270 Votez

La pratique, clé du perfectionnement

Par , le 6 Sep. 2008, dans la catégorie Pratiques - Imprimer ce document Imprimer
fille joue du piano

Pas de théorie sans pratique

  • Du savoir à la connaissance

Alors que ces deux termes sont souvent confondus dans le langage courant, le savoir n’équivaut pas à la connaissance. Le savoir passe par l’apprentissage théorique des données propres à un sujet donné. La connaissance, elle, associe au savoir l’expérience personnelle. Dans le domaine de l’éthique, c’est toute la différence entre être « savant » et faire preuve de « sagesse ». Le savant est un théoricien. Le sage, lui, a mis ce savoir en pratique et cela l’a personnellement transformé.

Prenons un exemple pour illustrer ce phénomène. Un étudiant en médecine parvenu au terme de ses études possède un savoir important concernant la physiologie et la pathologie du corps humain. En ce qui concerne les principes théoriques, il en sait même souvent davantage qu’un médecin expérimenté. Toutefois, ce jeune étudiant, fort de son bagage livresque, ne s’est pas encore trouvé face à de « vraies maladies ». Lorsqu’ils sont convenablement expliqués, les mécanismes biologiques à l’origine des maladies comme leurs traitements peuvent paraître évidents par leur simplicité. La réalité, elle, est bien plus complexe ; elle obéit à un nombre incalculable de paramètres, exigeant souvent du praticien qu’il ait une forme d’« intelligence pratique » dans son exercice. En effet, les symptômes sont souvent flous et mal circonscrits, et les causes s’entremêlent rapidement. Par ailleurs, le praticien doit tenir compte des nombreux enjeux liés à chaque situation (dimension psychologique, contraintes matérielles et administratives, cadre légal, questions éthiques, etc.). Pour toutes ces raisons, par manque de discernement, le premier contact avec le « terrain » peut être fort déroutant pour celui qui n’a pas beaucoup d’expérience. Or, ce n’est justement que par l’expérience que peut être saisie la profondeur, la subtilité et peut-être l’essence même de la médecine, condition sine qua non pour devenir véritablement médecin.

  • L’expérience, une façon de mieux se connaître

Si la spiritualité peut être vue comme une « médecine de l’âme », cela implique sans doute qu’il en va de même dans ce domaine. Le savoir livresque, s’il est nécessaire, n’est pas suffisant pour parvenir à une connaissance de soi, ni pour produire en nous un changement substantiel. Il faut frotter la théorie à l’expérience pour petit à petit en faire jaillir la connaissance. En d’autres termes, les principes éthiques et divins, au-delà de leur beauté et de leur cohérence conceptuelle n’auraient pas d’utilité pour l’homme s’ils ne pouvaient être éprouvés. La mise en pratique de ces principes vient alors en retour éclairer notre savoir, qui s’en trouve non seulement augmenté, mais intégré et assimilé.

Le lieu de l’expérience, le « laboratoire spirituel », est en réalité sous nos yeux, à portée de main à chaque instant : il s’agit de notre vie quotidienne. Même si l’on ne vit pas des expériences spectaculaires ou bouleversantes tous les jours, nous verrons comment le moindre événement, la plus simple pensée, l’acte le plus anodin peuvent chacun constituer une occasion de progresser spirituellement. Cette idée peut radicalement changer notre vie, à condition de la considérer avec sérieux et de la mettre en application avec l’esprit critique et la curiosité d’un étudiant.

  • La pratique, une expérience provoquée

Deux possibilités s’offrent alors à nous : attendre que les occasions se présentent ou bien les provoquer. Pour cela, on pourra décider d’un programme volontaire et structuré de mise en situation qu’on appellera « programme pratique ». Cette décision personnelle, peu visible extérieurement, opère en réalité un changement radical de posture face à l’existence : on porte un nouveau regard sur notre quotidien, pour en devenir l’acteur ; on s’exerce à ne plus être l’objet de nos émotions, de nos préjugés, ou sous l’emprise des événements qui nous irritaient ou nous mettaient hors de nous ; la routine quant à elle n’existe plus, dès lors qu’on l’aborde avec une nouvelle perspective ; on découvre des pans entiers de notre personnalité… Mais surtout, on acquiert l’assurance et la sérénité de celui qui a non seulement trouvé le sens de sa vie, mais la conduit de manière à se rapprocher à chaque instant d’un seul objectif, atteindre son plus haut degré d’humanité, la perfection.

Une fois que l’on a compris la nécessité d’une pratique personnelle de l’éthique, quel est le mode d’emploi ? Comment s’y prendre ? Quelle route suivre ? C’est à ces questions que l’on va à présent tenter de répondre.

Pas de pratique sans théorie

  • Pour une théorie de la pratique

Pratiquer l’éthique, ça ne s’improvise pas. Pour cela, il faut non seulement une méthode, des techniques, mais il faut encore des repères conceptuels, un cadre : la « théorie de la pratique ».

Loin de vouloir à nouveau théoriser pour théoriser, il s’agit plutôt de poser quelques principes-clefs. La raison en est simple : en perdant de vue ces principes fondamentaux, on vide l’éthique de son essence spirituelle, ce qui tend à réduire la pratique à une énième forme de psychothérapie. En effet, quelle différence y a-t-il entre l’éthique appliquée à l’individu, telle qu’on la définit ici, et une énième forme de psychothérapie ?

  • Dans quel but être éthique ?

En me comportant de façon éthique, qu’est-ce que je cherche à développer en moi ? A supposer que l’éthique réponde au besoin de développer en nous la meilleure part de notre humanité, que reste-t-il de cette part après la mort ? On peut estimer qu’il n’en subsiste rien, que la conscience actuelle résulte d’un réseau de connexions cérébrales, et qu’à la mort cérébrale, tout disparaît. On peut alors se concentrer sur ce qui peut nous rendre plus heureux dans notre vie actuelle ; à ce titre, pratiquer l’éthique peut être vu comme une source d’épanouissement. Si on estime au contraire que la conscience ne se résume pas à sa dimension biologique, on suppose l’existence d’une part irréductible de l’identité survivant à la mort physique et que l’on peut appeler « âme » ou « conscience ». On aura alors à l’esprit le souci de ce qui pourra nous rendre plus heureux non seulement dans cette vie, mais au-delà, dans notre existence future.

Les travaux récents en psychologie considèrent souvent l’éthique comme un moyen de parvenir au bonheur : développer le souci de l’autre comme de son environnement, favoriser l’entraide et la coopération, développer les émotions dites « positives », réaliser ses potentialités individuelles tout en respectant autrui. Cette approche de l’éthique préconise un certain nombre d’attitudes et de conduites efficaces pour se réaliser psychologiquement. L’éthique, ainsi envisagée, présente à la fois un avantage social et individuel évident puisqu’elle répond au besoin de sérénité qu’éprouve tout être humain.

Mais il y a une autre façon de voir l’éthique : c’est de la considérer comme un moyen de nous parfaire, de nous rendre non seulement plus serein dans notre existence actuelle, mais de nous transformer plus durablement jusqu’à nous rapprocher si près de notre origine que nous pourrions alors enfin goûter à ce bonheur absolu auquel nous aspirons tous intimement. La raison d’être de l’éthique dépasse alors les nécessités liées au mieux-être psychique et à la paix sociale. Elle est le moyen mis à notre disposition pour nous accomplir – faire parvenir notre âme, notre identité profonde, à son plus haut degré de maturité et de connaissance. Ce n’est qu’à ce stade de perfection, au plus près de la Source, qu’on accéderait réellement au bonheur. Tant que nous ne sommes pas parvenus à ce niveau du bonheur parfait, nous sommes condamnés à souffrir de notre imperfection, de nos déséquilibres et de notre ignorance. Si nous pouvons toutefois éprouver le bonheur, celui-ci ne peut être que relatif et limité et sans commune mesure avec le Bonheur de celui qui a atteint sa perfection.

  • La spécificité de l’approche spirituelle

Pour résumer, contrairement à l’approche psychologique de l’éthique, l’approche spirituelle place non pas le psychisme mais l’âme au cœur du processus de transformation, en postulant l’existence de sa survie après la mort biologique, et confère à l’éthique la capacité de nous transcender individuellement en suivant un axe vertical nous rapprochant simultanément de notre propre perfection et du divin. Cet état de perfection et de proximité divine correspondrait au plus haut degré de bonheur.

Si d’un tel état d’accomplissement il est impossible de se faire une idée, le fait de placer un objectif d’une telle valeur sur la ligne de son horizon s’accompagne de deux corollaires précieux pour celui qui se soucie de son devenir éthique : cela l’oblige à concevoir l’éthique dans son sens le plus fort et le plus élevé, garantissant par là notre niveau d’exigence ; simultanément, la perspective de ce qui l’attend une fois dans l’au-delà est le seul argument capable de lui conférer l’énergie et la motivation indispensables pour tendre à un tel idéal éthique. Ces deux points d’appui – le premier est cognitif (la force de la raison et du discernement), le second est émotionnel (la force de la foi) -, apparaissent comme si intimement liés, qu’il paraît à présent difficile de concevoir l’éthique dans son sens le plus fort en la dissociant du cadre spirituel que nous venons de définir.


Creative Commons License Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons

Revenir en haut

26 commentaires

  1. Ali le 13 Sep 2008 à 12:33 1

    Je vois bien l’intérêt de se confronter à la pratique en se fixant un programme pour concrétiser la théorie. Je me demande cependant comment mesurer notre progression dans cette mise en pratique et comment savoir si nous pratiquons l’éthique comme il se doit.
    Faut-il par exemple prendre comme point de repère les réactions de notre entourage (qui devraient être positives à notre égard si nous pratiquons correctement)?
    Est-il utile de se remémorer la théorie de temps en temps?
    Peut-être ne faut-il tout simplement pas s’attarder à vouloir détecter absolument des progrès en soi?

  2. MIA le 13 Sep 2008 à 20:13 2

    Vous écrivez : « Le lieu de l’expérience, le « laboratoire spirituel », est en réalité sous nos yeux, à portée de main à chaque instant : il s’agit de notre vie quotidienne ». Pour quelle raison ne donnez-vous pas un (ou plus) exemple d’acte, de pensée ou d’événement car il est plus facile de se situer avec des précisions, des cas concrets ?
    Merci.

  3. Roxane le 13 Sep 2008 à 22:57 3

    @MIA: tout à fait d’accord, l’exemple est essentiel pour comprendre de quoi on parle. Avez-vous en tête un exemple ?

  4. Mathilde le 15 Sep 2008 à 17:24 4

    @ali : il me semble que les réactions des autres sont un bon miroir de ce que nous sommes, avec bien entendu ses propres limites. J’ai personnellement du mal à imaginer que les progrès éthiques d’une personne, qui concernent précisément la manière dont elle se comporte avec les autres, ne soient pas visibles et n’appellent pas de réactions positives de leur part.
    Quant au fait de chercher à détecter en soi des résultats, je trouve pour ma part que c’est une bonne chose. Cela participe à la connaissance de soi. Si j’ai progressé, il est important que je le sache afin d’évaluer le chemin qu’il me reste à parcourir !

  5. nadia le 17 Sep 2008 à 23:01 5

    @ali: je pense que nous devons faire une analogie aux sciences:
    Les sciences expérimentales, comme la physique ou la biologie, reposent sur une démarche active du scientifique, qui construit et contrôle un dispositif expérimental reproduisant certains aspects des phénomènes naturels étudiés. Ces sciences emploient la méthode expérimentale. Les résultats des expériences ne sont pas toujours quantifiables
    Lorsqu’il n’est pas possible de contrôler un environnement expérimental, les scientifiques peuvent avoir recours à l’observation. Lorsqu’une discipline se forme autour de cette démarche, on parle alors de sciences d’observation. L’astronomie ou l’économie en sont des exemples classiques. Mais la frontière n’est jamais nette : il existe une économie expérimentale, et la physique des hautes énergies permet d’une certaine façon de tester expérimentalement certaines théories astronomiques.

    Donc pour la pratique , nous devons nous efforcer a trouver des instruments de mesure ou sinon avoir recours à l’observation…

  6. Ted le 17 Sep 2008 à 23:38 6

    « Ces deux points d’appuis – le premier est cognitif (la force de la raison et du discernement), le second est émotionnel (la force de la foi) » : autant développer la raison et le discernement me semble accessible, ça va tout à fait dans la démarche expérimentale, autant j’ai du mal à voir comment en pratique développer sa foi.

  7. Vincent le 18 Sep 2008 à 15:43 7

    Complètement d’accord avec Nadia. Reste qu’il n’est pas toujours facile de s’observer soi-même. On a tendance à faire preuve de beaucoup de complaisance envers soi, à ne pas voir ses propres défauts. Quant aux autres, je ne sais pas si on peut vraiment leur faire confiance pour nous aider à nous connaître. Il y a parfois chez eux un désir de nous rabaisser ou de nous flatter qui fait qu’on peut douter de leur objectivité sur nous-même.

  8. Laurent B. le 19 Sep 2008 à 0:36 8

    @Ted : Blaise Pascal, à la suite de son célèbre pari, suggère à ceux qui souhaitent avoir la foi d’agir comme s’il l’avait, en commençant par l’accomplissement d’actes comme la prière ou l’accomplissement de rituels. Cela dit, il dit aussi que la foi, puisqu’elle relève du coeur, est un don. Je dirai donc qu’agir comme si on avait la foi est une condition nécessaire mais non suffisante pour la développer. Est-ce que quelqu’un a testé ?

  9. Sina le 19 Sep 2008 à 2:35 9

    @Vincent: La sincérité est bien évidemment un facteur important dans la relation aux autres et à soi-même pour ne pas fausser l’analyse de l’équation que peut formuler un de nos actes. C’est pour cela que théoriser sans exemples ou observations concretes est bien souvent désorientant et épuisant. Les « bavardages » que l’on peut entretenir avec les autres ou lors de réflexions personnelles peuvent souvent se révéler des écrans de fumées.
    Se concentrer sur un point précis en passant à la loupe toutes ses coutures notamment en échangeant avec d’autres sur les causes, les conséquences, la nature de l’acte ou les émotions concrètes qui se tiennent en amont ou en aval d’une action ou d’une situation est trés utile. Les écrits peuvent également être de bons adjuvants, pour pouvoir distinguer à chaud comme à froid nos différents types de réactions, leurs fréquences et les mutations qu’elles ont connues. Si à chaque situation A, tu opposes B ce qui génère chez toi C. Tu sais que C est un de tes défauts personnels que A en est le terrain fertile et B l’expression.
    En toutes situation la qualité de notre intention et l’effort que nous avons aligner derrière sont souvent de bons baromètres de sincérité.

  10. Ted le 20 Sep 2008 à 0:40 10

    @Laurent B : merci, je suis assez d’accord avec cette idée de foi en tant que don… ce qui me fait penser que dans ce cas, peut être que de la même manière que pour les autres dons comme par exemple une oreille musicale particulière, ou une aptitude particulière pour le dessin, c’est un don qui doit être cultivé : si on ne la met pas en pratique, alors on reste à zéro, c’est à dire que le potentiel est là, mais on n’en fait rien ? On voit aussi des gens qui disent avoir complètement perdu la foi, et qui se demandent même ce qu’ils avaient en tête à telle époque pour avoir un peu de foi … dans tous ces cas, développement ou stabilité ou diminution ou perte de foi, les processus intérieurs doivent être complexes.

  11. vincent le 20 Sep 2008 à 12:22 11

    @Sina : « si à chaque situation A, tu opposes B ce qui génère chez toi C. Tu sais que C est un de tes défauts personnels… ». Est-ce que tu aurais un exemple ?

  12. Maxime le 21 Sep 2008 à 0:57 12

    Je suis content de voir poser aussi clairement le problème du lien entre la pratique éthique et la foi en la survie de l’âme qui se pose souvent à moi. La définition de l’action éthique, c’est l’action désintéressée. Est-ce que trouver sa motivation à être éthique dans ce qui nous attend dans l’au-delà, l’enfer ou le paradis, n’est pas une façon d’être intéressé? Merci de me répondre si vous avez une idée.

  13. Han le 21 Sep 2008 à 11:01 13

    @ Stephan Calvez: Merci pour cet article très éclairant. Il aurait été intéressant de connaître les sources auxquelles vous vous référez parfois, notamment, j’aimerais beaucoup connaître les références des travaux récents en psychologie que vous citez, qui considèrent l’éthique comme un moyen de parvenir au bonheur. Merci pour votre réponse!

  14. Anna le 21 Sep 2008 à 13:46 14

    @Stephan Calvez : « La raison d’être de l’éthique dépasse alors les nécessités liées au mieux-être psychique et à la paix sociale. Elle est le moyen mis à notre disposition pour nous accomplir »
    la satisfaction de besoins psychologiques tels qu’ils peuvent être développés dans des théories comme la pyramide de Maslow, la process com de T Kahler, la notion de Flow (travaux sur l’essence du bien être) répond au postulat que, pour être bien avec les autres, il faut d’abord être bien avec soi-même; y a-t-il à votre sens compatibilité entre la satisfaction de ces besoins et la démarche éthique? la recherche de cette satisfaction est-elle une première étape, à dépasser ensuite, quitte à y renoncer, pour aborder une autre dimension, qui est celle de notre accomplissement ?

  15. Stephan Calvez le 24 Sep 2008 à 12:17 15

    @ Han : On retrouve ce lien entre éthique et bonheur dans un certain nombre d’ouvrages récents dont les plus connus sont peut-être ceux de Goleman (« L’intelligence émotionnelle ») et de Servan-Schreiber (« Guérir »), mais ce lien apparaît de façon diffuse dans de nombreux ouvrages actuels sur la question. D’après ces auteurs, pour accéder au bonheur, au-delà des petits moyens d’égayer son quotidien, il faut profondément changer d’attitude, c’est-à-dire changer intérieurement. Cela doit passer par une meilleure connaissance et une maîtrise de certaines émotions (besoins impérieux de toute sorte, impatience, colère, peur, frustration, ressentiment, agressivité, découragement, pessimisme…) mais également par une attitude davantage tournée vers autrui, comme se soucier de l’autre, se rendre utile, savoir écouter, partager, manifester sa gratitude, etc…

  16. Han le 24 Sep 2008 à 21:58 16

    Merci d’avoir pris le temps de me répondre et d’avoir apporté des éclaircissements supplémentaires. En fait, les rapports entre éthique et psychologie, et éthique et psychothérapie m’intéressent beaucoup et j’envisage de faire un travail sur ce sujet dans le cadre de mes études. Du coup, je peux difficilement citer Goleman et Servan-Schreiber, et ma question concernait plutôt des références scientifiques universitaires. Elle s’adresse d’ailleurs à toute personne ayant des connaissances dans le domaine.
    Il me semble en fait qu’actuellement, certaines méthodes psychothérapeutiques (parfois mal comprises et mal appliquées sans doute) peuvent être en contradiction avec une démarche personnelle éthique, lorsque par exemple la conscience morale est prise pour un sentiment de culpabilité pathogène, ou que l’on encourage l’expression de ses besoins sans tenir compte de ceux des autres. Or mon expérience et mes observations me font penser que le bonheur et l’équilibre vont de pair avec une éthique personnelle, et si quelqu’un connaît des travaux scientifiques qui accréditent cette idée, je suis preneuse.

  17. Stephan Calvez le 24 Sep 2008 à 23:40 17

    @ Han: Ces ouvrages de synthèse s’appuient sur des recherches scientifiques solides. J’étudierais donc pour commencer les références bibliographiques citées par ces auteurs.

  18. Stephan Calvez le 26 Sep 2008 à 0:47 18

    @ Anna : cette question me parait vraiment essentielle. Sans être un spécialiste des travaux de Maslow, je pense qu’à la différence de son modèle pyramidal des besoins, le besoin d’accomplissement éthique et spirituel échappe à l’organisation hiérarchique générale (besoins de sécurité, d’amour, d’estime). L’expérience montre que travailler sur soi dans une optique non pas de type « développement personnel », mais bien dans une intention de perfectionnement, mobilise de fait tous les autres niveaux de la pyramide, dans le sens notamment d’un examen critique de ces besoins, mais aussi dans le sens de la satisfaction indirecte de ces mêmes besoins qui ferait comme partie des conséquences naturelles d’un travail sur soi. Pour cette raison, je ne parlerais pas de « renoncement » aux besoins fondamentaux, comme vous le suggérez, mais d’un changement radical d’optique qu’on pourrait se figurer en posant un axe vertical, perpendiculaire à ceux des besoins fondamentaux, et qui, de fait, les traverserait tous.

  19. Anna le 26 Sep 2008 à 16:08 19

    @Stephan : merci de votre réponse. J’aime beaucoup cette idée de représentation graphique, que je vais tester et qui me semble très éclairante.

  20. Ali le 19 Oct 2008 à 17:23 20

    @Maxime : concernant l’action éthique comme action désintéréssée, il me semble difficile de se fixer un travail éthique (ou tout autre travail d’ailleurs) sans se fixer d’objectif. Mais, avoir un objectif ne veut pas nécessairement dire que l’on est intéressé.
    On peut par exemple se fixer comme but d’être éthique pour « préparer sa vie dans l’au-délà » mais ne pas attendre de résultat en retour. Etre intéréssé c’est justement exiger un résultat à un travail fourni.
    Pour un travail éthique, il me semble donc intéressant de distinguer le fait de se fixer un objectif, qui est normal et utile et le fait d’attendre un résultat, qui s’apparent effectivement plus à de l’intérêt.

  21. Domido le 14 Déc 2008 à 18:03 21

    Je reviens un peu en arrière ; dans le paragraphe « La pratique, une expérience provoquée », vous dites : « On découvre des pans entiers de notre personnalité »
    L’expression me semble un peu forte, en tous cas, pour moi, ces découvertes ne sont pas toujours aussi « volumineuses ».
    Je donne un exemple : j’ai de l’humour et les gens rient facilement quand je blague ou fais le clown. Mais à deux reprises, à plusieurs mois d’écart, on m’a gentiment traitée de « moqueuse ». J’avais pris cela comme un prolongement naturel de mon talent à faire rire, une qualité en somme, jusqu’au jour où ma moquerie a débordé, a vraiment blessé quelqu’un, dans une assemblée, et où j’ai entraîné en chaîne des réactions de moquerie contre cette personne. Ce mot m’est alors revenu comme un boomerang et je me suis vue en mauvais génie.
    Ce simple petit mot a pointé une faille : je ne veux pas couper les cheveux en 4 mais ce n’est pas un pan entier de ma personnalité, plutôt, pour le moment en tous cas, une facette qui m’est apparue, grâce aux autres.
    Cette atténuation des effets vient peut-être du fait que j’ai attendu, dans ce cas-là, que des occasions se présentent ; je me suis cantonnée à l’observation, sans programmation particulière ?

  22. Janna le 30 Jan 2009 à 1:08 22

    Les réflexions qui précèdent sur les deux points d’appui (la raison/discernement et la foi) me font penser à un hadith qudst (parole divine révélée par le prophète Mohamed) En effet, sans être musulmane, je me plonge très régulièrement dans les textes soufis où ce hadith tient une place particulière.Et en ce qui me concerne, je le vois comme un « chemin concret de vie ».
    Je vous le cite (en numérotant les étapes que je distingue dans le texte) :

     » (1)Mon serviteur ne peut s’approcher de Moi avec quelque chose qui Me plaît mieux que ce que Je lui impose.
    (2) Mon serviteur s’approche sans cesse de Moi par des oeuvres gratuites jusqu’à ce que Je l’aime; et(3) quand Je l’aime, Je suis l’ouïe avec laquelle il entend, la vue par laquelle il voit, la main avec laquelle il saisit, le pied avec lequel il marche;(4) s’il Me prie, Je lui donne certainement et s’il recherche Mon aide, Je le secours certainement.  »

    Dans ce « programme » de vie, je repère en effet 3 étapes et une quatrième qui est une conclusion des trois autres :

    -la première est celle du discernement et de la volonté active : comment au quotidien, mettre pensées, comportements, choix, actes, prière, en adéquation avec ce que la « Présence » spirituelle (quelle que soit la religion à laquelle on appartient) attend d’un être humain, comment avec attention rectifier, harmoniser en une action de grâce permanente pour que, cette terre glaise devienne à chaque instant « ce que en réalité (vérité) je suis ».

    – la deuxième est effacement, remise confiante avec foi et constance. Quand cette attention opérante s’est bien installée,devient une seconde nature, le moi exige de moins en moins de valorisation et « lache prise ». L’être reste actif dans la vie de tous les jours mais son moi s’oublie, s’efface et les actes sont alors totalement désintéressés.(gratuits).Il n’en attend plus de bénéfice pour lui-même. Dans cet action de grâce concrète et soutenue, il se « rapproche »ainsi de cette Présence qui le guide et le soutient.

    -la troisième est celle où « le récipient est devenu transparent », où « le miroir de l’âme ne reflète plus que la Présence » qui s’exprime visiblement au travers de cet être humain (qui l’est pleinement devenu par ce processus de transformation),et dans chacun de ses actes.

    -la 4ème étape est conclusion

    C’est un chemin rude, intense mais passionnant.

  23. DAC le 02 Fév 2009 à 13:47 23

    Janna : C’est un hadith stimulant, dont j’aimerais avoir la référence. La première phrase m’intéresse tout particulièrement car elle me semble tout à fait pertinente : pour s’approcher de Lui – quel que soit le nom qu’on Lui donne ou la représentation qu’on En ait – il faut lui plaire ; or Lui plaire, ce n’est pas s’éclater dans l’extase, mais se plier à Ses lois … dur dur, en ces temps où « que ma volonté soit faite ! » a décidément supplanté (du moins en occident), la quatrième proposition du Notre Père, et ce depuis qu’il est de notoriété publique que nous sommes tous libres et habilités à disposer de notre corps et de notre esprit comme bon nous semble. Mais alors comment accorder ce « comme bon nous semble » à « se plier à Ses lois » ? Tout le dilemme est là … Qui répond quoi ?

  24. radegonde le 31 Août 2011 à 21:30 24

    @ Ted
    pour continuer les images expliquant la Foi, je pense que Dieu a donné à tous la petite graine de Foi, qu’il faut faire pousser; Bien sur il faut le terrain , le climat, l’attention , l’entourage …Sinon la petite graine ne pousse pas, ou s’étiole…
    Et la pratique régulière de ce qui peut m’améliorer spirituellement participe à faire grandir ma petite graine de Foi, qui attire la Lumière à son tour..
    Bien sur le terrain n’est pas toujours très bon..les réflexions des autres qui ne comprennent pas mon attitude (comme pardonner) et qui pensent que c’est de la faiblesse, n’aident pas ….
    Mais quand on choisit ce chemin , il faut s’attendre à ce qu’il soit parfois aride.

  25. lm le 02 Sep 2011 à 10:02 25

    @ radegonde
    C’est parfois sur les terrains arides que l’on voit s’épanouir les plus belles fleurs !

  26. radegonde le 03 Sep 2011 à 18:07 26

    quel Magnifique Jardinier parvient à faire pousser de si belles fleurs dans une terre si peu féconde!!!

Url de rétrolien |

e-ostadelahi.fr | © 2024 - Tous droits réservés | Mentions légales | Plan de site | Contact