner léger.
      question 6 :
      oui j’ai déjà vécu des scénarios de ce type dans le rôle de Charles plutôt.
      J’essaye vraiment d’éviter ces petites phrases qui dérangent l’autre en me mettant à sa place. Et si j’ai blessé mon conjoint je m’impose toujours de faire le premier pas.
      Si je suis plutôt à la place de Nelly et que la remarque m’a dérangée j’essaye de ne pas donner suite : ne pas me laisser affecter, ni me mettre en colère, et de comprendre la raison de la remarque.

  5. kbld le 21 Fév 2019 à 18:39 5

    Il me semble que nous n’avons pas assez d’éléments pour juger. C’est d’ailleurs probablement la leçon principale de cette anecdote racontée du point de vue d’un observateur extérieur. Beaucoup de réponses pourraient probablement être vraies si l’on infère de la réponse la situation qui lui correspond.
    Concernant l’homme, les critères d’évaluation semblent suggérés dans les réponses. La question n’est pas de savoir si l’intention était de heurter, s’il savait, mais plutôt s’il pouvait savoir, en faisant des efforts raisonnables, que cela allait heurter sa femme. Si oui, était-ce nécessaire à un résultat légitime ? Si oui, la manière de le faire était-elle proportionnée et adaptée au résultat recherché ? À la seconde question, la réponse apparait être négative en l’espèce. À la première, on ne peut pas savoir : sa femme a-t-elle un problème de poids, ou du moins pense-t-elle sérieusement en avoir un, et est-elle touchée par ce sujet ? Ou est-elle très fine, mais venait-elle par exemple d’apprendre qu’une amie a été quittée par son homme pour une question de tour de taille, et donc cela a suscité une réaction irrationnelle non prévisible ?
    Concernant la femme, il est certain que dire quelque chose de désagréable à une personne qui vient de nous heurter et de manière négative et colérique n’est pas tout à fait ce qui est conseillé à une personne voulant se perfectionner. Après, si l’on met de côté les paroles blessantes et la colère (et donc la manière de réagir, qui semble inappropriée), homme ou femme, je ne pense pas que, dans un couple, il faut se laisser aller à un rapport de domination qui peut s’installer subrepticement si l’on ne fait pas attention. Cela va parfois à sens unique, mais cela peut être aussi un rapport réciproque d’essais de domination et d’emprise. Il ne faut pas accepter des paroles blessantes ou rabaissantes, surtout si elles sont faites en public, que l’on soit un homme ou une femme. Et parfois, à mon avis, cela nécessite une réaction un peu vive. Il est très difficile de dire si, dans cette situation, c’était le cas.

  6. KLR le 21 Fév 2019 à 18:45 6

    Question 2 : J’ai remarqué que dans les couples, lorsque l’un des conjoints est content, il arrive que, comme des vases communicants, l’autre soit fatigué ou pas très bien luné. Du coup celui qui est mal luné a tendance à attirer l’autre vers sa mauvaise humeur. J’ai déjà expérimenté ce genre de situation.
    Dans le cas de Charles, je ne sais pas si c’est vraiment du soi impérieux car cela peut venir d’une fatigue physique, mais en tous cas cette situation peut l’amener à un travail sur son humanité : à faire un effort pour se mettre à la place de l’autre, lutter contre sa mauvaise forme afin de ne pas nuire au plaisir de sa femme.

    Après au quotidien dans les couples, il y a des petites phrases en apparence insignifiantes et qui en fait sont rabat joie, ou qui tout simplement qui piquent…C’est sans doute le cas ici. Recevoir la phrase : « eh bien quel appétit », si on est gourmande de façon exagérée et qu’on n’arrive pas à se freiner, cela peut être désagréable sur le coup !
    Tout dépend aussi de l’intention dans laquelle cette phrase a été dite, ce qui n’est pas dit dans la narration…

    Question 4: Nelly est sans doute susceptible. Il est possible que Charles ait lancé cette boutade avec affection, ou juste par taquinerie car il connait bien le penchant de son épouse, et dans ce cas, il n’est pas nécessaire de se sentir attaquée. Donc le défaut caractériel de Nelly serait la susceptibilité.

    Question 5: Il est très difficile d’accepter les petites critiques dans le couple, car il y a en a souvent et elles peuvent venir à tout instant sur des sujets aussi bêtes que le rangement de la brosse à dent, ou celui de l’éponge dans l’évier. Pour ma part, même si j’ai une tendance comme Nelly a être susceptible, j’essaye de garder ces remarques en mémoire afin d’éviter les petits gestes qui déplaisent à l’autre.

  7. Danielle le 22 Fév 2019 à 13:37 7

    4 Nelly : à votre avis, quels sont le ou les traits caractériels du ça qui s’expriment ici … ceux dont l’activité produit le soi impérieux ?
    Ce genre de remarque ironique est généralement blessante, il me semble que chez Nelly la susceptibilité est touchée, c’est souvent signe d’un manque de confiance en soi. Elle est déstabilisée dans ce moment de plaisir et la colère et la frustration se manifeste dans sa répartie envers Charles, le soi impérieux vise à le blesser en retour, sur le même terrain du rapport à la nourriture.
    Dans de telles situations, on peut transformer l’ambiance par l’humour…

  8. Zelfa le 23 Fév 2019 à 12:27 8

    Bonjour,

    après avoir lu le texte il m’est venu une image laquelle pourrait induire une remarque hors sujet mais c’est la seule chose que je peux dire à propos de cette scène.

    L’image est la suivante : Nelly est-elle enrobée ? Charles est-il trop mince ? Les problèmes relationnels sont en fait bien souvent liés à des choses concrètes telles que l’argent, la santé ou encore l’apparence ;

    S’il fallait interpréter ce texte non sur sa dimension réelle mais spirituelle alors je dirai quand même que l’une dépend de l’autre et qu’il faut connaître les personnes pour juger.

    Il y a peut-être un peu de soi impérieux chez chacuns et quelques points caractériels à corriger mais la question demeure. Quel est le réel soucis ?

  9. MH le 23 Fév 2019 à 18:17 9

    Evidemment, c’est le soi impérieux de Nelly qui est en cause, dans cette anecdote…
    Elle fait preuve de susceptibilité (comme cela a déjà été mentionné plus haut!), et sans doute n’est-elle pas très fière d’elle, de s’être resservie trois fois!
    Du coup, Charles, « le bec enfariné », tombe sur une petite faiblesse de son épouse!
    Lui, de son côté, aurais mieux fait de ne rien dire (les femmes n’apprécient pas, en général, qu’on leur parle de leur façon de « trop » manger!); même s’il a fait cette petite réflexion sans y voir de mal, avec un peu plus d’expérience, il saura qu’il vaudra mieux se taire, à l’avenir!

  10. adissam le 25 Fév 2019 à 0:13 10

    Concernant Charles : 

    quels sont les traits caractériels du ça qui s’expriment ici ?
    Si vous estimez que ceux-ci sont en dérive […], quels seraient le ou les points faibles caractériels d’ordre éthique ou divin résultants (dont l’activité produit le soi impérieux) ?

    La distinction entre « trait caractériel » et « point faible caractériel » m’a interpellé car je ne m’étais jamais trop intérrogé sur leur différence.
    Au chap. 4, il est fait mention que « la grande diversité des traits de caractères humains » est expliquée, entre autres, par « la combinaison et l’interaction permanente » des trois puissances ou facultés de la psyché humaine.
    Par ex. ici, notre protagoniste n’est pas très en forme ce qui l’empêcherait de profiter de ce petit-déjeuner. Cela peut donc aiguiser un besoin légitime de se nourrir et d’y prendre plaisir (faculté concupiscible en action). A cela, peut se mêler une réaction de défense naturelle contre cet état de faiblesse (puissance irascible en action). Jusque là rien d’excessif (j’ai faim mais je n’ai pas la forme, j’aimerais aller mieux).

    La question 2 aborde le soi impérieux, qui s’avère être l’expression du désequilibre de ces traits caractèriels au sein de la psyché. Or, sachant que pour qu’il y ait du « soi impérieux », il faut la transgression d’un droit.  Y-a-t-il donc une telle transgression ici ?
    Charles lui lance « Eh bien, quel appétit ! ». Nelly le prend très mal […] » Est-ce une remarque complice et bienveillante ? Ou bien une bouffée de jalousie malveillante ? (j’aimerais être en forme pour en profiter, … moi aussi !).
    La réaction blessée de Nelly montre qu’il s’agirait plutôt d’une pique. Quel droit serait alors transgressé ? Par ex. le droit d’être traité avec respect et bienveillance entre mari et femme ?

    1. adissam le 21 Mar 2019 à 14:25 10.1

      Quant au personnage de Nelly, son comportement est assez peu soucieux de l’autre. Attitude qui m’est familière.
      ——————-
      Alors que mon métier est au service des autres, j’ai remarqué que lors d’une plainte d’un proche, mon attitude est toute différente. J’ai tendance à minimiser sa douleur par exemple.
      ——————-
      A force d’y réfléchir, je me suis dit, la prochaine fois, agis. J’ai opté pour retenir ma langue et montrer un signe d’empathie.
      ——————-
      Cas vécu: 
      – proche: « ma douleur revient »
      – moi: (j’écoute), puis je me lève et viens à côté de lui, « montre-moi. C’est par là ? »

      Rien que ce geste a eu un effet incroyable.

      1. adissam le 27 Mar 2019 à 0:06 10.1.1

        Une attitude moins sensible pourrait se justifier dans certains cas.

        Par ex. il est parfois utile d’opter pour une forme d’auto-défense visant à prémunir sa psyché d’un afflux excessif d’émotions. En effet, si chaque malheur devait m’émouvoir au point de m’en affecter (de laisser une trace sur ma psyché), voire même d’en arriver à en vouloir à Dieu, alors cela devient une manifestation du soi impérieux. Car il y a transgression d’un droit.
        Mon hypothèse est que cela porte atteinte à mon corps et à ma psyché (leurs droits sont bafoués). Quant à se plaindre auprès de Dieu, c’est une forme de désespoir et de doute, et cela nuit à ma relation avec la Source.

        Mais peut-être vaut-il mieux, de façon générale, forcer le trait vers plus de sensibilité vis-à-vis d’autrui, mais si son métier est constamment au contact de personnes malades, alors un minimum de protection de sa propre psyché s’avère nécessaire selon moi.
        ————————————
        Dans le scénario, il s’agit d’un couple. Selon B. Elahi, réussir une relation de couple nécessite de « reconnaitre et respecter chacun les droits légitimes de l’autre » et « considérer qu’une moitié de soi-même appartient à l’autre »*.

        En recopiant ces quelques mots, je viens de comprendre ce que pourrait impliquer « qu’une moitié de soi-même appartient à l’autre » (par ex. je prends soin de lui/elle comme je pourrais prendre soin de moi). Merci.
        Cela reste une compréhension théorique car je ne le pratique pas.

        *Chapitre 18 « L’homme et la femme » de La Voie de la Perfection.

  11. pjj le 07 Mar 2019 à 14:52 11

    Selon mon expérience, Charles aurait pu s’excuser de sa maladresse même si cela n’était pas intentionnel et peut-être revenir à un moment ultérieur sur la situation. Dans les moments de couple, il me semble qu’il faut partager (renvoyer le change) dans le présent, c’est-à-dire si son conjoint(e) est heureux de faire une chose, être aussi heureux avec il ou elle, tout en faisant particulièrement attention à son comportement ou ses propos pour ne pas la blesser. En somme se mettre à la place de l’autre.

  12. ablis le 16 Avr 2019 à 22:48 12

    Il est possible que Charles ait parlé dans la précipitation.Personnellement il m’arrive souvent de m’exprimer trop vite avant d’avoir réfléchi aux conséquences.Mais je me rends compte que même la c’est le soi impérieux qui s’exprime, soit parce que je vois en l’autre un défaut que j’ai moi même et cela m’énerve de le voir, soit au contraire c’est une attitude que je n’ai pas et donc cela me choque de le voir chez les autres.Dans le premier cas je suis hypocrite(puisque j’ai moi-même ce défaut) et dans le second cas je suis intolérant.
    A mon avis Nelly a mal pris les propos de Charles car elle s’est permis un excès qu’elle n’aurait pas du faire.Les points faibles caractériels probables sont la gourmandise et la susceptibilité.

  13. Ada le 19 Avr 2019 à 9:37 13

    Bonjour
    Il me semble qu’il y a surtout un problème d’empathie « matinale », lié à la fois à la fatigue du voyage et que le matin, c’est parfois difficile de réfléchir avant de parler.
    J’ai beaucoup de mal , particulièrement le matin, et quand je suis fatiguée, à me mettre à la place d’autrui. Mon expérience personnelle est d’essayer de me taire et de jeter un regard affectueux
    Merci beaucoup

  14. DD le 30 Mai 2019 à 5:55 14

    Cette lecture tombe à pic! Nous nous retrouvons mon mari et moi-même dans les mêmes travers, situation de couple que tous les couples connaissent bien.La petite phrase qu’on aurait mieux fait de ne pas dire car elle enclenche tout un processus souvent irréversible de réactions négatives … Et alors la situation devient tellement compliquée touchant des points faibles tels que la susceptibilité, l’hyper-sensibilité, le débordement du à la fatigue ou autre, la sensation d’échec, le renvoi d’une image négative de soi très dure pour l’ego, les vieux contentieux qui ne demandent qu’à remonter à la surface, la mauvaise gestion de nos émotions etc… En fait la petite phrase qu’on n’a pas su éviter nous la payons très cher!
    Bien sûr qu’on aurait mieux fait de ne pas la dire et même ne pas la penser mais l’erreur est humaine et si tous les deux partenaires ont les mêmes préoccupations en pensant que ce n’est qu’un épreuve de + destinée à nous tester, apprendre à mieux nous connaitre, nous éduquer ou nous purifier ils peuvent tous les deux se mettre à travailler sur leurs points faibles respectifs. Effectivement comme ça a été déjà dit faire le premier pas vers une réconciliation et en tirer les conclusions nécessaires à un comportement plus juste envers son conjoint en particulier et avec les autres en règle générale.

  15. mike le 20 Oct 2019 à 18:40 15

    charles : taquin mais mécontent de ne pas pouvoir en faire autant, un brin de jalousie, probablement trait de caractère aussi éducationnel, famille dans laquelle manger est ‘mal’
    ne participe pas au plaisir de son épouse et lui en veut à elle de son état
    Nelly : prend trop la mouche, mais est dans son droit légitime, dérive quand elle l’accuse, colère l’emporte
    conseils : dans le couple se mettre toujours à la place de l’autre, et savoir stopper la discussion si dérive en tac au tac, sinon cela devient infernal on se permet trop de dérive et on pense que c’est toujours l’autre qui a tort et qui devrait nous ménager!!

Url de rétrolien | S'abonner aux commentaires de cette page

Déposer un commentaire

Les commentaires de ce site sont modérés et ne seront donc visibles aux autres lecteurs qu'une fois validés
Rappel des mentions légales

e-ostadelahi.fr | © 2024 - Tous droits réservés | Mentions légales | Plan de site | Contact