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« Vous êtes croyant(e) ou athée ? »

Par , le 29 Sep. 2008, dans la catégorie Articles - Imprimer ce document Imprimer

L’élève qui ose poser la question ne cherche pas seulement à assouvir une curiosité déplacée sur les convictions de son prof de philo. Non, ce qu’il veut, c’est plutôt trouver quelque repère métaphysique auprès d’un adulte qu’il juge, à tort ou à raison, digne de sa confiance, c’est-à-dire représentatif de ce qu’un esprit supposé « rationnel » pense de l’existence de Dieu.

La question est embarrassante. Non pas en ce qu’elle porte sur un domaine privé, aux marges de la laïcité. L’enseignant, quoi qu’il en dise, ne peut pas laisser ses convictions, et a fortiori ses convictions spirituelles, à la porte de sa salle de classe. Toute pensée s’élabore en effet sur la base d’un système de croyances, qui, même lorsqu’il est rationnel, repose in fine sur des propositions non démontrées. La pensée de l’enseignant porte donc inévitablement la trace de ses convictions, et s’il peut bien éviter de les exprimer ouvertement et entretenir ainsi l’illusion de sa neutralité, on voit mal comment il lui serait possible d’en faire totalement abstraction sans cesser aussitôt de penser. Il y a de ce point de vue une forme d’hypocrisie à prétendre taire ses convictions dans le but de laisser intacte la liberté de pensée de ses élèves. Car dans le même temps, ce sont bien souvent nos convictions qui dictent le choix que l’on fait d’étudier un texte plutôt qu’un autre ou qui alimentent nos analyses de telle position philosophique.

Pour en revenir à la question, l’embarras dans lequel elle me plonge, vient en réalité moins de son caractère personnel que du malentendu qu’une simple réponse par « oui » ou « non » ne manquerait pas de produire. Le malentendu vient ici principalement de ce que la question comporte de non-dit, de l’implicite qui la sous-tend et auquel je ne suis pas certaine d’adhérer. Car celui qui me demande si je crois en Dieu (puisque tel est bien le sens premier de son « êtes-vous croyante ? »), qu’entend-il exactement par là ? Et pour commencer qu’entend-il exactement par « Dieu » ?

Tous, croyants, agnostiques ou athées, avons une certaine idée de Dieu. J’entends par là que le mot Dieu, dès lors qu’il fait sens pour nous, renvoie dans notre esprit à une certaine représentation. Celle-ci est un mixte, qui cristallise d’une part ce qui vient de notre éducation, et d’autre part, ce qui vient de notre propre réflexion. Il est donc inévitable que nous n’ayons pas tous la même idée de Dieu et qu’en conséquence, nous ne parlions pas exactement de la même chose lorsque nous évoquons Son nom. En ce sens, celui qui se dit croyant ne croit pas en Dieu mais en la représentation nécessairement particulière qu’il se fait de Lui, de la même façon que l’athée ne refuse pas tant l’existence de Dieu que l’existence d’un Dieu tel qu’il se Le représente. C’est ainsi qu’il y a fréquemment plus de différences d’un croyant à un autre que d’un croyant à un athée : qu’y a-t-il de commun en effet entre par exemple celui qui prie le Dieu du Christ et celui qui s’adresse au Dieu du Grand inquisiteur ? Excepté le fait qu’ils aient la foi en un principe abstrait, ce qui en soi constitue un trait commun à toute l’humanité, il y a entre ces deux croyants bien plus de divergences qu’entre le premier et bien des athées. Ces derniers, lorsqu’ils explicitent ce en quoi ils ne croient pas, peuvent en effet manifester une étrange ressemblance avec certains croyants, ce qui suffit à montrer les limites, pour ne pas dire l’inanité, de l’opposition croyant/athée.

Dans la lettre qu’il écrivait à l’un de ses élèves (connu aujourd’hui sous le nom de Lettre à Ménécée), Épicure affirmait que la crainte des dieux vient de la fausse représentation que nous nous en faisons, laquelle constituait à ses yeux la véritable impiété : « Ce n’est pas celui qui rejette les dieux de la multitude qui doit être considéré comme impie, mais celui qui leur attribue les fictions de la foule ». Épicure le dit avec force : l’impie n’est pas celui qui refuse de croire aux dieux fictifs de la foule, c’est-à-dire à la représentation erronée que le grand nombre se fait de la divinité. Non, le véritable impie, et on dirait plus volontiers aujourd’hui le véritable incroyant, est celui qui y croit. Celui-ci se dit croyant, mais il croit en réalité en un faux Dieu, en une représentation incohérente et contradictoire, dans laquelle aucun Dieu « sain d’esprit » ne se reconnaîtrait.

Ainsi, celui qui vous demande si vous croyez ou non en Dieu ne vous dit pas quelle représentation de Dieu il a en tête. Il y a donc un risque pour qu’en lui répondant, vous basant nécessairement pour cela sur votre propre représentation, vous exprimiez le contraire de ce en quoi vous croyez réellement. En conséquence de quoi, il serait plus prudent, avant de répondre, de demander à votre interlocuteur d’expliciter ce qu’il met dans ce mot.

Mais ce n’est pas tout. Nous n’avons pas seulement les uns les autres une idée personnelle de Dieu, nous avons également chacun une représentation de ce qu’est ou devrait être un croyant. Cette représentation, qui varie en grande partie selon les cultures et les époques, n’attribue pas à tous les croyants les mêmes comportements ni, par suite, ne leur accorde le même crédit. Le croyant est-il dans votre esprit un bigot dogmatique, un naïf illuminé, un fanatique pervers ? Ou bien est-il une personne ouverte aux autres, qui, au nom de l’amour qu’elle porte à une transcendance, est prête à sacrifier son bien-être et sa vie au service de ses semblables ? Est-il pour vous quelqu’un d’irrationnel, intolérant et intransigeant, qui pratique un rituel sans que cela n’affecte positivement sa relation aux autres, ou est-il au contraire un être emprunt de la sagesse et des valeurs d’humanité et de droiture de ceux qui furent à l’origine des grandes religions monothéistes ? Et sans aller jusqu’à ces extrémités, voyez-vous le croyant comme un faible, cherchant dans un au-delà illusoire de quoi calmer sa peur de la mort ou comme un esprit valeureux, s’efforçant tant bien que mal d’agir au mieux pour être à la hauteur de son idéal d’humanité ?

On voit bien à la lumière de ces questions ce que peut avoir d’ambigu et de préjudiciable le simple fait de se dire croyant. Et il en va de même pour ceux qui se disent athées, même s’il est vrai que ces derniers apparaissent dans nos sociétés dans une meilleure posture que les croyants. L’athéisme, pas plus que la croyance en un Dieu, ne constitue une entité monolithique et indifférenciée. Il y a maintes raisons qui conduisent un homme à se dire athée, et toutes ne se valent pas ; toutes, en particulier, ne présentent pas le même niveau de rationalité. À voir certains représentants de l’athéisme militant, je dirais même qu’il est des façons d’être athée qui présentent de fortes accointances avec le dogmatisme de certains religieux.

Ces quelques réflexions suffiront, je l’espère, à rendre compte de la difficulté soulevée par une question banale, à laquelle nous sommes tous un jour confronté, le plus souvent ailleurs que dans une salle de classe. Question à laquelle il m’est arrivé maintes fois de ne pas répondre, non pas par crainte de révéler un recoin intime de ma pensée, mais parce qu’une réponse un peu précise eût exigé plus de temps que celui qui la posait n’était en mesure de lui consacrer.


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15 commentaires

  1. Jim le 30 Sep 2008 à 23:22 1

    Ce cas précis de transfert de connaissances de professeur à élève m’interpelle : la question générale qui se pose dans ce cas de rapport professeur / élève est aussi celle plus générale du devoir de partager l’aboutissement de ses propres réflexions, surtout dans ce domaine de la philosophie et de l’éthique, face à la demande de jeunes parfois désorientés qui ont sûrement des questions existentielles.

  2. Han le 01 Oct 2008 à 17:12 2

    Je ne suis pas du tout d’accord avec cette idée de « partage ». Cela ouvrirait la porte à nombre d’abus. Que se passe-t-il par exemple si l’enseignant est fanatique ? La mission d’un enseignant est de transmettre un savoir précis, ses opinions personnelles doivent rester personnelles. Tout au plus peut-il éventuellement proposer des moyens pour aider l’élève à cheminer dans son propre questionnement, voire proposer un panel de réponses très variées. Et encore… peut-il vraiment le faire de façon tout à fait objective ?

  3. Jim le 01 Oct 2008 à 22:22 3

    @ Han
    tu prends l’exemple extrême du professeur fanatique, là bien sûr je n’ai rien à redire. La question ici n’est pas celle de la mission de l’enseignant en général, mais celle de la discussion avec un élève en particulier qui pose cette question effectivement potentiellement « embarrassante » comme le dit l’auteur. Je suis d’accord avec toi sur la mission de l’enseignant et sur le fait de proposer des pistes de réflexion, etc… mais tu nous donnes une réponse un peu générale, qui passe bien dans la théorie, mais peu applicable de manière aussi radicale en pratique. Dans ce cas bien précis du prof de philo, si un élève fait l’effort de venir à la fin du cours (assez rare probablement !) pour demander si on est athée ou croyant – et en général j’imagine (je ne suis pas enseignant !) qu’on sent bien si une personne veut discuter ou simplement être indiscret – et qu’on lui renvoie tout d’abord la question « mais tout d’abord, mon jeune élève, qu’entends tu par « Dieu » ? « , et ensuite qu’on lui liste un « panel de réponses » et de pistes philosophiques très variées, je ne sais pas s’il aura au final envie d’aller plus loin. On n’aura pas répondu à sa question. Quand on demande à un prof de dessin s’il aime l’impressionnisme, il ne va pas répondre « mais qu’entends tu par impressionnisme ? » et ensuite lister différentes théories sur l’appréciation des différents courants artistiques ! Au contraire, s’il nous parle du pourquoi de son attirance pour l’impressionnisme, tout en expliquant, et là je te rejoins totalement, les rouages d’une analyse correcte, alors oui, peut être que l’élève aura apprécié la communication et l’ouverture d’esprit de son professeur. Je pense qu’il n’y a pas de règle générale, tout est histoire de cas particuliers et de bon sens. Et à certains moments la frontière entre enseignant qui n’a pas d’opinion personnelle et être humain qui en a plein, est ténue … Aussi dans certains cas, je pense aussi qu’un professeur de philosophie qui est sollicité en entretien privé pour donner son opinion personnelle et qui la donne sans tourner autour du pot, s’il reste humble, ouvert d’esprit, et qu’il transmet aussi les pistes pour réfléchir par soi même, peut avoir un effet tout à fait positif sur le jeune qui lui pose la question ? A discuter …

  4. MIA le 04 Oct 2008 à 8:27 4

    Merci pour cet article qui nous aide à nous mettre à la place des autres .

    Il pose clairement une problématique dans les échanges entre individus qui parlent de leur croyance, de leur foi.
    Certes entre élève et professeur mais aussi tout simplement entre deux personnes qui essaient de communiquer dans le respect l’un de l’autre !
    Quelques questions apparaissent, telles que : Comment mon éthique va-t-elle prendre forme dans cet échange ?
    Que veut-il dire ?
    Va-t-il me comprendre ?
    Quelle est mon intention lorsque je lui parle de ma foi ?
    Ai-je acquis suffisamment de précision dans le langage, de connaissance dans les sentiments ou dans les pensées ?
    Etc.

    Bref, cet article m’amène à envisager dans un premier temps, une écoute bienveillante, patiente et attentive.

  5. Ziba le 04 Oct 2008 à 10:16 5

    Je suis d’accord avec Jim, pas besoin de tourner autours du pot … quand on regarde bien il y a une part d’ambiguité, d’imprécision et d’amalgames dans pas mal de sujets que nous traitons tous les jours : ce sont les réponses et les prises de positions claires qui permettent à tout le monde d’y voir mieux.
    Pourquoi ne pas dire « oui je crois en Dieu », « oui je suis croyant(e) » quand on l’est vraiment?
    Même si ces deux termes comportent beaucoup d’amalgames et de contradictions je crois que le fait de voir de quelle bouche ces phrases sortent est en soi une aide pour la personne qui cherche à y voir plus clair.

  6. Jean-Claude le 05 Oct 2008 à 16:04 6

    Il me semble, comme Jim, qu’il faut s’efforcer de répondre le plus honnêtement possible, et dans tous les cas, à une question majeure. En effet, celle qui est posée ici n’est pas publique, mais privée. L’élève qui la pose peut avoir des motivations très variables :
    Il peut le faire par simple curiosité, et se contentera d’une réponse lapidaire. Mais derrière sa question peuvent se cacher d’autres points qui le taraudent, qui peuvent avoir trait à des questions fondamentales pour lui, et pour lesquels il ne parvient pas à trouver de réponses ou d’arguments qui le satisfassent : grave maladie d’un proche, tentation du suicide, problèmes éthiques et existentiels auxquels il est confronté … Il se peut qu’il cherche à amorcer un dialogue parce qu’il cherche à comprendre et dépasser le contexte idéologique auquel il est confronté avec son entourage immédiat.
    Même l’élève qui pose cette question de façon apparemment superficielle peut avoir des raisons valables de le faire. Peut-être veut-il simplement disposer d’un peu de recul pour juger les arguments énoncés par son prof de philo, ce qui prouve alors qu’il réfléchit et a déjà constaté la relativité des points de vue que ce dernier peut développer en cours.

    Dans tous les cas, il mérite de la part de son enseignant une réponse claire et honnête. Que penser d’une autorité quelconque, qui, lorsqu’on lui demanderait par exemple s’il est juste ou non de mentir ou voler, préférerait ne pas répondre sous prétexte que la chose peut dépendre de tel ou tel contexte. Même si mon exemple n’est pas le meilleur possible, on sent bien qu’il est difficile d’exercer une responsabilité éducative et de refuser de répondre sur un sujet sensible.
    La réponse peut (doit) être très brève, mais pas lapidaire : oui, ou non, mais accompagnée de 2/3 phrases par lesquelles il possible de dire le pourquoi. Je (ne) suis (pas) croyant parce que …
    En 2/3 phrases bien choisies, on peut se positionner sur un sujet important, indiquer le point de vue à partir duquel on se place, et permettre à l’adolescent, s’il le souhaite, de savoir sur quelle base poursuivre le dialogue.
    Quant aux réserves énoncées dans cet article, que je trouve personnellement excellent, l’élève pourra en percevoir intuitivement l’essentiel si le propos est intelligemment exprimé. Ce qui suppose d’avoir réfléchi au préalable aux réponses à donner en pareil cas …

  7. Léa le 05 Oct 2008 à 17:21 7

    Très bel article.
    Au delà de la question précise qu’il soulève, il met en évidence une démarche très intéressante (mais ô combien difficile à mettre en pratique !) qui est celle de contextualiser toutes nos interactions.
    En effet, si chacun de nos échanges (entre amis, avec son conjoint, avec son collègue, etc.) pouvait à ce point prendre l’autre et son bagage intellectuel ou culturel en compte alors bien des maladresses seraient évitées. Et bien des discussions ne se termineraient pas en impasses !
    Mais cette démarche est-elle possible dans une discussion « à chaud » où l’on se passionne ? sans doute, à force de maîtrise et d’entraînement…

  8. Marie-Hélène le 06 Oct 2008 à 12:05 8

    Je crois que le but de cet article est surtout de faire comprendre que le concept de « croyant » ou de « Dieu » est galvaudé dans l’esprit de la plupart des gens…

    Quand on parle de « croyant », en occident en tout cas, on imagine une certaine façon de croire, d’agir… alors que je pense qu’il y a une autre façon d’être croyant; c’est ce que Sophie Levasseur veut mettre en exergue:

    « une personne ouverte aux autres, qui, au nom de l’amour qu’elle porte à une transcendance, est prête à sacrifier son bien-être et sa vie au service de ses semblables » …

    « un être emprunt de la sagesse et des valeurs d’humanité et de droiture de ceux qui furent à l’origine des grandes religions monothéistes »…

    « un esprit valeureux, s’efforçant tant bien que mal d’agir au mieux pour être à la hauteur de son idéal d’humanité »

    C’est ce que la plupart des gens oublient de ce que doit être un « véritable croyant » et confondent avec un bigot intolérant, illuminé et fanatique!

  9. vincent le 07 Oct 2008 à 1:13 9

    Bel article en vérité !

    Je suis d’accord pour dire qu’il traite davantage des représentations et des raccourcis que la société peut avoir ou faire à propos de concepts -en effet souvent galvaudés- relatifs à la croyance religieuse -le croyant étant connoté péjorativement et l’athée positivement, pour faire simple- mais il faut reconnaitre que l’exemple du professeur peut prêter à débat car il pose des questions pédagogiques.

    A ce titre, le professeur doit sentir ce que la personne attend de lui. On parle de contexte : c’est effectivement le bon mot. Que veut l’élève à travers cette question ? C’est une question personnelle ça, c’est évident. Pourquoi s’obliger à donner des pistes de réflexions ou autre : face à une question personnelle il n’y a pas 36 solutions.

    Le professeur a le choix entre ne pas répondre (mais pourquoi fuir le contact avec ses élèves ?) et ne rester qu’un professeur (pas de relations personnelles dans le travail) ou entamer le contact en tant qu’un individu cultivé et instruit (ce qu’un professeur doit viser à être).

    Ce faisant les règles de la communication sont les mêmes : ne pas chercher à écraser autrui, à le manipuler, à l’humilier (même si l’on a un savoir que l’on juge « supérieur ») : on peut très bien donner son avis mais respecter le parcours intellectuel d’autrui (surtout en ce qui concerne les questions existentielles qui font appel à nos choix en plus d’un simple bagage intellectuel) et penser avec lui et non pas contre lui (même si un tel échange est toujours périlleux car il s’agit de confronter des choix de vies lesquels sont parfois aussi important pour celui qui parle qu’ils ne sont parfois inconciliables entre eux).

    En somme, le professeur peut donner son avis comme n’importe qui d’autre mais il doit faire attention à respecter son interlocuteur comme n’importe qui d’autre. La seule difficulté vient de la symbolique de son métier qui peut impressionner intellectuellement ses interlocuteurs. C’est pourquoi il se doit alors de faire comprendre la relativité de son parcours et de ses positions comme se doit de faire n’importe qui d’autre se rendant compte de son ascendant sur autrui -car cet ascendant lui donne des responsabilités.

    En conclusion le professeur de philosophie n’est pas foncièrement différent de nous tous. Il n’y a entre lui et le commun des mortels qu’une différence de degrés mais le cas de figure de cette question s’applique nous tous et pas seulement aux professeurs ni à fortiori aux professeurs de philosophie car on trouve toujours quelqu’un que l’on peut cataloguer comme étant plus intelligent que nous.

    Léa a raison de dire que cet article met en évidence la nécessité de contextualiser nos interactions mais cela revient à dire en fait que cet article nous invite à communiquer, à communiquer pour de vrai communiquer dans le sens profond du terme : non pas échanger des point de vue mais confronter nos parcours et le sens qu’il revêt pour chacun de nous en tant qu’individus libre et doués de raisons.

  10. Bolo le 08 Oct 2008 à 1:33 10

    @Jim

    Einstein disait:  » dites-moi ce que vous entendez par Dieu et je vous dirai si j’y crois . »
    Il faudrait certainement avoir le temps de poser cette question avant de donner sa réponse, à un élève ou à n’importe quel demandeur d’ailleurs.
    pourquoi?
    parce qu’à mon avis, être ou ne pas être croyant ne relève pas d’une opinion, mais touche au fondement de l’être. On dit que les opinions divergentes se règlent dans le débat, les croyances divergentes, elles, se règlent dans le sang.
    Cette question de croire ou pas en Dieu est si intime, et si liée à l’affect et à la constitution de son soi, qu’elle ne peut être éludée , ( surtout de nos jours avec la représentation télévisuelle que l’on en donne) par une réponse de coin de table, que ce soit à la sortie d’un cours de philo, ou d’ailleurs.

    Ne voudrait-il pas mieux se taire , aussi frustrant que cela puisse paraître, et laisser la personne demandeuse réfléchir à sa propre conception de Dieu en attendant une opportunité plus adéquate pour éventuellement se confier un peu plus profondément ?

    Personne ne s’est jamais fait virer, mal voir, ou molester parce qu’il n’aimait pas Cezanne ou Van Gogh. Certains croyants ou certains athées si .

  11. Cogitons le 20 Oct 2008 à 15:40 11

    @Sophie Levasseur:
    Merci pour votre travail de réflexion. La critique est aisée, mais je vais pourtant m’y livrer sur un point, dans un but constructif.
    Vous écrivez: “l’athée ne refuse pas tant l’existence de Dieu que l’existence d’un Dieu tel qu’il se Le représente ». Sans doute, car, comme vous le faites justement remarquer, croyant ou non, nous n’avons que des « représentations de Dieu » sur lesquelles nous appuyer. Mais attention à ne pas tomber, d’une part, dans le « tout athée est un croyant qui s’ignore », ce qui s’apparenterait à de la récupération in-absentia (les athées n’étant pas là pour se défendre), et d’autre part, dans un Dieu fourre-tout qui répondrait à la représentation de chacun. Dieu ne peut être, à la fois, une entité créatrice, intelligente, qui intervient dans la vie de ses créatures, qui juge de leurs actes en ce monde, etc. (le Dieu des monothéistes), et le Dieu d’Einstein, qui n’est en fait qu’un mot qui exprime les « lois de la nature ». Einstein refusait absolument la notion d’un Dieu personnel, tel que se le représente le monothéisme. Il écrivait à ce sujet: “I believe in Spinoza’s God who reveals himself in the orderly harmony of what exists, not in a God who concerns himself with the fates and actions of human beings”. On ne saurait être plus clair.
    Plus loin, vous écrivez: « Il y a maintes raisons qui conduisent un homme à se dire athée, et toutes ne se valent pas ; toutes, en particulier, ne présentent pas le même niveau de rationalité. »
    Voilà une accusation d’irrationalité qui mérite explication. Auriez-vous des exemples concrets à nous soumettre? Et, d’une manière générale, en quoi est-il plus raisonnable de croire en Dieu (précisons: celui des monothéistes) que de ne pas y croire?
    Bien cordialement.

  12. ame.technophile le 21 Oct 2008 à 4:24 12

    Un ancien ministre de l’Education nationale, philosophe connu qui se disait athée et dit croire en éducation laïque, dans un interview pendant son mandat, il a avoué avoir inscrit ses deux enfants dans une école catholique! 🙂 (beh oui!)
    Devant la question du journaliste étonné de ce comportement paradoxal il a précisé que la vérité et l’éthique du christianisme sont universelles et personne ne peut dire que par exemple l’éthique de Saint Pierre n’est pas un élément positif universel (je n’ai pas trouvé l’interview dans les archive des site pour présenté la preuve mais je l’ai vu moi même à la télé)

  13. BOLO le 27 Oct 2008 à 17:48 13

    @ Cogitons

    pour ajouter un peu de piment à la question:

    Vous dites: Dieu ne peut être, à la fois, une entité créatrice, intelligente, qui intervient dans la vie de ses créatures, qui juge de leurs actes en ce monde, etc. (le Dieu des monothéistes), et le Dieu d’Einstein, qui n’est en fait qu’un mot qui exprime les « lois de la nature ».

    Ah bon ? et pourquoi donc ? quelle est l’hypothèse rationnelle qui empêche la symbiose de ces 2 approches ?
    la nature n’est elle pas aussi une création ?

    il y a t il encore des gens qui pensent que l’existence d’un système « Divin » régulateur s’oppose de facto aux lois de l’évolution Darwinnienne ?

    quant à l’irrationalité des athées ou des croyants, elle va encore probablement empoisonner notre vie longtemps, tant que l’on ne pourra envisager une discussion débarrassée de tous nos affects, ou la raison pure seule pourrait s’exprimer …
    seule la « preuve scientifique » communément admise dans les 2 camps ( s’ils sont « raisonnables ») pourra faire avancer le débat. Bien sur faut il encore que les scientifiques mettent de l’énergie à répondre à ces questions.
    snif…

    très cordialement

  14. Cogitons le 30 Oct 2008 à 5:38 14

    @Bolo:
    Pour rajouter de la question au piment, on peut aussi dire que Dieu existe et qu’il n’existe pas, qu’il est à la fois réalité et illusion, le tout et le rien (l’être et le néant, aurait dit l’autre), etc. Comme ça, tout le monde se retrouve dans le grand fourre-tout universel, le Dieu Samaritaine.
    Alors qu’en réalité, nous sommes tous athées: athées envers les « Dieux » des autres. Je prends donc le contrepied de l’auteur: tout croyant est un athée qui s’ignore.
    A ce propos, je pense à ce délicieux film de Marcel Pagnol (César), dans lequel Raimu est pris d’une crise d’angoisse lorsqu’il envisage que son Dieu à lui (le « Bon Dieu » catholique apostolique et Romain) puisse ne pas être le bon… Et qu’arrivant au Paradis il se retrouve face à un Dieu absolument étranger et lui parlant chinois!
    Quant à savoir s’il existe encore des gens qui refusent le Darwinisme au nom de Dieu, je m’étonne de votre étonnement, tant il y en a à la pelleteuse, des USA à l’Afghanistan. On les comprend un peu, d’ailleurs, tant le Darwinisme et la loi naturelle offrent une vision qui n’a rien d’angélique. 99% des espèces ayant vécu sur terre ont été violemment rayées de la carte. Quel gâchis! Alors bien entendu, on peut dire que la souffrance et la mort sont les couleurs qui donnent sa beauté au tableau Divin. Mais cela n’aurait pas convaincu Darwin lui-même, qui perdit justement la foi à force de regarder ce tableau de trop près – aidé en cela par la mort de sa fille de 10 ans qu’il adorait.
    Bon, avec tout ça, j’ai réussi à me déprimer moi-même.

  15. JB le 17 Déc 2008 à 0:29 15

    Vouloir opposer sans cesse, croyants et athées, rationnel et irrationnel.

    Sur l’axe de la croyance l’athéisme a sa place.
    De même que sur l’axe du rationnel l’irrationnel a sa place.
    Sur l’axe des températures, sont le froid et le chaud, ils ne sont pas opposés, seule la température varie et on la nomme de façon différente.
    Sur l’axe du nom qui vous plaira, ont trouve l’avarice et la générosité.
    Sur l’axe de la connaissance, l’ignorance.
    Sur l’axe de l’amour, la haine etc.
    Une chose et son contraire sur le même axe.
    Sinon comment voir la lumière sans l’obscurité ?
    Comment mesurer la valeur de la confiance si on ignore la trahison ?

    Il semblerait que cela soit pour des raisons pédagogiques.

    Par exemple ce qui est linéaire s’oppose à ce qui est cyclique, or ce qui est cyclique comme les jours (rotation de la terre sur elle-même), les années (tours de soleil) sont des occasions nouvelles, c’est-à-dire une deuxième, une troisième et une quatrième chance de réussir, de se rattraper, et pourtant le temps qui passe lui est linéaire.

    Comment ne pas voir dans cet exemple la bienveillance, la magnanimité, l’ingéniosité pédagogique qui nous permet de renouveler nos expériences jusqu’à la réussite, jusqu’à la prise de conscience, jusqu’à l’aboutissement de l’équation de la vie et de la raison d’être.
    Au passage le cycle des vies successives s’inscrit parfaitement dans ce schéma de pédagogie bienveillante.
    A défaut de croire en Dieu.
    Observons  » ATTENTIVEMENT » pourtant, c’est gros comme un camion !
    Quand je plonge mes pensées et mon regard sur ce qui m’entoure et sur moi-même, je suis raisonnablement et sentimentalement touché par tant d’intelligence, de bienveillance, de sagesse etc.
    L’intelligence et la sagesse viennent nécessairement d’un esprit ou de l’Esprit.
    Le chaos producteur d’intelligence, de bienveillance et de sagesse, techniquement ça ne marche pas, c’est comme produire des pommes de terre avec une batterie de 12 volts.
    Merci à l’auteur du billet qui stimule nos réflexions.

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