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Portraits du soi impérieux (6) : la résistance passive du soi impérieux

Portrais du soi impérieux 6

Cet article s’inscrit dans notre série consacrée aux « portraits du soi impérieux » :
► lire la présentation générale de la série : Portraits du soi impérieux (1) : une éthique de la transformation
► voir tous les articles de la série : Portraits du soi impérieux

 

Ce nouveau portrait propose une radiographie à rebrousse-poil de trois problèmes courants qu’on est peu enclin à envisager d’un point de vue éthique : déprime, timidité, faiblesse de caractère. Introduction à quelques formes passives du soi impérieux…

 

Le soi impérieux, on l’a vu, est une instance excessive, qui outrepasse dans ses désirs les limites de ce qui est légitime. Ses excès, toutefois, ne sont pas toujours là où on les attendrait. Il arrive que des insuffisances soient en réalité, à leur manière, des excès. Cette précision est importante. Car si on s’accorde assez naturellement à reconnaître des attitudes anti-éthiques dans les « trop-pleins » du soi impérieux (par exemple, l’agression ou l’arrogance), on a plus de mal, en revanche, à considérer que ses « vides » (par exemple la déprime, la timidité, la peur ou la faiblesse) posent des problèmes de nature éthique, plutôt que simplement psychologique. Il peut même y avoir en apparence une certaine cruauté à juger la faiblesse sur des critères de responsabilité morale. Il convient donc d’éclairer ce point, en envisageant successivement trois problèmes qu’on est peu habitué à envisager dans une perspective éthique, et qu’on hésiterait même à désigner comme des « défauts » : déprime, timidité, faiblesse.

Déprime

Quand on parle de déprime, il ne s’agit pas, bien évidemment, de la dépression au sens clinique du terme, autrement dit de la dépression comme maladie. Il ne s’agit pas non plus de se donner bonne conscience et de déguiser ses propres défauts d’altruisme en stigmatisant les autres, en leur refusant notre aide et notre compassion : « Tu n’as qu’à te bouger et faire un effort pour ne plus être déprimé ! »… L’enjeu est de s’analyser soi-même, de repérer en soi les sources de la déprime. En y réfléchissant, on s’apercevra que bien souvent cette tendance à la déprime n’est rien d’autre qu’une des nombreuses facettes du soi impérieux : orgueil frustré, égoïsme contrarié, jalousie, ingratitude, exigences mal placées, attachement trop grand aux valeurs matérielles… Au-delà du symptôme, la tendance à la déprime constitue l’une des armes les plus redoutables du soi impérieux contre notre développement éthique et spirituel. Prenant prétexte des tracas de l’existence, mais aussi mettant à profit les obstacles, erreurs et échecs auxquels nous sommes inévitablement confrontés en luttant contre un adversaire aussi acharné, il instille en nous le découragement : « De toute façon je suis trop nul, ce n’est même pas la peine de continuer, tout le monde y arrive sauf moi… ». Au-début, la tentation de renoncer se manifeste à l’occasion des échecs ponctuels. Puis nous sommes tentés de jeter l’éponge à la moindre difficulté. Et progressivement, sous couvert de réalisme, d’humilité et de modestie, le soi impérieux en vient à absorber toute notre énergie positive. Il sape en nous l’espoir et la volonté même de progresser.

Ne vous laissez pas duper lorsqu’une petite voix à l’intérieur de vous dit : « Puisque tu fais mal ta prière, il vaut mieux ne pas la faire du tout… » C’est la voix du soi impérieux, ne l’écoutez pas !

Ostad Elahi, Confidences : prières d’Ostad Elahi, Paris, Robert Laffont, 1995, p. 21

Timidité

Autre tendance anti-éthique qui s’ignore : la timidité, dont il ne faut toutefois pas confondre les manifestations avec celles de la pudeur et de la discrétion, qui sont évidemment des qualités. La timidité dont il est question ici est celle que les moralistes ont parfois identifiée en disant qu’elle était l’arrogance des faibles. Elle peut se manifester extérieurement comme une forme de réserve que certains mettront au compte d’un tempérament délicat, ou bien d’une personnalité un peu secrète et renfermée. Mais elle traduit en réalité parfois quelque chose de moins reluisant. Le timide dont nous parlons est au fond égocentrique, tout comme l’arrogant. Sa réserve, la difficulté qu’il éprouve à communiquer et même simplement à sympathiser avec les autres, traduit le fait qu’il ne prête attention à eux que dans la mesure où il y trouve un reflet rassurant et réconfortant de sa propre image, un prolongement de ses préoccupations et de ses intérêts. Chacun porte en soi un germe de cette personnalité timide. Ce qui complique le diagnostic, c’est que contrairement à l’arrogant qui est sûr de lui et de sa supériorité, le timide en général ne l’est pas. C’est pourquoi d’ailleurs nous lui trouvons des circonstances atténuantes et hésitons à y voir une manifestation du soi impérieux. Nous nous disons que la timidité traduit un fond d’insécurité, un manque de confiance en soi qui est comme une dotation naturelle à laquelle nous ne pouvons rien. Souffrir d’un complexe d’infériorité est déjà suffisamment pénible pour qu’on n’ait pas à souffrir en plus du jugement des autres ! Pourtant le défaut de fermeté est un terrain propice pour les menées du soi impérieux, surtout s’il est un facteur qui empêche de s’ouvrir aux autres. Car la fréquentation d’autrui, ne l’oublions pas, est une des conditions essentielles du travail éthique.

Précisons un peu le problème. Où se loge l’ego dans cette affaire ? Précisément, dans le rapport à l’autre. La timidité sert souvent d’alibi pour l’orgueil blessé, ou qui craint de l’être. Ce que le timide égocentrique redoute par-dessus tout dans l’interaction avec autrui, c’est que le regard d’autrui lui renvoie une image rabaissante de lui-même, une image qui déplaît à son ego. Dans les cas extrêmes, le timide égocentrique est obnubilé par sa propre personne et par la peur d’en donner une image imparfaite. Il préfère ne pas aller à la rencontre de l’autre plutôt que de s’exposer à son jugement. Tout empêtré dans la peur de déplaire ou dans le désir de se faire aimer ou admirer, il lui vient rarement à l’esprit que les autres puissent eux aussi avoir besoin d’attention ou d’aide ! La brusquerie et le manque de tact qui caractérisent le comportement social des grands timides est aussi une manière d’éviter le contact. Parce qu’ils sont entièrement tournés vers eux-mêmes, ils en oublient que les autres sont eux aussi sensibles ou qu’ils ont eux aussi besoin d’aide ou d’encouragements. Il n’est évidemment pas question ici de stigmatiser les cas de timidité maladive – pas plus qu’il ne s’agissait, tout à l’heure, de nier les causes psychologiques et physiologiques de la déprime. Ce qui nous intéresse est la manière dont la tendance à la timidité peut constituer un vecteur de soi impérieux, et dans certains cas un symptôme.

Côté thérapeutique, le premier travail éthique du timide égocentrique consistera naturellement à s’efforcer de sortir de la prison égocentrique dans laquelle il s’est progressivement enfermé lui-même et qui, comme tout rapport pathologique à l’ego, constitue un terrain de développement idéal pour le soi impérieux.

Faiblesse de caractère

Être trop gentil, ne pas savoir dire non, ne pas savoir défendre ses droits, être incapable de défendre une cause juste, se laisser écraser par lâcheté, se laisser victimiser par faiblesse, avoir peur d’affirmer ses convictions : voilà encore des comportements qui relèvent tout autant du soi impérieux que l’agression ou la colère. Ces comportements traduisent en réalité un manque de fermeté et de courage. Ils sont bien évidemment nuisibles à nous-mêmes, à nos proches et à notre entourage, dont nous ne défendons pas suffisamment les droits. Ils sont également nuisibles à la société en général, parce qu’ils encouragent l’injustice et l’agression chez ceux devant qui nous cédons. Enfin ils sont nuisibles à notre âme et entravent gravement la construction harmonieuse et saine de notre soi, parce qu’ils fondent le principe de nos actions non pas sur la raison, ni sur ce qu’il est juste de faire, ni sur le contentement divin, mais sur la peur d’autrui et le désir de plaire, quitte à se conformer pour cela à des valeurs qui n’ont rien d’authentique.

 Un cas pratique

J’ai une amie que j’aime beaucoup et qui a une grande influence sur moi. Elle est drôle, intelligente, chaleureuse, c’est une de ces personnalités dont tout le monde recherche la compagnie. Samedi dernier, alors que j’étais passée prendre un café chez elle, elle m’a demandé de venir faire les courses avec elle. Elle était fatiguée et, contrairement à son habitude, un peu déprimée. Mais il y avait deux ou trois choses qu’elle voulait absolument acheter avant la fin du weekend et elle n’avait pas le courage d’y aller seule. J’ai accepté, pour lui faire plaisir et lui remonter le moral. J’avais à vrai dire moi aussi prévu d’aller faire quelques courses avec mon mari mais comme cela n’avait rien d’urgent, je lui ai envoyé un SMS pour annuler notre programme et je suis partie avec mon amie.

Le soir en revenant assez tard à la maison, j’ai vu que mon mari était mécontent. Il m’a reproché d’avoir changé au dernier moment un programme que nous avions prévu de longue date. Je lui ai répondu aigrement que je ne l’avais pas fait par caprice mais pour aider mon amie qui était épuisée et avait besoin de mon soutien. Je lui ai fait des reproches à mon tour en l’accusant d’être égoïste et incapable de faire passer l’intérêt des autres avant son petit confort.

Avec le recul, il me semble aujourd’hui que je ne croyais pas moi-même complètement aux arguments pourtant moralement très corrects que j’avais donné à mon mari pour justifier mon changement de programme. De fait, en rentrant chez moi ce soir-là, je n’avais pas du tout la sensation du devoir accompli. À vrai dire j’avais même plutôt mauvaise conscience… La clé de cette mauvaise conscience réside, je le vois maintenant, dans la faiblesse que j’ai toujours eue par rapport à cette amie qui a un fort ascendant sur moi. Si j’ai décidé de la suivre cette fois-là, ce n’était pas par compassion pour son coup de déprime, ce n’était pas non plus un choix éthique que j’avais librement fait après avoir délibéré intérieurement sur le meilleur comportement à adopter dans cette situation, en mettant en balance mes droits, ses droits à elle et ceux de mon mari. Non, je n’avais en réalité pas du tout songé à la valeur de mon acte : j’avais simplement obéi sans réfléchir à une pulsion intérieure qui m’interdisait de refuser quoique ce soit à cette amie, comme si, en lui résistant, je risquais de perdre la place spéciale dont je jouis auprès d’elle, ou peut-être pour d’autres raisons que je ne m’explique pas encore clairement.


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30 commentaires

  1. Azarm le 03 Mar 2021 à 9:52 1

    Cet article est d’une grande importance et utilité.
    On ne se rend pas compte que la timidité et la déprime peuvent avoir leur racine dans le soi impérieux.
    Merci

    1. Ia le 03 Mar 2021 à 21:19 1.1

      Oui, vraiment. Je cherche justement à comprendre certaines états et réactions en moi qui semblent en lien avec l’insuffisance comme type d’excès du soi impérieux.
      J’observe des attaques intenses de mal-être physiques (pas nécessairement la déprime à première vue) lorsque je me sens critiquée, ou jugée. Je sens un intense dégoût alors envers moi-même pouvant provoquer des crises d’angoisses ou de réactions épidermiques. Pour le moment, je ne sais pas si c’est juste, mais il semble y avoir un mélange d’intolérance, de manque de gratitude, de trop grandes attentes envers moi même et donc un problème d’ego qui mènent à une conscience blamante hors contrôle?
      Alors que lorsque je suis calme et que je m’accepte telle que je suis, sans me comparer à d’autres, je sens plus facilement que Dieu est l’efficace en toute chose, que je fais de mon mieux et que Dieu n’est pas toujours insatisfait de moi…
      Mais en même temps je sens une très grande intolérance envers autrui.
      Comment fréquenter les gens quand j’ai l’impression qu’ils ont tous des défauts gênants…la philosophie de vie de l’un, les croyances de l’autre…. Que tolérer que pas? Mon droit, le droit de l’autre.
      Ca semble parfois si compliqué.
      Lorsqu’on a affaire à des gens qui partagent nos croyances ou vues de la vie c’est une chose, mais être confronté à des personnes variées, c’est pas évident.
      Bon, il faut demander de l’aide pour voir plus claire je suppose et ne pas tout mélanger.

      1. Mike le 05 Mar 2021 à 11:31 1.1.1

        On a des moments dans la vie ou l’on est moins motivé et d’autre plus, mais il ne faut jamais oublier la miséricorde divine dans les moments off ni la recherche de Son contentement dans les moments on car personne ne sait mieux que Lui ce qui est bon pour nous.
        Pour ma part ces moments d’angoisse intense sont souvent liés à un ego insatisfait et même à un manque de sincérité parce qu’il faudrait L’aimer malgré tout ce qui nous arrive si l’on cherche Son contentement…
        Après évidemment il faut aussi analyser notre programme quotidien nos occupations et voir ce qui peut nous faire progresser dans le bon sens voir si on a un équilibre sur le plan mental et physique etc.

  2. A. le 03 Mar 2021 à 10:36 2

    Il est difficile de ne pas se reconnaitre dans les 3 exemples cités.
    Quand j’étais plus jeune j’étais timide et terrorisé par l’image qu’auraient pu me renvoyer les autres. Mais surtout, dans mon imaginaire, dès qu’il y avait d’autres personnes je croyais d’être au centre de leur attention et j’étais bloqué par crainte de leur déplaire.

    Le dernier exemple me permet de comprendre mieux des expérience récentes. J’ai un ami qui est très charismatique, il séduit les foules, a un humour incroyable, … ce n’est pas par hasard qu’il est le numéro 1 de sociétés avec des dizaines de milliers d’employés et avec des chiffres d’affaires de plusieurs milliards d’euros.

    A cause de sa personnalité subjuguante je me suis retrouvé à plusieurs reprises dans des situations où je prenais des décisions dont l’objectif était d’être son ami proche, lui plaire, plutôt que de respecter les droits de ceux qui étaient autour de moi (ma femme, notamment).

    A la différence de l’exemple cité dans cet article, cet ami à moi a parfois des comportements très peu éthiques et, je l’ai constaté à plusieurs reprises, a tendance à me refroidir dans mon travail éthique. Après avoir passé un peu de temps avec lui je repars amusé par ses récits et son humour mais refroidi spirituellement.

  3. KLR le 03 Mar 2021 à 11:02 3

    Merci pour ce nouvel éclairage du soi impérieux que j’ai trouvé fort à propos dans la période actuelle. Je remarque chez moi une tendance à la déprime qui m’empêche de réagir et qui sape ma volonté. Le soi impérieux utilise différents arguments :
    – le vieillissement du corps, qui fait qu’évidemment on n’a plus la même énergie. Le soi impérieux en profite pour utiliser la plainte, voir la paresse, le manque de combativité.
    – l’ambiance générale due à la crise sanitaire. Le soi impérieux utilise cette morosité collective pour nous influencer et nous démotiver.
    – les difficultés matérielles qui nous touchent ou touchent nos proches et que l’on a tendance à voir comme des pertes essentielles, alors que, le plus souvent, ce sont des épreuves ou des tremplins pour engager un travail spirituel sur soi.

    1. Ia le 03 Mar 2021 à 22:48 3.1

      Oui, c’est si vrai. Pour moi aussi.
      J’ajouterais les soucis pour autrui. Mais « autrui » qui n’a rien demandé et qui se débrouille très bien sans moi. Par exemple ma mère. Elle a 76 ans, a une bonne rente par mon père et se trouve en bonne santé mentale et physique. Et pourtant, je peux avoir des angoisses complètement démesurées pour elle qui reflètent mon manque de confiance en Dieu. Ou un besoin de me rappeler que Dieu est l’Efficace en toute chose.
      Il est clair que là dedans, c’est le soi impérieux qui opère. Peut-être par la puissance imaginative. Et ça me paralyse, me fait sentir mal. Je peux même me sentir mal pour des amies qui s’occupent d’autres amis malades…
      Et puis tout ça me dépasse et je me sens si petite et inefficace dans la vie et Vlan! c’est une méga attaque du soi impérieux. Et ma pensée est loin alors d’une pensée spirituelle, toute engloutie par la souci et le sentiment d’infériorité de ne pas être une héroïne qui peut s’occuper des autres. Eh oui, parce que derrière il y a la honte que je n’ai pas la capacité actuellement dans ma vie d’aider les autres. Mais Dieu ne m’a même pas mis dans une situation où je devrais le faire en ce moment!!!!! N’empêche, mon soi impérieux réussit à manoeuvrer tout ça à mon détriment. A la place je pourrais me rendre compte que Dieu veille toujours sur moi et que certainement si il fallait vraiment m’investir pour autrui, je serais dans une phase où sur le plan de la santé je serais capable de le faire.

      1. KLR le 05 Mar 2021 à 10:32 3.1.1

        L’autre jour quand j’ai mis ce commentaire, je me suis dit que la solution à ces attaques du soi impérieux type déprime, c’est sans doute la gratitude, et je peux la décliner sur une multitude de petits évènements de la vie : par exemple ce matin en sortant dehors, et en respirant l’air, il m’est venu cette pensée de gratitude « je respire », c’est si naturel que je n’y pense jamais !

        L’autre point qui me parait délicat, c’est que ce soi impérieux sape la volonté, il faut donc renforcer sa volonté. Bahram Elahi, dans Le Guide pratique, parle de renforcer la volonté par un programme (lecture spirituelle, prière, sport, alimentation…).
        Je l’ai déjà expérimenté, c’est très efficace !
        Je me rends compte que très souvent c’est mon manque de réactions face au soi impérieux qui sape la volonté. Je me souviens d’une phrase que disait régulièrement un ami qui avait beaucoup de volonté et de force « Allons batailler ! »

  4. atig le 03 Mar 2021 à 20:45 4

    Merci pour cet article et cette analyse fine.
    En effet, il est difficile de détecter en soi l’ingratitude, maladie de l’âme qui prend sa source dans le désespoir et qui se manifeste sous la forme de déprime.
    Trop facile de se dire je ne mérite pas, je suis nul, à quoi bon… L’ego nous pousse à nous donner un genre, à opter une « attitude » perçue dans notre société actuelle comme une personne intellectuelle, réfléchie… Et on se love de plus en plus dans notre ego et respire
    à pleins poumons nos pensées polluantes…

    Merci de nous avoir envoyé cette alerte,

  5. Camille le 04 Mar 2021 à 13:28 5

    Merci pour cette analyse très éclairante, sans concessions et qui remet bien les pendules à l’heure. Le soi impérieux champion dans l’art de la dissimulation est décidément partout et cet article montre bien à quel point l’orgueil nous rend aveugle.

  6. Olivier le 04 Mar 2021 à 13:49 6

    Merci pour cette nouvelle analyse et de votre bienveillance qui éclaire ma timidité, une forme d’égocentrisme perturbant mon rapport à autrui. L’altérité passe par un décentrement qui est un rappel au quotidien : « Les autres sont eux aussi sensibles ou ont eux aussi besoin d’aide ou d’encouragements. »
    Merci de ces pistes de travail.

  7. Harry le 05 Mar 2021 à 0:21 7

    Merci pour cet éclairage fin. Je me reconnais totalement dans le fait de se donner des excuses (soi impérieux) afin d’éviter de travailler sur soi sous prétexte qu’on est trop nul par exemple pour faire régulièrement un bilan sur soi ou autre.

  8. K1@Alamout le 06 Mar 2021 à 14:46 8

    Merci beaucoup pour la mise en ligne de ce sujet; qui dans mon cas, reste très intrigant et charnier.

    D’une mère malheureusement diagnostiquée psychiquement malade, souffrant des syndromes de dépressions récurrentes bipolaires, j’avais toujours au fond de moi une certaine hesitation et doute sur le diagnostic proposé.

    Les questions qui me tourmentent sont les suivantes:

    01)
    Quelle est la/les différence(s) et la frontière entre les ruses, les manifestations et ses stratagèmes du soi impérieux d’un côté

    …et …

    des maladies psychiques au sens cliniques du terme (Froide, Young) telles que du trouble dépressif récurrent sans explication (CIM 10: F33.9, F33.4), du trouble comportemental, obsessionnelle anankastique (CIM 10: F60.5), troubles mixtes de la personnalité (CIM 10: F61),

    02)
    Est-ce qu’en fin de compte, vous me corriger si je me trompe, même les malades psychiques et les personnes soufrantes des troubles psychiques et de personnalités divers (au sens clinique) serait quelque part, directement ou indirectement responsable/victime de la situation dans laquelle elles se trouvent?
    Comme si, les théories et les modèles de la psychiatrie et psychologie, dans l’état actuel et l’état d’Art d’aujourd’hui arrivent à des limites!!??

    03)
    Comment les maladies psychiques et les agissements du soi impérieux peuvent se distinguer; ou sont-ils se distinguables?

    1. KLR le 12 Mar 2021 à 19:29 8.1

      Je me pose les mêmes questions que vous, mais je n’ai jamais su y répondre…
      Le rapport entre maladie du psychisme, manifestation du soi impérieux et maladie de l’âme est très complexe… J’ai le sentiment que seul un vrai médecin de l’âme, au sens ou Ostad Elahi l’entend, peut faire la part des choses entre tout cela et distinguer.

      1. mike le 18 Mar 2021 à 22:58 8.1.1

        C’est vrai, mais chacun a un vécu de l’expérience et des données écrites à travers les ouvrages scientifiques ou spirituels;
        par exemple je me dis que si l’on pose comme postulat que Dieu est Le tout Puissant et le Sage, il est aussi Le seul Juge de la situation. Seul Lui fera la part des choses et j’ai cru comprendre que nous serons juger à priori sur les efforts que l’on fait et sur la possibilité de discernement dans nos actions. (c’est bien pour cela que quelqu’un de très conscient de ses méfaits est plus puni par la loi qu’un autre qui agit par passion, distinction entre crime prémédité ou non… et devant Dieu probablement que c’est la même chose?)
        C’est pourquoi, sans juger aucunement les personnes, on peut avancer que la distinction entre maladie psychiatrique et soi impérieux peut se faire sur la capacité d’analyse et d’autocritique et sur le discernement que l’on a de nous même face à des pulsions du soi impérieux. A l’inverse, certains ‘malades’ en l’état actuel de nos connaissances ont besoin d’un traitement pour calmer leurs tourments et ne pas être dangereux pour eux-mêmes et la société; et j’irai même jusqu’à dire, que l’on me corrige si j’exagère, mais vaut mieux être simplet ou malade et quelque part irresponsable plutôt qu’un hyper conscient venimeux pour les autres et soi-même!
        Merci en tous les cas pour la question de K1. C’est une vraie question d’ordre ontologique.

    2. Bernard le 11 Avr 2021 à 11:37 8.2

      Bonjour
      Je ne suis pas un spécialiste du sujet;
      question très difficile !
      Je pense que le cerveau et la psyché peuvent avoir des maladies qui leurs propres ainsi que l’âme. Le tout étant en interaction permanente . Le problème des psychologues et les psychiatres à mon sens c’est qu’il ne tiennent compte que du cerveau et de la psyché, et non de l’âme ! Or un certain nombre de maladie sont liées à l’âme. A titre d’exemple, j’ai eu des angines très très régulièrement jusqu’à l’âge de 22 ans. J’ai découvert à l’âge de 22 ans la musique spirituelle. Ceci a profondément boulversé mon état jusqu’à faire disparaître de manière brutale mes angines qui paralysaient ma vie car j’étais malade tous les 3 mois. Je n’ai pas d’explication scientifique mais c’est une expérience vécue in vivo !

  9. Lola le 13 Mar 2021 à 0:36 9

    Je vous remercie pour cet article très éclairant et que j’ai reçu comme un électro-choc…J’ai trouvé particulièrement intéressant de considérer la déprime comme une facette du soi impérieux et je retiens l’invitation à rechercher en soi les causes de cette déprime. C’est bien là qu’on le débusque: car en cherchant bien, j’ai trouvé une tendance au narcissisme et à l’égoïsme exclusif. J’ai également trouvé de la jalousie. Tout cela fait bien réfléchir…Merci beaucoup!

  10. Wlihelm le 17 Mar 2021 à 1:13 10

    Il m’a fallu des décennies pour comprendre avec l’Aide de Dieu que mes périodes de déprimes étaient tous simplement essentiellement la manifestation de ma paresse.
    Généralement, je suis quelqu’un de très actif.

    Et pourtant le soi impérieux a trouvé le moyen d’introduire en moi la déprime pendant de longues années et d’utiliser cette déprime pour pousser ma paresse.
    Je suis déprimé = Je ne travaille pas, ou en tout cas moins, ou peu.
    Dans mon cas c’est aussi simple que cela.

    Par contre : je travaille = je produits des anticorps aux manifestations du soi impérieux, et la déprime se dissout automatiquement.
    C’est une équation assez simple.

    Il m’a cependant fallu plusieurs décennies pour l’identifier. Et c’est Dieu qui m’a permis de l’identifier. Sans Lui je n’aurais pu y parvenir.

    Le moyen causal a été pour moi l’observation d’autres personnes déprimées et les mécanismes par lesquels ces personnes s’enferment pour perpétuer leur déprime alors que les circonstances leur donnent pourtant des occasions de s’en sortir. Et cependant elles ne le font pas. Elles se complaisent dans la déprime sans s’en rendre compte.

    Par analogie, je me suis rendu compte que je faisais pareil.

    En conclusion, pour moi : la déprime est pratique pour éviter de prendre mes responsabilités et d’accomplir de mon devoir. C’est le masque et le creuset de ma paresse.

    Bien entendu la déprime est une phénomène plus complexe et plus large que la paresse seule.

    Mais cette composante méritait chez moi d’être mise à jour, et cela m’est depuis réellement utile pour lutter contre la déprime, pour vaincre la paresse.
    Et vice versa.

  11. mike le 18 Mar 2021 à 23:15 11

    Pour moi la déprime c’était la plainte permanente de ne servir à rien, l’inutilité parmi mes proches et ceux que j’aime. En fait, je me suis rendu compte que c’était toujours un problème d’égo frustré, d’égocentrisme, des exigences d’enfant gâté qui n’étaient pas résolues et m’entrainaient dans la déprime. Je lutte en permanence pour chasser ces pensées. Il n’y a rien de plus utile et motivant que l’action pour cela, mais il faut se forcer, avoir un programme journalier pour être dans l’action, même la plus simple; Dieu est grand et c’est Lui le calculateur et l’Efficace, pas moi. Je me force à ne rien vouloir en retour pour ne pas être déçu et dans l’action je découvre les puissances qui sont en moi; même quand je raconte ça, je me dis, « oui mais tu rates certainement plein de choses parce que ta vision est réduite et tu pourrais faire plus… « etc. Mais j’ai remarqué que toutes ces petites voix n’entrainaient que la déprime, l’inquiétude de fond etc, alors que tenter de bien faire et être content de le faire par devoir, nous donne une conscience plus sereine de devoir accompli et entretient quand même une certaine crainte- espoir d’avoir un jour son approbation. Finalement quand on aime quelqu’un, on essaye de se mettre sur la même longueur d’onde en acte et pas juste en parole, donc j’essaye de me transformer en petite machine à devoir à mon niveau pour attirer Son Regard et c’est motivant (à l’inverse de la déprime).

  12. Danielle le 19 Mar 2021 à 21:59 12

    « Être trop gentil, ne pas savoir dire non, ne pas savoir défendre ses droits, se laisser victimiser par faiblesse » j’ajouterai ne pas oser s’exprimer, se sentir différent et inférieur aux autres, c’est vivre dans un état de souffrance psychique.
    Il y a des raisons à ces états, la psyché s’est formée dans un environnement et avec un type d’éducation qui ont eu pour résultat cet égo en « creux ». J’ai vécu dans cet état longtemps, avec pour conséquences de grands désordres, pour moi et autrui. Je prenais pour de la lucidité le regard pessimiste que je portais sur le monde, esprit critique, frustrations,etc. La lutte contre ce pessimisme, par la pensée positive, voir bien, dire bien, faire bien, a peu à peu transformer mon regard sur les personnes de mon entourage, sur les événements, mon état d’esprit a changé. Ce travail n’est jamais terminé, mais j’ai le sentiment d’être sorti d’un triste piège, la lutte contre ce trait de caractère m’a permis d’acquérir une meilleure confiance en moi.

  13. Rizou le 23 Mar 2021 à 6:50 13

    Bonjour à tous
    Merci pour vos témoignages qui me permettent d’avancer dans ma quête d’amélioration de ma personne.
    Maintenant je reconnais grâce à vous tous la voix de l’ego et je vois clairement où il peut se cacher.
    On peut aller jusqu’à priver quelqu’un de sa liberté tellement on est anxieux et peu confiants.
    J’ai été un vrai poison pour mes enfants dans ce sens essayant de les préserver de tout à cause des idées noires savamment dictées par le soi impérieux.
    Je sais qui il est maintenant, il se manifeste que dans les mauvais sentiments couplés avec l’urgence d’action (comme ça on se trompe encore mieux car vite fait).
    Grâce à vos témoignages je l’ai à l’œil puisse l’Un vous couvrir de sa sérénité et de Son aide .
    Bonne journée à toutes et à tous

    1. Danielle le 07 Avr 2021 à 19:49 13.1

      Merci pour ce témoignage.

  14. mike le 23 Mar 2021 à 8:11 14

    Votre 3ème développement sur la faiblesse de caractère est plus difficile à cerner je trouve, parce que je constate dans mes rapports avec les autres et dans l’analyse des évènements qui m’arrivent dans la vie plusieurs points :
    J’ai l’impression d’avoir un taux de résilience très important, qui semble être la conséquence d’une forme de philosophie de vie. J’analyse ce qui m’arrive de bien ou mauvais en recherchant le plus possible l’erreur que j’ai pu commettre d’une part et d’autre part, j’essaye de faire le bien, de voir la main de Dieu et de me dire que tout dépend de Lui. De plus, j’ai appris à ne pas rendre les coups qu’on m’assène, et je crois également à la Bonté infinie de Dieu. Cette attitude et mes pensées au fil des années m’ont donné une sorte de détachement vis à vis des vicissitudes de la vie et une sérénité dans la vie, mais cela pourrait paraître par moment comme de la nonchalance ou même une faiblesse. Par moment si on me pousse de trop la colère s’empare de moi pourtant, et grâce à cette énergie je cherche à reprendre mes droits quand cela me semble utile. Mais votre explication est très intéressante parce que nul n’est censé ignorer la loi et savoir se défendre au bon moment est un art de vie également.

  15. kiny le 28 Mar 2021 à 19:04 15

    Merci pour cette analyse détaillée qui me touche. J’ai mis du temps à comprendre que la timidité dont je me sentais assez souvent victime- sans être maladivement timide- était en fait la crainte du jugement des autres, une façon de ne pas reconnaître ma susceptibilité face aux éventuelles critiques des autres . Me réfugier dans la timidité me permettait – et me permet encore- de ne pas sortir de ma zone de « confort » : affronter les critiques, c’est souvent douloureux mais cela permet d’avancer…. Et de travailler sur l’orgueil !
    Le corollaire pour moi est le manque de confiance en soi. Là encore la route a été longue pour commencer à comprendre que ce manque de confiance cachait un manque de confiance en Dieu. Et au final, perdre des occasions d’avancement matériel et de travail spirituel, sur soi, par peur de ne pas être à la hauteur….

  16. Lily Jeanne le 31 Mar 2021 à 10:02 16

    Très bon article de fond sur des expressions moins envisagées du soi impérieux : la déprime passagère mais qui peut s’aggraver, la faiblesse (ne pas savoir dire non) n’est pas la gentillesse mais une forme de résignation, etc… vraiment un article approfondi qui aide beaucoup. Je le relirai souvent, merci.

  17. Luce le 02 Avr 2021 à 8:32 17

    Bonjour à tous et merci pour ces échanges intéressants.

    Je suis étonnée que vous appeliez cela « forme passive » du soi impérieux, car pour ma part qui était atteinte de peurs d’autrui, qui suis encore timide et régulièrement faible de caractère , je ne le trouve pas du tout passif, il est même très actif en moi ce soi impérieux. Il est même champion pour me « paralyser », me « duper ». Il utilise tous les moyens pour m’empêcher de défendre mes droits (« laisse tomber, « oublie », « pardonne, ce n’est pas grave… » …). Et finalement, comme vous le dîtes dans l’introduction, il s’agit bien d’une insuffisance (aux yeux des autres et de l’éthique) qui est un excès (en mon for intérieur).

    Très jeune, j’ai vite compris que ces défauts étaient des freins dans ma vie matérielle et spirituelle. Et comme pour Danielle, ce sera pour moi le travail d’une vie.
    Pour « sortir de ma prison égocentrique », il a donc fallu que que j’apprenne à « me forcer » . Me forcer à dire, me forcer à faire. Mais cela tout en respectant le dire bien, dire juste, voir bien, être positive, bienveillante, accepter de se tromper, accepter de faire des erreurs (car c’est bien ainsi que l’on progresse) accepter de ne pas être aimer par tous, et surtout en m’appuyant sur l’aide de Dieu, et augmenter cette confiance en soi défaillante en m’appuyant sur Son contentement, et tout cela avec l’aide des autres (lectures psychologiques et spirituelles, psychologues parfois, échanges avec des proches lucides et bienveillants…).

  18. Bernard le 04 Avr 2021 à 21:29 18

    Merci pour cet article qui m’a fait découvrir pourquoi j’étais dans un état dépressif et surtout la manifestation de mon soi impérieux. Il se trouve que depuis un certain temps mon orgueil est mis à rude épreuve au travail mais aussi un peu à la maison. J’ai pris conscience grâce à cet article que mon orgueil brimé engendre cet état de déprime. Mon état intérieur dépend si à mon travail on dit du bien alors je suis bien, on me critique mon orgueil est blessé, je déprime !

    Voici une découverte récente de cette arme fatale de mon soi impérieux !

  19. hapoo le 04 Avr 2021 à 21:52 19

    Merci pour cet article qui cible certains défauts moins souvent ciblés.

  20. Cantabile le 20 Avr 2021 à 22:16 20

    Super article!
    Pour ma part je vois souvent dans la déprime le fait que j’ai une vision matérielle des choses : si un événement matériel atteint mon moral c’est que d’une part je lui accorde une importance exagérée et que d’autre part, je le vois comme un coup du sort, une malchance, en tout cas je n’y vois pas la main de Dieu qui peut m’apporter là une occasion de connaissance de moi ou une épreuve au cours de laquelle je vais mûrir. Bien souvent dans ces situations, quand je change de perspective et que j’essaie d’adopter un regard plus spirituel, le désagrément perd de sa puissance et je retrouve de l’entrain.

    1. Mike le 04 Juin 2021 à 21:11 20.1

      Bravo je suis d’accord aussi

  21. e.k le 04 Sep 2021 à 16:54 21

    merci beaucoup

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