La Rochefoucauld, Maximes, 1965

L’amour-propre aux mille visages : La Rochefoucauld

5 réponses

  1. Black c@t
    4 décembre 2013

    Bonjour et merci pour cet article riche !
    Je dois avouer que je ne comprends pas vraiment le but recherché ici. Oui il faut être conscient de ce que nous sommes et qu’en dehors de ma petite personne il y a les autres. Mais dans cet article j’ai l’impression que « je  » ne suis que laideur et nullité or il me semblait que même s’il est nécessaire pour s’améliorer et se perfectionner de savoir qui et ce que nous sommes il ne faut pas pour autant ne pas s’aimer. L’amour propre me semblait être une sorte de moteur, c’est notamment par amour propre que je ne fais pas certains actes qui sont contraire a l’éthique. L’amour propre n’est il pas un moyen de lutter contre l’indignité ?
    J’entends bien qu’il ne faut pas s’aimer comme narcisse qui s’est oublié lui et les autres dans sa propre image mais s’aimer un peu pour s’améliorer (comme un parent -toute proportions gardées- aime son enfant malgré ses défauts tout en l’aidant a grandir) n’est pas selon vous utile pour se perfectionner ?

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  2. mahaut
    4 décembre 2013

    Merci pour cette nouvelle publication : à la fois concernant le sujet et la beauté de la langue. Merci aussi à l’équipe pour les rappels des divers articles : le travail nous est mâché….

    Faire sa propre introspection est bien difficile avec tous ces pièges !! Quelque chose au fond de ma propre nature me fait aimer « toutes ces beautés » qui amènent à la Lumière et n’y voudrais qu’y donner toute ma vie.

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  3. juliette
    6 décembre 2013

    Cette maxime définit avec précision la non-connaissance de soi. L’analyse de ce texte me renvoie à mes manques permanents, et donne une belle place au « moi conscient de surface » ! Quelle belle illustration de la prise de pouvoir du soi impérieux, celui qui aveugle, celui qui « empêche » avec détermination de voir la Vérité, et ce qui est terrible, c’est que nous sommes ses complices, Ô combien souvent consentant !
    Il ne faut pas confondre amour propre, amour de soi, avec ce bel amour propre qui est aussi la définition du sens de l’honneur et de la dignité.

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  4. Sandrine
    6 décembre 2013

    Bonjour Black c@t

    Je tente une réponse .
    Il me semble qu’il faut bien sûr avoir de l’estime de soi pour avancer dans la connaissance de soi, sans quoi, le dégoût que l’on a de soi-même ne nous conduira que dans les égouts de notre maison. Et on sera vite découragé. Mon expérience m’a montré que c’est en partie grâce à mon amour propre, à toutes les satisfactions que j’en tirais (par exemple, je deviens quelqu’un à mes yeux et aux yeux des autres puisque mes actes s’embellissent et mes connaissances s’approfondissent), que j’ai été motivée au début (et sans doute encore en partie aujourd’hui) à avancer dans la spiritualité.

    De ce que j’en comprends, le but recherché à travers cet article est de nous faire prendre conscience de la puissance tortueuse, quasi infinie, de l’ego ou plus précisément du soi impérieux dans sa capacité à nous duper nous même sur les intentions qui nous animent lorsque nous laissons notre nature suivre son cours.

    Dans les conférences de Bahram Elahi en ligne sur ce site, il insiste sur le fait que nous sommes dominés par notre ego. Nous vivons dans notre ego l’essentiel de notre journée. Nous n’en sommes souvent pas conscients. Même lorsqu’il nous arrive de prier, acte a priori dans lequel on pourrait se dire : « là au moins, je pense à Dieu et je laisse mon ego de côté ! », rien n’est moins certain eu égard non seulement à la nature de notre prière, à notre attention pendant la prière, mais aussi à notre posture intérieure face à Lui, chose qui n’est pas nécessairement très visible à notre conscience.

    Tout ce qui, dans nos actes et dans nos pensées, n’est pas orienté vers la recherche du contentement divin est teinté d’un désir de l’ego, manifeste ou caché. Et ce brouillage débute déjà par le simple fait qu’il peut nous détourner de la compréhension réelle de ce que devrait être ce contentement divin dans une situation donnée.

    J’imagine que l’objectif de l’article n’est bien entendu pas, je me retourne vers le comité de rédaction, de nous démotiver, mais de nous rendre plus lucide sur nous-même et sur ce soi-impérieux contre lequel la lutte constitue l’un des axes essentiels du travail de perfectionnement spirituel selon Ostad Elahi. Dans le très bel ouvrage de Leili Anvar consacré à Malek Jan Nemati, ne dit-elle pas : « l’un des signes de la perfection est que l’on connaît chaque chose à sa juste valeur », chaque chose, donc chaque pensée aussi sans doute. Et par ailleurs, « le soi-impérieux est avec nous jusqu’à notre dernier souffle. Quel que soit le niveau d’avancement spirituel que l’on atteint, il est toujours là. »

    Cela signifie que le soi-impérieux se perfectionne avec nous : il affine ses arguments en tenant compte de nos acquis spirituels, utilisant, pour peu que sa dimension pulsionnelle commence à être maîtrisée en nous, des moyens plus subtils, des arguments de nature pseudo spirituelle pour essayer de nous duper : par exemple, il développe en nous une fausse humilité, nous fait porter notre attention sur des aspects secondaires de nos défauts pour mieux nous cacher les plus saillants, nous auto glorifie lorsque nous agissons en bien en se faisant passer pour la voix de la « bonne conscience », etc.

    Comme il cherche incessamment à nous couper du divin vrai, le soi impérieux est comme cet amour-propre décrit par la Rochefoucauld. Et même si ce génial auteur appuyait sa description sur les usages de l’amour propre dans la vie courante, hors peut-être (mais rien n’est moins sûr) toute considération de perfectionnement spirituel, je pense qu’il n’est pas sans intérêt de savoir que c’est avec la même énergie, la même roublardise que cet amour-propre impérieux (l’auteur utilise le terme d’ailleurs), cherche et cherchera toujours à survivre, dans sa gloire propre, c’est-à-dire à nous détourner de la compréhension et de la pratique réelle du contentement divin.

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  5. Ms
    8 décembre 2013

    Merci pour cet article si parlant et si démonstratif des puissances qui s’exerce en moi !

    Pour essayer de « compléter » le commentaire de @ Sandrine et « répondre » à Black c@t, j’aimerai partagé une vidéo dont voici le lien : http://www.youtube.com/watch?v=owH9xLDnbtc

    Elle est courte et me paraît plutôt explicite.

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