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Cherche action désintéressée

Par , le 21 Juin. 2009, dans la catégorie Pratiques - Imprimer ce document Imprimer - English version
loupe

Faire le bien, on le sait, ce n’est pas seulement apporter aux autres une aide, un soutien ou un réconfort. C’est le faire aussi et surtout dans une intention aussi désintéressée que possible, en s’efforçant de mettre momentanément entre parenthèses ses intérêts égoïstes. Je dis « aussi désintéressée que possible » car l’expérience montre que le « parfait désintéressement » est un idéal bien difficile à atteindre. À en faire une condition indispensable à la réalisation d’un acte « vraiment » éthique, on en perd souvent la motivation pour une morale que l’on sait de toute façon hors de sa portée. Parler d’actions aussi désintéressées que possible, c’est donc à la fois reconnaître que « notre générosité n’est souvent qu’une ambition déguisée » (La Rochefoucault) et se faire un devoir de traquer en soi des formes plus subtiles de l’intérêt égoïste. Des formes plus subtiles qui pourraient passer inaperçues si quelques signes distinctifs ne permettaient de les reconnaître à coup sûr.

L’un des signes les plus évidents est le plaisir que l’on prend à faire savoir aux autres le bien que l’on a fait. On connaît la parole du Christ : « que ta main gauche ignore ce que fait ta droite, en sorte que ton aumône demeure secrète ; et ton Père qui voit dans le secret te le revaudra ».Mais rien n’y fait. On ne peut s’empêcher, au détour d’une conversation, de faire savoir que l’on connait les problèmes d’un tel, et pour cause…, que l’on compatit à sa détresse, que l’on déplore seulement qu’il n’écoute pas les bons conseils qu’on lui a prodigués. En un mot, on frime. Ce qu’il y a d’embêtant avec la frime, c’est son caractère contreproductif. On cherche l’approbation des autres mais en s’adonnant à des gesticulations qui, lorsqu’elles sont perçues par autrui, nous rendent sur le champ désagréable pour ne pas dire détestable à ses yeux.

Un autre signe bien connu des attentes de l’égo est le sentiment négatif que l’on éprouve envers ceux auxquels on a fait du bien et qui nous manquent de reconnaissance. C’est un sentiment de tristesse et de déception qui peut, lorsqu’on n’y prend pas garde, se transformer en colère et rancœur. Si on tend l’oreille, on reconnaitra la présence de l’ego à cette voix intérieure indignée qui s’exclame : « après tout ce que j’ai fait pour lui ! ». La frustration ne vient pas toujours de ce que l’autre ne nous a pas remercié ou rendu la pareille. Car on sait bien qu’il ne faut attendre ni merci ni contrepartie. Non, on attend de lui autre chose de bien plus intéressant : qu’il nous tienne informé au jour le jour de ses petites affaires. On l’a soutenu, défendu, conseillé. Il lui faut à présent nous rendre compte en détail de tout ce qui lui arrive, nous accorder un accès permanent à sa vie privée ! Et gare à lui s’il résiste. On se fera désormais avare de conseils (« il faut bien qu’il apprenne à se débrouiller seul ») ; on lui fera sentir plus ou moins subtilement de quel privilège il se prive en se montrant ingrat (« car j’ai aussi le devoir de me préserver de l’ingratitude »). Bref, on se vengera, mais tout en trouvant les moyens de se donner bonne conscience. Et dans le meilleur des cas, on aura perdu une bonne partie de l’enthousiasme que l’on éprouvait à dénouer les difficultés de celui qui cherche soudain à retrouver sa liberté.

J’entends en moi une voix qui proteste : « mais quoi, n’est-il pas naturel d’attendre des autres de la reconnaissance ?! » En réalité, il n’y a rien là que de très naturel. Notre nature en effet aime les « reconnaissants » et n’aime pas les « ingrats ». Mais aimer la reconnaissance est une chose, l’exiger en est une autre. Car l’ingratitude est elle aussi naturelle. Exiger des autres qu’ils soient toujours reconnaissants, c’est méconnaitre la nature humaine ; c’est oublier qu’étant nous aussi conformes à cette nature, nous faisons preuve à nos heures d’une même ingratitude. Ne serait-il pas heureux de pardonner aux autres un manquement dont on aimerait soi-même être pardonné ?

Mais surtout, s’il est bon de savoir reconnaître les ingrats, puisqu’il faut bien dans la vie savoir à qui on a affaire, apprendre à ne pas être affecté par l’ingratitude constitue une véritable libération. Quand on s’en approche, ne serait-ce que momentanément, on goûte le plaisir de ce que pourrait être une affection sans attente, une relation sans contrainte. On apprécie l’autre mais sans être enchaîné par ce désir latent de la contrepartie. On se sent plus libre, plus serein, plus détaché, bref un peu plus heureux tout simplement !


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18 commentaires

  1. Alexia le 23 Juin 2009 à 0:33 1

    Bonjour Héléna, je partage tout à fait la préoccupation que tu traites dans ton article et le problème de la purification de son intention dans l’accomplissement de l’acte altruiste.
    M’étant observée à maintes reprises, j’ai pu constater, comme tu l’expliques si bien, que la satisfaction de mes intérêts égoistes est souvent le moteur de mon enthousiasme à l’accomplissement d’un acte altruiste. Au contraire, en cas d’absence de sentiment intérieur de satisfaction ou de plaisir, je constate toujours des hésitations à me lancer dans l’accomplissement de l’acte altruiste et cela, parfois, au détriment de la personne faisant appel à moi.
    J’ai encore récemment fait l’expérience par laquelle, dès lors que j’obtiens une certaine reconnaissance ou suis mise en position de supériorité, l’accomplissement de la « bonne action » est d’un coup rendu plus facile. Et pour cause, ce fut notamment le cas lorsque j’appris que l’une de mes collègues de bureau souhaitait à tout prix que son discours de mariage fut prononcé par le maire de sa mairie en personne. Connaissant le fils du maire adulé, deux petits mails de ma part suffirent pour lui faire obtenir ce qu’elle souhaitait…
    Je fis attention de ne pas me vanter ni faire savoir que j’avais rendu ce service, mais je me sentais toute fière d’avoir pu montrer que j’avais une relation privilégiée avec des personnes bien placées… Cette première partie de l’histoire montre avec évidence que l’accomplissement de l’acte altruiste était indirectement motivé par la satisfaction de mon égo, ce qui est plus que condamnable et si bas au regard de cet idéal évoqué dans l’article qu’est le « parfait désintéressement ».

    Si je ne m’étais pas fait un devoir de traquer en moi cette forme évidente de l’intérêt égoïste, la deuxième partie de l’histoire montre qu’un certain détachement avait néanmoins accompagné l’accomplissement de l’acte altruiste…

    En effet, dans mon histoire, la date du mariage avançait et je n’avais toujours pas reçu d’invitation pour le mariage, même pas pour la mairie ! J’avoue que mon étonnement fut grand quand je vis sur son bureau mal rangé que la personne avec qui je partage mon bureau était invitée…
    Etonnement ne signifiait pas pour autant « colère et rancœur », pouvant survenir du constat de l’absence totale de reconnaissance de la personne à qui l’on a rendu service. Non, au fond de moi, j’avais ce sentiment de détachement et d’indifférence. J’ai malgré tout essayé de comprendre « l’exclusion » dont j’étais victime, pas en accablant ma collègue, étonnament, mais en mettant les arguments de son côté: « elle veut faire un événement intimiste » me disais-je, « elle a des préoccupations plus importantes que moi », etc. J’en venais même à me dire que ce n’était peut être pas grâce à moi que le discours de son mariage avait été prononcé par le maire.

    Au fond, si je me suis sentie affectée, cela n’a duré que le court instant où je réalisais que je n’étais pas invitée; mais je ne rumina pas plus longtemps cette pensée. J’en conclus que finalement je n’avais pas attendau de remerciement, de retour de mon acte. Je m’attendais à être invitée uniquement parce que c’est ce qu’on appelle les « bonnes manières », mais je n’y tenais pas au point de m’en affliger voire de me venger (faire savoir aux autres collègues que c’était grâce à moi que le maire avait prononcé son discours et que par-dessus, elle ne n’avait pas daigné m’inviter!).
    Non certainement pas.
    Cette expérience montre que j’avais rendu ce service, non pour m’assurer d’être invitée au mariage de ma collègue, mais pour me placer dans une situation « de supériorité ». Quelque fût mon intention, puisqu’elle était viciée à la base, le résultat aurait été similaire.

    Toujours est-il qu’il me semble intéressant de constater que l’absence de pureté de l’intention dans l’accomplissement de l’acte altruiste révèle à chacun ses penchants négatifs spécifiques puisque dans mon cas, il me semble que c’est le manque d’humilité qui m’a fait défaut. A travailler donc !

  2. KLR le 24 Juin 2009 à 22:06 2

    En lisant vos expériences, je me demande si j’ai vraiment eu des occasions d’actions totalement désintéressées ? Comment les reconnaître, puisque très souvent j’ai reçu une gratification même si je ne la cherchais pas…D’autres fois, en effet, la non-gratification a été dure à avaler. Je ne vois qu’une façon d’avaler cette non-gratification : avoir assez de recul pour la reconnaître comme étant une validation de l’action altruiste de départ. Le moment où l’on reconnaît cette validation apaise la déception et l’attente. Mais là encore, je dis apaise, car il n’est pas rare que la plainte et la déception reviennent.

  3. aldar le 25 Juin 2009 à 15:15 3

    @Alexia

    Lorsque vous dites « ’accomplissement de l’acte altruiste était indirectement motivé par la satisfaction de mon égo, ce qui est plus que condamnable et si bas », je trouve que vous êtes très (trop ?) dure avec vous-mêmes.

    Vous avez rendu service, en quoi est-ce condamnable ou bas, quand bien même l’intention était en partie intéressée ? Si c’était à refaire, je pense que tout le monde serait d’accord pour dire qu’il faudrait réagir comme vous l’avez fait.

    Il me semble que le désintéressement est un idéal vers lequel on tend, et surtout une référence par rapport à laquelle on peut se comparer pour voir plus clair en soi. La seule chose qui compte c’est cette tension fertile vers cet idéal, qui vous a fait vous questionner sur la nature de votre intention et prendre conscience de sa nature véritable. Ce faisant, vous avez avancé en connaissance de vous-même. Je trouve que c’est très positif, très intéressant, ce travail de connaissance, de prise de conscience – sans qu’il soit nécessaire d’avoir un regard négatif ou culpabilisant parce que notre intention serait « impure » ; est-ce que ce n’est d’ailleurs pas que cela qui compte finalement, cette tension positive, plutôt que la « pureté de l’intention » en tant que telle ?

    Je ne sais pas si je parviens à être clair, mais pour continuer dans le sens de l’article d’Helena : ce qui compte ce n’est pas tant d’avoir ou pas une intention « pure », mais de passer à l’action (en l’occurrence, faire des actes altruistes) et de s’examiner intérieurement (l’analyse d’Helena nous y aide), voir comment cela se passe et en tirer des leçons, ce qui nous fait progresser dans la connaissance de soi et le développement de la vertu d’altruisme, et nous fait ajuster, maturer, notre intention justement.

  4. JA le 25 Juin 2009 à 21:57 4

    Merci pour cet article, qui correspond à des situations vécues et très intéressantes à analyser.
    Je pense que cette intention est essentielle car elle préserve de cette amertume propre à celui qui a rendu service et n’a pas été reconnu par ses pairs. C’est très difficile de se taire et de ne pas trop parler de ce que l’on a fait surtout de bien pour frimer, c’est très insidieux de ne pas tomber dans le piège de se mettre en avant grace à une bonne action et de se la ramener parfois sans finesse. Il semble que lorsque l’on soigne son intention de manière à agir avec desintérêt, on oublie ce que l’on vient de faire pour autrui très vite, on n’y accorde pas d’importance ou d’attente et on se tait, mais sinon on a tendance à parler, et….

  5. Radegonde le 19 Juil 2009 à 22:54 5

    comme il est difficile de voir son enfant grandir et partir sans se retrouner (avec tout ce que j’ai fait pour lui!!!).
    Bien sur, je me dis que la vengeance est pire que son manque d’affection (Affection que j’attends en retour du à mon rôle de « bonne mère »)…
    Je dois me répéter qu’il est un homme libre, qu’il vit une vie indépendante avec de bonnes études et un bon métier…mais qu’il est dur d’être « compréhensive » et de s’en remettre à Dieu.

  6. SA le 16 Août 2010 à 15:43 6

    Pour arriver à évaluer la valeur d’une chose, et plus spécifiquement ici, d’un acte on a tous besoin de paramètres suffisamment fiables nous permettant de quantifier notre progression par rapport à un objectif donné. Les situations que l’on rencontre et les analyses qui en découlent sont parfois tellement compliquées que l’on peut rapidement perdre toute notion de réalité. Avoir simplement quelques repères fiables et constants, nous permettent de garder les pieds sur terre et avoir un regard plus juste sur nous même.

    Le ça est une instance tellement forte que si l’on fait uniquement appelle à des éléments subjectifs, on a de grandes chances de se faire avoir. Je trouve cet article très intéressant car Helena nous expose deux paramètres objectifs et universels, nous permettant, à tous sans exception, de « quantifier » notre capacité ou non à faire un acte sans rien en attendre en retour. Je me dis que la réponse aux questions : « Ai-je tenté de faire savoir (ou deviner) à quelqu’un que j’avais fait tel acte d’altruisme envers tel personne? », et, « me suis-je senti affecté par l’absence de reconnaissance de la personne en qui je suis venu en aide ? », correspondent à une base suffisamment fiable pour entamer une analyse plus approfondie de nous même dans le sens d’une meilleure connaissance de soi.

  7. val le 26 Août 2010 à 8:22 7

    « L’ingratitude est elle aussi naturelle »: J’ai beaucoup aimé cette manière de renverser la situation, ce qui nous fait descendre d’un cran dans notre superiorité par rapport aux autres. Se dire que nous sommes également ingrats face à certaines situations, parfois même face aux mêmes situations, est un super moyen pour lutter contre nos pensées négatives . Un exemple suite à la lecture de cette article: lorsque JE prend le temps d’écrire un mail ou de laisser un petit message à un ami, je m’étonne dès le lendemain de son absence de réponse. L’étonnement est vite remplacé par un sentiment de REVOLTE vis à vis de l’autre… mais en y pensant, combien de fois, satisfaite suite aux nouvelles de telle ou telle connaissance, j’ai mis un mois à répondre? Combien de fois suite au message téléphonique d’un proche qui avait besoin d’aide, j’ai jugé préférable de finir ce que j’étais en train de faire ou tout simplement, je me suis jugée trop fatiguée pour rappeler, reportant celà au lendemain?… Ca rend plus humble!

  8. Happiness le 30 Août 2010 à 5:08 8

    « Cherche action désintéressée ».. J’aime beaucoup ce titre et je pense que comme les autres je me suis parfaitement reconnue dans la phrase « après tout ce que j’ai fait pour lui ! ».

    Finalement ces actions désintéressées peuvent aussi être de toutes petites choses très simples:
    – Appeler sa grand-mère que l’on sait seule chez elle
    – Préparer la table du petit-déjeuner pour les autres membres de sa famille en prenant soin de ne pas oublier ces petits détails qui font la différence
    – Orienter un touriste qui semble perdu dans la ville
    – Être à l’écoute de cette amie que l’on sait être en difficulté
    – Etc..

    Une initiative intéressante, ce site http://www.viedaltruiste.com, comme quoi de toutes petits gestes valent peut-être bien plus que de grandes actions « médiatisées ».

  9. val le 31 Août 2010 à 6:39 9

    @happiness: merci pour le lien. c’est motivant de voir tous ces petits actes d’altruisme! de s’efforcer à les repérer pour les consigner et partager avec d’autres, c’est une idée géniale! … bonne journée à tous!

  10. Ms le 08 Juin 2011 à 13:51 10

    @KLR: Je pense que vous posez le problème central de cette notion: en quoi consiste une action désintéressée?

    Pour ma part, la réponse se trouve en nous. Tout dépend de notre état d’esprit, de notre intention, de nos éventuelles attentes (etc.), qu’il s’agisse de « l’avant », du « pendant » ou de « l’après » action en question.

    A partir du moment où notre intention est bonne c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’autre objectif en nous que de servir autrui sans en tiré aucun bénéfice, l’action est, pour moi, désintéressée. Par la suite, que nous soyons récompensés ou non, cela ne devrait donc rien changer quant à notre état d’esprit étant donné que notre but de départ, encore une fois, était de servir autrui. C’est justement, notamment avec les exemples que vous avez donné, que l’on peut, d’après moi, se rendre compte si notre action est réellement désintéressée ou non … En somme, je trouve que c’est comme si l’on accomplissait quelque chose pour l’autre sans se retourner sur ce que l’on a fait, peu importe ce qui se passe après …

  11. KLR le 09 Juin 2011 à 21:52 11

    @Ms je rebondis sur votre dernière phrase : »En somme, je trouve que c’est comme si l’on accomplissait quelque chose pour l’autre sans se retourner sur ce que l’on a fait, peu importe ce qui se passe après …
    C’est-à-dire en fait accomplir l’action désintéressée pour sa progression personnelle ?
    J’en ai fait l’expérience récemment, me trouvant dans une situation où je devais rendre des services sans possibilité de retour de gratification, et cela avait pour moi un goût très amer ! Cette amertume est passé lorsque je me suis dit « fais le pour progresser et pour lutter contre ton défaut d’égoïsme ». Cela m’a vraiment aidé.

  12. Ms le 09 Juin 2011 à 23:08 12

    @KLR: Pour tenter de vous répondre, j’aimerai cité un extrait de l’ouvrage de Bahram Elahi, « La Voie de la Perfection »:  » (…) dès lors que nos choix, notre comportement et nos actions ne sont plus dictés par les seules pulsions de notre ego égoïste, mais par la volonté consciente d’agir en être humain véritable, notre vie devient spirituelle. Le matériel prend sa vraie place de support du spirituel, à savoir celle de moyen incontournable et non de but en soi. » Je comprends par là, oublier tous aspects éphémères pouvant intervenir, comme vous l’avez dit, toutes formes de retours de gratification. Il s’agit donc, je pense, d’utiliser la matérialité comme moyen et non comme but, et ce, pour vivre la spiritualité. Il en découle que tout ce qui est matériel est, de fait, secondaire, voire même insignifiant …

    Pour aller un peu plus loin, je pense aussi à une maxime d’Ostâd Elahi, tiré de l’ouvrage « 100 Maximes de Guidance »:  » Seul ce qui est durable et permanent mérite que nous en fassions notre objectif, car les choses de ce monde sont périssables; et c’est là une certitude: la richesse, le jeunesse, les honneurs, tous les plaisirs que nous attendons de la vie sont éphémères. »

    Au final, voir tout ce qui nous arrive et tout ce que nous faisons comme des moyens pour s’améliorer, comme vous le dites, pour « sa progression personnelle », car tout n’est que mises en scène pour notre propre perfectionnement, lequel consiste dans le fait de vivre la spiritualité et non la matérialité … En résumé, je pense que nous confondons trop souvent but et moyens et, par là, la place que doit prendre la spiritualité et celle que doit prendre la matérialité …

  13. KLR le 11 Juin 2011 à 20:22 13

    Oui c’est tout à fait cela, nous avons la tête dans le guidon et ce monde nous dupe terriblement !
    Je ne sais pas si vous ressentez comme moi le poids et la difficulté qu’il y a à maintenir cette progression présente à l’esprit…
    J’ai fait le constat il y a quelque temps que j’étais très satisfaite de moi parce que je passe mes journées à accomplir le plus de tâches matérielles et le mieux possible : Gérer à la fois une activité professionnelle intense, une vie familiale… Dès le matin, je me lance dans toutes ces tâches avec énergie…
    Mais où est la spiritualité là dedans ? elle est satellite plutôt que centrale, malgré mon désir de progresser et ma compréhension (intellectuelle) des vrais objectifs de ce monde…
    J’adhère tout à fait à cette Maxime d’Ostad Elahi, j’aimerai avoir un peu plus de maturité pour ne pas être happée par les « faux » objectifs et pour les utiliser comme moyens !
    Vous me direz : « Paris ne s’est pas fait en un jour », il faut être patient et revenir sans arrêt à l’ouvrage… En tous cas dans cet objectif, ce site est un bon soutient.
    Merci pour vos commentaires

  14. Ms le 12 Juin 2011 à 4:42 14

    @KLR: Je trouve que vous avez soulevé un point primordial: « l’esprit »… Tout se passe dans notre tête ! Je pense, notamment, à l’importance que peut avoir le regard des autres pour nous, etc. En somme, tout ce qui peut nous faire dériver partiellement ou totalement, car je pense que même un écart minime à la base peut exister et peut être même très dangereux. Finalement, nous sommes constamment déviés par la pensée qui, pour moi, est donc le point de départ. Prenons l’exemple d’une personne qui fait sa prière … Ici, cela peut passer par les pensées négatives qu’elle peut avoir au moment de la prière qui la dévient de l’intention qu’elle devrait avoir.

    Je veux dire que ces écarts omniprésents qui nous empêchent de « vivre la spiritualité » peuvent être de plusieurs ordres … Je pense souvent à une personne qui fait sa prière ou, de manière générale, use de la spiritualité dans un but purement matériel … Elle semble, a priori, vivre la spiritualité mais, en réalité, ce n’est pas le cas. Chacun peut analyser son propre cas et, de ce fait, des subtilités peuvent apparaitre de ces analyses.

    On en revient d’ailleurs à l’importance de garder à l’esprit que tout ce qui est matériel n’est que moyen pour arriver à notre but, et ce, pour vivre la spiritualité … Là est toute la difficulté justement: user de ce qui nous entoure quotidiennement et qui est palpable (d’une grande tentation !) à savoir la matérialité comme simple moyen alors même qu’elle nous englobe à tel point que nous pouvons en perdre toute forme de lucidité et user de la spiritualité comme centre de nos vies alors même qu’elle est plus abstraite, moins évidente dans cette société où nous vivons …
    En résumé, comme on peut le lire dans de nombreux commentaires, toute la difficulté que nous avons réside dans le fait que nous devons constamment nager à contre courant par le biais d’une vigilance et d’un effort sur soi constants …

  15. KLR le 14 Juin 2011 à 21:45 15

    J’aime beaucoup votre façon de décrire la matérialité, c’est vrai qu’elle nous englobe et que et que nous en perdons notre lucidité…
    Comment penser vous que l’on pourrait quadriller sa journée afin d’avoir l’esprit en alerte et nager à contre-courant ?
    Bien sûr la prière est une aide, mais là encore quelle lutte pour garder sa concentration et pour que la qualité de la prière soit à peu près bonne !

  16. Ms le 15 Juin 2011 à 1:34 16

    @KLR: Je pense, d’abord, que nous ne pouvons pas totalement vivre dans la spiritualité non seulement parce que la matérialité, utilisée comme il le faut, est un moyen qui nous est indispensable mais aussi parce que tout excès est mauvais ! (on en revient au stéréotype de l’homme qui vit seul en haut de sa montagne …). Je me dis que tout est question d’équilibre, de dosage …

    Avant même de trouver un plan d’attaque, je pense qu’il faut savoir ce qui pose problème: chacun de nous est faible dans certains domaines et plus forts dans d’autres … En ce sens, à chacun de faire le point, d’élaborer une liste reprenant ce qui la ou le dévie au quotidien … Au final, il s’agit de l’effet de mode: façon de parler, apporter de l’importance aux marques, etc., autrement dit, les fausses valeurs, ce qui nous est inutile pour notre amélioration. J’appelle cela le « surplus matériel », la part matérielle dont nous usons, parfois même abusons, mais dont nous n’avons pas besoin ou du moins pas autant … Le danger est donc cette confusion…

    Ainsi, en ayant une vision objective de ce qui nous influence, nous préoccupe l’esprit inutilement et donc freine notre parcours, il est plus facile de « nager à contre-courant », comme vous dites, car tout devient plus concret pour nous … On sait dès lors sur quoi on doit se concentrer, en quoi consiste notre propre lutte ! C’est sur, les influences sont universelles mais, si on creuse un peu, on voit quant même une différence pour chaque personne ne serait-ce qu’en ce qui concerne les causes …

    A partir de là, on est conscient de l’influence quand elle se présente. Bien évidemment, cela n’est pas le cas tout de suite mais, petit à petit, on arrive à cerner le danger et à le stopper … Par le biais de cette liste, une fois que les problèmes sont cernés, on sait en général dans quels cas de figure ils se présentent, avec qui, pourquoi …

    Pour ma part, j’ai souvent tendance à essayer de travailler sur moi dans le vent, sans trop savoir … J’ai donc compris que c’est le manque de précision, entre autre, qui rend ma pratique inefficace. Un exercice pratique, tel que la lutte contre la médisance, parait abordable a priori mais ce même point est si riche qu’il est nécessaire de le décortiquer, de l’analyser afin de savoir comment le contrer au mieux. Encore une fois, le point de départ est souvent le même pour tous (cf: la médisance) mais après avoir creuser je pense que c’est là qu’on trouve les solutions nous permettant de lutter. Le mot clé, pour moi, est vraiment la précision, quitte à commencer par un point qui peut paraitre ridicule comme remettre un stylo à sa place dès qu’on l’utilise (si on veut s’améliorer dans le domaine de l’ordre et de la discipline) avant même de tenter de ranger une pièce entière voire une maison …

    J’oublie que c’est petit à petit que l’on avance, que notre travail est plus efficace et donne des résultats … Je pense aussi que de cette manière les résultats peuvent même arriver plus vite (car l’efficacité augmente) et durer plus longtemps, voire aboutir au développement d’une seconde nature ! Je veux toujours aller trop vite ! C’est comme lors de la construction d’un immeuble: il faut d’abord construire des fondations solides au lieu de se focaliser sur le rendu final à tout prix …

  17. KLR le 16 Juin 2011 à 22:43 17

    @Ms : Ce qui est souvent difficile c’est lorsque ce qui occupe l’esprit ne fait pas à proprement partie du superflue, par exemple lorsque votre travail (qui est une nécessité matérielle) prend trop de place.
    La limite entre : aimer son travail et le faire avec beaucoup de conscience parce que c’est un portail dans le monde matériel (et donc une façon d’être « dans le vent ») , et faire son travail avec conscience dans le sens de la méditation naturelle mais avec un certain détachement est évidemment très délicate et difficile à trouver bien que ces deux démarches soient très différentes et même quasi contraires. C’est un terrain où le soi impérieux excelle en ruse, duperie et en raisonnement « raisonnable » !

  18. Ms le 17 Juin 2011 à 14:24 18

    @KLR: Là réside toute la difficulté: trouver le juste milieu dans tout ce que l’on entreprend … Comme vous le dites, le travail est nécessaire, non seulement par nécessité matérielle mais aussi pour notre connaissance de soi. En effet, comme dans toutes formes de matérialité, bon nombre d’épreuves que nous vivons nous permettent d’en apprendre plus sur nous et de nous améliorer. A chacun de nous de déterminer la place que doit prendre chaque chose dans notre vie en ayant à l’esprit une volonté d’efficacité pour lutter au mieux contre notre soi impérieux.

    De plus, ce qui est difficile est qu’il n’y a pas de solution miracle, universelle en ce que chaque soi impérieux opère un mode de fonctionnement différent et chacun de nous est différent (avec ses propres qualités, ses propres défauts …).

    A nous de trouver les réponses les mieux adaptées !

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