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Deux couples sur le gril

barbecue

Notre rapport aux autres, aussi enrichissant soit-il, s’accompagne bien souvent de quelques difficultés. Qu’il s’agisse d’un supérieur hiérarchique, d’un collègue, d’un ami, d’un membre de notre famille ou d’une simple connaissance, il est rare que l’« autre » se comporte exactement comme nous l’aimerions, bien au contraire. Tel collègue a de nouveau repris à son compte le travail que j’avais accompli pour briller auprès de notre supérieur, tel ami m’a blessé par son manque d’attention, ma belle mère a encore critiqué ma cuisine,… les exemples ne manquent pas. Et dans ces moments-là, rien de plus naturel que de ressentir le besoin de partager ses déboires avec quelqu’un qui nous est proche pour rechercher son soutien. Seulement voilà, du besoin légitime de se confier au désir de médire d’un tiers, il n’y a qu’un pas. Un pas qu’on a vite fait de franchir, parfois même sans même s’en rendre compte. Soudain, il ne s’agit plus de partager une difficulté, mais de parler de l’autre en en disant, si ça peut soulager, tout le mal qu’on en pense…

L’extrait vidéo qui suit, tiré d’une série télévisée française, illustre bien cette problématique. Il s’agit de deux couples — les Bouley (plus jeunes, plus libéraux) et les Lepic (plus âgés, plus conservateurs) — en pleins préparatifs de l’anniversaire commun de leurs enfants. Très courtois dans leurs interactions directes (ils se connaissent à peine), ils n’ont pas les mêmes habitudes et la tension commence à se fait sentir. Voyez plutôt.

On voit bien avec quelle rapidité le glissement peut s’opérer : une petite contrariété (« elle a critiqué ma vinaigrette », « il pense que je ne sais pas faire un barbecue », « elle n’a pas levé le petit doigt pour m’aider à faire les quiches ») ; le besoin d’en faire part à son conjoint (« il commence à me taper sur le système », « on n’est pas très aidé… ») ; le conjoint qui en rajoute (« Ah tu sais, elle c’est pas mieux ! », « Ça m’étonne qu’à moitié, son mari sait même pas faire un barbecue ! ») ; et les propos médisants qui s’immiscent (« ils ont un complexe de l’âge ! », « ils sont assistés, comme des gamins ! »).

Cet enchaînement de répliques à peine caricaturales ne manquera pas de nous faire penser à certaines situations vécues. La dérive médisante tient ici pour une part au caractère particulier des conversations entre proches. On s’adresse à quelqu’un (conjoint, famille, ami) qui nous connaît déjà par cœur et qui nous aime malgré tous nos petits (et gros) défauts. Plus besoin dès lors de s’autocensurer pour faire bonne figure. On se sent comme sur une sorte d’îlot diplomatique où rien de ce que l’on dira ne pourra être retenu contre nous. Ce rapport de confiance et de soutien mutuel entre proches est bien entendu nécessaire et précieux, en particulier au sein du couple : il faut pouvoir tout se dire et être sincère l’un envers l’autre. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’on bénéficie sur cet « îlot » d’une immunité totale lorsqu’il s’agit du droit d’autrui — il y a forcément, quelque part, des limites. Encore faut-il savoir les identifier.

Cette question délicate des conversations entre proches au sujet d’autrui est évoquée à plusieurs reprises dans le TP Se défaire de la médisance – Premier pas vers « dire le bien » proposé par OstadElahi inPractice . Notre objectif ici est de donner à chacun l’occasion de partager son expérience. Les données recueillies de cette manière permettront de progresser dans l’analyse du problème et d’identifier des clés pour une meilleure compréhension.

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27 commentaires

  1. A. le 04 Oct 2015 à 7:38 1

    SELON VOUS, A QUEL MOMENT DIRE DU MAL D’AUTRUI A UN PROCHE DEVIENT DE LA MEDISANCE ? QUELS SONT VOS CRITERES ?

    A partir du moment où dire du mal a comme but le fait de préserver mon proche des éventuels méfaits de la personne dont je parle, alors ce n’est pas de la médisance. Par exemple, ma femme souhaite travailler avec un architecte que je sais est quelqu’un de malhonnête – le fait de le lui dire ne relève pas de la médisance.

    Aussi je crois que ce n’est pas de la médisance quand on a subi un tort, on ne sait pas comment se comporter et on demande alors un avis d’un proche. Il faudrait raconter les faits tout en restant factuel, cad en parlant des actions des personne mais sans porter un jugement péjoratif sur la nature des personnes elles mêmes

  2. lepersan le 04 Oct 2015 à 9:50 2

    Bonjour,
    Cet extrait m’a beaucoup instruit sur la différence entre confier à un proche ses difficultés relationnelles et médire. il est plus facile de regarder les choses en étant un observateur extérieur.
    Dans le premier cas, il s’agit de dire j’ai une difficulté et celle-ci est…
    Dans le second cas, il s’agit de surenchérir en trouvant un défaut, une attitude chez l’autre pour justifier ce sentiment.
    Il est possible qu’une meilleure attitude serait de trouver en nous le ou les point(s) faible(s) caractériel(s) qui fait/font que ce cela nous irrite et pourquoi pas en faire part également pour que le proche puisse peut être aussi nous aider travailler sur la chose. il ne s’agit pas pour autant de justifier l’attitude de l’autre mais d’avoir conscience que l’on est responsable que de ses propres actes.
    Cet introspection est formidablement bien expliquer dans « juger n’est pas jouer » publier par la fondation Ostad Elahi. Pour ne pas médire, on peut commencer par ce taire quand on sent venir la médisance mais pour un travail encore plus profond, le travail sur le jugement est également importance car le plus souvent s’il n’y a pas de jugement inadapté, il y aura pas ou peu de médisance.
    Dans ma pratique personnelle, j’ai fait part d’une refus de la part d’une personne de venir diriger un travail. Ce refus m’obligeait à trouver une autre personne pour diriger le travail ce qui était difficile à trouver. Mais j’ai donné la raison que j’ai donné à mon proche pour justifier ce refus était vrai mais pas complète ce qui laissait une interprétation critiquable. Mon proche tout de suite s’est mise à critiquer la personne.

    En analysant la situation et en réfléchissant sur mon action, je vois que dans ce cas c’est la personne qui fait part d’une difficulté à un proche qui est le chef d’orchestre et qui décide quelque part l’orientation que donnera la discussion.
    En réfléchissant, la bonne attitude aurait été de faire par de la difficulté mais sans en donner la raison ou bien si le proche voulait connaitre la raison, de répondre que je ne connait pas les raisons exactes (ce qui est rarement faux en général) et par exemple de rebondir en partageant aussi que j’ai pensé à deux autres personnes à qui je n’avais pas pensé et qui semble encore mieux (ce qui est vrai également).
    au terme de ceci, je pense qu’il est important, lorsque l’on veut faire part d’une chose telle à un proche, de ne pas donner la tonalité du reproche et de ne dire que ce qui est sûr et vérifié et ne pas lancer « un je crois que…. » qui sera considéré comme la vérité du moment nous conduisant le plus souvent vers une conclusion fausse.

  3. KLR le 04 Oct 2015 à 10:31 3

    Très drôle ce petit film et très authentique !!!

    Pour ma part il me semble que je sens bien la limite lorsque je me confie à son conjoint ou lorsque je médis. En générale:
    – L’une des premières alertes, c’est ma conscience blâmante qui se met à sonner me pour prévenir que j’ai franchi la ligne.
    – Le deuxième signe : c’est un sentiment de « plaisir » du soi impérieux que je ressens dès que je médis. Je me défoule, et si mon conjoint alimente, ça me fait plaisir…Là j’ai clairement franchis la ligne
    D’ailleurs lorsque le conjoint n’alimente plus, ça fait un plof ! et on a un peu un sentiment de frustration, encore un signe de plus que l’on a franchit la ligne

    Donc je ressens 2 alertes: une au moment où c’est encore possible de faire machine arrière, et une autre lorsque c’est trop tard « raté » !!!

    1. A. le 07 Oct 2015 à 6:45 3.1

      Peut être qu’une solution du moins partielle pour éviter les ratés, serait de ne pas mentionner les personnes nommément, de sorte que même si on se laisse emporter par son soi impérieux, on ne lèse pas les droits des personnes concernées

      1. kbld le 07 Oct 2015 à 16:07 3.1.1

        Il me semble que dans ce contexte, cela n’a pas de sens de ne pas nommer les personnes. L’autre a besoin de savoir à qui on a affaire, le contexte relationnel, etc.
        Après, dans un contexte plus large, où parler d’une situation vécue est légitime, effectivement, ne pas nommer est probablement la bonne solution.

  4. Ms le 04 Oct 2015 à 12:21 4

    Se rendre que l’on médit dans de telles situations est si subtile que bien souvent on ne voit rien !
    Pour ma part, j’ai tendance à me positionner en victime pour me conforter dans l’idée que ce que je dis (mes plaintes) est légitime et donc pour me donner bonne conscience et surtout pour que celui qui m’écoute ne puisse pas s’apercevoir qu’il y a de la médisance de ma part (ainsi, il risque davantage d’aller dans mon sens, ce qui m’arrange …) ! J’en viens même à me convaincre moi-même que je suis vraiment victime de la situation !

    Par exemple : s’agissant de la vinaigrette ou d’une critique de manière générale, j’aurais plutôt le réflexe d’accentuer la critique de l’autre mais tout en disant que je ne comprends, j’avais pourtant essayer de bien faire, je ne vois pas pourquoi j’ai eu ces remarques, …

    Au final, j’essaye de me donner bonne conscience en faisant paraître que je suis une personne gentille au fond qui ne souhaite que faire plaisir avec sa vinaigrette et qui ne comprend pas pourquoi elle est attaquée … Le résultat reste pourtant le même ! Je dirais même que c’est bien pire car bien plus pervers que les exemples dans l’extrait !

    1. Charlotte le 04 Oct 2015 à 19:00 4.1

      D’après ma propre expérience et en toute modestie (sur la base de l’effet que je ressens de ma pratique), la vie quotidienne (les situations, personnes, etc..) est une source d’apprentissage sur soi et lorsque j’arrive à avoir un regard spirituel et je me soucie de me corriger dans l’intention du contentement divin, il me semble que chaque situation me fait avancer dans la connaissance de soi et à ce moment là mes sentiments changent vis à vis des autres.
      Lorsque j’arrive à voir de cette façon, je ressens de l’empathie et un cœur léger.
      D’autre part, je me confie à ceux qui sont bienveillants et à qui je fais confiance.

  5. marie le 04 Oct 2015 à 16:13 5

    Il y a une semaine, j’ai connu un échec qui m’a totalement démoralisée le premier soir, puis obsédée pendant une semaine.
    je sentais un bouillonnement intérieur, je cuisais en moi-même, et bien que j’ai senti le danger de la situation, en plein combat contre mon soi impérieux, je n’ai pu résister à la tentation de commenter l’évènement dans mon « îlot diplomatique », mon mari, mes enfants et des amis proches, en critiquant le jury qui ne m’avait pas reçu à l’examen.

    J’ai laissé entendre que même si je n’avais pas été au mieux de ma forme, j’avais tout de même un doute au sujet de l’objectivité des membres du jury. Et j’ai même mené une petite enquête à leur sujet.

    Ce n’est que lorsque j’ai pu surmonter ce volcan intérieur que j’ai pu parler à un cercle moins proche. J’ai vu la différence de mes propos et de leur intention par rapport à ma première réaction: je n’avais plus d’animosité à l’égard du jury, je réussissais à ne me concentrer que sur les raisons personnelles de mon échec et les bienfaits que je pouvais en tirer. Cette envie de mordre avait disparu.

    Je n’avais plus envie de dire du mal, avec cette intention mordante et ce plaisir du soi impérieux qui fait la médisance.

    Je pense que dans la grande majorité des cas, quand on dit du mal de quelqu’un, on est dans la médisance. Pour moi tout est dans l’intention et le discernement de la situation. Il est très rare, me semble-t-il, d’avoir une intention pure et d’être dans un cas où dire du mal d’une personne est justifié. Cette deuxième condition est d’ailleurs à approfondir. Je serais très heureuse de lire des avis et expériences à ce sujet.

  6. radegonde le 04 Oct 2015 à 18:12 6

    Comme je l’ai dit dans ma pratique, cet été j’ai eu beaucoup de mal à faire la différence entre « dire du mal » et donner mon opinion ».
    Ma profession gère les problèmes des personnes les plus mal en point de la société(argent , maladie, handicap, grand âge, alcool..) Avec mes collègues nous sommes très sollicités, critiqués.. donc souvent réactifs.
    Je garde en tête  » tu ne hurleras pas avec les loups » quand un collègue est attaqué, et j’essais au maximum de m’y tenir.. mais s’il s’agit de la direction qui exige de plus en plus sans tenir compte de nos limites, des gens qui se plaignent tout le temps ou nous menacent physiquement ..il m’arrive de sortir de mes gonds!!
    De plus, j’ai besoin du soutien de mes amis et famille quand la journée a été rude, de plus mon conjoint me critique en permanence, sans m’apporter d’aide.. alors je m’épanche sur les épaules amicales, et je ne pense pas médire alors…………..et mon état de santé s’en ressent à la fin si je ne peux m’exprimer ainsi ..

    1. A. le 07 Oct 2015 à 7:01 6.1

      >alors je m’épanche sur les épaules amicales, et je ne pense pas médire alors
      Peut-être que l’on peut s’épancher sans mentionner nommément les personnes (?) de sorte que l’état de santé soit préservé 😉 et qu’en même temps on ne lèse pas les droits des autres (?)

      Quant au mari qui critique tout le temps….. si c’est justifié – et seulement si c’est justifié – cela peut être une bonne source de connaissance de soi. Par exemple, dans le passé ma femme me critiquait tout le temps et il m’a fallu des années pour comprendre qu’elle travaillait deux fois plus que moi à la maison et que j’étais un sacré égoïste. Une fois corrigé mon comportement égoïste les critiques ont cessé

      Aussi est-ce que les critiques de votre mari ne sont pas la réaction de vos critiques (médisances) vis-à-vis des autres ?

  7. mike le 04 Oct 2015 à 19:21 7

    je pense qu’on glisse quand dans nos remarques il y a une intention de nuire à l’autre ou de le rabaisser au yeux de son conjoint; récemment mon épouse me parlait du comportement de ses collègues de travail pour un peu vider son sac sur leur mauvais comportement entre collègues et je l’écoutais sans participer à la critique, parce que son point de vue était probablement juste pour elle, mais un moment donné pour certains reproches je me suis mis à la place de l’autre personne et pris sa défense parce que j’aurais fait comme lui; le couple est d’une grande aide quand on se parle et que l’on est sincère mais il faut respecter les limites de la morale, il ne doit pas se satisfaire dans les médisances ou les exactions; il faut qu’il respecte idéalement un cercle vertueux et pas l’inverse; il y a bien des couples amoureux légendaires qui ont tué des êtres humains et volé à longueur de journée pour suivre leurs envies!
    dans d’autres situations, je peux aussi glisser comme lorsque mon épouse me raconte le comportement d’amis en commun et qu’au lieu de simplement écouter ou rigoler du comportement décrit, j’en rajoute en trouvant un autre défaut qui n’a rien à voir avec ce qu’elle raconte à ce moment là… dans cette situation c’est à moi d’analyser qu’elle est l’intention qui génère ma pensée. (jalousie, envie de briller plus que l’autre aux yeux de mon épouse etc)
    merci pour vos idées

  8. Tong le 05 Oct 2015 à 9:06 8

    Perso, j’en ai fais l’expérience récemment, j’ai eu un déclic… je ne me rendais pas compte que je médisais au sujet d’un proche dont le comportement m’avait surpris. j’avais l’impression d’être très objectif. Le déclic à eu lieu quand je me suis rendu compte que j’avais entraîné mon épouse avec moi dans cette médisance. Je l’ai contaminée et à ce moment là, j’ai vu que j’étais, que nous étions, bel et bien en pleine médisance.
    Toujours plus facile de voir les choses chez les autres que chez soi…

  9. cogitons le 05 Oct 2015 à 15:39 9

    « si ça peut soulager ». Voilà, me semble-t-il, un point clé, pourtant dit en passant.
    Car ne faut-il pas se « soulager » de temps à autre, sous peine de s’écrouler tôt ou tard sous le poids des colères, frustrations, sentiments d’injustice, d’agression, d’insécurité, et autres émotions fortes, fortement réprimées ?
    « Prendre sur soi », c’est très joli, en théorie, mais tout le monde n’a ni la même carrure, ni n’est confronté aux mêmes circonstances.
    L’auto-répression absolue et le culpabilitiomètre hyper-sensible se traduisent souvent par des symptômes psychosomatiques parfois sérieux.
    Pour ma part, il m’arrive d’exploser en quelques phrases assassines partagées en couple (dont la bienséance m’interdit de reproduire ici le contenu). Ça fait un bien fou, même si je me sens légèrement piteux après.
    Une fois l’orage passé, conscient qu’il s’agissait d’un défouloir, je décide délibérément de ne pas y donner plus d’importance, de passer à autre chose, ne pas me laisser envahir et encombrer l’esprit par des ruminations inutiles et avariées dont je suis à la fois le producteur, le consommateur, et la victime.
    Bref. Chacun son truc et sa conclusion (provisionnelle). Mais à mon avis, mieux vaut péter les plombs de temps à autre (dans le cercle privé du couple) en un feu d’artifice de médisance, se défouler un bon coup (tout en n’étant pas dupe sur ce qu’on est en train de faire), que de « prendre sur soi » plus qu’on ne le peut, souffrir en silence et se rendre malade.

    1. lepersan le 05 Oct 2015 à 19:44 9.1

      Je pense que cette conclusion n’est pas fausse dans un premier temps mais je pense qu’en travail sur soi si on vise la perfection, on devrait arriver à une telle maitrise de soi que la plupart des choses ne nous énerve plus.
      On se pose la question est ce que j’ai fait mon devoir ici:
      si oui, très bien je ne suis pas responsable de la chose et je n’aurai pas de regret par la suite. dans ce cas s’énerver ne sert a rien.
      si non, il faut que j’accomplisse mon devoir et je vois les résultats.

      Il ne s’agit pas d’enfouir un sentiment en soi mais de chercher tout simplement à connaitre la cause de ce sentiment et de la traiter (la cause).
      pour faire un parallèle avec la médecine.
      si j’ai une maladie, je peux effectuer un traitement symptomatique pour me soulager sans traiter la cause : j’ai une infection de la peau et je prends du doliprane, je suis soulagé et je fais baisser ma fièvre mais je ne traite pas la cause et la maladie évoluera
      ou un traitement curatif : je prends l’antibiotique sans oublier de traiter la porte d’entrée (sinon ça revient), je traite la cause (la bactérie) et je stoppe la progression de la maladie. je suis guéri
      et « péter les plombs un bon coup » serait un entre-deux.

      1. cogitons le 06 Oct 2015 à 14:41 9.1.1

        Vous avez sans doute raison, mais « arriver à une telle maîtrise de soi » n’est pas encore à ma portée, ou alors sous forte dose de bêta-bloquants ou d’alprazolam, ou « la perfection par la chimie », remboursée par la sécu, de surcroît.
        « vider son sac » écrivait Mike à propos de son épouse. Il ne me semble pas que ce soit malsain. Je dirais même que c’est un des privilèges de vivre en couple, où l’on peut exprimer ses détresses émotionnelles, ses ras-le-bol, et oui, même dire du mal d’autrui, de temps à autre, dans la confidentialité, l’amitié et la confiance du couple. A qui d’autre, sinon ?
        Il ne s’agit pas pour autant de convertir le couple en machine à venin. On pourrait dire qu’il y a la « médisance mesquine » (vidéo ci dessus), et la « médisance SOS » ou la « médisance constructive » (oxymore ?). Tout ne se vaut pas.
        Ces phrases sont aussi inspirées par Radegonde, qui si j’ai bien compris, exprimait sa difficulté à s’épancher sans culpabilité dans le couple sur les difficultés rencontrées dans un métier aussi louable que difficile, et les répercussions sur sa santé.
        Je lui envoie mon amitié et ma solidarité.
        Voilà au moins une personne dont je n’aurais pas médit…

    2. Ms le 15 Oct 2015 à 11:51 9.2

      Je comprends vos propos et il est vrai que bien souvent j’ai envie de tout lâcher et dire tout haut ce que je pense au fond de moi sans prendre des pincettes, dans l’objectif de me vider / de relâcher la pression ! Et il est vrai aussi que le niveau de maîtrise de soi dont parle lepersan plus haut est un idéal certain mais qui est difficile à atteindre … Le tout étant, à mon sens, d’y tendre, de faire au mieux pour s’y rapprocher au regard des difficultés que vous avancez … En somme, l’effort !
      Le fait dont vous parlez de succomber à cette envie de médisance va dans le sens contraire, il n’y a plus aucune notion d’effort, on se laisse aller à ses pulsions, le naturel prend le dessus et l’on a, in fine, l’impression que l’on va mieux. Trop facile, non ?
      En réalité, je pense que le problème ne vient pas vraiment de savoir si l’on peut exprimer à son époux/épouse ses « détresses émotionnelles », ses « ras-le-bol », etc. Je trouve que c’est un moyen détourné de prendre l’époux/l’épouse comme excuse pour médire alors qu’au final le résultat sera le même : l’on aura été méchant, désagréable, …, médisant dans le dos d’une personne. Je dirais même que prendre l’excuse d’un pseudo soulagement de sa propre personne par la médisance et aller jusqu’à rendre ce soulagement légitime est très douteux et quand on y pense dénué de sens !
      Si l’on reste dans l’exemple des époux, pourquoi ne pas engendrer une conversation dans laquelle l’on avance ses pensées à son conjoint en essayant de voir par une analyse ce qui est « bon » et « mauvais », en essayant de comprendre comment l’on fonctionne, à travers une analyse pour le coup réellement constructive et non pas simplement pulsionnelle vide de sens et de constructivité. L’objectif, je pense, est de se centré sur soi-même au quotidien. Or, la médisance centre sur les autres …
      A mon sens, le fond du problème vient de l’origine de ce comportement : qu’est-ce qui a fait que l’on en est arrivé à un tel état ? La maîtrise de soi ne s’applique pas uniquement quand on est en train de « péter les plombs » … Je dirais même que c’est alors trop tard, que l’on a manqué bon nombre d’étapes à ce stade-là … La maîtrise de soi se pratique au quotidien, dès le début par les petites choses de la vie de manière à éviter les éventuels pétages de plomb car si l’on arrive à cette pratique quotidienne, de tels pétages de plomb ne seraient un non-sujet …
      Et ce, d’autant plus, que le fait de s’être soi-disant exprimé de manière virulente sur un sujet ne nous apporte, en réalité, aucun apaisement. Le problème vient de nous-même, du fait de savoir quelle est l’insécurité en notre propre personne, le mauvais/faux raisonnement qui nous a poussé à agir de la sorte.

  10. dd le 06 Oct 2015 à 7:06 10

    Même si je peux être aussi sanguine et impulsive que Cogitons je pense que cela ne peut pas me faire du « bien » d’avoir des remarques « assassines » ni de « péter les plombs » au sein du couple, ni même en pensée pour moi toute seule! Mais l’idée de défouloir salvateur est très tentante et parfois même efficace SURTOUT quand il s’agit de nos pensées et comportements à nous!
    Sinon, pour lutter contre la médisance il n’y a rien de mieux que de changer de regard, vite dit mais difficile à faire! C’est un travail de longue haleine. Pour ma part quand je médis, la plupart du temps, j’en ai conscience mais presque toujours je me donne de bonnes raisons comme le besoin d’objectivité, ou la sincérité ou le devoir d’informer etc..la frontière n’est pas toujours simple! Il y a bien un « truc » qui marche c’est de s’imaginer dans la peau de celui ou celle dont l’on médit et goûter à la gêne que cela pourrait nous occasionner ou bien de s’imaginer en présence de quelqu’un qu’on ne voudrait pas décevoir.

  11. kbld le 07 Oct 2015 à 16:02 11

    Je /pense/, un peu comme Cogitons, que c’est bien d’être plus libre dans le couple, pour soi-même et pour le couple. Chacun a besoin de connaître ce que pense vraiment l’autre pour pouvoir l’aider et pour évoluer ensemble.
    Après, probablement, cela dépend si l’autre membre est également dans une démarche de travail sur soi. Si oui, alors l’essentiel pour l’autre est à mon avis d’être constructif, d’essayer de voir, déjà si le constat est bon, et si oui s’il y a quelque chose à faire.
    Qu’on le veuille ou non, il y a des gens méchants, il y a des injustices (au niveau microscopique) que l’on subit. Au-delà du fait légitime de se confier, il y a le /besoin/ de conseils. Et l’autre ne peut en donner que s’il voit complètement la situation.
    Dans mon expérience, je remarque que je ne suis pas quelqu’un d’agressif et encore moins de vulgaire, donc je ne sais pas pour celui qui a ce type d’impulsions. Mais parler /totalement/ librement de quelqu’un à son conjoint dans le but d’avoir un conseil en retour avec un conjoint qui est là pour comprendre, conseiller me semble une bonne chose.
    Après, simplement se défouler sur le long terme et à deux, je ne sais pas si on enfreint les droits d’un autre, mais cela est à mon avis le signe de problèmes personnels. D’ailleurs, on le voit bien dans la vidéo : chaque personne se moque d’un point particulier chez l’autre puis les femmes dérivent sur l’âge ; en réalité, le point particulier n’est qu’un prétexte pour un complexe plus général, en l’occurrence les femmes ont peur de vieillir (ce serait signe de féminité de « savoir faire » une vinaigrette), les hommes doivent craindre pour leur virilité (ce serait signe de virilité de « savoir faire » un barbecue). Surtout que les points d’énervement sont ridicules.
    À vrai dire, la réaction la plus intéressante est celle des Bouley. Fliquer les autres comme le font les Lepic dans cette vidéo est évidemment mauvais, un peu, c’est partager une réaction d’étonnement et c’est peut-être légitime, mais accabler les autres parce qu’ils ne font pas comme nous, c’est différent. Par contre, dans cet extrait, les Bouley ont raison : peu importe comment « on fait » une vinaigrette, ce qui compte est comme on aime la faire. Mais la critique qui leur est faite est tellement ridicule qu’en réalité, cela ne sert à rien de s’énerver. Leur réaction est peut-être le signe que le véritable sujet est autre. D’un autre côté, il est vrai cela peut être psychiquement lourd à la fin toutes ces critiques idiotes (si c’est à répétition). Le mari dit bien « c’est stressant », rien d’autre ; il ne fait rien de mal en réalité. Même le fait d’imiter, c’est pour montrer à l’autre ce qu’il subit, c’est normal.
    Le problème est qu’ici les deux subissent cela, donc il n’y en a pas un à la psyché légère pour aider l’autre… Je pense à mon conjoint qui a dû subir pendant quelques jours la méchanceté d’une personne de la famille lors d’un séjour. Même si c’est ridicule, à la fin c’est lassant. Il se trouve que je ne subissais pas la même chose, donc je pouvais jouer le rôle de celui qui comprend mais aussi essaye de faire penser à autre chose puisqu’il n’y a rien à faire. Mais si moi-même j’étais dans cet état psychique, je ne sais pas comment on aurait réagi. Peut-être que, /lorsqu’il n’y a rien à faire pour résoudre la situation/, le mieux est d’essayer à deux de penser à autre chose, et justement, à deux ou à plusieurs (famille, amis…) ça aide (activités…). Mais encore une fois, cela dépend des proches en question.

  12. Ms le 07 Oct 2015 à 22:53 12

    Une des maximes d’Ostad Elahi, incluse dans l’ouvrage « Maximes de guidance : Principes de sagesse universelle », m’a frappé tant je la trouve en rapport avec la vidéo de cet article : « chacun voit le monde extérieur à l’image de son propre coeur ».
    En effet, l’on peut considérer que le fait de médire et je dirais même la facilité à le faire témoigne de l’image négative (souvent sans fondement) qu’une personne a des autres et a fortiori le superioritisme qu’elle ressent la concernant (étant donné que tout est la faute de l’autre et qu’elle ne pense même pas à se remettre en question une seconde).
    J’ai toujours été marquée par ces personnes qui ne disent jamais (mais alors jamais !) de mal des autres. Bien souvent, ce sont des personnes plutôt calmes, souriantes également et discrètes. En somme, des personnes qui mènent leur vie simplement, qui font ce qu’elles ont à faire sans se mêler de ce qui ne les regarde pas.
    Je me dis donc, au regard de la maxime et de l’extrait vidéo, que la réaction négative (et même méchante) que l’on peut avoir fasse aux comportements des autres est le reflet de notre état d’esprit, de notre manière de voir ce qui nous entour et donc les gens qui nous entourent. De tels comportements témoignent finalement d’un malaise certain. Autrement, on ne serait même pas touché et ne dirait rien ou alors, encore mieux, l’on serait capable de répondre quelque chose de sincèrement gentil malgré les critiques …

  13. Danielle le 08 Oct 2015 à 11:11 13

    La dérive médisante tient ici pour une part au caractère particulier des conversations entre proches.
    En effet, le sentiment d’intimité, d’être entre soi associé au besoin de se confier et d’apaiser ses doutes et ses inquiétudes est un bon terrain d’envol pour la médisance. J’en ai fait l’expérience récemment.
    Lors d’une discussion avec un ancien collègue et ami, il se confie sur les difficultés qu’il rencontre avec son associé, que je connais, et envers qui je conserve un peu de ressentiment. Je prend un peu de recul sur la conversation et je suis attentive à mes émotions jusqu’au moment ou il relève un défaut qui réveille une émotion plus sensible. Je tombe dans le panneau, je souligne le défaut et j’ai franchi la ligne de la médisance. Cette remarque n’a rien apaisé, mais j’ai pris conscience de cette forme de bassesse prête à se manifester.
    Dans cet extrait, le jeu de miroir entre les deux couples est très représentatif des craintes et des doutes intérieurs de chacun. L’exemple des deux femmes qui éprouvent le besoin de vérifier et conforter leur apparence ( harcèlement social !) dans le regard des maris, ils se montrent peu attentionnés et diplomates dans leurs réponses.

  14. leo le 10 Oct 2015 à 12:40 14

    Trois cuillères d’huile pour une de vinaigre, je ne connaissais pas !

  15. adissam le 10 Oct 2015 à 14:01 15

    LE SOLEIL ET LE VENT

    Le soleil et le vent se prirent de querelle, chacun d’eux se prétendant le plus fort.
    La discussion fut longue, car ni l’un ni l’autre ne voulut céder.
    Ils virent un cavalier sur la route et décidèrent d’essayer, sur lui, leurs forces.
    — Regarde, disait le vent, je n’ai qu’à me jeter sur lui, pour déchirer ses vêtements.
    Et il commença à souffler de toutes ses forces.
    Plus le vent faisait d’effort, plus le cavalier serrait son kaftan ; il grognait contre le vent ; mais il allait plus loin, toujours plus loin.
    Le vent se fâcha, déchaîna sur le voyageur pluie et neige ; mais celui-ci s’entoura de sa ceinture et ne s’arrêta pas.
    Le vent comprit qut il n’arriverait pas à lui arracher son kaftan et le soleil sourit, se montra entre deux nuages, sécha et réchauffa la terre, et le pauvre cavalier, qui se réjouissait de cette douce chaleur, ôta son kaftan et le mit sous lui.
    — Vois-tu, dit alors le soleil au vent malveillant, avec le bien on obtient plus qu’avec le mal.

    1. adissam le 10 Oct 2015 à 14:05 15.1

      Léon Tolstoï
      Le soleil et le vent
      Traduction par Ely Halpérine-Kaminsky.
      Contes et fables, Librairie Plon, 1888 (pp. 241-243).
      https://fr.wikisource.org/wiki/Contes_et_fables/Le_Soleil_et_le_Vent

      Voir aussi cette savoureuse version pour enfant :
      http://www.circonflexe.fr/catalogue/albums/le-soleil-et-le-vent-une-fable-d-esope
      Le Soleil et le Vent : Une fable d’Ésope

  16. jhon le 15 Oct 2015 à 4:26 16

    J’ai fait avec mon épouse plusieurs commentaires négatifs sur une personne que nous avons reçu dans notre maison pour une semaine et le seul fait de se rappeler des choses négatives nous a fait nous précipiter dans la médisance, parce qu’à un commentaire, on en a ajouté d’autres, de plus en plus personnels sur sa personne. On ne pouvait pas arrêter de dire des choses qui n’avaient pas de relation avec les faits. Je me suis rendu compte que c’est très difficile de s’arrêter aux faits objectifs et de ne pas passer la subtile ligne de la médisance, alors pourtant que je faisais la pratique de ostadelahi-inpractice sur ce thème! Pour moi c’est beaucoup mieux de ne pas en parler avec mon épouse ou une personne proche. J’éprouvais comme une sorte de satisfaction quand on parlait entre nous. Merci beaucoup pour cet article!

    1. Chalotte le 18 Oct 2015 à 10:13 16.1

      Je partage votre point de vue concernant de ne pas parler non plus à son conjoint. Personnellement j’ai constaté qu’à chaque fois en parlant avec mon époux , en réalité je fais exactement ce que mon soi-impérieux me dicte sous prétexte que avec lui c’est permis et pas avec les autres. Justement avec eux j’ai une certaine limite tandis que avec mon mari je vide mon sac et je ne vous dis pas la satisfaction que je ressens. Alors j’ai décidé de ne plus m’exprimer pour donner un coup à mon soi-impérieux et même depuis quelque temps j’essaye de dire le bien et surtout cette règle d’Or: Se mettre à la place des autres et si j’étais à sa place je ferais peut-être la même chose. En outre ne pas juger.

  17. Lily le 18 Oct 2015 à 9:51 17

    Ce cas m’est arrivé récemment et pendant que je me plaignais d’un proche à un autre proche, j’ai senti que je ne devais pas dépasser une certaine limite au cours de ma plainte.
    En effet en général , lorsque je suis dans ces situations de médisance, je suis souvent stoppée par ma conscience blâmante . Elle me retient à temps ou me dit de faire attention de ne pas continuer.
    Une autre raison pour ne pas trop me sentir mal, c’est de me convaincre que de toute façon, je lui dirai à la personne dont je me plains, tout ce que je viens de dire. ( peut-être c’est le soi impérieux qui intervient là! )

  18. atig le 11 Déc 2015 à 14:10 18

    A partir du moment où je ne pourrai pas dire mon propos devant le sujet de notre conversation cela me parait comme une médisance
    Ou bien lorsque l’autre commence à critiquer si je ne prends pas la défense de la personne en question ou mieux si je ne mets pas un terme à la conversation, cela me semble t il relèverait également de la médisance.

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