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L’altruisme, quelques sources de motivation

Par , le 28 Jan. 2011, dans la catégorie Pratiques - Imprimer ce document Imprimer - English version
mains personne âgée et médecin

Après avoir lu sur ce site l’entretien de Bahram Elahi sur le thème de l’altruisme, j’avais été frappée par l’idée que « celui qui s’engage dans son perfectionnement spirituel doit inscrire l’altruisme dans son programme pratique ». Dans un premier billet, j’ai tenté de comprendre ce qu’était vraiment l’altruisme et comment on pouvait aborder cette pratique au sein d’un programme quotidien. Je souhaiterais à présent m’attacher à explorer la seconde partie de mon questionnement : pourquoi pratiquer l’altruisme.

Ce que j’ai compris en travaillant sur ce point et en essayant d’expérimenter l’altruisme, c’est que cette pratique se révèle très bénéfique, en particulier pour soi-même. On pourrait dire de manière un peu provocatrice qu’être altruiste, ça rapporte ! Il y a bien sûr quelque chose de paradoxal à choisir d’aborder la question de l’altruisme sous cet angle. L’acte altruiste n’est-il pas, par définition un acte désintéressé, accompli par pur devoir humain et/ou dans l’intention du contentement divin ? Dans l’idéal, on devrait être altruiste juste pour être altruiste ; or je viens de m’exprimer en termes de rentabilité.

En réalité, mon but est de trouver des sources de motivation, pour ceux qui comme moi, ne sont pas spontanément altruistes. À l’évidence, ceux pour qui l’altruisme est une seconde nature n’ont pas besoin de chercher des sources de motivation : cela fait bien longtemps qu’ils ont compris tout le bénéfice qu’apporte cette vertu.

L’altruisme, une pratique qui rapporte

Au terme de quelques mois d’expérimentation, j’ai fait quelques constatations :

Pratiquer l’altruisme apporte le bien-être.

C’est une lapalissade mais cela mérite d’être rappelé et envisagé avec sérieux : on vit mieux dans une société altruiste qu’individualiste !

Expérience d’Aurélie : je pars en voyage, j’ai une grosse valise et un sac et me voilà dans le RER C. Totalement seule. Une foule de gens autour de moi, mais personne ne me voit. Galère maximale : mon bras reste coincé dans le tourniquet, je souffre intensément pour descendre l’escalator qui ne marche pas, il n’y a personne pour m’indiquer les directions des trains alors que les tableaux sont en panne… Ce jour-là, j’ai saisi les bienfaits que pourrait apporter une société plus altruiste.

Pratiquer l’altruisme apporte le bonheur, en tout cas rend plus heureux.

Il suffit d’ouvrir n’importe quel livre de psychologie positive ou même des livres de développement personnel pour constater que l’altruisme est cité comme l’une des clefs pour être plus heureux. Cette pratique est parfois même envisagée comme un soutien, un remède à la déprime. En travaillant sur la question, je me suis replongé dans des livres de psychologie un peu pratiques comme Ne vous noyez pas dans un verre d’eau, de Richard CARLSON, éd. J’ai lu et j’y ai trouvé des exercices du genre « pratiquez la générosité spontanée ; apprenez à écouter ; soyez le premier à tendre la main, etc. ». La conclusion est la même à chaque fois : même si l’autre n’est pas très réceptif à votre geste, vous avez au moins contribué à rendre le monde plus doux et vous avez le cœur serein, ce qui est d’abord bénéfique pour soi.

Pour se convaincre du fait qu’être altruiste rend heureux, il suffit de repenser aux occasions que l’on a eues de rendre service et de se remémorer la sensation intérieure que l’on a pu éprouver, souvent un mélange de fierté et de joie, et, dans tous les cas, une sensation de chaleur intérieure, le sentiment d’avoir agi « comme il le fallait ».

Etre altruiste, attentif et bienveillant avec les autres rend plus heureux tout d’abord, parce que cela permet de détourner un peu son regard de soi-même et d’être d’une manière générale plus positif. Ensuite, être altruiste attire la sympathie des autres et cela aussi contribue à notre bonheur.

Mais au-delà de tout cela, il me semble que ce qui rend vraiment heureux celui qui agit « bien » envers les autres, c’est, comme je l’ai évoqué plus haut, le sentiment d’avoir agi avec humanité, comme un être humain digne de ce nom. Il me semble que ce qui procure ce sentiment intérieur de joie et de bien-être, c’est le fait d’avoir satisfait à une pulsion profonde de son âme (alors que la plupart du temps, on répond aux pulsions profondes de son égo) ; c’est le fait d’avoir satisfait à la pulsion éthique, qui est l’un des éléments, avec le libre-arbitre et la raison, qui fait notre humanité . Il y a un bonheur véritable à répondre à la pulsion de faire le bien, à s’élever à sa dimension humaine. Il faut l’expérimenter pour saisir cette joie et ce sentiment d’avoir agi en conformité avec sa vraie nature.

Si la simple perspective d’être heureux ne suffit pas à tenter les indécis et pour leur fournir encore d’autres sources de motivation, j’irai jusqu’à dire que Pratiquer l’altruisme rend le monde plus beau ! J’ai toujours eu tendance, en faisant de nouvelles connaissances, à émettre instinctivement un jugement sur l’apparence physique des personnes. Or, ce jugement esthétique est de plus en plus indissociable de ce que je perçois de leur personnalité, les qualités morales prennent le pas sur les traits physiques et quelle que soit son apparence, j’ai tendance à trouver beau celui que j’apprécie pour ses qualités humaines, celui dont j’estime qu’il est « quelqu’un de bien ».

Mais, tout cela reste accessoire, ce qui est plus marquant et plus intéressant pour celui qui se soucie de son cheminement spirituel, c’est qu’en tentant d’être altruiste, on se perfectionne spirituellement.

L’altruisme, facteur de perfectionnement spirituel

La pratique de l’altruisme est au cœur de la spiritualité naturelle et lorsqu’on se lance dans cette pratique, il faut s’attendre à avoir à mener un certain nombre de combats salutaires. Développer l’altruisme nécessite de développer toute la panoplie des qualités morales de l’altruiste, celles que l’on appelle les qualités de cœur : bienveillance, générosité, écoute, attention, affection, etc. Et pour développer ces qualités de cœur, concrètement, il est nécessaire de lutter contre un nombre important de défauts, en particulier, l’égoïsme et l’orgueil.

L’occasion de lutter contre des défauts

  • Contre l’égoïsme

C’est logique, si je pense au bien-être des autres, si je sacrifie un peu de temps, d’argent pour autrui, c’est du temps, de l’argent que je ne consacre pas à moi-même : je lutte contre mon égoïsme. Cet égoïsme peut prendre toutes sortes de formes.

– Expérience de Caroline : je voulais faire plaisir à une amie que je voyais régulièrement et j’avais décidé de lui offrir un bouquet de fleurs. Au départ, c’était vraiment désintéressé, juste pour lui faire plaisir. Une fois dans le magasin, assaut de mon égo (égoïsme sur fond de pingrerie) : « tu ne vas quand même pas dépenser trop, pense à tout ce que tu dois payer ce mois-ci, ce n’est pas une occasion particulière, etc. » Du coup, alors qu’au départ, je regardais les bouquets en fonction de leur beauté, j’ai regardé aussi les prix. Le fait est que ce jour là, j’ai choisi un bouquet que j’ai trouvé tout à fait minable une fois arrivée chez mon amie, comme s’il était marqué par ma pingrerie. Mon amie a été ravie, mais moi j’ai bien vu que mon acte n’était pas aussi « beau » qu’il en avait l’air. Pour la peine, les fois suivantes, je me suis donné comme principe de choisir les bouquets uniquement en fonction de leur beauté et de ne plus regarder le prix. Cet épisode m’a appris que l’égoïsme (exprimé ici par la pingrerie) pouvait venir contrecarrer et ternir un acte au départ destiné uniquement à faire plaisir.

Ici l’égoïsme se manifeste sous forme de pingrerie, mais c’est aussi l’égoïsme et l’égocentrisme contre lesquels il faut lutter lorsqu’on n’a pas envie de prendre le temps d’écouter quelqu’un qui a besoin de se confier, lorsqu’on ne propose pas à un collègue de le ramener en voiture parce que ça nous fait faire un petit détour et qu’on est fatigué et pressé de rentrer chez soi. En fait, chaque action altruiste trouve une opposition égoïste contre laquelle il faut lutter.

Autre adversaire de taille : l’orgueil.

  • Contre l’orgueil

Je l’ai déjà dit, l’altruiste véritable est désintéressé. Il n’attend rien en retour. Je voulais, à ce propos, souligner au moins deux pièges tendus par l’orgueil.

Le premier, c’est l’attente d’un geste de gratitude ou de remerciement : chacun peut tenter l’expérience toute simple, au volant de son véhicule, de laisser passer un piéton ou une voiture sans attendre ce signe en retour. J’avoue pour ma part m’être surprise plusieurs fois à râler intérieurement contre la superbe indifférence de l’autre dans ce genre de situation ! C’est un petit exercice de « désintéressement » que l’on peut adapter à toutes sortes de situations, comme, par exemple, laisser « gratuitement » sa place dans le métro. Il m’a semblé qu’en s’entraînant dans des situations plutôt anodines, on parvenait ensuite à mieux gérer son orgueil lors d’actes d’altruisme plus conséquents. C’est une histoire d’expérimentation et de lutte sur le long terme.

Le deuxième piège tendu par l’orgueil, peut être plus subtil, est le sentiment que l’on est indispensable aux autres. Essayer d’être altruiste peut faire germer en soi l’impression que les autres ont vraiment besoin de vous, et, parallèlement, l’impression qu’on est tellement important et supérieur aux autres. Alors que le véritable altruiste est humble et discret, il ne se vante pas de sa bonne action et n’en tire aucun prestige. Et cela, même intérieurement. Personnellement, j’ai remarqué que lorsque je rendais service j’avais tendance à avoir envie d’en parler, de le faire savoir, de frimer un peu. L’orgueil essaye rapidement de s’emparer de la bonne action. Un bon exercice pratique contre cette tendance est de taire la bonne action que l’on vient d’accomplir.

L’occasion d’affiner sa réflexion

Bien sûr, la pratique de l’altruisme suppose, comme toute pratique de la spiritualité naturelle, que l’on fasse preuve de bon sens et de réflexion. Chaque situation appelant une réponse adaptée et spécifique, la pratique de l’altruisme est aussi un moyen d’aiguiser sa raison. Il faut que la pratique soit contextuelle, raisonnée et équilibrée au regard des différents droits en présence et tout le travail de réflexion nécessaire pour atteindre cet objectif participe à notre perfectionnement spirituel.

Au-delà, peut-être plus subtilement, je me demande si le fait d’être altruiste n’est pas une manière de participer à l’œuvre divine. On peut aller jusqu’à dire que pratiquer l’altruisme apporte la « grâce divine ».

L’altruisme et l’œuvre divine

Bien agir avec les autres, être bon et généreux envers eux, n’est-ce pas l’une des manières les plus sûres d’agir dans le sens du contentement divin ? C’est bien l’un des principes communs à toutes les religions : « vouloir le bien des autres et faire le bien autour de soi ». Lorsqu’on expérimente cette pratique en ayant à cœur de se rapprocher de Dieu, on a le sentiment, pour une fois, de « se mettre sur la longueur d’onde divine », d’agir en étant certain que Dieu est satisfait de nous, et c’est très motivant.

Retour à la réalité : le problème, c’est que même si l’on est tout à fait convaincu du bien-fondé de l’altruisme, le passage à l’acte altruiste est souvent difficile. Une forme d’inertie s’empare de nous. Cette pratique demande des efforts, elle requiert de lutter contre la tendance très forte d’aller vers son propre bien-être, sa propre tranquillité. Il faut se lever de sa chaise pour aller chercher un café pour l’autre, renoncer à sa pause pour écouter une personne vous confier un problème, renoncer à la grasse matinée du samedi matin pour aller aider un copain à déménager, se coucher une heure plus tard pour aller déposer à l’autre bout de Paris une connaissance ou un collègue qui a raté le dernier métro. Parfois même, allez savoir pourquoi, cela devient un effort de chercher dans son sac pour voir si on n’a pas un crayon ou un mouchoir à prêter…

Une seule issue face à une tendance si forte à la résistance passive : PASSER à L’ACTION !


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46 commentaires

  1. Marc le 06 Fév 2011 à 0:37 1

    Je ne sais pas si c’est vrai, mais mon auto analyse m’a révélé que ma timidité m’empêche souvent d’aller vers les autres pour les aider et la source pourrait se trouver dans mon orgueil, l’orgueil qui est identifié comme un obstacle à l’altruisme dans cet article. Je me donne toutes sortes de raisons pour me convaincre que la personne que j’ai en face de moi n’a pas vraiment besoin de mon aide ou bien qu’il est déplacé de lui offrir cette aide dans ce contexte. Ainsi, ce n’est pas faute d’avoir envie d’aider mais plutôt la réaction négative que je peux recevoir qui m’empêche de le faire dans certaines circonstances, des réactions du genre : J’offre ma place dans l’autobus à une personne âgée et elle me répond en retour qu’elle est toujours capable de se tenir… Ou encore, parfois je conduis et je vois des personnes qui sont à pied alors qu’il fait froid ou qu’il pleut et j’ai envie de leur proposer de les accompagner mais j’ai peur que si je leur propose, ils trouvent ça étrange ou même suspect… Je crois que mon orgueil me fait effectivement rater pas mal d’occasions de pratiquer l’altruisme.

  2. Joseph Locanda le 06 Fév 2011 à 19:25 2

    Marc, ce que vous évoquez est souvent le corollaire de l’action altruiste et il est très difficile de se détacher d’une réaction négative face à un de nos actes altruistes : on fait un effort pour aider quelqu’un avec la meilleure intention du monde et cette personne réagit mal à notre action. un comble, selon nous! de quoi nous décourager!

    Pendant la période de neige, je roulais sur une route de campagne dégagée et donc soumise à la bise et aux congères. Il faisait – 10°. Je vois un homme marchant sur le côté avec un sac à dos et des courses qu’il portait dans des sacs. La ville derrière nous était déjà à 2/3 km et les prochaines maisons étaient encore à 1 km de l’endroit ou nous allions nous rencontrer. Je ralentis et baisse ma vitre : je propose à cet homme si je peux l’emmener jusqu’à chez lui. Il m’hurle de continuer ma route et de cesser de l’emmerder, qu’il n’a pas besoin de mes services. Je lui réponds, un peu interloqué, que je faisais cela car il faisait froid et pour lui rendre service. Il me répond qu’il n’a rien faire de mon service et me crie de vite dégager… Et je commence à vouloir lui faire la leçon comme quoi il pourrait me remercier et que j’avais le droit de lui proposer mon aide vu les circonstances et qu’il avait le droit de le refuser poliment sans m’insulter. Et l’autre de continuer de plus belle! J’accélérais et quittais cet individu le laissant à son destin.
    Très énervé dans un premier temps, je me suis mis à me raisonner sur le détachement nécessaire dans ce genre de situation. L’important n’était pas que l’acte ai été accompli, l’important était que mon intention était de rendre service à cet individu et peu importe si l’acte fut accompli. La réaction de cet homme qui m’avait affecté dans un premier temps m’a montré que dans mon intention, je m’attendais à une forme de reconnaissance. Mon intention n’était pas pure et Dieu m’avait montré par cette mise en scène le côté mercantile de mon intention. Je me suis promis de ne pas me décourager et de ne pas retenir cet épisode comme facteur de démotivation .

    Dans l’altruisme, l’attente d’un retour est un piège redoutable. Vous laissez passer un piéton parce qu’il pleut et celui-ci ne vous regarde même pas! quelle importance! Est-ce que je le laisse passer pour qu’il me remercie? Est-ce que mon intention était de faire reconnaître mon acte par l’autre? Si tel est le cas, ce n’est plus de l’altruisme. c’est une forme d’egocentrisme, de valorisation de notre ego. Vous avez raison, notre orgueil pourrit nos intentions altruistes. C’est pourquoi l’altruisme est une formidable occasion de lutter contre l’orgueil et de mieux connaître nos intentions. Alors continuons!

  3. chloé le 09 Fév 2011 à 19:57 3

    «Celui qui s’engage dans son perfectionnement spirituel doit inscrire l’altruisme dans son programme pratique »
    En lisant cette phrase dans l’entretien de Bahram Elahi mais également le premier article au sujet de l’altruisme, je m’étais alors dit « il est temps de s’y mettre ». Une petite réflexion mais une grande décision !
    C’est donc en commençant par des petites choses, comme les nombreux exemples qui sont donnés que j’ai commencé.

    Très vite, ça me rendait heureuse de finalement faire un peu plus attention de ce qui se passait autour de moi. Et c’est la que sans m’en rendre compte j’avais par la même occasion commencé un véritable travail sur l’égoïsme alors que je n’avais jamais réalisé avant à quel point j’étais centrée sur moi-même.
    Car c’est en voulant pratiquer l’altruisme que j’ai réalisé que je ne pensais bien souvent qu’à moi ! Et que sous prétexte d’être fatiguée, stressée, occupée, en retard ou autre, je n’avais le temps pour personne d’autre que pour moi… C’est en « regardant » les autres et en essayant d’être un peu plus à leur écoute, que j’ai réalisé qu’un petit geste ne prend pas forcément du temps, mais que ça peut représenter beaucoup.
    J’ai donc avec ce travail ouvert les yeux sur un aspect de mon processus de perfectionnement, duquel j’étais restée jusque la totalement distante.
    La route est encore longue mais les premiers pas sont encourageants!

  4. KLR le 10 Fév 2011 à 22:16 4

    Demande de partage d’expérience :
    Depuis plusieurs années, j’ai des amis, des proches ou des élèves qui sont confrontés à la dure difficulté de la maladie. je remarque que lorsqu’une personne est en traitement et qu’elle souffre, il y a souvent une barrière pour communiquer. D’abord parce qu’on ne vit pas dans notre corps la même chose qu’elle, et qu’il est difficile de la partager. Ensuite sans doute parce que la maladie fait peur, et que l’on ne sait plus être naturel.
    Je me souviens récemment d’une de mes élèves qui avait fait une chimio et lorsqu’elle est revenue dans la classe, à son entrée, j’ai senti dans la pensée des participants cette espèce de peur et du coup de mur, comme si la malade était pestiférée. C’est finalement l’élève malade, qui avec son humour a réussi à rétablir le contact.
    Comment donner plus de la chaleur à ces personnes qui sont malades, et comment vaincre cette appréhension et en même temps agir avec tact, sans envahir la personne…Je me sens quelquefois démunie…
    L’an dernier j’ai soutenu une amie avec des petits courriels, des coups de fil, mais au moment où j’ai été en face d’elle, face à la maladie, cela a été difficile car elle souffrait tellement que toute communication me paraissait futile.
    Enfin je suppose que mes appréhension sont sans importance et que ce qui compte c’est le soutient que la personne a ressentie.
    Si vous avez eu des expériences qui peuvent m’éclairer…

  5. mike le 12 Fév 2011 à 23:12 5

    @KLR : ne rien dire est déjà une forme de communication et c’est souvent celle qui touche le plus, la présence de quelqu’un, même dans le silence est important, les mots sont futiles…quand vous aimez vraiment quelqu’un vous pouvez rester avec lui dans le silence, il n’y a pas besoin de combler? une attitude rassurante est importante et la vie continue de toute façon… souvent les malades n’ont pas envie de condescendance, ils veulent surtout oublier qu’ils sont différents; en revanche dans les erreurs ou les actes il faudra plus de tact et d’indulgence envers eux mais sans leur faire comprendre.
    de toutes les façons pour pouvoir vraiment être compatissant en pratique, il faudrait avoir vécu la même chose; donc si c’est le cas effectivement et que l’on a nous même digéré les choses on peut en parler (moi aussi j’ai perdu mes parents, j’ai ressenti comme un vide puis…), il ne faut pas fuir même si on se sent démuni, c’est normal, et puis on a le droit de pleurer aussi quand quelque chose nous attriste (les histoires de compte personnel reste dans notre tête pour lutter nous même mais il ne faut pas le dire aux autres surtout…) enfin voilà ce que j’ai compris, et il y a plein d’autres situations…

  6. mike le 13 Fév 2011 à 1:04 6

    @JL c’est vrai mais imaginez l’inverse, que plus personne ne s’occupe des autres… le fait de laisser traverser le piéton parce qu’il pleut, augmente l’humanité qui est en moi par un acte de civisme apparemment simple mais qui a beaucoup de répercussion ; sur moi parce que je compatis et que si j’étais dans cette situation j’aimerais qu’on me laisse vite passé, je suis attentif aux autres, je m’engage dans un cercle vertueux, je choisi un canal de causalité différent par mon acte car qui aurait pu penser qu’au tournant d’après je fasse un accident? j’ai le coeur plus léger, je fais un bon acte, j’attire par là d’autres circonstances favorisantes, je me met dans une approche d’écoute, d’attention à l’autre, je serai réceptif à d’autres occasions, je réalise un devoir humain, je suis moins débiteur, je communique par là avec mon créateur, à force de petits actes je le sens plus prêt de moi et je vois que la vie me sourit différemment… et pour l’autre et pour la société dans laquelle je vis, mon acte instaure une paix, un calme, un amour de l’autre, l’autre ne regarde pas mais il n’en pense pas moins, il a l’impression que son droit n’est pas bafoué, qu’il y a encore des gens sur terre qui sont sympa, le monde n’est pas si pourri que ça, il y a peut être une justice, il n’ira pas râler au bureau ou dans le café qu’un co… d’automobiliste a failli l’écraser, quel monde pourri (l’inverse aura pu être la goutte qui fait déborder le vase chez ce piéton ou patient ou ami…), l’effet positif de la pensée de l’autre vous touche sans le savoir…etc

  7. KLR le 15 Fév 2011 à 22:40 7

    @ mike : Merci pour votre aide, en effet ce que je ressens c’est que les malades n’ont pas envie d’être mis à part, et c’est ce que je veux éviter de faire tout en ayant un soutien actif.
    Avoir du tact est un apprentissage, par exemple parler éventuellement de projets qui intéressent la personne malade, tout en ayant à l’esprit que cette personne est dans une incertitude face à son avenir sur terre…
    Par contre avec ces personnes, je n’ai jamais réussi à engager la discussion sur l’avenir dans l’au-delà, c’est vraiment délicat et pourtant, je sais que si j’étais dans cette situation d’incertitude, face à la mort, personnellement, j’aimerais que l’on me parle de cette autre vie…
    Mais bon, il faut savoir saisir les bons moments pour aborder ses sujets…

  8. mike le 16 Fév 2011 à 1:28 8

    @klr; c’est vrai il faut du tact, de l’empathie, trouver les mots, le moment adéquat; je ne suis pas expert mais personnellement je vais du général au particulier; des phrases comme c’est mieux comme cela, il souffre moins, il n’a pas souffert, on dit que l’âme survit et j’en suis sûr il nous regarde…c’est les gens qui poursuivent le plus souvent et se libèrent, ils n’ont pas forcément envie d’entendre des vérités mais simplement qu’on les écoute…
    les discussions sur l’au delà seront toujours rapportées puisque nous y croyons par ce qu’on lit ou ce que l’on entend, on peut dire ce que l’on ressent, ce à quoi on croit si on a une forte conviction et que l’on sait l’expliquer, il n’y a pas de formule; cela dépend de la situation et de la psychologie de la personne en face; et puis si ce en quoi vous croyez semble plausible, juste pourquoi ne pas le dire?

  9. KLR le 16 Fév 2011 à 21:01 9

    @ mike : Merci beaucoup, c’est une chance de pouvoir partager ces commentaires sur ce site, vos paroles me mettent du baume au coeur et m’encourage…
    J’aime beaucoup l’idée d’aller du général au particulier, je vais tâcher de méditer dessus, et d’aller dans ce sens…

  10. mike le 17 Fév 2011 à 23:47 10

    @ KLR ; j’ai fais cette expérience aujourd’hui, une patiente s’est excusée de ne pas avoir pu venir au jour de son rendez vous parce qu’elle avait enterré sa grand mère; je lui ai exprimé mes condoléances, puis je lui ai demandé si tout c’était bien passé, quel âge elle avait, si elle était malade (en fait une amputation du fait du diabète et 89 ans quand même) donc évidemment c’est plus facile de dire que c’est mieux comme cela pour elle, qu’elle doit être mieux, qu’elle nous regarde certainement… « oui j’en suis sûre Docteur, merci.. » est-ce que l’enterrement était gai, joyeux? « étonnement, mais c’est vrai il y avait mon frère qui jouait de la guitare c’était moins triste », ( moi de dire, il y a des traditions qui enterre leur morts dans la fête et les chants vous savez, c’est souvent nous qui nous accrochons à eux, alors qu’ils sont contents de partir le plus souvent, là bas c’est la vraie vie vous savez, je pense qu’on se sent mieux, c’est ici le cauchemar… « c’est vrai Docteur, c’est égoïste le plus souvent on ne pense pas à aux on est tristes de les perdre parce qu’ils nous manquent… » atmosphère légère, pas de pleurs, soins dans une bonne ambiance, patiente contente (en tout cas ce qu’elle montre par son comportement)…

  11. KLR le 18 Fév 2011 à 21:57 11

    @mike : bravo pour cette très belle et joyeuse expérience…
    Il faut une dose de courage pour aborder avec autrui la mort de cette façon !
    Déjà ne pas avoir peur de passer pour un original ! mais l’expérience montre que vos convictions étant fortes, vos propos sincères ont été très bien reçu…

  12. mike le 20 Fév 2011 à 4:25 12

    @klr ; je suis d’accord et conscient de cela mais de nos jours dès que vous abordez des propos qui sortent du commun vous passez pour un original; faut-il en avoir peur? doit-on subir et suivre cette méfiance sociale dans les discours qui relatent finalement l’homme dans sa réalité et son devenir? a force de se cacher les gens n’abordent plus les sujets essentiels et ce comportement ne résout en rien les nœuds psychiques, les tourments irrésolus qui mènent vers les dérives des thérapies calmantes; avant oin parlait au bistrot ou au curé mais maintenant à qui parle t-on?
    pourtant on a tous besoin de délier sa langue et d’échanger sur des propos essentiels…

  13. sasha le 22 Fév 2011 à 20:41 13

    Tres bon article,a diffuser largement!
    Auriez vous des conseils pour éviter de perdre l’altruisme?je m’explique, bien souvent lorsque l’on cultive l’ altruisme ,beaucoup de gens voient le mal là ou il n’y en a pas,vous voyez quand vous faites les choses de manière altruiste,de bon cœur sans rien attendre en retour de l’autre ,les gens diront que vous faites cela dans le but d’obtenir quelque-chose,alors que non,je cultive simplement l’altruisme,car la vie serait a mon avis plus simple pour tout le monde si on le cultivat tous.L’individualisme fait qu’on en arrive a calculer les choses faire le minimum pour se fondre dans la masse et ainsi ne pas être jugé pour nos action bienveillantes.Alors que beaucoup se plaignent de l’individualisme,cela ne les empêche pas de juger les personnes altruistes et bien intentionnées.
    ex:vous aidez vos collègues en faisant 10 min de +,juste pour les avancer,mais vous le faites sincèrement de bon cœur,eh bien certains diront que vous faites cela juste pour être bien vue,alors que je me fiche d’être bien vue,ma vie je sais que je ne la ferais pas avec eux.Et vous voyez ce qui est dommage c’est qu’au final il y a un risque de se perdre complètement,et de devenir égoïste.
    Donc avez vous des conseils pour ne pas perdre l’altruisme?merci.

  14. MIA le 25 Fév 2011 à 18:37 14

    @Sasha
    Ca m’a fait plaisir de lire que pour toi aussi beaucoup de gens voient le mal là où il n’y en a pas.
    Ca me fatigue, ça me lasse, ça m’use parfois.
    En fait, avec les années, j’ai fini par me dire que les gens qui disaient ça étaient des handicapés de cette qualité de l’altruisme « désintéressé ».
    Ils n’envisagent même pas que ça puisse exister… Ils sont tellement intéressés qu’ils ne voient pas quelqu’un qui est différent d’eux…
    J’ai choisi plusieurs solutions pour rester altruiste comme :
    *quand certains me fatiguent trop, qu’ils sont agressifs de façon répétée, si je vois que c’est injuste, je rends service à d’autres.
    Les situations pour aider sont nombreuses… Donc je les choisis.
    Ca évite d’être gênée, je garde mon choix d’être altruiste mais j’arrête de me faire marcher dessus. Ca ne me sert à rien.
    Sinon en dehors de ces cas très rares, souvent quand j’aide quelqu’un, l’autre ne me le rend pas, il ne m’a même pas vu,
    voire il est peu sympa ensuite…
    Alors je me souviens que le corollaire de l’altruisme c’est l’ingratitude des autres.
    Quand je regarde autour de moi (et en moi aussi en fait), j’ai remarqué que celui est aidé ne se rend pas compte.
    Quand je vais me coucher et que j’ai ma conscience pour moi d’avoir aidé les autres, je me dis que la vie me le rendra.
    Ce que je fais aux autres me reviendra, qu’il y a un compte précis de mes actes et de mes intentions et que donc je le fais pour moi…
    Je suis contente alors et soulagée d’avoir fait ce qui est juste et bon pour moi.
    Ca m’aide à rester altruiste…

  15. radegonde le 19 Mar 2011 à 22:43 15

    Dans mon métier, j’ai l’occasion d’aller dans des maisons de retraite ou des hôpitaux psychiatriques. J’essaie de penser à faire rire les personnes que je visite. Ca me fait du bien aussi , car le cadre est souvent pesant.
    Quand la personne est trop « loin  » à cause de la maladie ou de la vieillesse, il m’arrive de fredonner une chanson , de faire des bisous..et le contact se fait, même fragile. Et c’est magique pour eux et pour moi..

  16. MIA le 07 Mai 2011 à 0:16 16

    @mike 10
    merci mike pour cette atmosphère légère ; aujourd’hui c’est l’anniversaire de la mort d’un de mes proches. Je me souviens de la remarque de ma mère ce jour-là : elle voulait être la plus digne possible pour lui faire honneur. en mettant la barre si haut dès les premières minutes du décès, elle m’a giflé intérieurement. Je l’ai admiré. Pas d’apitoiement, pas de gêne pour les autres, pas de poids sur leurs épaules et leurs pensées. Alors moi aussi pour être en phase et augmenter ma dignité et par souci de soutien pour les autres, je me suis efforcée de montrer le moins de tristesse possible. C’était plus facile grâce à elle. Evidemment dans un milieu favorable on est plus fort, on est tiré vers le « haut »

  17. Jluc le 07 Juil 2011 à 8:35 17

    L’altruisme pour moi c’est faire une action désintéressé pour l’autre et lui laisser le libre arbitre de l’apprécier ou pas . sans orgueil pas d’altruisme possible, mais grâce à lui il permet de mesurer sa nécessité de faire un acte gratuit . Pour moi c’est ainsi que Je vie ma Foi .

  18. adissam le 07 Juil 2011 à 23:10 18

    En relisant l’entretien avec B.Elahi au sujet de l’altruisme, sur les 3 points d’attention présentés,
    le 3ème point a retenu mon attention suite au commentaire précédent :

    – sauf cas de force majeure, ne pas imposer son aide, mais la proposer, en respectant ce qu’est l’autre et ce qu’il veut, sans le juger, sans en tirer non plus un sentiment de supériorité. Il importe ici de respecter la dignité et la liberté de l’autre.

    Souvent je me suis vu ne pas respecter ce que l’autre attendait – en donnant de nombreux conseils par exemple.
    Une simple écoute peut déjà être un acte altruiste.

  19. Ms le 10 Juil 2011 à 21:53 19

    Je suis généralement d’accord avec les définitions données pour « l’altruisme ». Je pense avoir compris ce dont il s’agit en théorie. Cependant, je dois dire que dans la pratique, je me demande si nos actions sont véritablement altruistes. Cela me semble vraiment difficile dans la vie de tous les jours. Certes, certaines actions le sont plus ou moins, mais j’ai véritablement l’impression qu’il y a une part intéressée qui subsiste – même 0,1% d’intérêt – dans ce que l’on fait, ce qui me laisse perplexe quant à la pratique. Bien évidemment ce constat me concerne personnellement mais je pense que je partage ce sentiment avec quelques personnes quand même. En somme, pouvons-nous accomplir des actes TOTALEMENT altruiste ?

  20. Cogitons le 11 Juil 2011 à 18:02 20

    Attention, revoilà le râleur.
    @MS,
    « je me demande si nos actions sont véritablement altruistes. »
    « En somme, pouvons-nous accomplir des actes TOTALEMENT altruiste »
    Mais qu’est-ce que ça peut bien faire, au fond? A force de se regarder le nombril et de couper les cheveux en quatre, de tenir envers soi-même des comptes d’apothicaire, on risque de passer à côté du mendiant sans même le voir (des deux, d’ailleurs, le mendiant n’est pas toujours celui qu’on croit). L’intention du bienfaiteur nourrira-t-elle plus ou moins l’affamé à qui le repas est offert? J’en doute. Et qu’est-ce qui compte pour l’altruiste, le bien qu’il se fait à lui-même (ah, la pureté de l’intention…) ou celui qu’il fait à autrui? Il y a là un paradoxe qui ne vous aura pas échappé.
    Par ailleurs, je me méfie un peu des « Total », car ce monde, me semble-t-il, est plutôt celui de la nuance. On tend vers quelque chose, sans jamais l’atteindre « totalement ». A mon très stupide avis, tendre vers quelque chose, faire un effort dans un sens, c’est déjà bien, c’est déjà beaucoup. Alors tendons, mes frères (et soeurs), tendons, soyons secourables quand nous le pouvons, prévenants envers autrui car nous le devons, et ne nous prenons pas la tête plus que nécessaire. Tout ceci mal-pensé et écrit avec arrogance, mais avec affection.

  21. Danielle le 14 Juil 2011 à 9:22 21

    @Cogiton
    « Et qu’est-ce qui compte pour l’altruiste, le bien qu’il se fait à lui-même (ah, la pureté de l’intention…) ou celui qu’il fait à autrui ? Il y a là un paradoxe qui ne vous aura pas échappé. »
    Il n’y a pas de paradoxe dans la mesure où les deux sont liés, la réussite de l’acte altruiste, généreux dépend de l’intention. Eh oui, avoir « l’intention de la pureté de l’intention », l’expérience montre que cela est nécessaire pour maintenir le plus possible le soi impérieux à distance de l’acte altruiste, au moins avoir un œil sur lui.
    « L’intention du bienfaiteur nourrira mieux l’affamé à qui le repas est offert » en ne blessant pas la dignité de celui qui le reçoit, et si l’acte altruiste se répète dans le temps pour une même personne, plus l’intention est surveillée et gérée par celui qui agit, plus le résultat et le bénéfice purement matériel de l’acte, une aide au devoir, des courses, etc…, sera concluant.
    L’altruisme est une occasion facile pour le soi impérieux qui s’installe avec aisance dans ce type d’action, vanité, orgueil, on se fait piéger facilement, et « le bien qu’il se fait à lui-même » n’est pas la motivation de l’altruiste…

  22. Cogitons le 14 Juil 2011 à 21:58 22

    « la réussite de l’acte altruiste, généreux dépend de l’intention. »
    Pour soi, peut-être, pour « l’altruisé », ça ne fait souvent aucune espèce de différence. Je meurs de faim, si c’est le mafioso du coin qui me nourrit pour se faire une bonne réputation, grâce à lui, je ne meurs plus de faim. Merci cher parrain! Acte tout à fait réussi. Car ce qui compte avant tout dans l’altruisme, me semble-t-il, même pour le philosophe, c’est le bien qui est fait à autrui avant celui qu’on se fait à soi-même. Sinon, comment parler d’acte désintéressé? C’est du « moi-truisme » dans lequel l’autre n’est plus qu’un moyen et la tartufferie se prépare un festin.
    Bref, mieux vaut l’acte altruiste d’un orgueilleux que pas d’altruisme du tout. Mais je vois où vous voulez en venir et ce n’est pas faux non plus. Sauf que pour moi, le « soi très impérieux » se manifeste bien plus par un égoïsme absolument bétonné, que par une générosité fût-elle intéressée: l’étudiant qui faisait son sondage dans la rue, hier, ou qui voulait me parler de telle ou telle cause, je lui ai fait ce signe habituel de l’homme pressé, alors que j’aurais eu le temps. J’ai d’ailleurs repensé à ce fil, sur ce site, à l’altruisme en général, ou plutôt, à combien il difficile pour moi de penser un tant soit peu aux autres. Mais j’ai peur que nous n’évoluions pas dans les mêmes sphères.
    Je plaisantais un peu fait sur le fait de couper les cheveux en quatre, ce que je suis d’ailleurs en train de faire à mon tour.
    Personne n’est totalement altruiste. Pas la peine de s’angoisser avec ça.
    Le dire, c’est d’ailleurs… un truisme.

  23. KLR le 15 Juil 2011 à 11:43 23

    @cogitons
    Je ne suis pas sûre que « l’altruisé » ne perçoive pas l’intention de celui qui fait le bon acte.
    Ne vous est-il pas arrivé de recevoir une aide mais tout en sentant que la personne le fait par exemple pour frimer. Du coup l’on ne ressent pas même gratitude que lorsque cette aide est totalement désinteressée.

  24. Cogitons le 16 Juil 2011 à 14:46 24

    Je ne sais pas. Il faudrait prendre des exemples concrets mais qui ne soient pas caricaturaux. Celui qui meurt de fin, par exemple, ou qui reçoit le vaccin financé par la fondation Bill et Melinda Gates, se fiche éperdument de « l’intention » plus ou moins désintéressée de ses bienfaiteurs.
    A mon petit niveau, je préfère sans doute être « l’altruisé » d’une personne dont on sent qu’elle le fait avec une sincère affection, même si elle-même prend au passage plaisir à faire cet acte car au fond, qu’y a-t-il de mal à prendre du plaisir à aider autrui, que le « pseudo-désintéressement forcé », qui n’est en fait qu’une autre forme d’intéressement.
    Car en pensant réprimer nos petites vanités humaines, qui sont en fait assez naturelles, on tombe bien vite dans la tartufferie, la froideur, et au bout du compte, une autre forme de vanité, d’arrogance, même, bien plus pernicieuses encore: celles de se croire meilleur, plus haut, plus capable, plus saint qu’on ne l’est vraiment et surtout, que ne le sont les autres.
    L’affection sincère pour son prochain, la chaleur humaine, me semblent bien plus importants, en fait, que le degré de désintéressement. A cogiter.

  25. DAC le 17 Juil 2011 à 18:35 25

    Cogitons, fonctionner à coup de « chaleur humaine » me paraît très suspect … et pour celui qui la reçoit, et pour celui qui la dispense. Se planquer derrière son désir de chaleur humaine : dangereux camouflage de grosses déficiences affectives ; s’enthousiasmer du désir de transmettre sa chaleur humaine : encore plus dangereux, c’est s’y croire sans en avoir l’air, et bonjour l’engrenage insidieux de l’auto – satisfaction ! Sans parler de la chaleur humaine qui ne vient pas naturellement et que l’on s’évertue (sic!) de fomenter en soi …
    Non, finalement je préfère le « pseudo-désintéressement » (même s’il doit être au début forcé), que je vais transformer en intéressement pour moi-même, sachant que je suis rivée à ce moi qui, tout bien analysé, ne peut exister et désirer que pour soi. Pour ce moi envahissant, je dicte de nouvelles règles : le désir est là, c’est bien ; la volonté est là, c’est bien ; je vais simplement modifier l’objectif : dans telle situation donnée, choisir l’intérêt personnel le plus estimable, le plus efficace aussi … et que ça saute !

  26. Danielle le 18 Juil 2011 à 10:15 26

    Cogitons, « Celui qui reçoit le vaccin financé par la fondation Bill et Melinda Gates, se fiche éperdument de « l’intention » plus ou moins désintéressée de ses bienfaiteurs » , oui mais dans ce cas la personne qui donne est sur un autre niveau de relation, et elle délègue les actes.*
    L’altruisme dont on parle concerne l’acte en face à face et c’est pourquoi l’intention dans l’acte est importante car c’est elle qui permet la bonne continuité du bienfait s’il doit se prolonger dans le temps. La question n’est pas de savoir à qui il profite le plus, l’altruiste ou l’altruisé, mais ce qui se passe intérieurement, une alchimie très subtile, et dans la relation entre les deux.
    * Il me semble que l’altruisme à sa place dans tous les métiers de soin aux personnes dépendantes et vulnérables, au-delà du contrat et des obligations de travail n’y a-t-il pas une place pour lui ?

  27. Cogitons le 18 Juil 2011 à 20:10 27

    Cher(e) DAC, un peu catégorique, tout de même, le « dangereux camouflage de grosses déficiences affectives ». Vous voyez, me semble-t-il, le diable là où je parlais simplement d’humanité. Aimez-vous les uns les autres, disait Christ (dit-on). Bien entendu, il y a des abus et des erreurs partout, chez les chaleureux, chez les froids, chez les amoureux, chez les « avec les meilleurs intentions du monde », chez les sadiques, etc…
    A part ça, vous reconnaissez donc que pour vous, un altruisme désintéressé est impossible, puisque, dites vous, « ce moi qui, tout bien analysé, ne peut exister et désirer que pour soi ».
    Et bien voyez-vous, je ne suis pas convaincu par votre analyse. Des sacrifiés pour autrui, des torturés, des morts pour que d’autres (nous, en l’occurence) puissent vivre dignement et en paix (altruisme ultime) sans espoir d’autre monde, des communistes dans la résistance française, par exemple, ou des GIs américains, enfin bref, pas la peine de dresser la liste, on les compte par milliers, par millions. Des égoïstes? Des « je fais ça pour moi »? I don’t think so. Je crois que l’Homme a cette capacité de faire abstraction de lui-même pour le bien collectif.
    @Danielle, je ne suis pas en désaccord avec vous. Vouloir aider autrui sans rien attendre en retour, certains le font tout naturellement, d’autres pas, d’autres, même en travaillant sur l’intention, n’y arrivent pas. Mais à mon avis, mieux vaut parfois ne pas y penser, ne pas se dire « je suis en train d’aider autrui, attention à mon intention! ».
    Enfin, à chacun de savoir où il en est sur ces questions, et ce qui est le plus efficace pour soi, mais surtout, pour autrui.

  28. KLR le 19 Juil 2011 à 10:13 28

    @cogitons:
    Aider une personne avec affection est pour moi déjà le signe d’un acte altruiste désintéressé. Heureusement parfois nous sommes capables de ce genre d’action de façon tout à fait naturelle !
    Mais je repense à l’effet d’un acte altruiste intéressé sur « l’altruisé »…
    Par exemple dès que l’altruisé peut représenter pour autrui un intérêt matériel, l’acte altruiste se transforme en fait en demande d’échange et l’altruisé le ressent.
    je travaille régulièrement avec une star de la musique classique, et je peux observer ce genre « d’élan intéressé ».
    Mais bien sûr c’est un cas particulier ! La solitude de la star au milieu de sa cour, c’est un grand classique. L’altruisme se transforme en flagornerie !
    Mais cela prouve aussi qu’il est vraiment difficile d’aider avec pureté, affection, et générosité…

  29. Roxanna le 26 Juil 2011 à 5:56 29

    Merci pour cet article motivant !
    Je tiens à confirmer que la sensation de joie pure qui nous envahit lorsqu’on commet un acte altruiste est vraiment intense, c’est un bonheur qu’on ne retrouve pas dans d’autres plaisirs. On se sent profondément humain dans sa dignité. C’est vrai que du coup, le danger est de s’enorgueillir de nos bonnes actions. Je dois avouer que c’est mon cas et généralement je fais en sorte que tout le monde soit au courant (c’est tellement rare…) mais je me dis « chaque chose en son temps », on ne peut pas lutter sur tous les fronts d’un coup. Il faut commencer par agir puis progressivement travailler sur son intention. Je trouve que c’est finalement ce qu’il y a de plus difficile, être altruiste dans l’ombre…

  30. tatiana le 02 Août 2011 à 17:59 30

    c’est bien tout ça mais c’est fatiguant enfin je trouve,faut avoir un juste milieu penser qu’aux autres c’est fatiguant à la fin,faut vivre.
    Surtout qu’après on devient « trop gentil » des gens abusent de nous..faut vivre qu’avec des altruistes alors.

  31. mike le 02 Août 2011 à 23:49 31

    @ tatiana; un sourire peut changer la vie à quelqu’un…ça vaut la peine surtout lorsque l’on ressent l’effet en retour, la fatigue dont vous parlez disparaît.

  32. mike le 03 Août 2011 à 0:07 32

    @KLR et Cogitons
    être altruiste par amour est propre au personnes très avancées qui font corps avec l’amour divin. comme elles voient Dieu partout, elles aiment automatiquement tout le monde. mais à l’étape inférieure, qui est sans doute celle de la majorité, en tout cas la mienne, notre amour est nécessairement raisonné, on est donc altruiste par devoir.

  33. Cogitons le 03 Août 2011 à 13:31 33

    @tatiana,
    D’accord avec vous: « faut vivre ». Je lève en cet instant ma tasse de café à votre vie et à votre bonheur.
    « Altruisme bien ordonné commence par soi-même », car comme le dit KLR, on n’est pas des saints et y’a peu de chances qu’on le devienne: il faut vivre d’abord et aussi pour soi, trouver une forme d’équilibre et de solidité suffisante, oserais-je dire, de bonheur minimum, avoir assez de stabilité, de force et d’énergie en soi pour être en mesure de la donner gratuitement et efficacement aux autres. Sinon on fait comme le monde occidental, on vit à crédit, on « altruise » au dessus de ses moyens. On se jette dans la piscine sans vraiment savoir nager. C’est personnel tout ça, et les grands concepts et les généralisations trouvent vite leurs limites.
    A propos de concepts, KLR, je connais des altruistes qui aident leur prochain, mais pas « par devoir », sans pour autant être des Saints, qui aident parce que ça leur parait tout naturel, par sentiment d’humanité, avec affection, en se faisant un réel souci pour autrui. Le mot « par amour » est sans doute trop fort, mais le mot « par devoir » est tout aussi inadéquat.

  34. tatiana le 03 Août 2011 à 20:45 34

    j’ai réfléchis à ce que j’ai lue hier soir,en faite je crois que l’altruisme ça va un peu avec l’amour,j’ai eu un enfant à 18 ans et je sais que je l’aime énormement que j’aime le gater..et lui donner beaucoup et je fais tout pour lui donc je pourrai dire que je suis altruiste?mais quand j’ai réfléchi si j’étais altruiste hier soir ou comment faire..j’ai meme pas penser à mon petit ,j’ai pensée en général et je me suis dit que je suis plutot égoiste,mais avec mon petit c’est tellement naturel..que je m’en souviens meme pas que je le fais passer avant moi tout le temps et pour les personnes que j’aime c’est pareil donc en faite je pense que si on arrivait à s’aimer tous entre nous ben qu’on serait altruiste sans meme y penser.

  35. tatiana le 03 Août 2011 à 21:00 35

    ce que je veux dire c’est qu’il faut chercher à aimer les autres en premier par contre j’ai pas d’idée comment faire pour aimer un inconnu.Mais quand on aime les autres alors on fait passer l’autre avant nous,sans s’en rendre compte donc plus de pb d’orgueil. ….;
    Je crois aps que je pourrai aimer tout les etres humains comme j’aime mon fis,je crois qu’il y a pas plus grand amour.Je suis jeune aussi..je sais pas tout.

  36. KLR le 04 Août 2011 à 12:10 36

    J’ai relu récement l’entretien avec Bahram Elahi sur l’altruisme sur ce même site, et l’une de ses phrases m’a marqué et répondrait peut-être aux remarques de @tatiana et de @Cogitons.

     » L’altruisme par devoir s’applique à tout le monde, tandis que l’altruisme par compassion et amour d’autrui est une vertu qui doit s’acquérir. Elle n’existe que chez de très rares personnes qui, spirituellement avancées, ont atteint l’état d’abnégation et de détachement. Tant qu’on est sous l’emprise de son ego égoïste et mercantile – et c’est le cas de la quasi-totalité d’entre nous –, l’amour que l’on éprouve pour autrui est intéressé, il n’est que la projection de l’amour que l’on éprouve pour soi-même. »

    Ce qui m’a vraiment interpellé, c’est cette dernière phrase: « l’amour que l’on éprouve pour autrui n’est qu’une projection de l’amour que l’on éprouve pour soi-même. »
    C’est sans doute pour cela qu’il est plus facile de rendre service à ceux que l’on aime…

  37. tatiana le 04 Août 2011 à 16:43 37

    je suis pas trop d’accord avec cette phrase je pense que l’amour c’est pur et ça à rien à voir avec soi enfin bref.On peut aimer des gens sans s’aimer soi meme.

  38. radegonde le 04 Août 2011 à 21:45 38

    on m’avait dit, il y a longtemps, que la personne qui entretenait les toilettes était très importante dans les lieux de réunions.
    je n’ai pas oublié cette idée et j’essaie de m’occuper des toilettes de mon lieu de travail, (s’il manque du papier toilette à commander , mettre en place le papier pour les mains dans le dérouleur ou « réparer  » des débordements.. )
    sachant aussi qu’il y a une femme de ménage. mais nous ne sommes pas très nombreux, dans un lieu exigu…et que cet endroit est important pour notre confort!!

  39. Hello le 05 Août 2011 à 9:31 39

    Oui, la question de l’amour pur et sincère mérite d’être posée… Moi j’aime mes enfants plus que tout, je suis prête à tout pour eux, je crois que je pourrais donner ma vie. C’est un amour désintéressé. Et en même temps, je les aime de cette façon parce que ce sont « mes » enfants, et pas ceux de quelqu’un d’autre.
    En dehors de ce cas, qui est assez particulier, je suis d’accord avec Tatiana, je crois que l’amour pur est possible, mais il est terriblement rare, de plus en plus même puisque la société devient de plus en plus égoïste… Et il est donc d’autant plus précieux.

  40. Hello le 05 Août 2011 à 9:36 40

    Je pense aussi à ces personnes qui sacrifient leur vie (j’ai encore entendu un cas récemment) pour sauver un inconnu de la noyade. Ils n’hésitent pas une seconde à se jeter à l’eau, et je ne crois pas qu’à cet instant, leur pensée soit de pouvoir recueillir les lauriers de leur acte, car ils s’apercevraient tout de suite que le jeu n’en vaut pas la chandelle…
    @ Radegonde: je suis impressionnée, c’est vraiment de l’altruisme mis en acte pour moi

  41. KLR le 05 Août 2011 à 14:58 41

    Je ne pense pas qu’aimer les autres par projection soit à juger négativement.
    C’est je pense une donnée inhérente à la nature de l’être humain.
    Je suppose que l’on a pas conscience ni que notre amour est projeté, ni de la qualité de ce qui pourrait être un amour totalement désinteressé. Et c’est sans doute mieux ainsi…
    Cela ne nous empêche pas d’avoir des élans de générosité et de les cultiver.

  42. tatiana le 05 Août 2011 à 15:56 42

    oui les enfants c’est le plus fort amour qui existe.C’est vraiment un truc pur.On ‘les aiment comme ils sont et non pas comme on voudrait qu’ils soit,on attend rien en retour,on donne,on est heureux quand il sourrit c’est la plus belle récompense et meme si un jour il nous détest on l’aimera quand meme.

    et on sait parfaitement qu’ils nous aimera pas autant qu’on les aime enfin je sais que j’aime ma mère mais sans doute moins qu’elle m’aime.
    Donc un enfant c’est un amour pur ,spécial beau c’est tout,j’ai rine rencontrer d eplus fort peut etre que l’amour de Dieu est plus fort,j’en sais rien..mais en tout cas le plus fort de l’amour humain.

  43. juliette le 05 Août 2011 à 19:37 43

    Comme je suis une personne trés impatiente, pour tenter d’éradiquer ce défaut, ou tout au moins tenter de le contrôler, j’ai eu envie d’en chercher les causes pour prendre conscience de mes pulsions ou plutôt de mes impulsions. Je me suis rendu compte que le manque d’égard envers les autres, l’égoisme, le sentiment de se croire mieux que l’autre, étaient trois des mauvaises raisons de cette impatience. En effet, on n’arrive à ne plus laisser à l’autre la possibilité de s’exprimer, on lui coupe la parole pour imposer son idée, on le bouscule, bref, on le met tellement mal à l’aise qu’il ne veut plus communiquer avec vous et vous rejette. L’altruisme serait alors pour moi de modérer mes impulsions et de rechercher le bien être de l’autre, par l’écoute, par l’effort de lui donner du temps, de l’importance, et mettre en retrait mon désir d’être au premier plan. Considérer que son droit prime sur le mien et , au bout du compte, rire des avatars qui vous arrivent.

  44. mike le 07 Août 2011 à 0:38 44

    je suis d’accord avec Juliette et c’est par la aussi le début du chemin vers l’humilité…

  45. Cogitons le 09 Août 2011 à 23:55 45

    Je ne sais pas si ça pousse à l’humilité et à l’altruisme mais…
    De nouvelles recherches de la NASA confirment que les météorites contiennent certains éléments constitutifs de l’ADN:
    http://www.nasa.gov/home/hqnews/2011/aug/HQ_11-263_Meteorites_DNA.html
    et Frans de Waal et collègues confirment expérimentalement que les chimpansées sont naturellement généreux et altruistes:
    http://news.discovery.com/animals/chimps-share-110808.html
    Assis devant son miroir, il y vit … une poussière d’étoile au coeur de singe.

  46. mike le 10 Août 2011 à 21:09 46

    @ cogitons je suis bien persuadés qu’il y a d’autres formes de vies ailleurs et même sur d’autre galaxie, l’homme se croit toujours le centre de l’univers…
    chaque animal a une caractéristique particulière qui se retrouve en l’être humain ce qui fait d’ailleurs la science de l’astrologie chinoise

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