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La règle d’or selon Hadj Nemat

Par , le 28 Fév. 2015, dans la catégorie Articles - Imprimer ce document Imprimer
Vue sud de Jeyhounabad

« Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse »… Telle est, dans sa formulation négative, la « règle d’or » qui est au fondement de la plupart des grandes doctrines morales. Hadj Nemat, le père d’Ostad Elahi, lui consacre tout un développement dans son grand œuvre en vers, le Livre des Rois de la Vérité. Il montre que ce principe universel trouve sa condition et son sens dans le processus de transformation de soi par lequel chacun peut s’efforcer de rendre son être semblable à une « eau pure ». Alors « faire le bien » ne se réduit pas à éviter aux autres le mal qu’on ne voudrait pas pour soi-même ; l’altruisme véritable est une expression de l’adoration du Vrai. L’extrait qui suit a été traduit par Leili Anvar.

Quiconque veut être compté au rang des serviteurs
Et s’unir au Seigneur en toute humilité,
Doit purifier son être, devenir eau limpide
Afin de contempler l’éclat de Sa splendeur.
Car l’Essence du Vrai est pure et sans défaut
Et seuls ceux qui sont purs en reçoivent les bienfaits
Si ton être est semblable à l’eau courante et pure,
Il aura pour toujours le goût de la douceur
Mais si à l’intérieur, l’ego est plein, impur,
Il croupit du dedans comme de l’eau stagnante.
Et sache que quiconque veut s’approcher du Vrai,
Se soumettra à l’ordre émis par le Seigneur.
Son intention sera de contenter son Dieu
Et de faire toujours ce qu’Il a commandé,
Renonçant dans son âme aux tentations, aux doutes,
À toute hypocrisie, toute dualité,
Réduisant à néant l’ego avide et fourbe.
Coupant court à l’orgueil, l’arrogance, l’impureté,
Soumis à Ses décrets de la tête jusqu’aux pieds.
Lors le Vrai deviendra, en lui, son Bien-aimé,
Et la joie en son cœur lui sera accordée.
Il me faut énoncer en toute sincérité
Les deux principes menant à l’immortalité,
Survivance de l’âme au sein de l’Eternel :
En premier, tout ce que l’on aime pour soi-même,
Le vouloir pour les autres comme légitime et juste.
En deuxième, ne pas vouloir pour ses semblables
Tout ce que pour soi-même on ne désire pas.
Car si tu vois autrui comme un autre toi-même,
Jamais comme un vautour, tu ne fondras sur lui.
Tu choisiras alors les actions les meilleures,
Dans le cœur des épines tu cueilleras la fleur.
Le bon agit en bien même avec les mauvais ;
Dans ce monde, il ne fait que le bien en tout lieu.
Faire le bien en réponse du bien est une chose
Mais rendre par le bien le mal que l’on t’a fait
C’est là, je te le dis, la bonté au sens vrai.
Ô mon cœur, soit donc bon, envers tous, quels qu’ils soient
Afin que tous te voient comme pôle du Vrai.

Source originale : Hâdji Ne‛mat Djeynûnâbâdi, Shâhnâme-ye Haqiqat [Le Livre des Rois de Vérité], Téhéran, Djeyhûn, 1373/1994 (1ère édition, 1966), p. 379.

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23 commentaires

  1. Wilhelm le 28 Fév 2015 à 6:14 1

    C’est si beau et si difficile

  2. KLR le 28 Fév 2015 à 11:06 2

    Merci pour ce beau poème !
    A propos de cette belle image d’eau pure qui doit devenir la substance de l’être, j’ai eu une expérience récente qui m’a fait saisir la nécessité de faire feu de tout bois en matière d’altruisme, et de saisir toutes les occasions possibles.
    Dans le cadre de mon travail, une de mes chefs a récemment accouché. C’est une personne avec qui j’ai eu de temps en temps maille à partir car elle est très gestionnaire, tout en jouant sur l’affectif quand cela l’arrange…
    Lorsque son enfant est né, une collègue m’a mis un SMS enthousiasme avec une photo du bébé ! j’ai vu le SMS et j’ai tout de suite émis un soupir de dépit et d’agacement.
    Puis dans un second temps j’ai répondu à cette collègue gentiment. Elle m’a renvoyé un deuxième SMS : « peux tu lui envoyer un message pour la féliciter… ».
    Là, j’ai vu tout de suite la main de Dieu, j’ai regretté mon geste de dédain et j’ai compris que Dieu m’offrait sur un plateau une occasion de faire un geste altruiste.
    j’ai envoyé un SMS à ma chef, celle-ci en a été très touchée, et m’a renvoyé un message très gentil…
    Le fait d’avoir pu faire ce geste a totalement apaisé mon coeur, et je ressens cette image de l’eau pure et mon geste de dédain comme une grossière impureté !

    1. Ia le 07 Fév 2022 à 0:40 2.1

      Merci beaucoup pour cet exemple que je lis 7 ans plus tard. En effet, quand on commence à voir à quoi correspond cette impureté cela aide beaucoup je crois. Je commence à les voir en moi justement alors qu’avant c’était abstrait.

  3. mahaut le 28 Fév 2015 à 12:18 3

    Ce nouveau billet est un vrai baume sur nos coeurs, dans ces jours où le monde tourne à l’envers plus que jamais….. Merci

    Après avoir essayé de pratiquer l’altruisme, je me suis rendue compte : « chez moi », de quelque chose semblable à :
    – l’altruisme véritable est une expression de l’adoration du Vrai –

    J’ai éprouvé bien des fois « mon amour maternel », pour mes enfants… à des moments où ils dépassaient les limites et qu’il fallait « punir » sans toutefois les écraser…. et assumer leur éducation, j’étais vraiment très démunie au moment où je me retrouvais dans cet état……….. Dans ces moments, du moins, me concernant, souvent je me suis retrouvée face à une âme, dont le corps biologique était proche du mien, fait du même tissu que moi, mais en même temps une âme dont, je ne savais rien….

    – Car si tu vois autrui comme un autre toi-même, Jamais comme un vautour, tu
    ne fondras sur lui. Tu choisiras alors les actions les meilleures, Dans le cœur
    des épines tu cueilleras la fleur. –

    J’étais face à mes enfants et en même temps face à notre Créateur commun, j’essayais de faire « mon devoir »….

    Dans ces moments, je sentais monter en moi, comme une chaleur dans ma poitrine et mon coeur battait plus fort et je constatais que l’altruisme avait un véritable goût….

    Avec le temps, en essayant de pratiquer l’altruisme en toutes circonstances, j’ai ressenti renaître dans ma poitrine cette sensation connue….. pour moi l’altruisme est semblable à cette sensation maternelle éprouvée….

    Cela a été une merveilleuse découverte d’avoir pu saisir cette relation et notre rapport avec tous les êtres. Nous sommes tous frères, avec un même Créateur. Il ne peut rien d’autre habiter dans notre coeur, sinon, nous ne sommes plus avec Lui.

    Quelle merveille pour Ostad, d’avoir été éduqué par un tel père biologique ! La vie est avant tout éducation nous ramenant à la racine….

    1. A. le 02 Mar 2015 à 23:46 3.1

      > J’étais face à mes enfants et en même temps face à notre Créateur commun, j’essayais de
      >faire “mon devoir”….
      Ce n’est pas facile de faire son devoir comme parent, notamment pendant l’adolescence alors que le soi impérieux se manifeste dans toute sa puissance et de surcroît avec une influence du milieu qui ne fait qu’encourager les jeunes (et les moins jeunes) à agir dans un sens anti-éthique

      >Faire le bien en réponse du bien est une chose
      >Mais rendre par le bien le mal que l’on t’a fait
      >C’est là, je te le dis, la bonté au sens vrai.
      C’est justement avec ses proches les plus proches, que l’on peut commencer à mettre en pratique la bonté véritable, l’altruisme véritable, cad répondre en bien quand ils te font du mal. Mon aîné de treize ans par exemple, est ultra-égoïste … les autres n’existent pas pour lui. La tentation est forte alors lorsqu’il te demande de l’aide (ce qui arrivé souvent) de lui rendre la pareille, de se venger … mais il faut l’éduquer, donc on ne peut pas se permettre d’agir comme lui il le fait. Donc, agir avec bonté mais en même temps lui faire remarquer par l’exemple et la parole, ses erreurs .. tout un travail d’équilibre. Ce qu’est difficile d’être un bon éducateur

      1. Ia le 07 Fév 2022 à 0:44 3.1.1

        La question que je me pose est toutefois: que faire face à quelqu’un qui a fait ou continue à faire du mal à un autre? Comment puis-je répondre en bien à une personne qui fait du mal à une autre?

    2. kbld le 09 Fév 2022 à 2:56 3.2

      @Ia
      Un « bien » n’est pas nécessairement quelque chose d’agréable. Qu’on me corrige si je me trompe, mais en médecine, si un organe a des cellules cancéreuses, le « bien » est de les retirer, mais pas d’en faire trop pour que l’organe puisse être au possible fonctionnel.
      Je crois que l’exemple de grands sages qui vivaient en société est utile, et on voit chez eux à la fois une grande détermination face au mal, à la fois un grand dévouement et un grand « amour d’autrui » (mohabbat, affection-amitié). Lorsqu’il est approprié d’agir, alors il faut purifier son attention. Parmi les exemples classiques, il y a, dans le Masnavi, ’Ali, qui, lors d’une bataille, se fait cracher dessus par ’Amr après l’avoir désarmé ; du fait que, d’après Rumi, il avait senti la colère du fait du crachat, il lui a dit de reprendre son arme, et l’a alors de nouveau désarmé (et finalement tué, je crois), mais en étant certain de la pureté de ses intentions. L’extrait est cité ici : https://www.dar-al-masnavi.org/n-I-3721.html . Ça c’est l’intention. Il y a aussi la question de ne rester droit et humain dans la réponse au mal, je donne des exemples ici : https://www.e-ostadelahi.fr/eoe-fr/un-antidote-pour-la-colere-2-la-bienveillance/#comment-243887 . Et il faut voir que Mohammad et Ali faisaient face à des gens sans foi ni loi qui voulaient les exterminer, à l’arme blanche, et donc leurs décisions sont assez fascinantes, mais on voit bien qu’elles inspirent un grand respect.
      Plus proche de nous, il y a une parole où Ostad Elahi indique qu’il y a des moments où il faut mettre les choses au point (citée dans Ostad Elahi et la modernité, p. 206-207) et une autre où il donne un exemple où lui-même a parlé avec « fermeté » à quelqu’un dans le cadre de son office de juge (citée dans le même ouvrage, p. 202-203).
      Une difficulté néanmoins est de savoir quand agir, ce qui nous regarde. Défendre le message divin face à ceux qui veulent l’anéantir, cela regardait les envoyés divins. L’ordre dans le tribunal regardait le magistrat qui préside, Ostad Elahi. Dans nos vies modernes où tout le monde peut interagir avec tout le monde, c’est tout de même assez compliqué. Je crois qu’il est du devoir d’un être humain d’aider ceux qu’il peut aider, mais il faut voir que nous ne sommes pas surhumains et on ne peut pas tout résoudre. Je crois qu’il faut voir si une question est notre responsabilité (famille, responsabilité professionnelle…) et aussi, bien entendu, si on assiste à une agression ou quelque chose de ce genre et qu’on a la capacité d’aider. C’est très circonstanciel.
      Mais s’il est approprié d’agir, alors le travail porte sur l’intention et la mesure (chercher à éviter la discorde). Quant au mode (fermeté ou amour), c’est aussi circonstanciel (voir la parole p. 206-207). Mais ce qui est certain est que parfois, il faut être ferme, et c’est un « bien ».
      Un bon conseil que j’avais entendu est d’agir comme si celui duquel émane le mal et contre lequel il faut réagir était un être cher.

    3. kbld le 09 Fév 2022 à 3:13 3.3

      @Ia
      Cela signifie aussi que ce n’est pas un impératif éthique que personne ne soit jamais pas content. Je vous conseille un film, Ali’s Wedding, qui est de toute façon un des films les plus doux que vous aurez vu dans votre vie (et disponible sur Netflix), où à la fin il y a l’histoire d’un sage et de son fils faisant un chemin avec un âne. Dans le film, l’histoire dite par le sage imam est utilisée par lui un peu différemment, mais elle illustre bien l’impossibilité à un certain point de contenter tout le monde.

      1. kbld le 13 Fév 2022 à 23:47 3.3.1

        Je vois que cette histoire est une histoire de Mollah Nasreddin (ou Nasreddin Hojja), que l’on retrouve en France chez La Fontaine et d’autres. Une version en français est donnée ici : https://unebellefacon.files.wordpress.com/2013/10/nasreddine-le-fou-qui-c3a9tait-sage.pdf La version du film est citée ici : https://moovekwots.blogspot.com/2020/04/movie-quotes-alis-wedding.html

      2. Ia le 17 Fév 2022 à 0:18 3.3.2

        Merci beaucoup kbld de votre temps et de la richesse de cette réponse. En effet, ce n’est pas facile et je vois que toute situation est particulière, et que nos responsabilités varient selon la situation aussi. Ce que je comprends est qu’une action n’est peut-être pas possible, mais alors une attitude, une fermeté, une résolution face aux personnes concernées, tout en douceur peut-être, mais ferme, peut-être la seule solution qui est abordable pour moi. Peut-être même l’évitement. En tous les cas, je sens que bien que l’on doive développer son entendement, rendre plus saine notre pensée, il faut demander à Dieu de l’aide pour nous guider, pour penser, parler et agir correctement.

      3. Ia le 23 Fév 2022 à 12:36 3.3.3

        C’est incroyable: alors que hier matin je me préoccupais de savoir comment agir face à autrui qui fait du mal, que je lisais attentivement les commentaires et citations apportés par kbld, que je me prenais au sérieux dans ma démarche d’étudiante spirituelle, le soi impérieux s’est épris totalement de moi l’après-midi, lors d’une promenade tranquille et sans aucun souci ou conflit. Je ne peux pas dire qu’il est sorti de nul part, car il s’agissait d’un point qui a été très difficile pour moi récemment au sujet du mauvais comportement d’autrui face auquel je devenais une sorte de justicière crachant du feu. (Mon exemple initiale était familiale et spécifique, mais là c’était généralisé.)
        Ne m’étant pas saisi un moment avant de faire face à de potentielles personnes ou situations qui pourraient m’énerver, ne m’ayant pas préparé en demandant l’aide de l’Un pour que je parle et me comporte correctement : à la première occasion tirant sur cette corde là, j’ai agressé un homme verbalement gratuitement, et sadiquement: profitant d’un moment où je me sentais en position de pouvoir et avec une amie qui me fait sentir forte. (Qui était choqué par mes mots mais encourageante dans le constat de la rapidité avec laquelle j’ai pris conscience de ma faute.)
        J’ai immédiatement sentie ma faute quand il est partie chercher nos cafés. J’ai sentie mes paroles et mon acte puant, vile. Masque bien couvrant mon visage j’ai chercher à jouer sur l’absence de visuel sur les traits du visage et ai dit à son retour: je suis désolée pour ce que je viens de dire, je blaguais….mon humour est mauvais….Il a répondu sans souci. Mais le tour était joué. Match gagné pour le soi impérieux.
        Alors que le matin même je méditais sur la question de rendre le mal en bien (et le monsieur n’avait même pas fait du mal), mon soi impérieux a saisi une occasion pour me venger de situations passés accumulés où je me sentais harcelée ou minimisée dans une situation quotidienne.
        Cela m’est arrivé à ce point la dernière fois il y a 5 ou 6 ans où dans une autre situation je me suis vue transformée en sadique gratuite lorsqu’une occasion s’est présentée à moi où j’étais en position de pouvoir faisant le portier lors d’un bal masqué (sic).
        Le souvenir amer de hier, j’espère, va agir comme un étendard, un scénario si caricaturale et moche de moi même (alors que je me considère si gentille…) que je serai rappelé que le soi-impérieux me rend immonde.

  4. chat31 le 28 Fév 2015 à 19:35 4

    Merci pour cette belle traduction. Ce nouvel article m’a redonné l’occasion de relire les articles précédents dédiés à Hadj Nemat. Je me suis rendue compte que la lecture de ces poèmes, et en particulier l’amour inconditionnel du Vrai qui en découle, sont profondément inspirants et m’aident à ne pas me laisser submerger par ce monde et ses nombreuses influences anti éthiques.

    1. Danielle le 01 Mar 2015 à 13:20 4.1

      Je me joins à vous pour ce grand Merci, ces merveilleuses traductions nous permettent d’accéder à ces textes exceptionnels.

  5. adissam le 01 Mar 2015 à 12:21 5

    sans jugement, j’ai le cœur léger…

    « Ô mon cœur, soit donc bon, envers tous, quels qu’ils soient […] »

  6. Becido le 02 Mar 2015 à 22:17 6

    Bien sur c’est un très beau texte, mais j’aimerais y mettre un bémol :

    « En premier, tout ce que l’on aime pour soi-même,
    Le vouloir pour les autres comme légitime et juste.
    En deuxième, ne pas vouloir pour ses semblables
    Tout ce que pour soi-même on ne désire pas. »

    Derrière les apparences, il y a une chose qui me gène dans ces deux phrases. Serais-je donc le détenteur du savoir de ce qui est légitime et juste pour mes semblables ?

    C’est l’écueil de l’altruisme « positif », l’enfer est pavé de bonnes intentions.

    1. mahaut le 04 Mar 2015 à 10:31 6.1

      Bien évidemment, il ne faut pas prendre au pied de la lettre : «comme pour vous-même » ! « Nous ne sommes pas « la » mesure inattaquable ». Il faut mettre à distance, selon la volonté du Créateur. Nous ne sommes pas encore à l’état de la vérité pure !! Il faut se rapporter au bien commun…

      Laissez-moi vous raconter la leçon que j’ai prise un jour d’un de mes enfants qui avait 8 ans…. !!

      « Oh ! Maman, avec toi, c’est « beau » parce que « c’est rouge » Je l’ai regardée et je me suis regardée…. je me suis dit : « Vraiment celle-ci a bien compris les choses, il va falloir que je fasse attention à mon comportement ». Oui, j’aimais le rouge, mais de là, à que cela vienne une REGLE POUR LES AUTRES ???

      J’avais reçu ce jour-là, une LECON SANS FRAIS. Quand on veut pour soi-même, ce n’est pas sous l’angle de notre égo, mais bien celui de la commune mesure et cela c’est difficile, il faut vraiment aimer et pour l’autre : pour souhaiter pour autrui, ce qui lui convient.

      En l’occurrence ici. La commune mesure n’était pas la couleur rouge, mais bien « qu’elle grandisse pour elle-même » avec l’accord de notre Créateur. Ma vie passera, et elle continuera après moi…

      1. Becido le 05 Mar 2015 à 23:19 6.1.1

        Je souscris à votre vision des chose Mahaut.

      2. Etienne le 09 Mar 2016 à 12:17 6.1.2

        Dans le prolongement de la conclusion que tire mahaut, j’ai récemment repensé cette fameuse règle d’or du  »en toutes circonstances, se mettre à la place d’autrui ». Et bien, je me suis rendu compte que l’appliquais de façon incomplète. En effet, je me contentais de simplement me mettre à la place de la personne, mais comme si c’était moi-même, avec mes propres qualités et défauts, goûts et attraits, qui faisais face à la situation d’autrui… !

        Or bien que cela soit une étape préliminaire indispensable, le risque qu’évoque à juste titre Becido est de ne pas comprendre la réaction d’autrui, puisqu’on se dit que nous n’aurions pas réagi de la sorte dans une même situation. D’un tel constat peut alors naître un soi impérieux qui nous amènerait alors à effectivement penser que nous sommes  »détenteur du savoir de ce qui est légitime et juste pour (nos) semblables », comme le souligne Becido. Par analogie avec la pratique complète de l’altruisme qui consiste à non seulement agir pour le bien d’autrui mais également à en assimiler le corollaire qui est l’ingratitude d’autrui, la pratique complète de la règle d’or supposerait d’intégrer une étape plus avancée, à savoir la connaissance réelle d’autrui.

        Cette étape plus avancée consisterait alors à se mettre tout d’abord en situation d’autrui, puis d’essayer de penser comme autrui, c’est à dire en comprenant et en intégrant sa façon de penser. Un peu comme un acteur qui doit  »devenir » le personnage qu’il interprète pour que sa performance soit vraie. Mais à la différence de l’acteur qui agirait dans une optique simplement matérielle, la pratique de la règle d’or en ce sens fait appel à diverses qualités humaines. Je vois par exemple la bienveillance qui nous permet de ne pas rejeter la réaction d’autrui, ou encore l’altruisme au sens de cette motivation qui nous pousse sincèrement à aller vers autrui pour essayer de le comprendre. C’est d’ailleurs peut être en ce sens là qu’Ostad Elahi avance que  »l’altruisme est une forme de dévouement envers Lui. » (Maximes de guidance, Principes de sagesse universelle, n°198)

      3. An. le 12 Fév 2018 à 5:00 6.1.3

        … »essayer de penser comme autrui, c’est à dire en comprenant et en intégrant sa façon de penser »

        par ex., il m’est arrivé d’appeler une personne que je ne côtoie que rarement. Il s’avère que pendant notre bref échange, je me suis adressé à elle en la tutoyant sans y prêter attention. Il s’agit d’une personne plus âgée que moi et d’une autre culture; j’ai par la suite appris qu’elle l’avait très mal pris.
        Si j’avais 60 ans, j’aimerais très certainement des marques de respect, d’autant plus au premier abord.

  7. mike le 09 Mar 2015 à 1:06 7

    bravo à la traductrice qui a réussi à faire tout en alexandrins! ce qui donne encore plus de rythme et d’étais à cette poésie riche en fondements essentiels.

  8. Ms le 07 Oct 2015 à 22:37 8

    « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse » … Cette phrase me fait inévitablement penser à la notion de compassion … Bien que j’éprouve du mal à l’appliquer au quotidien, et ce, encore plus avec certaines personnes, je trouve que c’est vital pour être bien au quotidien et vivre sa vie de manière apaisée (ou plutôt, plus apaisée …). C’est une prérogative non seulement pour les autre mais aussi et surtout pour soi même. Cela apporte tellement !
    (C’est comme le concept d’altruisme : à première vue, cela aide objectivement les autres mais au final le principal effet revient à la personne altruiste elle-même …!).

    Vouloir pour l’autre ce que l’on veut pour soi-même est très difficile, surtout dans les périodes où l’on n’est soi-même « pas bien » … Il est facile d’être avenant, de faire preuve de gentillesse, etc., dès que l’on reçoit une bonne nouvelle … (sachant que même dans ces situations, vraisemblablement plus favorables, je n’y pense pas toujours …) …

    Finalement, le véritable challenge est d’avoir cet état d’esprit tout le temps et c’est pourquoi faire preuve de compassion aide à mon sens :
    – d’une part, s’agissant d’autrui, la compassion permet de garder l’autre à l’esprit, de ne pas oublier que l’on n’est pas seuls et notre « bonheur » n’est pas seul à compter
    – d’autre part, s’agissant de soi-même, la compassion apaise car paradoxalement sortir de ses soi-disant soucis, de son petit être pour s’ouvrir permet non seulement de se rendre compte que l’on n’est pas seul mais je trouve également que rien ne remplace d’aider une personne ou lui donner un peu d’intention (même lorsque l’on est pas « au top » dans notre vie

    En somme, cet effort de sortir de sa bulle et de ses propres prétentions et attentes est on ne peut plus difficile mais dès lors que l’on fait ne serait-ce qu’un petit effort, notre vision des choses change (elle devient juste) et l’on se sent bien ! Ce sentiment, pour ma part, est la preuve même d’un regard dénué/atténue d’égo !
    Quand on y pense, les moments où l’on est mal sont ceux où l’on est constamment focalisés sur nous-même (comportement automatique de tout être humain), et dès que l’on s’ouvre même un peu, tout va mieux 🙂

  9. An. le 27 Fév 2018 à 14:16 9

    Au sujet de la règle d’or, j’ai découvert récemment le « Petit manuel de l’éthique au quotidien » publié chez Studyrama. C’est détaillé et riche en cas concrets. Il y a une partie sur « se mettre à la place de l’autre » qui développe entre autres le « pourquoi ? comment ? et jusqu’où ? » de cette pratique.

  10. Ama le 28 Fév 2022 à 12:20 10

    Ces derniers temps, je constate chaque jour un autre acte par manque de finesse et d’attention où je bafoue les droits d’un être proche tout en m’offusquant de ses défauts lui…Cela vaut aussi pour la société. Toujours à voir les défaut chez les autres…cela me rappel le roman Orgeuil et Préjugés de Jane Austen où le héros hautain et supérieur se transforme par la réalisation de ses défauts à lui. Une grande humilité vient à la fin l’envelopper en raison de sa prise de connaissance de ses nombreux défauts et manquements. Lui permettant donc d’être plus bienveillant face aux défauts et erreurs d’autrui (tout en restant vigilant et ne baissant pas sa garde dans ses relations).
    Mais j’ai bien l’impression que chaque jour est une nouvelle lutte et on recommence, on se trompe, on se sent humble, on reprend confiance, on perd l’attention, on se trompe à nouveau, on s’en rend compte, on est rendu humble par la conscience de sa propre laideur, puis l’orgueil refait surface et on recommence le cycle. Que Dieu nous aide et nous guide à travers ce labyrinthe du soi-impérieux.

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