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Humilité 4 – l’humilité est une force

Par , le 6 Mai. 2012, dans la catégorie Articles - Imprimer ce document Imprimer - English version
Narcisse ou illusion de soi

« Étrangement, on se sent le cœur extrêmement léger une fois qu’on a accepté de bonne foi son incompétence. »
(William James,
Précis de psychologie)

Pourquoi être humble ?

Si l’humilité consiste à résister à la pression, que l’on devine puissante, de l’orgueil, elle demande nécessairement un effort. Et comme tout effort, elle a besoin d’une justification : après tout, si l’illusion d’un ego surdimensionné fait partie de ma nature fondamentale, et tant qu’elle reste dans les limites du raisonnable, pourquoi chercher à la faire disparaître, à supposer que cela soit possible ?

On peut distinguer au moins deux raisons qui pourraient nous motiver à fournir cet effort :

La première raison est éthique et renvoie à ce qu’on a pu appeler « l’amour de la vérité ». Il est certes dans ma nature d’être aveugle sur la place réelle que j’occupe dans le monde, mais il est tout autant dans ma nature, quand j’ai pris conscience d’une illusion, d’essayer de m’en libérer. A moins d’être spirituellement mort, personne ne peut se satisfaire de vivre sciemment dans la fausseté sans chercher à en sortir ; notre nature profonde est donc de rechercher la vérité, quelle qu’elle soit, même quand elle est désagréable à notre ego. Puisque l’orgueil est mensonge et illusion, il est de notre devoir éthique de travailler pour être plus humble, de façon à sortir de ce mensonge et nous rapprocher de la vérité de ce que nous sommes.

La seconde est d’ordre psychologique, car l’orgueil est, si on y réfléchit bien, à la source de la plus grande partie de nos souffrances psychiques. Le problème de l’orgueil, on l’a vu, c’est qu’il nous pousse à maintenir sur nous-même une illusion qui ne correspond pas à la réalité et qui donc est perpétuellement battue en brèche par la réalité. Constamment, la vie vient nous rappeler douloureusement que nous ne sommes ni le centre, ni le sommet de l’univers. Et tout aussi constamment, nous cherchons à construire des stratégies qui nous permettent de dénier cette évidence. Notre ego illusoire est comme un bateau trop gros qui prendrait l’eau de tous les côtés, et nous dépensons une énergie démesurée pour essayer de colmater les brèches pour maintenir coûte que coûte l’illusion. Les personnages-types qui suivent peuvent nous donner quelques exemples de la façon dont les choses se passent concrètement :

  • Le « mauvaise foi » : face à un message désagréable pour son ego, il botte en touche en attaquant la source du message. Si par exemple, quelqu’un le critique, il trouvera un raisonnement qui décrédibilisera la personne ou lui fera un procès d’intention (« Il a dit ça parce qu’il ne m’aime pas… »). Face à un échec ou une difficulté, il reportera systématiquement la faute sur autrui et ne remettra jamais en cause son propre comportement.
  • Le jaloux : il ressent le succès ou la joie d’autrui comme une menace pour son ego. C’est pourquoi il souffre et, dans les cas graves, cherche à nuire à autrui de façon à faire disparaître cette anomalie (« c’est l’autre qui reçoit alors que c’est moi qui suis au centre et au sommet »).
  • Le frimeur : il compense son angoisse face à la mise à mal de son ego en se construisant une image artificielle devant les autres. Pour oublier la réalité qui ne lui est pas clémente, il essaie de se fabriquer une sorte de réalité substitutive dans le regard des autres (« Je suis bien au centre du monde puisque tout le monde me regarde avec admiration »).
  • Le timide : sa stratégie pour que son illusion se maintienne est de se retirer et de chercher, autant que possible, à éviter les coups du réel. Il vit dans la peur et la paralysie : surtout ne pas bouger, pour ne pas réveiller la douloureuse réalité.
  • Le « Je suis nul… » : il voit bien que son ego est illusoire et il est conscient de son insignifiance. Comme il ne se voit pas au sommet, il estime qu’il est au fond et se désespère, car au fond de lui, il estime devoir occuper une place plus élevée. Sournoisement, l’illusion est donc encore là, et il s’y accroche.

Il y a bien entendu un infinité d’autres exemples, qui pourront éventuellement être développés en commun dans les commentaires. L’objectif de ces quelques modèles est simplement de montrer la façon dont l’orgueil intervient directement dans nos défauts moraux tout comme dans nos souffrances psychiques. La marque distinctive de l’orgueil en nous, qui apparaît clairement dans ces différents types, est qu’il fausse notre jugement, à la fois sur nous-même et sur les autres.

Pratique de l’humilité – Pistes de travail

Par opposition à l’orgueil, l’humilité nous permet de redevenir nous-même et donc de coïncider, enfin, avec la réalité. Elle nous permet de cesser l’agitation vaine et inutile de l’ego pour retrouver une forme de stabilité : en étant humble, je sais que je ne suis presque rien, mais ce presque rien a les pieds posés sur le sol solide de la réalité. Ainsi, et contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, l’humilité est une force, elle est source d’assurance, de dynamisme et de confiance en soi.

Comment faire pour développer en nous cette qualité ? On se contentera ici de proposer quelques pistes de travail.

  • Piste de travail 1 : le premier pas consiste à prendre conscience du fait que je suis dans l’illusion. Sortir du déni, se remémorer, même si c’est de façon un peu abstraite, la réalité de sa place dans le monde. C’est une forme d’autosuggestion qui éduque la pensée et permet de préparer le travail effectif sur l’humilité : non, je ne suis pas le meilleur, ni le plus beau, ni le plus intelligent, ni le plus cultivé, non le plus brillant, ni le plus populaire, ni le plus admiré, et alors ? Oui je commets des erreurs, j’en commets même beaucoup, l’essentiel est d’apprendre de ces erreurs et d’avancer ; non, il n’est pas absolument vital pour moi de montrer à la face du monde de quoi je suis capable, cela ne m’apportera rien ; non, si l’autre a plus que moi, il n’y a pas lieu de le détester ou de crier à l’injustice, mais plutôt d’être content pour lui et de faire de mon côté tous les efforts nécessaires pour progresser ; non je ne suis pas indispensable ; oui j’ai toutes ces qualités, mais d’où me viennent-elles ? comment pourrais-je prétendre que tout cela me vient de moi-même alors que je peux tout perdre du jour au lendemain ? etc.
  • Piste de travail 2 : repérer en soi toutes les manifestations de jugement et de mépris par rapport à autrui et lutter contre ces pensées. Qui suis-je pour juger moi qui ne me connais pas moi-même ? Au besoin, se rappeler ses erreurs passées, non pas dans un esprit d’auto-flagellation, mais simplement pour se remettre à sa place : au nom de quoi puis-je me permettre de mépriser telle ou telle personne, moi qui ai fait ci et ça ? « L’orgueilleux se surestime lui-même, dit Bahram Elahi, et il sous-estime les autres. » (La Voie de la Perfection)
  • Piste de travail 3 : se taire. Se taire là où nous avons envie de frimer, de montrer notre supériorité, de donner des leçons, de montrer que nous avons raison…
  • Piste de travail 4 : accepter les critiques. En général, quand on est critiqué, la première réaction est de se sentir agressé et de mettre immédiatement en place des stratégies de défense ou de fuite : chercher à se justifier avant d’avoir réfléchi au problème ; décrédibiliser celui qui critique de façon à annuler d’office tout ce qu’il dit (« Il dit ça par jalousie ; il ne voit pas l’ensemble du problème, il n’a aucune idée de la complexité… ») ; concentrer toute son attention sur un problème secondaire pour ne pas avoir à réfléchir au fond de ce qui est reproché (« Il m’a parlé d’un ton agressif et désagréable ; pourquoi il m’a reproché cela devant tout le monde, c’est vraiment un manque de tact inouï… ») ; s’effondrer ou déprimer, ce qui est une façon de fuir la réalité (je me concentre sur ma souffrance et mon anéantissement, et pas sur la réalité de ce qui m’est reproché).La réaction humble est tout autre : elle consiste à maîtriser la souffrance de la piqûre et à accepter d’écouter pour voir si la critique n’est pas justifiée et dans tous les cas en tirer une leçon éthique.
  • Piste de travail 5 : accepter tout court. Accepter ce qui arrive, s’accepter soi-même avec ses manques et ses insuffisances, ce qui conduit, curieusement, à un sentiment délicieux de libération. L’ego illusoire est plein de vide. Quand on accepte humblement sa position, on est vidé de ce vide, ce qui nous donne ce sentiment rare et précieux de plénitude.
  • Piste de travail 6 : aller de l’avant et développer, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, un esprit de vainqueur. Car l’humilité, ce n’est pas se résigner amèrement ou rester passif face à ce que qu’on est (« Je ne suis rien, un point dans l’univers, donc à quoi bon essayer de réaliser des choses… »). Paradoxalement, l’humilité est à voir dans une perspective dynamique qui nous pousse à nous développer et à aller de l’avant.

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29 commentaires

  1. A. le 07 Mai 2012 à 10:12 1

    Merci de ce nouvel article sur l’humilité, l’analyse qui a été faite est vraiment très fine.

    Il est vrai que l’orgueil est omniprésent et que nos actions/pensées sont souvent faussées. On peut constater cela à tous les niveaux de notre vie quotidienne. Je prendrai l’exemple du tennis en l’abordant sous le point de vue du spectateur ainsi que du joueur.

    Lorsque je me balade dans mon club, il est assez fréquent d’entendre des joueurs crier et se reprocher de ne pas avoir joué à la hauteur de leurs capacités ou d’accuser d’autres facteurs (p. ex. les balles) d’être à l’origine de leurs problèmes.

    • « Ce n’est pas possible !!! Arrête de jouer come cela. Ce n’est vraiment pas possible ! ». Après avoir lu l’article il est évident que la personne souffre du fait que son égo est mis à mal par la réalité de son jeu et qu’il souffre aussi du regard des autres. En râlant il essaie alors de rassurer les autres (et soi même), que son mauvais jeu n’est que passager, un accident de parcours et qu’en réalité il joue beaucoup mieux. En faite, si on regarde le joueur en question jouer plusieurs fois, on observera (en général) qu’il râle tout le temps, c’est-à-dire qu’il croit toujours pouvoir jouer mieux de ce qu’il ne joue réellement.

    • « Ces balles sont nulles, il faut les changer ! » face au message désagréable de la réalité (pour son ego), le joueur botte en touche en reportant systématiquement la faute sur autre chose – les balles en l’occurrence.

    Même si je ne râle pas, en tant que joueur j’ai constaté que je souffre des mêmes problèmes : j’ai peur de perdre et de mal jouer. Cette souffrance provient de deux choses : 1) la réalité vient me rappeler que je ne suis pas au sommet, donc mon orgueil en prend un coup ; 2) l’image artificielle que je me suis construit dans le regard des autres est mise à mal.

  2. charlie le 07 Mai 2012 à 16:11 2

    J’avais une grande fête ce week end, et cela m’angoissait un peu d’y aller pour différentes raisons. Je m’étais donc préparée psychologiquement quelques jours auparavant, car je connais mes réactions intérieures qui peuvent parfois arriver lors de ce genre de manifestations, lorsqu’il y a beaucoup de monde et qu’on est donc amené à être confronté à l’autre. En passant en revue ce qui aurait pu arriver, je m’aperçois avec votre article que j’avais fait le tour de ces 6 points dont vous parlez, et qui sont totalement en écho avec ce que j’avais déjà pu vivre. Pendant et après cette fête, j’ai alors senti une énergie et une joie que je n’avais pas ressenties depuis très longtemps. Cette préparation en pensées m’avait permise, comme vous dîtes, d’accepter. Accepter d’être ce qu’on est, accepter ce qu’on a, une libération qui nous pousse à nous dépasser, accepter l’autre tel qu’il est, le voir comme un égal quelque soit sa pensée et son comportement, au contraire aimer ce qu’il a de différent, arrêter de vouloir être comme ci ou comme ça au dessus de tout le monde pour soi-disant trouver sa place, car en effet ça n’est que de l’illusion et notre vraie place ne peut se manifester ainsi. Arrêter de se justifier pour faire croire que. Aller vers l’autre qui semble faire la tête ou mal à l’aise, car soi-même on a pu ressentir ce malaise il y a longtemps, lorsque personne ne venait nous parler peut-être parce qu’ on se mettait soi-même en retrait.
    Ce qui m’a aussi énormément aidée pendant cette fête est de voir la force d’une personne qui a de vrais sérieux problèmes de santé, à quel point sa générosité, son amour de l’autre, son humilité, son instinct de survie, et bizarrement sa vitalité malgré ses soucis, sont immenses. On n’a plus envie (du moins pour un temps !! même s’il est assez court, et c’est dommage) de se montrer, on n’a plus envie de se mentir à soi-même, on assume et on s’assume, on n’a plus envie de râler, on a envie de faire attention à l’autre et de le respecter, on a un regard plus juste sur soi-même et on est prêt à être confronté aux mauvaises pensées ou paroles des autres parce qu’on sait un peu mieux ce qui est vrai ou non, on est heureux avec ce qu’on a, on a juste envie de vivre et d’avancer comme on est, avec les efforts qu’il faut, dans ce qu’il y a de meilleur pour nous et en harmonie avec ce qui nous entoure.
    Merci pour cet article si « parlant ».

  3. Rosie le 07 Mai 2012 à 16:56 3

    Merci pour ces pistes pratiques… Il ne reste plus qu’à passer à l’action!
    J’ai du mal à voir le lien entre la lutte contre l’orgueil et le fait de développer un « esprit de vainqueur ». Auriez-vous des précisions ou des éclairages sur ce point à apporter sur ce point ??

  4. ajile le 07 Mai 2012 à 17:34 4

    Formidable cette piste de travail 6, un sacré antidépresseur.
    Le ballon d’oxygène qu’elle contient permet d’aborder les cinq pistes précédentes de manière plus sereine, il est vrai que notre culture occidentale associe invariablement « vainqueur » à « battu ». Donc là, personne ne perd; certains, même, vainquent.
    Il devient presque aisé d’accepter « non, je ne suis pas le meilleur, ni le plus beau, ni le plus intelligent, ni le plus cultivé, non le plus brillant, ni le plus populaire, ni le plus admiré » si l’on sait que l’on continue à aller de l’avant et que l’on développe un esprit de vainqueur.
    Dans un précédent billet sur Benjamin Franklin, ce dernier définissait l’humilité de la manière suivante : « imitez Jésus et Socrate ».
    Le débat est ouvert.

  5. Danielle le 08 Mai 2012 à 19:01 5

    Quelques indices de réponse sortis du livre de Christophe André « Imparfaits, libre et heureux »
    « L’estime de soi et l’action entretiennent des liens étroits dans trois dimensions principales :
    – La véritable estime de soi ne se révèle que dans l’action et la confrontation à la réalité,
    – L’action est facilitée par l’estime de soi,
    – L’action nourrit, façonne, construit l’estime de soi, »
    C’est une boucle de renforcement qui se met en place, dans la cinquième partie du livre, il fait le lien entre action, estime de soi et humilité :
    « L’oubli de soi
    Toujours penser à soi ?
    Signe que l’estime de soi souffre. (…) il faut pouvoir s’écarter doucement de soi. Et de soi sous le regard des autres (.)
    Cela peut venir naturellement, de tous les efforts dont nous avons parlé jusqu’ici. Cela peut aussi être l’un de ces efforts. S’oublier en travaillant sa présence à l’instant, en cultivant une humilité qui ne soit pas punitive, en cherchant sa place plus que sa gloire. (…) »

  6. mahaut le 08 Mai 2012 à 20:54 6

    « L’humilité est une force », je n’avais jamais réfléchi à cette équation  !. Cela m’apparaît juste !

    (« Je ne suis rien, un point dans l’univers, donc à quoi bon essayer de réaliser des choses… ») ??

    « Je ne suis rien, un point dans l’univers » c’est un argument troublant : car ne participant que comme point d’une figure de géométrie couché sur une feuille de papier… qu’est-on ?

    Etre un point dans l’espace, ou bien un grain de sable ce n’est pas du tout la même chose.

    L’un est un concept. Un concept, une idée générale, une idée ou représentation de l’esprit : c’est un objet sans vie
    – tandis qu’un grain de sable a une certaine conscience, il est directement relié à la Source, autant que moi-même.

    Le grain de sable ou la montagne ou moi-même nous avons en commun d’être emplis de gratitude d’avoir été appelés à la vie, et ça effectivement c’est une « grande fierté », que d’avoir été conçus, imaginés ! désirés !

    J’ai imaginé le monde en y étant un de ses habitants et un monde où jamais je n’aurais été créée. Mon coeur a bondi de reconnaissance, c’est tellement imprévu, d’avoir été désiré tel que l’on est et ensuite d’essayer d’assumer cette confiance…

    Cela a entraîné comme conséquence chez moi, de ne pas chercher à faire de carrière, de ne pas chercher des postes de pouvoir, d’aimer les autres, parce qu’étant des autres moi-mêmes, de me contenter de peu plutôt que d’être étourdi par la course à la possession. Et surtout, d’essayer de vouloir retourner vers cette origine que ma nature profonde pressent : vérité, beauté, bien , justice, amour

    C’est très subtile, d’avoir présenter entre la leçon 3 et 4 à propos de l’humilité, l’enseignement sur « Le chercheur de vérité » : « La première raison est éthique et renvoie à ce qu’on a pu appeler « l’amour de la vérité »

    Merci pour cet enseignement

  7. Cha le 12 Mai 2012 à 1:04 7

    Merci pour l’article et les commentaires très instructifs.
    Mise en garde cependant à propos d’un possible effet pervers que j’ai observé sur moi : Lutter contre son orgueil pour être moins timide. En effet, la finalité ne serait autre que chercher à se mettre en avant. J’ai remarqué que j’ai pensé à cela sans pour autant que l’intention soit vraiment évidente.

  8. Tonio le 12 Mai 2012 à 11:04 8

    Merci pour cet article encore très riche et concrêt.
    Une piste personnelle en réponse à l’interrogation de Rosie sur le lien entre « luttre contre l’orgueil » et « esprit de vainqueur ».
    Un mécanisme très présent chez moi, conséquence de mon orgueil, est d’abandonner la partie pour ne pas avoir à reconnaître un vrai échec. « Ce n’est pas un vrai échec car je n’ai pas vraiment donné tout ce que je pouvais… » Typiquement, ce comportement de fuite est un « esprit de perdant » dans la mesure où il m’empèche d’utiliser toutes mes ressources pour arriver à un résultat (de peur de ne pas y arriver malgré cela). A l’inverse, faire son maximum avec humilité permet de réaliser de belles choses et de progresser, ce qui participe je pense de « l’esprit de vainqueur » dont il est question.
    Celui qui met toutes ses forces dans la bataille pour atteindre un résultat n’a pas peur de l’échec me semble-t-il (s’il ne l’aime pas, il est au moins près à l’accepter sans excuse), contrairement à l’orgueilleux qui joue sans conviction pour éviter de le regarder en face.
    Dans le domaine du sport, on associe souvent certains grands « gagneurs » a des personnalités orgueilleuses, alors qu’en réalité il me semble qu’elles le sont moins que d’autres : je pense à un Rafael Nadal par exemple.

  9. a. le 12 Mai 2012 à 11:22 9

    Merci pour ce billet, très instructif et motivant. J’ai été complètement bluffé par la catégorie des « Je suis nul… » et je trouve l’analyse très juste !

    Même si cet état peut être le résultat d’un certain travail sur soi (« il voit bien que son ego est illusoire et il est conscient de son insignifiance »), il s’agit d’une autre illusion (parfois paralysante d’ailleurs). Mais le diagnostic est le même. De quoi se rappeler le souci constant de l’équilibre, en toile de fond des pistes de travail. Des pistes de travail particulières pour ce personnage-type?

  10. mia le 15 Mai 2012 à 10:38 10

    La description des personnages type donne un bon repère simple et clair pour une meilleure connaissance de soi : la simplicité est efficace car rapidement on se voit passer d’un personnage type à un autre, sans prendre des heures à se demander quoi faire.
    Il suffit d’arrêter de vouloir prendre une place importante… ce qui ne veut pas dire qu’on n’a pas de place … et donc prendre une place, la sienne !
    C’est voler avec ses propres ailes.

  11. JR le 18 Mai 2012 à 0:55 11

    Je n’ai pu m’empêcher de verser des larmes en lisant cet article, notamment avec les pistes de travail. Cela fait plus d’un an que je note tout les défauts que je remarque chez moi, en y associant des exemples concrets, en trouvant un titre à ces défauts pour pouvoir les caractériser, et je dois dire que j’étais un peu bloqué car je sentais au fond de moi qu’il manquait quelque chose, une chose qui pouvait mettre un nom à cet « ensemble » de point dont je sentais qu’il y avait un lien….
    Je ne pourrais même pas vous donner des exemples puisque chaque piste de travail évoquée ci-dessus est tout simplement un exemple parmi tant d’autres de ma vie quotidienne. Chaque piste était l’un des point caractériel que j’avais plus ou moins trouvé mais que je n’arrivais pas à associer… mais je sentais qu’il y avait quelques chose en commun et EURÊKA !!!

    Merci beaucoup, bien qu’étant un peu bouleversé suite à ma lecture, je vais devoir lire et relire cet article et mettre les choses en ordre, mais je ressent déjà un certain poids en moins, un soulagement.

  12. al06 le 19 Mai 2012 à 13:12 12

    « je sais que je ne suis presque rien, mais ce presque rien a les pieds posés sur le sol solide de la réalité. Ainsi, et contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, l’humilité est une force, elle est source d’assurance, de dynamisme et de confiance en soi. », je fais un lien avec le fait de s’accepter avec sa capacité, ses forces et ses faiblesses, mais sans jamais se décourager… pour accomplir à sa mesure ce que je dois accomplir.
    Je voulais juste citer une anecdote rapportée par Gilbert Cotteau, fondateur de SOS villages d’enfants : « J’aime bien par exemple la légende amérindienne concernant le colibri. La légende amérindienne à laquelle je fais allusion dit qu’un jour il y a eu un incendie fabuleux dans une forêt amazonienne et un colibri avait vu qu’il y avait une flaque d’eau, ramassait avec son bec une goutte, deux gouttes, et allait pour éteindre l’incendie. Et un toucan qui était à côté de lui, lui dit : « Mais enfin, colibri, qu’est-ce que tu fais ? Tu vois bien que tu ne peux pas réussir à éteindre cet incendie ! » Et la réponse était : « Je fais ma part ». »
    C’est quelquefois un petit rien qui fait beaucoup…
    Dans ce monde, j’essaie de faire ma « part », même si ma tendance à une certaine autosatisfaction peut m’aveugler sur mes capacités et me limiter dans mes actions. Cette « part » que je peux réduire avec une certaine mesquinerie vis à vis de la « part » des autres ! Et voici que l’ego point encore, et envahit tout mon être ! Que c’est difficile de devenir humain et de sortir de son ego primate…

  13. Sue le 20 Mai 2012 à 15:36 13

    C’est une question urgente. Hormis le fait que vivre dans l’illusion est un aveuglement, ce qui m’alerte est le danger que cela représente. Le travail consiste à réduire le choc provoqué par la confrontation avec le réel en orientant en continu la pensée dans le sens d’une acceptation de notre impuissance. Ce qui me fait peur, c’est qu’en laissant gonfler naturellement l’orgueil, pour peu que des facteurs extérieurs y participent, à la façon d’une cour qui ne cesserait d’alimenter l’ego du roi, la réalité nous rattrape de manière sanglante, comme lorsque le roi est déchu, réduit à néant, rejeté, piétiné, condamné à l’exil, humilié etc. Il faut réduire ce gouffre peu à peu.
    Et puis ce qui peut découler de cet ego est le fait, plus pernicieux encore, de se rebeller intérieurement contre cette même impuissance lorsque nous y sommes (enfin) réellement confrontés et là, nous touchons du doigt quelque chose de beaucoup plus dangereux et puissant encore : la révolte contre l’ordre des choses. S’enfermer dans cette rage devient encore plus aveuglant et plus limitant que notre orgueil « social » et les risques d’affections psychiques et/ou spirituels sont beaucoup plus inquiétants. A surveiller.

  14. radegonde le 09 Août 2012 à 15:40 14

    j’allais dire « je sais, je sais, je sais… » comme me le souffle mon MOI… mais comme c’est dur à admettre et à constater tous les jour..

    = »je me suis fais remettre à ma place!!, pourquoi lui et pas moi?? » pourquoi….!!!

    Mais reconnaitres ses fautes est toujours surprenant pour soi et pour celui qui ne s’y attendait pas, en face.. et qui pensait devoir faire un combat d’Ego…
    C’est l’oeuvre de tout une vie à poursuivre…!!!

  15. radegonde le 14 Août 2012 à 23:13 15

    l’humilité ,
    c’est aussi de persévérer alors que tout va mal; alors que tous les jours je constate que je retombe dans mes travers, que je n’ai pas retenu « la parole fatidique » qui annule mes souhaits de bien faire …
    De me dire que le Bon Dieu a pitié de moi et qu’il voit mes efforts..pour ne pas abandonner le chemin…

    Me rappeler que mon avenir est ailleurs et pas ici et que c’est pour cela que je travaille sur moi..

  16. juliette le 09 Sep 2012 à 14:31 16

    de retour de vacances où sont arrivés en avalanche les épreuves qui secouent votre soi et met surtout en lumière bien solaire ce que je nomme, avec égard pour mon ego, mes points faibles mais qui s’avère malheureusement beaucoup plus ancrés dans ma nature, je tente de me secouer et d’entamer une année scolaire teintée fortement d’éthique personnelle. 1er pas : recensement des « points faibles » qui ont mis et mettent ma conscience en émoi et me font honte. 2ème pas : quantification des « chutes » à grand spectacle avec constat pitoyable des résultats sur les autres et sur moi ! 3ème pas : mesures draconiennes pour tenter d’y remédier : A) visite quotidienne du for intérieur sans concessions. B) regard sur soi même avec clarté et netteté. C) étalage au grand jour et sans tendresse des strates malodorantes.
    4ème et pas ultime et qui pourrait se placer à tous les stades : Attention à LUI, intention pour Lui, et demander SON aide. Courage à tous et surtout à moi.

  17. mike le 10 Sep 2012 à 0:13 17

    attention à commencer petit pour ne pas trop vite arrêter

  18. zatty le 11 Nov 2012 à 21:54 18

    Tout d’abord, merci pour cet enseignement et ces articles qui me sont personnellement d’une très grande utilité dans ma quête du contentement Divin et de la connaissance de soi.

    Je me suis rendu compte ces dernières semaines d’un défaut que j’avais, ou plutôt je me suis rendu compte de l’importance et de la très forte présence de ce défaut dans mon quotidien. Il s’agit de l’orgueil.

    J’ai donc décidé de le combattre au plus vite et d’y mettre les moyens.

    Pour avoir lu ces très complet et très efficace articles sur l’humilité il y a quelque temps, j’ai bien évidement décidé de m’en servir pour m’aider dans cette pratique.

    Mon travail sur moi que je m’étais fixé ces derniers mois était de tenter d’être agréable et serviable avec mon très proche entourage à savoir mes parents et mon frère. Et je pense que c’est la que je me suis rendu compte que j’avais un gros problème d’orgueil.

    En effet, c’est la difficulté de travailler sur ce point qui m’a ouvert les yeux, j’ai donc travaillé dessus et je dois dire que cela va beaucoup mieux grâce à Lui.
    J’ai une bien meilleure vision de moi maintenant et j’en vois clairement les bienfaits au quotidien.
    Cela dit, une nouvelle difficulté est apparue, maintenant que je me suis un peu amélioré sur ce point, qui est d’être tolérant envers ceux qui le sont pas trop justement.
    Car là je sens l’orgueil et le jugement venir très rapidement et je dois dire que cela ne me plait pas…

  19. KLR le 03 Avr 2013 à 22:21 19

    Merci beaucoup pour ces 4 volet sur l’humilité. j’essaye actuellement de travailler sur ce point, mais j’ai beaucoup de difficultés, et vos articles sont très complets, m’apportent de l’aide et un peu plus de clarté.
    En fait je ne sais pas ce qu’est vraiment l’humilité : lorsque je lis les articles, j’en ai une conscience brumeuse, je goûte quelque chose qui me parait formidable mais en même temps très loin !
    Mais en tous cas, j’ai une vision maintenant différente de ma première lecture de ces articles. peut-être qu’entre temps, je me suis au moins rendue un peu plus compte de l’ampleur de la tâche !

  20. Danielle le 05 Avr 2013 à 9:57 20

    « l’humilité nous permet de redevenir nous-même et donc de coïncider, enfin, avec la réalité. /…/contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, l’humilité est une force, elle est source d’assurance, de dynamisme et de confiance en soi. »
    Le changement en général, et dans mon cas dans le travail, est souvent l’occasion de revoir ses comportements, c’est mon expérience de ces dernières semaines. Les événements m’ont conduit à réfléchir pour « accepter d’écouter pour voir la critique » et travailler les points faibles. Ce qui se passe, c’est que cette conscience de ses faiblesses soulève des peurs et des angoisses, doute, culpabilité,…
    et « l’humilité est une force », j’ai remarqué que les gens humbles ont beaucoup de dignité.

  21. KLR le 05 Avr 2013 à 15:40 21

    @Danielle
    Dans « l’humilité est une force, une source d’assurance », je comprends que l’humilité est lié à l’appui que l’on recherche dans le divin. Lorsque l’on se sent épaulé, on a en effet plus de force… J’imagine qu’une personne vraiment humble est sans cesse en recherche de cet appui.
    J’essaye en ce moment de ressentir cet appui et de lui attribuer les réussites que je peux rencontrer, en remplaçant l’auto-satisfaction par la gratitude. Je sens en effet que cela m’apporte une légèreté. Sortir de l’égo est en effet apaisant car il est étouffant !
    En même temps, je ressens un état qui se rapproche de ce que vous décrivez : une sorte d’angoisse de ne pas faire assez, et assez bien …

  22. Camille le 12 Avr 2013 à 19:38 22

    Peut-être que cette sorte de sérénité a à voir avec la prise de recul que permet l’humilité, lorsque je me rends compte qu’effectivement je ne contrôle pas grand chose et que le résultat de mes actes ne dépend pas que de moi et de loin. Du coup, je ne serai ni la meilleure si je constate de bons résultats, ni la plus nulle si les résultats ne sont pas bons.

    Par exemple, en tant qu’enseignante, si mes élèves réussissent ou ne réussissent pas. Bien sûr, il y a des tas de facteurs à prendre en compte: je dois être sérieuse, accomplir mon devoir envers eux, respecter leur droit d’avoir le meilleur enseignement possible, etc., mais après, si je suis convaincue que je ne fais que mon devoir, du mieux que je peux, je ne vais pas m’enorgueillir s’ils réussissent brillamment. Je serai contente, bien sûr, mais je ne m’attribuerai pas de mérite outre mesure, je sais très bien qu’on ne rend pas des étudiants brillants dans le peu de temps que l’on passe avec eux. Du coup, je serai aussi préservée du syndrome du prof nul s’ils ne réussissent pas. Ce qui compte c’est le sérieux dont je fais preuve avec eux, mes efforts pour faire du bon travail. Si les résultats ne suivent pas, je vais m’en inquiéter, revoir ma façon de faire etc., mais je ne serai pas touchée dans mon orgueil ou ma fierté. Je serai plus préoccupée par mes méthodes, mes façons de faire que, par exemple, je jugement des collègues sur « mes » résultats. Mon orgueil ne sera pas blessé, je ne vais pas souffrir de ne pas avoir une image de marque à la hauteur de ce que mon égo aimerait.

    Après, on a quand même toujours le souci ou l’angoisse de faire juste et bien, mais l’objectif est différent et cette angoisse-là est peut-être salutaire : je ne travaille pas à avoir la meilleure réputation possible auprès de mes collègues, ma hiérarchie ou mes élèves, mais à faire mon devoir d’être humain, enfin j’essaie.

  23. Ms le 03 Déc 2013 à 3:10 23

    Quel bel article !

    J’aimerai rajouté une conséquence positive dont bénéficie une personne humble et qui, je pense, être primordial :

    Etre humble permet de s’ouvrir aux autres. Une fois que l’on ne se focalise plus sur soi-même, on voit les autres, on les écoute, on est là pour eux, etc., … Et, encore plus important, une peut les aider ! Idéalement alors, on pratique cette fameuse phrase « en dehors de moi, il y a les autres » et c’est en cela que réside le vrai bonheur !

    On se rend compte que cette recherche de satisfaction de l’égo ne sera jamais source de notre bonheur – c’est simplement une « illusion » passagère et frustrante – alors que l’aide aux autres est réelle.

  24. Martin le 25 Mai 2014 à 15:31 24

    MERCI.
    J’en ai presque les larmes aux yeux, tellement je viens de me prendre une baffe existentielle !

  25. kbld le 12 Avr 2019 à 20:51 26

    Je conseille ce numéro du magazine Cerveau et Psycho sur la culpabilité : https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/psychologie/cerveau-psycho-n0109-16551.php
    Il y a notamment une analyse intéressante du professeur Yves-Alexandre Thalmann sur la sur-culpabilisation (il est l’auteur d’un ouvrage sur le sujet, Au diable la culpabilité !). Il y explique, en reformulant et peut-être étayant, que culpabiliser est utile en général, dans la mesure où cela fait réfléchir sur ses erreurs et pousse à s’améliorer, sinon nous serions psychopathes, mais que cela peut être néfaste à trop forte dose. La source serait un sentiment de toute-puissance : on ne veut pas accepter qu’il y a des choses qui ne sont pas de notre ressort, sur lesquels nous n’avons pas d’emprise, alors, plutôt que de renoncer à se voir comme un sur-homme, on préfère penser que c’est de notre faute si quelque chose s’est passé d’une certaine manière, quitte à se faire du mal mentalement. L’enjeu pour la perception que l’on a de nous-mêmes serait en effet tellement fort qu’on préfère souffrir pour la préserver. Il est donc conseillé de laisser tomber cette image édulcorée que nous avons de nous-mêmes et de nos capacités, et de voir que, tout simplement, tout ne dépend pas de nous.
    En réfléchissant sur certaines expériences personnelles, je pense que cela peut valoir aussi pour le fait de trop regretter de ne pas avoir agi d’une certaine manière, y compris lorsque, effectivement, cela aurait abouti à un résultat que l’on peut juger positif. Il faut accepter que nous sommes sujets à erreurs et à lacunes. Tant qu’on a fait, subjectivement, de son mieux au moment donné dans une bonne intention, c’est ce qui compte. Si la Nature ne nous a pas donné une intelligence ou un savoir-faire supérieur dans tout, c’est qu’il y a une raison, et le résultat des efforts sincères que l’on apporte La regarde Elle. Sinon, c’est de l’orgueil. Cela ne signifie pas néanmoins, bien entendu, qu’on ne doit pas apprendre de ses erreurs ni de corriger certaines choses dans la mesure du possible.

    Au passage, je conseille le magazine Cerveau et Psycho en général. Si vous aimez les informations socio-psycho-cognitives fondées sur des recherches scientifiques, c’est selon moi très intéressant, utile et bien écrit.

    1. Etienne le 14 Avr 2019 à 22:20 26.1

      Un grand merci pour ce partage @kbld.

      Si j’ai bien compris, le mécanisme de sur-culpabilisation que vous analysez concerne le fait de se culpabiliser à outrance alors qu’on a fait de son mieux, et cela parce qu’on a du mal à ne pas se voir comme un  »sur-homme », qu’on a du mal à supporter que certaines choses puissent nous échapper. Dans ce cas, notre soi impérieux serait principalement produit par l’activation du point faible de l’orgueil.

      Ma question est la suivante: quid de la sur-culpabilisation qui suit un échec face au soi impérieux, c’est à dire l’hypothèse où l’on n’a justement pas fait de son mieux, et ce parfois sciemment et sans aucun effort de lutte ? Je sens que cela est également teinté de soi-impérieux, mais j’imagine qu’il y a néanmoins une différence ?

      1. kbld le 23 Avr 2019 à 1:21 26.1.1

        Merci pour votre question @Etienne, bien qu’il soit pour moi difficile de répondre :). Peut-être avez-vous plus d’éléments de réponse que moi à vrai dire, n’hésitez pas à me corriger.

        Il faut d’abord savoir ce qu’on entend par culpabilisation. Pour ma part, je n’ai lu qu’un article résumant (une partie de ?) un ouvrage, qui est lui-même probablement à visée de vulgarisation ; donc presque rien. Si j’essaye néanmoins de réfléchir comme je peux par rapport à votre question, une définition du Trésor de la langue française de la culpabilité est : « État plus ou moins angoissé et morbide d’une personne qui se sent coupable de quelque chose ; comportement qui en découle et que caractérisent principalement des réactions d’agressivité projetée chez autrui ou dirigée contre soi-même dans l’autopunition, l’auto-accusation et l’autodestruction ». On regroupe probablement des choses différentes dans cette appellation, mais, d’une manière générale, dans la culpabilisation, il y a le fait de se sentir coupable, mais aussi – je crois – le fait de se ressasser la chose dans son esprit, de porter un regard négatif sur nous-mêmes, d’espérer d’avoir fait les choses différemment. On souffre que les choses soient telles qu’elles soient. Parler d’« autodestruction » dans le cas de la sur-culpabilisation me parait assez juste.
        Dans le cas d’une faute volontaire comme dans votre description, cela doit correspondre au « je suis nul » décrit dans l’article.

        Dans une certaine mesure, le mal-être qui suit un acte négatif est bon : il est le signe d’un certain degré de développement de la conscience morale qui crée – je crois – ce mal-être et il pousse à ne pas recommencer. Mais après, quiconque fait-il jamais vraiment sciemment « le mal » ? Ne peut-on pas estimer que nous faisons des choses contraires à notre humanité, et c’est avant tout mauvais pour nous ; que nous en subissons simplement la conséquence « médicale » ? Nous ne nous rendons pas compte que notre soi impérieux est omniprésent, donc ne faut-il pas faire de son mieux, mais en même temps accepter notre état que je suppose ici être celui de « pêcheurs » bons par nature mais en grande partie sous contrôle de notre ego lui-même sous contrôle, et donc dupés ?
        J’imagine qu’il y a quelque chose de subtil dans l’« acceptation » d’une réalité, entre torpeur et outil pour avancer. Par exemple, dans le numéro en question de Cerveau et Psycho, en voyant la couverture, j’ai tout de suite cru à un ralliement au discours relativiste et existentialiste visant à faire croire qu’il faut se laisser aller, alors que pas du tout. Pour revenir à l’orgueil, il ne faut pas que passer du « je suis nul, et c’est horrible, car je devrais être le meilleur » à « je suis en partie mauvais et c’est normal » mène à « donc à quoi bon faire des efforts, si c’est normal et dans ma nature ? Autant lâcher toutes les vannes et adviendra ce qui adviendra ! ». On observe notamment dans un certain christianisme une sorte de misérabilisme, qui peut même dériver en une croyance en un pardon salvateur automatique, d’un Dieu qui aurait souffert pour laver gratuitement tous les hommes de leurs pêchés mais en plus qui garantirait quoi qu’il arrive une tournée générale à la fin des temps ; cela me semble injuste et erroné.

        Je crois aussi que cela dépend de chacun, de qui il est et d’où il en est dans son cheminement spirituel et du tracé de ce cheminement.
        Après, une question intéressante serait le rapport aux autres et la manière d’agir lorsqu’on a mal fait et qu’on culpabilise, mais c’est un autre sujet je crois.

  26. Flo le 03 Juin 2019 à 23:19 27

    L’article dit des choses vraies mais personne, pas même son auteur, ni moi, n’est capable de réaliser une telle « libération ».
    Vous pensez vraiment qu’il existe quelqu’un en ce monde qui arrive à entendre des reproches… et les ACCEPTER ? C’est à mourir de rire.
    Le seul moyen de se libérer de l’ego, c’est la fin de l’existence, autrement dit la mort. L’ego (le « moi ») est une perception aiguë de sa propre existence, qui est d’ailleurs ce qui définit le genre humain. Un être sans ego n’est pas un humain, ou n’est plus vivant. Point final.

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